Si Nobu devait retenir un défaut dans son originale personnalité, ça serait sans la moindre hésitation sa paresse légendaire. Elle n’avait d’ailleurs rien à envier aux Nara, réputés pour être des maîtres en la matière. Et si l’Inuzuka n’était pas le dernier des idiots, il n’aurait pas crû que ça pourrait lui poser tant de préjudices que ça. En effet, aujourd’hui était un jour particulier, car on lui avait organisé un rendez-vous avec un autre Chûnin ayant lui aussi des prédispositions pour la traque et tout ce qui pouvait toucher à ces domaines. Pour preuve, il allait rencontrer un Aburame.

Tout s’était très vite enchaîné. Il y avait eu il y a deux semaines cette fameuse mission où il était revenu avec une légère entaille à la jambe, qui lui avait valu un rapport où il avait avoué sans détour avoir « mis du temps à passer à l’action ». Il faisait partie de ceux qui attaquaient rarement en premier, mais bien par flemme plutôt que par idéologie. Et forcément, pour un adepte du Taïjutsu comme son clan le suggérait, cela pouvait être préjudiciable. Ainsi, pour l’alerter sur les dangers de ses penchants « long à la détente » sans en faire trop, on lui proposa un rendez-vous pour s’ouvrir à plus de choses. Mais la façon dont on lui avait fait cette proposition suggérait autre chose de bien plus… impératif.

« Non Quetsche tu attendras un peu avant de manger. On doit aller à ce foutu… »

Trop tard, sa chienne était déjà partie. Son maître soupira, et se demanda d’ailleurs s’il l’était vraiment. Puis quelques minutes plus tard il mit fin à sa marche nonchalante pour enfin arriver au fameux terrain d’entraînement où il avait rendez-vous.

C’est là qu’il la vit. Une jeune femme, dont la solitude actuelle démontrait bien que c’était elle qu’il devait voir. Il esquissa un sourire, se demandant pourquoi il n’avait même pas pensé que ce fameux Chûnin ne pouvait être une femme. Quel idiot, pensa-t-il.

« Nobu, enchanté. Désolé, c’est de ma faute si on t'a fait venir ici. Enfin bref, apparemment on doit discuter pour que tu me fasses découvrir de nouvelles choses blablabla… »

Il s’était donc empêché de montrer sa flemme pendant… cinq secondes ?

Ah, l’été. Les oiseaux chantent, le soleil brille, les gens sortent de chez eux pour partir se balader au gré du vent frais qui secoue paresseusement les feuilles des arbres verts des rues de Konoha. Moi ? Oh bah vous savez… Je suis enfermée dans une salle poussiéreuse avec comme seule compagnie des tonnes de papier et une fenêtre par laquelle quelques rayons de lumières daignent tout de même bien passer. A vrai dire, je n’étais pas une grande fan de cette saison, mais ce que j’exécrais encore plus, c’était la chaleur. Et dans cette salle, la température grimpait en flèche du fait qu’elle n’avait aucune aération. Alors, à ma grande surprise, je me mettais à rêver de longue nage dans les lacs tièdes de Hi no Kuni, alors que je n’avais jamais spécialement aimé ça. Cette espèce d’agglomérats de gens en maillots de bain, très peu pour moi.

L’heure était au départ. Rangeant vaguement des papiers dans un carton qui trainait, j’attrapai mon sac au vol et salua Kuzawa à l’accueil.


- Attends ! J’ai quelque chose pour toi.

J e me retournai et vis qu’il me tendait une enveloppe, ces fameuses enveloppes que tous ninjas veut mais qu’il appréhende : celles qui contenaient un ordre de mission. Le remerciant, je sortis du palais et, sur le chemin, lus la fameuse mission. Malgré moi, je laissai échapper un « Encore ??? » assez fort, trop fort, pour que certains passants me regardent d’un air étonné. Expirant bien plus d’air que mes poumons devaient contenir, je rentrai chez moi en me plaignant. Une fois de plus, on me mettait "tutrice" d'un autre. Et cette fois, ils n’ont même pas fait d’efforts pour vaguement me donner quelque chose à faire. Je devais m’occuper d’un certain « Inuzuka Nobu », et lui « apprenant de nouvelles choses ». L’ordre stipulait que ce shinobi avait du mal à se motiver, et que, « de par mon expérience dans le domaine et ma remise en question ayant permis de faire de moi une kunoichi importante de Konoha » (rien que ça), je pourrais lui apprendre quelques trucs pour faire passer sa flemme.

E xcusez-moi, à quel moment on a cru que j’étais professeur ou puéricultrice ? Et puis, c’est quoi cette réputation ? D’où j’étais fainéante ? J’étais pragmatique, certes un brin flegmatique, mais de là à dire que je ne me motivais pas, il ne faut tout de même pas abuser. Du coup, c’était à contrecœur que je me rendais au point de rendez-vous. J’avais attaché mes cheveux, mis mes habits de ninja (les miens, pas ce vieil uniforme qu’on nous conseille de mettre) et je me rendis au terrain d’entraînement numéro 4, là où l’on avait rendez-vous. Je m’assis « sur » un banc (au sens propre, j’étais assise sur le dossier, mes pieds sur l’assise. Allez savoir pourquoi…) et j’attendis, une sucette (à la cerise !) dans la bouche, la faisant jouer à gauche et à droite jusque avec ma langue, mes yeux fixant le bâton comme une débile.

Au bout de quelques instants, un jeune homme m’aborda, s’excusant de m’avoir fait déranger. J’haussai un sourcil : ok, je devais avouer qu’il avait un très fort côté flegmatique et fainéant, l’intonation de sa voix ne trompait pas. J’en ai rigolé, en me levant d’un bond pour me mettre sur mes deux jambes.


- Tu dois être Nobu ? Je m’appelle Mizuki. On m’a chargé de te… Heu… Motiver… ?

Hm. Enfin, vous voyez ce que je veux dire, j’espère qu’aucun esprit pervers n’aura l’idée de détourner cette motivation à des fins tendancieuses. Bref. Comment motiver un jeune garçon qui n’a pas la foi de se lever le matin pour aller faire ce qu’il a à faire ?


-On m’a parlé de ta paresse. Avant qu’on ne tente quoique ce soit : on est d’accord qu’au moins, tu veux bien être ninja ? Aucune pression de clan, de parents ou quoique ce soit d’autre ?

Bah quoi ? C’était peut-être pas de la flemme. Il était peut-être juste pas motivé !