Qui l'aurait cru ? Certainement pas moi. Je savais pertinemment qu'une mission sans problèmes représentait une véritable chimère, mais pas à ce point ! Quand un conseiller de Kumo, chef de clan qui plus est, vient à Konoha pour une mission diplomatique, en théorie, on tente d'aider son allié non ? Apparemment, ce n'est pas la méthode de raisonnement des Konohajins. Enfin, passons là-dessus, j'en parlerai longuement à Zennosuke. Cependant, étant dans Konoha, je ne pouvais m'empêcher de penser aux différents problèmes rencontrés. J'étais retourné très rapidement au village de la feuille afin de récupérer mes affaires et ensuite me diriger vers Kumo.

J'étais peut-être incisif sur mes critiques, mais je devais relever, quand même quelques points positifs. Par exemple, la chambre fournit par les Konohajins était très spacieuse et confortable. J'ai pu y étaler bon nombre de document lors de mes recherches. L'autre point positif, c'est la gastronomie. J'ai trouvé beaucoup de petits restaurants offrants des spécialités tout à fait succulentes ! Ah oui aussi, la vielle dame des archives étaient très sympathique ! J'ai souvent pris le thé avec elle. Elle a deux petits enfants dont un qui est genin. Une charmante dame. Sinon, je pense avoir fait le tour des points positifs de mon voyage à Konoha.

Enfin, non. J'ai finalement réussi à mettre la main sur Yakigote Tôchiro, le Seigneur de Tetsu no Kuni. Ma mission était un succès et c'était une très bonne nouvelle pour nos alliés les Samouraïs. Leur défunt chef va avoir le droit à un enterrement digne de ce nom. Alors que toutes affaires étaient prêtes, je me dirigeai vers le hall du palais de l'Hokage afin de remettre une lettre avec un parchemin. Ces deux objets contenaient mon rapport sur mon enquête ainsi que les restes de l'escouade de Konohajin que j'ai trouvé. C'était un geste purement gratuit et après tout, j'estime que chaque shinobi mérite un enterrement correct.

Après cela, je marchai tranquillement en direction des portes de Konoha pour enfin partir. Je traversai les rues pour une dernière fois avant mon départ de ce village que je ne portai pas trop dans mon cœur. Une fois sortis du village, ma vitesse augmenta et je me dirigeai directement vers Kumo. Je traversai de nombreuses forêts avant de tomber sur notre forêt. Cependant, cette dernière ne manquait pas de surprise. En effet, après un certain nombre de minutes, je vis un homme courir non loin de ma position. Après un bref coup d'œil, l'homme ne m'était pas inconnu. C'était Yuuki Setsuna. L'ancien chef des Épéiste de Kiri. L'homme en question qui a amené le corps de Yakigote Tôchiro à Konoha. Je ne pensais pas le voir ici, mais c'était l'occasion de lui poser quelques questions. Je m'approchai de sa position et le sabreur m'avait déjà vu et repéré depuis longtemps. Je m'arrêtai sur une branche et pris la parole.

« Mes hommages, Yuuki Setsuna. Un plaisir de vous revoir. »

Une brève pause et tout de suite des questions.

« Je dois vous avouer que je ne m'attendais pas à vous voir ici, au pays du feu. Puis-je vous demander les raisons de votre présence ici ? »

• Monjara Shinji.

Cette signature d’énergie ne lui était guère inconnue, même s’il a rencontré l’individu une seule et unique fois dans des conditions confidentielles. C’est pour cette raison que, lorsque le brun a pénétré le périmètre d’action du sixième sens du spadassin, il n’a pas cherché à changer sa trajectoire pour éviter le Kumojin ou encore à se dissimuler dans le décor et attendre que l’intrus passe son chemin, sans conscience qu’il est passé tout près d’un homologue Shinobi. À vrai dire, c’est lui-même qui a décélérer sa cadence pour que les deux protagonistes puissent se rencontrer, sur les arbres de la grande et somptueuse forêt du pays du feu.

Bien que l’homme face à lui semble avoir un don pour la parole, les salutations du côté de la chimère furent brèves, comme d’habitude. Le Monjara fit part de sa surprise au Kirijin de le voir ici, avant de lui demander les raisons qui poussent l’Épéiste à se présenter ici, à Hi no Kuni. Effectivement, il n’y a pas si longtemps – deux pleines lunes au maximum – le Yuuki était à Konoha pour effectuer un échange d’information sur les Furyous, entités menaçant la survie de l’humanité. Et ce détour au village de la Feuille n’était point inutile. Donc pourquoi revient-il si peu après cela ? D’autant plus qu’il revient directement du pays de l’eau, des ruines de son ancienne patrie. D’une gestuelle nonchalante, les bras sur le long du corps, le dos légèrement incliné vers l’arrière, Setsuna entreprit la discussion à son tour.

• Je ne suis que de passage. Je me rends au Shozaichi.

La métropole du pays de la Terre. Le bercail de l’Alliance des pays mineurs. Non, il ne s’agit plus d’une Alliance, mais bel et bien un Empire. Un changement drastique dans ce monde instable dans lequel nos deux personnages vivent qui ne passe absolument point inaperçu. Sans même énoncer la raison de son déplacement vers ce village, le Conseiller des Nuages se doute probablement pourquoi l’Escrimeur de l’Ombre se dirige vers cette toute récente forteresse aujourd’hui sous tension. Sa voix, d’un ton neutre, mais transpirante de quiétude, retentit de novueau. Et puisque son interlocuteur avait employé le vouvoiement, il n’est que naturel de répondre par cette même force de respect.

• Par votre trajectoire, je suppose que vous revenez de Konoha.

Effectivement, l’angle du chemin du Jônin concorde avec les coordonnés géographiques de la nation du Feu. En temps normal, le Martyr n’aurait guère questionné la présence d’un Shinobi étranger chez un autre village. Une simple mission est suffisante pour justifier une telle excursion en territoire non familier. Néanmoins, quelque chose en particulier attisait la curiosité du dernier chef des légendaires Sabreurs de la Brume Sanglante.

• Avez-vous récupéré le corps de Yakigote Tôchiro ?

Depuis qu’il avait donné le sépulcre du ministre de la nation du Fer aux Konohajins, même si ces derniers avaient donnés leur parole que son corps soit remis aux mains des Samouraïs, le Nukenin avait guetté les éventuelles rumeurs comme quoi l’homme a été retrouvé et officiellement mort. L’on ne peut jamais être totalement confiant en si peu, après tout. Ce n’est pas tout le monde qui respecte le code d’honneur, comparé aux Épéistes et aux Samouraïs. Toutefois, les mêmes propos bruissent à ce sujet : le leader des Samouraïs est toujours porté disparu. La seule explication est que Konoha a encore possession du cadavre. Avec tous les récents événements, il est probable que la gestion du village ait complètement oublié un tel « détail » et le jouvenceau ne peut guère blâmer qui que ce soit - quoi qu'un oubli pareil n'apporte que la honte pour les concernés. Le monde sort tout juste d’une crise, et il n’est pas tout à fait à l’abri. La raison du Kumojin, allié de Tetsu no Kuni, expliquerait donc son passage.

Et si cette déduction est fausse et le corps du seigneur Yakigote est toujours à Konoha, alors un petit détour par-là sera de mise.

L'épéiste vêtu de noir se rendait donc en direction de l'Alliance des pays mineurs. Voilà une information des plus intéressantes. Je ne connaissais que trop mal cet homme que l'ont nommé Chef des Épéistes fut un temps. J'avais vaguement entendu ces quelques exploits comme son combat contre Sanbi ou plus récemment, son affrontement contre le chef des Samouraïs. Nous étions liés, mais notre connaissance de chacun était défaillante. Cependant, ce n'était clairement pas important. D'après ce que j'avais pu entendre depuis ma rencontre avec cet homme, ce dernier n'était pas orienté sur de longs discours comme pouvait le témoigner ses courtes phrases. Le Sabreur était un homme d'action et c'était pour moi le principal. Ces faits et gestes parlaient pour lui. Ainsi, apprenant qu'il se dirige vers le Shozaichi, je savais pertinemment que le bretteur avait une idée derrière la tête. Son projet était pour le coup, secret et il allait le rester. Je ne désirai pas en apprendre plus sur son projet, car après tout, je lui faisais confiance. Qui plus est, des rumeurs se propageaient sur le fait que l'Alliance se transformer, peu à peu en Empire. Enfin, ne commençons pas à spéculer sur des rumeurs.

Très vite, mon homologue émit une hypothèse qui s'avérait exacte. Je revenais en effet du village de la feuille. Mon périple avait été d'une difficulté inattendue, mais j'étais maintenant en route pour retrouver ma nation. C'était sûrement quelque chose qui devait écoeurer le double sabreur et c'était compréhensible. Comme bien d'autres personne, ce principe de nation et de village n'existaient plus depuis la chute de Kiri. Comme beaucoup d'autres, il était devenu un shinobi errant. Plus d'attache au sein d'une communauté, seulement lui contre le monde. Une vie de nomade où il faut sans cesse trouver refuge. Les Furyous avaient lancé cet homme dans ce mode de vie, sans lui demander son avis. C'était un âpre constat, mais revenons à la conversation.

Le bretteur me questionna sur un sujet qui m'intéressait fortement. Le fameux corps de Yakigte Töchiro, le seigneur de Tetsu no Kuni. C'était la raison de ma présence dans ce pays. C'était la mission que le Godaime Raïkage m'avait confiée. Je l'avais réussie sans trop de difficultés, mais le fait que l'instigateur de cette quête pose cette question me fit sourire. Je me devais de lui répondre rapidement.

« Dans la difficulté, oui, mais maintenant, je dois le transporter jusqu'à Kumo. Il faut avouer que Konoha ne m'a pas rendu la tache facile ... »

Ma réponse était courte, mais vraie. Je n'avais rien dévoilé de plus sur la découverte et l'obtention du corps, mais le sabreur était libre de me poser la question. Après tout, nous savons tous les deux que le partage d'informations est capital. Dans la foulée, je proposai une petite idée au bretteur.

« Que diriez-vous de faire une halte dans nos voyages respectifs ? »

Qu'avais-je derrière la tête ? Rien de bien concret. Je voulais simplement faire une pause dans mon voyage et pourquoi ne pas inviter du monde à profiter de cette dernière ?

Le Monjara sourit, certainement amuse par l’ironie de la situation. Celui qui a enchaîné ces événements se situe devant lui, après tout, sans aucune connaissance de ce qui s’est produit depuis son départ du village de la Feuille. Puisque le brun a lui-même été envoyé en tant que missionnaire pour récupérer le corps du défunt seigneur des Samouraïs, cela veut dire que Konoha n’a pas tenu sa promesse. Enfin, en ces temps troubles, tout peut excuser ce retard, alors il n’y a pas de raison pour déclarer une guerre.

Effectivement, le Conseiller de la Foudre affirma les propos de son homologue, tel qu’il l’a présumé. Un point de plus pour le célèbre détective, le Sherlock Holmes de cette ère. Shinji ajouta qu’il a eu de la difficulté à obtenir ce pourquoi il est venu au pays du Feu. Un problème d’administration lié aux récents événements est une hypothèse stable et justifiable. Cette difficulté peut aussi être liée aux tensions existantes entre les deux nations. Bien qu’elles se disent alliées, le tristement célèbre massacre au temple du renard démoniaque opposant les idéologies de la Foudre celles des Konohajins. Ce ne sont que des suppositions. Si Setsuna le souhaite, il pourrait pousser le Kumojin à dévoiler ce qu’il sait malgré qu’il ait gardé son explication courte, mais il n’en voyait pas l’utilité. Au risque de gâcher ses liens relationnels avec un allié de taille – risque inexistant selon sa nature, le partage d’information est capital entre ces deux individus, mais l’on n’est jamais trop prudent – et par manque d’importance, il resta enfoui sous son mutisme habituel.

Shinji proposa à l’Épéiste Noir d’arrêter un instant leurs voyages respectifs. Il ne dévoila pas la raison, mais soit. Le Yuuki répondit par un léger mouvement affirmatif de la tête avant de quitter son perchoir, atterrissant avec grâce au sol où son compagnon vint le rejoindre. Il respira un coup, cette odeur lui est familière. Il s’agit du parfum de l’eau. Ce liquide est inodore par sa nature, mais lorsque l’on apprend à vivre en ne faisant qu’un avec Mère Nature, l’on apprend à sentir l’humidité qu’émane les sources. Le scarifié fit signe à son camarade de le suivre. S’il voulait parler, autant le faire autre part que sous les innombrables feuilles vertes de la forêt et être entouré d’un paysage ennuyeux.

Une minute de marche, l’on peut désormais entendre le bruit du ruissellement de l’eau. Puis une petite rivière se dévoila aux protagonistes après avoir traversé un buisson. Selon sa couleur, cette source semble pure. Si l’un d’eux le souhaite, ils pourront s’abreuver maintenant ou plus tard. Mais pour le moment, le jeune homme à la crinière argentée s’adossa au tronc d’un grand bouleau. Il guettait les environs pour un quelconque intrus à l’aide de son sixième sens, ne souhaitant pas être interrompu ou être espionné. Il ne peut prédire de la nature de cette discussion et autant être alerte. Quoi que, le sombre spadassin agit toujours de la sorte.

• J’ai eu vent de votre position au sein de Kumogakure. Chef de votre clan ainsi que Conseiller pour l’Ombre des Nuages. Vous détenez une place de confiance que beaucoup aimerait avoir.

Simple constat, il avait fait ses devoirs. En tant que dernier Chef des Épéistes et bras-droit du Nidaime, puis du Sandaime, l’Homonculus sait la charge de travail que ce genre de position apporte. Néanmoins, ce n’est pas ça qui intéresse le Sabreur, mais bien l’avantage que cela peut apporter au groupe dans le futur.

Rencontrer de nouveaux Yuuki Setsuna dans ce contexte ? Non. Je ne m'y attendais absolument pas. Il était la cause même de mon déplacement au sein du pays du feu et le rencontrer ici, après tous les efforts que j'ai faits pour ma mission, c'est assez paradoxal. J'avais en face de moi, mon bourreau que je considérais pourtant comme un allié. Si nous n'étions pas reliés par une entité supérieure, j'aurais sûrement tenté de capturer cet homme. Après tout, mon engagement envers Kumo me donne la responsabilité d'entraver les mouvements d'un homme comme lui. Zennosuke lui-même m'avait confié que pour lui, cet homme était trop dangereux. Bien entendu, je ne savais que trop bien ce que ressentait Zennosuke. Même si nous étions de puissance équivalente, cet homme avait un avantage considérable sur moi, l'expérience. Pendant des années, il faisait partie de la vraie brume sanglante. Il était le chef des épéistes et il a repoussé Sanbi. Je ne voulais, en aucun cas, m'opposait à ce dernier. Même si j'ai du répondant, je suis sûr qu'il serait capable de me terrasser en quelques coups. Par conséquent, multiples étaient les raisons pour moi de ne rien tenter contre cet homme. Puis, de toute façon, même si j'avais toutes les raisons du monde, je n'en avais tout simplement pas l'envie. Même si j'ai toujours placé Kumo en priorité, je ne désirai pas agir pour ma nation. Je me sentais égoïste en ce jour, mais après tout, n'ai-je pas le droit de l'être avec mes alliés ?

L'épéiste vêtu de noir répondit favorablement à ma demande par un geste simple. Nos corps rejoignirent le sol de cette forêt. Notre rythme avait considérablement ralenti, car après tout, c'est le principe d'une pause. Dans le silence, j'observai brièvement l'environnement qui nous entourait. C'était une forêt basique de Hai no Kuni, comme on en trouve partout dans ce pays. C'était vraiment le contraire de Kumo. Les forêts vs les montagnes. Bien entendu, nous avons aussi quelques forêts à Kaminari no Kuni, mais elles sont bien moins nombreuses et développées. Ici, les arbres ont un feuillage très impressionnant. On se demande même si cet amas de feuilles n'est pas infini.

Notre petite marche nous emmena vers un endroit bien plus bruyant, mais plus agréable. En effet, nous venions d'atteindre une petite rivière où l'on pouvait entendre l'eau couler. La pureté de l'eau semblait indéniable et c'était rare de trouver encore des sources d'eaux potables après tous les combats que ce monde a connus. Le jeune spadassin s'appuya sur un arbre alors que je m'asseyais sur un rocher en face de lui. L'ancien chef des épéistes semblait perdu dans ses pensées pour des raisons qui m'échappaient. Cependant, c'est cet homme qui me sortit de mon raisonnement en m'interpellant par une petite phrase assez provocatrice. En effet, le nukenin aux cheveux d'argents m'indiqua qu'il avait eu vent de mes positions au sein de Kumo. Il ajouta que je détenais une place que beaucoup aimeraient avoir. Bien entendu, cette phase déclencha un sourire sur mon visage. Le sabreur était vraiment quelqu'un qui n'hésitait pas à rentrer directement dans le vif du sujet. Cela me changeait de mes formalités et ma diplomatie, mais c'était un style que j'appréciai. Bien entendu, je lui devais une réponse.

« Je vois que vos talents pour la recherche d'informations sont tout, sauf des mythes. Je suis, en effet, devenu Chef de mon clan et par conséquent, Conseiller de Kumo, mais croyez-moi Setsuna-san, ce n'est que le début de mon ascension. »

« Je suppose que votre visite au Shozaichi n'est pas vide de sens. Même si vous n'êtes plus à Kiri pour faire parler de vous, j'entends toujours des histoires à propos de votre personne. Surtout depuis ce combat avec le Seigneur Yakigote. Puis-je me permettre de vous demander la raison de votre voyage ? »

Après tout, notre point commun était l'information non ? Cependant, ce n'était pas ma seule requête. En effet, depuis mon retour à Kumo après ma longue convalescence, mon Taijutsu n'était plus aussi performant qu'avant. Me trouvant avec un sabreur, j'émettais une hypothèse.

« Setsuna-san. Vos talents de sabreur ne sont plus à prouvés. Étant un expert en Taijutsu, j'aimerais que vous m'appreniez, si vous le désirez, un art que je ne connais trop peu. Le domaine de l'anticipation. Je suppose qu'un épéiste comme vous possède des connaissances et j'aimerais vraiment que vous partagiez ces dernières avec moi. Bien entendu, pour que l'échange soit équitable, si vous désirez renforcer un domaine en particulier, je suis à votre disposition. »

Toujours aussi doué pour la flatterie. Certes, Setsuna sait très bien qu’il possède des facultés d’analyse supérieures au commun des mortels, égales à ceux du clan des manipulateurs des ombres, mais au point de devenir une référence au niveau international ? Non, ce n’est pas de la modestie envers ses propres capacités, mais c’est plutôt le fait d’être une figure connue sur le Grand Continent qui le dérange. Lui qui a toujours vécu dans les ténèbres de la Brume Sanglante, ce n’est pas nécessairement une bonne chose de se faire reconnaître, même si c’est uniquement par le nom. Il était prêt à cette typique situation lorsqu’il est devenu Épéiste, encore plus lorsqu’il a pris les rênes du septuor. Cela le dépasse néanmoins. Il clôt ses paupières un instant. Oui, il n’est guère partisan de se faire reconnaître dans la rue. Même en tant que visage célèbre au sein de Kiri, le dernier Capitaine de la prestigieuse unité évitait les rues bondées ainsi que les rassemblements… En y réfléchissant bien, sur seconde pensée, il y a un avantage à tirer de cette conséquence. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on tombe sur un bretteur légendaire, sans vantardise.

De retour sur le Monjara après son mince compliment – ce n’est pas ici une forme de dégoût ou d’irritation, son attitude ne dérange point la chimère. Il commenta que bien que sa position au sein du village soit déjà bien élevée en tant que Conseiller de l’Ombre de la Foudre et dirigeant de son clan, son ascension au sein de la hiérarchie de Kumo n’est point terminée. De l’ambition, voilà ce que possède Shinji. Où compte-t-il se rendre ? Dans une unité spéciale telle que le Satoru, à moins que ce soit déjà le cas ? Peu probable, le Satoru n’est pas un groupe qui se cache à l’image de l’ANBU ou bien du Misuto. Elle est publique, alors le Stigmate aurait pris connaissance d’une telle promotion. Ou bien rêve-t-il de saisir le titre suprême d’un village Shinobi ? Une utopie que partage beaucoup de Shinobis affiliés à une nation. Les chances que cet objectif se réalise est moindre. Du moins, pour un quidam banal. Pour le Kumojin qui détient une position réelle au sein des Nuages, il est un candidat de choix pour succéder au Cinquième en place.

Continuant sur sa lancée, il évoqua les histoires que l’on raconte au sujet du Yuuki. Encore avec cette renommée, comme expliquée plus tôt. Le brun parla également d’un combat face au fameux Samouraï dont il a été récupérer la dépouille que le scarifié même a échangé pour quelques informations. Renseignements utiles qui lui ont permis de percer en grande partie le mystère des Furyous. Un affrontement digne de faire ébruiter des rumeurs ? Impossible. Ce n’était en rien un combat. Les sabres des deux escrimeurs ne se sont point croisés et la jouvencelle présente sur les lieux, au service de la même patrie que cet homme peut en témoigner. Qu’importe, ce n’est pas important. Il demanda le but du voyage jusqu’au bercail du Shûkai. Sur le coup, le spadassin des ténèbres auraient pu donner mille et une raisons à donner au curieux pour ne pas dévoiler son véritable objectif en se dirigeant vers le Shozaichi. Toutefois, ne sont-ils pas camarade ? Des coéquipiers liés par le même groupe ? Il n’y a absolument rien à cacher et c’est pour cela que la rétorque de l’Homonculus fut spontanée.

• Je vais infiltrer le Shûkai.

Direct, sans détour. Face à cette énorme révélation, une explication est de mise pour que son comparse comprenne pourquoi Setsuna entame une telle mission périlleuse.

• Cela est prévu depuis un moment déjà. Pour pouvoir accomplir notre objectif, il est impératif que l’un d’entre nous fasse partie de cette nation. D’autant plus que c’est le moment parfait pour s’y incorporer : l’Alliance a tout récemment changé son régime. C’est à présent un empire sous les ordres de Samui Kakeshuou.

Sans élaborer, le Jônin peut largement comprendre le danger que va superviser l’Épéiste Noir. Une telle puissance politique entre les mains d’un seul et unique homme ne peut passer inaperçue. Par « moment parfait », il laisse entendre que le Shûkai est en pleine restructuration, donc c’est le temps le plus facile pour avoir accès à bon nombres de choses. Mais passons. Le Monjara fit appel au Sabreur, lui demandant de lui enseigner sur le domaine d’anticiper. Certes, la clairvoyance dans un combat rapproché peut sauver la vie. C’est un domaine discret et amplement difficile à maîtriser. L’échange n’intéresse pas le Yuuki, pour la simple et bonne raison qu’il ne voyait pas ce que le brun peut lui apporter. Le jouvenceau affirma d’un simple signe de tête et entama de nouveau la parole.

• Dans votre cas, il s’agirait plutôt d’observer et analyser rapidement la position de votre opposant et prévoir la multitude de mouvement qu’il peut effectuer. Par exemple, un individu qui concentre son poids sur son pied droit arrière légèrement décalé sur la droite - disons dans un angle de 30 degrés - signifie dans la plupart des cas une préparation pour charger dans un angle vers la gauche ou l’avant. Il faut également savoir lire le langage du corps : lire les contractions musculaires. Cela peut aider à prévoir la précision ainsi que l’amplitude du mouvement que l’adversaire s’apprête à effectuer.

Le dernier Chef des Épéistes décroisa les bras, ses mains vinrent se réfugier dans les poches de son pantalon d’ébène.

• Ce sont les détails les plus fins et discrets qui aident à prendre le dessus sur l’ennemi. Cependant, un tel processus nécessite une vitesse d’analyse phénoménale. Si vous êtes incapable d’anticiper ainsi sous le feu de la guerre, je vous suggère alors d’augmenter vos sens à l’aide de votre chakra. C’est le choix le plus simple et certainement le moins difficile à maîtriser.

L'anticipation. C'était un domaine que je ne maîtrisais absolument pas. Mon maître Han ne m'a pas entrainé à cet art qui peut être salvateur lors d'un combat. La faculté de pousser à son paroxysme l'analyse des mouvements de son adversaire afin d'esquiver ou contrer plus facilement ces potentielles attaques. C'était une faculté très pratique et presque indispensable pour tout shinobi combattant au corps-à-corps. Sachant que le Yuuki était l'ancien chef des épéistes de Kiri, je peux facilement deviner qu'il doit avoir ce genre de techniques dans son arsenal. De ce fait, je lui avais demandé s'il désirait m'enseigner les rudiments de cette branche afin de prendre un avantage certain lors de mes prochains combats.

Ne voulant pas paraître désinvolte avec le bretteur, j'avais correctement formulé ma phrase pour lui demander les raisons de son voyage vers le Shûkai. Étant des alliés appartenant à la même organisation, je supposais que la question n'allait pas froisser l'épéiste noir. Quand bien même cela arrivait, il avait le choix de dévier la question ou tout simplement d'omettre la vérité. Tout était possible. Néanmoins, ce n'était pas le choix de l'homme aux cheveux d'argent. Sans détour, il indiqua que le but de son voyage était d'infiltrer le Shûkai. De paroles sèches et surprenantes. Du moins, pour le croquant standard. Pour ma part, il n'y avait aucune surprise. Le spadassin ne m'a jamais semblé être un homme bavard. Il parle quand il faut et c'est tout. Partant de ce principe-là, je ne fus point surpris d'entendre des paroles comme celle-ci. Qui plus est, faisant partie d'une organisation prônant la récolte d'information, je ne pouvais qu'esquisser un sourire lorsque j'entendis ces paroles.

Cependant, l'ancien chef des épéistes tenait à expliquer les tenants et les aboutissants de ces précédents propos. Cette fameuse infiltration ne s'est pas envisagée d'un coup de tête, mais bien d'une longue réflexion. Pour que l'organisation accomplisse ses projets, l'une des têtes devait rejoindre l'Alliance des pays neutres. D'après le Setsuna, c'est le moment opportun pour s'introduire cette union. Le Shûkai aurait basculé dans un tout nouveau régime. Cette Alliance est maintenant dirigée par Samui Kakeshuou et porte le nom d'Empire. Les nouvelles étaient, pour le coup, surprenantes. L'Alliance des Pays neutres formait un bel espoir d'un nouveau système florissant et novateur. Néanmoins, je ne peux critiquer l'Empire ainsi. En effet, je ne sais pas ce que va donner encore ce système et de ce fait, tout commentaire serait infondé. Néanmoins, ce bouleversement du Shûkai représente une chance pour le bretteur. Suite à cette prise de pouvoir, la hiérarchie du Shûkai doit être en pleine restructuration. C'est donc une chance pour le Yuuki de réussir son infiltration.

L'incorporation du spadassin au sein de l'Alliance n'était pas le seul sujet de conversation. L'homme aux cheveux argentés m'expliqua en détail les rudiments de l'anticipation. La clé de cette dernière est d'observer et analyser rapidement la position de mon opposant. Une fois cela assimilé, je peux me concentrer sur ces potentiels mouvements et ainsi, les prévoir. C'était ici que la puissance de l'anticipation résidait. La rapidité à analyser tous les possibles futurs mouvements de son adversaire pour ne pas être pris par surprise. Pour m'aider dans mon analyse, le sabreur me donna le conseil de me concentrer sur le poids que met l'adversaire sur ces appuis. Généralement, cela donne une idée du prochain mouvement. Pour finir, il indiqua que ce processus demande une vitesse d'analyse prodigieuse. Ainsi, si l'anticipation est trop difficile à maîtriser en combat, il faut renforcer ses réflexes avec son chakra afin d'atténuer la difficulté. Après toutes ses explications, je pris finalement la parole,

« C'est, en effet, une opportunité que vous devez saisir à tout prix ! Je vous souhaite du courage et de la réussite pour votre infiltration au sein de l'Empire. »

« Je vous remercie pour les précieux conseils que vous m'avez prodigués lors de votre enseignement. J'aimerais vous rendre la pareille. Je pense que ce genre de technique pourrait vous intéresser. »

Sans prévenir, je décollai du sol pour me trouver à quelques mètres au-dessus du bretteur. Je repris la parole rapidement.

« Étant un sabreur, votre domaine est le combat au sol. Cependant, je suis sûr qu'une technique vous permettant de voler pourrait augmenter vos possibilités de terrasser vos adversaires. Pour voler ainsi, j'utilise mon chakra de nature Fûton. Pour mener à bien, cette technique, je dois analyser, tout d'abord, l'environnement afin de prendre en compte toutes les données pouvant perturber mon vol. Ensuite, c'est simplement jaugé correctement et efficacement la quantité de chakra expulsé pour être maintenu en l'air. La quantité juste à utiliser vient avec l'expérience et la prise en compte de l'environnement. Ainsi, il faut tout le temps être concentré pour bien jauger le chakra Fûton que tu vas expulser pour rester stable où te déplacer. »

Je retournai lentement sur la terre ferme pour atterrir devant le spadassin. J’attendais la réaction du Yuuki en espérant que la technique lui conviendrait.

Prévoir est un facteur important à utiliser dans le quotidien. Anticiper la température pour les prochaines heures en observant le ciel pour préparer l’horaire du jour; prévoir les variations de prix sur le marché en analysant les flux économiques; devancer le prochain mouvement de son opposant aux échecs. Il ne s’agit pas d’un terme inconnu à tous. Dans une certaine mesure, le commun des mortels usent de l’anticipation, uniquement pour des fins différentes. Sous le feu du combat, le principe et l’emploi reste similaire. Le facteur principal qui diffère est la vitesse à laquelle le cerveau doit étudier et émettre ses possibles théories. Dans les cas les plus extrêmes, le tout peut se jouer sous moins d’un quart de seconde. Pour les humains, un tel exploit est naturellement impossible. Leur système cérébral ne leur permet pas une telle réaction d’exécution : observer, traiter l’information et choisir la meilleure action à entreprendre pour contrer le danger imminent. Pour Setsuna, un être conçu pour le combat et possédant un encéphale plus performant, une prouesse pareille est réalisable. Donc, pour qu’un Homme puisse égaliser le niveau, il est dans l’obligation d’user de son chakra pour accroître l’efficience de ses cinq sens.

Suite à cette explication détaillée, Shinji affirma avoir bien comprit l’éclaircissement concernant cet art au combat et remercia Héphaïstos. S’il a bien assimilé le principe enseigné par son tuteur, tout ce que le Kumojin aura besoin de faire sera de trouver une voie pour réussir cette performance en utilisant l’une des deux méthodes suggéré par l’Épéiste de légende. Soit il s’entraînera à analyser tout en poursuivant le rythme du conflit ou bien il accélérera tout simplement sa capacité à traiter l’environnement grâce à son énergie. Désormais, l’efficacité de cette technique dépendra à quel point le Conseiller perfectionnera cette technique.

Le Monjara enchaîna les remerciements en spécifiant qu’il souhaite rendre la pareille à son acolyte, ce à quoi le Yuuki avait mal à imaginer ce que cet homme peut bien lui instruire, son style de combat déjà quasi parfait. Aussitôt dit, le brun décolla du sol, lévitant à deux mètres dans les airs. Une telle manœuvre ne surprit pas le sombre spadassin, mais il voyait bien où voulait en venir le Jônin. Effectivement, le vol est un art qu’il n’a toujours pas maîtrisé. L’une des raisons pourquoi il ne s’est toujours pas attardé à cela est que son style de combat repose entièrement sur le sol. Encore, il n’a pas peur de tomber de haut et de s’endommager : son organisme peut supporter de puissants impacts avant de ne plus être apte à se mouvoir.

Débutant son enseignement, cela remémora une scène lointaine dans l’esprit du jeune homme. Une Kirijin du nom de Yuka, la petite amie du Sandaime Mizukage, avait tenté de lui apprendre ce même jutsu. Sa leçon s’est cependant limitée à « utiliser sa créativité pour s’imaginer voler dans les cieux ». Un Homonculus est un être vivant de logique et de raison, alors l’imagination est le plus mauvais des concepts à utiliser. Sans mentionner l’aérodynamisme, le simple fait pour un être humanoïde de s’envoler parmi les oiseaux ignore complètement les lois de la physique, la gravité, la loi de l’inertie ainsi que la troisième loi de Newton.

• Je comprends. D’accord. J'appliquerai cette théorie lorsque le temps me le permettra.

Effectivement, lorsqu’il aura un moment libre, il usera de ce principe pour voler. Principe plutôt simple, ce que le soldat de la Foudre a expliqué n’est rien de mythique. Une fois ce dernier de nouveau au sol, le scarifié quitta son tronc et abaissa sa capuche sur sa chevelure d’argent.

• Je dois à présent vous quitter, Monjara Shinji. Désolé pour cette courte rencontre. Il est désormais l’heure de poursuivre ma missive. Je vous remercie pour avoir pris en main l’affaire Yakigote Tôchiro... Si jamais vous souhaitez contacter Ouranos, je vous informe qu'il est toujours au repère. Sur ce, bonne route.

Sur ces mots, le Stigmate bondit sur une branche et fusa parmi le feuillage des arbres avec l’agilité d’un félin. La carcasse du Seigneur de Tetsu sera bientôt entre les mains des siens. C’est une bonne chose, il n’a plus à se soucier sur ce sujet. L’Homonculus peut se concentrer pleinement sur ses prochains objectifs.