C'était une de ces journées chaudes, que même le plus endurci des citoyens du village caché du désert ne parvenait pas à supporter. Un chaleur sèche qui asséchait la gorge de tous les idiots qui faisaient la bêtise de sortir dehors sans gourde. Seuls peut-être les Yamada savait gérer une telle température, tandis que les Kawaguchi, pourtant habitué au désert, voué au désert, préférait de loin se cloitrer chez eux, limonade à la main, roupillant pour passer le temps. Autant dire que Naoko, accompagné de sa petite soeur, Nanae, qui pendait au bras de Maman, commençait à trouver la route longue, pour retrouver celui qui l'avait convoqué, en cette très chaude journée.

Le lieu de rendez-vous, heureusement, était à l'ombre d'un grand palmier, dans une petite place elle-même surplombée par les bâtisses terreuses du village. Le sable voletait dans la rue, sous un vent qui intensifiait la chaleur. Et même si Naoko avait très soif, il préférait garder son eau dans sa gourde, histoire de ne pas en manquer ; il avait le sentiment que cette journée serait très épuisante, pour son petit corps malade.

Une fois arrivés, ce fut Maman qui parla la première au membre du Kakumeigun. Kawaguchi Misaka était une femme qui protégeait ses enfants ; au-delà du raisonnable, disait souvent son mari. Aussi, elle lui tint à peu près ces mots :

- Naoko a seulement onze ans, vous savez. Il peut encore attendre avant de rejoindre une équipe. Son père l'entraîne déjà beaucoup, dans la cour de notre demeure, et je ne crois pas qu'un entraînement en plus lui serait bénéfique. C'est que... je ne voudrais pas le perdre, vous comprenez ? C'est mon enfant et...

L'émotion commençait à nouer la gorge de Maman, et elle s'arrêta un moment. Naoko respirait fortement, car elle le mettait mal-à-l'aise, tandis que Nanae commençait à s'impatienter. Naoko, ne voulant pas brusquer sa mère, se tourna alors vers sa petite soeur et vint lui passer les doigts dans les cheveux, tout en lui chuchotant une comptine qui fit sourire la petite. Maman reprit de plus bel.

- C'est juste que je veux que vous me promettiez qu'il ne lui arrivera rien. Il est encore faible, et même si Jun pense le contraire, je ne crois pas qu'il est prêt.

En même temps qu'elle parlait, elle poser sur la tête de ses enfants une main maternelle. Nanae était presqu'aussi grande que son grand frère, pourtant de cinq ans son aîné.

- Je n'y comprends rien à ces affaires du monde shinobi et cela ne m'intéresse pas. Prenez soin de mon fils, c'est tout ce qu'une mère peut vous demander...

Elle s'accroupit ensuite vers Naoko, qui se mit à la regarder à son tour.

- Passe... Passe une bonne journée, mon grand. Et veille à ne pas te surmener... Tu as pris ta gourde ? (Naoko la souleva pour lui montrer.) Bien, bois-en régulièrement.

Elle lui embrassa la joue et le serra très fort. Puis, en présentant la main à Nanae, elle lui dit :

- Viens, laissons ton frère jouer au shinobi. Pff, quelle chaleur.

Elle partit.

Naoko se tourna vers celui qui l'avait convoqué et plongea son regard timidement dans le sien, glacé. S'il avait été un peu gêné par ce que sa mère avait pu dire, il n'en démontrait rien. Après tout, il ne voulait pas lui faire du tord. La voir partir avec Nanae avait été étrange, car il n'était pas habitué à rester ainsi seul. Habituellement, soit il était avec Père, soit il s'occupait de sa petite soeur ; jamais n'avait-il un jour été en présence d'un inconnu. Cette idée lui fit drôle. Ses jambes répondirent comme à un signal, et soudainement, devinrent toute molle. Naoko chercha un banc pour s'y asseoir, et une fois cela fait, il retira ses souliers. Il avait de plus en plus soif, mais s'entêtait à garder son eau pour plus tard. Il regarda alors son senseï, et d'un sourire forcé, lui dit :

- Ne vous inquiétez pas. Ça m'arrive parfois. C'est vrai que je suis malade, mais je veux vraiment intégrer votre équipe. On... on va bien s'amuser !

Et cette pensée le fit sourire franchement.