Musique ♫:

La nuit en appelait à la nuit et le sang en appelait au sang. Et en cette nuit marquée par le sang, Eien avait soif plus que jamais. Non pas de ce breuvage vermeille source de son pouvoir immortel comme on pourrait s'y attendre, mais d'une saveur bien plus amer, celle de la vengeance. Après avoir survécu au cauchemar durant pratiquement vingts ans, le voici qui surgissait des limbes afin de réclamer son du. La lune était haute dans le ciel, somptueuse et écarlate, elle surplombait le désert, déversant ses éclats sanglants sur la sombre silhouette du noble qui avançait, imperturbable. Faisant fit des outrages du monde pour se concentrer exclusivement sur son objectif. Tout de noir vêtu, ainsi que doté d'une longue cape à capuchon, nul aspect de ces traits n'était décelable dans l'obscurité. Pourtant, il n'en demeurait pas moins ce qu'il était, sa peau pâle, ses yeux écarlates et ses longs cheveux noirs trahissait ses origines. Un sourire carnassier fendit le visage du Ketsueki alors qu'il apercevait pour la première fois le village caché du sable. Tel était donc ce lieu incongrue dans lequel s'était réfugié les membres de sa famille. Décidément, tous étaient tombés si bas... Cependant, Eien ne désirait aucunement prendre position à l'égard de ce clan déchu. Les murs n'étaient que des murs, les livres, seulement des livres tous comme les hommes, de misérables hommes. Tout ceci lui importait. Tant que lui continuerait d'être, l'antique héritage de sa famille continuerait de perdurer à jamais.

L'air fut déchirer par un déluge d'ombres, une nuée infâmes et craillante qui tournait en une spirale pernicieuse tout autour de l'immortel. D'un geste de la main, il ordonna à ses petites protégées de rejoindre le village à la recherche de celle dont il ne souhaitait que le trépas. Debout, statique au sommet d'une imposante dune de sable, il faisait face à la lune et au village tous deux élancés dans le même axe. Alors, après l'éclosion de plusieurs minutes, il trouva enfin ce qu'il était venu chercher, ou tout du moins ce qui s'en rapprochait le plus. Dans une somptueuse demeure vivait recluse une jeune femme porteuse des traits héréditaires qui caractérisait tant ceux de son espèce. Elle serait donc la première à prendre connaissance de retour de celui qu'on surnommait jadis « L’innommable ».

Les chauves-souris pénétrèrent dans le manoir par tous les interstices possibles formant une nouvelle nuée dans le cœur même du grand hall là où la jeune Ketsueki jouait du piano. Ces dernières adoptèrent une formation de vol de plus en plus resserrée au point où l'aggloméra sombre qu'elle formait vint à reproduire la silhouette d'Eien de laquelle exultait une paire d'yeux écarlates fais de chakra. La silhouette était apparut en plein milieu de la pièce et faisait désormais face à la jeune femme. Le regard de l’Innommable se fit plus intense. Sous cette forme, il ne parvenait à distinguer les traits de celle qui se tenait devant lui, mais il devinait qu'il n'était point question de la femme qu'il recherchait. Dans l'immédiat cela n'avait pas grande importance. Il savait que les informations se rependaient rapidement et l'immortel désirai qu'on sache qu'il était de retour. Qu'il revenait pour elle. Et que cet événement serait annonciateur de sa fin. Eien désirait voir la peur et l'effroi déformer son visage au moment où il lui ferait exploser le cœur.

-Je me nomme Ketsueki Eien, détenteur originel du titre de troisième comte du clan du même nom.

Sa voix était grave et des plus sinistres. Elle résonnait avec amplitude jusque dans les confins du manoir, mais à cet instant, elle s'adressait à la jeune femme au piano.

-En tant que tel, je demande à m'entretenir avec toi. Ton identité m'importe peu, seul les informations que tu possèdes m'intéressent. Suis la nuée noir jusqu'à l'extérieur de ce village et tu me retrouveras dans le désert.

Sur ces mots, les chauves-souris se séparèrent, effaçant ainsi la silhouette du dignitaire. Les chiroptères rejoignirent l'extérieur et continuèrent de tourner autour du manoir, attendant la venue de l'hôte pour qu'elles puisse la guider jusqu'à son seigneur légitime. Lui, n'avait toujours pas bougé depuis lors, patientant sur la venue prochaine de cette inconnue. Puis son regard se posa sur la jeune femme. Elle était dotée d'une prestance qui le laissa totalement indifférent. Dans l'onde opacifiante de la nuit, et ce malgré la clarté de l'astre nocturne qui se pavanait dans sa plénitude, il ne pouvait que vaguement discerner le visage de cette inconnue.

-Voici ma première question.

Fit-il inquisiteur, sans prendre la peine de l'accueillir ou d'expliquer quoique ce soit. Avili par sa soif de vengeance ainsi que par ces deux décennies passées à ruminer sa haine, Eien n'était plus en mesure de faire preuve de condescendance envers qui que ce soit.

-Où est Megami ? Lança-t-il alors d'un ton grave...

Une nuit sempiternelle de plus. Je trônais, impériale, sur mon tabouret devant mon piano a queue sur lequel glissaient mes doigts avide de mélodies. Je ne jouais pas au hasard mais tout était dans ma tête : nul besoin de partition face à l'oreille absolue, seules les notes guidaient mes mains pour construire, sans hésitation, une symphonie harmonieuse.
C'était un air emprunt de mélancolie que je m'évertuais à retranscrire ce soir. Un état d'esprit qui me ressemblait bien depuis quelques temps. Je n'avais pas sommeil : je ne l'avais plus. Mes nuits se soldaient par une infinité de temps à tuer jusqu'au lever du soleil suivant à partir du quel je pourrais réaliser mes tâches quotidiennes.

Méphisto se tenait droit sur ses quatre pattes et siégeait a mes côtés sur le tabouret. Je vis à un moment qu'il n'avait de cesse de bouger ses oreilles décharnées et de les orienter comme s'il parvenait à entendre un son au loin. Je le questionnais du regard méfiante, alors qu'il m'annonçait dans un sourire :

« La nuée obscure approche... »

Quelques secondes plus tard, un bruissement d'ailes de tous les diables et des criaillements se firent entendre alors qu'une nuée de chauves-souris s'introduisait dans le manoir par tous les endroits possibles et inimaginables. J'écarquillais mes yeux rubis face à ce spectacle ahurissant :

« Le manoir impose suffisamment sont style, inutiles d'y ajouter des chauves-souris... »

Qu'est-ce que c'était donc ? Des Kuchiyoses ? Probablement puisqu'elles se condensaient pour créer une silhouette peu précise aux yeux écarlate. Cette dernière faisait résonner sa voix dans un écho caverneux, m'avançant quelque chose que je ne croyais jamais avoir à entendre de ma vie tant et si bien que je crus un instant être en plein rêve.
Ketsueki Eien ? Je n'avais vu aucun registre concernant ce nom... Il prétendait être le troisième Comte Ketsueki alors que Megami avait été la quatrième... Pourquoi avait-il été destitué de ses fonctions s'il était toujours en vie et pourquoi son portrait ne figurait pas avec les autres ? Mais plus important encore : un Ketsueki était vivant ?! Je n'étais donc pas la seule comme je m'en doutais ! C'était une nouvelle fantastique ! J'avais mille et unes questions à lui adresser sur notre clan pour rattraper mon ignorance.

Ce Eien voulait s'entretenir avec moi, prétextant vouloir des informations que je pourrais lui apporter... Dommage j'avais plutôt espéré le contraire... Je ne savais pas grand chose sur ma lignée. Il m'ordonnait donc de suivre la nuée pour parvenir jusqu'à lui dans le désert. Que faire ? Bien sûr que j'allais aller à sa rencontre mais j'ignorais combien ils étaient ni même ce qu'il me voulait vraiment. J'adressais un regard entendu a Méphisto qui ne perda pas de temps pour s'étirer de son siège et d'y descendre pour me rejoindre. J'attrapais ma faux à double lames que je fixais dans mon dos et suivais les chauves-souris jusqu'à leur maître.
Les rues étaient désertes et il me fallut sauter par dessus le mur pour sortir de la forteresse qu'était devenue Suna depuis l'attentat envers les conseillers. Quelques foulées plus tard, je retrouvais le mystérieux Ketsueki, drapé dans une cape longue qui masquait presque son visage tandis que j'étais affublée du même genre d'apparat pour éviter la morsure du froid qu'infligeait le désert.

Il ne s’embarrassait pas des formalités, ne cherchant même pas à connaître mon nom. Qu'est-ce qu'il en savait de toute façon ? N'étais-je pas la Ketsueki que l'on avait abandonné dans un orphelinat ? Personne au sein de mon clan connaissait mon existence en revanche, celle de Megami m'étonnait nettement moins... Alors c'était pour elle qu'il était venu ? Il avait prononcé son identité de manière haineuse : décidément personne ne l'appréciait celle-ci... Qu'avais-tu encore fait que j'ignorais Megami ? Bizarrement, l'intéressée s'agitait à l'intérieur de moi et cela depuis qu'elle avait été témoin de la nuée de chauves-souris : connaissait-elle ce Eien ? Mon visage se crispait un instant dans une grimace de douleur, alors que je sentais ma Némésis se débattre et vouloir s'enfuir, tentant coûte que coûte de prendre le dessus. J'adressais un sourire déformé par la souffrance bien que je cherchais à garder contenance face à mon assaillant.

« Megami ? Je crains que ce ne soit difficile de l'approcher... D'ailleurs elle n'a pas l'air satisfaite de vous voir... »

Et moi je souffrais davantage... Je n'avais pas oublié la façon dont elle m'avait fait regretté les paroles de Shinji dans le désert alors qu'il l'avait menacé. Pourtant elle ne craignait aucunement l'Akuzu alors que cette fois ci... Elle semblait bien décider à éviter Eien et je ne savais pas comment ce dernier allait interpréter mes paroles.

« A mon tour de poser une question. Qu'est-ce que vous lui voulez à Megami et pourquoi venir jusqu'ici ? Vous souhaitez vous voir restituer de votre titre ? »

J'avais sorti ma faux de mon dos, posant l'une des lames dans un claquement contre le sable. Je voulais me tenir prête à toute éventualité de la part de cet inconnu. Megami s'était attirée moult problèmes de son vivant et encore maintenant des personnes criaient vengeances... J'imaginais aisément qu'ils voudraient s'en prendre à moi qui la possédait en moi même si je ne cautionnais aucunement ses actes passés.

Un coup de sang libéra ma tête de l'emprise de mon capuchon, dévoilant mon faciès diaphane et mes pupilles écarlate sous l'éclat de l'astre nocturne, face à l'inconnu que je ne parvenais pas à distinguer.
Les affres de sa médisance me faisaient serrer la mâchoire alors que je tentais de faire mon possible pour rester impassible et surtout pour poursuivre ma lutte psychologique contre : la sanglante Megami.

Rattachés à une silhouette scintillaient deux éclats argentés au milieu de la nuit et du désert. Eien y reconnu les lames d'une double faux, un type d'arme très particulier dont les membres du clan Ketsueki usaient durant l'époque des guerres claniques. Il fut quelque peu étonné, ne s'attendant pas à ce que les siens renoues avec ce genre de tradition. Peut-être s'agissait-il simplement d'une coïncidence ? Dans tous les cas, cette jeune femme semblait fermement décidée à se défendre ce qui montrait qu'elle ignorait vraiment à qui elle avait à faire. Malgré que son corps immortel fut en mesure d'outrepasser les âges, son nom, sa réputation, le cauchemar qu'il avait jadis incarné parmi les humains, avait finit par se perdre dans les rouages sinueux et belliqueux du temps. Néanmoins, cela n'avait plus grande importance. Désormais, il ne restait plus rien si ce n'était lui et cet océan de sang couvert de sable et de poussière.

Un étrange animal l'accompagnait s'apparentant à un félidé sans en être vraiment un. Lui qui pensait connaître toutes les créatures issus du désert fut assez surpris. Il devait s'agir d'une race particulièrement ancienne pour qu'il n'en ait jamais eut vent. Le comte fronça les sourcils, le visage toujours en parti caché par son capuchon. Cette Ketsueki venait tout juste de se présenter à lui qu'elle parvenait à l'intriguer. Lorsqu'elle posa le pas pour se retrouver face à lui, les serviteurs nocturne de l'immortel se mirent à tournoyer autour des deux protagonistes dans une symphonie de grincements avant de se rallier à leur maître, volant en décrivant plusieurs série de cercle au-dessus de lui. Les réponses qui suivirent déplurent sincèrement au comte. Il n'était point là pour perdre son temps avec une quelconque messagère. Cette dernière se permit même de le questionner en retour.

-Les raisons de ma présence ici ne te concernent en aucun cas. Tu as seulement à savoir que je suis ton maître légitime, rien de plus. Celle à qui tu penses devoirs allégeance n'est rien de plus qu'une usurpatrice. A présent, amène moi Megami si tu souhaites préserver ta vie.

Le ton de sa voix était aussi impérial qu'implacable. Il n'aurait sut tolérer que quiconque s'oppose à sa volonté et sûrement pas cette femme qui lui faisait face. Cette dernière qui répondit par un jet de faux dont l'une des lames incurvées vint à s'encastrer dans le sable. Elle usa ensuite de sa maîtrise du sang pour dévoiler son visage. A la vue de ce spectacle Eien enfonça ses crocs dans sa lèvre inférieur au point de l'en faire saigner. Il la reconnu immédiatement. Elle qui se présentait comme la cause de tous ces tourments était visiblement parvenue à inverser la courbe des âges. Eien ignorait l'origine de ce stratagème perfide, mais cela ne changeait rien. Qu'importaient les décennies et les siècles, qu'importaient les apparences et les facéties. Il serait toujours en mesure de la retrouver.

Alors devant ce visage rajeuni qu'il méprisait tant, alors qu'il savait qu'il touchait finalement au but, face à cette ironie funeste, le comte se mit à éclater d'un rire grave et dément. Un rire d'arrogance mêlé de folie qui pourfendit les ténèbres. D'un geste solennel il retira le capuchon recouvrant sa tête, laissant apparaître ses yeux luisants ainsi que son teint livide. Le vent ébroua sa longue chevelure d'ébène et fit claquer les pans de sa cape. Du sang coulait désormais généreusement de ses lèvres pourfendues d'un sourire des plus sinistres. Puis, comme animé par une volonté qui lui était propre, le liquide vermeille remontant le long de son menton pour retourner dans sa bouche, ne laissant dans son sillage qu'un faciès satyrique au regard révulsé et à la peau dénuée de toute impureté.

-Te voici enfin. Je constate que tu prends toujours un malin plaisir à te jouer de moi, mais cette fois-ci l'effet de surprise n'est plus de ton côté. Ton règne va prendre fin ici et maintenant. Cependant rassures-toi, je ferais en sorte que ton châtiment soit le plus long et douloureux possible !

A partir de l'instant où elle avait croisé son regard, son destin était déjà scellé. L'illusion s'appliqua instantanément à son cerveau, lui faisant croire qu'une multitude de pieux effilés venait de la transpercer de part en part afin de l'immobiliser. A défaut d'être consistant, la douleur, elle, était bien réelle. Puis le maître Ketsueki tandis l'index en direction de sa proie, ordonnant ainsi à ses chauves-souris de se jeter sur elle afin de la dévorer de sorte arracher sa chair morceau par morceau. Le félidé qu'il l'accompagnait allait également subir le même sort en se faisant assaillir par la nuée vorace. Avant de comparaître devant le juge des âmes, il voulait qu'elle agonise de souffrances si atroces au point de se rappeler pourquoi elle l'avait jadis elle-même surnommée l’Innommable. Dans un nouveau sourire qui trahissait l'émoi de son amertume, il s'adressa à sa victime d'un ton presque affable.

-Le temps est venu Megami. A présent laisse-moi donc te faire un dernier cadeau... En t'offrant ta plus belle mort....

Il prétendait être mon maître légitime : la bonne blague. J'étais seule au manoir depuis presque quatre ans : il ne pouvait pas arriver comme une fleur et prétexter voulant me diriger, ce n'était pas comme cela que ça fonctionnait, peu importait qu'il soit Comte ou pas.

« Je ne voue a allégeance à personne : pas même à Megami. Pourquoi crois-tu que je le ferais pour toi, un inconnu ? »

Il n'était rien pour moi. Un simple membre de mon clan déchu, venant quémander vengeance envers une personne qui n'était plus ou du moins plus tout à fait.

Lorsque ma cape tombait, dévoilant finalement mon visage, sa hargne se décupla : comme s'il me connaissait mais c'était impossible. Ses yeux rubis luisaient d'une intensité des plus mauvaises alors qu'il se mordait fermement la lèvre de ses crocs, faisant parvenir l'effluve de son sang jusqu'à mes narines. Mes pupilles se dilatèrent d'un cran face à cette odeur salvatrice, me galvanisant de son arôme, me confinant dans un doux linceul apaisant. Ma frénésie s'intensifiait de façon exponentielle lorsque j'observais son fluide écarlate remonter vers ses plaies sans en perdre une miette : j'avais particulièrement soif ce soir sans que je ne puisse me l'expliquer... Il fallait sur son sang coule et soit versé généreusement sur le sable du désert de Suna en cette nuit immémoriale !
Son faciès déformée par la rage n'en était que plus beau et plus appréciable je saurais ternir ce minois pour un émoi plus sombre...

Me voilà enfin ? Quel imbécile... Il me prenait pour Megami. Il était vrai que ma ressemblance physique avec ma Némésis était troublante mais elle était également insultante. Cette remarque ne faisait donc qu'accentuer mon envie d'en découdre et de le réduire en miettes.

Plusieurs pieux effilés surgirent de nul part avant même que je ne le vois exécuter de mudras. Possédait-il une telle maîtrise qu'il lui était possible d'effectuer des techniques sans en composer ? Quoi qu'il en soit, je fus perforée de part et d'autres de mon corps, recrachant une gerbe de sang sous le choc, les yeux révulsés par la douleur avant de me fendre d'un sourire mauvais tout en gloussant. Une nuée de chauves-souris bondissait sur moi alors que je me préparais à les recevoir et à les mordre au besoin avant de brusquement voir les pieux disparaître. Je regardais Méphisto qui me touchait de sa patte, comprenant alors qu'il m'avait sorti d'un genjutsu.

La nuée quant à elle, était bien réelle et fondait sur nous. Les vampires se nourrissaient de ma chair, m'arrachant des grognements et accentuant davantage ma hargne sous la douleur. Je me débattais, projetant mon propre élixir dans leur yeux et surtout dans les oreilles puisque c'était comme ça que ce dirigeait ces bestioles : grâce à un sonar. J'enduisais ma faux de mon chakra fuuton pour envoyer des lames d'air autour de moi pour les repousser et les découper à bout portant tout en perturbant leur sonar sous les vibrations de l'air.
Je profitais de l'accalmie pour faire virevolter mon fluide autour de moi très rapidement puis le relâcher brusquement, découpant tout ce qui se trouvait sur son passage. Méphisto, quant à lui, se dissimulait à la vue de tous.

« Tu te trompes sur la personne : je ne suis pas Megami. »

Une rage certaine m'habitait et n'était pas de mon fait : ces deux là se connaissaient, c'était certains...
Mon fluide écarlate qui l'avait probablement touché était mêlé au sien si bien que je le rappelais à moi et le goûtait. Je déglutissais sous son goût étrangement familier sous mes papilles... C'était la première fois que cette sensation m'assaillait... Je ne pensais pas être en mesure d'utiliser son sang contre lui : il était un Ketsueki après tout mais j'avais souhaité en apprendre davantage suite à l'analyse de son essence : en vain mis à part une impression de déjà vu. Ma tête me faisait soudainement souffrir si bien que je plaçais une mais sur son sommet alors que des sortes de flash se présentaient devant moi. J'avais déjà vécu cela : c'était Megami qui se jouait de moi. Toutes les images défilaient très vite mais je pouvais voir ce Eien en compagnie de Megami, ils semblaient sourire tous les deux... Ils n'avaient pas toujours été ennemis ?

La sanglante se débattait en moi comme une lionne si bien que je devais batailler pour la maintenir hors de portée : des perles de sueurs s'affichaient sur mon front alors que ma respiration se montrait plus haletante et saccadée. Je pliais sous l'affliction, les yeux écarquillés d'horreur , les genoux a terre, sur le sable frais.
Je serrais les dents et les poings me redressant tant bien que mal, ne pouvant me permettre de présenter ma nuque à mon ennemi. La détermination se lisait dans mon regard alors que mon visage lui, était déformé par la souffrance.

Le maître Ketsueki se délectait de la vue de ce spectacle, avisant avec un plaisir des plus malsains les lambeaux de chairs qu'arrachaient ses chauves-souris. Sa proie souffrait, frappant et grognant comme un vulgaire animal. Une telle vision s’avérait des plus délectables. Pourtant, le comte s'étonnait de l'efficacité même de son premier assaut. Sans doute s'attendait-il à davantage de ténacité de la part de Megami. Puis cette dernière contre-attaqua brutalement, commettant l’erreur impardonnable d'user de son sang dans un combat entre Ketsueki. Ce fut le sourire au lèvre qu'Eien traça, à l'aide de ses crocs, un sillon écarlate dans la paume de sa main. Le fluide vermeille vola, tournoyant à vive allure sur lui-même pour se heurter dans une synchronisation parfaite sur celui de son opposante.

Tous deux venaient d'employer exactement la même technique et un claquement sourd raisonna dans l’atmosphère au moment du choc. Ce dernier fut si violent qu'il créa un déplacement d'air capable de secouer le sable tout autour. Suite à quoi une masse informe vint à se tortiller au-dessus du sol. Changeant sans cesse d'aspect, s'étirant, se tordant, le sang mélangé des deux protagonistes luttaient pour la suprématie. Eien tentait d'attirer à lui son propre fluide écarlate tout en espérant prélever celui de son ennemie par la même occasion. Celle-ci en faisait de même, mais avec beaucoup moins de force. Finalement, le comte put emporter son du tandis que sa proie ne récolta qu'une infime partie du butin. La masse sanguine pénétra alors dans la plaie ouverte sur sa paume jusqu'à être totalement aspirée.

Eien avisant alors le résultat de son œuvre avec une certain dédain. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Tout était si facile. Cette femme se révélait bien trop sotte et faible pour être Megami. Pouvait-elle dire vrai ou s'agissait-il d'un stratagème de plus destiné à éviter l'affrontement ? En ce qui concernait la Sanglante il savait qu'avec elle, on ne pouvait jamais être sûr de rien ; aussi préférait-il profiter de sa situation avantageuse afin d'asseoir sa dominance. Ce faisant le comte tendit sa paume ouverte vers le bas, laissant un épais filet de vermillon couler sur le sable.

-J'ignore qui tu es ou plutôt ce que tu es exactement, mais cela n'a pas d'importance car désormais.... tu es à moi...

Ces derniers mots furent ponctués d'une certaine gravité alors que le sang répandu sur le sable se mouvait prenant ainsi la forme d'un pentacle sous ses pieds. Cependant, avant qu'il n'eut commencé à faire quoique ce soit, la jeune femme sembla soudainement aux prises avec une force inconnue. Megami était-elle encore une fois plus derrière tout ceci ? La Ketsueki semblait se débattre contre un mal interne cherchant à l'avilir. Dépassé par cette suite d’événements inattendu Eien perdit alors patience. Désireux d'en finir avec la situation et comprenant qu'il ne pourrait rien tirer de cette femme, il décida d'aller chercher les informations directement à la source.

Levant son bras vers l'avant, il prit le contrôle du sang de la jeune femme afin de manipuler son corps et la faire l'éviter malgré elle au-dessus du sol. Le comte ne manqua pas de prendre un malin plaisir à tordre ses veines et entrailles durant l'opération avant de l'attirer brusquement à lui. Ses doigts aux ongles acérés se refermèrent sur son cou tandis que sa main de libre s'emparait du poignet de sa proie de sorte à l'obliger à lâcher son arme. Désormais totalement sous son emprise, le comte resserra son étreinte pour l'étrangler. Il ne souriait plus depuis un moment déjà. Seul une intense animosité émanait de ce regard noir qu'il adressait à l'encontre de la Ketsueki.

-Les mots sont si dérisoires face l'immuable véridicité de l'âme. Dit-il tout en rapprocha le visage de sa victime à quelques centimètres du sien. Celle-là même qui n'aura plus aucun secret pour moi, à l'instant où je prendrai ton sang.

Retroussant ses lèvres pour laisser ses crocs plus apparent que jamais l’Innommable plongea alors ses derniers avec sauvagerie dans le cou de sa proie. Des gerbes de sang giclèrent entachant ses vêtement ainsi que ceux de la jeune femme. Il put alors sentir l'essence vitale de cette dernière couler dans sa bouche pour rejoindre sa gorge. Buvant par grandes rasades les flots de ses souvenirs. Portés par la mémoire de la Ketsueki, les images défilèrent sous yeux écarlates plus luisants que jamais. Il y vit des noms, des visages, des joues comme des peines. Puis, les visions redoublèrent en intensité. Tous s'accéléraient subitement. D'autre flashs, d'autre souvenirs, qui n'avaient pas leur place ici. Dès lors il n'eut plus aucun doute, il s'agissait de ceux de Megami. Remontant dans le temps comme on pourrait remonter un fleuve de sang, Eien transcenda le seuil de la conscience afin de remonter dix-huit ans en arrière, là où tout avait commencé. Ce qu'il y découvrit alors fut la superposition des souvenirs des deux femmes.

Comprenant finalement l'origine de toute cette histoire, le comte fut brutalement tétanisé par la surprise. Il sentit ensuite ses veines commencer à le brûler. Ce faisant, il relâcha son étreinte morbide pour envoyer valser sa proie exsangue quelques mètres plus loin. Un vertige le fit mettre un genou à terre tandis qu'il comprenait que le sang qu'il venait d'ingurgiter était empoisonné. Haletant, il s'efforça d'utiliser son propre pouvoir pour lutter contre la frénésie pernicieuse qui s'élançait dans ses veines. Le comte aurait parfaitement put rejeter se mal hors de son corps comme si de rien n'était, mais il ne voulait pas perdre une seule goûte de ce sang. Alors, étirant ses manches il ordonna à ses chiroptères de le mordre de par en par afin d'y prélever ce venin afin qu'elles le conservent précieusement en elles. Le souffle court, enfin soulagé, il reporta son attention sur la jeune femme à semi consciente qui jonchait inerte sur le sable.

-Yami...

Murmurât-il d'un ton à peine audible en ce redressant sur ses jambes. Tout ceci le répugnait, et son aversion envers la Sanglante ne faisait que croître mesure qu'il avisait les traits de la jeune Ketsueki. Les yeux de cette dernière s'ouvrirent alors soudainement et Eien reconnu cette lueur narquoise qui caractérisait tant sa détractrice. A cette vue il se fendit d'un sourire ironique, peut-être finalement était-il devenu nerveux.

-Dois-je comprendre que tu n'as décidément aucune limite. Oser te servir d'elle pour te protéger de moi, tu es définitivement un monstre Megami.

Ses yeux se révulsèrent, puis il tendit une nouvelle fois le bras vers l'avant. Toujours présent au centre du pentacle, ses doigts se refermèrent sur le cœur invisible que partageait les deux femmes, tordant brutalement ce dernier davantage qu'il ne l'aurait souhaité. Perdant lentement contenance, il lui crier dessus, de toute cette rage, de toute cette rancœur qu'il avait ruminé durant toutes ces années, mais même après tout ceci, même après l'avoir tant fait souffrir elle trouvait encore, après tout ce temps, un moyen de le tourmenter.

-Si tu estimes pouvoirs ainsi te dérober à ma vengeance tu fais une grossière erreur ! Rien, absolument rien ne m’empechera de te faire expier tes fautes ! Pas même elle ! Hurla-t-il de tout son saoul.

Music ♫:

A voir nos deux techniques s’entrechoquer, il était indéniable que mon assaillant était plus puissant que moi. Si j'avais peur ? Bien sûr que non : cela rajoutait du challenge, m'étirant un sourire pernicieux alors que mon regard n'avait pas lâcher le sien.
C'était la première fois que je m'opposais à une personne de mon clan, c'était pourquoi, je n'avais pas pu deviner qu'utiliser des techniques propres à ce dernier ne serait d'aucune utilité : pire encore il pouvait les retourner aisément contre moi.

La suite s’enchaîna très vite : des paroles, une domination certaine dans la voix et même dans la situation, un pentacle se formant à ses pieds, mon corps qui ne répondait plus et qui se ruait vers lui sur simple commande. Mes veines se tordaient dans une technique que je connaissais bien puisque j'aimais l'utiliser : toutefois c'était nettement moins amusement d'en ressentir ses effets... La douleur était abominable et je ne parvenais même plus à réguler ma pression sanguine correctement, m'occasionnant des gémissements plaintifs témoignant de ma souffrance. Perlant de sueurs, je parvenais difficilement à garder conscience alors que Megami bataillait plus que jamais. Je laissais échapper une gerbe de sang de ma bouche sous l'effet de son attaque pernicieuse.

L'une des mains du Ketsueki venait enserrer mon poignet fortement de façon à me faire lâcher ma faux et m'enserrait le cou de l'autre, m'étranglant sans que je ne puisses rien y faire. Je posais ma main sur la sienne, cherchant à le repousser et tentant de résister à son emprise mais je n'y pouvais rien ! Son visage s'approchait du mien pour me dévisager de son air satisfait tandis que je tentais de ne pas afficher ma peur : ne voulant pas lui donner cette satisfaction. Il parlait de vérité qui ne s'obtenait pas par les mots et je savais dès lors ce qu'il s'apprêtait à faire. Je refusais toutefois d'abdiquer mais je n'eus guère le temps de répliquer que déjà ses crocs aiguisés se retroussaient et se plantaient dans ma chair sans délicatesse. Un nouveau hoquet de surprise et de douleur tandis que je m'arquais pour le repousser de mes pieds contre son torse, m'agitant comme une anguille pour me défaire de son courroux.

Il se délectait de mon sang et j'espérais sincèrement qu'il allait s'étouffer avec voir s'empoisonner ! Je tentais de faire exploser ses veines et artères en augmentant la pression de mon sang qu'il avait ingéré mais il parvenait à garder le contrôler tout en aspirant une partie de moi : c'était vraiment l'impression que cela me faisait... Est-ce que les autres ressentaient ça aussi quand je m'abreuvais d'eux ? Ça n'avait rien d'agréable lorsque ce n'était pas consenti j'imagine...
Je le sentais flancher sans savoir pourquoi puis vaguement mon prénom avant de retomber sur le sable comme une poupée de chiffon, du sang perlait dans un filet le long de mes lèvres tandis que mes yeux demeuraient livide.

***

Depuis que j'avais senti la nuée je n'avais aspiré qu'à sortir. J'avais dès lors, souhaitée m'enfuir mais c'était sans compter sur la curiosité de mon hôte. Me retrouvant face à l’Innommable, je ne pouvais m'empêcher de me fendre d'un sourire amusé qu'il me retournait. Je me redressais aisément, ne faisant fis du liquide écarlate qui avait été imbibé par le sable, toisant cet homme que j'avais jadis aimé... peut-être.

« Un monstre ? Tu m'en vois flattée ! Je ne pensais pas que me revoir t'inspirerais pour te laisser aller aux compliments... »

M'exclamais-je, théâtrale.

« Quant aux limites... Effectivement... Je n'en ai aucune. »

Je lui adressais un regard et un sourire suffisant pour accentuer mes propos.
Je percevais le cœur de ma précieuse Yami se contracter sans que cela ne m'atteigne d'une quelconque manière.

« Qu'espères-tu Eien ? »

Voilà fort longtemps que je n'avais pas prononcé son nom...

« La douleur que tu m'infliges ne m'atteint pas. Seule Yami souffre en silence. »

Mon sourire redoublait et mes yeux se révulsaient devant la vérité :

« Si tu veux me mener à trépas, il te faudra la tuer elle... »

Quel dilemme mon cher Eien n'est-ce pas ? Que vas-tu faire ? Après tout elle ne représente rien pour toi non plus non ? Elle n'est que mon pantin pour m'assurer une rédemption et pour toi : qu'est-elle ?
Je me fendais d'une expression malsaine face à cette nouvelle partie de mon plan enfin révélé à ses yeux.

Il ne restait pas indifférrent devant ce qu'il constatait, bien qu'il cherchait à ne pas perdre la face.

« Que crois-tu faire ? Je connais l'innommable comme personne : je sais à quel point tu te retrouves tiraillé par mes méfaits... »

Je savais aussi appuyer là où cela faisait mal :

« Enma aurait compris lui... »

Lui envoyais-je tout en le défiant du regard.
Sa hargne était palpable et je m'en délectais. Je savais d'avance que la partie n'était pas gagnée : mes capacités n'étaient pas optimales dans ce corps si faible et maladif et puis Eien possédait de quoi me contrer. Je connaissais son style de combat ce qui me donnait peut-être l'avantage puisque j'avais moi même acquis de nouveau pouvoir depuis notre « séparation ». Son Katon se verrait renforcer par mon Fuuton et nous possédions tout deux le Doton. La maîtrise du sang était proscrite exceptée une seule technique que je m’emploierais à utiliser certainement.

Il était temps de reprendre les choses en main. Ne s'attendant sans doute pas à ce que je retrouves un partie de ma propre puissance en reprenant le contrôle, j'augmentais subitement la pression de mon sang qui se trouvait dans ses veines, éclatant ses veines pour rappeler mon sang a moi et ainsi annuler son emprise. Cela fait, je me ruais vers lui, booster par mon propre taijutsu et attrapais la faux a double lames de la kunoichi tout en la faisant tournoyer rapidement devant moi pour l'atteindre au corps à corps.

« Comme au bon vieux temps... »

Des mots acerbes, un ton condescendant et une allure hautaine. Il s'agissait bien de Megami, elle n'avait guère changée depuis tout ce temps. En cela Eien possédait un avantage car, lui, n'était plus le-même. L'illusion qu'elle avait jadis appliqué pour couvrir sa vie s'était dissipée. Désormais il voyait les choses de façon claires et précises et nul sentiment ne pourrait obscurcir son jugement. Pourtant cela ne l'empêcha pas de se retrouver surpris devant la tournure des événements et incertain quant a son jugement, il ignorait la façon dont il devait considérer Yami. Pourtant et malgré lui, il fini par écarter ses doigts, relâchant son étreinte sur le cœur de la jeune femme. Un sourire satisfait parcouru les lèvres de la Sanglante pensant sans doute qu'elle venait de remporter cette bataille. Sans doute était-ce le cas, mais la moindre notion de victoire en ce qui concernait cette guerre demeurerait à jamais hors de sa portée.

-Tes paroles sont vides de sens, comme toujours. Tu ne cherches qu'à apporter la confusion dans l'esprit de tes ennemis, seulement il ne s'agit que de pur facétie, tu n'as jamais eu ce pouvoir là. En réalité tu n'as jamais rien eu. Ton empire, tu l'as bâti en te contentant de ramasser tout ce que tu pouvais auprès des autres où sur les cadavres de tes ennemis.

Serrant les poings Eien faisait de grands efforts afin de retrouver son calme. Ses mots l'aidait d'une certaine façon à faire le point sur la situation et a relativiser sa haine envers Megami afin que celle-ci ne l'aveugle pas pour la suite. Il composa ensuite une série de mudra rapidement et la terre se mit à trembler. Ses pupilles se dilatèrent tandis que de longues fissures venaient à se creuser dans le sable même du désert. D'immense rempart de terre en jaillir sur plusieurs mètres de haut, enfermant à l'intérieur tous les protagonistes présent. Une partie de la lune et de ses éclats furent en parti masqué par l'édifice soudainement sorti de nul part. Puis, comme poussé par une volonté cauchemardesque, les murs de pierres se recouvrirent de flammes, laissant ce dernier se propager sur les parois de cette cavité infernal. Enfermée dans cette prison pandémique, elle n'aurait nul part où s'enfuir, où se cacher, n'ayant d'autre choix que de l'affronter jusqu'au bout.

Avisant alors Magami, le comte lui adressa un long regard intense et pénétrant, de sorte à ce qu'elle n'était plus en mesure de se défaire de son joug, maîtrise du sang où non. D'un geste habile, il défit le haut de sa cape pour l'envoyer nourrir les flammes, faisant dès lors comprendre qu'il était prêt à se battre sérieusement. Après leur don héréditaire, les Ketsueki maîtrisaient également les arts shinobis à de très haut niveau. L'innommable, lui, avait passé plus d'un siècle à élargir son répertoire de techniques. Il résultait de ce constat un niveau ainsi qu'une expérience que nul mortel ne pouvait atteindre à ce jour.

-Constate donc par toi-même où on fini par mener tes méfaits. Tu t'es rabaissée au point de prendre possession du corps de ta fille pour échapper à ne serait-ce que l'un des nombreux châtiments auxquelles on te condamne. Oui Megami, tu es un monstre, mais un monstre lâche et pathétique...

Alors, faisant tournoyer sa faux dans les airs, elle fondit sur lui à toute allure. D'un geste de la main le comte ordonna à ses flammes de s'ériger entre lui et son opposante, cette seconde incertitude gagnée lui permit de se cacher en laissant un clone derrière lui. Lorsque la faux transperça son cœur, son corps se dématérialisa à une nuée de chauve-souris voraces qui tentèrent d'assaillir Megami. Dans le même temps le véritable Eien avait bondit par-dessus elle pour retomber dans son dos quelques mètres plus loin. Composant un nouvelle série de mudra, il cracha un long et rapide jet de flamme en direction de sa proie. Lorsqu'il pensait qu'elle fut prise dans le brasier, tout en continuant de déverser son souffle ardent, il composa une dernière série de signe décuplant alors la puissance de son attaque qui provoqua une violente explosion sur toute une partie de la muraille de pierre qui les entouraient. L’innommable se redressa alors pour faire face à ce gigantesque brasier dans lequel devait se trouver Megami ou était-ce Yami. Il ne savait plus vraiment. Ses yeux, plus cramoisi que jamais reflétaient les lueurs des flammes dans le creux de ses pupilles.

-Enma... Tu ne sais absolument pas de quoi tu parles... Laisse-donc les morts à leur place et dis-moi plutôt la vérité. Comment t'y es-tu prise pour transférer ton âme dans ce corps ? Je le sais, tu n'as jamais possédé un tel pouvoir.

Dit-il en s'adressant d'une voix forte face au brasier incandescent. Il le savait, ce genre de petit enchaînement n'était point suffisant pour venir à bout d'elle.

Music ♫:

Un dôme à ciel ouvert nous entourait. Il constituait l'arène dans laquelle se baserait notre affrontement. Pourquoi nous enfermaient-ils ? Pensait-il que j'avais l'intention de m'enfuir ? L'idée m'avait bel et bien traversée l'esprit mais désormais je n'aspirais plus qu'à une chose : finir le travail que j'avais commencé et l'éliminer.

Le mur imposant de doton était parcouru par les flammes, accroissant grandement la température fraîche du désert nocturne. Eien ôta sa cape et attisa ses flammèches en l'y jetant. Il expliquait d'un air solennel – comme à son habitude – que je m'étais rabaissée à utiliser Yami tout en m’affublant encore du surnom de monstre. Mon sourire n'avait pas perdu de son intensité devant ses paroles.

« Je suis prête à tout pour parvenir à mes fins... Tu devrais le savoir plus que n'importe qui... »

Eh oui... L'innommable avait été broyé et déchiré par mes soins, lui subtilisant dès lors sa place de chef de clan.

Une barrière de katon venait me gêner dans ma lancée alors que je me protégeais d'un fuuton puissant en tournoyant ma faux pour amoindrir la brûlure du brasier. D'un nouveau geste, je plantais mon arme dans le cœur d'un vulgaire clone qui se dissipa en chiroptères qui se nourrissaient de moi goulûment : je les transperçais de mes lames.
Eien se retrouvait dès lors dans mon dos et effectua un jet de flammes que je ne pus esquiver. L'enfer se répandait sur moi, m'enfermant dans son linceul alors qu'il usait de sa maîtrise supérieur pour accentuer la puissance de son jutsu, créant une explosion qui souffla sur le foyer pour accroître sa morsure sur ma peau. J'étais prisonnière du cocon incendiaire alors que je l'entendais évoquer Enma et qu'il me questionnait sur ma façon de procéder.

Je marchais sereinement dans sa direction, le corps léché par les flammes incandescentes, ne faisant fit des brûlures importantes que mon corps venait de subir. A chacun de mes pas, mes tissus se régénéraient un peu plus, reconstituant la peau morte pour en laisser une flambant neuve. Sortie des enfers, je m'enfermais dans une sphère de fuuton supérieur pour éteindre le peu de vêtements en lambeaux qu'il me restait, affichant un sourire à l'encontre d'Eien alors que mon apparence semblait de nouveau normale sans aucune trace de la vive morsure du foyer flamboyant.

« Les liens du sang sont plus puissants que tu ne le penses... »

Je ré-ouvrais la plaie de ma paume, laissant mon sang choir sur le sol en traçant rapidement un pentacle sous mes pieds. J'avais déjà ingéré son fluide écarlate. Mon regard vermeil luisait d'une intensité similaire aux volutes dessinées par les flammes tandis que je relevais ma faux pour me la planter profondément dans ma cuisse dénudée. Mon liquide vital s'échappait de ma plaie tout en m'arrachant un gémissement de douleur qui me galvanisait plutôt que de me faire réellement souffrir. Prise pas une frénésie sans nom, je plantais la lame encore et encore a différents endroits, maculant mon corps et infligeant toute ma souffrance à mon cher et tendre...
Je l'observais d'un œil condescendant.

« Nous aurions pu mener une vie bien meilleure si tu ne t'étais pas entêté. Mais non il avait fallu que tu désires ardemment un héritier que je ne voulais pas te donner !»

Je me laissais aller à un rire cristallin.

« C'est risible désormais de voir que tu te bats contre l'enfant que tu as toujours voulu ! Tu peux me blâmer mais pour autant tu n'as jamais cherché à la retrouver non plus. Quel père pathétique tu fais ! »

Je lui adressais finalement un énième sourire, concluant par une provocation non dissimulé :

« Finalement tu es comme Enma... »

Je savais que cela allait de faire sortir de ses gonds. Mon corps s'étaient déjà régénéré suite à mes blessures si bien qu'après quelques mudras, j'effectuais une technique Fuuton qui le repousserait violemment contre la paroi rocheuse bien que ses flammes allaient mourir sous ma bourrasque, ne laissant que la roche à nue. Mon regard se portait alors sur le ciel à découvert.

« N'est-ce pas romantique ? Tous les deux, confinés sous un clair de lune...»

Musique ♫:

Il la vit jaillir des flammes, tel un démon empirique tout droit sorti des enfers. La chair brûlée, son corps atrocement mutilé se régénérait à vu d’œil jusqu'à ne plus laisser paraître la moindre blessure si ce ne fut la paume de sa main qu'elle s'entailla pour dessiner un pentacle sanglant sur le sable. Même pour Eien cette femme était des plus diaboliques. Néanmoins, il faisait parti de ces rares individus la connaissant à ne pas la craindre. La vérité étant qu'elle avait peur de lui. Il le savait. Tant d'âges les séparaient l'un de l'autre. Lui qui avait jadis commandé à des légions entières de shinobi, de samouraï et de Ketsueki durant les plus anciennes époques des guerres claniques. Il avait survécu à toutes ses batailles et avait acquis de part les atrocités qu'il avait commise le titre d’Innommable, tant les horreurs qu'ils avaient perpétré ne pouvait être citées. En réalité tous ces excès étaient davantage dû à son caractère implacable qu'à une véritable notion de sadisme profond. Telle était le véritable pouvoir du comte immortel, celui d'inspirer la peur dans le cœur d’autrui tant et si bien qu'il y était parvenu à atteindre celui de sa propre épouse. Ironiquement ce fut elle qui transperça le sien d'une lame acérée planté dans son dos, avant qu'elle ne brise son corps en morceau pour finalement le laisser pour mort. Cependant l'immuabilité de la constante du trépas n'était point un obstacle pour ceux de sa race.

-Ne pense pas me faire culpabiliser avec tes paroles perfides. Ton venin n'est pas en mesure de m'atteindre.

Dans la façon d'opérer de Megami, il n'y voyait que succession d'actes désespérés. Cette ultime tentative d'automutilation en était la preuve. Malheureusement pour elle, il était déjà trop tard. En agissant de la sorte elle s'était exécutée selon son bon vouloir. Dès lors, il avait suffisamment économisé ses forces pour lancer cette ultime technique que lui avait enseigné Nosferatu. Alors que son sang se répandaient sur le sol sous le joug des multiples blessures provoquées par le pacte écarlate qui les unissaient, Eien resta indifférent à la souffrance qui aurait dû le mettre à genou.

Finalement il fut éjecté avec force par une puissante attaque futon qui le fit heurter la paroi rocheuse qu'il avait lui-même érige, tout du moins s'il en était vraiment ainsi. Car, après un long silence qui maintint la situation en suspens durant un instant, Megami put alors entendre un rire bercé d'une sombre ironie émaner de nul part. Le corps jusqu'alors inerte et maculé de sang du comte se redressa comme animé d'une force inconnue. Sa chevelure sombre dansait au rythme de la valse lugubre de la nuit et à ses lèvres pendaient un sourire suffisant. Suite à quoi il levant nonchalamment l'index en direction du sol, là où se trouvait le pentacle sur lequel trônait la Ketsueki. La réalité se déforma tout autour de ce dernier et il apparut soudainement faussé, recouvert par le sang de l'Immortel qui avait prit soin de le souillé afin d'annuler l'emprise du pacte sur sa personne.

« Romantique dis-tu ? » Dit-il d'une voix caverneuse qui semblait provenir des ténèbres.

Dans les secondes qui suivirent l'ensemble de ses blessures disparurent avant de laisser l'univers même se suspendre, passant subitement en négatif. Des fissures se matérialisèrent. Rapide, elle multiplièrent et se déployèrent dans l'espace avant de littéralement voler en éclat, emportant avec elles, dans leur effondrement, le peu de véridicité qui restait à ce monde. Tout fut alors subitement remplacé par un espace caverneux. Un temple souterrain creusé à même la roche se trouvait cette immense salle cérémonial où siégeait différentes statues de divinités déchues, telles que les chiroptères de Nosferatu ou les chiens noirs de Cromwell. Des coupoles exultants de petits foyers encadraient la voie ritualiste menant à l'estrade des sacrifices. Megami s'y trouvait, en possession de sa forme originel, là, crucifiée sur une croix d'argent massive. Face a elle apparut Eien à nouveau vêtu de sa cape, semblable à un fantôme surgissant des méandres du néant.

« L'appel de la nécropole... Il s'agit de mon plus puissant genjutsu...» Toujours sa bouger les lèvres il s'était directement adressé à elle.  « La vérité m’apparaît si clairement désormais...» Mais finalement pour annoncer ces derniers mots, il prit la peine de s'adresser directement à elle. Tout du moins si telle pouvait encore en être le cas.

-Tu n'es pas Megami...

Music ♫:

Il riait. Eien s'adonnait à un rire que je n'aimais pas et dont j'avais moi même fait les frais : celui de la désillusion. J'écarquillais les yeux, interdite devant mon cher et tendre. Tout ceci n'était qu'illusion. Depuis le départ il m'avait piégé. Je serrais la mâchoire, crachant mon venin à son encontre alors que je me rendais compte de mes efforts vains...

***

Qu'est-ce ce que je faisais là ? Je me trouvais dans une caverne tout juste éclairée par les halo tamisés de torches. Différents édifices de pierre trônait une une estrade funeste. Megami était là, sous l'apparence que je lui avais connu, crucifiée sur une croix d'argent. Eien se tenait à mes côtés, de nouveau vécu de sa cape.

Tout cela était incompréhensible. Ma surprise teintée de mon désarroi était visible : j'avais assisté a toute la scène et entendu tout leur échange. Cet homme, ce Ketsueki si haineux à l'encontre de ma Némésis était... mon père. Quant à celle qui m'empoisonnait la vie depuis quatre ans, qui m'avait fait sortir de l'orphelinat et qui m'avait fait entrapercevoir la liberté pour mieux me la reprendre et qui c'était servie de moi... ma mère ? Non... Non... NON !

Je déglutissais, les yeux vitreux, incapable d'observée la scène qui se jouait sous mes yeux. Nous nous trouvions dans un nouveau genjutsu mais tous ces avoeux étaient réels ! J'avais toujours cru mes parents morts et je ne m'en étaient guère souciés ne les ayant jamais connu mais la vérité était bien plus cruelle que la mort ! N'avais-je été qu'un fardeau pour mes géniteurs ? Pourquoi m'avaient-ils placé en orphelinat alors même qu'ils étaient en vie tous les deux ? Je tremblais, sous le choc, me repliant sur moi même en m’enserrant moi même.

« Ce n'est pas possible... »

Non ça ne pouvait pas l'être. Je ne pouvais même pas pleurer : je ne pouvais qu'assister à ce terrible constat. Ma mère s'était jouée de moi depuis ma naissance, m'avait finalement récupéré pour mieux se servir de moi comme réceptacle à sa mort qui approchait, elle le savait. Elle m'avait incité à prendre de son sang pour créer notre lien de sang et ainsi faire basculer son esprit dans mon corps afin d'y subsister. Elle m'avait brisé, avait mutilé ma meilleure amie, m'avait fait perdre de précieux amis et elle était ma mère ?! Quelle genre de mère ferait cela ? J'avais grandi sans elle, je ne connaissais pas le rôle que cela incombait mais j'étais certaine qu'il ne concernait aucunement toutes ses souffrances sans une once de compassion ou d'affection !

Rassemblant mes esprits, me sentant comme vide, je lançais un regard haineux envers celle dont le châtiment s'avérait proche. Je n'avais aucune idée de ce que ce monstre avait fait subir à mon père mais je me rangeais de son côté sans aucune retenue.

« Pourquoi ? »

Lui demandais-je alors que je sentais ma rage accroître :

« POURQUOI ! »

Quelque chose s'était brisé en moi sous le poids de ces révélations. Je ne pouvais pas bouger, juste assister, impuissante à tout cela alors que j'imaginais aisément que mon père allait se venger d'elle. Est-ce que cela allait me débarrasser d'elle pour autant ? J'en doutais fortement. Comment pourrais-je vivre désormais en connaissant l'identité vraie du monstre que j'abritais ?! Comment ne pas perdre la face ?

Sur les paroles d'Eien, la Sanglante étirait un sourire alors que j'étais de nouveau perdue : ce n'était pas Megami ? Mais bien sûr que si ! C'était celle que j'avais rencontré et qui figurait sur l'un des tableaux du manoir : aucun doute possible !

« Je ne doutais pas de ta perspicacité Eien. Mais le savoir n'y change rien. »

Elle relevait la tête alors qu'elle était immobilisée, trouée par des pieux effilés, pénétrant son regard vermeil brillant d'intensité et d'animosité dans le mien tandis que je ne bronchais pas : elle ne pourrait plus m'atteindre.

« En revanche, ta fille est idiote et ne jouit pas de ton sens de la déduction... Je ne suis pas Megami... Simplement un fragment de ses souvenirs ! »

Son sourire était carnassier, elle ne m'épargnait pas sur ses mots. Ses souvenirs ? Agissaient-ils comme une véritable entité ? Me faisant perdre pieds sans que je ne puisse rien ? Etais-je vraiment en perpétuel combat contre des souvenirs chimériques ? Comment tout cela était possible...

« Tu veux connaître toute l'histoire Eien ? Tu veux savoir pourquoi ta fille est dévorée par l'horreur face à toutes ces révélations : je vais te le dire. J'étais une espionne infiltrée au village caché du sable et je savais que mon heure approchait à grand pas et que j'avais été débusqué. Je savais que Yami se trouvait à Suna à l'orphelinat : j'ai donc été l'adopté pour mieux la cacher dans le manoir lors de l'attaque : je l'ai attiré avec mon sang et une fois le lien de sang créer, une partie de mon fluide écarlate s'est mêlé au sien tout comme mon chakra et surtout mes souvenirs. C'est pour cela que tu as l'impression de devenir moi plutôt que de rester toi-même Yami... Ma présence te gangrène allant même jusqu'à t'octroyer mes dons. »

Elle étirait un sourire toujours plus mauvais et hystérique, les yeux révulsés :

« Quant à mon corps... Il a mystérieusement disparu. »

Je connaissais bien sûr toute cette histoire mais cela ne m'empêchait pas de serrer le poing d'amertume.
Après plusieurs minutes de discussion et les actes d'Eien, l'environnement se distordait de nouveau, nous faisait réapparaître au beau milieu du désert. J'étais à genoux, face à mon père qui avait la main posée sur mon front alors que je me sentais comme vidée aussi bien en chakra que de la présence de Megami. Ses souvenirs demeuraient toujours mais ne pouvaient m'atteindre dû fait d'un quelconque procédé.

Les yeux fermés, j'attrapais le poignet du comte, percevant son mouvement de recul alors que je sentais sa peau fraîche sous mes doigts : me confirmant que lui était bien réel. Ma main remonta et se posa directement sur la sienne, cherchant à lui faire comprendre que je ne lui en voulais aucunement et que je ne voulais pas qu'il m'abandonne une nouvelle fois. J'ouvrais mes yeux sur le monde qui m'entourait, les posant dans les siens en lui adressant un sourire dans un ultime élan de volonté avant de sombrer dans l'inconscience, m'étalant de tout mon long sur le sable, la main toujours jointe à la sienne.

Yami se trouvait également présente dans l'illusion. Le comte ne s'attendait pas à son apparition soudaine mais, en soit, cela n'avait rien d'étonnant. En voulant directement atteindre le Souvenir de Megami, son genjutsu n'avait pas manqué d'effleurer l'âme de la jeune femme. Ainsi pouvait-elle assister à toute la scène tandis que les deux antagonistes se toisaient l'un face à l'autre. L'immortel comprenait désormais comment la Sanglante s'y était prise pour parvenir à ses fins. En usant d'un pacte sombre pour mêler sa volonté à une autre. Elle n'y avait pas pour autant délaissée son comportement hautain ni son désir cru de faire souffrir autrui. Si elle avait possédé un cœur, Eien le lui aurait volontiers arraché. Néanmoins, tel n'était point le cas. Cette maudite femme ne méritait aucune compassion pas plus qu'une once de pitié. Le comte tourna alors la tête en direction de son enfant qu'il avait lui-même du mal à reconnaître. Sans doute méritait-elle quelques explications avant toute chose.

-Le sang et l'argent de l'âme. La monnaie de l'existence. Tel est l'origine de ce cercle sans fin qu'est la voie de l'immortalité. Boire le sang d'une personne revient à s'approprier sa vie toute entière, mais tu l'as sans doute déjà compris.

Aussi s'agissait-il de ce Kinjutsu immémorial du clan Ketsueki, perdu depuis le début des guerres claniques il y a des siècles, seules peu d'individus sur cette terre en connaissaient encore l'existence. Eien ainsi que ses frères avaient acquis ce savoir de leur propre père, ce qui rendait ce mystère d'autant plus troublant. Comment Megami avait-elle put avoir accès à de telles connaissances ? Quand bien même avait-il cherché à remonter le flot des souvenirs de la Sanglante, il n'était pas parvenu à trouver de réponses. Cela n'avait sans doute plus d'importances, car cette histoire traduisait une véridique et implacable vérité. A savoir qu'elle était réellement morte des mains du Kakumeigun. Voulant poursuivre dans la continuité de ses paroles, il levant les yeux en directions de ce qu'il restait de son ancienne épouse.

-Malheureusement pour toi, tu n'avais pas en ta possession la somme nécessaire pour en payer le coût Megami. Tu as alors voulu choisir un moyen détourné pour parvenir à tes fins, mais tu ne t'attendais sans doute pas à mon retour, ni à ce que je sois en mesure d'utiliser ce genre d'illusion. A présent, je vais prélever le montant exorbitant de ta dette...

Sur ces paroles empreinte d'amertume le Ketsueki relevant la main en direction de celle qu'il avait jadis aimé. Des bandages recouverts de sceau jaillirent de l'ombre pour commencer à lentement enchevêtrer la Némésis.[/color]

-J'aurai souhaité pouvoir punir la véritable Megami. Cependant puisque tu es déjà morte, je ne peux te tuer à nouveau, mais il m'est encore possible de te réserver un châtiment bien pire. Vois-tu, j'ai finis par apprendre à te connaître toi qui as toujours cherchée à capter l'attention d'autrui. Il t'est impossible d'exister sans leur présence. Malgré-toi, tu es devenu dépendante d'eux et pas conséquent si faible.

Eien lui adressa un dernier regard sombre avant que le visage de la comtesse sanglante ne soit noyé par les bandages et les sceaux, la momifiant vivante.

-Puisque tu sembles tant aduler Emna, tu subiras le même châtiment que lui. Je te condamne à l'oubli Megami.

Puis tout s'acheva. Le retour à la réalité se fit abrupte. Tous deux étaient aux milieux du désert baignant dans le vice des rayons d'une pleine lune jaunâtre. Il n'y avait plus de remparts, plus de flamme. Seulement la main d'Eien posée sur le front de la jeune Ketsueki tombée à genou, et puis toutes ces tâches de sang dont les sables du désert s'étaient gorgés en cette nuit. Un vertige manqua de saisir le comte qui du se faire violence pour ne pas chanceler. Malgré sa retenu ce combat l'acte final qui en découlait lui avait coûté une grande quantité de chakra.

Alors qu'il s'apprêtait à retirer sa main, il fut soudainement prit d'un sursaut lorsque cette dernière fut retenu par celle de Yami. Durant un instant, il crut avoir échoué, s'imaginant faire de nouveau face à Megami. Néanmoins il comprit rapidement que ce n'était point le cas ce qui donna une toute autre interprétation à ce geste. Suite à quoi la jeune femme tomba à terre, au milieu de ce pentacle de sang souillé. Eien resta un long instant interdit devant la scène alors que la main de sa fille enserrait toujours fermement la sienne et ce malgré son inconscience. Ainsi réalisa-t-il qu'il ne savait que faire à présent. L'objet de sa haine venait d'être scellé et avait emporté toute cette amertume avec dans les méandres du néant. Tant de questions demeuraient en suspend. Que restait-il du comte désormais ? Lui qui ne possédait plus rien. Lui qui avait tout perdu il y a dix-huit ans de cela. Et ses yeux se posèrent sur cette enfant qu'il avait cru morte depuis lors.

Aussi la souleva-t-il en la prenant dans ses bras pour l’éloigner de ce village Shinobi, rejoignant avec elle le cœur du désert. Il en profita également pour régénérer le sang de la Ketsueki en y mêlant le sien. Après l'avoir reposé sur le sable, il lui tourna le dos, perdant son regard dans l’infinité des cieux obscures. Megami n'était plus, du moins sans doute pour un temps. Quelque chose lui disait au fond de lui qu'elle ne pourrait jamais totalement disparaître de sa vie tel un fardeau qu'il traînerait jusqu'à sa mort. Sans doute n'y avait-il par pire punition pour un immortel. Il savait également que toute cette histoire était encore loin d'être terminée. Le comte devait encore se rendre au Sanctuaire où il avait jadis scellé Emna avec l'aide de ses frères, afin de s'assurer qu'il s'y trouvait encore. Cependant, pour l'heure, il décida de consacrer encore un peu de temps à Yami, cette dernière même qui venait de recouvrer ses esprits.

-Tu dois avoir de nombreuses question me à poser. Fit-il rêveur, sans prendre la peine de se retourner vers elle.

Music ♫:

Tout n'était que souvenirs, tout n'était que souffrance. Je ne savais pas vraiment si mon corps avait choisi délibérément de plonger dans l'inconscience suite à toutes les révélations que je venais d'avoir sur mes origines ou si seulement la fatigue liée à une trop grande quantité de chakra usée était la cause. Toujours était-il que ma mémoire me renvoyait des images de mon passé comme-ci ceux-là avaient été mis de côté pour faire de la place à celle qui m'avait habité pendant plusieurs années et qui s'avérait être ma mère... Pourquoi ? Tel était le mot qui me revenait sans cesse, ne comprenant pas ses actes tout comme ses méfaits : pour quel motif ? Peut-être qu'Eien en savait plus à ce sujet...

Je m'extirpais de mon « sommeil » forcé, ma joue était collée contre le sable frais alors que nos deux silhouettes baignaient dans la clarté opalescente et fantomatique de l'astre nocturne. Je me redressais, restant assise alors que la tête me tournait et que j'étais prise d'un léger vertige. J'ignorais depuis combien de temps je m'étais évanouie mais visiblement peu et ce laps de temps ne m'avait guère permis de retrouver une forme optimale. J'étais encore à bout de force bien que je me sentais étrangement bien... Je sentais la présence d'un sang étranger et à la fois si similaire au mien coulé dans mes veines et je comprenais alors sans peine qu'il m'en avait donné durant ma perte de conscience. J'étirais un faible sourire à ce constat, heureuse de voir qu'il m'apportait un tant soit peu de considération. Ma tête, quant à elle, était vide. Je ne sentais plus la constante présence oppressante de Megami et je ne savais pas s'il était parvenu a détruire tous les fragments de sa mémoire où simplement les brider pour quelques temps. Etait-il seulement possible de venir vraiment à bout de ce monstre que j'étais censée appeler « maman » ?

Il se tenait droit devant moi, me tournant le dos tout en contemplant l'horizon. Il savait que je m'étais éveillé, laissant le libre arbitre aux question qui m'assaillaient. Effectivement j'en avais des tas... J'ignorais tout de mon clan et rien que sur ce sujet je souhaitais quelques éclaircissements mais évidemment, plus que tout, c'était les événements de cette nuit qui me préoccupait le plus en cet instant. J'ignorais de combien de temps il resterait mais j'étais heureuse de pouvoir profiter de sa présence encore quelque temps bien que je ne savais pas u tout comment m'y prendre.
Je me redressais sur mes jambes, chancelant un instant avant de retrouver mon équilibre pour commencer l'interrogatoire.

« Euh... Commençons par la base dans ce cas... Comment dois-je t'appeler ? Vous appeler ? L’innommable ? Eien ? Comte ? … Père ? … »

Je déglutissais de gêne sur ce dernier mot : avais-je simplement cru un jour que je me trouverais face à lui ? Certainement pas...

«Par où commencer... Par le début j'imagine... »

Je soupirais tant cette question s'avérait cruciale pour moi :

« Ai-je grandis avec mes parents quelque temps ou bien ai-je été placée directement en orphelinat ? »

Je n'avais aucune souvenir d'un quelconque moment avec eux, ces derniers débutaient toujours à l'orphelinat de Suna.

« Pourquoi est-ce que vous ne m'avez pas gardé ? Etais-je un enfant non désiré ? »

Il s'agissait de question assez personnelles mais que j'étais en droit de me poser.

« J'ai toujours pensé que mes parents étaient morts ou du moins je préférais le voir ainsi : c'était plus simple et moins douloureux que de me rendre compte que j'ai été abandonné alors même qu'ils étaient toujours vivants... »

C'était difficile de ne pas ressentir d'amertume : j'avais grandi seule, sans la présence d'un père ou d'une mère, j'ignorais même ce que c'était. J'avais appris à me débrouiller seule loin des miens, comprenant mes capacités et luttant contre ma maladie : toujours seule.
Plus que des questions, j'estimais qu'il était légitime qu'il connaisse un peu ma vie, peut-être même qu'il s'en moquait et qu'il me le ferait comprendre mais j'avais besoin de prouver mon existence à travers mes actions et ne pas simplement paraître pour un fantôme.

« Pour ma part, j'ai grandi à Suna, dans l'orphelinat où je n'en suis sorti qu'à l'âge de 15 ans par Megami : la suite tu la connais désormais. Je suis l'unique représentante du clan au village et j'habite dans le manoir des Ketsueki. Je n'ai jamais été très apprécié entre ces murs du fait de mon nom et de la trahison de Kysohi Rei, l'homme masqué qui avait mené les nôtres au village. Peu à peu j'ai su devenir un kunoichi respectable et respectée même s'il y a encore du travail sur ce dernier point. Je fais partie de la team Bushidan, ma sensei est la Kazekage en personne. Je suis également membre du Kakumeigun en occupant le poste d'intendante au chef : il s'agit de l'unité spéciale de Suna par laquelle Megami s'est fait tuée : une sorte de revanche en somme que d'en faire partie. »

Que pouvais-je ajouter ?

« Lorsque je passerais Jonin, je compte prendre la place de chef de clan et ainsi diriger les nôtres, s'ils se manifestent, entre nos murs. »

S'il ne s'était pas retourné depuis le début, je me mettais face à lui :

« Et toi ? Qui es-tu ? Pourquoi voues-tu une haine sans borne à Megami ? Que t-a-t-elle fait ? »

Mes yeux se baissaient sur une blessure qu'il avait au bras, cela ne saignait plus mais cicatriserait mal. Je portais donc ma main recouvert de mon chakra médical sur sa plaie, doucement, craignant qu'il n'esquive mon attention tant il était vrai que je ressemblais à ma Némésis.
Les tissus de sa peau se reconstruisait, laissant la zone aussi diaphane que le reste, sans meurtrissure.
Mes yeux vermeils plongeaient dans les siens tout en lui précisant :

« Peu importe la manière dont j'ai grandi : je ne t'en veux pas. »

Le passé importait peu, je me tournais vers le présent et surtout l'avenir...

Yami venait de reprendre ses esprits. Eien, lui, continuait de lui tourner le dos. Il n'avait plus vraiment besoin de la voir, tant leur sang était désormais mêlé. Visiblement sa famille avait de nombreuses questions à lui adresser, mais le Comte savait qu'il ne pourrait pas plus qu'il ne souhaiterai répondre à certaines d'entre elles. Pourtant, la première, à son sens, fut des plus compliquées. Comment devait-elle le nommer ? Lui-même ne savait pas vraiment comment l'aviser. Elle était déjà devenue une jeune femme. Tant d'années s'était écoulées, tant d'années perdues qu'il ne pourrait jamais rattraper. Sans doute était-il trop tard pour envisager quoique que ce soit. Après avoir été Chef puis l’Innommable, puis un époux, puis un immortel déchu pouvait-il devenir un père ? La réponse vint alors à s'inscrire d'elle-même dans son esprit. Chose qu'il n'hésita pas à traduire par des paroles.

-Eien, simplement Eien...

Il n'y aurait jamais rien de plus à espérer pour chacun d'eux. Le temps ayant fait son œuvre, il était trop tard. Cependant, à défaut d'endosser ce rôle qu'il ne pouvait plus assumer, encore pouvait-il endosser celui de mentor, de protecteur. Sans doute s'agissait-il de la meilleure solution. A savoir perpétuer l'illustre héritage des Ketsueki à travers elle.

Les deux questions qui suivirent ensuite étaient des plus délicates. Malgré cela le comte ne laissa rien paraître sur son visage et ce même s'il lui tournait le dos. Il ne tenait pas vraiment à y répondre, car cela revenait pour lui à se remémorer le supplice que lui avait infligé Megami le jour où elle avait décidé de définitivement le trahir. Cependant il voulut faire l'effort de lui expliquer ce qui s'était passé, tout du moins dans les grandes lignes, non pas parce qu'il était désormais présent et que tel devait être son devoir, mais tout simplement parce qu'elle se devait de connaître l'origine de son passé ainsi que les tenant et les aboutissants l'ayant menée à ce qu'elle est aujourd'hui.

-Megami a disparu avec toi quelques-mois après ta naissance, après qu'elle m'ait trahis en me laissant pour mort. Cette dernière à du t'abandonner par la suite.

Ses paroles étaient dures, mais cela, Eien ne s'en rendait pas compte. Pourtant, il avait prit soin de ne pas lui faire part précisément des événements. A savoir comment elle s'y était prise pour transpercer son cœur avec une lame avant de broyer son corps en lui enfonçant cinquante-quatre pieux en bois dans les entrailles et les membres. Ni comment elle s'en était allée, en riant, prenant Yami avec elle, tandis que lui gisait, à semi-conscient sur le sol, alors qu'il la voyait s'éloignait. Pour dire vrai, lui aussi pensait que sa fille était morte depuis tout ce temps.

La jeune femme énuméra ensuite une partie de son histoire. Cette fois-ci, le comte ne l'écouta qu'à moitié, ayant déjà pris connaissance de chaque événement de sa vie après avoir bu son sang. Elle parvint cependant à capter son attention lorsqu'elle énonça l'idée de devenir chef de clan, prenant alors la place qui lui revenait de droit à l'origine. Cependant, l'immortel déchu ne s'intéressait plus à ce genre d'idéologie, dans la mesure où il comprenait qu'il n'avait plus sa place dans ce monde depuis ce jour fatidique. Pourtant l'idée que sa fille puisse rendre ses lettres de noblesse à son clan l'intéressait, car s'il n'avait plus aucune influence sur ce dernier, Eien désirait au moins une chose : que son nom continu de perdurer a travers les âges.

-Tu as de bonnes ambitions. Il te faut continuer sur cette voie. Cependant il reste, au demeurant, de nombreuses choses que tu ignores au sujet des nôtres.

Puis elle se tourna vers le maître Ketsueki alors que ce dernier n'avait pas bougé depuis lors. Il eu un léger mouvement de recul lorsqu'elle attrapa son poignet pour guérir la blessure de sa main avant de l'aviser d'un air glacial. Elle lui rappelait tant Megami, sans doute un peu trop... Ce fait ne faisait qu’accroître le gouffre du temps passé qui les séparaient déjà. Ses lèvres s'étirèrent dans un sourire ironique, laissant tout juste paraître ses incisives plus prononcées et plus pointues que la normal.

-Il n'y a plus grand chose à savoir pour moi. Je ne suis qu'un fantôme appartenant au passé resurgit des limbes pour accomplir une dernière tâche... Ma place n'est plus ici. Cependant, je sais tant de chose tandis que toi, tu es si ignorante. Actuellement tu n'as ni les connaissances ni la force nécessaire pour atteindre ton but, cependant je pourrais t'y aider...

Eien ne s'en rendait pas réellement compte ses mots avaient sonné comme une sorte de promesse. Dès lors, il s'était engagé à devenir son précepteur et par conséquent à veiller sur elle. Peut-être qu'au final se cherchait-il des excuses, un prétexte pour avoir le pseudo rôle que Megami l'avait jadis empêché d'endosser. Il aurait cru que les derniers mots de la jeune Ketsueki le laisserait indifférent, mais ce ne fut guère le cas. Tout du moins, s'il n'y montra aucun intérêt, n'éveilla en lui rien de particulier, ces paroles sonnèrent étrangement contre les parois de son âme.

-Ne dis pas ce genre de choses...

Répliqua-t-il d'un ton autoritaire, en retirant sa main qu'elle venait de soigner pour à nouveau prendre ses distances. Aussitôt, il chercha à changer le sujet de la conversation.

-J'ai cru comprendre que ton sang était infecté par une une maladie. Est-ce ainsi depuis toujours ? N'y-a-t-il aucun remède ? Tu ne pourras jamais prétendre à devenir comtesse en étant aussi faible.

Une solution pour guérir, il la connaissait sans doute, mais elle impliquait de grande choses. Un grand sacrifice ainsi que de nombreuses souffrances , mais tel était l'idéal des Ketsueki qui atteignaient l'apogée de leurs existences en faisant couler le sang d'autrui...

Music ♫:

Eien... simplement Eien... Pourquoi pensais-je que j'aurais eu de la retenu vis à vis de mes parents si je les découvrais ? Pourquoi avais-je prétendu que les savoir morts était plus simple ? Pourquoi pensais-je me moquer d'eux en émettant une distance voir un désintérêt complet pour ceux qui m'avait abandonné ? La vérité était tout autre... Je n'en voulais pas à celui qui était mon père, j'éprouvais même de la compassion à son égard pour tout ce qu'il avait subi et traversé. Maintenant que je l'avais retrouvé je ne voulais pas le perdre une seconde fois... Sans même m'en rendre compte, a peine avais-je compris qui il était que je m'étais attachée à lui... Les liens du sang exercent un bien étrange pouvoir...

Je n'espérais pas rattraper les moments perdus ou combler tout ce que nous aurions pu partager entre père et fille mais j'aspirais à le connaître et à passer des instants en sa compagnie dans mon présent et mon futur. J'imaginais aisément que ce n'était pas aussi simple que cela pour lui... Même s'il me racontait les faits dans les grandes lignes, je percevais toute la souffrance, la rancœur, l'amertume et la haine qu'il vouait à Megami pour avoir détruit sa vie : au moins avions nous un point commun... Si je cherchais à me rapprocher de lui, jamais ce ne serait le cas pour ma « mère » : elle subsistait à travers moi mais elle était morte ! Et c'était bien mieux ainsi, sans quoi, je l'aurais tué de mes propres mains... Quelle lâche... Nous faire subir tout cela pour final se terrer dans le repos éternel alors qu'Eien et moi nous nous serions fait une joie de la précipité en enfer en prenant un soin particulier à lui faire endurer toute la souffrance du monde.

J'étais tellement soulagée par sa réponse, aussi concise soit-elle. Megami m'avait emporté avec elle et jetée à l'orphelinat après avoir torturer mon père, le laissant pour mort... La rage traversait mes yeux flamboyants alors que jamais je ne lui pardonnerais d'avoir infligé cela à l'homme qu'elle prétendait aimé et qui se complaisait dans ce mensonge ! Le soulagement m’inondait également : ils avaient profité de mois durant quelques mois après ma naissance, aussi bref soient-ils, ils avaient partagés des moments avec moi...

Une question me traversa toutefois l'esprit... Megami, dans sa grande folie, avait-elle aussi exprimé des sentiments à mon égard ? Sinon pourquoi m’abandonner dans un centre spécialisé plutôt que de me tuer ? Plus aucune trace du fruit de son amour avec Eien n'aurait existé tout comme le fardeau que je représentais pour elle moi l'enfant indésiré par sa mère. Voyait-elle en moi le vestige d'un amour consommé et pas si mensonger que cela ? Dans ses noirs desseins avait-elle vraiment fini par s'éprendre d'Eien et d'en ressentir un quelconque chagrin ? Avait-elle finalement de l'attachement pour moi ? Connaissait-elle ne serait-ce que la tristesse ? Toutes ses questions demeureraient sans doute sans réponse... J'imagine que toute personne, aussi monstrueuse soit-elle, détient un corps teinté de sentiments même s'ils préfèrent le taire. Au fond, peu importait ce qu'elle avait ressenti ou non : c'était ce qu'elle avait infligé qui comptait et le reste n'amoindrirait pas ses fautes.

Il semblait complètement détaché de mon histoire : la connaissait-il ? Avait-il pu la voir à travers notre lien de sang ? Ou bien s'en moquait-il complètement … ? Je détournais la tête en rivant mes yeux sur le sol à ce constat : peut-être espérais-je de trop … Peut-être qu'il ne représenterait jamais la figure paternaliste que j'aurais pourtant voulu connaître... Ou peut-être fallait-il lui laisser simplement du temps même si notre relation ne serait sans doute jamais comme celle d'un père et de sa fille... J'avais bon espoir et je lui laisserais le temps qu'il voulait.

Il expliquait alors que mes ambitions étaient bonnes et qu'il m'aiderait à les atteindre si j'en avais besoin. Mon visage se fendait d'un sourire : était-il en train de me faire une promesse ? Je saurais ne pas l'oublier. Ce n'était pas au Ketsueki qu'il fallait espérer dire cela en voyant sa promesse oubliée : nous savions réclamer notre dû...

Lorsque je lui avouais, en le toisant, que je ne lui en voulais aucunement, il se replia sur lui même, retira sa main de la mienne en m'ordonnant sèchement et de façon autoritaire de ne pas dire ce genre de choses... J'étais tentée de lui demander : pourquoi ? Mais je me repliais moi aussi, fuyant son regard un instant devant son refus : j'allais sûrement trop vite mais c'était peut-être la seule chance que j'avais de le voir et de le lui dire. Je ne voulais pas qu'il parte ou meurt sans le savoir...

C'est pourquoi, alors que je repensais à son récit sur le fait qu'il n'était qu'un fantôme, n'ayant plus sa place ici, je ne pouvais m'empêcher de le contredire. Les yeux vermeils de nouveau plantés dans les siens, je lui adressais un regard froid et sérieux :

« Ne dis pas ce genre de choses... »

Je le lui pouvais à travers toute l'intensité et la détermination dans mes pupilles.

« Tu as ta place ici et tu mérites de vivre : tu as assez survécu. Je ne te laisserais pas être un simple fantôme... »

J'ai besoin de toi... Voilà ce que j'avais hésité à dire mais que je n'avais pas fait par peur de le voir se braquer une nouvelle fois...
Il me parlait de ma maladie et du fait que j'étais trop faible pour espérer obtenir le titre de Comtesse : peut-être oui, j'étais faible mais je n'étais pas seule. J'avais pu tester les deux et je préférais être moins puissante et entourée que l'inverse.

Je soupirais, abdiquant de le lui dire pour cette fois même si j'avais peur de ne plus avoir d'occasion...

« Aussi longtemps que je me souviennes oui c'est le cas pour ma maladie. Lorsque j'étais à l'orphelinat, et cela depuis mon plus jeune âge, je subissais des transfusions régulières et hebdomadaire. Je n'ai toujours pas trouvé de remède mais cette méthode m'insupportait et me renvoyait mes faiblesses en pleine figure, j'ai donc opté pour une autre méthode... Je ne m'en prive pas contre mes ennemis : leur souffrance est ma satisfaction ! Les voir me supplier me désinhibe complètement...»

Mon regard était incandescent d'excitation à cette simple idée tandis qu'un sourire carnassier s'affichait sur mes lèvres, dévoilant mes canines taillées en pointe.
Je voulais également lui montrer cette partie de moi qui me constituait bien plus que cette façade émotionnelle que j'avais acquis depuis peu et que je maîtrisais assez mal. J'avais envie que mon père soit satisfait et fier de moi et pas qu'il me voit comme la faiblesse incarnée alors que moi même en avait horreur ! J'éprouvais des sentiments, mais je savais agir sans pitié.

« Ma maladie se montre contraignante, surtout parce que, lorsque je m'affaiblis, les souvenirs de Megami prennent le dessus sur ma personnalité. Je suis parvenue à le gérer mais cela s'est montré compliqué plus d'une fois... Pourquoi me parles-tu de cela ? Connais-tu une solution ? Cette maladie est-elle fréquente chez les Ketsueki, en as-tu une idée ? »

Je le regardais, interrogatrice. J'avais envie que cette nuit ne se termine jamais où qu'il soit présent à mon réveil pour converser, me tenir compagnie et passer du temps en sa compagnie pour en apprendre davantage mais je savais qu'il n'allait pas tarder à partir... Au moins savait-il où me trouver désormais... Le ferait-il ? Il avait promis de m'aider alors je l'espérais...

« Eien... Puis-je te dire merci ? »

Je le cherchais du regard, n'osant plus faire un pas alors que j'aurais voulu le serrer dans mes bras, me rendre vraiment compte qu'il ne s'agissait pas d'un rêve chimérique et qu'il était bel et bien en face de moi car même après lui avoir pris la main par deux fois tout ceci semblait surréaliste.

« Que vas-tu faire désormais ? Je suppose que je ne peux pas t'accompagner ? ... »

Maintenant que je l'avais retrouvé, je ne voulais plus le perdre. Maintenant que je m'étais attachée à lui, il n'avait pas le droit de m'abandonner... d'une quelconque façon.

Le comte put constater que la jeune femme possédait déjà ses crocs, ce qui signifiait en soit qu'elle était déjà parvenu à parfaire une partie de son éducation. Ce dernier demeura totalement indifférent à ses propos quand à son intérêt viscéral pour ce liquide vermeille qui coïncidait tant avec le nom que tous deux portaient. Il savait que ce trait de caractère les définissait tous autant qu'ils étaient. Autant que leur maîtrise du sang, autant que leur cheveux noir et leur yeux écarlate, autant que ce goût prononcé pour la souffrance est la mort.

Depuis leur apparition sur terre, les Ketsueki avaient toujours étés considérés comme de véritables monstres ce qui en soit était justifié. Détruire leur ennemi de l'intérieur, s'abreuver de leur sang, vivre éternellement... Il arrivait a ce stade chez certains membres de ce clan, où ces derniers finissaient par ne plus se voir comme des êtres humains, se considérant comme étant devenu une race à part entière, se positionnant au-delà du seuil commun et des hommes. Emna en avait jadis été la parfaite représentation, mais au fond de lui, Eien savait qu'il ne pourrait jamais devenir comme son père.

-Tu ne sais pas de quoi tu parles.

Lui répondit-il alors qu'elle estimai, qu'une place lui revenait encore de droit dans ce monde. Elle ignorait cependant que le nombre en était limité et qu'après une certaine période de vie, il fallait savoir la laisser vacante pour un autre. Telle était en somme ce qui déterminait la malédiction des immortels. Ses pas foulaient cette terre depuis désormais plus de cent-cinquante-sept ans, certains estimeraient qu'il n'a que trop vécu, lui-même n'aurait sut le dire. Néanmoins, il ne pouvait expliquer cela à Yami tout simplement parce qu'elle n'était pas encore en mesure de comprendre.

-La présence de Megami te procurait de nombreux pouvoirs. Ces derniers vont finir par décliner sur le temps. Tu dois faire en sorte d'en acquérir de nouveaux. Je pourrais t'y aider, mais il te faudra faire la plus grande partie du travail par toi-même.

Il admettait cependant que cette petite était vraiment têtue. Eien n'aurait sut dire de qui elle pouvait tenir cela. Pis encore, elle apprenait rapidement. Cette pensée l'amusa, mais comme à son habitude il ne laissa rien paraître. Sa détermination était en soit une preuve de force. Néanmoins la volonté à elle seule ne lui suffirait pas à atteindre ses objectifs. Il lui faudrait acquérir davantage de puissance et pour se faire, elle devait commencer par se débarrasser de cette maladie qui la gangrenai.

-En effet, il existe probablement un moyen de te guérir de cette maladie, mais il faudrait que tu sois prête à en payer le prix...

Le comte laissa sa dernière phrase en suspend de sorte à ce que son interlocutrice puisse mesurer toute l'ampleur ainsi que la gravité des faits.

-Sache qu'il n'y a nul paradis ou enfer pour les héritiers du Don Noir. Tu pourras être en mesure de transcender ta condition humaine, de devenir une légende parmi les légendes, mais en échange, tu devras renoncer à ton humanité ainsi qu'à ceux que tu aimes.

Il l'avait vu dans ses souvenirs. Toutes ces personnes qui comptaient pour elle et qui étaient cher à son cœur. Ceux-ci la refrénaient dans son ascension. Cependant, ils étaient à la fois la source de ses plus grandes forces et de ses plus grandes faiblesse. Viendrait-un jour où il lui faudrait faire un choix, mais celui-ci était encore loin d'arriver. Elle n'était pas encore prête à cela. Celle-ci cherchait à croiser son regard en lui demanda si elle pouvait le remercier. Le comte se laissa surprendre par ce dernier, puis tourna lentement la tête de gauche à droite en signe de négation.

-Cela n'est point nécessaire. Je fais uniquement ce que j'ai à faire.

Ces paroles pouvaient-êtres lourdes de sens, mais en cet instant elles ne convergeaient qu'en direction d'une idée précise. Le comte tourna une ultime et dernière fois le dos à la jeune Ketsueki. Alors dans la nuit sombre et sang étoile, au milieu du désert et de ses dunes en perpétuelle changement, plusieurs nuées de chiroptères se mirent à sillonner les ombres. La plus part semblaient directement émaner du corps du comte. Les créatures vampiriques se faisaient de plus en plus nombreuses, de plus en plus oppressantes, au point de former un voile sombre par-dessus celui des cieux obscures.

-A présent il me reste encore de nombreuses choses à régler. Je reviendrais à toi le moment venu. En attendant fais en sorte de devenir plus forte et ne doute pas de mon retour. Après tout n’oublie pas... Ce faisant il tourna légèrement la tête pour dévoiler un sourire carnassier. Nous somme du même sang.

Enfin il disparut et ses multiples protégées s’éparpillèrent dans la nuit vers le lointain, à l'opposée de l'est, là où commençaient à s'aventurer les prémices de l'aube sur la ligne de l'horizon....

J'écoutais les paroles de mon père avec attention. Chacun de ses mots s'avéraient être une source d'enrichissement. Peu importait le passé désormais : je n'aurais su qualifier ce que je ressentais en cet instant avec précision mais toute amertume à son égard m'avait quitté : je me satisfaisais de sa présence et de ses conseils. Il se montrait certes distant, et cela était sans doute justifié par ce qu'il avait enduré et traversé, mais il faisait bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer pour moi : sa simple présence, sa représente, mettre enfin un nom et un visage sur mon géniteur : tout cela demeurait précieux.

Eien m'expliquait que la disparition – même provisoire – de Megami, allait provoquer en moi une perte de puissance et qu'il me fallait y pallier en devenant plus forte. Je ne pouvais alors cesser de penser à ma maladie, contre laquelle je parvenais à lutter assez facilement toutefois, je comprenais que cette facilité était incontestablement dû à la présence de ma Némésis et que sans elle, ma résistance irait au déclin... Peut-être que retirer Megami était, quelque part, un compte a rebours réduit jusqu'à ma mort, emportée par ma maladie. Il me faudrait consulter le spécialiste en charge de mon dossier pour avoir un diagnostic clair et précis de l'avancement du mal qui me rongeait ainsi que du temps qu'il me restait. Paradoxalement, mon père ne semblait pas éprouver par les affres du temps, ce dernier c'était comme arrêté autour de lui alors que je savais, au vue des dates de naissances figurant sous les portraits des Comtes et Comtesse, qu'il avait aisément dépassé le siècle de vie.

Pour ma part, je n'étais visiblement définitivement que faiblesses : l'incarnation même du Ketsueki défaillant... M'en voulais-je ? Ce n'était pas vraiment de mon fait. Souhaitais-je y remédier ? Bien évidemment... J'avais horreurs des personnes faibles et je n'espérais pas traîner ma carcasse si je n'étais même pas digne de porter le nom de mon clan. C'était peut-être un rien prétentieux de ma part que de vouloir redorer le blason des Ketsueki alors même que je représentais l'erreur pour ces derniers. Malgré tout, j'avais suffisamment d’ego pour palier à tout cela et au contraire, cela me confortait dans ma décision et ma détermination pour prouver à tous : nation comme clan, que j'étais digne d'en faire partie et capable d'accomplir de grandes choses malgré les obstacles supplémentaires que la vie avait dressé sur mon chemin.

Eien était prêt à m'aider dans ma quête de puissance et je ne pouvais que lui en être reconnaissant : bien que futile a ses yeux, j'étais satisfaite de cette garantie de le revoir ultérieurement. Il émettait alors une potentielle idée qui changerait clairement le cours de mon existence, j'en étais convaincue : le moyen de me débarrasser de ma maladie. J'ignorais qu'une telle chose puisse exister jusqu'à ce que je me souviennes de l'âge de mes géniteurs... L'immortalité... Tel devait être le remède à tous les maux...

En effet, il s'agissait de prendre conscience des lourds sacrifices que cela engendrerait... Être en mesure de dépassé ma condition humaine, de devenir une légende pour les miens et pour le monde : un idéal de puissance et de renommé qui m'alléchait grandement ! Oui mais voilà... Une telle décision n'était pas sans conséquences et Eien ne me les cachait pas... Renoncer à mon humanité et ceux que j'aime... Un lourd sacrifice... Ce qui apparaissait comme un don du ciel n'était autre qu'une malédiction qui laissait les gens autour de soit mourir alors que le temps n'avait plus d'emprise sur nous...

Qu'allais-je choisir ? Mes pensées de bousculaient alors que je pesais le pour et le contre... Valait-il mieux vivre une poignée d'années supplémentaires seulement mais entourée de ceux que j'aime, tâchant d'accomplir tout ce que j'avais à faire pour ne pas mourir avec un seul regret ? Alors même que la maladie m'emporterait et me ferait, j'imaginais, atrocement souffrir, me réduisant à un amas de faiblesses toutefois sans connaître la solitude. Ou voudrais-je dépasser les lois de la nature et connaître la puissance au détriment de la chaleur de l'humanité et d'une constance solitude ?
J'avais grandi seule, finissant par me complaire dans ma solitude en ne pensant à personne d'autre qu'à moi même pendant dix-sept ans et voilà que j'avais connu la chaleur des sentiments et de l'amitié, parfois même de l'amour. Il était inconcevable que je réduise à néant tous mes efforts pour replonger dans la souffrance éternelle en solitaire. La vie ne se profitait pleinement que parce qu'elle était faites de rencontres et de moments passés avec autrui : cela, je l'avais bien compris...

Je ne savais pas quoi décider... Je devais réfléchir et j'imaginais que mon père ne souhaitait pas une réponse immédiate quant à ma décision. Je serais sûrement plus à même de protéger les miens si j'étais plus puissante, même à distance, plutôt que d'être entourée d'eux sans pouvoir leur venir en aide... C'était un déchirement et un tiraillement qui me demandait de choisir entre moi ou les autres... Pourquoi ne pouvais-je pas concilier les deux ? La voilà ma solution...

Eien, se montrait distant comme à son habitude, je commençais à cerner l'homme qu'il était et la droiture qu'il incarnait. Pour autant, ses paroles réchauffaient mon cœur meurtri : il m'avait débarrassé de la présence de Megami pour un temps, il m'avait fait la promesse de m'aider dans ma quête de puissance et maintenant il avouait qu'il n'avait fait que son devoir... de père peut-être ? Cette idée me décrochait un léger sourire.

Ses chauves-souris se déployèrent dans un bruissement d'ailes assourdissants qui rendait l'atmosphère lourd et pesant : je savais que cela signifiait le moment de son départ. Je déglutissais. Je ne voulais pas le laisser partir... j'avais encore tant de choses à comprendre et à connaître ! J'avais encore tellement de choses à lui dire et à lui prouver... Son départ sonnait pour moi comme un nouvel abandon, me déchirant le cœur alors que je venais tout juste de le rencontrer et de m'attacher à lui.

Il s'adressait une dernière fois à moi, m'expliquant qu'il avait des choses à régler mais me promettant néanmoins qu'il reviendrait. Il me demandait d'accroître ma puissance jusqu'à son retour, me tournant le dos avant de m'adresser un dernier regard pour m'apporter la réponse la plus bienfaitrice de la soirée : nous étions du même sang. Le sien coulait en moi et il saurait me trouver tout comme je m'exercerais à capter sa présence en laissant notre lien de sang parler à notre place. Je suivais du regard la nuée avant de la perdre de vue dans le lointain. Eien avait disparu dans la nuit à travers laquelle se profilait le lever du jour à l'horizon mais sa présence demeurait toujours...

« Merci... Père... »