Quelle belle journée... affreusement ensoleillée et brûlante. Ema se promenait tranquillement dans le centre-ville de Suna, flânant devant les boutiques, belles boutiques remplies de belles choses beaucoup trop chers pour être achetées. Voler serait une... façon de recourir à ce problème. Néanmoins, étant Genin, la prison l'attendrait très certainement.

Donc, non, ce n'était absolument pas envisageable. Mais ce set de senbons étincelant était très juteux... Ema, devant cette boutique, rumina une bonne dizaine de minutes. Bien entendu, elle ne put refréner ses envies et elle entra dans cette fameuse échoppe pleine de bijoux attrayant.

Étant Genin grâce à ce magnifique bandeau, le propriétaire la salua gracieusement, content qu'une personne entre enfin dans son magasin pour acheter des armes. Elle tourna dans le magasin un sacré moment avant de s'attarder sur les senbons qu'elle convoitait tant. Pourtant, elle ne les prit pas. Le gérant était tellement adorable qu'une voleuse ne pouvait pas gâcher sa journée. Surtout qu'il lui était maintenant possible de gagner des sous en effectuant des missions.

Elle salua chaleureusement l'homme au comptoir, qui, ne s'étant douté de rien, la salua en retour, déçu par les achats qu'Ema n'avait pas effectué. Ce n'était qu'à charge de revanche étant donné qu'Ema reviendrait ici, mais cette fois-ci en fille respectable et sans arrières-pensées douteuses. C'est en sortant du magasin qu'elle rencontra... un vent passager qui lui avait remis une convocation. Elle déroula le message et courut immédiatement vers le quartier général du Midorhato.

Arrivée, elle s'arrêta net, devant une porte immense avec un écriteau immense dans un bâtiment immense. Elle se sentait petite. Ema se recoiffa rapidement, se rhabilla correctement et toqua. Ce fut les secondes les plus longues de toute sa vie.

Un gens aux cheveux blancs descendait très lentement des escaliers, pourtant il ne ressemblait pas à un vieillard. Malgré les cheveux blancs.

◊ Bienvenue au QG du Midorhato, Ema.

Ema était à la fois surprise et enthousiaste. On la reconnaissait enfin. Sans attendre elle se courba respectueusement devant l'homme en le saluant à son tour après s'être relevée. Cet homme n'avait pas l'air de plaisanter, et malgré ses cheveux, il ne semblait pas vieux pour un sou et encore moins faible, elle avait très certainement un shinobi de grande puissance devant ses yeux. Il fallait vraiment qu'elle se documente sur les shinobis qui vivent dans ce pays, rien ne serait moins gênant que de se retrouver devant une éminence sans le savoir...

◊ Je me nomme Kibō, je suis celui qui t'a convoqué. Je suis un membre du Kakumeigun, l'Unité Spéciale du Village et Chef de l'équipe Midorhato. J'ai eu vent de ta promotion au grade de Genin et je t'en félicite. Tu dois à présent chercher une équipe et c'est justement le motif de ma convocation, j'aimerais que tu intègres la mienne.

Sans plus de commodités, il fit un signe à Ema. Celle-ci sans attendre marcha près de lui, mais pas au même niveau que lui, elle ne se sentait pas à la hauteur d'un tel honneur? En tout cas le sentiment qui l'habitait ne lui permettait pas d'être enjouée, elle était concentrée, attentive et extrêmement tendue. Une équipe ? Une opportunité aussi grande, il ne fallait pas la louper. L'homme imposant lui fit visiter les locaux, les uns après les autres, en tentant tant bien que mal de la mettre à l'aise. Mais Ema était plus timide que jamais. Non, pas timide, respectueuse.

Ses yeux s'illuminèrent à chaque nouvelle salle qui s'offrait à elle.
Une salle d'entraînement rien qu'à moi, se disait-elle. Quel bonheur.
Elle savourait toutes les choses qu'elle pouvait faire dans ces lieux, apprendre, créer des liens, s'améliorer, lire, jouer sans doute ?

◊ Tu dois bien te douter que je ne peux pas te prendre sans te connaître, alors j'aimerais que tu me racontes d'où tu viens et aimerais-tu aller.

Le clou du spectacle : le toit. Cette vue ! Mais quelle vue. Ema n'osait pas trop admirer la vue, mais quelle vue! En tout cas elle savait qu'elle voulait s'installer sur le toit ! Elle s'octroya une demie seconde d'admiration, puis se concentra sur Kibō. Elle répondit d'une traite, droite, les mains derrières le dos, fixant loyalement son supérieur.

Je me nomme Zenzaburô Ema, fille de Asami Zenzaburô, morte au combat durant la dernière guerre. Je ne peux vous en dire plus sur mon père car je n'ai que peu d'informations sur lui. Ma mère me contait ses histoires et j'ai une seule photo d'eux ensemble. À l'Académie, les senseis ont reconnus ma capacité de défense et m'ont donc appris à utiliser cette particularité à mon avantage. De plus ils m'ont appris l'art du Genjutsu. De plus, je peux utiliser le Shôton. Utiliser étant un bien grand mot, je dirai donc simplement que j'ai en ma possession cet art qu'il me faut améliorer.
En ce qui concerne mon avenir, je souhaiterai dans le meilleur des cas, rejoindre l'élite de Suna, les Kakumeigun. Jamais je ne saurai administrer un pays tel que Suna, mais le défendre, cela oui, je le pourrai. Avec de l'entraînement bien entendu, dit-elle respectueusement. Je ne saurai dire que je maîtrise des techniques Suiton devant un membre du Kakumeigun. On peut dire que j'essaye d'en maîtriser.
Je désirerai également vous remercier et vous communiquer tout mon respect pour votre intérêt envers ma personne.

... et mon admiration éternel pour votre rang, pensa-t-elle.

Elle releva légèrement sa tête qu'elle baissait au fur et à mesure qu'elle discourait. Elle regarda timidement la réaction de l'homme devant elle, elle qui n'avait que fait parler pendant de longues secondes.

Kibō avait semblé attentif au récit de la jeune fille, au moins elle ne déblatérait pas des inepties ennuyantes et inutiles. Ema ne détourna pas son regard de l'homme et écouta attentivement ce qu'il avait à dire.

◊ Je suis sincèrement désolé pour ta maman, elle a été un héros pour tout le Pays, comme tous les autres ninjas ayant perdu la vie lors de cette dernière guerre.

Ema ne put s’empêcher de se courber devant lui en signe de remerciement, jamais personne ne lui avait confié ses condoléances, après tout elle n'était pas la seule à avoir perdu des proches, peut-être que Kibō lui-même avait perdu quelqu'un durant cette bataille. Très certainement d'ailleurs. Peut-être y avait-il même participé. Tout en parlant, Ema s'approcha près de lui, proche de la balustrade, cette fois-ci néanmoins, elle ne put détourner son regard, le soleil était haut dans le ciel, ce ciel bleu magnifique et ce vent qui essayait tant bien que mal de rafraîchir le climat. Tellement de beauté. Suna était magnifique. Ema désirait plus que tout visiter ce pays, car malheureusement, elle n'avait pu visiter l'entière contrée qui s'offrait à elle. Elle s'imprégnait du paysage tout en écoutant attentivement son supérieur.

◊ J'admire ton éducation et le respect que tu me portes, mais à partir de maintenant j'aimerais que tu me tutoies, vois-moi comme un grand frère et non pas comme un supérieur hiérarchique. Admire le paysage, Suna, le Pays du Vent et son immense étendue de Sable, notre équipe s'assura la protection de ces terres, mais nous ne nous arrêterons pas là, nous amènerons la Paix dans ce monde. Si tu penses pouvoir nous aider et avoir les compétences nécessaires, alors je te ferais passer un test pour rejoindre mon équipe, si tu ne te sens pas assez forte, alors tu peux rentrer à la maison.

Ses paroles étaient plutôt choquantes. Depuis toujours, Ema fut éduquée de telle sorte qu'elle se devait de respecter autrui. Ainsi, tutoyer quelqu'un, qu'elle ne connaissait que depuis un petit moment, lui parut... bizarre. Mais elle ne désobéissait pas, et si cela était la volonté du shinobi, elle l'accepterait. Encore une fois, elle se baissa respectueusement. Elle essayait vraiment de le tutoyer, mais, vraiment, elle avait du mal.

Je vous... te. Remercie beaucoup pour cette opportunité. Je serai honorée de pouvoir rejoindre votre équipe. Heu... Pardon, ton équipe. Je pense, sans vouloir paraître imbu de ma personne, que je suis capable de t'aider. J'ai suivi les traces de ma mère, et de mon père certainement, en me présentant à l'Académie et en réussissant à passer l'examen des Genin. Je ne pense vraiment pas m'arrêter après un si bon départ. Je suis prête à m'améliorer, à me battre et à aider mes camarades.

Le flot de ses paroles ne firent que renforcer sa détermination. Elle savait ce qu'elle voulait et à quel point il lui faudrait de la patience et de la persévérance pour accéder à ce but. Ema était certes droite et respectueuse, mais elle avait aussi une très grande volonté. Et pour le moment, ce que sa volonté lui dictait était de franchir les étapes pour arriver jusqu'au rang de Kakumeigun. Un jour ou l'autre, elle y arriverait. Sa détermination se lisait sur son visage. Un brin de folie, un sourire et un regard puissant. Ema était prête.

◊ Bien, j’ai du plaisir à t’entendre parler, tu sembles déjà détenir la volonté du Midorhato. Cependant, tu dois passer un examen, comme tous les autres candidats. Suis-moi.

Ema quitta cet endroit merveilleux pour finir dans une salle immense pleine de bouquins. Ema était en extase, elle adorait les livres. L'un de ses préférés se trouvait d'ailleurs être un bouqin d'énigmes qu'elle avait trouvé par terre à Suna. La jeune fille était surprise de voir une table déjà toute prête. En effet, celle-ci ne se doutait jamais qu'elle passerait immédiatement aux choses sérieuses. Mais cela la ravie, au moins, pas besoin d'attendre. Ema s'assit à l'invitation du shinobi et écouta attentivement les instructions.

◊ Voici un examen écrit, tu as une demi-heure pour répondre aux questions.
◊ Comme tu peux le constater, tu as un stylo, tu n’as pas de quoi effacer et les ratures sont interdites ! Une fois que tu sors la bille du stylo, tu ne pourras plus la faire rentrer et l’encre se séchera dans les dix secondes. Tu devras répondre à toutes les questions très rapidement, une réponse fausse te retire deux points et une bonne te rajoute un point. Il y a cinq questions au total. Il te faut un total de quatre points pour passer l’épreuve, je te laisse le loisir de calculer le nombre d’erreurs auxquelles tu as droit. Bonne chance.

Examen a écrit:

1- Trois ninjas sont dans une grotte, l’un meurt, combien en reste-t-il ?

2- Vous lancez un Kunai, il ralentit, s’arrête et revient dans votre main. Il n’y a ni d’élastique, ni aimant, ni quelqu’un qui le rattrape. Comment est-ce possible ?

3- Votre coéquipier est en danger de mort, mais la mission est à risque, que privilégiez-vous, la mission ou la vie de votre coéquipier ?

4- Votre maître d’équipe est un traitre, que faites-vous ? Vous ne dites rien, car il vous a fait confiance et vous lui avez porté allégeance ou allez-vous le dénoncer à la Kazekage ?

5- Un dirigeable Saibogu parcourt la distance de Suna à Konoha en une heure et 20 minutes à l’aller, mais effectue le retour en 80 minutes. Comment expliquez-vous cette différence ?

Ema n'eut pas le temps de se réjouir, ni de s'apitoyer sur son sort. Elle n'avait q'une demie-heure pour rendre son travail. Méthodiquement, elle lut chaque question une fois. A la deuxième lecture, elle essayait de répondre à chaque question mentalement.

Alors... Trois ninjas, sont dans une grotte, un meurt, combien en reste-t-il. Bon. Bah trois non? Il s'est pas évaporé le troisième, si...? Bon passons, de toute manière il ne m'en faut que quatre de juste. Je lance un Kunaï, il ralentit, s'arrête et revient dans ma main. Et y a aucun lien entre lui et moi. Bon. Bah si il revient, c'est à cause de la gravité, sinon je vois pas. Donc, je le lance en l'air, il s'arrête à cause de la gravité, et revient parce qu'il vole pas, et vu que je l'ai lancé en hauteur et droit, il retombe dans ma main. En évitant de me couper, ce serait parfait. Alors alors, la troisième. Mission ou ami. Facile. La suivante... Loyauté envers son sensei ou envers le pays. Facile. Et dernière question... Ah, des maths... Ahem... Ah non. Il n'y a pas assez d'infos pour que ce soit mathématiques, genre la vitesse de déplacement ou un truc du genre. Aloooooooooooooors, c'est aussi logique que la gravité, c'est la puissance du vent. Enfin j'pense. C'est logique non...

Et Ema se tortura l'esprit pendant une bonne vingtaine de minutes. Non pas à cause des réponses seulement, mais à cause de la formulation finale également. Elle devait écrire ses réponses dans un temps très limité, donc pas le temps de déblatérer trois paragraphes. Elle fit immédiatement le lien avec les choix à faire dans une situation critique. Il est évident que lors d'un combat, les secondes jouent et peuvent très rapidement devenir fatales. Ni une, ni deux, Ema s'empara du stylo, déterminée et enchaîna les réponses, une à une. Et à toutes les questions.

Réponses a écrit:

1. Il en reste trois. Vivant/mort pas précisé dans l'énoncé.
2. Je le lance en l'air avec ma main, et par l'effet de la gravité, il revient dans ma main.
3. Je privilégie mon ami.
4. Le pays est plus important, j'en réfère au Kazekage.
5.

Puis, dans un élan de folie, Ema lâcha son stylo.
Il y a cinq questions au total. Il te faut un total de quatre points pour passer l’épreuve.

Elle resta figée ainsi une bonne minute, se bataillant intérieurement sur ce qu'elle venait de faire. Le doute s'empara de son corps, mais après tout, c'était trop tard. Après le doute, un sentiment immense de frustration vint l'envahir. Elle ne pouvait pas répondre à toutes les questions malgré son envie. Mais ce sentiment s'évapora aussi vite que son sentiment de doute. Après tout, si elle ne réussissait pas ici, elle serait inutile au combat.

C'est aussi assurée et déterminée qu'elle se leva de sa chaise, repositionna méthodiquement les éléments de sa table, prit sa copie, rangea la chaise et se dirigea solennellement vers son nouveau grand-frère. Dans un geste ample et respectueux, elle posa sa feuille à côté de l'homme, se courba pour le remercier et prit l'initiative de sortir à l'extérieur pour prendre l'air frais... et vider son esprit.

Ema s'étira un long moment. Elle inspira, puis expira intensément. Elle râla un petit moment contre elle-même, cogna dans un caillou qui traînait, s'assit désespérée et regarda le ciel, penchée en arrière, ses bras soutenant son poids.
Elle resta là un moment, pas très long étant donné la vitesse que l'homme mit à sortir. Elle se releva immédiatement, s'épousseta formellement gênée et là, son cœur se mit à tambouriner. L'homme avançait, l'air sérieux.

◊ Je suis désolé, mais tu es recalé. Il fallait un total de quatre points et c’est ce que tu as, mais je cherchais à savoir si tu étais quelqu’un qui aimait se surpasser et il fallait les cinq points pour me montrer cette envie. Je t’invite à rejoindre une autre équipe, je suis sûr que tu feras le bonheur de quelqu’un d’autre.

Son cœur s'arrêta. Les sueurs froides prirent sa place qui tournèrent la peau pâle d'Ema en une plaque de marbre encore plus pâle. Elle n'avait pas réussie. Elle repris son souffle, s'excusa de lui avoir fait perdre son temps en se courbant, salua l'éminence du Kakumeigun qui n'avait pas jugée utile de garder cette kunoichi et partie, le cœur en miette. Son rêve venait de craqueler.

◊ Ema…

La jeune fille se retourna.

◊ Je rigole, tu es admise, va choisir ta chambre.

Elle se figea, dos au shinobi. Ema... ne savait pas quoi faire. Elle resta muette un long moment. Elle se retourna, pas sûr de ce qui venait de se passer. Elle regarda Kibō un long moment, pencha légèrement la tête vers la droite comme un chien qui ne comprend pas ce qui vient de se passer. Il avait l'air sérieux en pointant le QG du doigt. Il venait juste de lui faire une grosse blague bien dégoûtante. Ema n'avait jamais vécu ça. Elle dévisagea le shinobi avec tellement d'incompréhension qu'il devait sûrement se demander ce qu'il se passait dans sa tête.
Néanmoins, elle reprit ses esprits, et à nouveau, se courba devant lui en le remerciant. Elle était figée devant lui.

Après un court moment, ses yeux s'agrandirent, illumination. Elle venait seulement de comprendre qu'elle faisait partie de la famille. Ni une, ni deux, elle sauta dans les bras de son grand-frère et lui fit un énorme câlin. Trop de joie. Bien entendu, jamais elle ne se serait permise de faire cela dans d'autres circonstances, mais il lui avait juste démontrée qu'elle pouvait absolument se le permettre et qu'elle pouvait le traiter comme son égal.

Mais les vieilles habitudes ne s'oublient pas, son câlin se finit assez succinctement, elle recula d'un pas, se baissa respectueusement, le remercia en cachant son sourire.

Je ferai de mon mieux pour cette équipe, pour m'intégrer et être une bonne coéquipière.