PNJ:

Kawaguchi Tsukiko avait fait preuve de vaillance jusqu'au dernier instant. Malheureusement ce n'était pas son courage, mais son manque de pertinence qui venait de lui coûter sa liberté.

Après deux jours passés à comater elle se réveilla dans une chambre traditionnel avec un sol de bois couvert d'un large tapis beige à motif floral. Les murs étaient couvert d'un papier peint blanc. Les lieux étaient des plus modeste. Un lit, une petite bibliothèque contenant de nombreux ouvrage, une table basse, ainsi que qu'une chaise et un bureau. Une fenêtre donnait directement sur le somptueux paysage d'une forêt de pins enneigés. L'autre issue viable était un panneau de bois pouvant être ouvert latéralement.

Tout du moins en temps normal. Hors, ce n'était nullement le cas. Des sceaux, il y en avait partout. Sur toutes les issues et les murs. La voie était totalement close pour la Kawaguchi, qui se retrouvait également avec des marquages aux poignets l'empêchant d'utiliser son chakra. Hormis ses « petites restrictions » elle demeurait totalement libre de ses mouvements dans la pièce.

L'inconnu lui, était au rez-de-chaussée, en train de préparer un bon ragoût. Ainsi à cuisiner il n'avait plus vraiment l'air si mystérieux que cela. Sa cape à capuchon avait été troqué par une tunique blanche et un pantalon large de même couleur. La coiffure quelque peut débraillée, il ne perdait pas le sourire et ce malgré son bras dans le plâtre et les nombreux bandages qui ceinturaient les plaies dans son dos.

Lorsqu'il eut terminé le plat principal, il posa le tout sur un plateau d'argent qu'il emmena en sifflotant jusqu'à l'étage. Un véritable numéro d'équilibriste eu lieu entre lui et le plateau qu'il tenait adroitement d'une main pour ne pas le faire tomber. D'un geste de pied il ouvrit le panneau de bois pour entrer dans la chambre.

-Le repas est servit Kawaguchi-san ! Dit-il avec bon entrain.

Pour le coup il s'estimait s'être surpassé dans le menu. Lui qui habituellement était loin d'être un cordeau bleu... Néanmoins, quelque chose lui disait qu'elle ne risquait pas d'accueillir sa venue de la meilleur façon qui soit...

Il ne restait plus que trente-quatre jours avant l'éclipse.

Résumé:

Tsukiko n’aurait pas dû utiliser aussi intensivement son chakra face à ce parfait inconnu qui ne semblait guère être touché par les éléments de la nature. Elle ne put s’empêcher de se demander si elle n’aurait pas dû utiliser une ou deux illusions plutôt. Des « si » qui étaient bien trop tard. Plongée dans un profond sommeil réparateur – et « presque » reposant si on occultait ses traditionnels cauchemars –, elle n’exprimait plus aucune hypothèse. Et la belle au bois dormant se réveilla. Sans « surprise », elle se trouvait dans un lieu parfaitement inconnu et scellé. Elle concentra son chakra et … se rendit compte qu’il n’était plus « à disposition ». Il était présent, mais circulait naturellement, poursuivant son cours jusqu’à un point précis : des sceaux.

« S’il croit que je vais avoir peur avec ça, il se trompe lourdement. J’ai bien vécu presque six mois sans chakra … » se dit-elle. La priver de chakra n’en était que plus « dangereuse » dans le sens où elle était totalement et entièrement concentrée sur son environnement et les événements actuels et futurs. Elle n’agirait presque plus aussi spontanément que dans ces ruines.

Quelqu’un finit par rentrer avec un plateau en argent et un plat peu ragoutant. Tsukiko n’avala pas immédiatement, se contentant de fixer cet homme.

- Bonjour ... Quel talent ! Et quelle beauté ! Vous vous portez comme un charme. Je suis vraiment curieuse sur la crème que vous utilisez pour garder une peau si parfaite malgré toutes les épreuves, demanda-t-elle avec un sourire affable et un ton incroyablement mielleux. D'ailleurs, vous m'excuserez d'avoir effondré un plafond entier sur vous j'espère? Je suis assez impulsive comme personne. Surtout dans mon domaine ou quand il est question de mon clan.

Le ton n’était pas moqueur, mais les paroles oui.

- J’aurais bien voulu dire « goutez histoire que je m’assure que rien n’est empoisonné » mais vous devez aussi, peut-être, avoir une eau de jouvence ou quelque chose comme ça qui purifie votre de toutes impuretés de cette planète et du temps.

Elle attira le plateau vers elle, analysant le plat. Sincèrement, qu’avait-il cuisiné là ? Les oignons étaient-ils brûlés ou était-ce une épice étrange inconnue ? A contre cœur, elle piocha dans le ragoût et l’ingurgita. Elle n’avait guère le choix, à bien y réfléchir. S’il était empoisonné, elle mourra. Si elle ne mangeait pas, elle finira par mourir si tel était le désir. A contrario, si le plat était « inoffensif », alors elle se devait de le manger pour récupérer très, très rapidement des forces.

Elle mâchouilla longuement, mastiqua lentement et avala avec difficulté. La peur d’avoir avalé une « connerie » n’était que plus présente.

- Vos yeux … c’est quoi leur problème ? Vous voyez la vie tout en or … ou comme … tout le monde ? C’est-à-dire le bleu est le bleu, le rouge est le rouge …

Cette fois-ci, elle était vraiment curieuse. Elle se fichait à cet instant d’être plongée ou non dans une illusion. Elle était dans le lieu par excellence pour subir tout ce qu’il fallait sans que quiconque entende. Malgré cela, il était hors de question qu’elle fasse les yeux doux, qu’elle supplie ou qu’elle tape inutilement – dépensant aussi inutilement de l’énergie – sur une action vaine.

Pour être franc avec lui-même il s'était attendu à ce que la Kunoichi tente de l'assommer par surprise à l'aide d'une chaise plutôt que de se montrer coopérative. Hors ce fut tout le contraire. A croire que la « séquestration », s'il en était, tendait à la rendre plus docile. L'inconnu avisa avec attention de son unique œil d'or visible la jeune femme en train de manger. Il analysait chacune de ses réactions faciales afin de déterminer, sans qu'elle n'ait à donner son avis, ce qu'elle pensait du repas qu'il avait eut tant de mal à lui préparer. Visiblement ce ne fut guère concluant. Il émit un petit soupir déçu, se grattant le haut du crâne de son bras valide avant de s'asseoir directement sur le tapis, juste en face de la table basse. Les petits piques acerbes qu'elle avait tenté de brandir à son encontre ne le touchèrent nullement.

-Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas du genre rancunier.

L’intonation de sa voix laissait toujours sous entendre un brin de moquerie. A chaque fois, son attitude semblait contredire les paroles qu'il employait ou inversement ce qui donnait de lui l'impression qu'il mentait en permanence.

-En ce qui concerne cette fameuse eau de jouvence. Il n'y en a pas. Disons simplement que les êtres purs sont épargnés par les outrages du temps et du monde. Dit-il en arborant un large sourire énigmatiques.

Elle se montrait curieuse, mais aussi beaucoup plus conciliante. Non pas qu'il n'aimait pas que l'on parle de lui, bien au contraire, s'il avait la possibilité de se retrouver au centre de toute l'attention du monde il n'hésiterai pas un instant. Néanmoins, parler de lui n'aiderait pas à faire avancer les choses, tout du moins pas pour cette fois. Instinctivement, il posa deux doigts sur son œil droit qui se mit à fixer un point perdu dans le vide.

-Je pourrais vous le dire, mais après, je serais obligé de vous tuer. Et nous ne souhaitons pas cela. N'est-ce pas ?

Un nouveau sourire, plus sympathique cette fois, qu'il accompagna d'un discret clin d’œil doré.

-Cependant, quoi que je veuilles, quoique je fasse, le bleu restera toujours bleu et le rouge sera toujours rouge.

L'inconnu aimait à parler par énigme, mais il s'appliquait à le faire uniquement pour répondre à des questions sans importances. Lorsqu'il abordait un sujet plus sérieux, il savait se montrer clair et concis exactement comme il s'apprêtait à le faire à cet instant.

-Pourriez-vous m'en dire davantage à votre sujet, ainsi qu'en ce qui concerne vos amis invités par Hélios ? Je cherche à comprendre pourquoi le comte s'intéresse à vous. Cela pourrait nous permettre d'anticiper ses futurs actions, mais aussi d'empêcher une éventuelle catastrophe.

L'homme au regard d'or et aux cheveux immaculés était perspicace. Il ne connaissait que la Kawaguchi depuis peu, cependant il avait deviné en elle une nature curieuse à l'égard des mystères. D'une certaine façon cela leur faisait un point en commun. Et si elle était aussi tordue que lui, elle ne pourrait que s'intéresser à toutes ces histoires.

Tsukiko faillit rire lorsque l’inconnu lui demanda de but en blanc de donner des informations à son sujet ou encore sur celui de ses amis ou des invités du Comte Hélios soit Yamada Kioshi, Ketsueki Yami et Toshiro Ogami. Cependant, devant le sérieux de l’inconnu, elle garda ce silence, ne se contentant de lancer qu’un regard terriblement noir.

- Pitié, épargnez-moi vos numéros de bons Samaritains qui seraient épargnés par je-ne-sais-quelle-divinité et qui serait donc pur, alors qu’en fait votre organisme n’est qu’une anomalie chakratique, finit-elle par dire le plus sincèrement du monde. Je ne suis pas vraiment une croyante. Voilà un premier indice sur qui je suis.

Se moquait-il donc d’elle ? Pensait-il qu’elle allait avoir peur et tout donner aussi instantanément, sans chercher à comprendre, sans chercher à savoir, sans chercher à réfléchir ? Peut-être manquait-elle de discernement mais la situation ne prêtait guère à la confiance : elle avait été traînée dans un coin inexploré des Ruines de son clan, a été menacé de mort, a failli frôler la mort avec cette eau chargée en électricité, et a été téléporté très loin de son pays natal, coupé du monde même … Les choses auraient été différentes si cet homme s’était présenté à elle gentiment et poliment, avec un nom et prénom et en annonçant plus ou moins clairement ses intentions. Si les choses ne frôlaient pas le mystérieux ou le complot, Tsukiko aurait été la plus grande aide dans cette exploration. Edge comme Yeux Dorés s’étaient très mal pris, et autant dire qu’ils subiront tout deux les conséquences, bonnes ou mauvaises. Quant à ses amis … elle agira constamment pour leur bien, et leur faisait confiance pour se sortir de toutes les situations possibles et imaginables.

- Je suis ce qu’on appelle une Survivante, mon cher ami. Ma famille et mes amis et mes ennemis sont morts … pour que je reste en vie. Et c’est ce qui va vous arriver. Votre « grande » pureté ne sera que l’esclave de ma Survie, annonça-t-elle d’une voix froide. Donc je suis aussi un être un peu maudite. Voilà le second indice sur ma personne.

Elle réfléchissait quoi dire autrement.

- Tellement maudite que je suis un peu rejetée au sein de mon clan. Mais je l’aime quand même, tellement que je supporte mal qu’on les insulte. D’ailleurs … Le fait d’être rejetée vous a aidé à me capturer. Les Kawaguchi sont unis et forts, impossible de capturer quelqu’un sans subir de sacrés dégâts, fit-elle avec un clin d’œil, ayant assumé depuis des années sa condition de bâtardise. Je suis une Bâtarde, dans le sens biologique du terme, voilà le troisième indice.

La force du clan Kawaguchi reposait sur son unité. Il était difficile de s’en prendre à un de ses membres sans avoir le clan entier à son dos. Petit à petit, suite à tous ces attentats, la sécurité et la confiance du clan vis-à-vis du village flanchait, poussant à être encore plus conservateur que ce qu’ils étaient … Ce qui sous-entendait également gérer les problèmes en leur sein. Si un Kawaguchi était traître, c’était au clan de punir, et non à un village. Une pensée qui se répandait doucement mais sûrement.

- Dernier indice, j’adore mes amis. C’est un peu ma famille … On ne se prend pas à eux sans subir de lourds dégâts. Alors je vais vous expliquer ce qui va se passer. Nous allons reprendre les présentations, sans menace de mort. Vous allez me libérer de ces chaînes donc nous pourrons parler à égal. Et vous allez également m’expliquer ce qui se passe, et je vous dirais si je vous aide, ou non.

Ses traits n’avaient rien de sympathiques, et étaient même durs.

- Bonjour, Kawaguchi Tsukiko. Enchantée … et vous ? demanda-t-elle avec un ton toujours froid.

-Le monde est bien cruel. Des enfants comme vous ne devraient pas avoir à grandir dans de telles circonstances...

Le ton de sa voix était complètement détaché. Il disait cela en regardant ailleurs et ne semblait pas un seul instant convaincu par ses propres paroles. On aurait cru qu'il se contentait simplement de discuter de la pluie comme du beau temps et non du passé douloureux d'une jeune femme ayant subit les tourments et les affres de la guerre. Après quoi il garda le silence, se contenta d'écouter avec attention le récit de cette vie perdue. Un sourire benêt pendait à ses lèvres tandis que son œil d'or à demi clos ne la quittait pas un seul instant. Il trouvait troublant qu'elle se confie aussi soudainement à lui et sans faire preuve de la moindre retenue. Pourtant, il se doutait qu'elle ne pouvait mentir, ses paroles étaient trop franches, trop directes pour être faussés. En venait-elle à lui faire confiance ? Ou s'agissait-il simplement des mots d'une personne assumant pleinement son passé ? Si le deuxième cas de figure s'avérait véridique, alors l'inconnu avait devant lui une personne plus intéressante qu'il ne l'aurait cru.

-Voici une triste histoire. Peut-être est-ce donc devenu votre plus grand défaut, celui de cesser de croire...

Son visage ne reflétait que peu d'émotion, avec son air égaré, il ressemblait plus à un simplet qu'à un homme de valeur. Pourtant la lueur dans son regard présageait une tout autre état d'âme. Il n'était ni froid, ni arrogant ; ni bienveillant, ni sage. Il était le témoin du temps et des existences passées, des âges écoulés...

-Au moins cela nous fait un point commun. Je suis également un enfant illégitime, mais cela ne m'empêche pas de...

Ses mots moururent au bord de ses lèvres. Tous deux se toisaient mutuellement, il s'amusa à faire couvrir sa main le long de la table basse telle une petite araignée rampante pour finalement poser un doigt sur le plateau repas. Dans un geste mécanique, il le fit glisser jusqu'à lui pour ensuite goûter ce fameux ragoût de son propre cru. Après quelques mastications, son visage bleui de dégoût. Il se demanda alors comment la jeune Kawaguchi avait fait pour avaler cela. Ce faisant il reporta le bol a sa bouche pour en recracher le contenu à l'intérieur et cachant le tout dans son dos pour ne pas paraître trop indécent.

-Il ne me reste plus qu'à espérer faire mieux la prochaine fois...

Ce qu'elle proposa ensuite fut des plus intriguant. Désirait-elle vraiment repartir sur de nouvelle base ? Il n'en était pas convaincu. Néanmoins ce petit jeu là l'amusait et il accepterait de s'y prêter si cela pouvait lui permettre de faire avancer les choses. Ainsi se présenta-t-elle pour la première fois. Le ton de sa voix était toujours aussi froid, toujours aussi insistant. Il comprit alors que c'était à son tour de répondre. Néanmoins il hésita un instant, posant un index sur sa lèvre, arborant une mine pensive. Il se demandait s'il devait lui dire ou non la vérité.

-Je me nomme Aozora Noa. Et je suis l'oncle d'Oniri.

Il ne savait pas vraiment si elle allait le croire ou non. Au final cela n'aurait pas d'importance. Savoir qui il était ne changerait rien au dénouement de cette histoire contrairement à ce qu'il cherchait réellement a accomplir.

-Ma famille à été détruite par celle d'Hélios il y a de cela quinze-ans. Il cherchait à s'emparer du pouvoir d'Izaki Aozora, ma sœur, et qui n'était autres que la mère de votre amie. A présent je cherche à rendre justice à ma lignée, à tous ceux que j'ai perdu, mais également à retrouver le dernier membre de famille encore en vie.

A croire que ce sourire le quittait jamais. Pourtant le ton de sa voix semblait plus déterminé. Quelque mèche de cheveux retombaient devant son visage assombrissant ses traits. Et cet œil, toujours cet œil. Cette lueur mystérieuse. Si Kawaguchi Tsukiko pouvait encore croire, elle y aurait reconnu l'espoir.

- Courir derrière de vains espoirs n’est plus mon activité favorite non. Je préfère faire face à la réalité et régler les ennuis et problèmes immédiats, répondit du tac-au-tac la demoiselle lorsque l’inconnu fit référence à l’espoir et à la croyance.

A quoi bon croire dans un tel monde ? Le Yuukan n’était qu’un château de cartes géant qui ne cessait de se détruire à chaque souffle de vent qui prenait la forme de guerre, de conquête, de soif de pouvoir des uns ou encore d’expériences monstrueuses et inhumaines des autres, et qui laissait à son sillage que souffrance, désolation, perte et colère. Ces mêmes sentiments qui allaient le souffle de vent dévastateur de demain. C’était un cercle vicieux infini, indéfini … éternel. Elle ne cherchait plus à espérer d’un lieu de vie sécurisée et paisible, où les libertés et les aspirations de chacun étaient respectées. Elle ne croyait plus non plus en la loi du plus fort, physiquement parlant, car les Shinobi – malgré leur puissance – continuaient à mourir pour de stupides ordres. La Blonde ne jurait que plus que par « L’influence » et le « Pouvoir » prenant la forme de richesse ou d’information. Avoir les deux n’était que la voie royale pour dominer et gouverner son monde, ou le monde.

La Bonté ? La Paix ? La Violence ? La Rébellion ? La Liberté ? La Dictature ? Que des « conneries éphémères » pour la demoiselle. Dorénavant, à moins que le projet soit solide et adapté à la réalité ou que son leader dégageait assurance et confiance pour Tsukiko, elle ne suivrait plus. Pire, elle pourrait chercher à mettre fin et à briser les rêves. Rêver de trop, voilà un geste dangereux dans le monde Shinobi. Un geste salutaire dans le monde Civil par contre, geste qu’elle voyait encore et encore au Heaven Night, seul lieu où elle pouvait se permettre de « s’évader » et de « reposer » cet esprit défaitiste et de plus en plus cynique.

« Oncle ?! » s’étonna-t-elle, ouvrant grand les yeux. A bien y regarder, les deux avaient des traits communs et un petit air de ressemblance. Cependant, loin de calmer sa suspicion, il ne faisait que l’attiser. Une suspicion qui n’allait que grandissant devant le récit de cet homme. Plusieurs choses ne « collaient » pas à cette histoire-ci.

S’il était l’oncle et souhaitait « retrouver » son dernier membre de famille, soit sa nièce en l’occurrence, pourquoi n’a-t-il pas cherché une aide de manière plus conventionnelle ? Par timidité ou parce que lui-même avait ses propres projets pour cette fameuse nièce ? Enfin, pourquoi la maintenait-elle toujours prisonnière alors qu’en tant que connaissance et amie d’Oniri, Tsukiko pouvait l’aider ? Peut-être parce qu’il ne cherchait pas vraiment à l’aider.

- Triste histoire. Cela arrive bien trop souvent malheureusement. La soif de pouvoir rend aveugle à bien des choses. Vous êtes bien déterminés … Mais pourquoi que maintenant et pas avant ?

Oui, Tsukiko avait reconnu ce ton plein d’espoir mais sa suspicion perversifié tout le sens. Retrouver le dernier membre de famille pour le serrer dans ses bras ou le tuer ? Les « Espoirs » d’un esprit sain différaient fortement de celui d’un esprit « malade ».

- Si vous désiriez tant la retrouver, pourquoi ne pas avoir contacté directement Suna, ou tout simplement nous-même au lieu de nous suivre … Enfin me suivre, et me menacer de mort ?

Méfiante, elle l’était mais elle ne le montra pas. Non, elle jouait la demoiselle surprise par les paroles et révélations de l’homme aux yeux dorés, ou encore être cette demoiselle empathique qui comprenait l’importance de la famille ou terminer par cette petite fille cherchant à comprendre les actes d’un homme qui semblait désespéré.

La petite Kawaguchi avait acquis une bien triste vision du monde. Enfin, Noa ne pouvait lui en vouloir. Elle n'était ni la première, ni la dernière. Cependant, avec ce qu'il prévoyait de faire d'elle, peut-être deviendrait-elle en mesure de changer les choses autant en bien qu'en mal. Néanmoins seul le temps le dirait, il n'était encore certain de rien. Il ne la connaissait pas assez, elle pas plus que les autres. Telles étaient les raisons pour lesquelles ils cherchaient à en apprendre davantage à leurs sujet.

Un fois son identité révélé, le visage de la jeune femme s'éclaira d'une expression surprise. En la voyant ainsi réagir Noa fronça des sourcils, penchant légèrement la tête sur le côté comme s'il examinait un animal d'une espèce inconnue. Cette petite était douée, vraiment très douée, mais il avait eut tout à loisir de l'observer lorsqu'elle était en compagnie d'Akashi, estimant dès lors savoir en partie comment elle fonctionnait.

-Si j'avais su où on l'avait emmené j'aurais cherché à la rejoindre immédiatement. Malheureusement elle avait disparut sans laisser de trace. Finalement elle se trouvait à l'autre bout du monde, à Suna même. Je n'ai appris que récemment que Satoshi était l'auteur de tout ceci. Naturellement, j'ai voulu mener ma propre enquête.

Sur ces mots il plongea sa main valide dans une des poches de son pantalon pour en sortir un petit bonbon encore dans son emballage. Dans un premier temps il s'efforça à vouloir l'enlever en utilisant ses dix doigts, mais la douleur de son membre emplâtré le rappela à l'ordre. Une petite grimace fendit son visage. Cet Akashi ne l'avait pas loupé. Puis, cette petite ampoule s'alluma au-dessus de sa tête et il défit le papier en le coinçant entre ses dents, suite à quoi il engloutit la friandise sans somation ni procès.

-Quant-à ce qui vous concerne. J'ai pris la peine d'analyser votre caractère. Vous dire la vérité n'aurait mené nul part ou aurait été trop long. Si un honnête homme comme Akashi n'est pas parvenu à vous convaincre, je n'aurais jamais été en mesure de le faire. Le principal problème étant que nous manquons de temps.

Il parlait la bouche pleine tant et si bien qu'un tiers de ses mots étaient mâchés. Cela n'avait pas vraiment d'importances, ce qu'il venait de dire n'en avait pas. Et devant la perplexité de la Kunoichi il se contenta alors de lever l'index vers le plafond.

-L'éclipse. Elle est pour bientôt.

Noa n'avait de cesse de compter le temps qui passait. Chaque jours, chaque heures, chaque minutes le rapprochait un peu plus de l'inéluctable. Son doigts toujours levé vers le haut, il agita brusquement la main pour faire apparaître un plan qu'il déplia sur la table. Il s'agissait en réalité de schémas et de calcules complexes visant à déterminer le circuit lunaire autour de la terre.

-La dernière à eut lieu il y a de cela vingt-ans, celle d'avant il y a quatre-vingt-dix ans ; la prochaine dans quatre-vingts dix années également, mais il sera sans doute trop tard pour nous tous.

L'homme détourna les yeux du documents pour poser un regard interrogatif à la Kawaguchi

-Avez-vous déjà entendu parler de ce que l'on appel l'énergie naturelle ? Ou encore le chakra Senin ?

Il marqua une pause simplement pour la forme. Qu'elle sache ou non, il comptait tout de même répondre à sa propre question

-L’énergie naturelle est en quelque sorte la source de vie de notre monde. Dans chaque élément de la nature circule cette énergie. L'eau des torrents, l'herbe fraîche sous vos pieds, la brise d'automne ; il y en a absolument partout. Mais ce qui nous intéresse est celle du soleil ou plus exactement celle du soleil transformée par la présence de la lune dans son champ de rayonnement. Il s'en dégage alors une énergie particulière qu'Hélios souhaite exploiter d'une façon ou d'une autre. Malheureusement je ne saurais dire pourquoi car mon savoir ce limite là. Mais je suis tout de même en mesure d'affirmer que cela est lié à ma nièce.

Et là était tout le problème. Noa ne supportait pas que les plans d'un homme tel qu'Hélios puissent lui échapper. Son agacement était tel qu'il croqua subitement la friandise dans sa bouche, la réduisant en miette.

- Oh excusez-moi, je n’ai pas eu vraiment une éducation modèle pour distinguer le bon gars du mauvais gars. Cependant vous avez fortement raison : il faut faire confiance à un homme avec sa capuche, qui donne pas son prénom, qui prétend avoir été celui qui envoie une mystérieuse invitation au nom d’une mystérieuse personne sans donner de détails supplémentaires et qui vous mène on ne sait où sans donner de véritables raisons, dit-elle avec une fausse sincérité. Disons qu’on sort à peine d’une ou deux catastrophes dans le village. Cependant promis, la prochaine je ferais confiance et j'apprendrai de même à mes enfants si j'en ai un jour, dit-elle avec ce ton toujours ironique.
 
Oui, ce fameux Akashi pouvait être un homme adorable et extrêmement sincère mais toujours est-il que lui comme ce petit homme aux yeux dorés s’était très, très mal pris vis-à-vis de Tsukiko. Les mystères, elle appréciait peu ces derniers temps. Aussitôt après, elle se tut, écoutant la suite des paroles de cet Illuminé. Il parlait de l’Eclipse, du Soleil, d’une Energie Naturelle exploitable par un homme … Tout un merveilleux scénario opposant le bien au mal, un scénario vu et revu aux yeux de Tsukiko.
 
« Un scénario où personne ne gagne » conclut-elle. Il y aura des morts, il y aura des blessés, il y aura des déçus … des deux côtés. La seule chose qui pouvait être un baume au cœur pour les hommes et femmes gagnants étaient le prix de leur gain. Dans ce cas présent, valait-il seulement un tiers des efforts déployés ou qui allaient être déployé ? Tsukiko n’en savait rien, et n’était que davantage mal à l’aise au vue de la tournure de la situation. Quelle allait être son rôle dans tout ça ? Balancer ses amis à un parfait inconnu ? Jouer cette petite balance, sans savoir si elle faisait bien ou pas de se confier à eux ?
 
Elle ne lança qu’un rapide coup d’œil au plan dessiné par cet homme. Elle en comprenait deux ou trois pans mais non la totalité. Certes, ses projets de développement l’avaient aidé à maîtriser deux ou trois plans mais uniquement les plus basiques. Dès qu’on ajoutait des calculs complexes, elle était complètement perdue.
 
- Et mon rôle là-dedans ? finit-elle par demander, ne cessant d’analyser cet homme.
 
Elle avait remarqué – ou plutôt entendu – le pauvre bonbon se briser dans la mâchoire même de cet homme. Soit parce qu’il était trop mou – le bonbon, entendons-nous bien -, soit parce qu’il était sacrément énervé – Noa entendons-nous bien.
 
- Je veux bien croire à tout ceci, sincèrement, mais le seul hic est que je suis un peu seule, isolée de mes amis qui me seront d’un excellent conseil et je n’ai qu’une version des faits. Juste, et uniquement, votre point de vue. Ce cher Helios est dépeint comme le grand méchant loup par vous comme ce Akashi … qui s’était nommé Edge. Soit. Pourquoi l’avoir attaqué dès lors d’ailleurs ? Dis comme ça, il aurait dû être de votre … côté non ? finit-elle par demander.
 
Non… Rien n’était convainquant pour la demoiselle. Et pour bien le signaler, elle balançait ses petites mains devant, montrant et dégageant les poignets où les sceaux bloquaient son chakra. Certes, elle était calme mais elle serait plus calme avec une ou deux capacités de défense.
 
- Sincèrement, débarrassez-moi de ces trucs. Vous êtes imbattables et inécrasables, je risque pas de vous faire grand-chose.

En l'entendant ainsi parler, à l'écoute du ton sarcastique qu'elle employait contre lui, il comprit, qu'indubitablement, jamais il n'aurait été en mesure de la convaincre de quoique ce soit. Et puis il était par nature bien trop centré sur lui-même pour comprendre les sentiments d'autrui. Mais déjà, il venait de passer à autre chose. Tentant avec difficulté de se retourner le cerveau pour comprendre les tenants et aboutissement de cette histoire. Ne pas savoir l'agaçait et ce sentiment était parfaitement lisible sur son visage tandis qu'il mâchouillait bruyamment les restants de sa friandise.

-Vôtre rôle aurait normalement du s'arrêter à l'instant même où vous auriez ouverts les trois stèles dans le temple. Désormais, nous sommes coincés, et je ne saurais probablement jamais ce que renferment les autres...

De l'ignorance, toujours plus d'ignorance. Cela l'énervait. Il posa son coude sur la table et sa joue sur son poing fermé. On aurait dit un gamin à que l'on venait de priver de sortie. Noa écouta de nouveau la petite Kawaguchi parler, se contentant de tourner un œil d'or agacé dans sa direction avant d'aller un fixer un point perdu dans la chambre.

-Vous ne semblez toujours pas comprendre. Je ne suis du côté de personne. Pas plus du votre que celui, d'Akashi ou encore de Hélios. Je ne sers que mes intérêts personnels et agis purement par égoïsme.

Au moins avait-il le mérite d'être clair sur ce point. Suite à quoi elle vint quémander sa libération en tendant ses poignets. Noa s'attarda un instant sur ces petites mains frêles.

-Imbattable certes, mais sûrement pas inécrasable. Mais n'ayez craintes, vous retrouverez vos amis en temps voulu.

Puis il leva son bras blessé comme preuve ce qui lui arracha un rictus de douleur. Même s'il pouvait utiliser ses pouvoirs pour accéléré le processus de guérison il lui faudrait tout de même plusieurs semaines de convalescence avant de se remettre en état.

-Voyez-vous, je n'ai aucune confiance en vous. En soit, cela nous fait un point commun supplémentaire.

C'était pour cette raison qu'il l'appréciait. Elle était si égoïste, si imbu d'elle même. Une enfant tout bonnement adorable. Noa émit un petit soupir avant d'agiter à nouveau sa main valide car, comme il semblait aimer les cartes il venait d'en faire apparaître une nouvelle qu'il déplia par-dessus la précédente. Cette fois-ci cette dernière fut beaucoup plus compréhensible, car il était tout simplement question d'une carte du Yuukan. Plusieurs croix avaient été faite au marqueur sur le pays de Kaze et de Yuki.

-Malheureusement je n'ai d'autre choix que de compter sur votre aide. Voyez-vous, mes jours en ce monde sont comptés. Je tire actuellement ma force du chakra Senin engendré par les prémices de l'Éclipse.. Une fois cette dernière passé je cesserai d'être. Ce sera à vous de reprendre mes recherches. Vous ne le ferez pas pour moi, mais je sais que vous le ferez pour vous-même.

Lui qui ne pouvait comprendre les autres demeurait en mesure de se comprendre lui. Et s'il pouvait se comprendre, il était en mesure d'en faire tout autant avec la Kawaguchi, tout du moins en parti. Évidemment il ne comptait nullement lui expliquer ce pourquoi son existence dépendait de l’Éclipse. Posant son index sur l'une des croix présentes sur Kaze, il débutant cette nouvelle leçon d'histoire.

-Ici se trouvent les ruines où nous étions. Il en existe de nombreuses dans le même genre qui parsèment le désert. Et que penseriez-vous si je vous disais que l'on retrouve exactement les mêmes à Yuki ? Son doigt glissa sur la carte pour aller se poser sur une nouvelle croix. Elle désignait la montagne du Yodaï dans la province de Mirune. Ces deux pays sembles liés d'une certaine façon. Des analyses géologique de la terre issu des profondeurs de Kaze attestent que le pays n'a pas toujours été un désert. Elles laissent à penser que le pays du bois étaient jadis beaucoup plus vaste... Il est difficile de fixer une datation précise, mais il est fort probable, qu'il y a plus de mille dans de cela, le Yuukan était bien différent de celui que l'on connaît à présent.

Noa espérait que son hôte serait attentive car il n'aurait guère le temps de se répéter. Il n'avait jamais le temps pour cela.

-Nous pouvons donc en conclure que les Anciens qui peuplaient Kaze se trouvaient également à Yuki. Là-bas également, il ne reste rien pouvant expliquer leur soudaine disparition. Je pense cependant qu'un démon est à l'origine de tout cela.

S'il avait été en mesure de croiser les bras pour se donner un air plus sérieux, il l'aurait fait, mais comme ce n'était pas le cas, il se contenta d'adresser un regard entendu à l'encontre de la Kunoichi.

-Vous l'avez-vu n'est-ce pas ? Cette fresque. Six apôtres, deux cristaux et une entité démoniaque. Ils sembleraient que tous soient entrés en conflit. Les figures narrant l'histoire s'arrêtent à cet instant. Nous pouvons donc présumer qu'il s'agit de l’événement déclencheur de cette fin précipité.

Son doigt tapota à plusieurs reprises la croix désignant la montagne de Yodaï.

-Il s'agit des seules ruines que je n’ai pas été en mesure d'explorer. Et ce sera notre prochaine destination.

Ce faisant, d'un geste habile de la main, il replia les deux cartes pour, non pas pour les faire disparaître dans un tour de passe-passe, mais pour les tendres à la jeune Kawaguchi.

-Si tous se passe comme prévu pour vous et vos amis et que vous survivez, je souhaiterai que vous retourniez dans le temple à Kaze et que vous ouvriez les deux autres stèles afin de découvrir ce qu'elles renferment. Mes forces commencent déjà à faiblir et je ne suis plus en mesure d'y retourner.

Ses lèvres se fendirent d'un sourire. La balle était désormais dans le cas de la Kunoichi. Il ne pouvait pas être sûre de ce qu'elle ferait, mais il attendait sa réponse avec une certaine impatience.

L’égoïsme, un mal aussi prévisible qu’imprévisible. En effet, on pouvait aisément deviner les motivations d’une personne mais rarement ses « actions ». Souvent, l’égoïsme était un partenaire de l’immoralité et du manque de scrupule d’un être humain. Egoïsme qu’elle partageait presque avec cet homme, sauf qu’elle avait encore une part « d’empathie » tournée vers sa « famille » à Suna. Pour eux, elle brûlerait tout le Yuukan … sans la moindre hésitation. Elle avait déjà perdu trop de monde. Cependant, elle ne tuerait pas sans une raison, sans avoir cherché une autre solution bien, bien avant. Utopique mais tel était le cas. Mal interprété, tout autant. En effet, des sentiments nobles tâchés par des actions extrêmes et souvent impulsives.

- Le problème est que je n’ai qu’une version de cette histoire. J’aurais bien voulu connaître une deuxième version, et décider. Vous savez, comme vous, si cela va dans mon sens, alors je saurais faire preuve d’une motivation et d’une fidélité à toute épreuve.

Et c’était la pure vérité. Elle pouvait être la meilleure alliée si, et si seulement si, on ne mentait guère à la demoiselle et si elle y trouvait une curiosité ou encore un intérêt. Un trait de caractère qu’elle gardait de ses nombreux « vagabondages » dans les rues, lorsqu’elle était gamine. Quelle maison était la plus riche ? Que se passait-il dans le village ? Tant de questions, et tant de balades à toute heure et à tout temps.

- Et nous allons visiter ces ruines sans mon pouvoir ? demanda-t-elle sérieusement. Dois-je vous rappeler que les Ruines Kawaguchi n’étaient pas vraiment un modèle de sécurité ? Enfin, ne me dîtes pas que je vais rester sans chakra jusqu’à Yuki no Kuni et également dans le pays.

Soudainement, elle « sentit » quelque chose : le froid. Elle avait un terrible frisson, et l’odeur de la pièce n’était pas celle si caractéristique de Suna dans une nuit glaciale … C’était un froid qu’elle avait oublié, mais qu’elle avait goûté à de multiples reprises durant sa jeunesse. C’était un froid « glacé », apportant la « neige ».

- Où sommes-nous exactement ? Ne me dîtes pas qu’on y est … déjà ?!

Elle se tut, observa cet homme et ses yeux s’agrandirent.

- J’ai pas pu dormir plus d’une semaine …

Et elle se rappelait du soudain « éclipse » dans les Ruines lorsqu’on l’avait agrippé comme des nombreux sceaux dans les environs. Cet homme, comme Kibo, devait être habile dans l’art de se déplacer instantanément. Cependant contrairement au Sunajin, celui-ci allait plus loin, et avec un passager supplémentaire.

- Pays de la Neige … savez-vous que ce n’est pas vraiment mon « environnement » de prédilection ? Si vous pouviez … euh … évitez de m’affaiblir plus que je ne le suis. Et puis si on tombe sur des bêtes, j’avoue que je souhaiterai me protéger moi-même. Je n’effondre plus rien, je ne vous écrase pas, je ne vous tue … Car je ne peux pas. Donc il n’y a rien à craindre de moi.

Elle pouvait créer du sable avec son propre chakra mais l’exercice était gourmand en chakra et épuisante de surcroît. Souvent, elle appréciait maîtriser le sable dans les environs ou encore, réduire en miette la terre ou la roche pour s’en servir… Cependant, elle doutait franchement faire de même avec un sol gelé sur plusieurs mètres. Peut-être était-ce possible mais alors l’activité était aussi épuisante que créer son propre sable.

- Je survivrai bien davantage si j’ai mes capacités avec moi, insista-t-elle, peu à l’aise à l’idée de finir sous terre sans une maîtrise de son chakra. Elle avait été retenue dans un état « équivalent » plusieurs semaines, en somme que de mauvais souvenirs. J’insiste.

Elle se tut, pour le fixer.

Elle tentait une nouvelle fois de le convaincre de la libérer. Ces arguments étaient d'une certaine façon valable, mais Noa doutait fortement de leurs authenticités, pour la simple et bonne qu'elle était une menteuse affranchie ayant, de surcroît, tentée de le tuer. Comme lui elle éprouvait une certaine satisfaction à se jouer des autres.

-Ne vous inquiétez pas ma chère. En ce qui concerne les ruines, je peux dès lors vous assurer que la voie sera dégagée au moment de notre venu. Vous n'avez rien à craindre, j'y veille avec soin...

Toujours à parler de façon aussi énigmatique. Néanmoins, s'il lui avait révélé ce qu'il comptait réellement faire, elle aurait sûrement cherchée à lui sauter au cou. Et il ne tenait aucunement à ce que le col de sa tunique ne soit froissé. Puis il la vit écarquiller des yeux, sans doute pouvait-elle comprendre où est-ce qu'ils se trouvaient à présent. Un sourire malicieux fendit son visage, oui, lui aussi aimait à se jouer des autres. Provoquer cette expression surprise sur le visage de la jeune femme était en tout point délectable.

-Non, vous n'avez dormi que deux jours. Et oui nous somme bien au Pays des Neiges.

Noa avait vu et fait de nombreuses choses au cours de sa vie. L'une d'elle lui permettait désormais d'accomplir ce genre de prouesse, mais il ne s'agit que d'une démonstration parmi tant d'autres. Ses pouvoirs étaient nombreux, mais ils ne cessaient de décliner au fur et à mesure que l’Éclipse approchait. Cela justifiait en partie son temps limité. Et comme pour le rappeler à l'ordre. Un tintement sonna dans sa poche. Il en ressorti sa montre à gousset à l'intérieur de laquelle se trouvait plusieurs cadrants ornés d'étranges symboles exotériques ainsi que de nombreuses aiguilles. Pour le commun des mortels, les indications données étaient incompréhensible. De son côté la Kunoichi avait continué sa plaidoirie qu'il n'écoutait que d'une oreille. Son visage arborait une mine agacée comme si ce qui était en train de se passer sur le cadrant de sa montre à gousset était plus important que les dires de la jeune femme.

Il leva l’œil dans sa direction.

-Nous pourrions partir du principe que je pourrais éventuellement vous retirer ces sceaux, mais avant cela vous devrez me prouver votre bonne foi.

Il l'avait suivit jusque dans les profondeurs de Kaze, l'avait menacé de mort, manqué de la tuer avant de la kidnapper afin de mieux la séquestrer à l'autre bout du monde. Le plus ironique dans cette histoire, étant qu'il était persuadé que c'était encore à elle de faire ses preuves.

-Voyons ce que nous pourrions faire... Il se gratta instinctivement le haut du crâne comme si cela pouvait l'aider à mieux réfléchir. Je pourrais vous laisser partir. Toujours avec ces sceaux. Vous auriez deux jours pour apprendre à connaître la région. Une fois le délai écoulé, vous reviendrez ici et je vous retirerai ces entraves.

Le parie semblait presque honnête. En revenant d'elle même à lui, elle témoignait de sa volonté à vouloir agir dans son intérêt. De l'autre, elle pouvait tout autant chercher à s'enfuir pour ne jamais revenir, ce qui, en l’occurrence, risquait de se révéler plus fâcheux. Néanmoins Noa se félicitait d'être si bien parvenu à comprendre la façon de procéder de la Kunoichi.

-Il me faudra encore quelques semaines pour récupérer de mes blessures. Après quoi nous commencerons à passer à l'action. Avec un peu de chance nous réussirons même à retrouver vos amis. Ces derniers sont actuellement tous en route pour le Pays des Neiges.

Il arborait un sourire innocent. A croire qu'il n'était pas capable de mesurer les tenants et aboutissant de tout ceci. Suite à quoi il se redressa péniblement en prenant la peine de laisser les plans sur la table basse.

-Navré de nous faire faux bond, mais il est temps pour moi de m'éclipser.

Ce n'était certainement pas le meilleur jeu de mot qu'il avait pus faire. Avant de franchir le seuil de la porte, il se retourna brièvement, arborant toujours ce sourire affable un rien niais.

-Bonne journée à vous Kawaguchi-san. J'espère sincèrement vous retrouver.

Ce faisant, il ferma la porte derrière lui, mais jamais Tsukiko ne l'entendit descendre les marches. Lorsqu’elle se rendit dans le couloir, il ne restait aucune trace de son passage.

Le marché était d’une absurdité « totale », et « presque » trop honnête. Qu’espérait-il obtenir d’elle en la laissant vagabonder durant deux jours à Yuki no Kuni, un territoire aussi inconnu qu’hostile ? Que lui cachait-il en évitant de lui expliquer le fonctionnement de cette « étrange » montre ? Qu’avait-il en tête ? Voilà l’excellente question. Il quitta le lieu, ignorant royalement la main que Tsukiko tendit vers lui pour l’arrêter. Lorsqu’elle accourut à la porte pour l’ouvrir afin d’interpeller ce « crétin », elle eut droit à un couloir vide.
 
Sa seule et unique réaction – légitime dirions-nous – était de crier haut et fort sa rage et sa frustration. Un sentiment qui n’allait que grandissant lorsqu’elle approcha d’une fenêtre et vit que le coin était en proie à une tempête de neige de plus en plus grondante et violente. Si cela avait été une tempête de sable, elle aurait pu se frayer un chemin – elle ne se limitait plus à rester dans un cocon dorénavant avec son niveau actuel -. Mais ce n’était guère le cas.
 
« Il est drôle le bonhomme, à me balancer dans une tempête de neige, avec les fringues que j’ai » se disait-elle, fixant ses vêtements un tantinet estivaux. Elle fit le tour du lieu, dénicha un sac par-ci, un manteau large par-là, des vivres de-là, des lunettes, gants et pulls là-bas … Elle se préparait. Et elle attendit. Certes, elle était impatiente de quitter ce maudit lieu mais à quoi bon si c’était pour mourir complètement gelée au fin fond d’un coin paumé et impossible à localiser du Pays de la Neige.
 
Le tout s’était calmé en début de soirée. Mais Tsukiko, qui s’était un tantinet assoupi après avoir fait une fouille des lieux – pour tenter de trouver quelque chose d’intéressant -, n’avait guère vu le calme après la tempête. Elle ne vit qu’un paysage atrocement calme et silencieux.
 
« Bien, allons-y ! C’est l’aventure ! » se disait-elle, mettant un premier pied dans la neige. La scène qui suivit était « hilarante » car ayant perdu tout habitude de voir la neige ou d’être attentive à ses « pièges », la demoiselle s’étala de tout son long sur cette neige, ayant mis un pied dans un coin un peu profond avec une neige un brin trop poudreuse.
 
« Ca promet… ».
 
Oui cela promettait entre les verglas dissimulés, les petits « nids de poule » de Yuki no Kuni ou encore la petite balade non innocente de quelques bêtes sauvages comme les ours polaires. Elle avait tenté de s’envoler sur sa plateforme de sable mais avait abandonné bien vite l’idée lorsque, au bout de dix minutes, elle ne rappela qu’un certain petit bonhomme l’avait privé de son précieux chakra.
 
- Tu vas me le payer, espèce de salaud. Je te le jure … se promit-elle, usant de cette « rage » et « fureur » pour avancer encore et encore vers une destination totalement inconnue.
 

Ainsi, dans la nuit calme et noire de Yuki no Kuni, une petite forme tentait désespérément de se frayer un chemin vers la civilisation humaine, priant fortement qu’un expert en Fuinjutsu s’y trouverait afin de la libérer de ses chaînes.

Elle prit la décision de partir. Affrontant vent et tempête dans l'espoir de trouver un échappatoire. Mais la jeune Kawaguchi semblait se trouver au milieu de nul part. Il n'y avait que de la neige, des arbres et des montagnes qui se profilaient vers le lointain. Entourée par les ténèbres et le froids, ne sachant guère où aller, elle continuait d'avancer malgré tout vers l'inconnu.

Malheureusement ses forces ne tardèrent pas à lui faire défaut, en plus de son incapacité à user de son chakra. En ces terres inconnues et hostiles, elle n'était qu'une proie facile. Par instant, hésitante, elle se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de retourner dans ce chalet à l’abri des intempéries. Épuisée, à bout de force, elle finit par s'effondrer dans la neige. Emmitouflé dans son manteau, elle perdait lentement espoir.

Puis Noa réapparut au milieu de la tempête, telle une apparition fantomatique tout de blanc vêtue. Le vent, aussi glacial fut-il, ne semblait nullement le déranger. Son bras était toujours en écharpe. Il s'approcha de la Kunoichi, plia les genoux pour arriver à sa hauteur.

-Décidément, vous êtes incorrigible. Aussi bornée et têtue qu'Oniri.

Il posa un doigt sur la chevelure de la Kawaguchi et tous deux se téléportèrent dans la chambre où ils avaient discuté quelques jours plus tôt. Sitôt il l'a porta d'une main pour l'allonger lentement sur le lit. Puis, levant la paume dans sa direction, il utilisa un étrange pouvoir afin d'augmenter la chaleur de la pièce et aider le petit corps frêle de Tsukiko à se réchauffer.

-Vous devriez arrêter de n'en faire qu'à votre tête et de compter un peu plus sur les autres.

Sur ces mots, il retira les sceaux qui entravait le chakra de la demoiselle. Cette dernière rouvrit les yeux, apercevant le visage de Noa, qui comportait un détail plus qu'inattendu. Ce dernier ne s’aperçut de son étourderie qu'à l'instant. Mais plutôt que de chercher à s'en cacher, il se mit à arborer un fin sourire énigmatique, posant son index sur ses lèvres afin d'intimer le silence.

-Prenez le temps de vous reposer. Nous avons de grande chose à accomplir Kawaguchi-san !

Et il s'en alla, refermant la porte derrière lui. Tsukiko avait du mal à croire ce qu'elle venait de voir. Il ne pouvait pourtant s'agir d'une coïncidence.

La tempête avait rejeté les cheveux de Noa en arrière de sorte à dévoiler la partie de son visage jusqu'alors cachée.

Son œil gauche était blanc, visiblement aveugle. Et il était traversé verticalement par une cicatrice...

A quoi bon avancer car elle ne trouverait guère la moindre vie avant plusieurs heures ? Pourquoi s’entêter de fuir un piège que le fameux Noah avait construit avec soin ? A nouveau, elle était frustrée par cette aisance qu’on ces étrangers ou comploteurs pour toujours avoir un pas d’avance vis-à-vis des Shinobis ou de Suna même. Si elle avait pu savoir tout cela, s’interroger plus sur chaque clan … SI seulement.

Soudainement, Noah apparut devant elle. Elle sourit, rigola même un coup, se rendant compte de la stupidité de son acte. Jamais il ne l’aurait laissé partir ainsi. Non, pas tant qu’elle n’aura pas juré une quelconque allégeance ou fidélité, ou alors tant qu’elle ne serait pas morte.

- Que savez-vous d’elle, vous avez toujours été absent de sa vie, répondit la demoiselle d’un ton dénué de toute ironie, ou de colère ou de pitié. Non, ce n’était qu’une voix terne, marquée par l’épuisement provoquée par le climat impitoyable de Yuki no Kuni.

Kaze no Kuni et Yuki no Kuni, deux différentes en terme de climats et compositions mais si similaires en terme de perversité et de cruauté à l’égard de ses habitants ou visiteurs. Impuissamment, encore, elle se laissa transporter jusqu’à la demeure instantanément. Aussitôt après, elle ressentit une douche chaleur l’envelopper.

- Ne me dis pas que tu as aussi des origines de Yamada, conclut-elle, s’interrogeant sur cette soudaine chaleur l’envelopper, et se répandre dans toute la pièce.

Et puis elle vit ce fameux morceau de visage caché : un œil blanc traversé par une cicatrice. Elle y mit doucement une petite main et un doigt fit le tour de cet œil.

- Qu’as-tu vécu exactement pour être devenu ainsi ? On ne devient pas ce que l’on est sans une bonne justification, n’est-ce pas ? Dit-elle de cette voix un tantinet fatigué.

Jouait-elle une énième comédie ? Oui et non. Oui, car la situation pourrait s’y prêter et il était clairement son seul et unique échappatoire donc autant user de tout ce qu’elle pouvait – mensonge comme vérité -, et non car elle était bien trop épuisée pour avoir imaginé un plan machiavélique et ingénieux ou bien trop stupide et naïf.

Peine perdue. L’homme quitta la pièce.

Mais cette fois-ci, elle avait retrouvé son chakra. Fuir aurait été une des premières solutions mais, à nouveau, cela aurait été stupide. Elle ne connaissait ni le lieu, ni son adversaire … Il valait peut-être mieux – pour la première fois de son existence – jouer la carte de la prudence que l’agressivité et l’impulsivité qui l’avaient caractérisées ces derniers mois.

Elle dormit mais d’une oreille, toujours aux aguets à la moindre présence ou bruit. A son réveil, elle se contenta d’attendre la suite.

"Pourquoi un oeil blanc ? Le seul oeil blanc que je connaisse est une caractéristique du clan Hyuga, à Konoha ... Hyuga, Saibogu, Yamada ... C'est pas normal".

Il y a anguille sous roche, mais de quelle côté ? Ce mystérieux comte ou ce Noah ?