Music ♫:

J'étais prête pour le périple. Mon équipement était adapté à la traversée du désert et ma faux à double lames surplombait mon dos. Méphisto trônait à mes côtés, arborant son éternel sourire, alors que j'arrivais devant le logement de Kioshi qui avait finalement accepté de m'accompagner à travers les ruines enfouies pour récupérer l'un des comparses de mon félidé.

« Bonjour Kioshi ! Alors tu es prêt à partir ? »

Disais-je alors que le Yamada venait d'ouvrir sa porte.

C'est ainsi que nous partions en direction de l'immensité du désert, accablés par cette chaleur si familière que, bien qu'étant implacable, je n'échangerais pour rien au monde.

« Méphisto m'a révélé que l'emplacement de son frère se trouvait non loin des ruines où il était lui même enfermé. Une fois sur place, il nous indiquera le chemin.»

Du moins je l'espérais car avec lui rien n'était moins sûre... La dernière fois que j'étais partie en sa compagnie explorer des ruines, il était parvenu à nous perdre en plein milieu du désert où nous avions finalement, et complètement par hasard, trouvé Tsukiko et Shinji inconscients.

« Le chemin va être assez long jusque là bas mais nous devrions parvenir à trouver les ruines en questions. Des chercheurs travaillent dessus et n'accèdent aux différentes salles que lorsqu'ils sont sûrs qu'elles ne sont plus piégés car des pièges elles en regorgent ! Je suis déjà allée là bas plusieurs fois et j'ai bien failli y mourir ! Ce peuple antique qui les a bâti n'avaient aucune envie que des étrangers s'emparent de leurs trésors. »

Après un bon quart d'heure d'avancer sans rien dire, je finissais par rompre le silence : j'avais des choses à lui dire...

« Kioshi... Je dois te dire quelque chose. Je... J'ai rencontré mon père... Il est venu me trouver pour régler ses comptes avec Megami. Il ne savait pas que j'étais sa fille... Enfin il connaissait mon existence mais depuis le temps il pensait que j'étais morte. C'était... surréaliste. »

J'étais nostalgique de cet instant beaucoup trop court à mon goût... Il m'avait dit qu'il reviendrait mais Dieu seul savait quand... Il avait attendu dix neuf ans pour apparaître dans ma vie j'espérais qu'il ne comptait pas mettre autant de temps.

Je tournais mon regard vers lui, affichant un fin sourire alors que l'idée même d'y repenser me mettait du baume au cœur.

« J'ai appris bons nombres de choses sur mon clan grâce à lui et aussi sur moi même. J'ai obtenu quelques réponses au pourquoi du comment j'avais atterri a l'orphelinat malgré qu'il soit toujours en vie. Tu savais que j'étais la première Ketsueki a avoir franchi Suna ? Je n'ai aucun souvenir en dehors et c'est bien normal puisque j'ai été transférée à l'orphelinat de Suna très jeune du coup j'étais présente avant même l'intégration de mon clan par Rei. »

Cela me rassurait de savoir cela : même si Rei n'était pas intervenu, j'aurais grandi à Suna. Je n'étais pas reliée de près ou de loin à ce traître.

Ne pas oublier la promesse... Comment le pourrais-je ? Lorsque je lui avais demandé de m'accompagner je ne voulais simplement pas y aller seule car les ruines étaient dangereuses mais depuis que j'avais rencontré mon père et qu'il avait scellé les souvenirs de Megami, j'avais perdu en puissance et ma maladie me gangrenait peu à peu : j'avais besoin d'autant plus du frère de Méphisto... J'avais horreur de l'admettre mais il fallait que je sois en mesure de me défendre à défaut d'être efficace offensivement. Comment allait réagir Kioshi quand je lui parlerais de mon état de santé ? Il allait vouloir faire demi-tour c'était sûr ! Comment lui faire comprendre que j'avais absolument besoin de cette garde rapprochée ? Comment pouvais-je lui faire comprendre que j'étais devenue faible et que je devais me reposer encore plus sur les autres si je voulais survivre ? Je serrais les poings convulsivement, agacée par cette situation d'impuissance.

« Non je n'oublies pas ma promesse... »

Si seulement tu pouvais éviter de m'en donner l'ordre avant même que l'on aient mis les pieds dans les ruines ça serait pas mal... Peut-être devais-je attendre jusqu'à ce moment là pour lui parler de ma maladie ? Je ne le savais que depuis peu et j'avais de la peine à m'en remettre et me faire à l'idée...

La conversation bascula alors sur la rencontre de mon père, Kioshi me souriait en me demandant comment il était et je ne pouvais m'empêcher d'en esquisser un moi même, heureuse de ces retrouvailles.

« Eh bien il est comme j'ai pu me l'imaginer. Il est assez froid et distant, il à de l’ego. Cela fait presque vingt ans qu'il vivait tourmenté, se remettant peu à peu des blessures effroyables que lui a causé Megami. Il criait vengeance... »

Je baissais la tête a mes derniers mots, me rappelant alors notre affrontement.

« Je ne sais pas si cela lui ai satisfaisant mais oui il a réglé ses comptes avec Megami... Il s'en ait pris à moi en premier lieu, ignorant qui j'étais mais la différence de niveau était effroyable... J'ai commis une erreur en cherchant à utiliser mon sang contre lui... J'aurais dû me douter qu'un membre de mon clan n'était pas sensible à notre maîtrise évidemment mais sur le moment je n'y ai pas pensé, c'était la première fois que je rencontrais quelqu'un de mon clan en combat. »

Je me rappelais l'épisode de la révélation.

« Il m'a infligé la plus grande honte en tant que Ketsueki... »

Je révélais mon cou qui possédait un gros hématome violacé où la peau refermée semblait beaucoup moins bien régulière qu'ailleurs : l'endroit de sa morsure qu'il m'avait fait sans ménagement et qui avait de la peine à guérir.

« C'est le mieux que j'ai pu obtenir même avec mon chakra médical : autant dire qu'il n'y est pas aller de main morte. »

J'exprimais un petit rire nerveux.

« Mais je ne lui en veux pas. Grâce à mon sang il a pu comprendre le fin mot de l'histoire me concernant moi et Megami et cette dernière c'est manifestée suite à cela dans une lutte sans merci. »

Inutile d'ajouter qu'elle s'était servie de ma faux pour me trouer le corps afin d'infliger les blessures à mon paternel.

« Il a alors compris quelque chose. Le jour de son assassinat, Megami est vraiment morte. Elle n'a pas transférée son âme en moi comme je le croyais mais ses souvenirs... En plus de cela, j'avais de son sang et de son chakra en moi ce qui me permettait d'user de certains jutsu dont elle était capable. Mon père est parvenu a sceller ses souvenirs de façon temporaire et je suis ainsi tranquille pour quelque temps : c'est étrange de se sentir enfin seule à seule avec soit même. J'avais oublié quel effet cela faisait... »

J'avais aussi oublié l'impact de ma maladie sur mon organisme sans la présence de Megami...

Nous discutions ainsi jusqu'à finalement apercevoir les ruines qui avaient enfermé Méphisto pendant plusieurs siècles. Un campement de scientifiques était dressé devant la sorte de pyramide enfouie. Ils nous saluaient à notre arrivée et le chef de l'escouade m'adressait un sourire, se souvenant sans doute de mes précédents passages ici.
Je tournais dès lors la tête vers mon félidé :

« Méphi, où se trouve ton frère ? »

« Incontestablement devant un buffet... »

Je levais les yeux au ciel :

« Mais encore ? »

« Au nord-ouest d'ici, au 3ème sous sol sur la porte sud près du lion et et de l'oiseau. »

Je le regardais, interloquée. Depuis quand il faisait dans le détail ?

« J'espère que tu as tout retenu Kioshi parce qu'il ne le répétera pas deux fois... C'est loin d'ici Méphi ? »

« Moins long que les siècles emprisonné... »

Parfois je me demandais vraiment pourquoi je cherchais à obtenir davantage d'informations.

Finalement, après encore une bonne demi heure sous un soleil de plomb, nous apercevions l’alcôve d'entrée des ruines que je n'avais encore jamais explorées. Un nouveau campement trônait devant les lieux. La bâtisse ne ressemblait qu'à une dune de sable flanquée d'une ouverture tant les années l'avait recouverte de sable. Toutefois, les chercheurs avaient déjà commencé à en dévoiler le sommet pointu, à défaut d'en avoir exploré le cœur...

«Voilà ! Nous y sommes ! Prêt pour l'expédition ? »

Demandais-je à Kioshi entre deux gorgées d'eau. Je me sentais faible mais j'avais connu pire et comme je n'avais aucune envie de rentrer je me taisais pour le moment.
Je sortais deux lampes torches de mon sac et en tendais une au Yamada.

« Fais attention où tu mets les pieds où tu pourrais finir empalé avant même que tu n'ais le temps de comprendre ! »

Lui disais-je pour le taquiner bien que cela pouvait s'avérer vrai...
Nous pénétrâmes dans l'obscurité des ruines, descendant des semblant de marches de pierres dans un couloir étroit. Méphisto était en tête du cortège, il avait activé sa vision nocturne et il connaissait ce genre de lieu, il serait alors peut être à même de nous prévenir en cas de danger... douce utopie...

Notre chemin nous menait à une première salle haute de plafond où on ne voyait absolument rien. Il y avait une sorte de ligne de dalles bleues qui ne me disaient rien qui vaille aussi nous prenions soin de ne pas marcher dessus sauf que, sitôt la ligne franchie, un bruit rauque de roche se faisait entendre. Instinctivement, je pointais ma lampe vers l'entrée qui était désormais condamnée par une dalle flanquée d'une sorte de sceau...

« Bon ben... on peut faire une croix sur la promesse. A mon avis, tant que l'on aura pas résolu les énigmes et déjoués les pièges en priant pour rester en vie, on ne pourra pas sortir... »

Les ruines de Méphisto n'avaient pas été flanqué de ce genre de système mais les premières où je m'étais rendue oui.

« Lames d'acier empoisonnées... »

Se contenta de dire Méphisto. Aussitôt, je me jetais sur Kioshi pour nous mettre à terre et ainsi éviter de justesse la nuée de flèches effilées qui se fracassaient sur la roche de l'entrée. J'adressais un sourire gêné au Yamada sur lequel j'étais allongée et attendais un instant d'être certaine qu'une autre salve ne viendrait pas pour me relever.

« Ce n'est pas passé loin... »

Nous poursuivîmes alors notre ascension infernale à pas de loups, plus méfiant que jamais.

Kioshi y allait de son petit commentaire et je commençais à croire qu'il aimait lui aussi me taquiner. Je lui adressais un sourire amusée mais ne répliquais pas : il valait mieux rester sur nos gardes et concentrés si nous ne voulions pas voir notre vie écourtée...

Les flèches étaient sorties depuis de minuscules orifices creusés dans la roche et nous ignorions si elles avaient toutes été lancée ou non... Je créais donc un filament de sang après m'être mordue le pouce et faisait flotter mon fluide écarlate le long du mur devant les trous, pensant qu'il était possible qu'un mécanisme leur permettait de détecter les présence devant les interstices. Toutefois aucune autre n'en sortait. Je rappelais à moi mon sang et tentais de déchiffrer la langue étrange que j'avais déjà aperçu dans le temple précédent.
Méphisto nous traduisait alors : Je suis ton bien le plus précieux. A n'en pas douter il s'agissait d'une énième énigme qui aurait le don de nous ouvrir le chemin ou au contraire de nous tuer d'une façon insoupçonnée... Autant dire que nous n'avions pas le droit à l'erreur.

Quatre piliers se tenaient face à nous sur lesquels reposaient : or, nourriture, probablement de l'eau, et une arme. Je réfléchissais, me remémorant le mode opératoire des anciens.

«  Hmm... Ce peuple antique n'étaient pas matériel et même leurs trésors ne semblaient pas vraiment en être je pense que l'on peut donc oublier l'or. Si cela ne tenait qu'à moi j'aurais peut-être symboliquement choisi l'arme car ici nous en auront sûrement besoin de notre puissance mais par déduction, si ce liquide est bien de l'eau, c'est ce que je choisirais. Et toi ? »

Je ne savais pas si Kioshi aurait le même raisonnement que moi mais qu'est-ce qui était le plus précieux et sans qui nous ne pouvions vivre si ce n'était l'eau ? Qu'est-ce qui était rare dans nos contrées désertique : encore une fois l'eau...

« Toutefois rien ne nous indique qu'il s'agit vraiment d'eau dans le bocal... Si tu maîtrises le suiton peux-tu tenter de faire bouger le liquide pour nous confirmer cela ? »

Le liquide oscillait : il y avait de l'eau. Est-ce que c'était la seule chose importait peu pour le moment il n'étais pas question de la boire mais de choisir ce qui nous semblait être le plus précieux.
Une fois mis d'accord, je m'approchais du piédestal et retirait l'objet de son socle, hésitante et méfiante quant à la suite des événements. Un bruit sourd se faisait entendre et une nouvelle issue s'ouvrait à nous en même temps qu'une nouvelle salve s'abattait droit sur moi. J'eus le temps de l'esquiver, commençant à connaître les ruines je m'y attendais : rien n'était acquis ici.

Nous nous approchions donc de l'ouverture qui donnait sur... une pente raide où l'on ne voyait absolument rien en bas... Je soupirais, me rappelant notre course folle avec Oniri et Shinji pour éviter un énorme rocher lancer à toute allure à notre poursuite dans un schéma similaire.

«« Je ne devrais peut-être pas me laisser influencer par ce que je sais des autres temples mais en même temps nous ne sommes en principe censé réussir à en sortir alors peut-être qu'ils ont usés de mécanismes similaires... J'ai bien l'impression que nous allons devoir avoir affaire à un rocher manquant de nous écraser... »

Ce qui en soit n'était pas très important puisque nous maîtrisions le doton qui pourrait le stopper dans sa course. Nous nous engouffrâmes donc dans le couloir tout en prenant garde à ce qui pouvait nous attendre en contrebas dans l'obscurité... Comme prévu, un immense rocher déboulait et nous pûmes le stopper dans sa course en usant de nos remparts doton combinés. Nous obstruant une nouvelle fois l'issue dont nous venions et nous enfonçant dans des ténèbres bien plus épais encore. Il était difficile de discerner clairement les choses même avec nos lampes. Pour autant, un bruit d'écoulement d'eau se faisait entendre, me rappelant une nouvelle fois l'épreuve que nous avions dû affronter ma team et moi... Ces temples, à y regarder de plus près, semblaient presque jumeaux...

Méphisto disparaissait alors pour apparaître suspendu au plafond, nous mettant en garde :

«« Je ne suis pas un poisson, je les mange... »

A peine avait-il dit cela qu'un torrent s'engouffrait dans le tunnel où nous étions et comme si ce n'était pas suffisant nous y étions pas seuls puisqu'une nuée de poissons aux dents acérés venaient à notre rencontre...

Kioshi nous avait sorti du pétrin en usant de son suiton pour repousser les poissons me permettant d'activer le levier situé en hauteur. Cette nouvelle salle était bien différente et grâce au pouvoir de Kioshi nous n'étions plus trempés de la tête au pieds. Cette salle imposante et vertigineuse n'en était pas moins fascinante. Nous nous trouvions plusieurs mètres au dessus d'un sol sans doute couvert de piquants près à nous empaler.

Face à nous se trouvait une porte au dessus de laquelle était inscrit un message dans la langue des anciens. Il était impossible de voir à cette distance et pourtant ces écrits nous seraient peut-être précieux alors je devais envoyer Méphisto voir de quoi il retournait. Je lui ordonnais donc de s'y rendre tout en évitant le monstre impressionnant de sable qui nous faisait face... Il s'engouffrait alors sous la passerelle et s'y maintenait en usant de son chakra dans ses pattes pour progresser loin du démon. Ce dernier ne remarquait pas sa présence mais voulu le charger lorsqu'il se délogeait de sa cachette pour lire et nous porter le message. Le sarcophage tentait de l'attraper mais Méphisto se camouflait pour le faire douter une seconde qui lui permettait de nous rejoindre tout en esquivant son assaillant.

« Ton bien le plus précieux peut servir de bien des manières. » 

Voilà ce que l'inscription disait. J'observais Kioshi puis la coupole.

« Je vais tâcher de viser ses yeux avec ce maigre contenu. Essaye d'utiliser ton suiton sur lui cela le transformera peut-être en amas de boue ?! »

Je courais vers notre ennemi, la coupole en main : je n'avais pas le droit à l'erreur au vue de son contenu et je ne savais même pas si c'était ce que l'inscription laissait supposer...
Je lançais le liquide sur sa « tête » ne touchant pas vraiment les yeux... Pour autant cela eu l'air de lui humidifier son sable et ne pas vraiment lui plaire. Le suiton en revanche n'avait l'air de rien occasionné... Ce n'était donc peut-être pas de l'eau...

L'adversaire tentait de m'attraper et je n'eus pas d'autre choix que de bondir en arrière, apercevant alors une toile tendue au plafond qui semblait sur le point de céder, goûtant par endroit. Une réserve d'eau ?
Lorsque je reposais les pieds à terre aux côtés de Kioshi, celui-ci me faisait remarquer que la coupole était de nouveau remplie... J'écarquillais les yeux de surprise face à ce spectacle étrange. Je renversais a nos pieds le liquide et comme par magie, le récipient se remplissait à nouveau... J'adressais à Kioshi un regard interloqué tout en lui demandant :

« Si c'est notre bien le plus précieux ça peut aussi être celui de cette chose non ? Je me souviens dans l'autre temple que les momies ne cherchaient pas l'affrontement, elles voulaient simplement récupérer leur trésor... Et si on disposait la coupole sous la toile tendue et une fois que ce sarcophage vivant s'en sera emparé, on perce la toile pour l'immerger ? »

Spoiler:

La situation était désespérée. Kioshi était entravé presque jusqu'aux genoux par du sable qui le maintenait fermement au sol et le monstre géant s'approchait de lui pour continuer son office. Lorsqu'il fut en dessous de la nappe tendue, je tentais de percer celle ci avec une lame d'air envoyée par ma faux mais sans succès... C'était comme si un sceau empêchait à m lame d'atteindre son objectif.

Dans le même temps, le sarcophage s'était saisit de Kioshi qui se faisait broyer sous ses mains antiques, hurlant de douleur tandis que je craignais qu'il ne le balance dans le vide pour finir empalé sur les picquants en contrebas : il fallait agir vite.

« Il faut remplir sa gourde pour continuer son chemin »

Disait Méphisto. Il était gentil mais je n'avais pas vraiment le temps de comprendre son charabia énigmatique pour le coup, à moins qu'il ne venait de lire l'inscription figurant non loin du réservoir au plafond...
Réfléchis ! Réfléchis ! me suppliais-je sous les cris du Yamada. J'étais perdue mais je tentais de rassembler mes idées en vitesse, ordonnant à mon félidé d'aller récupérer la coupole, ce qu'il parvenait à faire, se faufilant allègrement pour éviter les grains de sable meurtrier. Je n'avais aucune idée de si mon plan allait fonctionner... Mais je devais essayer !

Je trempais dès lors les lames de ma faux avec le liquide contenu dans la coupole et m'adressais à mon chat :

« Méphisto, lance moi en l'air pour que je puisses atteindre le plafond ! »

Je m'ouvrais le pouce dans le même temps pour être prête à user de mon sang au besoin. Mon félidé me propulsa alors que je prenais appuie sur l'une de ses patte tournée vers le plafond. Toutefois, je comprenais rapidement que je n'aurais pas l'amplitude suffisante pour atteindre mon objectif. Dans un tir rapide et que j'espérais précis, je lançais ma faux dont l'une des lames touchait son objectif. Je dégainais aussitôt un tentacule écarlate pour attraper mon arme au vol et l'empêcher de tomber en contrebas.

La nappe se rompait et son contenu retomba sur le monstre et Kioshi. Le premier n'appréciait visiblement pas son contact et se disloquait sous mes yeux, le second avait juste l'air soulagé de ne plus être broyé par cette chose. Je me réceptionnait d'une main au bord de la passerelle voyant les piquants effilés m'attendre à bras ouverts tandis que je rejoignais le sol du ponton, finalement à l'abri. Je rangeais mon arme et mon filament écarlate pour accourir vers Kioshi qui avait un genou a terre et comme le souffle coupé. Sans vraiment savoir si je pouvais le soulager, j'apposais l'une de mes mains recouverte de mon chakra médical contre son dos, l'autre se posant contre son bras.

Après quelques instants, j'arrêtais mon œuvre, me plaçant face à lui pour le regarder dans les yeux.

« Est-ce que ça va ? »

Dans le même temps un bruit sourd se faisait entendre : la voie était de nouveau ouverte, nous pouvions poursuivre notre progression. Je me redressais après sa réponse, revenant vers Méphisto pour lui caresser la tête.

« Tu as fait du bon travail Méphi ! »

Le complimentais-je.

Là dessus, nous allâmes dans la nouvelle pièce, entièrement tamisée grâce aux pierres dorées que j'avais déjà pu observer dans l'autre temple, les murs de cette pièce en étaient recouverts. Quatre portes se dressaient face à nous. Chacune d'elle était encadrée par deux statues de pierre imposantes représentant : un lézard, un poisson, un lion et un oiseau : les différentes espèces animales. Je me rappelais alors que Méphisto avait dit que son frère se trouvait entre le lion et l'oiseau, il était donc aisé de savoir quelle porte choisir mais comment l'ouvrir ?

Et sa mâchoire se refermait encore et toujours dans le vide. Cette action, Hotep la répétait depuis maintenant plus d'un millénaire. Il le savait, il avait mesuré chaque seconde écoulée depuis lors. Oui oui, il les avait vraiment compté. Le gardien aimait à garder une notion de temps adaptée aux circonstances. Ainsi, pendant que son autre lui comptait, il profitait d'un délicieux repas. Cette fois-ci, il était question de tranches de serpents farcies aux épices et d'aile de vautour relevées à la poêle dans un peu de sauces pimentés.

Évidemment, rien de tout ceci n'était réel. Pas plus que son autre idiot de lui qui n'avait rien de mieux à faire que compter le temps qui passait. Il fallait vraiment être stupide pour faire une telle chose. Cependant, Hotep était un chat particulièrement têtu. De ce fait, il ne voyait que ce qu'il désirait voir. Et comme son autre lui le comptait si bien cela faisait maintenant près d'un millénaire que son estomac criait famine. On pouvait l'entendre gronder jusque dans les confins de cette salle à peine illuminée par les cristaux. Néanmoins, il s'en moquait. Tant qu'il avait ses tranches de serpent farcies et ses ailes de vautour pimenté, il n'en demandait pas davantage, sauf peut-être un véritable repas. Tout de même, il commençai à se lasser de la nourriture imaginaire.

Alors, avec un certain flegme il reposa l'os rongé qu'il n'avait pas dans la main dans son bol, puis s’affala dans son siège, posant une main sur sa joue pour aviser le plafond au-dessus de sa tête. Son autre lui était toujours-là à faire le calcule. Accroupi, la tête pendu à l'envers, un caillou dans la main, face à une stèle.

« Alors on en est à combien ? » Pensa-t-il à l'encontre de son autre-lui.
« Trente et un million cinq cent trente cinq mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit,
Trente et un million cinq cent trente cinq mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf,
Trente et un million cinq cent trente six mille... »

Suite à quoi il grava à l'aide de son caillou un trait sur la stèle. Il y en avait déjà plusieurs centaines d'autres.

« C'est bon ! » dit alors celui dans haut.
« Ok, dans ce cas recommence »
« Un,
deux,
trois,
quatre... »

En voici un qui faisait du bon boulot. Ce n'était pas comme ces trois autres lui qui s'attelaient à faire le ménage, à passer le balais, à dépoussiérer la table, à faire briller les couverts. Eux, il ne les aimait pas. Trop prétentieux, trop avide à l'idée de le détrôner et de prendre sa place. Hotep, se redressa, alors impérial, faisant son petit tour d'inspection, les bras croisés dans le dos, histoire de faire comprendre qui était le patron.

« Allez secouez-vous un peu bande de larve ! Sachez que je n'ai aucune sympathie pour vous, ni même la patience ou l'envie de faire semblant de prétendre le contraire. Surtout toi !! »

Il pointa alors un doigt accusateur en direction d'un de ses nombreux lui, littéralement prostré dans un angle de la pièce.. Les tires au flanc, tout ce que Hotep détestait, d'autant plus lorsqu'il était le chef des opérations. Cependant quelque chose attira subitement son attention sur le misérable. Son regard devint soudainement plus vif et il administra à son double un coup de pied monumental qui l'envoya valser puis s'évaporer dans le décor. Il ramassa alors l'objet de sa convoitise et l'avala tout rond

« Ma cacahuète ! »

Puis quelque chose attira soudainement son attention, comme si son chakra commençait enfin à se réveiller après tant de siècles. Deux nouvelles personnes étaient présentes dans la salle, et pour le coup, il en était certain, il ne s'agissait pas d'autre lui. Pourquoi ? La raison était simple, les autres lui n'existaient tout simplement pas, contrairement à ces deux étranges humains. Surpris, Hotep offrit une expression désabusée à la jeune femme, avant d'activer sa faculté de camouflage pour disparaître totalement à ses yeux ainsi qu'à l'homme mourant qu'il l'accompagnait. En voici encore un qui avait but le liquide et qui allait sans doute se changer en statue. L'autre-lui-compteur avait dit que sept personnes étaient passé avant eux. Et ces dernières se trouvaient désormais assis dans cette salle, sur les chaises, en face de la grande table, tous changés en pierres. Hotep s'avoua pendant un instant que la déco de son éternel prison n'était vraiment pas terrible, puis se ravisant en pensant qu'il faisait tout ce qu'il pouvait avec les moyens du bords.

Toujours équipé de son camouflage, il attrapa son sceptre en or, qui lui n'était absolument pas invisible, et s'en servit pour palper à distance et sous toutes les coutures les nouveaux arrivants (à noté qu'il s'attarda légèrement sur les formes de la jeune humaine et sur sa poitrine). On était jamais trop prudent. Lorsqu'il se fut assuré sur ces étrangers n'allaient pas lui exploser à la figure, il concéda à se dévoiler à nouveau. Prenant appuie sur son spectre, il adopta une posture solennel afin d'accueillir les petits nouveaux.

-Iriyosse ! Kazi rolosen'tas kaldor, yartz. Dit-il d'une voix qu'il se voulait accueillante.

L'air de rien Hotep était plutôt content de voir de nouvelle tête ici. Il jugeai ses autres lui franchement ennuyeux et espéraient que ces humains là n'allait pas mourir trop rapidement, surtout la belle demoiselle. Par ailleurs, il se rappelait qu'il devait donner aux arrivants la formule magique pour guérir du poison et ne pas se changer en pierre.

-Akryl zot'sutra kvala !

Les deux humains l'avisèrent avec de grands yeux. Le gardien se frappa le front consterné. Voilà que cela recommençaient. Ces mortels étaient vraiment tous aussi stupide ou le faisait-il exprès ? A chaque fois c'était la même histoire. Ils arrivaient après avoir but le poison, Hotep leur donnait la solution, ils ne la comprenaient pas et finissait irrémédiablement par se changer en pierre.

-Akryl zot'sutra kvala ! Répétât-il en serrant les dents, comme si prononcer ces mots en les mâchant aurait put permettre à ses interlocuteurs de le comprendre.

Tout s'était enchaîné rapidement jusqu'ici et ce moment précis n'était pas en reste. Kioshi avait compris qu'il fallait boire le liquide étrange qui avait eu raison du colosse de sable une poignée de secondes plus tôt. Cette idée ne me plaisait guère : il était maintenant clair que ce n'était pas de l'eau... Quelle était donc les propriétés de cette étrange boisson ? Nous ne savions rien d'elle et pourtant Kioshi s'entêtait à vouloir l'avaler : et il le fit.

J'avais déjà remarqué depuis la douche froide qu'il se cramponnait le cœur mais j'avais mis cela sur le compte des blessures qu'il avait hérité durant l'étreinte titanesque mais visiblement, ce phénomène s'accentua à vue d'oeil : il souffrait et je ne savais pas quoi faire pour l'aider à s'en sortir. Il apposa sa main sur la porte entre la statue du lion et de l'oiseau, celle-ci s'ouvrait pour dévoiler une pièce lugubre aux airs de salle a manger funeste. Des statues avaient pris place autour de la table tandis que le félidé semblait ingurgiter de la nourriture que seul lui semblait voir...

A notre vision il se camoufla comme pouvait le faire Méphisto, s'approchant de nous pour nous tâter sous toutes les coutures avec son sceptre doré, profitant au passage de me peloter : super un autre détraqué de plus !
Pour l'heure, je n'avais que faire des présentations alors que je voyais l'état de Kioshi s'aggraver et sa peau s'effriter : je venais de comprendre que les statues n'en avaient pas toujours été une...

Finalement, le félin réapparaissait, se montrant sous son aspect bipède et sa peau violacé pour nous parler dans une langue incompréhensible... Sûrement celle des anciens.
J'adressais un coup d'oeil rapide à Méphisto pour qu'il nous traduise ce que son frère racontait : le temps pressait.

« Le remède est le rival du bien... »

Une nouvelle énigme ! Comme-ci nous avions le temps.

« Méphisto tu es son frère non ? Dis lui d'arrêter ça ou au moins de nous dire clairement ce qu'il faut faire. »

« On dirait bien que tu n'as pas fait ta mise à jour petit frère. »

Se contentait-il de dire. Je serrais la mâchoire devant ces chats incompétents avant de me tourner vers Kioshi. J'utilisais l'art de la médecine pour tâcher de ralentir sa fossilisation indéniable pour m'octroyer plus de temps pour la réflexion. Je maintenais donc ma technique tout en réfléchissant.

« Le bien doit être le bien précieux donc le liquide. Le remède est le rival du liquide... Grrr Je ne comprends rien ! »

Cela pouvait très bien être la chaleur... l'eau s'évapore sous la chaleur du désert et nous avions choisi l'eau car sans elle nous ne pouvions subsister dans ce climat... J'avisais Kioshi, me demandant s'il pourrait encore en être capable.

« Kioshi écoute moi ! Essai d'augmenter ta température le plus possible ! Cela va peut-être permettre au liquide de se dissiper ! »

Nous étions sous terre et il faisait plutôt frais dans le temple... Peut-être était-ce la clé... ou peut-être pas...

Kioshi semblait ne pas réagir a mes propos si bien que je m'approchais plus près de lui encore, tentant de capter son regard lorsque finalement et subitement, il augmenta sa chaleur et par conséquent celle de la pièce. Les félins s'éloignaient et s'estompaient dans le décor tandis que je ne pouvais retenir mes cris de douleurs face à la brûlure de mes mains qui reposaient sur son torse. Je les ôtais bien vite, tombant a la renverse sur le sol tandis que l'atmosphère était désormais irrespirable et suffocant. Je haletais, mon corps se couvraient de sueur pour tenter de me protéger de cette fournaise. Je me protégeais le visage de mes bras mais ma chair brûlait, m'arrachant des hurlements étouffés mais plaintifs. Je serrais les dents, créant un rempart doton pour éviter la vague incandescente de plein fouet malgré que la chaleur restait dans l'air.

Lorsque la pièce retrouva sa température, j'abaissais ma protection, tandis qu'il s'échappait encore des trais de fumé de la peau de mes bras calcinés. Je grimaçais de douleur face à cette brûlure, me redressant toutefois bien vite pour constater de l'état de Kioshi. Il semblait aller mieux mais cela ne semblait pas suffisant. La chaleur avait donc de l'emprise sur cet étrange liquide.

Le Yamada me demandait de sortir d'ici avec mon nouveau compagnon. J'ordonnais donc l'ouverture de la marche tandis que ce dernier restait en retrait. Je lui adressais un regard flamboyant, pleins de rage à son encontre alors qu'il était la résultante de l'état de Kioshi et dans son langage incompréhensible, se joignait à nous.

Nous remontâmes dès lors le temple en sens inverse et le plus vite qu'il nous était possible de le faire. Je craignais de voir de nouveau obstacle se dresser devant nous heureusement il n'en fut rien. Je n'avais aucune idée de comment sauver Kioshi mais je pensais aviser une fois sortie si jamais la chaleur du désert n'était pas non plus suffisante pour le faire retrouver son état normal. Je tenais ce dernier par le bras pour l'aider a progresser rapidement vers la sortie et ce simple contact me terrassait de douleur : j'aurais voulu hurler sous les affres que je ressentais suie à ces brûlures impressionnantes : voilà donc de quoi était capable les Yamada...

Je pouvais très bien me soigner mais ce n'était pas le moment, l'état de me Kioshi me préoccupait plus que le reste. Je gardais également un œil sur le félidé bipède histoire de voir qu'il nous suivait bien et qu'il n'avait décidé de se faire la malle après tout ce que nous avions enduré pour aller le chercher. Kioshi avait certainement des os brisés, je voyais que chaque pas était pénibles... Je l'avais entraîné là dedans malgré moi mais si j'y étais allée seule je n'en serais pas revenue alors aurais-je dû simplement m'abstenir ? Cet idiot de chat en valait-il vraiment la peine ? Je l'espérais...

Finalement, après avoir détruit le rocher et franchie la première salle, Le chat posa sa main sur la stèle scellée qui s'ouvrait de suite, nous laissant entrevoir les rayons du soleil qu'il n'avait sans doute pas vu depuis un moment. Ses iris à la verticale rétrécirent subitement pour s'acclimater à cette soudaine luminosité et nous nous engouffrions tous dehors excepté lui qui semblait avisé le désert comme une curiosité sans nom.

Est-ce que Kioshi allait aller mieux ? Je le soutenais toujours pour marcher et il pourrait recevoir les premiers soins de l'équipe de scientifiques qui avaient établi leur campement ici. En attendant le verdict était proche... Et le chat ne semblait toujours pas enclin à mettre une patte dehors...

Musique ♫:

Ces humains, ils étaient vraiment étrange, surtout la demoiselle sexy aux yeux rouges. Hotep ne comprenait pas pourquoi, mais elle lui plaisait. Sans doute parce qu'il la jugeait de qualité et qu'il n'avait pas vu une si jolie poitrine depuis plus de mille an. Le seul problème étant ce jeune homme à l'air bancal et plutôt maladif. Le gardien espérait secrètement que ce dernier se statufie ou, à défaut de cela, qu'il meurt rapidement pour se retrouver seule avec l'humaine. S'il devait passé le prochain millénaire en si bonne compagnie, peut-être que le temps passerai plus vite. Pensif, il eut un sourire mesquin tout en se grattant le menton de l'extrémité de sa griffe.

-Nok pralfar'sol-rikin...

Dit-il en s'adressant avant tout à lui-même. Il jugeait que cela pouvait être une bonne idée. Encore fallait-il pouvoir la mettre en application. Le problème étant que l'homme se mit à faire chauffer la pièce plus que de raison. Hotep, s'étonna en comprenant qu'il s'agissait d'un Yamada. Depuis tout ce temps enfermé ici, il pensait que la plupart des races d'humains du désert se serait éteintes, mais visiblement ne ce n'était pas le cas. Et puis il y avait cette femme à qui son Grand-frère semblait vouer servitude.

Lorsque la température de la salle atteint un seuil un peu trop critique pour sa peau délicate, le gardien fit quelque pas en arrière vers le fond suivit par son confrère. Droit comme un pique, un bras croisé dans le dos, il frappa le sol deux fois avec son sceptre, dressant un mur de terre de sorte à se protéger des vagues incandescentes. Lorsque le situation se calma, le mur s'effrita de lui-même, révélant un Hotep en parfait état, aux airs toujours aussi solennel et narquois. Il se rapprocha alors du groupe avec curiosité, les oreilles dressées, faisant preuve d'autant de méfiance que de curiosité.

Ce fut alors que la femme l'attrapa par le poignet. Elle lui dit des choses dans une langue totalement incompréhensible, mais il comprit qu'elle lui ordonnait de la suivre hors de cette salle. Le félidé, tournant la tête de côté, fermant les yeux en signe d'assentiment, sans chercher à se dérober de l'emprise de la jeune humaine. Non, mais pour qui se prenait-elle ? Ce n'était parce qu'elle avait des attributs fort généreux qu'il allait se permettre de la suivre aveuglément. Et puis il ne pouvait pas partir car son autre lui n'avait pas encore finit son comptage. Il devait rester pour superviser les opérations.

-Darts...

Fit-il pour exprimer son désaccord. Il se risqua alors à ouvrir une paupière en direction de l'humaine qui lui adressa alors un regard tyrannique des plus effrayants. Le visage d'Hotep se décomposa littéralement. Il n'avait pas l'habitude de voir ce genre de chose. La dernière fois qu'il avait autant eut la frousse, c'était lorsqu’il s'était retrouvé en face de Shukaku. Ses oreilles retombèrent en arrière tandis que ses pupilles se dilatèrent d'humidité, presque larmoyantes.

-Yotro, yotro, yotro !!

Le félidé apeuré tentait désespérément de calmer le jeu. Tout compte fait, peut-être que passer tout le reste du temps d'aujourd'hui avec elle n'était pas une si bonne idée. Il baissa la tête en soupirant, puis acquiesça à demi résigné puis se tourna en direction de ses doubles pour taper vigoureusement dans ses mains.

« Allez bande d'insectes grouillants. Le travail est terminé. On remballe tout »

Ses autres lui poussèrent des « hourras » en balançant les ustensiles de lavages, puis disparurent dans le néant, tout simplement. Le chef soupira à nouveau, pensant qu'ils n'étaient tous qu'une bande d'incompétents et qu'il ne ferait plus jamais appel à leur service. Suites à quoi, félin aussi bien qu'humain empruntèrent la direction de la sortie. Traversant les longs couloirs et série de salle, Hotep, n'avait pas un seul instant déroché ses pieds du plafond, marchant ainsi la tête en bas par rapport à sa petite escorte. Son Grand-frère était tout de même assez intelligence pour faire de même que son cadet car, dans sa tête empoussiérée par les toiles d'araignées et les cafards, il avait perdu toute notion de réalité, de profondeur, de surface, de haut ou de bas, de commencement et de fin. Ainsi à sons sens, c'était les autres qui marchaient la tête en bas et non lui. Il ne comprenait d'ailleurs pourquoi ils faisaient cela. L'homme ne semblait pas en singulière forme, tout comme la femme.

« Décidément, les constructions des Vieux sont toujours aussi peut accueillante avec les inconnus » Pensa-t-il en s'adressant à son homologue quadrupède.

Parvenu face à la stèle barrant la sortie, Hotep apposa l'extrémité de son sceptre sur la paroi-rocheuse afin de briser le sceau bloquant l'issu. Il fut alors brutalement aveuglé par la lumière du soleil qu'il n'avait pas vu depuis des siècles. Ses pupilles se rétractèrent et il fit barrage avec son bras avant d'effectuer plusieurs pas en arrière. De leur côtés les humains avaient rejoint l'extérieur et l'homme semblait mieux se porter. Quelques minutes plutôt il aurait été déçu de se revirement de situation, mais tout compte fait, il préférai lui laisser cette femme démoniaque aux airs franchement effrayant et pas très sympathique.

Finalement, il plaqua son dos contre un mur pour en plus à avoir à faire au halo de lumière qui pénétrait dans la salle. Le chat était perdu, il ne savait plus vraiment quoi faire. Des voix semblèrent l'appeler depuis l'extérieur. Déglutissant, il se risqua à laisser dépasser sa tête, plissant des yeux et rabaissant à nouveau ses oreilles en arrière pour observer le monde de dehors. Empoignant son sceptre à deux mains, il se mit à tâtonner les granulés présent sur le sol de l'extérieur tout en restant dans sa cachette. Dans ses souvenirs (tout du moins pour le peu qu'il en avait), il n'y avait pas autant de sable dans le coin.

-Ruotu sol-mypro zot ?

Questionna-t-il à l'encontre de ses humains, comme s'il n'avait pas encore été capable de comprendre que les deux parties présent ne parlaient nullement la même langue. En l'état, tout ceci ne disait rien qui vaille à Hotep et il se disait qu'il ferait mieux de retourner dans la salle du banquet. Toute cette histoire lui avait ouvert l'appétit et une superbe pile de scorpions grillés aux épices dorées l'attendait sur la table.

Je chargeais Méphisto de surveiller son frère tandis que j'étais aux côtés de Kioshi, cherchant une solution au mal qui le rongeait. Il tomba sur le sol, respirant avec difficulté et toussant comme pour rejeter quelque chose : ce fameux liquide. Je me postais à ses côtés, posant une main réconfortante contre son omoplate, cherchant à comprendre si son état était bon ou mauvais signe. Le contact de nos corps me faisait grimacer de douleurs tant mes bras meurtris semblaient en proie au supplice. Le soleil flamboyant du désert n'aidait pas à apaiser ma souffrance mais c'était bien le cadet de mes soucis en cet instant.

Kioshi se redressait doucement, tout en émettant des râles de désapprobations quant à ses possibles os brisés. Il me demandait de lui montrer mes bras et je savais qu'il voulait apaiser le feu qui consummait ma chair mais il n'en était pas question.

« Économise tes forces pour toi même, tu en as besoin. Tu es sûr que ça va désormais ? »

Je l'observais sous toute les coutures comme s'il me cachait quelque chose tandis que lui insistait, le regard plus dur et pénétrant : ce n'était plus une demande, c'était un ordre. Je l'observais un instant, décontenancée par ses propos et me décidais à lui obéir, tendant mes bras calcinés dans sa direction. Je pouvais lire la culpabilité qu'il ressentait dans son regard et cela me peinait. Il apposa ses mains dessus, m'arrachant une nouvelle grimace et des cris étouffés tandis qu'il s’affairait à amenuisée la brûlure. Pendant qu'il me soignait, je détournais les yeux, honteuse de ne pas avoir pu le protéger.

« Je suis désolée que tu ais eu à subir cela par ma faute... »

Du coin de l’œil, j'apercevais le chat tâter le désert avec son sceptre... C'était vrai qu'il n'avait pas vu la lumière du jour depuis un moment celui là... Il murmurait encore des paroles incompréhensibles que Méphisto traduisait :

« Hotep ne foulera la fournaise que lorsqu'il sera repu avec dignité pour éveiller son intérêt. »

Hotep ? C'était son nom ? Il voulait visiblement un repas à la hauteur pour daigner avoir une raison de nous accompagner... Je soupirais.
Lorsque Kioshi eut terminé de me soigner, je flanquais un bisou sur sa joue tout en lui adressant un sourire. Ce geste me faisait le remercier pour ses soins, pour le fait de m'avoir accompagné et je m'excusais aussi de lui avoir fait enduré tout cela et plus que tout cela montrait mon soulagement de le voir de nouveau dans son état normal et dieu merci pas transformé en statue de pierre. C'était un immense soulagement.

Après cela, je me rendais dans les tentes du campement afin de voir si je ne pouvais pas trouver de la nourriture. Le cuisinier de l'expédition, remplissait alors un bol d'un jus de cactus filtré accompagné de viande de serpent grillée. De toute façon, mangeant de façon imaginaire pendant je ne sais combien d'années, il ne pourrait pas jouer les difficiles... Je l'avisais d'un regard pénétrant avant de lui tendre le bol qu'il portait à ses narines, l'air visiblement satisfait.

« Hotep venir avec moi ? »

Lui demandais-je tout en tentant de lui mimer la chose. Je n'avais plus qu'une envie : rentrer et dormir !

Il fallait l'avouer. Cette situation des plus singulières ne m'était pas franchement Hotep à son aise. Visiblement ces humains étaient venu pour le sortir d'ici, le seul problème étant qu'il ignorait totalement pourquoi. Un instant, il se demanda, si tout ceci n'était pas un piège pour le capturer et le faire griller à la broche. Peut-être que les humains de cette époque aimaient à manger les chats ? Cependant, si tel avait été le cas, alors son grand frère ne se serait pas trouvé parmi eux. Alors, il s'adressa à son comparse afin qu'il demande à ses bipèdes aux oreilles courtes de lui préparer quelque chose à manger. S'ils étaient en mesure de satisfaire son palais gustatif cela signifierait qu'il pourrait envisager de le faire confiance. Après tout, de bons cuisiniers ne pouvaient être que de bonnes personnes. Et puis, après plus de mille ans passé à manger du vide, le félidé commençait à avoir sérieusement faim.

Aux aguets, toujours caché derrière son mur, tenant fermement le manche de son sceptre entre ses deux mains, il attendit, prostré, l’œil méfiant, tout en éprouvant un soupçon d'impatience. Finalement l'humaine arriva avec un bol de soupe dont l'odeur lui semblait étonnement alléchante. Il flaira le breuvage, renvoya ses oreilles en arrière sous l'émotion, la curiosité et l'envie, jugeant que ce plat sentait étonnamment bon. Cependant, il ne se décida pas immédiatement à le prendre des mains de celle qui venait le servir, lui adressant alors un regard suspicieux en plissant des yeux. Il était étonnant de constater à quel point son visage trahissait chacune de ses émotions. Malgré qu'il fut un chat, il était aisé de lire en lui comme dans un livre ouvert.

Après de longues secondes d'hésitation, restant ainsi immobile à observer la jeune femme. Hotep finit par lui arracher le bol des mains d'un geste vif avant de s'asseoir en tailleur pour commencer à manger, attrapant les morceaux de viande entre ses griffes pour les laisser tomber dans sa gueule. Une fois longuement mâchouillé, ses pupilles se dilatèrent comme s'il venait de consommer une substance euphorisante. Suite à quoi le félidé dix fois centenaires se laissa porter par ce tourbillon de saveur qui venait le submerger. Non seulement ce plat était absolument délicieux, mais en plus il n'avait jamais rien avalé d'aussi goûteux, même à l'époque du Temps d'Autrefois. En soit, cela offrait une superbe perspective d'avenir pour Hotep qui ne pensait plus qu'à déguster et découvrir de nouvelles saveurs. Et puis, après tout ce temps, prendre un peu l'air ne lui ferait pas de mal.

Il avala son repas en un rien de temps, puis poussa un long soupir repu après avoir ingurgité la dernière goûte de jus de cactus. Ce dernier avait d'ailleurs tendance à procurer un drôle d'effet sur lui. Les pupilles toujours aussi étendue, le pauvre ne semblait plus savoir où donner de la tête. Il regarda l'homme, il regarda la femme, puis de nouveau l'homme et une dernière fois la femme, avant de disparaître subitement, s'évanouissant dans l'air comme si ne rien n'était. Le félidé voulait prendre la fuite, mais il semblait avoir du mal à réaliser que cela ne servait strictement à rien de devenir invisible lorsqu'on laissait, malgré-tout, des traces de pas dans le sable. Il réapparut alors aux yeux de tous. Le dos légèrement voûté, les oreilles dressées, figé dans un posture d'escargot, la patte encore en l'air, prête à effectuer un nouveau pas...

Comprenant qu'il devait paraître bête en cet instant, il parti, fuyant à toute hâte pour retourner à l'intérieur des ruines. Les spectateurs ayant assisté à la scène restèrent sans voix devant ce spectacle sans queue ni tête. Pourtant, contre toute attente, et ce après quelques minutes, Hotep daigna ressortir le bout de son museau, transportant un énorme paquetage enroulé dans une nappe attaché autour de son cou. Un vacarme de tintement métallique ponctuait désormais chacun de ses pas. Son spectre était également attaché dans son dos. Désormais, il se tenait devant la jeune femme, droit comme un pique avec son tas d'affaires sur le dos, et la dévisageai d'un air presque sérieux. Elle s'adressa à lui dans cette langue bizarre qui n'était pas la sienne, mais pour le coup, il comprit exactement ce qu'il voulait lui dire.

-Yoratro... Finit-il par concéder dans un ultime soupir.


D'un geste vif et sec, il frappa dans ses mains, faisant brusquement apparaître un imposant parchemin dans un nuage de fumé. Il le déroula devant l'humaine et indiqua de sa griffe l'endroit où elle devait signer avec son sang afin de sceller le pacte. Lorsqu'elle s'effectua, Hotep put sentir de nouveaux pouvoirs imprégner son être. Sa nouvelle maîtresse semblait plutôt forte, mais sûrement pas autant que son prédécesseur. Le félidé avait tout de même l'étrange sensation de se sentir plus léger.

« Où se trouve le prochain repas ? » S'adressa-t-il à son frère aîné qui se contenta, en guise de réponse, de tourner simplement la tête en direction du sud-est, là où se trouvait Suna.

Une lueur de détermination illumina alors le regard de Hotep. Il leva la main, puis serra le poing avant de plier des jambes et d'effectuer quelques étirements. Son paquetage s'agitait avec lui dans une cacophonie des plus stridentes.

-Yosh !

Il était temps d'y aller. L'espace se déforma brusquement tout autour de lui et le chat bipède prit une brusque impulsion qui le fit décoller dans le ciel. Sauf qu'il ne retomba pas. Une main dans le dos et le poing de l'autre tendue vers l'avant ; il s'envola vive allure, parcourant l'immense étendue du désert en un rien de temps. Avec sa nouvelle capacité de vol, il put prendre une énorme avance sur ses accompagnateurs. En rentrant au village ces derniers purent le retrouver dans un restaurant encerclé par les gardes qui venaient de lancer l'état d'alerte face à l'arrivé de cet intrus. De son côté Hotep n'en avait strictement rien à faire et se contentait de manger ce qu'on lui servait, faisant ainsi flamber l'addition.

Finalement, Hotep se tenait là devant moi avec un énorme sac sur le dos rempli de ses « affaires ». Au moins il avait l'air sur le départ, encore devais-je parvenir à le ramener avec moi et cela n'était pas forcément gagné... Il me disait encore « Yoratro » et vu le contexte j'imaginais que cela signifiait : d'accord ou oui. Le félidé frappa dans ses mains et un long parchemin en sorti : je comprenais dès lors qu'il avait compris que je souhaitais pactiser avec lui et avoir besoin de ses services. Il ne pouvait pas comprendre si je lui disais qu'il pourrait mener sa vie comme il l'entendait, tant qu'il respectait les règles, et que je ne lui demandais que l'obéissance et l'exécution de mes ordres. En soit ces paroles pouvaient sonner tyrannique mais pour Méphisto le savait bien : je n'étais pas exigeante avec lui, il était tout le temps en train de se balader ou de se reposer au manoir, une vrai vie de pacha pour un chat.

Je me mordais le doigt pour signer de mon sang à l'endroit où il me l'indiquait de sa griffe. Une fois cela fait, Hotep rangea le parchemin alors qu'une drôle de sensation m'envahissait : comme lors du pacte avec Méphisto, je sentais mon lien avec lui créer, résonner, alors qu'il m'octroyait sa servitude et moi ma puissance : nul doute qu'il ferait un bon allié.

Soudainement, après quelques mots incompréhensibles échangés avec Méphisto, le petit frère plus grand par la taille effectuait quelques étirements comme s'il était rouillé puis bondissait en l'air avant de voler – oui vraiment – vers Suna. J'adressais un regard stupéfait et un brin perplexe au Yamada qui semblait m'aviser avec la même intensité. Nous rentrâmes donc le plus vite que nous le pouvions : autant dire au ralenti par mes blessures un tant soit peu guéries et les côtes certainement brisées de Kioshi.

Je craignais qu'Hotep ne commette des dégâts en ne connaissant rien à la société et je ne m'étais pas trompée. Il ne fut pas difficile de le retrouver : déjà parce que Méphisto savait précisément où il se trouvait mais de toute façon tout le monde ne parlait plus que du chat bipède venu du ciel... Je grimaçais... Il fallait vite que je le rattrapes avant que des gardes cherchent à l'immobiliser et qu'il riposte... Finalement, nous le trouvions dans un restaurant, bel et bien entouré de gardes qui lui posait des questions sans vraiment savoir s'il comprenait ce qu'ils lui disaient : la réponse était évidemment non. Mon chat s'empiffrait encore et encore, les bols s'amoncelaient sur sa table et je faillis faire une crise cardiaque en voyant leur nombre... Monstrueux... Comment avait-il pu ingérer tout ça ?

Je me faufilais dans l'établissement et demandais le calme. J'expliquais dès lors qu'il s'agissait de mon kuchiyose nouvellement acquis, même si ce n'était une surprise pour personne étant donné que c'était assez connu que Ketsueki Yami la bizarre ou la Vampire, possédait un chat vraiment effrayant et que donc cette chose étrange qui ressemblait aussi à un félin devait lui appartenir : et ils avaient raison !

Finalement je parvenais à éviter l'esclandre en promettant de le surveiller de près. Il fallait dire que je ne pouvais pas les renvoyer dans leur monde... Les autres Kuchiyose avait un monde, un endroit bien à eux de ce que j'en savais mais eux ce n'était pas le cas : ils avaient été enfermé dans des temples antiques. Je n'avais donc nul part où les renvoyer, ils étaient perpétuellement invoqués et parfois je le regrettais car cela nous menait à des situations de ce genre.

Je soupirais suite à cette rude journée et accompagnait Kioshi à l'hôpital où il recevrait des soins nécessaire, alors que j'étais encore désolée de lui avoir fait subir tout cela. Mes brûlures demeureraient un moment mais outre cela je n'avais rien subi moi... C'était toujours les personnes qui m'accompagnaient qui subissait le courroux des événements...
Suite à quoi, je rentrais chez moi en compagnie de mon nouvel allié : Hotep, le chat bipède un peu effarouché, ne parlant pas un traître mot de notre langue... Génial...