Seul dans la chambre de l’hôtel qui m’a été attribué par les soins de ce charmant Eiko, je me repose silencieusement. Je me penche sur mes dernières décisions, sur l’avenir du Clan Zen’Ryou et sur mon propre futur. Couché, une jambe pliée servant d’appui pour la seconde, les bras sous ma nuque, j’observe le plafond sans réellement le voir. Mon cure-dent bouge d’un coin à l’autre de ma bouche au gré de la direction de mes pensées. Laissant le pied suspendu dans les airs battre le rythme d’un air qui n’existe pas, une idée germe lentement dans mon esprit, gouvernant toutes les autres.

*J’ai une envie immense de prendre un coup.*

Néanmoins, probablement parce qu’Eden me l’avait reproché, je tente de rester plus loin de l’alcool. C’est assurément une affliction, pour moi, et il est vrai que je dois le combattre. Ainsi, calme, serein, je me concentre sur mes respirations, je médite, m’enfuyant profondément au centre de mon être. Spirituellement ancré dans le vide, perdu au centre de l’espace imaginaire que mon cerveau crée, je me laisse m’éveiller alors que mon corps, lui, sombre dans le sommeil.

Un bruit.

Strident.

J’ouvre seulement l’œil droit pour découvrir que je suis maintenant couché sur le côté.

*J’ai dormi?*

Je prends position assise et expire un long moment. Mon soupire semble être une lamentation. Je me surprends moi-même! Je secoue la tête, passe longuement une main dans ma crinière blonde et me lève. Dans l’optique d’aider mon réveil, je m’envoie quelques gouttes d’eau dans le visage tout en faisant ma toilette.

*Suis-je réellement devenu si épuisé? J’ai réellement besoin de repos si je n’arrive plus à méditer sans m’endormir.*

Je souris mélancoliquement.

Une fois habillé et nettoyé, je décide de me rendre en ville pour y découvrir la Foudre en dehors de ce magasin qu’Akashi m’a fait découvrir et le savant fou que j’ai découvert avec cet Huriko. Je ne sais pas quand les hommes en charge viendront me chercher, mais on m’avait confirmé que je pourrai rencontrer le dirigeant de cette nation, celui qui détient le titre de Raikage.

Une fois à l’extérieur, la lumière me surprend. Selon la hauteur du soleil, j’ai l’impression qu’il n’est pas réellement plus tard que midi. Mon ventre grommelle, me confirmant ce que je pensais. Je marche un peu plus rapidement, m’engouffrant dans les ruelles pendant de longues minutes, jusqu’à arriver à un coin de rue particulier.

Une musique, une chanson.

Des bruits de toutes sortes retentissent d’un bâtiment un peu plus loin, attirant mon attention. Il s’agit évidemment d’un bar, mais celui-ci m’intrigue d’avantage. Souriant, m’armant de bonne humeur, passant par-dessus mon épuisement, je décide d’y pénétrer et de m’entourant de gens festifs.

Effectivement, l’intérieur est en fête. Des dizaines de membres de l’armée Kumojin et plusieurs citoyens se côtoient dans la joie et les festivités. Il y a des chants, de la musique, des discussions passionnés et des dizaines de verres d’alcool éparpillés. Je m’approche du comptoir non sans laisser passer un rire involontaire simplement parce que la situation est plaisante. Je demande à avoir n’importe quoi à manger et une bouteille de Sake. Le serveur ne me répond que par un hochement de la tête. À mes côtés, un homme est assis sur une chaise, dégustant lui aussi une consommation assurément alcoolisé. Ce jeune homme a un bras placé dans un écharpe, il s’est probablement blessé.

Je fais un pas de côté et me penche vers lui en tournant mon visage dans sa direction.

« C’est toujours aussi actif, ici? »

Alors que ma commande glisse le long du comptoir et que je retire suffisamment d'argent de mes poches pour payer allègrement mon dû en plus d'un bon pourboire, je bouge un des bancs pour prendre place auprès du blessé. Celui-ci, comme pratiquement toutes les personnes que je rencontre dans cette cité, s'intéresse à mon origine. J'avale en vitesse une gorgée de ma coupole de Sake, en verse une seconde et lui répond simplement.
 
« Effectivement, monsieur! Je ne suis pas Kumojin ni même nouvel arrivant en cette belle cité. Je suis un voyageur et la raison de ma visite est simple, je désire rencontrer votre grand dirigeant: le Raïkage! Au passage, je me nomme Takusanken, mais vous pouvez m’appeler Taku! »
 
Je marque une pause durant laquelle je dévore rapidement quelques bouchées de mon repas.
 
« Vous voulez un verre? » Demande-je en pointant du petit doigt ma bouteille. « Je préfère réellement partager que boire seul! »
 
Par la suite, je fais glisser ladite bouteille en sa direction.
 
« Dites-moi, quand vous me parliez de déformation professionnelle, à quelle profession faisiez-vous référence? Êtes-vous un garde ou un détective? »
 
Une nouvelle chanson se met à envahir la salle. Son tempo est rapide, incitant les clients à la danse et au chant. Je prends une position similaire à mon interlocuteur lorsque je termine mon assiette, observant ainsi l’activité qui se déroulait derrière moi. Une foule complètement hétéroclite, complètement dissonante, mais qui ne devient qu’une seule et même entité : « les fêtards ». C’est beau à voir, des gens qui ont un plaisir fou même tôt dans l’après-midi! Gardes, soldats, Ninjas, marchands, civils et même de jeunes étudiants!
 
*Que ce passe-t-il? Y aurait-il un festival ou une fête? Est-ce une journée religieuse ou diplomatique?*
 
Souriant, je lève ma bouteille à un couple qui regarde dans notre direction avant de me servir une nouvelle fois.

*Cet homme est donc un membre important de cette nation puisqu’il fait partie d’un groupe servant justement à faire entrer les gens au sein de la cité ou, je suppose, de les refuser s’ils montrent quelconque problème! C’est malheureux que nous ne nous soyons pas rencontré lors de mon entrée. J’ai eu toutefois la chance de faire connaissance avec Mugetsu et Eiko, ce qui m’a été aussi positif.*

Le membre de l’équipe d’élite des portes de Kumo accepte mon offre de beuverie en compagnie et se sert sans perdre une seconde sous mon regard amusé. Lui-même semble trouvé certains de mes dires amusants. Il sera probablement du genre à croire que je suis idéaliste ou utopiste si je lui expliquais mes projets puisque la raison de son expression amusée est certainement dû au fait que j’ai émis que je désirais rencontrer le chef de la nation.

Ce jeune soldat me semble fort sympathique, direct et calme. Ce sont des qualités que je respecte énormément. Ainsi, lorsqu’il me complimente sur la présence que je dégage, je suis plutôt surpris et, ensuite, honoré.

« Merci beaucoup, monsieur, mais je ne suis rien de réellement important. Je suis membre d’un petit groupe qui tente d’aider les plus faibles et de protéger les villages civils lors d’affrontements ou de problèmes du genre, » dis-je en levant le ton puisque le brouhaha des clients est infernal. « En fait, c’est justement la raison de ma présence, la raison pour laquelle je désire rencontrer le dirigeant. J’aimerais discuter avec lui d’une possibilité d’alliance ou de termes simples pour faciliter notre travail. »

J’avale ma le contenu de ma coupole et la remplie de nouveau.

« Nous avons déjà une entente avec un membre important de l’Alliance des Pays Neutres! Peut-être que vous avez entendu parler de notre famille : le Clan Zen’Ryou. Nous ne sommes pas très gros, pour l’instant, mais nos actions parlent et rejoignent les masses! »

J’hoche de la tête rapidement en souriant et, ensuite, je lance rapidement le Sake dans ma bouche. Deux consommations en peu de temps!

Dans l’établissement, la musique est électrique et l’ambiance enflammée. La populace semble joyeuse et dynamique! C’est vraiment un endroit hors norme, du moins, il est réellement spécial d’être aussi actif en plein après-midi durant la semaine! C’est surprenant!

Cet homme est très perspicace. Je lui envoie un sourire. J’avale le contenu de ma coupole en une seule gorgée et, alors que je verse du Sake du nouveau sous le rythme d’une musique complètement disjonctée pour les troubadours de la région, je prends la parole.

« Oui, effectivement! Le Clan Zen’Ryou et moi sommes deux entités! Là où le Zen’Ryou désire protéger les gens et aider les démunis, négocier avec les différents villages Shinobis et apporter espoir aux peuplades, je veux trouver moyen d’apporte une ère de paix! »

Je laisse mon dos glisser légèrement sur le comptoir, m’affaissant un peu sur le banc. Je prends mes aises alors que je sens doucement l’alcool pénétrer dans mes veines, m’enivrer, me détendre malgré l’intensité des clients et l’ambiance électrique.

Levant le regard, je lève ma coupe et, avec mon index, je pointe la salle.

« Vous voyez, c’est ce que je désire. Shinobis, civils, gens de différentes origines, couleurs de peau, couleurs de cheveux, habiletés… Je désire que toutes les personnes puissent vivre ensemble! »

Je souris, mais une pointe de désespoir est essentiellement visible derrière. Je vide encore mon verre.

« Évidemment, je n’ai pas la solution! Je compte continuer à chercher jusqu’à ce que je trouve! Lorsque j’aurai trouvé, je l’appliquerai! En attendant, je fais tout ce que je peux pour aider, protéger, comprendre et aimer la vie et le monde! »

L’alcool passe de nouveau de la bouteille jusqu’à ma petite tasse, lentement, avec précaution. Je suis souriant, heureux d’avoir cette discussion avec Kisen. Autre son emploi, je réalise que je ne sais rien de lui. Je tourne ma tête et lui demande simplement.

« Dites-moi, monsieur Bannin, quels sont vos idéaux? Pour quelle raison avancez-vous? »

Mon regard est un peu malicieux comme si je lui apportais une question difficile. Il est vrai que la plupart des gens ne connaissent pas réellement les raisons de leur vie, ne savent pas où ils désirent se rendre ou ce qu’ils veulent faire. Souvent, ces gens se sentent attaquer lorsqu’une question comme celle-là est posée, mais Kisen ne semble pas être ce genre de personne.

« Ne le prenez pas mal, je suis intrigué sur ce qui peut vous apporter à vouloir appartenir à cette unité de protection et d’intervention! Si vous ne préférez ne pas en parler, je comprendrai! »

*C’est la question qui m’effraie la plus.*

Je soutiens longuement le regard de Kisen, lentement expirant une longue bouffée d’air qui semble réservée à cette situation, justement. De mon point de vue, la musique s’affaiblie, les sons réduisent en intensité, l’animation et les activités près de nous cessent pour ne laisser que cet homme et moi-même, que sa question et ce que je représente.

Je souris.

Mon sourire est mélancolique, voire déprimant. Il est à la limite de la tristesse. Mes yeux se ferment, pendant une longue seconde et, enfin, j’inspire de nouveau en rouvrant mes paupières.

« Je ne suis pas passif. Je désire réellement m’impliquer, faire une différence. »

Je chuchote quelque chose d’inaudible, rempli ma coupole, la vide et reprend la parole.

« Pour apporter une ère de paix, je suis prêt à en faire beaucoup. Je serais prêt à sacrifier ma vie si j’étais certain que ma mort apporterait ce vent paisible et pacifique. »

Mon regard retourne à la foule, mais je n’entends pas leurs acclamations. Je suis seul, dans le silence complet, à regarder une succession d’images. Je m’enivre de Sake de nouveau, conservant encore ce sourire aux frontières de la dépression.

« Si je le peux, je conserverai tout le monde en vie. Toutefois, s’il le faut, je n’hésiterai pas à mettre fin à la vie de quelqu’un pour en sauver d’autres, » dis-je en baissant la tête, regardant maintenant ma tasse. « Je veux sauver tout le monde, mais je ne sais pas si c’est réellement possible. Je n’aime pas la violence, monsieur Bannin, et je déteste vraiment les morts. Je préfère de loin capturer un criminel que lui faire mal, mais si je dois le faire pour conserver la vie d’autres personnes, je le ferai sans hésitation. »

Mon regard revient d’un seul mouvement sec à Kisen.

« Si je suis dans la situation où je dois tuer cent personnes pour en sauver mille, je dis sans y repenser, prenez les cent à gauche. »

Les sons reviennent en premier, puis la musique, puis l’animation et, ensuite, tous les petits effets à côté. La salle redevient festive très rapidement. Mon sourire redevient, lui aussi, plus vrai, plus honnête.

« Mais, je préfère les situations simples où je peux simplement assommer un criminel, sauver une victime et apporter ledit voyou aux autorités. Je préfère simplement aider les gens, protéger les vies et apporter l’ordre. »

Kisen, d’un geste particulièrement sympathique, tente d’user d’humour pour détendre l’atmosphère. Sa blague me tire un petit rire, mais franc. Je rigole rarement malgré le fait que je souris pratiquement toujours. C’est vrai. Je suis probablement trop sérieux. Le Kumojin au bras blessé montre la peuplade de l’établissement de son verre tout en m’expliquant que ce que je fais est pour ces gens. Je sens les larmes monter à mes yeux, mais je réussi rapidement à en effacer toutes traces. Je hoche doucement de la tête.

Je prends une seconde pour, finalement, savourer une gorgée au lieu de l’avaler sans goût. Ce Sake est très miteux, sans âme, sans puissance. Néanmoins, mon état de plus en plus enivré me permet de l’apprécier. Je reste encore solidement installé sur mon banc, mais mes mouvements se font plus lents et légèrement moins précis.

« Aussi longtemps qu’il le faudra ou bien que les dirigeants me laisseront! Je veux vraiment rencontrer le Raikage, c’est très important pour moi et les miens! Mais, une fois que ce sera fait, j’ai quelque chose de personnel à faire avant de me rendre dans les Grands Déserts du Pays du Vent pour négocier des termes là-bas aussi! »

Je laisse les quelques onces qui restent dans la bouteille reposer pour un moment sur le comptoir avec ma coupole, suivant l’exemple donné par le jeune homme avec qui je discute.

« Et, vous, monsieur Bannin? Comptez-vous voyager, un jour? Voulez-vous découvrir les autres nations Shinobis ou, même, les villages civils? Il y a beaucoup à voir et pas que des décors phénoménaux, mais aussi des gens très intéressants! »

Le garçon derrière m’offre une autre consommation, mais je lui requiers seulement un café pour me réveiller. Il accepte et démarre la production de ce nectar magique. Il le propose aussi pour Kisen.

Je refuse lait, crème et sucre dans mon café d’un signe de la main passant au-dessus de la tasse alors que le Bannin explique qu’il préfère s’occuper des siens plutôt que voyager. Le parle rapidement de ses mésaventures dans le Pays du Feu, du fait qu’il n’est pas un haut-gradé et que ses tâches ne lui requièrent pas de quitter pour l’instant, mais qu’elles le feront un jour.

Lorsqu’il exprime son intérêt de me revoir, un jour, ailleurs, je lui souris.

« C’est facile de retrouver les personnes qui ne se cachent pas, monsieur Bannin. Moi, par exemple, vous pouvez simplement m’envoyer un message par courrier ailé. Je visite régulièrement les tours de poste où se trouvent ces oiseaux voyageurs bien entraînés. »

Sourire en coin, je goût au café et, satisfait, je le repose. Ensuite, mon regard se porte à l’horizon. Je regarde plus loin que les individus qui fêtent dans l’établissement, je regarde directement dans ma liberté.

« Vous savez, » commence-je. « J’aime ma liberté. C’est quelque chose d’important pour moi! J’aime voyager, rencontrer des gens, discuter, en apprendre, découvrir… »

Je baisse lentement la tête et observe ma tasse pendant un instant.

« Souvent, mes buts, mes objectifs, m’amènent à rester à certains endroits pendant quelques temps, même pendant de longs moments, mais ce que j’adore, c’est réellement de découvrir des nouvelles régions! J’aimerais que tout le monde puisse réellement être aussi libre que je le suis sans avoir peur de se faire attaquer par quelconque bandit ou Shinobi mercenaire qui passait par là. »

Je serre les dents et ma tasse, par la même occasion, toujours affecté par le Sake.

« J’espère pouvoir réunir tous les gens sous un même drapeau! J’espère que ma voix puisse se répercuter suffisamment pour qu’ils comprennent tous que la paix est plus importante que l’expansion, que la sécurité plus nécessaire que l’argent, que l’ordre plus utile que les secrets, que la liberté est plus valable que la violence. »

Je prends une gorgée rapide, tentant d’effacer le sujet.

« Mais, vous avez raison! Nous devrions conserver le contacte! »

Je dépose ma tasse et effectue une rotation sur quatre-vingt-dix degré pour me tourner complètement vers Kisen.

« Parlez-moi des vôtres, si vous le voulez! Je suis intéressé d’en connaître plus sur ce qui pousse un homme à intentionnellement sacrifier sa liberté pour le protéger! »