Après plusieurs jours de déplacement, notre petite escouade était arrivée aux frontières du pays du Fer. Nous avions traversé de nombreux pays. Shimo, le pays du givre ; Yu no Kuni par le nord, très rapidement ; Ta no Kuni, ce pays qui avait refusé une alliance avec la Foudre… Nos mouvements rapides, restaient modulés sur la vitesse de déplacement du cheval du Conseiller du Daimyo qui nous accompagnait. Oui, un shinobi va plus vite qu’un cheval, paradoxal, je vous le concède. Dans la mesure où ce Conseiller n’était qu’un civil, nous n’avions pas d’autres choix que de prendre notre mal en patience étant donné qu’il ne disposait pas des dons que la nature, ou le sort, nous avait confié.

Au final, ce voyage nous prit plus de temps que prévu initialement, mais nous étions arrivés à destination. J’apercevais au loin la citadelle de Bukeyashiki, là-bas au loin, au pied des montagnes. C’était notre destination. La capitale du pays du Fer !

Nous étions arrivés au bout d’une heure supplémentaire de route à l’entrée de cette citadelle. À allure modérée, les shinobis que nous étions, venions nous présenter aux soldats du pays du Fer. Les samouraïs. Ces guerriers d’une allure et d’un style particulier : vêtus d'une armure de la tête aux pieds, protégés par de solides cuirasses. ces hommes aux gestes mesurés et toujours précis nous firent escorter, par plusieurs des leurs, jusqu’au cœur du château. Là où normalement devait nous attendre celui qu’ils appelaient le Régent. Là où probablement, avait accédé, avant moi, Ishidate Masamune, le Nidaime Raikage; celui-là même qui avait négocié avec le défunt Yakigote Tôchiro l'alliance entre le Fer et la Foudre.

C’est dans une salle spacieuse que nos guides nous avaient menés. L’endroit était semblable à la salle de Conseil de Kumo et je devinais bien qu’il servait à recevoir quelques invités d’importance. Instinctivement, je devinais que nous n’allions pas tarder à rencontrer le maître des lieux. En attendant, je prenais place autour de la grande table de pierre sculptée à même le sol. Elle devait faire au moins dix mètres de long et trois de large. Une nappe d’un tissu fin et d’une grande qualité était posée au-dessus. L’on nous fit servir de l’eau le temps que notre hôte n’arrive. Pendant ce temps, j’observais la décoration de la salle. Des armoiries, celle des clans des samouraïs de Tetsu. Il y en avait beaucoup. Bien plus que je ne l’avais imaginé. Laquelle appartenait au clan Yakigote ? Laquelle représentait celui du clan Kira, le clan d'appartenance du fameux Régent ? Je savais que cet homme n’était pas un Yakigote, même si leur histoire était entremêlée, liée.

Le Conseiller du Daimyo de Kaminari, à mes côtés, m’interpellait sur des questions au sujet du pays du Fer. J’y répondais vaguement, mais poliment. Au fond, je comprenais bien qu’il ne cherchait qu’à échanger en attendant l’arrivée de celui que nous attendions tous. S’il avait été délégué par le Daimyo de Kaminari, c’était pour une raison bien précise.

Je regardais chacun des shinobis présents. Ils devaient être quelque peu fatigués. Mais nous l’étions tous. Seulement, le sens du devoir devait nous maintenir alerte jusqu’au bout. Jusqu’à ce que cette question de l’enterrement du précédent leader de Tetsu soit vidée. J'avais expliqué, en chemin, à chacun de mes hommes, la raison de leur présence. Ils comprenaient pourquoi ils avaient été appelés à faire partie de cette mission. Koémi & Akame parce qu’ils étaient membres du scorpion et que je devais présenter leur unité aux samouraïs et possiblement introduire une délicate requête ; Akame précisément parce qu’elle avait été au tout début de la chaîne d’information sur la mort du Chef des samouraïs ; Shinji parce qu’il avait récupéré le corps du samouraï ; les deux membres du Satoru parce qu’un Kage ne se déplace pas seul ; et le représentant du Daimyo de Kaminari no Kuni, parce qu’il avait un message à faire passer. Au-delà de tous ces aspects, cette mission, cependant, restait d’ordre purement diplomatique.

Explications:

Plusieurs samouraïs venaient de pénétrer dans la salle où se trouvaient les kumojins. Armés de la tête aux pieds, comme leurs frères d’armes, ces samouraïs disposaient d’une armure différente, de tous ce que les hommes de la Foudre avaient pu voir jusqu’ici. Leur mise laissait entrevoir un grade ou une hiérarchie au sein du pays du Fer différente du commun des samouraïs. Ils étaient une douzaine environ. Douze qui se rapprochèrent des kumojins qu’ils saluaient, avec un raffinement quasi inattendu, pour les guerriers qu’ils étaient. Chacun des samouraïs se tint devant une chaise, mais sans s’asseoir. Ils semblaient attendre quelqu’un. Arrivé en dernière position, la quarantaine, un homme de taille respectable –environ 1m 80, apparut à son tour, peu après le douzième homme. Contrairement à la majeure partie des samouraïs, ce samouraï disposait d'une longue et abondante crinière. Tel est le mot.

Le visage de l'homme était inexpressif. Bien malin celui qui saurait lire sur cette face qui avait été témoin des horreurs sur bien des champs de batailles. Yeux plissés, bouche, nez et sourcils fins, cet homme semblait bien plus proche d’un membre d’une famille royale que d’un guerrier rompu à la tâche. La mise du samouraï détonait d’avec celle de ses hommes. Habillé en costume de gala, l’homme n’avait que pour seul trait d’union avec son monde guerrier, son daishō : ses doubles lames nouées sur sa ceinture.

Image se rapprochant du dirigeant (hormis le crâne rasé):

_ Kira Musashi Sama, le Godaïme Raikage Seki Zennosuke et ses hommes.

L’on venait de lui souffler à l’oreille. L’homme hocha de la tête tout en s’avançant vers le Raïkage qu’il salua, lui ainsi que chacun de ses hommes de la manière la plus respectueuse possible. Kira Musashi ou le Bugyô, le Régent. C’était lui l’actuel homme fort de Tetsu. Depuis la disparition de Yakigote Tôchiro. Il avait à nouveau rallié la quasi totalité des samouraïs loyaux au défunt Chef de Tetsu. Sa réputation n’était plus à faire dans les limites du pays du Fer. Sa lame aurait été de toutes les grandes guerres au sein de ce pays. Il aurait combattu valeureusement, aux côtés de son défunt maître afin d’unifier la totalité des clans samouraïs du Fer. Musashi est un homme juste, équitable envers ses hommes mais aussi intraitable envers lui-même et envers les autres, on raconte que le jour où il scella une alliance entre les Yakigote et les Kira, il n’hésita pas à exécuter son second qui avait eu le malheur de manifester publiquement sa désapprobation. Ses hommes le craignent tout autant qu’ils le respectent.

_ Bienvenue au pays du Fer, Godaïme, Messieurs-Dames. L’on m’a prévenu de votre arrivée. Allons au fait. Pourrais-je voir le corps du Seigneur Tochiro ?

Calmement, sereinement, le plus courtoisement du monde, le samouraï s’adressait au Godaime. Main derrière le dos, Daisho ceint à son côté gauche, main derrière le dos, le personnage et tous ses hommes, restaient debout. Bien qu’il n’en ait pas l’air, cet homme semblait assez pressé tout en restant pourtant le plus courtois possible. Il était évident que malgré toute la maîtrise de lui même dont il faisait montre, le personnage, au fond de lui, devait être touché par cette question. Et pourtant, il restait étonnamment stoïque.

Kira Musashi. Me voilà donc en face de l’homme fort actuel de Tetsu. J’étais debout dès l’instant où se présentaient les premiers samouraïs car je savais que celui qui m’intéressait le plus, parmi les vivants samouraïs, était ce Musashi que je n’avais jamais rencontré. Les rapports du Chokkatsu indiquaient qu’il avait pris la suite de Tochiro en coulisse, évitant de la sorte à bon nombre de samouraïs de devenir rônins. Un grand guerrier au sein de la nation de Fer, respecté par son peuple, mais un homme plutôt inconnu au-delà des frontières de son longiligne pays.

Je le saluais à mon tour lorsqu’il se présentait devant moi et observait avec une curiosité non dissimulée, ses manières fort honorables. Un chef pouvait donc être à la fois ferme et courtois ? J’apprenais de cet homme. Alors que le samouraï réclamait le corps de Yakigote Tochiro, je faisais un signe de la tête à Honoka, la kunoichi du Satoru. C’est elle qui disposait du parchemin contenant le corps du défunt. La kunoichi posait le parchemin sur la grande table et je m’approchais. J’apposais ma main sur ce parchemin et y imprimait mon chakra. Automatiquement, un sceau apparut, puis le parchemin s’élargit avant de faire apparaître progressivement le corps de celui qui fut le premier parmi les samouraïs.

La décomposition du corps avait été quelque peu stoppé par les talents de médecin d’Honoka. Cette kunoichi me surprenait de jour en jour. Plus on avançait et plus je comprenais pourquoi, malgré son caractère un peu trop joyeux, elle était membre à part entière du Satoru. Ces spores qu’elle avait fait apparaître sur le corps du samouraï défunt… Il semblerait que ce soit la raison de l’absence de décomposition du cadavre. Je lui adressais un regard qui exprimais toute ma gratitude et mon respect.

« Mes hommes, ici présents, ont fait de leur mieux pour récupérer le corps du Seigneur Tochiro au plus vite. Retrouver sa trace n’a pas été de tout repos. Mais, mettre à disposition tous les moyens en oeuvre afin de retrouver ce corps a été tout ce qu'il y a de plus naturel pour l'allié du Fer que nous sommes. Laissez moi vous présenter Seki Akame, Chuunin de Kumo et Monjara Shinji, Membre du Conseil de Kumo. Ils ont été les acteurs principaux de cette quête. Chacun d’eux pourras, si vous le voulez bien Musashi Dono, vous expliquer dans le détail ce qu’il en a été. »

Je marquais une courte pause. Je sais que le samouraï était probablement très affecté même si certainement, rien ne paraîtrait. Telle est leur force de caractère. Chose que je respecte. Mais, même si ce décès était la cause principale de notre venue à Tetsu, ce type d’opportunité est l’occasion rêvée pour discuter politique. J’en profitais pour introduire le Conseiller du Daimyo.

« Le Conseiller du Daimyo de Kaminari no Kuni, Hazashi Kantano San, représente le Seigneur de la Foudre. Il saura, mieux que moi transmettre les mots de la famille Yoshihiro. »

Je me taisais à présent. L’heure n’était pas venue encore de présenter les autres membres du Satoru, ainsi que la jeune Koémi. Chaque chose en son temps. Pour l’heure, probablement que l’intérêt se porterait initialement sur Yakigote Tochirô.

C’est toujours sans le moindre changement dans son expression faciale, que le samouraï accueilli ce qui, pour d’autres, aurait pu constituer un véritable choc. Un parchemin, un sceau activé et la magie shinobi qui opère. Le parchemin s’élargit, encore et encore, jusqu’au point de pouvoir révéler un corps humain. Curiosité de la vie que de voir un puissant de ce monde finir ainsi.

Le samouraï incline la tête vers le sol. Humilité. Une attitude salvatrice que beaucoup oublient par ces temps troubles. Mais lui, est empli de ce sentiment en présence du corps de celui avec qui il avait partagé tant de choses. Regard rivé sur son propre katana le samouraï se souvient. Les champs de batailles, la fureur, la maîtrise, la sueur, le sang, la violence inouïe… Mais aussi la famille, la vie, le respect, la justice, la loyauté et l’honneur. C'était Yakigote Tochirô qui lui avait inculqué les valeurs qui étaient à présent siennes.

L’homme redresse la tête vers le corps de son maître maintenant apparu comme par enchantement des profondeurs inconnues de ce bout de papier. Ses sourcils se froncent, seul signe visible de la peine qui l’accable. Il avance une main ferme vers le cadavre puis la pose sur la pose sur son épaule. Sans émotion :

_ Repose en paix Yakigote Sama et permet que j’hérite de ton arme.

Un samouraï s’avança dès lors, s’arrêta devant la dépouille du précédent maître de Tetsu, qu’il sembla saluer un instant, avant de se saisir respectueusement de son arme et le présenter à Musashi d’un air des plus solennels.

_ Merci.

Musashi venait de recueillir le sabre de Yakigote Tôchiro. Par chance, l’arme avait été scellé avec son propriétaire et ramené jusqu'à lui, Musashi. La présence de ce katana était capitale pour les rites funèbres. Qu'était un samouraï sans son arme ? D’un signe de tête, le Régent ordonna que ses hommes se saisissent du corps du défunt et qu'ils le préparent pour les rites. Chose faite. Seuls deux hommes restèrent avec lui dans cette salle. Face à ceux qui viennent de Kaminari no Kuni. À son tour, Kira Musashi présente ses hommes aux kumojins, puis invite ces derniers à transmettre les informations en leur possession.

_ Comment tout ceci s’est-il passé kumojins ? Comment en sommes-nous arrivés à perdre notre maître ? Seki Akame, Monjara Shinji… Je veux savoir.

Toujours maître de lui, le samouraï joignait les mains au-dessus de sa bouche, coudes posés sur la table au bout de laquelle il était à présent assis. De son regard perçait une certaine fermeté qui aurait pu en dérouter plus d’un. Ce n’était rien d’autre qu’un des masques dont se drapait le dirigeant dans les moments difficiles.

Notre voyage semblait long si on le comparait à la distance que nous devions parcourir. Le pays du fer se trouvait relativement près des frontières de Kaminari no Kuni et pourtant, nous avions mis longtemps avant d'arriver ... Trop longtemps. Nous étions accompagnés du conseiller du Daimyo qui devait, malheureusement, voyager à cheval. Cette donnée pouvait paraître bénigne, mais elle ne l'était point. Pour assurer la protection du Daimyo, nous devions ralentir notre vitesse pour garder un oeil sur ce dernier. C'était un détail, certes, mais cela m'énervait de perdre du temps. Bien entendu, je ne montrais rien, mais je ne pensais pas moins.

Finalement, tout notre groupe arriva à l'entrée de cette citadelle. C'était la première fois que je visitai l'antre des Samouraï. J'étais déjà allé à Suna, au Shozaichi, à Konoha, mais, paradoxalement, jamais dans ce village. Par respect, nous nous présentions aux gardes afin qu'il nous escorte jusqu'au fameux Régent. Nous marchions calmement en direction du Palais du Daimyô, laissant ainsi du temps pour observer l'intérieur de cette structure si particulière. L'architecture, les vêtements, les armures, les regards, tout semblaient différents. Cela pouvait paraître bizarre, mais visiter un pays relié à notre cause impose une pression sur nos épaules de Kumojins. Nous étions tous capables de gérer ce fardeau, bien entendu, mais il ne fallait pas le négliger.

Après cette longue marche, notre fine équipe arriva dans une salle très grande. Une grande table se trouvait au milieu de la salle et cette dernière était tout en pierre sculptée. Une nappe venait recouvrir cette oeuvre d'art et sans attendre, on nous proposa de l'eau en attendant la venue du Régent. Le Raïkage prit place alors que je décidai de rester debout pour l'instant. Je pris un verre d'eau pour me désaltérer et observa attentivement cette grande salle. On pouvait y trouver de nombreuses décorations avec notamment les armoires des différents clans de Samouraïs. Malheureusement pour moi, je ne les connaissais point. Akame et Koémi avaient suivi les mouvements de leur Kage. Elles s'étaient assises auprès de lui et ces deux jeunes femmes semblaient discuter dans leur coin. Pour ma part, j'étais presque à l'écart de tout le monde. Je me tenais droit devant l'armoire qui semblait représenter les Yakigote.

Très peu de temps après notre arrivée, un cortège de samouraïs fit son apparition. Ces derniers étaient radicalement différents des guerriers que nous avons rencontrés lors de notre arrivée. Leur tenue différait indiquant sûrement un grade plus élevé. Après ce cortège, un homme fit son entrée. Son dernier était assez grand et surtout, très imposant. Des cheveux aussi longs que son katana et surtout, un visage inébranlable. Je fixai cet homme du regard, mais il ne laissait rien transparaître. Je changeai alors de cible afin de regarder ses hommes et un sentiment de peur et de respect était palpable. Ce samouraï semblait être le régent que nous attendions. Le fameux Kira Musashi. Il nous accueillit chaleureusement et il était normal de lui répondre. Une main sur le coeur, je courbai mon dos afin de saluer respectueusement ce grand homme.

Sans attendre, ce dernier voulait voir le corps du Seigneur Tochiro. Zennosuke ne prit que quelques secondes pour faire un signe à Honoka, le membre du Satoru que j'avais rencontré lors de mon retour de Konoha. Cette dernière déploya le parchemin sur la table et le Godaime activa le sceau afin de dévoiler la raison de notre présence. Pour accompagner cette découverte, le Seki prit la parole expliquant ainsi au Kira que nous avions fait de notre mieux pour récupérer le corps. Les obstacles étaient nombreux, mais comme le disait Zennosuke, c'était normal de faire ainsi pour un fidèle allié. Le successeur de Tsumei présenta alors Akame et moi-même comme acteurs principales de cette pièce théâtrale qu'est la mort du Seigneur Tochiro. Il précisa que si ce dernier voulait plus de précisions, il pouvait s'adresser à nous.

La scène en question de l'acte final de cette pièce était bouleversante. Le Seigneur Musashi inclinait sa tête vers le sol et restait silencieux. Le temps était comme suspendu. Un silence monacal venait refroidir cette ambiance lourde. Le nouveau Seigneur avança simplement en direction de Yakigote pour poser sa main sur son épaule et lui rendre un dernier bref hommage. Les samouraïs présents emportèrent le corps et seulement deux d'entre eux restèrent avec leur chef. Je restai fixé quelques instants sur le corps qui s'éloignait. J'avais consacré toute mon énergie dans la recherche de ce dernier et il allait enfin retrouver les siens. Un sentiment de soulagement parcourait mon corps pendant quelques secondes. Ma mission était maintenant terminée et j'étais simplement comblé d'avoir permis à nos alliés de rendre un ultime hommage à leur chef.

Je me concentrai très vite sur les propos du Kira. Ce dernier voulait savoir comment toute cette histoire s'est déroulée. L'homme voulait des réponses et Akame et moi-même devions donner une solution aux questions du chef des samouraïs. Ayant plus d'expérience, je décidai de parler en premier, même si chronologiquement, cela semblait illogique.

« Mes hommages Musashi-sama. Je me permets de prendre la parole en premier. Beaucoup d'évènements ont fait que nous sommes ici aujourd'hui. Il y a maintenant plus d'un mois, nous avons appris que le Seigneur Yakigote nous a quittés suite à une sombre affaire liée aux furyous. Akame vous détaillera tout cela en détail, puisqu'elle était présente lors de la confrontation. Suite à ces informations, nous avons appris qu'un certain Yuuki Setsuna, ancien chef des épéistes de la brume sanglante avait, en sa possession, le corps du Seigneur Yakigote. Ce dernier se diriger vers Konoha la dernière fois qu'il a été aperçu. Naturellement, Godaime-sama m'a confié la mission de me rendre au sein de Konoha pour en apprendre plus et bien entendu, récupérer le corps du regretté ancien chef des Samouraïs. »

Je fis une brève pause et repris.

« Cependant, la mission s'est compliquée lorsque j'ai appris que l'Hokage n'avait pas le temps de me recevoir et que toutes les hautes instances de Konoha n'étaient pas présentes lors de mon passage au village caché de la feuille. Je me suis donc débrouillé seul afin d'obtenir le plus d'information possible. J'ai alors appris qu'une escouade Konohajin avait été envoyée en direction de vos terres pour vous restituer le corps. J'ai donc, suivi leur itinéraire et en scrutant chaque détail du paysage, j'ai finalement retrouvé l'équipe chargée de vous restituer le corps. Hélas, tous les membres n'étaient plus de ce monde. En fouillant la zone, j'ai trouvé le parchemin dans lequel votre Seigneur était scellé. Après cette découverte, j'ai alerté Konoha de tout ce que je viens de vous dire et je suis rentré directement à Kumo. »

Je repris mon souffle tout en prenant un air bien plus sérieux.

« J'ai fait tout mon possible pour récupérer le Seigneur Tochirô. Je vous présente m'excuse pour ne pas avoir été assez rapide pour vous amener le corps en bon état. »

Il faut reconnaître ses torts. Mon voyage à Konoha a duré un mois entier. Bien entendu, je n'ai pas été aidé, mais cela ne change pas grand-chose. Ce n'était bien entendu qu'un détail, mais ce détail était important à mes yeux et je me devais de m'excuser.

Tout en me courbant pour m'excuser, je lançais un regard en direction d'Akame pour lui passer le flambeau de la parole.

Indications:

Un hochement de tête empli de gratitude et de respect. Le même rituel à chaque fin de propos du Chef Monjara et de la kunoichi du clan Seki. Les shinobis pouvaient s’avérer loyaux. Qui l’eut cru ? Si Tochirô avait toujours été enclin à faire confiance aux hommes, lui, Musashi était plutôt introverti. Lent à la confiance, lent à l’ouverture au monde extérieur. Croire à quelque chose d’autre que la voie du samouraï, lui aurait été impossible il y a quelques années. Il avait certes changé, évolué dans le sens de son maître quant à sa vision du monde et de l’humain, mais jamais, le guerrier n’aurait cru pouvoir éprouver une sincère gratitude envers… des shinobis. Ils sont d’habitude si versatiles, si changeants… Mais ceux de Kumo étaient peut être différents. A moins que ce soit la dimension du maître qui ait réussi à les mobiliser aussi fantastiquement. Oui, ce devait être cela. Le Monjara l’a laissé entendre. La Seki, quant à elle, l’a clairement exprimé. Un regard posé plus longuement sur Akame. Kira Musashi donnait du sens à certains mots rapportés par la Kunoichi. Il pensait comprendre. Elle devait être liée d’une façon ou d’une autre au monde samouraï.

Les deux shinobis venaient d’en finir. Musashi les salua à nouveau d’un hochement de tête. Quasi imperceptible. Un samouraï s’approcha de lui. Il lui chuchota quelque chose et le bonhomme sorti, d’un pas alerte, de la pièce. Musashi en profita pour prendre la parole.

_ Arigato Monjara Shinji, Seki Akame… Savoir que le maître a retrouvé son honneur avant la fin me réconforte. Récupérer son corps est une seconde bonne nouvelle. Je ne peux que vous renouveler ma gratitude kumojins. Kaminari no Kuni s’est montré diligent et digne d’un allié. Nous vous en remercions pour cela Raikage Dono. Veuillez faire parvenir mes remerciements au Daimyo de la Foudre.

Son regard allait sur le Raikage, puis sur le Conseiller de la famille Yashihiro. Ce dernier n’avait pas encore été présenté d’ailleurs.

_ Quel sont vos noms ? Qui êtes-vous ?

Le Régent s’adressait à la benjamine du groupe de kumojins et aux deux membres du Satoru. Mais, avant que personne n’eut le loisir de lui répondre, le samouraï qui était sorti précédemment de la pièce vint rejoindre le Régent. Il lui chuchota quelques mots à l’oreille avant de se reculer.

_ Vos chambres ont été apprêtées. Restez jusqu’à ce que nous rendions les honneurs selon le rite, au maître Tochirô. Je vous invite à diner ce soir. Quant à moi, je vais devoir me retirer sous peu, si vous le permettez. Raikage ?

Un regard vers le chef de cette délégation. Si tout était dit, ils se quitteraient tous jusqu’à l’heure du dîner.

Je regardais tour à tour chacun de mes hommes conter au Régent la part d’histoire concernant la fin de cet homme que je savais grand à travers les autres. Je ne l’avais jamais vu. Et pourtant, j’éprouvais un grand respect pour lui, depuis ce temps, où Kumo, s’était allié au Fer. Dès que j’avais appris que le corps de l’ancien homme fort de Tetsu était trimballé un peu partout dans le monde, il m’était apparu naturel d’essayer de le récupérer. Pas tous les moyens. S’il y a bien une chose sur laquelle je ne lésine pas, c’est la grandeur de Kumo. Tetsu est notre allié. Yakigote Tochiro, le leader du Fer, cet homme-là même qui avait eu la brillante idée d’accepter l’alliance qui lui fut proposée. Malgré les oppositions. Dès lors, il était tout à fait normal que Kumo mette tout en œuvre pour le retrouver et le ramener vers les siens. J’avais craint, en son temps, que mes hommes ne comprennent pas mes motivations. J’étais assez content de me rendre compte qu’ils adhéraient totalement à cette expédition. Ils partageaient mes valeurs.

Alors que le Régent demandait l’identité des autres membres de notre groupe, je prenais la latitude de répondre à leur place. N’avais-je pas présenté Monjara Shinji et Seki Akame ? Le moment de présenter mes autres accompagnateurs approchait. Avant même que je n’eus l’opportunité de placer un mot, un des samouraïs étant précédemment sorti revint dans la salle et dit quelques mots au Régent. A la suite, ce dernier nous invita à diner et nous proposa d’attendre jusqu’au lendemain afin d’assister aux funérailles. En réalité, lui et moi nous étions plus ou moins entendus sur ce point avant mon arrivée. Il avait été prévenu de mon arrivée. Et bien entendu, je tenais à assister à ces funérailles.

« Musashi Dono. Avec votre permission. Voici Tsukiyo Koémi. Une de mes Conseillère, malgré son si jeune âge, chef de l’unité Sasoriza. Ceux-ci sont mes collaborateurs. Membres de l’équipe d’élite de Kumo : Yui Honoka et Bakusho Taiyo »

Je reprenais mon souffle. Conscient que le Régent était prêt à s’en aller. Cependant, en ce qui me concerne, je n’avais pas terminé. Le Raikage que j’étais avait une requête. Une requête que je ne pouvais risquer de reporter jusqu’au diner ou jusqu’à une hypothétique dernière réunion après l’enterrement.

« J’ai cependant une requête à formuler cher allié. L’unité du Scorpion est une unité mobile composée de… combattants natifs d’ailleurs ayant la volonté de devenir membres de Kumo. J’aimerai qu’il leur soit autorisé d’avoir une base sur vos terres. Aucun samouraï ne sera approché. Ce ne sont pas vos hommes que nous voulons recruter, mais vous n’êtes pas sans savoir que Tetsu dispose d’une positon fort intéressante. A côté du pays du Feu, proche des terres protégées par les moines de Maskine et près des terres de l’alliance des pays neutres. »

J’en avais peut être trop dit. Je n’étais probablement pas le meilleur en négociation, mais j’espérais que ma méthode, consistant à être franc et poser plus ou moins cartes sur tables me permettrait d’obtenir cette autorisation formelle. Dans les circonstances où nous nous trouvions, le Régent trouverait peut être la demande inopportune, mais… à quoi bon attendre un moment « favorable ? »

C’était dit. A présent, il ne restait plus qu’à attendre.

Un silence. Une réflexion. Les shinobis sont des êtres curieux. Toujours à la recherche de ce petit plus qui leur permettrait d’obtenir un avantage sur l’autre. Mais qui était cet autre ? Etait-ce les samouraïs de Tetsu malgré tout ce qu’en disait ce Raikage ? Qu’avait-il en tête ? Questions complexes dont les réponses ne pourraient être apportées qu’avec le temps. Quoi qu’il en soit, les kumojins avaient déjà un droit de passage au pays du Fer, du fait de l’alliance entre la Foudre et Tetsu. Maintenant, cette base…

Le samouraï regarda sur le côté. Là où se trouvaient ses deux hommes. Il tenta de lire deux leurs yeux rapidement, puis se tourna vers le Raikage. La décision, après tout, lui revenait à lui, le maître des céans. Mettre sur la balance les aspects positifs et négatifs qu’impliqueraient une telle option. Un regard vers la cheftaine du Sasoriza. Elle était bien jeune. Avait-elle tant de valeur que cela pour qu’un Kage en fasse une conseillère, et qui plus est, un chef d’équipe ? Kira Musashi se caressa sa petite barbichette. Sa décision était prise.

_ Je ne m’attendais pas à pareille demande Raikage dono. Mais, dans les circonstances actuelles, refuser une pareille proposition me ferait presque passer pour un ingrat. Nous discuterons après le diner, plus en détail sur cette question.

Le samouraï se leva sans brusquerie. D’un ton courtois, il poursuivit :

_ Veuillez m’excuser.

Une salutation envers le groupe kumojin et le voilà qui s’avançait vers la sortie. L’un des samouraïs l’accompagna, tandis que l’autre se rapprocha du Raikage. Tandis que le duo de samouraïs sortait de l’embrasure de la porte, le dernier samouraï présent dans la salle demanda aux kumojins de le suivre. Il allait les mener à leurs appartements, histoire qu’ils se reposent avant le diner prévu ainsi que l’enterrement, le lendemain.