Le retour, c'était au final quelque chose de tellement simple et de tellement compliqué ? Simple pourquoi ? Et bien car il n'impliquait qu'une seule action, se rendre d'un point A à un point B, élémentaire en somme. Mais il était pourtant si compliqué de revenir lorsque cela fait longtemps que l'on est parti. Prenez mon cas par exemple, j'ai quitté le village il y a plus de quatre mois afin d'officiellement aller visiter Kumo, endroit où je n'ai jamais mis les pieds. J'ai décidé de rentrer après ma rencontre avec Kumo, je m'étais rendu compte que je critiquais un homme qui partait loin de son village alors que je m'en étais éloigné pendant un tiers d'une année, ce qui n'était pas rien.

Lilith n'était toujours pas décidé à venir avec moi, elle viendrait je lui faisais confiance là dessus, mais dans combien de temps ? C'était difficile à dire. En tout cas le sable chaud de ce pays m'avait manqué, comme manque les cuisses d'une femme à un marin s'en allant en mer. Le comparatif n'était peut-être pas de mise, mais je me plaisais à faire cela. Me voilà après quelques instants devant les portes du village et qui j'y trouve, assis sur une montagne en train de se prélasser au soleil ? Décidément je devais croire que la destinée nous liait, je ne voyais pas d'autres solutions. Je m'exclamais une fois encore vers ce jeune homme me remémorant une scène passée et l'attaque du jeune shinobi que j'avais trouvé bien trop téméraire sur le coup.


« Encore toi ! »


Akuzu Shinji, une fois encore cet homme se tenait face à moi devant l'entrée de ce village, encore une fois nous allions donc échanger des propos, cela commençait à devenir récurrent. Mais quelque chose avait changé, je sondais l'âme du jeune homme, une noirceur avait prit place en son cœur et je pensais savoir pourquoi. Je me rappelais encore de la fois où nous nous étions rencontrés dans un centre ville et où il avait avoué avoir des espions ayant les yeux rivés sur moi. Disons que depuis ce jour j'ai mis un membre Rinyuaru sur sa surveillance, par prudence. Yamada Ta, le meilleur senseur que je connaisse, se servant de ses fluctuations de chaleurs et de sa capacité sensoriel en général pour pister et se camoufler en même temps. Un orfèvre dans ce domaine. Peut-être pas aussi fort que Rintô Yogan, mais il n'en était pas si éloigné. Je m'exclamais envers le jeune homme de la manière suivante.


« Tu sembles changé, aurais-tu découvert qu'un de mes hommes te pistait depuis notre rencontre autour d'un verre ou bien est-ce autre chose ? »


Toujours avoué une vérité afin d'en obtenir une, dans le pire des cas il s'en était rendu compte. Ce qu'il ignorait en revanche c'est que le parchemin dans ma maison permettant de communiquer avec moi en cas de danger avait un double chez mon cher Yamada et il me faisait continuellement des petits rapports sur ce cher Akuzu. Il avait bien progressé. A un point que lors du dernier rapport, je commençais à me demander s'il ne ferait pas une excellente recrue pour mon projet. Mais avant d'abattre les cartes, discutons un peu, c'est aussi une phase importante.


« Ton club se porte bien ? Que dirais-tu d'y aller pour discuter autour d'un verre ? »

Il y avait des choses intéressantes dans la vie d'un shinobi et d'autres un peu moins. Ce jour-là j'avais été affecté à la surveillance des portes alors que mon grade ne s'y prêtait pourtant pas. Peut-être que ceux qui se chargeaient du planning n'avaient pas oublié que j'aurais pu être Chûnin et qu'ils me considéraient comme un bouche-trou potentiel lorsque il y avait besoin de quelqu'un pour se charger des entrées. Je ne m'en plaignais pas vraiment en tout cas: il y avait bien pire que de monter la garde à l'ombre de la voie illusionnée. J'aurais pu subir des heures de dictées en compagnie de la Kage ou patrouiller dans le désert. De ce point de vue là j'étais même plutôt chanceux...

J'étais évidement placé sous l'autorité de membres plus gradés du village mais je restais relativement libre de mes mouvements. Il faut dire que je ne faisais pas grand chose de toute façon sinon rester adossé aux massives murailles du village et fumer des cigarettes. Je laissais les officiers parler et je me contentais de faire acte de présence, bêtement. L'après-midi aurait pu s'écouler sans le moindre incident ou la moindre précise susceptible de briser la tranquillité dans laquelle je m'étais drapée mais un étranger se présenta finalement aux portes du village. Jeune mais tenant pourtant une canne de marche qui me semblait étrangement familière. Je l'observai un instant avant que le nouvel arrivant m'interpelle directement d'une manière qui laissait penser que nous nous étions déjà croisés.

- "On se connaît?" répliquai-je simplement en haussant un sourcil. "Si c'est le cas je n'ai aucun souvenir de toi! C'est que tu ne devais pas être si important que ça tout compte fait..."

J'avais employé un ton plus froid que je ne l'avais désiré mais certains événements récents laissaient encore leurs marques sur ma personnalité. Je m'étais renfermé et je ne dispensais mes sourires qu'avec parcimonie alors qu'on aurait pu me qualifier de mec jovial quelques jours plus tôt encore. Je décochai un retard aux officiers qui restaient silencieux comme s'ils partaient du principe que c'était à moi de m'occuper d'autoriser l'accès ou non à cet homme. Ou plutôt qu'ils attendaient que je le pousse à la discussion pour se faire une idée plus précise de qui cet étranger était avant de prendre une décision. Je soupirai et écrasai ma clope avant de me redresser et faire quelques pas dans la direction du nouvel arrivant.

Ce dernier reprit néanmoins la parole pour m'annoncer que je semblais avoir changé et me demanda si j'avais découvert que j'avais été suivi. Je plissai les yeux en me demandant s'il plaisantait ou s'il se contentait d'exposer un simple fait. Quand avais-je été boire un verre avec lui? Et pourquoi me ferait-il suivre alors que - j'en étais certain - nous ne nous connaissions pas? Je posai à nouveau le regard sur la canne et ce fut l'illumination: le Nidaime? Se pouvait-il que...

- "Vous êtes... Araakoa Aare?" questionnai-je dans un murmure. "C'est... bien vous?"

Ça semblait presque évident maintenant. Le corps n'étais plus le même mais ce regard perçant me rappelait l'ancien Kazekage. Qu'est-ce qu'il s'était passé? Pourquoi n'était-il plus un vieux débris? Je ne savais pas si je devais suivre mon instinct et partir du principe que c'était bien lui, ça semblait si irréel. Méfiant comme rarement, je fis encore un pas dans sa direction alors qu'il me proposait d'aller boire un verre dans mon club. Comment savait-il que j'avais acquis le Heaven's Night alors qu'il n'était même plus à Suna? La thèse de l'espion tendait donc à se confirmer...

Les Jônins se rapprochèrent également, certainement autant surpris que moi. Pour autant personne n'osa rien faire puisque nous n'étions pas menacés pour l'instant. Et puis s'attaquer à un ancien Kazekage représentait un risque ainsi qu'un défi de taille. Il valait mieux éviter de répéter la même erreur que j'avais commise lors de notre première rencontre. Mais avant tout il fallait qu'on s'assure qu'il s'agissait bien de lui. Et j'avais ma petite idée là-dessus:

- "Première question: qu'ai-je fais lors de notre première rencontre?" demandai-je en restant méfiant. "Deuxième: qu'ai-je bu lorsque nous avons été boire un verre si toutefois c'était bien avec vous?"

Des questions simples qui appelaient des réponses simples. S'il répondait juste il serait alors temps d'envisager de la laisser rentrer dans le village. Dans son village... Même si j'étais espionné, ce qui semblait être bel et bien le cas, je doutais que le mouchard puisse se rappeler de ce genre de détail. Par contre si toute cette histoire venait à se confirmer j'en redoutais déjà les conséquences: qu'est-ce que ce foutu espion avait bien pu observer?

Il semblerait que mon changement de corps ne permette pas à ce qu'on me reconnaisse de manière tout à fait évidente. On doit bien avouer que les traits ne sont plus les mêmes et pour cause le corps en lui-même à changer. Mais en revanche mon chakra, lui est resté indemne et c'est ce que j'allais répondre au jeune Akuzu dans approximativement trois secondes. Je le regardais fixement dans les yeux avant de m'exclamer.


« C'est une technique de mon invention, malgré tout mon chakra reste inchangé et vu que le senseur qui se positionne au sommet de ce plateau-ci est quelqu'un que j'ai déjà croisé avec mon premier corps il va faire un signe de tête à celui qui se trouve sur ce plateau-là, qui va faire un signe aux deux gardes qui se rapprochent dangereusement de mon espace vital, ceux-ci vont plier un genoux à terre et je vais rentrer dans Suna sans difficultés, surtout lorsque l'on sait que Zanshi-dono est déjà au courant et ce depuis quatre mois. »


La scène que je venais de décrire se déroula quelques instants plus tard sans aucune faute hormis les deux shinobis qui ne plièrent pas un genou à terre juste par orgueil. Sentiment que je comprenais et que je ne condamnerai pas, après tout qui étais-je pour juger ces hommes. Aujourd'hui, en cet instant, il n'y a que le jeune homme en face de moi qui m'intéresse. Je reprenais donc la discussion là où je l'avais arrêté, j'ignorai simplement ses questions. Elles étaient légitimes mais je pense qu'elles avaient trouvé leurs réponses juste par la petite pièce de théâtre qui venait de se dérouler sous nos yeux. Je m'exclamais donc à nouveau en direction d'Akuzu Shinji.


« Bien tu ne m'as toujours pas répondu, allons-nous nous rendre à ton club, où souhaites-tu que l'on discute ici, l'un comme l'autre ça me va, mais à mon sens certaines choses sont privées et doivent le rester. »


Après tout j'allais discuter de pas mal de choses intéressantes avec ce jeune homme, j'allais certainement parler d'immortalité, j'aimais bien sondé mes homologues quant à leurs visions de la nécromancie que je pratique. Dans son cas je souhaitais aussi évoquer cette part sombre qui semblait s'être emparée de son âme. Le dernier rapport que j'avais reçu de Ta mentionnait des gamins qui avaient disparus sans laisser de trace, sans aucun doute que nous évoquerions cela sous peu, mais pour cela nous devions nous hâter à trouver un autre endroit, je n'aimais pas rester aux portes comme un vulgaire voyageur, je restais le nidaime Kazekage de ce village après tout. Je reprenais à présent la parole en direction de mon interlocuteur :


« Il paraît que tu t'es beaucoup amélioré en ce qui concerne tes compétences, j'ai aussi appris que tu te fourvoyais avec beaucoup de femmes, souhaites-tu que je continue à en parler ici ? Ça ne me gène pas vraiment au final, c'est ta maman qui devrait être gênée de savoir ce que tu as fais avec cet hérisson... »


Un regard de stupeur venait d'apparaître sur le visage des deux gardes qui étaient assez prêt pour entendre ce que je venais de dire. Je pense que l'Akuzu avait compris, je souhaitais vraiment me rendre à son club.

Je jetai un regard au senseur dont parlait le Nidaime et ce dernier nous fit effectivement un signe positif de la tête pour nous confirmer qu'il s'agissait bien de lui. Je ne comprenais pas comment il avait pu changer de corps ou alors carrément rajeunir autant mais pourtant les faits semblaient bel et bien là. Je lâchai un soupire et haussai donc les épaules avant de faire comme les autres gardes et lui ménager l'espace pour passer. Si Zanshi n'avait pas parlé de tout ceci c'est qu'elle devait avoir une bonne raison. Voir plusieurs! Je n'avais pas suffisamment une vue d'ensemble pour juger de ses actes et je ne me le permettais de toute façon pas...

Il ne répondit bien évidemment pas à mes questions et je suppose que ça n'avait plus d'importance. J'avais déjà fait une erreur lors de notre première rencontre et je préférais éviter d'en commettre une nouvelle. Il y avait certaines personnes qu'il valait mieux éviter de se mettre à dos, tout simplement. Et le Nidaime en faisait évidemment partie... Pourtant ce dernier semblait toujours vouloir que je l'invite au Heaven's Night et si je ne comprenais pas pourquoi j'avais en revanche très envie d'avoir une discussion avec lui. Notamment pour qu'il m'explique pourquoi il m'avait fait mettre sous surveillance. Je n'étais qu'un genin comme les autres. Enfin non, pas vraiment comme les autres. Mais mon importance était toute relative néanmoins...

Pourtant la façon dont il amenait la chose me laissait clairement présager qu'il ne me laissait pas vraiment le choix quant à la suite des événements et qu'un refus de ma part pouvait se révéler catastrophique. Et lorsqu'il ajouta que certaines choses devaient rester secrètes j'eus confirmation qu'il savait quelque chose que je ne tenais pas à ébruiter. Je l'observai en plissant les yeux tandis qu'il reprenait pour me parler de l'amélioration de mes compétences, de mes relations avec les femmes et même d'un hérisson. Bon les deux premiers points relevaient de la réalité mais c'était quoi cette histoire de hérisson encore?

J'entendis des gardes rigoler sous cape et je leur décochai un regard noir. Ce qui ne suffit pas à les calmer mais les poussa néanmoins à se montrer plus discret. Je fis un pas en avant et observai un instant le Nidaime d'un regard sévère. Oui, il était puissant et oui, il méritait le respect. Néanmoins il y avait certaines choses qu'il ne pouvait pas dire et parler de ma génitrice rentrait dans cette catégorie.

- "Ma mère est morte il y a longtemps et je crois bien que là où elle est, elle se fout complètement de ce que je peux faire ou dire..." murmurai-je. "Mais je suppose que vous deviez le savoir puisque vous semblez plus ou moins bien informé sur mon compte? Quoi qu'il en soit abstenez vous de parler d'elle..."

Sur quoi je soupirai et lui fit signe de me suivre:

- "Puisque vous tenez temps à discuter avec moi alors allons-y! Je suppose que les autres gardes n'y verront pas d'inconvénient puisque cette... requête vient du Nidaime en personne! N'est-ce pas?"

Leurs regards me confirmèrent que c'était bel et bien le cas et nous traversâmes la voix illusionnée pour nous diriger vers mon bar sans échanger la moindre parole. Je jetai des regards alertes autours de moi mais je ne remarquai personne de suspect. Si l'espion que le vieux jeune - jeune vieux? - employait était dans les parages, je n'avais pas les capacités pour le repérer. Dommage...

Nous arrivâmes finalement dans mon établissement et je lui fis traverser la salle réservée à la clientèle avant de monter quelques marches et demander au passage qu'on nous apporte du lait de chamelle puisque je crois me souvenir que c'est ce que mon... invité appréciait particulièrement. Nous prîmes place à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes et j'attendis que la commande arrive tout en me servant un verre d'eau. Ceci fait je m'allumai une clope et observai un moment le Nidaime avant de prendre la parole:

- "Bon... On ne va pas tourner autours du pot plus que nécessaire pas vrai? Vous savez des choses et je suppose que vous comptez sur elles pour obtenir quelque chose en retour!" soupirai-je avant de reprendre une taffe. "Les seules questions qui demeurent sont donc les suivantes: qu'attendez-vous de moi exactement? Et que comptez-vous faire dans le cas où je ne me montrerais pas aussi coopératif que vous devez sûrement l'espérer?"

J'attendis la réponse avec un mélange d'appréhension et de curiosité tout en tentant de garder un visage aussi neutre que possible. Qu'est-ce qu'il avait en tête? Et surtout que savait-il?