Le voyage avait paru bien long, ennuyeux et surtout très inconfortable ! Suite à son combat au Pays du Fer, contre un Samouraï dont il avait brièvement entendu le prénom, qui lui semblait être Taku, il dut patiemment attendre que des Ninjas de Kumo viennent le chercher, ne s'attirant aucun mérite dans cette affaire. Sa situation était loin d'être enviable et pourtant, ce n'est pas cela qui l'empêcha d'utiliser sa langue de vipère et de cracher quelques provocations vénéneuses à l'encontre de ses antagonistes. Très vite, un des jeunes ninjas, portant le nom de Kisen, eut l'occasion de montrer un petit aperçu de ses pouvoirs, et grâce à du Ninjutsu Kinton, il créa un cocon métallique qui enferma Kurasa...
Voilà la première fois que le ninja masqué arrivait au Pays de la Foudre puis au Village des Nuages, mais il n'eut aucune opportunité de voir quelque chose pour photographier visuellement les lieux. De plus, pour une première, être considéré comme un criminel potentiellement dangereux alors qu'il n'avait, pour une fois, rien à voir dans les conflits qui avaient frappé Tetsu lors de son arrivée, n'était pas la meilleure manière d'entamer une première expérience dans ces contrées montagneuses.
Surtout que Kumo, le deuxième village de l'histoire du monde ninja, n'était pas franchement connu pour être conciliant avec ceux qui représentaient une menace, mais pas de quoi faire peur le membre du Youhei no Sekai. Il allait affronter de face tout ce qui l'attendait ! Interrogatoire, prison, voir même la torture, rien de tout cela ne l'effrayait et il allait trouver un moyen ou un autre pour retrouver sa liberté ! À vrai dire, la tactique du mercenaire allait être très simple et limpide, s'il dit la vérité et qu'il se retient de jeter une quelconque provocation, il n'y aurait aucune raison pour que le village décide de le garder en tant que prisonnier. Il n'avait rien à voir avec les meurtres des civils, son seul crime était une idéologie considérée comme menaçante contre le système shinobi...

D'un coup, il se sentit poser sur le sol, restant malgré tout dans sa hauteur. Le jeune ninja qui l'avait transporté pendant toutes ses heures étaient en train de parler à une personne qui était évidemment inconnue pour Kurasa. Écoutant, du mieux qu'il pouvait, leur petite conversation, il en déduit qu'ils étaient enfin arrivés à la porte d'entrée du village, plus connu sous le nom de Sentier Perdu. C'était un lieu sous surveillance constante, avec des équipes qui devaient se relayer plusieurs fois par jour pour assurer une défense de qualité, ne laissant aucun élément perturbateur échapper à leur champ de vision, il est dit que personne ne pouvait franchir cet espace sans se faire repérer !
Puis, un fragment de lumière commençait à percer le toit de son cocon et envahit de plus en plus l'espace. Le contraste de lumière était assez violent à encaisser, a tel point que les yeux du prisonnier mirent quelques secondes avant de s'y habituer et de pouvoir le laisser observer ce qui se trouvait autour de lui. Des dizaines de shinobis étaient bel et bien là pour surveiller l'entrée du village des Nuages !
Une main, appartenant au garde qui discutait avec Kisen, vint ensuite se poser sur sa nuque et c'est alors qu'il sentit un chakra assez puissant se déverser le long de son corps. Le Nukenin n'était pas né de la dernière pluie, il avait aussi appartenu à un village autrefois et connaissait un peu les pratiques des systèmes de défense qu'ils avaient l'habitude d'utiliser. Il ne faisait aucun doute qu'un sceau lui avait été apposé, seulement son utilité pouvait être multiple. Il pouvait servir de détecteur de mensonge, de bloquer de chakra ou, dans une moindre mesure, de perturbateur de cette énergie si affilié aux ninjas...

« D'abord, le cocon métallique, puis un sceau plutôt puissant... Vous prenez beaucoup de précautions pour un ninja qui n'a commis aucun crime. »

Une nouvelle information vint s'ajouter à la situation. Son entrée dans le village n'allait pas se faire tout de suite, pas avant qu'un nouveau personnage fasse son apparition ! Et cette personne serait un membre du Satoru. Ce nom ne disait absolument rien aux oreilles de Kurasa, de toute façon, il ne pouvait faire rien d'autre qu'attendre...

Mon nouveau grade m'avait ouvert les portes d'un bureau rien que pour moi. Il était certes, simple et petit, mais c'était largement suffisant pour quelqu'un comme moi. Je ne traînais que très peu ici et j'avais demandé ces quatre murs juste pour quelques semaines le temps de m'organiser. Devenir chef d'une unité implique de l'organisation et de nombreuses décisions. Je devais avoir un point fixe pour me concentrer sur tout cela et aussi m'occuper de différents papiers. En vérité, je préparai quelque chose de bien plus grand pour le Naitei, mais le projet était encore en cours. Seul Shadis, mon fidèle bras droit connaissait les quelques détails. J'avais envoyé le Hakushi se renseigner sur tous les Kumojins afin d'obtenir le profil de chacun et voir qui pourrait intégrer le Naitei. De ce fait, j'étais seul dans mon bureau à signer quelques papiers pour engager diverses personnes pour divers projets.

D'un coup, un homme frappa à ma porte. Tout en lui indiquant qu'il pouvait entrer, l'homme m'expliqua que j'étais demandé au Sentier Perdu. Le chef et un membre du Kazai ainsi qu'un prisonnier attendent mon arrivée. Notre équipe de senseur avait détecté ces deux hommes et j'avais demandé à être prévenu lors de leur venue. C'était maintenant chose faite. Je me levai rapidement de ma chaise et remerciai l'homme qui m'avait transmis ce message.

Parcourant les longs couloirs du palais à une allure convenable, je réfléchissais sur ce mystérieux prisonnier. Qu'avait-il fait pour être emmené à Kumo ? Je fais confiance au jugement du Kadoria, mais je restais intrigué. En tant que membre du Satoru, je me devais d'intervenir au plus vite et dans les règles. C'était d'ailleurs ma première intervention en tant que membre de cette prestigieuse unité. J'étais à l'heure actuelle, le numéro trois de Kumo et je dois avouer que j'étais satisfait de ma progression. Ma profonde blessure m'avait éloigné de Kumo pendant plus d'une année et je ne pensais pas réussir à revenir au niveau pour devenir le shinobi que je suis maintenant.

Dans tous les cas, j'étais maintenant sorti du palais et je me dirigeai vers le sentier avec une très grande vélocité. En très peu de temps, je faisais face au prometteur Kisen. Bras droit du Kazai. Je ne l'avais jamais rencontré en personne et de ce fait, je me devais de me présenter dignement.

« Mes hommages Kisen. Je me nomme Monjara Shinji. Ravie de pouvoir enfin vous rencontrer en personne. »

Un coup d’œil discret sur cette prison de métal pour y observer plusieurs choses. Tout d'abord, un shinobi de Kumo affecté au sentier perdu. Puis, un homme aux vêtements singuliers au milieu de cet amas de métal. Ce dernier semblait dans l'incapacité de bouger et d'après une brève observation, on lui avait déjà posé le sceau qui empêche le chakra de circuler correctement. Tout a été fait dans les règles, mais je me devais d'intervenir sur quelques points.

« Kisen. Pouvez-vous retirer ce cocon de métal ? Même si c'est un prisonnier, cet homme reste un être humain. Rendons-lui un minimum d'espace vital. Je vais m'occuper de sa surveillance à partir de maintenant. »

Mes fils sortirent de mon poignet afin de lier les mains de ce prisonnier. Les fils étaient très résistants et s'en défaire sans utiliser de chakra semblait inconcevable. Je me tournai de nouveau vers Kisen.

« Désolé de vous déranger de nouveaux Kisen-san, mais pouvez-vous m'expliquer les tenants et les aboutissants de sa capture ? »

Après tout, je ne vais pas mettre un homme en prison sans savoir pourquoi.

En tant que prisonnier, le temps semblait s’écouler bien plus longtemps que d’habitude. Ajouter à cela le voyage inconfortable au possible qu’il avait vécu et qui n’arrangeait rien à cette impression ! Kurasa n’avait qu’une chose à espérer, c’est que l’homme que tout le monde attendait se dépêche d’arriver et de faire poursuivre cette problématique aventure au Pays de la Foudre !
De plus, la petite pique qu’aurait voulu envoyée les paroles du Nukenin n’avait pas reçu de réponse très intéressante de la part de son transporteur. Kisen restait aussi insensible que de la roche et l’invitait même à ne pas lui adresser la parole de nouveau, nul doute que ses provocations avaient bien plus d’effet sur ce satané samouraï qui prône stupidement la paix !
Tant pis, ce n’était pas si grave. L’ancien ninja de Kiri n’était de toute façon pas là pour transmettre de la sympathie, d’ailleurs ce pour quoi il était accusé prouvait justement tout le contraire ! Lors de son affrontement avec le dénommé « Taku », ses paroles étaient, en effet, une menace à l’égard de tous ceux qui soutiennent cette idée de paix, le système shinobi et, par conséquent, les villages ! Seulement, le témoin principal de ces propos n’était plus présent et personne d’autre que lui n’était capable de transmettre, avec exactitude, les paroles prononcées par le mercenaire pour prouver sa culpabilité…

Sur le papier, cela pouvait ressembler à un mauvais choix tactique, de la part de ceux qui tiennent le rôle des gentils dans cette affaire. Mais le mercenaire devait rester prudent, plusieurs facteurs pouvaient venir assombrir la suite de ces péripéties !
Déjà, il ne savait pas de quoi étaient capables les services chargés des interrogatoires. Ils pouvaient être capables d’exercer la torture et le membre du Youhei no Sekai ne savait pas quelle serait sa capacité à encaisser une telle pratique !
Puis, ils pouvaient avoir l’idée d’endurcir leur jugement s’ils apprenaient que le présumé coupable était originaire de Kiri. Il y avait une vieille histoire entre son village d’origine et celui dans lequel il allait bientôt pouvoir pénétrer. Et elle n’était pas des plus joyeuse !
Enfin, quel pourrait bien être sa sentence si par malheur, il était jugé comme étant coupable ? Avec un peu de chance, il ne serait condamné qu’à rester enchaîné dans une prison aux allures vertigineuses. S’il s’avère que ce n’est pas le cas, Kumo risque bien de ne pas se déranger avec un shinobi de son espèce et ordonnerait donc de l’exécuter !
Rien de très glorieux en fin de compte ! Quoi que, ils pourraient penser à une troisième solution, plus risquée, mais avec un peu de moyens, elle serait beaucoup plus intelligente…

Quoi qu’il en soit, voilà que quelques minutes plus tard le personnage que tout le monde attendait fit enfin son apparition ! Préférant rester silencieux, Kurasa se contenta d’observer la scène, assistant à l’échange d’amabilités des deux Kumojins, qui lui permit de rajouter un nouveau nom à la liste des ennemis ayant participé à cet épisode de sa vie…
Monjara Shinji était donc le membre du Satoru qui s’était fait désirer. Le prisonnier pouvait se douter que ce nouvel arrivant devait être assez puissant, probablement du niveau d’un Juunin et pourtant, il avait plus l’allure d’un domestique que d’un shinobi à craindre ! Pour en rajouter un peu plus à l’étrange, ce qu’on pouvait qualifier d’ordre, même s’il était maquillé en simple demande, consistait à libérer l’accusé de son cocon métallique ! En même temps, il n’avait pas grand-chose à craindre de lui grâce au sceau apposé quelques minutes plus tôt.
Les plaques de métal se fissuraient de part en part et rendaient une partie de liberté au mercenaire, tandis que ce dernier fixait de ses yeux rouges le membre du Satoru. Très vite, une nouvelle étreinte vint à lui. Shinji avait tissé d’étranges fils et liaient ainsi les mains de Kurasa pour l’empêcher de tenter quelque chose de stupide…
Puis, il demanda une nouvelle chose à Kisen ! La raison de la capture du ninja masqué…

Encore une fois, le concerné aurait eu bien des choses à dire, mais il se contenta de rester muet. Premièrement parce que Kisen avait déjà pris la parole et deuxièmement parce que ce dernier lui livra, involontairement peut-être, une information qu’il convoitait, le nom complet du samouraï qu’il avait combattu !

*Katsuo Takusanken ? Hmmm… *

Nul doute qu’il allait bien retenir ce nom. Quelle que soit la situation qui l’attend, il allait s’en sortir et retrouver cet homme coûte que coûte ! Il était pour le moment la personne qui s’opposait le plus à son idéologie, c’était bien simple, il pensait tout le contraire ! Et il ne devait pas manquer à son nindo, ses objectifs… S’il retrouvait Takusanken, un nouvel affrontement aura lieu, plus violent que le précédent et il ne se terminerait pas sans qu’un des deux y succombe…

Le jeune ninja du village des Nuages disparu juste après avoir terminé sa phrase. Kurasa était maintenant entre les mains de Shinji, du Satoru et allait mettre un premier pied dans Kumo !

« Et si nous passions à la suite ? »

Un nom de plus venait s'ajouter à mon long répertoire. Tenbatsu Kurasa. Un homme dont je ne connaissais pas l'existence avant aujourd'hui se présente devant moi avec le bras-droit du Kazai. Lors de ma requête pour libérer ce personnage de cocon de métal, je vis un homme imposant, mais discret. Il portait des vêtements assez amples pour ne pas dévoiler sa carrure. Ces derniers étaient souvent composés de noir et de rouge. Un long col rouge venait judicieusement cacher une partie de son visage laissant apparaître seulement ses yeux d'un rouge sanglant. Pour combler tout cela, le protagoniste en question portait un grand chapeau de paille afin de dissimuler le reste de sa tête. Il semblerait que Kurasa tente par tous les moyens d'éviter de montrer son visage au monde. C'est sûrement justifié et pour le coup, cela rendait le personnage intéressant.

Ma question était cinglante, mais nécessaire. Le Tenbatsu était sûrement coupable d'un quelconque crime pour que les Kumojins le considèrent comme un prisonnier. Je m'en remettais au jugement de mes homologues, mais dans le doute, je préférais vérifier par moi-même. Pour faire cela, il me fallait les deux versions de l'histoire. Tout d'abord, celle de Kisen. Je voulais savoir les raisons de l'arrestation de protagoniste du point de vue du Bannin.

Très vite, il m'expliqua ces dernières en commençant par un nom. Katsuo Takusanken. Il ajouta qu'il était venu quelques mois auparavant afin de discuter avec le Raïkage d'une possible alliance. Il serait à l'origine de la capture de cet homme et d'après lui, le prisonnier aurait manifesté des intentions criminelles avant de l'agresser. Le Kumojin ajouta que pour le moment, ceci représentait les seules charges contre Kurasa.

Je remerciai Kisen pour ces explications et me tournai alors vers ce fameux criminel. Il me fallait, maintenant, la dernière version de l'histoire. Celle du Tenbatsu. Il avait le droit d'expliquer son point de vue et m'expliquer le déroulement de sa capture. D'ailleurs, ce dernier me demanda si nous passions à la suite. Je lui répondis immédiatement.

« Avec plaisir, Kurasa-san. »

Je faisais signe au prisonnier de passer devant afin de garder un œil sur lui. Nous étions maintenant dans Kumo et les villageois nous regardaient attentivement. J'accélérai très peu ma vitesse afin d'arriver presque au niveau du Tenbatsu.

« Kurasa-san, pouvez-vous m'expliquer votre version de votre arrestation ? Les charges envers votre personne semblent légères et j'aimerais en savoir plus avant de prendre ma décision. »

Il se vit inviter à effectuer le premier pas par Monjara Shinji, ce membre qui appartenait à cette branche du village dont il ne savait rien, le Satoru. Décidément, son accoutrement allait bien avec sa personnalité et les manières qu’il aimait se donner, cependant le prisonnier du jour n’était pas prêt à se faire duper. C’était peut-être la première fois qu’il se retrouvait dans cette situation et pourtant, il avait bien idée des manipulations que pouvait user ce genre de service d’interrogatoire. Mettre à l’aise l’accusé, se montrer sympathique en espérant qu’il soit plus coopératif, car il espère lui-même que ça arrangerait son cas…
Un jeu auquel le mercenaire n’allait pas participer. D’ailleurs, c’était peut-être à tort, peut-être que toute son attitude était vraiment honnête et remplie de bonnes intentions. Seulement, ce monde est tellement fourbe que Kurasa ne voulait laisser aucune fenêtre entrouverte susceptible de le laisser se faire avoir. De toute façon, son attitude de base ne laissait pas franchement d’ouverture à une once de sociabilité. Même si cette scène ne durait en réalité que quelques secondes, il ne le lâcha pas du regard, tentant de le jauger, de le percer à jour…

*Monjara Shinji… Une personnalité aussi étrange que son pouvoir. Je ferais mieux de m’en méfier, il a l’air d’être une personne importante du village et est sûrement plus puissant que moi…*

Transporté dans ce satané cocon métallique, il avait mis de nombreuses heures avant de pouvoir accéder à ce village, extrêmement protégé et situé en altitude, qui ne faisait pourtant pas partie de son itinéraire. Bien que le Nukenin ne soit pas encore recensé dans un seul Bingo Book, il se devait quand même d’éviter les grandes nations afin de ne pas se mettre, lui et ses camarades, en danger. Pour cette expédition, c’était raté !
Les mains liées et le regard toujours aussi féroce, il s’exécuta sans dire un mot de plus. Il mettait pour la première fois, et il espérait que ça ne serait pas la dernière, les pieds au sein de ce grand et puissant village que représentait Kumo. Ce n’était pas un village de pacotille, il était connu pour avoir été le deuxième village à avoir vu le jour, après celui de Konoha, et sa puissance militaire n’était plus à prouver. Ils avaient déjà mené de redoutables attaques, notamment contre la Furyou Gogyou Makka, mais surtout à l’encontre du village de la Brume contre lequel ils eurent de nombreux affrontements, jusqu’à la destruction de ce dernier…

Quelques regards étaient braqués sur lui, comme s’il allait monter à l’échafaud, mais il n’y prêta pas plus attention que cela. Ses yeux restaient braqués droits devant lui, se contentant de marcher en suivant les indications de son nouveau transporteur si jamais il devait y en avoir. Pensant qu’il allait être mené jusque dans une salle, à l’abri de regards, afin de subir un traitement que ne pourrait pas imaginer un simple civil, il fut surpris de voir son interrogatoire commencer dès maintenant ! En pleine rue, alors que Shinji arrivait au niveau du Nukenin, lui proposant de raconter sa version des faits, comme si celle-ci pesait réellement dans la balance !
Il n’avait que quelques fractions de secondes pour réfléchir à ce qu’il allait dire. Prendre trop de temps avant de répondre pourrait paraître suspect et raconter toute la vérité de but en blanc n’allait pas vraiment plaider en sa faveur. À ce moment précis, il espérait pouvoir manier l’art des mots au même niveau qu’un de ces Seigneurs ou Kages hauts placés et hypocrite à souhait !

« Mon arrestation n’est que le fruit d’une sérieuse confrontation avec celui qui semble être votre allié, Katsuo Takusanken. »

La simple prononciation de ce nom pouvait faire bouillir de rage le membre du Youhei no Sekai. Le samouraï était devenu son rival, un homme avec qui il avait engagé un combat idéologique et contre qui il n’avait qu’une envie : prouver que c’est son idéologie qui est la bonne !
Comment allait-il y parvenir ? Plusieurs choix s’offraient à lui. Le plus simple serait de réussir à s’échapper de son statut de prisonnier, remonter la trace de son ennemi et de le lui prouver par la force ! Ou bien, sa victoire pourrait être le fruit d’une bataille à long terme et par un quelconque moyen, il arriverait à noircir le cœur de tous les hommes et faire éclater une nouvelle Grande Guerre à échelle mondiale !
Enfin, pour le moment ce n’était que des idées, des rêves, il n’en avait pas fini avec sa réponse…

« Nos deux visions du monde s’opposaient clairement et un affrontement paraissait inévitable. J’ai perdu ce combat, il a ensuite jugé que je représentais une menace et a donc fait appel à quelques ninjas de Kumo pour faire de moi un prisonnier. »

Prisonnier. Voilà un terme que je trouve utilisé à tort et à travers. Ce mot signifie être privé de liberté. C'est, en effet, vrai, mais, d'une ou de la liberté ? Un prisonnier a le droit de parler, de bouger, etc. En soit, il conserve certaines libertés, même si d'autres lui sont retirés. En soit, un homme n'est que prisonnier, selon un contexte, un environnement. Actuellement, Kurasa doit sûrement se sentir prisonnier. Cependant, pour moi, j'ai simplement limité ses mouvements et réduit ses choix de destination. Je ne l'ai pas privé de sa liberté, mais de quelques libertés. J'ai toujours trouvé ce concept d'être prisonnier assez flou. Enfin.

Quoi que l'on pense de ce mot et de sa signification, c'était la première fois que j'escortai un prisonnier au sein de Kumo. D'habitude, mon rôle était de localiser et ramener un homme en question. Je confiai ensuite le reste à Kumo et repartis souvent pour une autre mission. Néanmoins, en ce jour, je me devais de répondre présent. En tant que nouveau membre du Satoru, je devais commencer à opérer en tant que tel. Habituellement, la réception des prisonniers se fait par l'intermédiaire du Kazai, mais pour le coup, c'était Kisen, bras-droit de cette unité, qui accompagnait le Tenbatsu. De ce fait, un haut gradé du village devait intervenir et c'est ici que je rentre en jeu !

La plupart du temps, les gardiens ne soucient que trop peu de leur prisonnier. Cependant, je n'étais pas l'homme qui l'avait capturé, mais simplement, le passeur. Je connaissais que trop peu d'informations sur cet homme et ses dis crimes pour me montrer hostile. Quand bien même, ce n'est pas dans ma façon de faire. Je lui avais donc, calmement, demandé de me raconter sa version sur cette histoire globalement sombre et obscure.

Au fur et à mesure que nous avancions, de plus en plus de regards venaient se poser sur nous. J'essayais de rester droit et de me focaliser sur Kurasa qui était devant moi. Les civils étaient habitués à voir passer des prisonniers, mais à chaque fois, ils s'arrêtaient pour regarder ce spectacle gratuit. Après tout, c'était le moment sortant de l'ordinaire de leur petite journée. Nous serions criminels de ne pas leur laisser le loisir de profiter de cette marche. Même si, en réalité, il n'y a rien d'exaltant.

L'homme au grand chapeau de paille expliqua, finalement, sa version des faits. Son arrestation résulte d'une confrontation avec l'homme se nommant Katsuo Takusanken. Le Bannin avait évoqué ce nom plutôt. C'était, en théorie, un allié de Zennosuke et donc, de Kumo. Si le Godaime a placé sa confiance dans cet homme, je me dois de faire de même. Il ajouta que ce combat se basait sur des visions du monde différentes. Le mystérieux homme aurait perdu ce combat et Takusanken a jugé que cet homme était dangereux. De ce fait, il a fait appel aux forces de Kumo pour que ce ninja errant devienne un prisonnier de Kumo.

Je ne savais pas quoi penser de cet homme. Est-ce que se battre pour ses idées est un crime ? Je ne pense pas. Je serai enclin à le relâcher, mais il existe un risque non-négligeable que ce genre d'incident se reproduise. Qui plus est, le Katsuo nous a confié cet homme. Le relâcher serait trahir la confiance d'un allié de Kumo. Je ne peux pas me permettre ça.

« Bien. Je n’ai pas en main toutes les informations nécessaires pour prendre le risque de te relâcher. Pour l’instant, je vais te conduire aux prisons de Kumo. Je vais discuter de ton cas avec mes homologues et nous reviendrons vers toi plus tard. »

C’était ferme, mais juste, du moins, je l’espère. Nous étions maintenant arrivés au niveau des geôles de Kumo. Je transmettais mon savoir sur ce cas au gardien afin qu’il s’occupe du shinobi errant et qu’il inscrive ce dernier sur le registre. Je saluai sobrement le prisonnier et partis en direction de mon bureau pour rédiger un rapport que j’allais transmettre au Satoru et à Zennosuke.

Info:

Sur l’instant, Kurasa ne savait pas si les mots qu’il avait choisis étaient les bons. Malgré le fait qu’il soit un Nukenin, éprouvant une haine sans pareil envers les ninjas, il décida malgré tout de raconter une partie de la vérité, n’omettant pas de masquer son but que seul Katsuo Takusanken pouvait deviner. Au fond de lui, il espérait pouvoir compter sur le manque d’informations, qu’avaient reçu ou retenu les ninjas de Kumo qu’il avait rencontré jusqu’à présent, pour être relâché dans la nature. Ces espoirs étaient très faibles tant cela pouvait s’avérer dangereux pour un village de laisser circuler un shinobi dont ils ne connaissaient ni le niveau ni les intentions et venant d’un haut gradé, comme celui qui l’accompagnait, cela relèverait de la faute professionnelle !

D’ailleurs, la sentence ne tarda pas à tomber et bien sûr, elle ne fut pas celle que pouvait espérer l’ancien ninja de Kiri. Monjara Shinji lui indiqua, de manière aussi courtoise que depuis le début de leur rencontre, qu’il ne pouvait faire autrement que de l’emmener aux geôles de Kumo, en attendant que lui et ses homologues statuent sur son sort. Cette information ne faisait qu’assombrir les prochains moments qu’allaient vivre le mercenaire. Il ne savait pas qui étaient ces fameux homologues, quel genre d’attitudes ils pouvaient se trainer et quels pouvaient être les décisions prises. De la simple discussion, comme celle qu’il venait d’avoir, à un interrogatoire plus musclé, voir en allant jusqu’à la torture, il n’y avait qu’un pas et les ninjas du Village des Nuages n’étaient pas connus pour être des tendres.
Du coin de l’œil, il observa celui qui l’escortait. Son attitude était toujours aussi étrange et la prudence de Kurasa l’obligeait à s’en méfier. Il ne l’avait pas rajouté à la liste de personnes dont il se vengerait sûrement, comme Kisen, Sho, Kongoh et, bien sûr, Katsuo Takusanken, pour lui avoir fait subir ce qu’il considérait comme une humiliation. Il prit même la peine de lui répondre…

« J’espère que cette réunion aura lieu rapidement. Je ne compte pas rester dans votre prison très longtemps… »

Et ses camarades du Youhei no Sekai alors ? Avant de partir à l’aventure, pour parcourir un monde qu’il ne connaissait que trop peu, il avait profité de leur présence pour leur annoncer le parcours qu’il envisageait de faire. Si dans un premier temps, il appréhendait légèrement le fait de les prévenir de son départ temporaire, il fut vite rassuré par les réactions d’Ozai et de Yamanaka Hiro, qui l’encourageaient de partir à l’aventure et d’en profiter pour recruter des ninjas s’il en avait l’occasion ! Malheureusement, ils ne pouvaient pas s’imaginer que les choses avaient tourné de bien mauvaises manières aussi rapidement pour le ninja masqué ! Quand est-ce qu’ils allaient se rendre compte que l’absence de leur camarade devenait longue ? Est-ce que Hiro avait déjà essayé de le contacter pour un contrat ou voulait-il le laisser se débrouiller dans la nature encore quelque temps ? Et surtout, s’ils se rendent compte qu’il y a effectivement un problème, quelle idée allaient-ils avoir pour venir au secours de Kurasa ? Beaucoup d’autres questions pouvaient traîner dans l’esprit de ce dernier, promettant un avenir aussi mouvementé que sa vie de ninja lui promettait !

Quelques instants plus tard, le voilà déjà arrivé aux geôles de Kumo, prêt à être remis à un des gardiens de cette immense prison. Il ne retourna pas le salut que lui avait envoyé Shinji. Il tentait déjà de garder en lui cette attitude hostile qu’il pouvait avoir, alors faire preuve d’hypocrisie lui était impossible ! Par la suite, il fut conduit à sa cellule, rencontrant de nouvelles mesures de sécurité lui limitant toute action possible. Il n’avait guère besoin de menottes, ayant les mains toujours attachées par la technique du Monjara, et son chakra était déjà perturbé par un sceau, qu’on lui avait apposé aux portes du village, malgré tout, on le mit derrière des barreaux, dans une cellule qui était aussi marquée d’un sceau empêchant l’utilisation du chakra !

Il ne pouvait rien faire d’autre que s’asseoir et regarder droit devant lui, attendant l’heure où il pourra se défaire de cet emprisonnement. Que tous les acteurs qui auront participés à cette scène se préparent à l’instant où Tenbatsu Kurasa gouttera de nouveau à la liberté, car il n’aura qu’un but, respecter son nindô, vivre avec la violence et faire appel à la vengeance !

Spoiler: