16 ans. C’était l’âge où j’étais vraiment con, mais pire que ça, y avait pas je pense. La guerre s’était terminée il y a quelques temps déjà mais il restait pas mal de ruines un peu partout dans ce foutu monde. Partout où j’me baladais, y avait des ruines de merde qui polluaient le paysage. J’avais l’impression qu’il faisait gris partout, dans tous les villages où j’passais une journée ou l’autre, l’ambiance était pourrie. En même temps après une guerre, personne n’a envie de faire la fête me diriez-vous. Moi je m’en foutais complètement à l’époque, j’faisais ce que j’avais à faire pour survivre dans c’monde de merde. J’volais, j’pillais les vieilles maisons abandonnées, j’mangeais dans le peu de restaurants qui étaient encore ouverts à l’époque et j’partais en courant. Ou alors, j’me battais contre des connards qui voulaient me dépouiller le peu de biens que j’avais avec moi. Heureusement que je savais plus ou moins maîtriser le Kinton sinon j’serais déjà mort à ce moment là. C’était une vraie vie de misère, on ne pouvait rien faire tranquillement, sans qu’on vienne nous briser les couilles. J’étais une vraie « racaille » à cette époque comme les gens disent. J’me foutais vraiment de tout, j’respectais personne, un vrai délinquant.

Je voyageais toujours tout droit. J’essayais tant bien que mal de prendre des routes qui n’étaient pas détruites pour ne pas tomber dans un trou ou je n’sais quoi. S’tu tombais ou te blessais à cette époque là, les médecins ne couraient pas dans toutes les rues et tu pouvais vite mourir sans rien comprendre. Période très difficile pour tout le monde donc, surtout pour les jeunes sans village comme moi, qui ont tout perdu lors de cette guerre. Effectivement, je peux dire que j’ai TOUT perdu. TOUT : mes parents, ma sœur adorée, ma maison, mon village dont je n’me souviens plus du nom d’ailleurs ... Tous ces souvenirs sont partis en fumée en l’espace d’une soirée à cause d’ces connards de Shinobis qui s’faisaient la guerre. J’ai d’ailleurs pu peaufiner toute ma panoplie de technique ninja durant toutes ces années d’errance. J’avais compris que je pouvais maîtriser le métal, ce qui m’avantageait lors de mes combats de rue avec des enflures qui voulaient me racketter. Je leur mettais leur raclée et on en parlait pas, ils pleuraient comme des bébés sans savoir d’où me venait toute cette puissance. J’étais un boxeur à la base donc j’étais puissant mais si j’rendais mes poings aussi durs que du métal, ils pouvaient rien faire ces connards.

Je n’avais aucune destination précise, j’errais sans but précis dans ma vie. Tout c’que je voulais c’était de n’pas crever et qu’on n’me fasse pas chier. Si ces critères là étaient respectés, j’étais un mec calme et qui foutait pas la merde partout où il allait. Cependant, quand on vit dans des situations pareilles, c’était difficile de passer pour quelqu’un de bien parce que notre vie passait avant tout. On se foutait de c’qu’il pouvait arriver aux autres, quand vous êtes dans la merde, vous vous rendez seulement compte de l’importance de votre vie. J’étais vraiment un abruti à l’époque, franchement.

Sur le chemin tout éclaté par des jutsus de tarés mentaux ou encore des explosions créées par des notes explosives, je vis un mec seul. Il était debout en plein milieu des débris, j’savais pas ce qu’il foutait, il était dans la lune. Il m’paraissait bizarre en plus, surement un froussard quoi. Le pire c’est qu’il avait les cheveux argentés comme moi le mec et des gants blancs. Quel genre de type met des gants aussi ringards ? J’me le demandais. Puis il avait une veste noire tout aussi ringarde ... Bref, j’avais l’habitude de critiquer tout le monde sans pour autant leur dire en face et devenir l’fouteur de merde dans l’histoire mais j’étais comme ça, que voulez-vous. Pour le prévenir de ce qui l’attend s’il continue à rester planté là, seul sans bouger, j’lui ai donné quelques mises en garde.

Hey l’mec aux gants ringards, s’tu veux pas crever ici, va falloir arrêter de rester planté là comme un abruti sinon t’vas te faire défoncer mec.

Tain’, qu’est-ce qu’il foutait à rester planté là dans un moment pareil ? Il est pas bien c’type ou quoi ? Il n’tient pas à sa vie surement. En même temps plusieurs choses me faisaient penser cela. Son style de poule mouillée, il était tout fin c’mec. Il avait pas la carrure d’un mec costaud ou quoi, il était tout mince voire la peau sur les os. Il ferait même pas d’mal à une mouche, j’suis sûr ... Et puis son style vestimentaire, qu’est-ce qu’il s’habille comme ça le mec ? Quel ringard sérieux, même ma sœur aurait pu défoncer la gueule si elle était toujours en vie. Il a vraiment pas la dégaine d’un mec qui sait s’battre ou qui serait capable de s’défendre et de d’pas se faire démonter lors d’une bagarre. La dégaine d’un froussard ou d’un peureux, d’où cette réflexion de ma part. En gros, ce type m’faisait pas peur même s’il voulait la bagarre par après, y avait pas de soucis j’le défoncerai avec plaisir.

En le regardant de plus près dans tous les détails qui le caractérisait, j’me suis rendu compte d’une chose. Ses gants de ringards étaient blancs à la base. Mais à l’instant où j’regardais plus concrètement, j’me suis rendu compte qu’ils étaient teintés de rouge. Etait-ce du sang ou une coloration pour donner du style à ces gants de merde ? J’me posais la question. C’est alors que je continuais de l’observer de haut en bas pour en arriver à ses chaussures. Elles me paraissaient vieilles et elles lui donnaient un style de vieux. Mais ce qui m’intrigua, c’est la grosse tâche de sang qu’il y avait à ses pieds. Et là j’comprends que ce taré venait de tuer un type. La raison de ce crime ? Aucune idée.

C’est alors que, dès que je l’ai mis en garde, il s’est retourné vers moi avec un regard très froid. Apparemment, il essayait de m’intimider ou quoi que ce soit mais j’sentis aucun frisson me parcourir le corps. Ça avait l’air plutôt marrant qu’un type habillé comme un clochard me regarde comme ça, impossible de m’enlever cette image là de la tête. En me répondant, il me traita de p’tit et osa m’ordonner de parler correctement sinon j’allais me faire défoncer. Attendez une seconde, ce mec m’avait donné un ordre ? Il est sérieux ? Il pensait réellement que j’allais me faire défoncer par une merde comme lui ? Non, franchement, le pauvre il risquait d’le regretter. Ensuite il se présenta, un certain Kazagi Rin. Pour encore plus me chercher misère, il m’demanda de me présenter directement au risque de me retrouver dans le même état que le type qu’il venait de tuer. Waouw, quel malade ce clochard, il pensait réellement que j’allais avoir peur de ses menaces. Raté.

En plus d’être un clochard, t’es un comique dis moi. Tu pensais réellement m’faire peur avec tes menaces ? Tain’, t’es vraiment un abruti toi, j’pense que t’as pas encore tout compris dans ta pauvre vie. C’pas parce que tu as tué un pauvre type que tu peux te permettre de me faire des menaces alors que j’te prévenais. Et sinon, tu t’sens pas trop puissant ? Tu veux pas l’garder en souvenir le cadavre ? Depuis tout à l’heure tu me le montres mais j’m’en branle pas mal. Tout ce que j’vois c’est qu’tu me cherches misère et que t’veux que je te défonce la face une bonne fois pour toute.

Sur ce beau discours de président de la République, je m’étais dit que j’devais le défoncer dans les cinq minutes qui allaient suivre sinon ça allait m’faire royalement chier. J’m’étais dit que j’devais directement lui sauter dessus, le rouer de coups de poing dans la gueule et le laisser pour mort là-bas. Mais non, c’était pas une bonne idée, après tout j’étais pas là pour ça. Certes, j’me battais souvent mais pas pour des connards de son genre. J’avais donc décidé de jouer l’intimidation en espérant que cet abruti fini ne veule pas directement entre dans un combat tout en sachant qu’il allait perdre d’avance.

Ah au fait, je m’appelle Genzö. Je suppose que tu veux toujours que j’te refasse le portrait ? disais-je en foutant un coup de poing dans le sol avec ma main aussi dure que du métal qui détruit la route sous mes pieds et un petit sourire en coin.