Musique ♫:

Perdue dans un sommeil profond, je profitai d'un repos bien mérité après toutes ces journées de travail acharnées qui n'en finissaient plus. Dans le monde courant, aujourd'hui était un jour de repos. Et je comptai y passer la majeur partie au lit. En tenue d'Eve, couverte d'un simple drap je dormais recroquevillée contre mon oreiller. Je n'en demandais pas davantage, pourtant un bruit sourd vint brusquement me tirer de ma quiétude. Une fois n'étant pas coutume je me redressai brusquement en attrapa au passage mon pistolet caché sous mon travertin. Celui-ci pointa dans le vide.

Parcourant du regard ma propre chambre à demi plongée dans la pénombre je me détendis à l'instant même où je compris que ce vacarme provenait de l'extérieur. Troublée je me relevai de mon lit en posant le drap devant mon buste de sorte à cacher partiellement ma nudité. Jusqu'à preuve du contraire j'étais chez-moi, j'avais encore le droit de me promener comme bon me semble et ce dans l'accoutrement souhaité. Et puis ce n'était pas comme si mes serviteurs me voyait me balader nue pour la première fois...

Pensant par ailleurs que tout ce vacarme était du à l'un d'entre eux, je me dirigeais sans hésitation vers ma fenêtre, ouvrant cette dernière ainsi que les volets pour constater par moi-même ce dont il en retournait. Le soleil matinal frappa mon visage. Je n'avais qu'un œil valide, mais cela fut suffisant pour m'étourdir un instant. Ma main plongea machinalement dans ma chevelure sauvage pour me gratter le haut du crâne. Après avoir retrouvé mes esprits je lançai un regard flegmatique dans les environs, ne m'attendant certainement pas à trouver en contrebas un Kioshi affalé sur le sol les quatre fers en l'air. L'expression facial qui précéda des suites de ce constat fut un simple bâillement. Oui, c'était tout ce que cela me faisait. Je n'étais encore trop somnolente pour réagir nerveusement et puis, venant de sa part à lui, une situation étrange ne m'étonnait plus. D'autant après tout ce qui s'était passé.

Je ne doutai pas qu'il finirait par me faire part des raisons de sa présence ici, mais en attendant la scène valait le détour. Je remontai mon drap puis me penchai légèrement en avant de sorte à m'accouder sur le rebord de la fenêtre. Une chance pour lui. Ce matin j'étais d'humeur inspirée. Et puis avec une mise en scène pareil il aurait été criminel de passer à côté.

-Parle-moi Ô soleil lumineux toi qui, au-dessus de moi dans l'aube du jour, est si resplendissant que les ailes d'un messager du paradis lorsqu'elles apparaissent devant les yeux hagards de surprise des mortels. Eux qui renversent la tête pour mieux te voir fendre les nuages aux paresseuses dérives et voguer sur les eaux calmes du ciel...

Le pauvre ne savait sans doute pas à quoi je faisais référence, mais cela m'importait peu. Je joignais mes mains entre elles pour les poser contre ma joue, accentuant ce côté mélodramatique déjà imposé par le ton de ma voix.

-Ô Kioshi ! Pourquoi es-tu Kioshi ! Renie ton nom, ou si tu ne peux, fais-moi simplement vœu d'amour et je cesserai d'être une Saibogu !

Du monde se trouvait dans la cours comme d'habitude. Il y avait des Saibogu et des serviteurs. Le bruit de sa chute et le son de ma voix venait d'attirer l'attention des opportuns au loin. Certains souriaient d'autres s'indignaient, mais déjà cette rumeur finirait irrémédiablement colporté à travers le village. Celle du Kazekage cherchant à s'introduire par la fenêtre menant à la chambre de la fille du chef des Saibogu alors que cette dernière même qui lui adressait un déclaration d'amour enflammée. Et moi, candide et passionnée, je reprenais de plus belle.

-Ces noms sont nos seuls ennemis. Tu es toi, tu n'es pas celui des autres. En soit qu'est-ce donc ? Rien à part ton corps et ton être d'homme. Qu'y a‑t‑il dans un nom ? Ce que l'on appelle une rose dont les ronces noues mon cœur ? Conserve cette perfection qui m'est chère malgré la perte. Défais‑toi de ton nom, qui n'est rien de ton être, Et en échange, prends‑moi tout entière !

Je stoppai ma tirade. Transforma mon visage solennel en beau sourire moqueur, le tout accompagné d'un haussement de sourcil des plus éloquents. La prochaine fois, il passerait par la porte d'entrée.

Je roulais des yeux, consternée par son comportement. Non content de se ridiculiser il n'avait, semble-t-il, aucune notion du seconds degré. Il prenait aux sérieux mes remarques sans comprendre que je jouais la comédie. Tout de même, n'était-il pas censé être un ancien chef du Kakumeigun spécialisé dans les interrogatoires et autres pratiques du genre ? Pis encore, il n'hésita pas à surenchérir sur le côté burlesque de la situation en grimpant de nouveau jusqu'à ma fenêtre sous les yeux hagards de tous. Deux de ses doigts se posèrent sur mon front. Et je compris qu'il me cru prisonnière d'un genjutsu. Je m'amusais alors à faire de même, l'imitant ainsi en posant mon index sur son front.

-Je ne sais pas. Et toi est-ce que cela te fait quelque chose ? Non ? Dans ce cas...

Je me penchai un peu plus, déposant un baisé sur sa joue avant de le pousser dans le vide par la seule force de mon doigt. Il eut droit à une autre belle chute. Et moi dans la seconde qui suivait je refermai brusquement les volets de sorte à ne laisser qu'un unique filet de lumière filtrer dans ma chambre. Je poussai un long soupir las avant de rejoindre ma penderie pour m'habiller. Une quinzaine de minute plus tard je sortais de ma chambre, marchant sans me presser pour rejoindre l'extérieur. Le soleil était de plus en plus haut dans le ciel aveuglant tous ceux qui osaient lui faire face.

J'avançai jusqu'au lieu présumé du point de chute. Un craquement attira soudainement mon attention. Je venais de marcher sur quelque chose. Je baissai la tête et vis une petite une enveloppe que je m'empressai d'ouvrir par curiosité. Elle contenait une disquette réduite en morceau ainsi qu'une notice. Je haussai un sourcil circonspect. Autour de moi il y avait déjà beaucoup moins de monde. Les quelques rares personnes ayant assistées à la scène s'étaient enfui en me voyant arriver. Dès lors il ne restait sans doute plus que le Yamada et moi. Tout du moins à supposer que je réussisse à le trouver. Je plaçai alors mes mains en portes voix pour l'appeler.

-Youhou ! Mon bel étalon. Où es-tu ?

Selon lui il n'y avait pas d'étalon dans le désert. Pourtant j'en avais déjà vu et pour le coup il s'agissait bel et bien d'équidé. Mais cela n'avait pas d'importance. Cet idiot avait au moins réussi à me mettre de bonne humeur. Sans parler de cette fameuse rumeur qui allait être colportée à travers tout le village. La prochaine fois peut-être prendrait-il le temps d'emprunter le chemin habituel et non celui choisi pour les plus grandes tragédies littéraires.

-Tu sais, si les portes d'entrée existent ce n'est pas pour rien.

Répliquais-je dans un sourire en arrivant à sa hauteur. Le pauvre semblait perdu. Aussi l'attrapais-je par le poignet pour le traîner sans la moindre sommation jusqu'à chez-moi. Au passage j'en profitai pour jeter le contenu de cette enveloppe qui à mon sens n'avait aucune valeur. Nous prîmes alors place dans le salon. Je demandai à ce que l'on nous serve le petit déjeuné, tandis que nous nous prenions place sur les fauteuils. Pour ma part je m'assis en tailleur sur l'un d'eux, ne me gênant pas pour prendre mes aises. Après tout j'étais encore chez-moi.

-Pour ta gouverne, non je n'étais pas en train de répéter une pièce de théâtre, je me moquais simplement de toi. Au plutôt de ce que tu étais en train de faire...

Je marquai une pause, haussant un sourcil circonspect à son encontre.

-En fait... Qu'est-ce que tu essayais de faire au juste ? J'imagine que ce n'était certainement pas pour me déclarer ta flamme.

Un plateau repas fut servit pour nous deux. Il y avait du jus de fruits ainsi que quelques biscuits secs. Je poussai le tout dans la direction de mon hôte pour l'inviter à se servir.

-Dis-moi tout. Que me vaut l'honneur de ta visite de si bonne heure ?

Pieds nues que j'étais je ne me gênai pas pour me renfoncer un peu plus dans ce fauteuil moelleux. Pendant ce temps Kioshi était en train de m'offrir une véritable scène de cirque. J'avais peine à croire qu'en vivant depuis pratiquement huit ans à Suna il n'avait toujours pas apprit ce qu'était une porte, une fauteuil ou encore... un biscuit ? C'était tout aussi déconcertant que cela en était amusant. Il ne savait pas non plus ce que cela signifiait déclarer sa flamme ce qui n'était pas s'en me rappeler une certaine personne.

-Et j'imagine que pour toi, les personnes qui s'envoient en l'air sautent juste au plafond ?

Lançais-je avec un petit sourire en coin, moqueuse. Il ne comprendrait pas la référence. Il n'y était pas du tout. Yami m'avait sorti ce genre de remarques jadis, alors qu'elle ne comprenait absolument rien au code sociaux ce qui avait beaucoup changé depuis lors. Devrais-je également refaire toute l'éducation de mon Kazekage ? Celui-là même qui m'adressait un regard interrogateur.

-Tu es vraiment un gamin parfois...

C'était toujours dit avec ce même sourire, mais avec beaucoup plus de compassion. Oui tantôt il me donnait l'impression d'être un grand frère protecteur, tantôt un gosse, tantôt... Je secouai légèrement la tête afin de me remettre les idées en places.

-Mais je suis contente de te voir.

C'était au ne peut plus vrais. Malgré son total dérapage à la lors de ma fenêtre qui avait réduit à néant sa crédibilité, sa présence avait toujours ce quelque chose de rassurant. Le simple fait que je témoigne de la sorte une part d'affection était assez inhabituel venant de moi, ce qui renforçait d'autant plus le sens de ces maigres paroles.

-Tu es sûr que tu ne veux vraiment pas t'asseoir sur ce fauteuil ? Il est très confortable tu sais.

Dis-je en pointant du doigt le concerné, à savoir le fauteuil. Il fit ensuite référence à cette fameuse disquette.

-Ho, celle-ci. Désolée je n'ai rien vu venir et j'ai accidentellement marché dessus. J'espère qu'il n'y avait rien d'important...

En même temps si cela avait été le cas, il aurait sans doute cherché à me l'adresser en main propre de la façon la plus conventionnelle qui soit afin de s'assurer qu'elle me soit remise en état. Je me penchai légèrement vers l'avant pour attraper un verre de jus de fruit que je bus lentement le tout accompagné d'un petit biscuit à qui je réservai un triste sort. Suite à cela la conversation se dirigea vers un sujet beaucoup plus sérieux.

-Atifiziel ? Dans ce cas nous pourrons commencer à nous en servir pour garder la Voie Illusionné. C'est bien ce que tu voulais faire avec n'est-ce pas ?

Cela signifiait que Kioshi s'était entretenu avec mon père. Je brûlai d'envie de savoir ce qui s'y était dit, mais n'osait poser aucune question. Puis sans trop que je sache pourquoi je repensai à ce qui s'était passé il y a de cela plusieurs mois, au moment où la tempête de sable nous avait englouti. Je détournai instinctivement les yeux et la tête, gênée.

-Kioshi... Au sujet de ce qui s'est passé dans le désert l'autre fois...

Les mots moururent sur le bord de mes lèvres. J'avais souhaité aborder le sujet, mais en réalité je ne savais qu'en penser.

Il m'expliqua alors que la disquette contenait ce qui s'était passé entre Kibô et moi. Chose totalement impossible à mon sens car aucune caméra dans le village n'étaient capable d'espionner la vie privée de ses habitants, pas plus que pour voir dans le noir sur de très longues distances. Si réalité, si Kioshi était au courant, cela signifiait que son élève lui en avait parlé. Décidément les hommes étaient vraiment tous les mêmes à vouloir vanter ce genre de prouesse.

-Dans ce cas j'espère que tu en as au moins profité pour te rincer l’œil.

Dis-je avec une totale désinvolture tout en continuant d'engloutir mon petit déjeuner. Tant qu'à faire, autant entrer dans son jeu. S'il aurait espéré me mettre mal à l'aise avec ce genre de chose c'était raté. J'avais une notion totalement décomplexée de la sexualité ce qui pouvait m'amener à aborder le sujet sans aucune gêne.

Hors la conversation tourna autour de l'ancien Furyou, ce qui, tout de suite, devenait beaucoup moins glamour. Je l'écoutai parlé tout en buvant mon jus de fruit, attentive à ses moindres paroles malgré mon attitude décontractée. Il avait visiblement obtenu gain de cause face à mon père ce qui en soit était un véritable exploit.

-Pour tout te dire, je n'ai absolument aucune idée de ce que nous pourrions faire de lui. J'ai eu le temps de l'étudier durant mon trajet retour de l'île des Furyous jusqu'à Suna. Et je n'ai rien réussi à tirer de lui. Sa... technologie n'est pas vraiment à ma portée. Je sais simplement qu'il possède une technique suffisamment puissante pour détruire un village.

J'avais passé de longues journées, à l'époque de mon amnésie, à étudier la mémoire tampon du cyborg et c'était tout ce que j'étais parvenue à récupérer de lui. C'était cette même technique qu'il avait manqué de déverser sur moi, Tsukiko et Aare avant d'être soudainement « reprogrammé ». Je pouvais enfin me permettre de transmettre cette information à Kioshi, alors même que le cyborg était de nouveau en notre possession.

-C'est à toi de voir ce que tu veux que nous en fassions. Mais je nous invite à être prudent. Je ne tiens aucunement à ce qu'il anéantisse Suna en un instant en raison d'une mauvaise manipulation...

C'était sans doute ce que je redoutai le plus en faisant appel à lui. Évidemment je refuserai catégoriquement toutes utilisations abusive d'Atifiziel. On ne pouvait se permettre de jouer impunément avec ce genre de puissance. Après tout il restait mon serviteur et n'obéissait théoriquement qu'à moi.

Puis au moment où je dis référence à ce qui s'était passé quelques semaines en arrières, il se leva pour poser une main sur mon épaule. Je ne le regardai pas pour autant, me contentant de poser ma propre main sur la sienne pour y trouver une quelconque forme de courage. Seulement il m'adressa des paroles bien étranges. Moi ? Armée au-dessus d'une foule ? Je ne compris pas tout de suite où est-ce qu'il voulait en venir. Cette situation était plus qu'anodine pour-moi. Hors une seule me pesait vraiment sur le cœur.

-Ho cela... Je ne compte plus le nombre de fois où c'est arrivé. Le nombre de fois où j'ai accompli ce genre de mission pour le compte de Suna. Protéger sa nation implique de nombreux choix et sacrifice. Enfin je ne t'apprends sûrement rien. Tu as bien plus d'expérience que moi dans ce domaine.

L'extrémité de mes doigts glissèrent, je pouvais sentir le contact de sa peau. Je répétai ce geste comme pour m'assurer que ces sensations étaient bien existantes. Que des griffes ne m'étaient soudainement pas poussée...

-Je voulais faire référence à ce qui s'était passé entre nous, enfin... Quand je n'étais plus moi-même...

Pas un seul instant je n'avais détournée le regard dans sa direction. Ce qui avait eu lieu était à peine concevable et je cherchais seulement à comprendre...

Des paroles réconfortantes qui parvinrent à m'atteindre. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Oui peut-être prenais-je les choses trop au sérieux. Mais nous avions besoin de quelqu'un comme cela au conseil et j'étais prête à assumer ce rôle. Puis, sans prévenir, sans regard ni parole, je passai mes bras autour de sa nuque pour l'enlacer de sorte à poser mon mon visage sur son épaule.

-Je fais cela pour nous tous. Mais s'il te plaît ne tiens pas rigueur de ce que je peux dire ou faire. C'est la conseillère qui parle et non Oniri. Je ne compte nullement changer d'idée. Cependant cela ne doit aucunement entacher notre amitié.

La discussion prit ensuite un autre tournant qui ne me plut aucunement. Il ne semblait pas réalisé ce qu'était ma relation avec mon père, seulement je ne lui ne voulais pas, ne pouvant comprendre ce qu'était de vivre dans une famille brisée. Sans mère, sans père, j'avais grandi seule tandis que lui avait toujours été entouré par des personnes aimantes.

-Comme je te le disais je suis conseillère à la Défense et non scientifique. Je ne possède pas le quart des connaissances de certains scientifiques du Kenkyuujo ce qui ne sera certainement pas d'une grande aide pour exploiter Atifiziel. Quant-à mon père...

Je marquai une pause, ne sachant pas vraiment quoi dire à ce sujet.

-Je préfère ne pas en parler pour l'instant. Ma vie est suffisamment complexe en ce moment et j'ai déjà énormément de problèmes à gérer.

Mon travail à la Défense, en tant que Kunoichi, que Saibogu, que chef de l'Unité. Les responsabilisé s'accumulaient entraînant avec elles leurs parts d'ombres. Je m'écartai de lui, me relevant de mon siège, pour l'inciter à faire de même à me tenant les mains. Ce faisant alors je me tournais pour le pousser dans le siège où j'étais assis quelques secondes plus tôt.

-Tu es sûr de ne pas trouver cela plus confortable que la terre ferme ?

Tu sais un bon matelas avec un bon oreiller n'a jamais fait de mal à personne. Dis-je en posant mes poings sur mes hanches, arborant un demi sourire moqueur tout en haussant un sourcil. Je faisais la remarque pour changer de conversation et détendre l'atmosphère. A n'en point douter je connaissais d'avance sa réponse et je savais qu'elle n'aurait aucun sens. Enfin si, un sens dans sa logique de à lui. A croire que je commençai à le connaître.

Ses réponses ne m'étonnaient guère. Indubitablement je commençai à le connaître. Dire que nous étions parti de rien, voir moins que cela. Pour en arriver là. Ainsi il venait de me confirmer ce que je savais déjà. A savoir qu'il laisserai jusqu'au bout ses sentiments influencer son jugement en tant que Kazekage. Le pire étant sans doute que cela ne pourrait jamais changer. Je ne lui en voulais pas vraiment, il semblait avoir toujours été tel. Malheureusement on ne gouvernait pas une nation avec des sentiments, mais en se montrant impartial. Ainsi, pour le protéger de lui-même, pour protéger Kaze je ferais ce que j'avais à faire.

-Si ce que j'ai pu dire ta blessé durant le conseil je m'en excuse. Seulement je ne changerai pas d'attitude. Car, contrairement à ce que tu pense ce n'est pas Oniri qui parlait, mais bel et bien la conseillère. Oniri est beaucoup trop faible et sentimentale pour diriger un pays. Si elle s'écoutait, elle lasserait ses émotions entraver ses choix ce qui la pousserait à prendre de mauvaises décisions dont les conséquences pourraient se répercuter sur le peuple.

Tel était la vérité. Je pouvais juger Kioshi, mais j'étais en réalité infiniment plus sentimentale et apte à me faire influencer que lui. J'étais cependant capable de m'en rendre compte et m'appliquai à tout faire pour remédier à ce problème. Il s'agissait de la principal différence entre nous deux.

-Je continuerai donc à agir de la même façon, mais sache que je serais la première que mes paroles blesserons...

Je parlais d'une voix douce et calme totalement dénuée d'agressivité. Je ne ressentais nullement cela, essayant simplement de lui faire comprendre mon point de vu. Ce faisant, je me penchai à sa hauteur sur le fauteuil pour poser sa main sur sa joue que je caressai délicatement.

-Je tiens énormément à toi et je ne veux pas laisser notre travail entacher notre amitié, c'est pour cela que je préfère que nous évitions d'aborder le sujet en privé.

Je tentai un sourire timide tout en le regardant dans les yeux, avant de me rendre compte que ce que je venais de faire pouvait porter à confusion. Je me sentis légèrement rougir puis m'écartai de lui comme si de rien n'était. Il me fit ensuite un remarque ridicule concernant mon lit comme quoi je pouvais tomber durant mon sommeil. J'eus un sourire amusé, voir moqueur. Croisant les bras je lui répondis au même niveau.

-Pour le moment il ne m'a jamais poussé par terre. Par contre je suis déjà tombée sur le sol et me suis fais mal. J'ai donc beaucoup plus confiance dans mon lit.

J'avais sept ans et je débattais avec mon frère âgé de deux années de plus pour avoir le dernier mot. Le pire étant sans doute qu'il chercherai encore à répliquer.

-Or pour cette fois, je veux bien laisser au sol une nouvelle chance.

M'adossant contre le fauteuil sur lequel était installé, je me retrouvai assisse par terre. Le carrelage était froid et dur. Ce n'était pas vraiment confortable. Penchant la tête en arrière et levant les yeux dans sa direction je l'entendis me demander ce qui n'allait pas. Je poussai un soupir agacé.

-Pas plus que ce que tu vies en ce moment. Pour le reste je n'ai pas envie d'en parler, car je n'en ressens pas le besoin. Je souhaite simplement me changer un peu les idées.

Il se glissa dans mon dos, prenant un malin plaisir à jouer avec moi, laissant ses mains effleurer mes épaules. S'il continuait ainsi, les rumeurs à notre sujet risquaient vraiment d'être fondée. Je ne savais pas vraiment ce qu'il essayait de faire mais je présumai d'avance qu'il tenterait quelque chose d'incongru et totalement en décalage avec la situation. Il souhaitai jouer ? Soit il ne serait pas déçu du voyage. Je passai une main dans mes cheveux, dégagea ma chevelure sur le côté. Un simple geste fait de douceur et de tact pour mieux lui dévoiler ma nuque à la peau diaphane qui se présentait telle une invitation. Aucun homme ne restait indifférent à cela. En serait-il de même ou n'en aurait-il cure ? Je ne le saurais sans doute jamais.

Toujours fut-il que lorsqu'il posa les paumes sur omoplates je me mis à compter bêtement dans ma tête. Trois, deux, un. Je m'étais attendu à quelque chose venant de sa part, sans savoir quoi précisément. Mais en tant que prévenue, je fus à même de réagir instinctivement lorsqu'il me poussa de l'avant. Plutôt que de m'écraser face contre terre, je me réceptionnai en prenant appuie sur ma main droite pour enchaîner agilement sur un salto. Mes pieds nues touchèrent le carrelage froid sans émettre le moindre bruit et je me retrouvai debout en seulement quelque pas du fauteuil. Je me tournais alors, adressa un regard couplé d'un sourire provocateur alors que plusieurs longue mèche de cheveux immaculé me retombaient devant le visage. Je soufflais dessus pour les dégager.

-Dommage moi qui aurait espérée un massage...

Je marchai alors sans bruit, faisant le tour du fauteuil et par la même occasion du Yamada, glissa une doigt entre les mèches de ses propres cheveux pour les rejeter en arrière non sans désinvolture.

-Toujours est-il qu'un peu plus et je me faisais mal sur le sol. Décidément ce n'est pas une valeur sur. Peut-être le sable serait-il plus confortable, mais cela ne vaudra jamais un lis bien moelleux. Et puis...

Je me retrouvai derrière lui, m'amusant à laisser apparaître mon visage tantôt à sa droite, tantôt à sa gauche. Sans plus attendre que de le faire tourner en rond. Je lui sautais sur le dos, passant mes jambes autour de sa taille et mes bras autour de sa nuque en prenant soin de ne pas maladroitement l'étrangler au passage. Suite à cela je m'efforçai de chavirer sur les côtés pour nous faire tomber tous les deux.

-A force de dormir sur du solide tu vas finir par avoir mal au dos !

Nous basculâmes en arrière. Je me retrouvai délicatement allongée sur le dos et lui, était allongé sur moi. Le spectacle était des plus ridicules. Il fit que remarquer comme quoi j'étais visiblement plus confortable, que c'était plus mou.

-Normal tu a la tête posée sur ma poitrine...

J’essayai de me dégager, de poser les paumes de mes mains sur le haut de son crâne pour tenter de l'écarter.

-J'aimerai autant que tu testes sur quelqu'un d'autre ! Dis-je sans une once de méchanceté.

Toujours fut-il qu'il semblait décidé à m'embêter jusqu'au bout. On pouvait parler d'un =Kage, mais il avait le caractère d'un gamin avec le côté pervers refoulé en plus. J'abandonnai un instant, le temps de faire une pause, reprenant mon souffle les bras écartés du corps. Ce fut à ce moment là qu'une servante, vaquant à ses occupations quotidiennes, jugea juste de passer devant nous, un plateau à la main.

Elle fit mine de ne pas s'arrêter, mais nous avisant avec de grands yeux ronds devant cette scène plus que burlesque et sévèrement tendancieuse. Moi cela me faisait surtout rire. Et je savais que le Yamada était complètement à côté de la plaque pour oser réaliser l'impression que nous étions en train de donner. Aussi me contentais-je d'adresser un signe de main amical à la concernée qui passa son chemin aussi rapidement qu'elle était venue.

Quelque part cela serait à mon avantage. Si les rumeurs commençaient à circuler dans Suna comme quoi j'entretenais une relation avec notre Kazekage, j'aurais la chance de ne plus être dérangée par les autres qui n'oseraient certainement pas à se frotter à un homme du... du... calibre de Kioshi.

-Bon...

Je lui ébouriffais vigoureusement les mèches de sorte à donner à sa coiffure des airs de paillasson sur patte.

-Je ne vais pas pouvoir dormir ici. Et je n'ai pas du tout envie. J'étais justement en train de me réveiller lorsque tu es venu grimper à ma fenêtre.

J'avais beau me répéter cette phrase encore et encore, la retourner dans tous les contextes possibles et imaginables. Cela sonnait toujours aussi bizarrement.

-Pourrais-tu me relâcher ? Que je puisse terminée de prendre mon petit déjeuné ?

Visiblement nous étions là pour un moment. Je me le laissai alors retomber en arrière, passant mes bras derrière ma tête pour me mettre à mon aise. La conversation reprenait un ton sérieux ce qui ne me plaisait pas vraiment mais que je savais inévitable. Mon regard se perdit dans la contemplation du plafond et de l'imposant lustre de verre qui pendait au-dessus de nos têtes. Le silence était retombé et seul résonnait dans la salle le cliquetis cyclique de l'immense horloge murale qui se concrétisa à un lourd tintement sonore. Si Kioshi avait espéré s'endormir ici c'était raté. Mes pensées à quant à elle était perdue dans les événements passé lors de l'enterrement de Zanshi.

-Je me sens tellement honteuse pour ce qui s'est passé...

Mon cœur s'alourdissait brutalement. J'avais en quelque sorte l'impression d'avoir souillé sa mémoire tout en maquant le dernier hommage que je lui devais. Désormais j'en avais la certitude. Je savais qu'elle ne reviendrait pas. J'éprouvai tant de remord. Pourtant, au fond de moi, je savais qu'elle était fiers de moi. Après tout je portais encore l'éclat de sa volonté. Je lui avais obéis jusqu'au bout. Nous étions parvenues à notre objectif. Suna s'élevait lentement au dessus du désert, devenant de plus en plus fort chaque jour. N'était-ce pas le but ?

-J'espère que tu ne m'en tiendra pas rigueur...

Je me rendais compte à quel point son opinion comptait beaucoup pour moi. La preuve étant, je passai une main au niveau de mon cou afin de saisir la chaîne reliée à la plaquette métallique que je défis discrètement.

-Au départ, je voulais faire comme toi. Inscrire le nom de mes proches perdus. Je voulais mettre en premier celui de Zanshi. Seulement je n'en ai pas été capable.

La chaîne se retrouvait dans ma main tandis que le pendentif pendait à son extrémité.

-J'ignore pourquoi. Peut-être avais-je peur qu'il symbolise tant de regrets, tant d'erreurs. Et je n'aurais fais que reculer avec un tel fardeau. Et puis quelque part, je pensais que ce n'était pas ce qu'ils auraient voulu.

Si je voulais avancer ce n'était point en conservant les tourments de mon passé avec moi que j'y parviendrais. Il me fallait véhiculer une autre image en conservant les expériences positives. Au final se n'était qu'une question de point de vu.

-Alors j'ai décidé de changer la signification de ce médaillon. Il ne représenterait plus ceux que j'ai perdu, mais ce que j'ai aimé et que je continuerai d'aimer. Ce qui feront à jamais parti de ma vie quoi qu'il advienne.

Je tendis le bras pour lui laisser voir les noms qui y étaient à présent gravé

Habashi Zanshi
Ketsueki Yami
Yamada Kioshi

-Et bien cela signifie que tu as beaucoup d'influence sur nous.

Lui répondis-je tout en continuant de fixer le plafond. Il se redressa sur moi en se positionnant à quatre patte au-dessus sur mon corps. Décidément cet homme était irrécupérable. Sauf que cette fois-ci il réussi à me mettre mal à l'aise, mais plus dans le mauvais sens du terme. Je me glissai alors, reculant de sorte à pouvoir me rasseoir en face de lui alors que nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

-Merci, mais... C'est aussi par rapport à elle que je me sens honteuse. Elle méritait mieux que ce qui est arrivé ce jour-là...

Une boule se forma dans ma gorge. Je me mordis la lèvre inférieur afin de réprimer un sanglot. J'avais d'abord mi un terme à sa vie pour ensuite gâcher ses funérailles. Je me sentais tellement coupable. Et le pire étant que je devrais vivre avec cela, en sachant que je ne pourrais rien faire pour réparer mes fautes ni réparer la souffrance de Kioshi.

Le pauvre ignorait tant de choses, mais je savais cependant que pour notre bien à tous il vallait mieux qu'il n'apprenne jamais la vérité. Ce n'était pas tellement la crainte de perdre de la vie ou de finir mes jours enfermée à Ergastule, mais d'affronter le regard des autres et notamment le sien. Lui qui m'avait temps apporté, je lui avais tout prit en retour. Aussi pour cacher mes larmes, j'enroulais mes bras autours de sa nuque et enfouissait mon visage dans son cou.

-Je... pardonne-moi d'être aussi faible...

C'était assez malvenu, mais j'espérai trouver en lui le courage nécessaire pour surmonter ces remords qui m'accablaient.

Toujours lovée contre lui ses dernières paroles me firent étirer un sourire. Oui, je restai toujours moi-même.

-J'ai simplement peur de ce que je pourrais devenir. L'inconnu est quelque chose qui m’effraie.

En effet, il n'y avait rien de pire pour un Saibogu que de ne pas savoir, de rester dans l'ignorance. L'absence de contrôle n'était pas une notion envisageable.

-En ce qui concerne Zanshi, je pense que j'irais un jour me recueillir, seule. Lorsque mon travail me le permettra.

Chose qui n'était pas prête d'arriver un jour, la conseillère à la défense ne pouvait se permettre de s'éloigner du pays durant aussi longtemps. Je m'écartais ensuite de lui essuyant me visage pour lui présenter un rougi par les larmes. Il était le seul avec qui je me permettais de me montrer ainsi. Même Yami ne m'avait que très rarement vue dans cet état.

-Et toi, tu n'as rien à te reprocher. Tu as fais tout ce que tu pouvais. Je crois que nous devrions cesser de vivre avec des regrets. Sans quoi nous ne pourrons jamais aller de l'avant.

Il me transmettait sa force et je le donnais la mienne en retour. Ainsi lui pris-je la main pour l'aider à se relever et nous partîmes prendre l'air sur la terrasse. L'après-midi s'écoula paisiblement. J'eus droit à ma journée de repos, sauf que cette dernière se passa en partie en compagnie de mon Kazekage. Comme quoi le travail me rattrapait toujours, mais se présentait également sous différent aspect.