Ordre de mission:

Un café.

C’est bien la seule chose qu’il me reste pour me détendre. J’ai cessé de boire de l’alcool jusqu’à plus soif, n’acceptant une coupe qu’occasionnellement. Il faut dire que les propos de Nozomi m’ont réellement marqués et que, par la suite, des événements que je n’ai pas pu contrôlés m’ont bouleversé. J’ai bu au point de ne plus vouloir boire. Maintenant, je prends du café à tous les endroits où je me trouve, savourant ce goût amer, auquel j’ajoute quelques cubes de sucre et un nuage de lait, pour bien clarifier mes idées et m’aider à réfléchir.

Seul dans mes appartements dans le grand palais du Clan Kira, je note mes aventures dans mon cahier et, aussi, inscrit des nouvelles techniques d’apprentissage pour Jio. Je compte lui envoyer dans la matinée et, ainsi, permettre à mes élèves d’apprendre de nouvelles connaissances. J’irai visiter le dojo cet hiver.

Soudainement, quelqu’un cogne à ma porte. Je lui somme d’entrer. Un apprenti du clan entre et m’explique que mon aide est requise. Selon les propos du jeune Bushi, deux familles rivales du Sud de la nation, les Kaishi et les Tenko, sont sur le point de passer aux armes. Kaishi Juchio, un des hauts gradés du clan, aurait tué un des messagers Tenko une fois qu’il aurait pris en compte le message.

En tant que dirigeants du Fer, les Kira doivent se rendre sur place. L’apprenti m’explique que Musashi et sa garde rapprochée se trouvent au Nord du Pays pour négocier certains termes avec les Mutetsu suivant la mésaventure avec Kongoh. Ainsi, je suis le seul gradé pouvant me rendre sur place.
Sans attendre, je demande à l’homme d’avertir les derniers Kira de mon départ, attrape mes trois lames, revêt mon veston mauve et saute par mon balcon. Sous les rayons lunaires, je me mets en route, à la course, vers le Sud du Pays. Je longe rapidement le temple Genbu et me dirige à toute vitesse jusqu’à Seiriu. J’ai l’intention de facilement y trouver les informations nécessaires puisque je suis connu à cet endroit.

*Je dois connaître l’histoire de ces clans et d’agir rapidement. Je suppose qu’ils attaqueront à l’aube comme ont l’habitude de faire les Samuraï.*

Les choses s'enchaînaient. A peine de retour au village, après avoir refait le monde au côté du disciple de Musashi et de Shinsuke, je devais déjà repartir sur le chemin du retour pour aller à Tetsu no Kuni. Je n'avais que peu de temps pour me préparer mentalement ; j'étais allongé dans mon lit en repensant à mon ami, Nitobe Shinsuke, qui me préoccupait tant. Je ne pus avoir le temps de digérer tout ça, ni même de trouver le temps de répondre à mes questions. Je devais passer à autre chose et je détestais ça.

Arriver au pays du fer n'allait pas être simple, puisque j'étais parti pour quatre jours et dix heures de voyage, en prenant en compte les pauses nocturnes. Ce temps de voyage pourrait bien s'écourter si je supprimais plusieurs de ces pauses. Durant ce voyage, je dus traverser les plaines de Fer et l'épaisse chaîne de montagnes du Mont Fûjin à la frontière entre Kaminari no Kuni et Shimo no Kuni. Je dus m'enfoncer dans les profondeurs des marécages givrés qui occupaient la moitié de la superficie du pays. Nous étions en été, ce qui signifiait que le pays n'était pas gelé et la température était supportable.

Après avoir traversé le pays du givre, je pénétrai dans Yu no Kuni où le paysage contrastait puisque cette fois, je m'engageais dans le pays des sources chaudes. L'humidité et la chaleur de l'air m'assoupissaient. L’atmosphère était agréable, légère, ce qui facilitait la traversée des marécages humides et chauds. Je dus m'arrêter à Tsuchihyu pour me dégourdir les jambes et me détendre dans une source thermale. J'étais détendu, à un tel point, que je suis endormi pendant, disons, une petite heure avant d'aller déguster des homards au restaurant du coin. J'avais quasiment fini mon voyage puisqu'il ne me restait plus qu'à traverser Ta no Kuni et il se trouve que je me trouvais à une vingtaine kilomètres de la frontière.

Je m'aventurais dans la chaîne de montagnes du mont Hiodoru avant de déboucher sur les champs et les rizières qui s'étendaient à perte de vue. J'usais de mon agilité pour traverser les endroits les plus difficiles. Le chemin que je devais prendre était difficile, mais c'était le plus cours et qui plus est, je voulais éviter les détours. Je dus néanmoins longer le lac Anatame en son sud pour ensuite traverser le Mont Ikiruu et enfin atteindre Seiriu là où tout a commencé. Ce voyage m'a finalement pris quatre journées et près d'une quinzaine d'heures. J'avais traîné et mal jaugé la difficulté du voyage et la distance qu'il y avait.

J'avais l'habitude d'effectuer ce trajet, à vrai dire, j'ai dû le faire une dizaine de fois. Mon record était de quatre jours et vingt heures, je l'avais réalisé il y a quelques mois, ce qui prouve bel et bien que j'ai fait des progrès à ce niveau-là, même si j'étais en dessous de mes objectifs. Pour en revenir à la mission, je pus me souvenir que, dans le communiqué de la mission que j'avais oublié chez moi, il était mentionné que Taku était justement mobilisé pour résoudre cette affaire.

J'étais convaincu que Taku, avec son influence et ses capacités de diplomates, allaient résoudre cette affaire seul, mais je ne pus saisir la raison pour laquelle j'ai été sollicité. Egalement, dans ce fameux communiqué, il est dit que Zento Kira était déjà dans les parages et il se pourrait même qu'il soit déjà sur place au moment où j'arriverai au pays du fer. Je ne pus prendre le temps de me reposer, j'essayai de retrouver Taku dans le temple Seirui bien que je n'avais aucune indication.

Je ne savais même pas s'il était déjà là ou s'il était en route au moment où j'étais arrivé. Je devais donc de nouveau me fier à mon instinct et le chercher. Je ne le voyais pas, jusqu'au moment où je tombai nez à nez avec lui alors qu'il venait tout juste d'arriver. Je le saluai en lui expliquant que j'allais être son coéquipier au cours de cette mission et je lui affirmai que je m'en remettais à lui et à ses ordres.

La première étape serait de récolter les informations nécessaires pour comprendre les raisons de ces tensions, l'histoire des deux clans, la rivalité qu'ils entretiennent et bien d'autres informations, tels que les moeurs, les valeurs de ces deux familles pour nous permettre de trouver une solution, un compromis qui puisse éviter une effusion de sang, un torrent de larmes, des victimes innocentes et des destructions inutiles et probables, en somme, éviter la guerre tout simplement.

Je ne savais pas si nous nous devrions faire face à la fatalité, si ces deux familles allaient se faire la guerre peu importe notre intervention. Je ne connaissais rien au conflit, je ne savais même pas s'il était à un stade avancé, mais j'eus néanmoins une petite idée, puisque les deux camps étaient prêts à recourir aux armes. Si la paix a été maintenue, je suppose que c'est grâce aux ultimatums et à la sagesse des pacifistes. C'était un honneur pour moi de résoudre un conflit qui menaçait la pérennité de mon pays natal, c'est une façon de le remercier pour tout ce qu'il m'a apporté jusque-là.

Mon voyage nocturne se fait en quelques heures. J’arrive, en passant par les chemins montagnards, à Genbu tôt en matinée. Sur place, je m’informe sur les faits et gestes des membres du clan Kaishi et de ceux des Tenko. Contrairement à ce que je croyais au départ, la situation n’est pas encore à quelques minutes de l’affrontement.

Selon les propos des Moines et d’un commerçant, les Tenko ont présentement des problèmes monétaires parce que plusieurs bandits ont pris possession de leurs mines. Puisqu’ils doivent protéger leurs villages parce qu’ils sont, selon ces mêmes dires, paranoïaques d’une attaque du clan Kaishi, les citoyens manquent de nourriture et l’armée manque de force. Ils sont à fleur de peau et leur clan n’est pas aussi patient que d’autres.

Après avoir mangé et m’être reposé, je me dirige jusqu’à Seiriu. Lors du voyage, je prends un moment pour faire un détour et atteindre le sommet de Kaishiro, un mont plus bas que les autres où se trouvent plusieurs mines de fer. L’investigation dure plusieurs heures durant lesquelles je tente de rester invisible aux ouvriers.

*Cette montagne-ci, appartenant historiquement aux Kaishi, ne semble pas affectée par les attaques des bandits.*

Ensuite, je me remets en route directement vers Seiriu qui se trouve directement au bas de la chaîne de montagnes. Peu après mon arrivée, un envoyé de Kumo fait apparition. Je suppose donc que les Kira restant à la Capitale ont cru positif d’impliquer nos alliés de la Foudre. Souriant, je l’accueille chaleureusement.

« Bien le bonjour, Shirudo! Je suis heureux de vous revoir! »

Il m’explique qu’il sera mon partenaire pour cette tâche. Souriant, j’accepte son aide volontiers et partage avec lui les quelques informations que j’ai obtenu. Tout en enlevant quelques saletés de mes habits d’une main, je suggère donc d’aller directement à l’un ou l’autre des villages appartenant aux clans. Je soulève aussi la possibilité de visiter les mines des Tenko ou bien de directement tenter d’avoir un contact dans le monde obscur du Pays du Fer. Ce temple-ci appartenant indirectement aux Tenko, je propose donc de commence par ici et de visiter l’endroit avant d’interroger un Moine ou bien un représentant s’il y en a un de disponible.

« J’aimerais principalement savoir si ce genre de conflit a eu lieu souvent entre ces deux clans au cours de l’histoire de Tetsu no Kuni. J’ai l’impression que la mort du Seigneur Tochirô a peut-être quelque chose à voir avec cette nouvelle confrontation. »

"Moi de même." - Lui disais-je.

Taku semblait visiblement prendre les devants, je me contentais de le suivre et d'observer ce qu'il faisait pour acquérir plus d'expérience. C'est en observant les anciens que l'on grandit. Je décidais de m'inspirer de lui, de m'imprégner de sa méthode d'action, de sa façon d'agir et sa façon d'enquêter, car assurément, j'en sortirais grandi. J'avais pour habitude de me servir de l'expérience des anciens, des conseils de ces derniers qui avec de l'expérience parvenaient à me dire ce que je devais faire et ne pas faire avec certitude, car cela provenait de leur vécu. Je savais que tout cela me serait bénéfique.

Taku avait déjà commencé son investigation, il me donna donc quelques informations qu'il avait déjà récoltées. Je pus analyser le tout pour savoir où en était à peu près le conflit. Disons clairement, ce n'est qu'une question de temps avant que ça pète. La tension est palpable, la paranoïa s'est installée au sein des Tenko craignant une attaque des Kaishi. Enfin pour couronner le tout, des bandits ont réussi à pénétrer et squattent les mines pour y imposer leurs lois au combien barbare, ce qui ruine les Tenko peu à peu. Egalement, en plus de tout cela, en plus de la crainte d'une potentielle attaque, le village était ravagé par une pénurie alimentaire et la puissance de leur armée se voit donc amputée inévitablement. Tout cela expliquerait la raison pour laquelle les Tenko craignait tant une attaque adverse, mais en cas de conflit militaire, tout indiquait qu'ils n'y survivraient pas.

"Mais dans le fond, pourquoi les Kaishi craignent-ils les Tenko ? Pourquoi n'y a-t-il eu aucune négociation pour clarifier la situation qui plus est, Musashi devrait déjà être intervenu pour clarifier le tout si les deux clans camperaient sur leur position ? Je pense que les Kaishi ont dû agir ou laisser paraître des signes d'hostilité à l'égard des Tenko pour que ces derniers puissent penser de telles choses, sauf s'ils soupçonnent leurs adversaires d'avoir engagé des bandits pour leur voler leurs mines."

Taku me proposa alors d'aller dans les mines des Tenko là où des bandits en avaient pris possession. Inéluctablement, on engagerait le combat pour vider leurs mines, mais je pensais qu'il fallait mieux enquêter et récolter des informations plutôt que de se précipiter à libérer la mine. Je pensais judicieux d'y aller après avoir examiné les arguments avancés par chacun des deux camps pour clarifier la situation avant de jouer le rôle du médiateur héroïque.

"Et bien... J'imagine que l'on doit d'abord enquêter dans les villages appartenant aux deux clans pour clarifier la situation et l'analyser. Ensuite, on ira dans les mines afin de la libérer s'il le faut, mais nous sommes avant tout là pour régler ce conflit et éviter une probable guerre."

Taku prit la parole pour affirmer ses craintes, ses doutes, par rapport au fait que ce conflit pouvait remonter à des siècles auparavant. Il pensait que ce conflit était peut-être une fatalité et découlait d'années et d'années de rivalité qui ont imprégné l'histoire du pays du fer et ce sont ces mêmes conflits qui l'ont forgé. Il affirma que la mort du Seigneur Tochirô pouvait avoir rallumé le feu éteint.

"Le Seigneur Tochirô ? Je n'ai jamais entendu parler de lui. Qui est cet homme ? Et qui a bien pu le tuer ? Pourquoi penses-tu qu'il puisse être à l'origine du conflit ?"

Shirudo apporte des points intéressants que j’accueille avec humilité. L’ambiance du temple est un peu étrange. Il n’y a pas de son outre quelques mantras faits par les moines plus loin dans la salle et, puisque ladite pièce est énorme, chaque mot résonne tout comme une sorte d’écho. Néanmoins, je dois avouer que, malgré l’effet de confusion potentiellement créé, l’ambiance est apaisante.

« D’accord. Suivant cette logique, nous devrions principalement nous rendre jusqu’aux Kaishi pour en apprendre plus en premier lieu et, ensuite, nous diriger jusqu’au village Tenko. »

Les Tenko font résidence à quelques lieux de Tekken alors que les Kaishi ont un campement et aussi une sorte de palais à l’Ouest de Douyari. J’explique les complications géographique du voyage à Shirudo avec une carte à l’appui, lui expliquant que personne n’avait investigué le conflit avant nous puisque les chefs Kira sont présentement au Nord pour une autre affaire et, ce, depuis un moment. Une fois ces explications complétées, je me dirige vers la sortie en faisant signe à mon partenaire.

« Tochirô est surnommé l’Unificateur. Il est l’homme qui a trouvé moyen de réunir tous les clans Samuraï de la nation sous un seul emblème, le sien. Il a prouvé sa valeur guerrière sur les champs de bataille et sa grandeur tactique lors de nombreuses discussions avec des chefs et des dirigeants. Il était quelqu’un de bien, mais il a perdu la vie il y a moins d’un an. La blessure est encore fraîche dans le cœur de plusieurs Kumojins et certains croient que le Régent, mon mentor Kira Musashi, n’est pas de la même trempe que l’ancien Maître du Fer. »

Arrivé à mon cheval, je monte. Ma main fait quelques mouvements calmes sur sa crinière simplement pour remettre Boke en confiance puisqu’il y a beaucoup de va-et-vient dans le temple.

« Maître Tochirô était quelqu’un de bien et après sa mort, je suis revenu dans le pays pour l’aider à se développer. Je n’accepterai pas qu’il cesse d’évoluer. »

J’hoche doucement de la tête.

« Alors, nous nous rendons jusqu’à la cité Tenko? »

Je prononce ces derniers mots sur un ton légèrement différent, montrant que l’autre sujet est clos pour moi. Je laisse toutefois Shirudo prendre la dernière décision et choisir s’il ne préfère pas changer de destination principale.