Une route au rythme tranquille et beaucoup de mot qui file, probablement parce que ça avait manqué à la fille de manier à son bon grès sa langue. Au moins faisait connaissance et le trajet était moins lourd. C’était un peu comme le retour aux sources où on suivait l’ombre d’un lutin fou à la découverte du monde. Peut-être que c’était la nostalgie qui la rendait de si bonne humeur, mais surtout si docile. Pour le moment.

-Faut vraiment que ça soit important j’espère pour nous paumer dans un coin pareil.

Non pas qu’elle s’en plaignait, elle aimait bien ce genre d’endroit, retiré du monde, verdoyant, un désert au final où seule la faune leur souhaiter la bienvenue, enfin, ou presque, mais c’était une autre histoire. Le dernier jour de marche, en fin d’après-midi, ils faisaient face à l’imposant bâtiment. Ça lui en rappelait d’autres de temples…. Certains qu’elle détruit, la garce. D’autre dans lesquels elle aimait papoter avec un homme particulièrement qui s’évadait de ses fonctions. Un dernier était inconnu de tous, pauvre à une personne perdu au milieu de la brume. Les sources chaudes lui faisaient envie tout à coup, bon souvenir qui la faisait sourire sans raison à l’extérieur de son monde…

Le plus surprenait serait de trouver du monde là-dedans. Pas au programme dans l’absolu, seul le bruit lourd des portes brisait le calme ambiant, encore elle la coupable, ceci dit, elle n’avait pas fait de trou dans le mur, un progrès. Son regard balayait la zone avec attention pour se perdre dans les détails en avançant, puis sur ses doigts, c’est vrai que ceux-là pouvaient modeler n’importe quoi… Ou presque. Une maigre consolation qui lui faisait baisser la tête. La kunoichi d’antan mettrait un bout de temps à revenir, mais la fille n’était pas inquiète, elle était partie de bien plus bas encore !

-Tu crois qu’il y a un faiseur de miracle par ici pour me rendre mes talents d’antan. Même une mouche ne sentirait pas ma tarte.

Un comble pour une ancienne adepte du corps à corps comme elle… Un soupir, allez, ce n’était qu’une affaire d’un entrainement à reprendre…

-Que faisons-nous ici au juste, tu ne m’as toujours pas dit, serait-ce une surprise ?

Intérêt qu’elle soit bonne alors ! Si elle ne râlait pas, c’était probablement parce qu’elle adorait ça. Un bruit attirait son attention, un son de clochette ou un truc du genre, une autre salle au fond et quelques ombres qui ne leur prêtaient pas attention, trop captivées. La coupable était une femme, une prêtresse probablement qui jouait avec agilité et beauté de ses éventails. Une danse rituelle sûrement, un moment simplement de pris pour l’observer, elle était douée.

-Je suis bonne danseuse aussi, je l’étais bien meilleure que combattante d’ailleurs…

Il n’y avait pas de quoi s’en vanter ? Enfin, à voir hein ! Parce que justement, jamais personne n’avait vu, c’était son jardin secret.

-Mais nul ne pourrait se vanter de le savoir, un secret qui n’appartenait qu’à moi là où personne ne pouvait observer.

Alors comment pouvait-on dire que c’était bon ? Simplement par la sensation que cela lui procurer peut-être. Elle s’impatientait de savoir ce que le lieu lui réservait et son regard perçant en témoignait.

Après deux jours de marche avec une rapidité modérée nous étions parvenu au temple de Kusanagi. Cela n'avait pas été monotone, nous avions pu travailler sur notre relation père/fille. J'apprenais à la connaître c'était un plaisir non dissimulé. Je me souvenais avec la douleur qui accompagnait ce souvenir de Saï, mon cher petit fils, décapité par l'homme masqué enfin celui qui se faisait appelé de la sorte, Kyoshi Rei, futur quatrième Kazekage. Il était encore trop tôt pour dire à Lilith qui j'étais, je préférai laisser passer du temps pour nous permettre de profiter de l'instant présent

Elle était impatiente, ce n'était pas pour me déplaire, elle avait beau avoir le corps d'une adulte il s'agissait en réalité d'une enfant, elle avait toute les caractéristiques d'un bambin. L'impatience, le manque de pudeur, le fait de ne pas dissocier parfaitement le bien du mal, l'éduquer serait mon travail comme l'artisan taillerait son joyau brut afin de le faire devenir le plus somptueux des diamants. C'est un travail de longue haleine mais j'étais prêt à y arriver avec elle, si la tentation de me trahir ne devient pas trop forte pour la création d'échapper à son créateur. Je laissais Lilith s'interroger sur la possibilité de trouver ici quelqu'un pouvant lui rendre ses pouvoirs d'Antan. Je la regardais avant de m'exprimer :


« Non ce que nous sommes venu cherché ici est tout autre, quant à tes pouvoirs... Ma technique permet de conserver le pouvoir de l'âme en changeant de corps, si tu ne peux pas te servir de tes anciens pouvoirs, c'est que le nouveau corps ne le permet pas. Pas assez entraîné sans doute. Exception faite des pouvoirs héréditaires. Pour pouvoir se servir d'un tel pouvoir, il faut transposer l'âme dans un corps qui possède ces mêmes pouvoirs. En soit le faiseur de miracle que tu recherches tant, je peux être cet homme, mais je pense t'avoir prouver que les miracles sont en quelques sortes ma spécialité. »


Nous continuions à progresser dans le temple et ma jeune fille trépignait d'impatience, c'était assez amusant à voir, il s'agissait vraiment d'une vrai petite gamine avec tout le charme que l'on pouvait accorder aux enfants. Je préférais ne pas repenser à ses paroles concernant les mizukage, même si l'amour est aussi un quotidien des ninjas, penser qu'ils se sont succéder à son corps comme des vautours se succédant pour arracher le peu de viande restant à un cadavre était quelque chose que j'avais en horreur. Elle était à moi maintenant, personne d'inconvenant ne poserait plus la main sur elle. Je décidais finalement de répondre à sa demande.


« Il y a trois raisons pour laquelle nous sommes ici, la première est devant toi. Il s'agit d'une stèle où reposait autrefois l'épée de Kusanagi dont on raconte selon la légende qu'il s'agissait d'une arme incassable et procurant de grand pouvoir à son utilisateur. Sur la stèle il y a un petit texte dans une ancienne langue qui dit que seuls ceux qui voient peuvent passer. Si tu dépenses du chakra sur le sceau camouflé par du chakra derrière la stèle comme ceci le chemin s'ouvrira à toi. Enfin, quant à tes talents de danseuses, je suis content que tu partages cela avec moi, peut-être me montreras-tu un jour... »


Un lourd bruit métallique et une ancienne mécanique se mettait en œuvre activé par mon chakra, la stèle se déplaça dévoilant un escalier intérieur dans lequel nous nous dépêchions de pénétrer. Après une longue descente qui dura plusieurs minutes nous parvînmes dans une énorme grotte souterraine, vraiment immense comme si elle n'avait pas été conçu pour abriter un homme, un démon à queue peut-être ? Personne ne le savait, pas même moi. A gauche de l'entrée de la grotte, une tombe était dressée je m'exprimais à nouveau.


« Voici la tombe de mon petit-fils. Ce qui te laisse un nouveau renseignement sur moi-même, à savoir que mon ancien corps était assez vieux pour être grand-père. Il s'agit de la deuxième raison pour laquelle nous sommes ici. »


Dans ce trou en réalité il n'y avait que sa tête, puisque le reste du corps ne m'avait jamais été restitué. Je me mettais à genou devant la tombe et je restais silencieux à un moment, j'aurais pu m'adresser directement à lui, mais j'étais comme qui dirait peureux d'une confrontation directe avec Saï donc je me retenais pour le moment. Je m'exprimais à nouveau en direction de ma création.


« Cela m'étonnait, Lilith, de ne pas te voir poser plus de questions sur moi, curieuse comme tu es. Malgré tout, il est temps de se rendre au fond de cette grotte. »


Malgré tout nous continuions notre progression afin d'arriver sur un énorme terrain de terre longé par un énorme lac intérieur, je fixais ma progéniture avant de lancer dans sa direction.


« Voilà la troisième raison de notre voyage ici, j'ai décidé de t'apprendre quelque chose ici. Je t'ai appris à respirer à nouveau par toi-même mais je ne t'ai pas appris à marcher, j'espère pouvoir t'apprendre à encore mieux te défendre. »

Elle prenait une moue boudeuse. C’était qu’au fond elle connaissait déjà la réponse et la consolation était malgré tout là quand il parlait de remédier à son problème, pour elle. Pas de souvenir de ce genre en mémoire, ça la mettait de bonne humeur.

-Oui enfin, vu le retour de flammes que j’en ai eu, je me refuse de retrouver un corps similaire, ils s’usent bien trop vite. Si tu savais… m’enfin, on lui doit notre rencontre.

Le ton laissait entendre que c’était une bonne chose, elle était bien avec lui mine de rien et l’évocation d’une épée pour ternir le moment. Grimace, puis sourire malicieux…

-Et elle est où maintenant cette fameuse épée ?

Juste comme ça, fut un temps où oui, elle leur courrait après, mais ce n’était pas pour elle, juste une qui l’avait jamais intéressée. Quoi qu’il en soit, un mécanisme s’en suivait et à vrai dire la fille n’aurait su le soupçonner, cet homme avait un don, bien différent que celui qu’il pensait. Faufilée la première à l’intérieur ! Mais vite stoppée.
Il s’accroupissait pour un hommage, ce n’était pas son genre à elle, les tombes, elle n’aimait pas ça. Les souvenirs par contre… Son regard glissait sur le bracelet à son poignet, on devait en finir avec ça. Les morts ne revenaient pas… Euh… Tous n’étaient pas elle roh !

-Il n’y a pas pire punition pour un parent de ne pas être le premier des deux à disparaître. Comment a-t-il quitté ce monde ?

Une de ses mains se plaçait sur l’épaule de son père, c’était de loin la meilleure affection qu’elle savait porter. Des contacts, elle connaissait bien les charnelles oui, mais c’était différent, un jeu. Comme tout pour elle, un jeu. Dans la première partie elle avait perdue…

-Pourquoi demander, je sais que tu me donneras toutes les réponses à ma curiosité à chaque fois que tu le sentiras nécessaire. Dans une version inspirée, elles sont toujours meilleures, car tu sais, j’adore ça, écoute des histoires, toutes, pour chercher leur beauté au fond.

Celle que personne ne voudrait voir aussi. Impulsive et un peu brute aux premiers abords, une évidence qu’elle n’aimait pas réfléchir, ni cogiter, pourtant chercher le fond des choses, en silence, elle excellait. Tant de facettes qu’au final, personne ne connaissait, que parce qu’elle avait refusé de les montrer. Pourquoi ? Deviner… ? Elle avait compris maintenant que cela ne marchait pas.

-A mieux me défendre ? Fut un temps où l’on m’avait murmuré mainte fois que j’étais indestructible…

Elle rigolait un peu, mais c’était amer au final.

-Soit ils avaient tort comme tu as pu voir, soit ce n’était que des menteurs. Arrête donc de me faire languir ! Dis-moi ce que tu prépares, tu ne veux quand même pas te battre ? Cela m’ennuierait de te casser tes os.

Quelle ironie ça serait qui lui casse les siens…

-Fais attention, la bagarre, j'adore ça.

Et c'était peu dire malheureusement !

Elle l’observait perplexe devant la mort de son enfant. Elle aurait rasé le monde de rage pour bien moins que cela, mais lui, il disait cela avec un tel calme, un tel constat, comme si il en avait fini avec ça, pour mieux avancer. Ce qu’elle aurait dû faire, comme si une remise en question était prête à se faire, ce qui l’étonnait, mais ce n’était rien comparé à la suite. Aucun commentaire sur l’histoire, déjà pénible à dire, alors à revivre, elle le suivait sans discuter.

-Tu t’imaginais quoi ? Une mignonne demoiselle qui te réclamerait des tresses ?

Roulement des yeux, un sourire en coin très vite, elle se moquait un peu, mais ça lui passait vite quand il fut question du deal, ses yeux s’écarquillaient, il avait lu ses pensées ou bien. Dame Destin semblait à nouveau l’avoir à la bonne, elle regardait autour. Pas de brun cette fois et l’évidence serait que ce n’était pas le même jeu qui l’attendait en bas.

-Si tu me prends par les sentiments.

C’était assez amusant quand même, le deal ne laissait pas tant attendre la victoire à tout prix comme avec ses mentors d’antan, mais plus à libérer sa fourbe imagination pour pouvoir pavaner assez pour en être félicitée. Tout l’inverse de ce qu’on lui avait appris… Aussi ce qu’elle avait toujours fait, un esprit contrariant et maintenant ? Elle se surprenait à le voir la coincer dans la réalité, dans tous les cas, il était fini de jouer, il fallait trancher. C’était qu’on comprenait bien que sa mauvaise volonté lui avait fait défaut longtemps, mais après tout… Ce n’était que pour attirer l’attention pas vrai…. Une toute acquise, c’était agréable, différent des illusions qu’on lui avait tenté de faire gober. Etrange créature qu’était cet homme.

-Grande ? Je ne veux pas être grande, alors pour quoi je voudrais te le faire dire. Je veux être immense, nuance !

Regard taquin, elle jetait son manteau au sol pour libérer ses mouvements.

-Belle ? Quelle valeur le jugement sur un corps qui n’était pas le mien peut avoir, je n’en aurais pas le mérite. Du moins pas encore.

Le tour de sa sacoche de kunoichi, de toucher le sol.

-Forte ? Je ne sais même plus si j’ai la force de courir assez longtemps.

Un rire, propre à elle, à rire au nez de ses amis et ses ennemis, dans les meilleurs et les pires moments, impossible de savoir quand son sérieux était acquis….

-Je ne veux pas que tu le dises, je veux que tu le vois, que je sais être grande quand il faudra choisir, belle assez pour ne pas faire semblant avec toi, forte pour faire violence à une nature trop folle. Donc non mon père. A ce jeu-là je ne peux gagner aujourd’hui, mais un jour, la caresse de cette eau tiède n’en sera que meilleure. Laisse-moi le temps et presse moi quand tu t’impatienteras, mais dit pas ces choses pour simplement les dire.

Fourbe, c’était le moins choisi pour lui mettre un revers ? Un qui bien sûr n’aurait pas la même valeur dans ce corps moins bien entrainé, mais qu’à cela ne tienne, les gestes elle les connaissait par cœur, tant de fois ils avaient déchiré sa peau. Gâché dans la douleur ses nuits. Elle retrouverait tout ça, c’était comme une promesse silencieuse qu’elle lui faisait là, car non, elle l’avait bien saisi, mais pas pour le frapper. Glissée dans ses bras avec force, pour l’enlacer avec grandeur de tout son corps et dans la beauté du geste résidait qu’elle était un animal sauvage. Il apprendrait un jour alors que la fille refermait ses yeux un instant, une tête reposée de tout son poids sur son épaule paternel. Oui, que tout animal sauvage, rien ne restait acquis et tout restait imprévisible, mais facile à anticiper au final. Elle soufflait sur le visage de son père un sourire sur son visage en se dégageant lentement, d’un pas en arrière, présentant des mains blanchies… De l’argile ? Le manteau de l’homme s’enflammait, ça la faisait rire.

-Moi je peux te dire que tu t'enflammes là mon père.

Qu'est-ce que je m'imaginais ? C'était là ses premiers mots, à vrai dire, pour cet instant précis je n'imaginais rien, je souhaitais juste m'amuser, un mot que je n'avais pas employé depuis une éternité. Mais si on regarde cela à plus long terme je souhaitais devenir le roi de ce monde, c'était cela mon rêve, moi, assis sur un trône ma gentille petite Lilith confortablement assise à mes côtés, voilà une sorte de rêve que je pourrais avoir. Malgré tout je me devais de répondre avec un peu d'ironie puisque après tout c'était un peu le registre mis en exergue depuis quelques minutes.


« Est-ce un cri de ton cœur pour que je t'en fasse ? »


je continuais de sourire tout en attendant patiemment qu'elle charge, que ce soit par les mots, par les gestes ou par ses techniques. À vrai dire je m'attendais à ce qu'elle essaie des choses, mais pour que je lui accorde le fait d'être belle je n'attendais qu'une seule chose, une chose dont elle m'avait déjà parlé. S'en rendrait-elle compte peut-être bien ? Avant que le prochain jour ne se pointe, pas sûr ! Surtout que la notion du temps n'était clairement pas la même ici que dehors. Elle recommença à s'exprimer en reprenant les termes que j'avais employé, je répondais de manière très simpliste à cela.


« Montre moi, j'attends. »


Elle reprit cependant par les mots et entreprit un discours très éloquent, cependant j'avais une réponse déjà toute trouvée pour une demoiselle prête à en finir trop vite.


« Après ces paroles, je dirais que tu es sage, malheureusement ce mot ci ne fait pas parti de notre marché ! »


Cependant quelque d'inattendu se produisit, elle avança vers moi afin de me saisir, je pensais tout d'abord qu'elle voulait employer du Taïjutsu, mais à ma grande surprise c'est pour se loger dans mes bras qu'elle avait fait cela. J'avais l'impression que le temps s'était arrêté et que ce moment allait duré pour longtemps, j'avais l'impression d'avoir reçu à l'instant présent un aperçu du paradis. Malheureusement tout comme le créateur de ce monde avait été surpris par son engence, je le fus de la mienne. Ma toge se mit à brûler, j'ôtais donc cette tenue de manière rapide afin de ne pas devenir combustible à mon tour. Me voilà donc torse nu face à ma progéniture, malgré tout je me permettais encore de fanfaronner.


«  La ruse non plus ne fait pas parti de notre accord, réfléchis bien il y a certainement quelque chose dont nous avons parlé qui peut te faire gagner une partie de notre pari ! »


Nous étions positionné à côté du lac, l'endroit parfait pour s'amuser légèrement, je lançais cinq shurikens à sa gauche attachés à du fil ninja pour les diriger, une simple ruse qui me permettait une action rapide de mon autre main. Contrer les armes seraient un jeu d'enfant et elle le fit avec brio, en revanche elle n'esquiva pas l'attaque rapide survenue de l'autre côté. Je venais de créer une grande vague d'eau qui venait tout juste de la tremper jusqu'aux os. Je m'exclamais alors :


« C'est pour te donner un avant goût de la défaite ! Ce que je t'ai pas dis c'est que si c'est moi qui gagne, j'irais dans les sources chaudes pendant que toi tu te baigneras dans le lac ! »


Je me mis à rire, aucun doute le défi était lancé. J'effectuais une petite chose encore avant de lui laisser l'opportunité d'agir, je créais cinq clones à partir de l'élément eau, juste pour qu'elle évite de m'enlacer à nouveau pour me faire exploser cette fois !

Et de deux, c’était un jeu comme un autre pour se découvrir, un qui lui plaisait plus que les longues discussions pompantes, gênantes et surtout souvent ennuyantes. Dans celui-là, il fallait démêler le vrai du dérisoire, différencier l’ironie et la réalité, sans chercher à le faire en fait. Compliqué n’est-ce pas, ça ne faisait aucun sens. Elle se sentait dans son monde.

-Tu as oublié fourbe.

Et tandis qu’elle faisait la maligne, une vague la ramassait, la brune se redressait en chassant ses cheveux de son visage, étrangement joyeuse. Shinichi l'avait éduquée au suiton après tout...

-Un partout.

Jusque-là, les termes étaient valables pour les deux. D’où son amusement, cependant, le sérieux devait quelque peu s’imposer quand il modifiait l’enjeu.

-Tu comptes te prélasser sans moi ? Tu rêves.

Pour sûr, la fille était plus genre à ce que ce qu’elle n’avait pas, personne jamais ne l’aurait… On ne se refaisait pas en un claquement de doigt et l’homme en face d’elle avait l’avantage, c’était là tout l’intérêt de l’échange, il l’aidait néanmoins avec un indice. Sans le vouloir, l’invitation avait une valeur des plus pertinentes pour elle, qui faisaient de chacun de ses coups quelques choses aussi gracieuse qu’une dance. C’était comme lui murmurait comment faire pour s’adapter, son regard glissait sur l’eau, le fourbe devait bien lui en réserver d’autre, impossible de refuser l’invitation pour autant, même en le sachant, irrécupérable. Après tout, une tradition.

-Oh c’est ça que tu veux voir ? Vraiment ?

Seulement voilà… Elle avait beau agité sa main, son sourire taquin pour lever ses vagues torrentielles… Rien. Détail oublié. Fini la terreur des mers, l’amusement passait pour laisser place à la frustration, elle ne se démontait pas pour autant, Kamikaze ? Assurément. La femme gonflait ses joues et alors qu’on lui disait de prouver qu’elle était capable de se protéger, que faisait-elle ? Tout sauter. Des billes blanches et des explosions sur toutes les parois qu’elles touchaient, toujours couplées, peut-être en hommage à la Bakushô ou parce que cela lui plaisait, à ses rideaux de lumière bruyant, mais magnifique. La grotte vibrait, les pierres tombaient et un vilain son qui se faisait. Changement de terrain ? Un peu.

Et comme pour prouver qu’elle était maîtresse de la situation, l’idée de se mettre à l’abri ne lui venait pas, fidèle à elle-même et à sa folie, c’était tout à l’inverse au milieu de son chaos qu’elle s’exerçait à naviguer pour le rejoindre. Esquive faites de demi-pas et rotation contrôlée. Une danse un peu étrange, quelque chose de typique à ses anciennes racines. Sa silhouette en hauteur saluait alors son père en soufflant sur une petite créature qui la survolait. Elle attendait qu’il rajoute des mots…

-Pour me défendre, il faudrait peut-être que tu m’attaques réellement, sinon c'est de l'anti-jeu. Ce n'était pas si mal finalement, de tout faire exploser... Suffirait de broder autour pour le rendre plus contact...

Pas faux…

La jeune femme donnait des adjectifs que j'avais volontairement omis, c'était un jeu légèrement pervers qui s'était mit en place ici puisqu'il se faisait à coup de technique Ninja et de paroles taquines balancées sans réfléchir. Mais combien de fois dans ma vie je m'étais fais la représentation d'un père de la sorte, à jouer avec sa progéniture en leur promettant quelque chose s'ils parvenaient à se dépasser. Elle me lança une phrase courte qui me faisait rire intérieurement. Pensait-elle que nous allions nous prélasser ensemble. Malgré l'âge de nos corps qui étaient semblables, si je devais faire office de figure paternelle, il était hors de question qu'on se baigne ensemble, je m'exclamais donc afin de répondre à sa remarque.


« Me prélasser sans toi ? De toute manière nous ne nous prélasserions pas ensemble. Je t'ai vu nue lorsque je t'ai donné naissance, ça sera sans doute la dernière fois. Bien que ton manque de pudeur pourrait conduire à un nouveau chapitre que je m’efforce à éviter de part des sermons moralisateurs et un brin d'instinct paternel. »


Il disait cela, mais lui-même était torse nu devant la jeune femme à cause de son assaut précédent, ça enlevait un peu de crédibilité à la chose, mais je faisais comme s'il n'en était rien, après tout elle se chargerait bien de faire le commentaire si j'omettais de réagir par rapport à ça, je commençais à la connaître, ma petite création.

La suite fut moins dans la parole et plus dans l'acte puisqu'elle me chargea enchaînant de maigre coups au corps à corps que je parais sans vraiment de difficultés, elle semblait être au même niveau que moi en Taïjutsu, à savoir la base de la base comme tout shinobi qui se respecte. Je suis sûr que dans son ancienne enveloppe charnelle, c'était son art de prédilection. Quelques instants après la salle se mit à exploser suite aux actions de la jeune femme sans aucun doute contrariée d'avoir échouer à l'utilisation de l'eau environnante. Oui j'avais constaté son échec mais je n'avais rien dit. Il faut encourager son enfant lorsqu'il échoue et le féliciter quand il réussi, le blâme n'était pas quelque chose de récurrent dans l'éducation, du moins chez les personnes possédant un peu d'instinct parental.

Finalement une attaque vint perturber le rythme des explosions. Je me contentais de me servir de l'eau du lac pour ériger une défense avec un tourbillon d'eau tournoyant autour de moi. Lorsque l'offensive passa, la jeune brune s'exclama à nouveau afin de faire remarquer que je n'attaquais pas, ce à quoi je répondais ces quelques mots.


« Je n'attaque pas car je prends du temps pour t'admirer, c'est déjà une activité chronophage ! »


Dis-je avec un soupçon de malice dans la voix. Je ne pouvais pas décrire les sentiments qui parcouraient mon corps, c'était sans doute ce qu'on appelait le bonheur n'est-ce pas ? Je repris la parole :


« Pour le moment tu es à une étape sur trois, tu m'as montré que tu étais forte, il te reste à me montrer le reste ! »


Je joignais alors les mains avant d'utiliser une grosse quantité de chakra, comme on dit dans le langage courant, j'avais envie de faire le mec un peu. Trois gros remparts émergeaient du sol, ils étaient ornés de manière à donner un aspect démoniaque à ces trois grandes portes, de la même manière j'annonçais à voix haute.


« Je ne peux pas t'attaquer directement, j'ai un niveau qui est bien trop haut pour toi, je te tuerai à coup sûr et je me maudirai pour le reste de ma vie, mais peut-être aimerait tu cela, que quelqu'un te pleurs pendant une vie entière ? A moins que tu préfères que je passe une éternité à te chercher dans les limbes, le monde des âmes. C'est sans doute ce qu'il adviendrait, puisque je me suis plus attaché à toi en deux semaines qu'à certaine personnes en une vie entière. C'est étrange ce sentiment, lorsque je t'ai vu, nue, étendue sur le sol, avec ce souffle de vie émergeant en toi, je me suis demandé si une partie de mon âme ne venait pas de se déposer en toi. Le miracle de la naissance, tu as été aimé dès ta création et tu le seras jusqu'à ta mort. »


C'était une espèce de déclaration, je ne me rendis compte qu'après coup que je venais de dire ces mots et je devais bien avouer qu'une certaine gêne m'envahissait après ces paroles, mais les phrases étaient déjà sorties !

Sa tête en disait long. Elle ne semblait pas comprendre, ou du moins si, mais non, c’était complexe. Leur nature était très différente, comme leur code de conduite, il lui rappelait quelqu’un, le même qui avait tenté de lui inculquer des bases de savoir vivre, mais il y avait trop longtemps pour qu’elle souvienne. Mauvaise foi ou pas l’envie, ce n’était pas les raisons qui manquaient…

-Mais quel rabas joie, si la tenue d’Eden te gêne, sache qu’on se baigne aussi avec du tissu…

Aussi ridicule que ça pouvait lui paraitre à elle, mais la solution fut toute trouvée plus tard, quand la conversation et le spectacle s’enchainait, la brune observait perplexe les barrières, mais sa première pensée dessus, elle la partageait à haute voix…

-Tu n’as qu’à mettre ce genre de barrières aux sources et on pourra parler sans gêner ta vue !

Pas la sienne, l’anatomie n’avait pas de secret pour elle…. Enfin bref, ce n’était pas le sujet ! Son regard glissait sur les barricades, du solide et un sourire s’étirait, génial, elle avait besoin de défoulement, mais c’était avant de se rappeler…. A nouveau. La fille s’impatientait, l’affaire était plus rude et compliquée qu’elle ne l’aurait cru et on ne parlait pas seulement du défi du Mamoru. La tuer en un coup ? Certes elle aurait pu se consoler en se disant que voilà… C’était la faute à ce corps stupide… mais ça ne la consolait pas pour autant, bien au contraire. Ce qui la faisait percuter alors sur le niveau justement de l’homme en face d’elle. Un sens des proportions, elle n’en avait pas un grand, après tout entouré souvent de spécimen à part, souvent bien au-dessus des compétences qu’elle pourrait espérer pour elle-même. Les imiter ? Ça avait été sa fin. Elle allait y réfléchir à deux fois.

Ceci dit, après que malgré tout elle allait foncer sans réfléchi et assouvir sa fureur comme toujours et probablement y laisser des plumes, des mots arrivaient à percer au-delà de son ouïe. Son élan se stoppa, attentive comme pour assimiler. Etrange ce qu’il venait de lui confier, il n’avait pas été le premier… Et au final ? Au final ? Oubliée. Laissée au placard en poupée trop abimée, on avait fini de jouer, la question de sa condition qui la frappait. L’histoire qui se répétait ? Sa raison lui disait de se méfier, mais au fond, la lassitude avait le dessus sur sa méfiance, elle voulait y croire une dernière fois. Oui, il serait la dernière, ce n’était pas sage, ni le plan d’origine, mais… Elle était bien ici, ou ailleurs, dans ses pattes, centre d’un monde avec au final, un retour moindre à donner, comparer à avant du moins.

-Vraiment tu viendrais ? Tu le ferais ?... Sais-tu mon père combien l’ont dit et l’ont oublié ou point assumé. Sais-tu mon père pourquoi je suis morte et tu m’as faite renaitre.

Sa main se posait sur la barrière comme pour mesurer la force contenue là-dedans, au-dessus de ses moyens, une évidence.

-J’ai épuisé ma vie à évoluer à l’excès pour ne plus perdre, ne pas les perdre. J’ai oublié mes préférences pour servir les siennes, je n’ai au final jamais fait un choix qui n’incombait que moi. Et tous chaque jour m’ont adoré peut-être. Mais à la première poussière d’étoile mise sur leurs yeux, leurs sentiments se sont retournés. Sais-tu pourquoi mon père ?

La première explosion se lançait sur la barrière la plus grosse de son stock, sans réel succès, mais qu’à cela ne tienne, ceci se succédait en rafale probablement pour vider chakra et rage. Mais surtout ce sentiment coriace qu’était la peine. Cette enfant-là ne pleurait pas, si les futilités elle se plaisait à les marmonner, les vérités trop profonde, elle les taisait. Au milieu de la poussière et la fumée, la réponse à sa question elle l’attendait.

Nous échangions des propos, nous nous comprenions, nous nous aimions, du moins c'est je pense ce qu'on pouvait assimiler à de l'amour, bien entendu pas de l'amour au sens charnel du terme, jamais je n'aurai le désir du corps de Lilith et si un jour il s'avérait que ce point change, je réprimerai ce désir, car pour moi elle était devenue ma fille et l'inceste n'était pas une notion que je pouvais approuvé. je savais pourtant que dans certaines tribus, c'était pratiqué afin de préserver la pureté de la ligné. Un non-sens complet pour l'homme que je suis. En regardant sa tendance à porter des tenues légères et sa non-réaction face à la nudité, je me disais que son prénom n'était en réalité pas si mal choisi. Lilith, la première femme, qui vivait dans un lieu idéal et qui se promenait nue dans ce lieu car elle n'avait pas encore apprit le sentiment de honte découlant de cela. Au final elle était comme cette femme. Sauf que pour ma tendre enfant, cela laissait entrevoir quelque chose de plus profond, quelque chose dont je n'avais pas encore discerné la portée. Je finissais par répondre lorsqu'elle parla d'ériger une barrière en guise de cloison, je répondis ceci :


« La nudité ne me gêne point, mais aucun père n'a à voir sa fille nue, c'est un non-sens total. La nudité telle que je l'apprécie est celle qui se déroule avec une femme dont j'apprécie les courbes et l'âme, où l'envie de son corps s'empare de moi... »


Un instant de pause qui ne dura même pas une seconde avant de reprendre.


« De toi Lilith, je ne veux que le cœur, à ton corps je me refuse, tout comme je refuse que tu te vautres dans les bras de quelqu'un qui ne fait que te désirer, sans t'aimer. »


Après ces deux paroles, venait le sujet de ce que je lui avais dis, à savoir que j'errerai une éternité dans les limbes pour chercher son âme, qu'en somme mon cœur lui appartenait déjà et que cela avait été d'une rapidité incroyable. C'était peu dire, mais il s'agissait de la réalité, je ne pouvais rajouter des qualificatifs pour le décrire. Elle me demanda si je viendrais si je le ferais vraiment en me signifiant que beaucoup l'avait dit mais que peu l'avait fait. Je répondis ce que mon âme chuchota à mon oreille, cela se transcrit comme cela.


« Je ne suis pas combien, je ne suis pas le monde, je suis le créateur. Je ne peux que te demander d'avoir foi en moi. Crois en ton père, crois en ton roi, crois en celui qui t'as rendu ta vie et ta liberté. »


J'avais entendu sa phrase, j'entendais maintenant les détonations et je sentais la rage l'envahir au fur et à mesure qu'elle essayait de détruire le triple rempart. Finalement je m'approchais de son dos et machinalement j'enroulais mes bras autour de ses hanches avant de poser ma tête sur la sienne, laissant mes longs cheveux blanc caresser sa joue et son cou. Ma bouche chuchotait alors à son oreille ces mots.


« N'oublie plus tes préférences, fais moi en part. Si je peux en accomplir ne serait-ce qu'une partie je le ferais. Raconte moi, raconte moi tout ce que tu veux, tu n'as plus à souffrir, je suis là maintenant. »


Il relâchait son étreinte avant d'aller s'asseoir à l'ombre de son mur et l'invitait à faire de-même. Enfin pour qu'il y est une ombre, il fallait déjà qu'il y ait une grosse source de lumière. Sauf que depuis le début, ils étaient éclairé par les torches disposées un peu partout dans la grotte et maintenue constamment allumées par une magie ancienne que même moi je ne parvenais pas à comprendre.

Sa première réplique la faisait sourire, c’était loin de ce qu’on lui avait appris dans le temps, mais sa vision d’antan semblait s’erroné plus le temps passait, comme quelque chose d’imparfait pour ne pas dire faux. Ça clochait avec le reste du monde, une évidence. Il lui parlait de différence entre l’amour et le désir, ce qui la faisait grimacer. C’était peut-être valable dans le temps avec Yuki ou Lucy… Shinichi étant un cas à part. Un gay. La pensée la faisait rire, de vieux souvenirs.

-L’amour c’est une illusion qu’on nourrit avec soin pour qu’elle reste active mon père. L’appel du corps est un moyen qui lui offre facilité, je ne nie pas !

Son rire en échos dans la caverne, non pas qu’elle n’avait pas compris son message, loin de là, juste que, ces choses là, ça ne lui parlaient pas. Un vécu qui ne leur donnait pas de réalité, son amour à elle était aussi près qu’elle pouvait l’associer à une obsession, une possession… Et des compromis, beaucoup.

-Je prends note.

Pas tant de surprise en le sentant dans son dos, au fond ce contact elle en avait besoin, mais la créature était incapable de le demander, comme tout, il fallait que ça se devine, pas autant que son quotidien était fait de déception, mais cette fois pas ici. Sa propre tête rajoutait du poids sur son épaule en rejoignant celle de son père. Ce qui ne durait pas, il s’éloignait en l’invitant à le suivre. La brune grimaçait, pas l’habitude de ne pas mener la danse, mais elle s’exécutait en observant les flammes dansantes du lieu. En espérant qu’elles sauraient faire le tri dans sa tête de ce qu’elle voulait au final. Tout et rien. Elle s’asseyait à ses côtés, rêveuse, la première fois au final qu’on lui faisait pareil proposition et surtout, que cela ne sonnait pas faux.

-Fais de moi la plus grande Père. Fais de moi la plus belle, supporte ce tempérament fougueux, fou et têtu. Ne me laisse plus faire n’importe quoi. Apprend moi, même quand je refuse d’entendre.

Sa main saisissait la sienne.

-Et quand j’oublie ma requête, rappelle la moi.

C’était d’une simplicité enfantine ce qu’elle voulait au fond.

-Ne m’abandonne pas.

Même quand elle montrerait le pire d’elle-même, et ce dernier n’était pas des moindres. Une confiance étrange pour cet homme, pourtant elle s’était juré de ne plus faire l’erreur, mais au fond, elle le savait, elle en avait besoin. Etre protégée du monde, mais plus que tout…

- Protège-moi de moi… C’est le plus difficile au final. Rend moi ma force d’antan, avec tout ce qui me manquait…. De la jujotte !

Son rire à nouveau et elle posait sa tête sur son épaule. Au moins, elle n’était pas dupe.

-Je t’obéirais aveuglément, si tu dis que c’est le mieux pour moi. Je vais te croire.

Et si il la trompait ? Pas le premier qu’elle éliminerait, à moins qu’il ne s’en débarrasse avant. C’était le jeu après tout.

La première parole de la brune éveillait un léger sentiment de rejet, comme si j'avais été un petit chiot dont personne ne veut. Après tout elle jugeait l'amour comme une illusion, est-ce si illusoire de miser sur moi ? C'est ce que ces paroles laissaient transparaître. Au fond je n'étais qu'une âme torturée puisque j'avais pris la mauvaise tendance d'interpréter chaque parole de mes interlocuteurs, dans une discussion politique cela avait une importance, quand le sujet est l'amour, c'était une source de douleur. Je décidais donc de répondre à cela la phrase suivante :


« Les êtres humains vivent tous en basant leurs croyances sur ce qu'ils comprennent du monde, captifs de cette connaissance. Puis ensuite, ils nomment cette perception réalité. Pourtant le savoir et la compréhension sont des concepts subjectifs, cette réalité pourrait se révéler n'être qu'une illusion. Et si notre réalité peut être appelée illusion, peut on considérer que mon amour est réel ? »


Nous étions maintenant assis, l'un à côté de l'autre je la fixais et elle me rendait ce regard, ce tableau aurait pu être peint tellement il reflétait un instant qui se voulait magique. Elle se mit à parler, encore une fois, elle avait les mots d'une enfant apeuré qui avait peur de l'abandon. Je ne l'abandonnerai pas, elle était mienne et de ce fait elle serait toujours à mes côtés. Je décidais de répondre à chacun des propos qui venait de d’échapper de sa bouche.


« Je t'apprendrai à rire, je t'apprendrai à aimer, je t'apprendrai à voir, à entendre, à toucher, à penser. Je t'apprendrai à juger, je t'apprendrai à compatir... Je t'apprendrais tout ce que je sais. Et si un jour tu oublies qui tu es, que tu oublies ta requête, ton nom lui-même sera synonyme de rappel et si tu en venais à oublier ton nom, je serais là pour te le murmurer à l'oreille. Tu es mienne Lilith et même l'éternité que nous passerons ensemble me paraît trop courte pour que je puisse un jour te laisser t'en aller loin de moi. »


Enfin elle déclara qu'elle voulait être protégée, protégée d'elle-même et elle annonçait que la tâche serait ardue. Aucune tâche n'était insurmontable pour un père, voilà quelle était la vérité. Il est vrai que j'entendais déjà le son des ennuis futurs à mes oreilles. Il aurait été facile de la laisser là maintenant et de partir. Mais qui souhaiterait renoncer au bonheur d'une famille pour retrouver la solitude sur le simple postulat qu'il y aurait des moments difficiles, parfois. Je repris donc la parole à nouveau pour la rassurer.


«  Je te protégerai de toi tout comme je te protégerai du monde, j'apprendrai à créer un univers si je pouvais garantir que ta souffrance y serait exclue. »


Elle posait maintenant sa tête sur mon épaule tout en me tenant la main, je positionnais mes bras autour d'elle afin de lui faire sentir la chaleur humaine et je la laissais énoncé de nouveaux mots. Elle m'obéirait aveuglément. Était-ce vrai ? Nombreux était ceux qui m'avaient dit ces mots pour finir par me trahir mais je choisissais d'y croire cette fois, de croire en cette jeune femme apeuré par le poids de la vie, je posais mes lèvres sur sa joue avant de lui murmurer à l'oreille


« Il n'y a pas de mieux pour toi, il n'y a que du bien. Même mon amour t'es dû. Ton obéissance est juste une preuve que tu me rends cet amour. »


J'avais fini sur ces mots qui sonnait comme une sorte de rappel sur le pacte passé que je ne regrettais maintenant plus pour le moins du monde. Elle était ma fille, elle serait mon héritière, mon être à chérir, mon tout et mon rien à la fois. Elle serait mon monde.

Il lui embrouillait l’esprit avec ses belles phrases, l’obligeant à se servir du sien. D’ordinaire, la fille n’aimait pas ça, mais avec lui, pas tant que ça ne la dérangeait plus, juste que c’était nécessaire, elle ne calculait même plus.

-Illusion ou réalité, tant que j’y suis bien, ça m’ira.

Un sourire se dessinait, que répondre à ses si belles phrases ? Elle ne savait pas en faire de telle, à moins quand il s’agissait de belles paroles pour endormir les sens… Aucune inspiration à ce niveau en présence de son père, simplement l’envie de l’écouter sans fin. Bien sûr qu’elle avait conscience du ridicule, mais les enfants le sont-ils vraiment ?

-Qu’est-ce que tu attends de moi au juste ? Une fille exemplaire ? Mais qu’est-ce donc ? A tes yeux j'entends, à mon ouïe, cela sonne faux et peu possible !

Elle rigolait un peu, quoi de plus normal, tout sauf elle depuis longtemps déjà, elle avait obéit par le passé, mais ça avait été une erreur comprise avec le temps. La méfiance était grande, néanmoins, sa curiosité et son envie de réponse l’était plus encore, lui aussi devait en avoir des questions, mais il n’en posait aucune probablement pour la même raison qu’elle. Pas prête pour les confessions dans son cas, pas l’envie en tout cas, la sienne était plus… Taquine.

-Et ses sources chaudes alors ? Tu me laisserais y aller ?

Elle connaissait la réponse, c’était évident, mais bon, soudain, comme une illumination et sa main se saisissait de la sienne alors qu’elle se relevait pour le tirer auprès d’elle, plaçant alors sa main sur sa taille. Celle-ci en place, elle plaçait donc la sienne, à elle, sur son épaule. Son petit air était parlant, comme si elle était persuadée de l’amusement ou la moquerie, qui allait venir, son autre mais attrapait la restante, un léger coup de pied sur ses orteils pour le faire bien se placer.

-Laisse-moi alors te montrer aussi et t’apprendre ce que je sais. Quelque chose que j’aime et jamais partager.

Pas besoin de musique pour elle, c’était juste les mouvements qu’elle appréciait, cette sensation de légèreté, une coordination dans ceci ? Une première pour la brunette, c’était d’autan vrai avec son nouveau corps. Elle lui expliquait le rythme en avant en arrière, sur le côté et l’on tourne. Des bases simples pour commencer. Oui, car son inspiration était plus élevée, elle comptait bien être porté par son cavalier et tournoyait sans fin, assurée de ne pas finir au sol. Non, il la retiendrait pas vrai.

-Si tu écrases mes pieds, je te mords. C’est bien compris ?!

Sérieuse bien évidemment, en le poussant et le tirant, l’entraînant en véritable brute qu’elle était… Au moins, le moment semblait être apprécié. Pour elle bien sûr, un côté sadique à l’emmener dans son monde sans être sûr qu’il sache le maîtriser à l’instar des barrières qu’elle n’avait pu franchir. Sa revanche, parfaitement !

-Là tout de suite oui, ça m’occupe déjà bien assez comme ça !

Elle n’était pas comme, femme de grands projets, elle était gamine qui capture les instants au grès du hasard et de l’inspiration. Il évoquait les connaissances du passé, le Shukai qui avait été son tombeau, mais aussi le déchirement des siens. Son regard se troublait, mais son si éclatant sourire et sa manie a usé de la joie à l’excès couvrait habilement le sentiment, sans le dissimuler pour autant totalement. Des noms et des messages, tellement de chose qui se bousculait dans sa tête. Un premier qui lui venait en tête…

-Yuki… Ma sœur est une Samui qui vit là-bas. Je crois que c’est la seule survivante, la seule d’eux qui me manque. Ses bras surtout.

Elle comprenait alors qu’il allait la laisser seule et l’idée la dérangeait, mais une évidence qu’elle ne pouvait plus se rendre au Shukai, même avec ce nouveau corps…

-Cela veut dire que je vais devoir t’attendre ? Et si tu ne revenais pas, s’ils t’y retenaient ? Je me présente et défonce leur porte ? Allons, allons, pas avec si peu entraîné…. Pas sans soutien. N’y fais pas n’importe quoi, ils savent particulièrement y être hargneux.

Qui mieux qu’elle avait subi cela ? C’était mérité ceci dit. En partie, en tout cas, elle avait tout fait pour. Elle continuait de danser, ça la faisait dévoiler sa pensée, sans l’accrocher, une tactique de fuite et de préservation comme une autre…

-Elle et moi avons été inséparables dès mon arrivée à Kiri, à la base mon père, je suis née et j’ai grandi à Ame seule avec ma tante, enfant unique pendant longtemps… Un de mes frères aînés qui m’avait oublié là et tous ont eu la flemme de venir m’y chercher. J’y étais bien.

Jusqu’à ce que le tableau s’assombrit… Avec Kiri et des ambitions bien au-dessus d’elle, mais qu’à cela ne tienne, on ne lui demandait pas grand-chose… C’était elle qui avait refusé cette simple condition de perduration.

-Elle a été le pilier dans mes plus grandes peines et le témoin de mes plus beaux bonheurs, elle était le lien avec moi et Kiri, longtemps, très longtemps, jusqu’à ce que Hattan ne le casse.

Le châle de Lucy récupérait avec une vieille connaissance s’ôtait, maintenant il y avait un collier, un simple anneau pendu à une chaine. Sa promesse du passé à la Samui, quand elle avait juré de la retrouver et la ramener chez elles… Coute que coute. Elle glissait la chose entres les doigts de l’homme.

-Je lui avais confié comme un gage auquel j’ai failli et face à la honte de l’échec, je l’ai volé à son cou durant le tour de force. Mon premier époux mon père était un frère pour elle, elle nous aimait à égalité lui et moi. A Konoha j’ai murmuré l’idée à ma sœur de le sauver quand elle abandonnait sa prise, mais je savais qu’il la détruirait comme nous, comme Kiri savait si bien le faire. J’ai stoppé sa vie de ma propre main.

Elle soupira en arrêtant les pas.

-Il n’y a qu’elle, moi et un homme qui connaisse la signification de cet objet. Un mariage dont je n’ai de souvenir, un où n’était pas, un qui n’a jamais compté à cause de ça, car elle ma précieuse en ce monde au fond. Celle qui t’aime comme tu es, pas pour ce qu’elle peut faire de toi.

Les mots ne se plaisaient plus à venir et elle le poussait un peu pour qu’il valse avec elle, et comme si il avait entendu cet appel silencieux, il stoppait son trouble en écrasant son pied, en attisant son esprit taquin…

-Si au bain, tu me laisses seule, je préfère encore te punir et te mordre…

Elle s’y exerçait d’ailleurs, comme un chaton qui croquait un doigt, sur lequel aussitôt elle posait la douceur de ses lèvres.

-Je ferais vraiment exploser leur porte si tu mets trop de temps à rentrer, puissante ou pas ! Ne doute jamais de ça quand tu me quittes plusieurs jours.

Je venais de lui faire une demande égoïste et pénible et je n'aimais pas cela mais au final j’œuvrai pour nous construire un trône correspondant à notre rang et cela était le plus beau de tout les rêves. La jeune femme me parla alors d'une Samui nommée Yuki qui vivrait au Shozaichi là où je me rendrai sous peu. A dire véritablement, je n'avais aucun intérêt à aller la voir mon objectif principal en me rendant là bas était simplement de discuter un peu avec les mamoru présents en ce lieu, échanger sur nos pouvoirs de manière générale. Enfin, pour le moment je devais me centrer sur les paroles de ma chère fille. D'ailleurs, celle-ci semblait être réticente à me laisser aller seule aux portes du village. Je comprenais son hésitation mais c'est juste parce qu'elle ne connaissait pas.

Quelques secondes après, elle glissa dans mes doigts un anneau et m'expliqua le symbole qu'il représentait. Bien j'avais pris connaissance de toutes les informations nécessaires pour me rendre au Shozaichi. Je me devais maintenant de formuler une réponse et surtout de dévoiler une nouvelle information sur ma personne, une information que je ne souhaitais pas lui dévoiler maintenant mais qui lui permettrait de se rassurer. Et le plus important c'était ça, qu'elle ne soit pas anxieuse. Car c'est cela le problème lorsque l'on prend des risques, les proches souffrent beaucoup plus que la personne les prenant. Je m'exclamais donc de la manière suivante.


« J'irais porter ton anneau à la demoiselle Yuki, c'est une action réalisable pour moi, si tenté est que l'on ne me refuse pas l'entrée comme un malpropre. Maintenant, afin de te rassurer je vais devoir moi aussi parler de ma personne alors que j'abhorre cela. Sans rentrer dans les détails, je suis une personne d'influence dans l'une des cinq grandes nations et de ce fait même s'ils souhaitaient m'arrêter, il y a un certain protocole à respecter. Je me doute que ça ne te rassure pas complètement, mais crois-moi tu peux chasser tout sentiment d'inquiétude de ton esprit. »


Finalement après mon faux pas volontaire permettant de changer de sujet de manière instantanée je fixais la jeune femme et rigolait intérieurement de sa réponse. Un certains dilemme puisqu'elle pouvait choisir de me mordre ou bien d'aller se laver dans les sources chaudes. Elle préféra la première solution et s'appliqua à me marquer d'une grosse trace rouge avant de m'embrasser au même endroit. C'était aux enfant que l'on offrait le bisou magique qui soigne tout, pour ma part ses lèvres ne compensaient pas la douleur ressentie, c'était une brute après tout, il suffisait de voir sa manière de danser. Mais malgré tout je l'aimais, je l'aimais parce qu'elle était à moi, c'était ma première création, l'unique, la seule, Lilith et rien au monde ne changerait cela.

Soudain, je décidais de la soulever afin de la mettre dans mes bras, geste d'affection, mais surtout cela me permettait de ne pas avoir à me justifier. Je commençais alors à me déplacer avec hâte à un point de la caverne où une grosse pierre bloquait l'entrée. Comme avant un sceau bloquait l'entrée. Je descellai celui-ci avant de m'exclamer à l'attention de ma chère Lilith


« Bien c'est l'entrée des bains, vu que tu ne souhaites pas y aller toute seule je vais m'y rendre en premier, tu me rejoindras dans deux minutes. Et comme je ne souhaite pas te voir nue et qu'il ne te reste plus de vêtement de rechange puisque j'ai refusé toutes les tenues que tu as acheté avec ma bourse, oui j'ai remarqué que tu l'avais volé au passage, je n'ai juste rien dit. Je vais donc rentrer en premier et je vais juste fermer les yeux pendant toute la durée de ce bain. Compris ? »


Les derniers mots avaient été proférer avec un ton un petit peu plus strict pour qu'elle comprenne le sens caché derrière ces propos. Parce que je la voyais déjà venir, qu'elle ne devait pas me les faire ouvrir. Elle était taquine j'étais persuadé qu'elle essaierait quand même. Malgré tout je m’exécutais et pénétrai dans la grande salle éclairé par un nombre incalculable de torche. C'était une salle ronde, c'était la seule chose que je n'appréciais pas, j'avais pour préférence de m'asseoir dans un angle, tout le temps.

Il lui laissait entendre être un homme important en somme ? L’info ne la surprenait pas tant que ça, ceci dit il n’y avait qu’un sourire timide pour réponse, protocole ou pas… Le Shukai était un monde à part, elle en avait elle-même fait les frais, sans trop avoir à chercher en prime. Bon ok, ça l’avait arrangé pas mal. La brune lui lançait un long regard, interrompu par une action à la fois familière et déstabilisante, ses pieds quittaient la terre ferme, elle était dans des bras. Comme une princesse. Qu’une seule personne qui osait faire ça. Maintenant ils étaient deux. Dans son habitude, la princesse battait des pieds…

-Comment as-tu deviné… ? Que j’adore ça, joué aux princesses dans des bras de premiers choix ?

Ceci dit, princesse allait de pair avec caprice et quand il posait des conditions à leur bain, le regard perçant et le sourcil relevé de la fille en disait long… cause toujours ouais !

-Allons mon père, je ne l’ai pas volé, je te l’ai emprunté, comme les ryos à l’intérieur, quand il me sera donné d’en gagner, je te ferais un présent avec intérêt, car ça serait un affront de rendre son argent à mon protecteur pas vrai ?

Elle faisait sa mignonne, oui ok, mais elle ne mentait pas pour autant. L’intention était réelle… Et finalement quelque peu déçue ses pieds retrouvaient la terre ferme et elle le regardait s’éloigner… Quoi que pas plus mal, il l’aurait sûrement jeté dans l’eau, mais cela lui aurait-il vraiment déplu ? Une enfant, une sans gêne qui descendait là-bas et se glissait dans l’eau en éclaboussant l’homme pour le faire céder dans son idée fixe.

-Allons, allons, ce que tu peux être vieux jeu toi alors !

Son corps tout entier disparaissait sous l’eau, quand elle se redressait, à peine sa tête qui dépassait…

-Il n’y rien à voir, ni pour toi, ni pour moi pour le coup, parler sans regarder quelqu’un, c’est comme raté sa journée au vent… Je n’aime pas les paroles sans la lueur du regard qui les suit. Que comme ça que tu fais la différence.

Elle fermait les yeux sous son affirmation un instant pour profiter de la vapeur du bain. C’était reposant et très agréable, rien à redire là-dessus.

-Je suis habillée, ne t’inquiète pas, de toute façon, ce tissu avait besoin d’un bain et je n’ai jamais été frileuse.

Vrai ? Vrai, pour les deux affirmations, voire les trois. Elle l’éclaboussait encore…

-Qu’entend tu par important. Les grands Kages, je les ai connu tous… Enfin, les connaissait, leur second aussi en majorité… Tant mieux d’ailleurs, car j’aurais crisé que tu m’apprennes en être un.

Elle penchait la tête en arrière profitant des ombres dessinées par les torches.

-Je déteste ce rang. Il fait des hommes des ombres d’eux même… Une malédiction qui les prend, les épuise et les jette.

Etrange quand on connait son vécu avec plusieurs d’entre eux n’est-ce pas. Ses doigts s’étiraient avec son bras pour faire de nouvelles formes au plafond.

-Regarde, un lapin ! Ceux-là aussi je les déteste ! Un kushi énorme a voulu me manger en mission avec Shinichi-Sensei ! Ce vieux radin m’a laissé me faire gober, ça lui a valu de partager le butin avec moi.

Elle se redressait pour l’observer un peu.

-As-tu eu des disciples père ?

J'étais positionné dans mon bain les yeux fermés, ça serait dur de les garder fermés pour n'importe qui mais lorsque l'on est un senseur, on peut se repérer même sans voir dans l'espace donc du coup il n'y avait pas vraiment de problème. Je ressentais peu à peu l'âme de Lilith se mouvoir pour me rejoindre, elle m'éclaboussait maintenant, je restais là, les yeux fermés. Elle s'exclama alors me disant que j'étais quelqu'un de vieux jeu, c'était toujours ironique d'entendre cela lorsque l'on sait que j'ai plus de soixante-dix années derrière moi. Je l'écoutais ensuite clamer le fait que ce n'était intéressant pour aucun de nous deux que je garde mes yeux fermés. Je répondis à cela la phrase suivante.


« je n'ai pas besoin de voir, je peux ressentir. Je ressens tes mouvements, je ressens les mouvements de l'eau et je ressens ton âme. La seule chose qu'il me manque ce sont les traits de ton visage, mais je pense que je peux me passer de ta beauté pendant quelques minutes. »


Elle n'était pas de la même trempe que moi, c'est ce qui marquait la différence entre un enfant naturel et un enfant que l'on adopte, les gênes changent. Cela n'avait pas pour conclusion que nous les aimions moins, mais en revanche, cela signifiait qu'ils n'avaient pas les mêmes dons. Pour Lilith ses dons à elles étaient tout autres. Même s'ils étaient accompagnés d'un bon lot de défaut. L'exhibitionisme, la témérité, une attitude provocante. Bref. Elle s'exclama ensuite afin de m'annoncer qu'elle était habillée et que donc il n'y avait aucune nudité. J'étais perplexe, connaissant son insatiable envie que j'ouvre les yeux, juste parce qu'elle considérait cela comme un jeu, je voyais très bien venir que cette phrase était un mensonge. Je lançais donc à la jeune femme.


«Tout n'est qu'un jeu pour toi, il te suffirait juste de me mentir et lorsque j'ouvrirai les yeux tu seras nue comme un ver. C'est ce qui m'effraie le plus chez toi, ta capacité à tout considéré comme un jeu, sans prendre en compte les risques. Ici bien sûr il n'y en a aucun, mais je t'ai suffisamment analysé pour savoir que tu ferais de même s'il s'agissait d'une bataille. Tu es chaotique et n'a aucune notion d'ordre. C'est ce qui fait que j'ai pu m'accrocher à toi si vite j'imagine, mais pour autant c'est aussi ce qui fait qu'un jour, je pourrais sombrer pour toi. Donc comme tu t'en doutes, je ne vais pas ouvrir mes yeux ! Je sens venir l'entourloupe ! »


C'était une vérité, je l'avais dis sans aucune once de colère, je l'avais dis dans le cadre d'une discussion normale, sans aucune arrière pensée et cela transparaissait dans ma voix. Ce n'étais pas un reproche en somme, simplement un constat. Les derniers mots avaient cependant été annoncé avec une voix marquée par le rire, il essayait simplement d'évacuer la gravité des propos précédents par la légèreté de ce moment, le bain. Enfin il rebondit sur les propos concernant les Kages ainsi que ceux concernant le lapin et Kitase Shinichi. Bien entendu je ne laissais pas transparaître le petit moment de stupeur que j'ai eu lorsqu'elle me disait qu'elle criserait en apprenant que j'étais un chef de village. Si elle savait.


«Ce que j'entends par important ? Suffisamment pour qu'on fasse des courbettes quand je rentre dans une pièce, du moins ce fut le cas à une époque, maintenant, on me respecte juste pour ce que je fus. Quand au rôle de Kage, il change l'homme, c'est un fait. Après de là à dire si c'est une bénédiction ou une malédiction. Je pense que cela dépend de l'être qui le devient. Ainsi tu étais l'élève de Kitase Shinichi, Nidaime Mizukage de Kiri, que c'est prestigieux. Et totalement inutile à la fois. L'apprentissage ne sert qu'à ceux qui ont du temps à perdre, j'étais bien trop occupé pour prendre quelqu'un en charge. Aujourd'hui mon temps est infini, c'est pour ça que nous sommes ici aujourd'hui ! Passons du coq à l'âne, une question pour toi, tu as dis que tu aimais être une princesse, souhaites-tu avoir des serviteurs ? Tu veux que je te trouve des personnes qui auront l'ordre de donner leurs vies pour toi ? »

Assez important pour que l’on se courbe à son passage, la revue des statuts de ce genre se faisait en quelques secondes dans sa tête, aucun qu’il lui convienne, alots comme souvent, la fille ignorait la source dérangeante. Ceci dit, une autre qui concernait son mentor la faisait réagir plus vivement…

-Inutile? Comment peux-tu juger quelque chose que tu n’as pas connu ! Du temps à donner ou pas assez, peu importe, Shinichi a apporté bien plus que personne d’autre dans ma vie. C’était l’homme et non pas le Kage qui était prestigieux, comment bien il fallait s’accrocher pour le voir ça !

Voilà qui la faisait rire un instant, voire plus. Oh ça oui plus que personne elle aurait su dévoiler les défauts du lutin radin, mais aussi toutes ses qualités insoupçonnées, celles qu’il refusait lui même de se voir. Cela lui laissait un sourire doux et quelque peu mélancolique…. Par chance, personne pour le constater, puisqu’il refusait lui son père d’ouvrir les yeux, ce rire qui venait là était plus fougueux.

-La confiance règne hein!

Elle l’éclaboussait à nouveau.

-Mais tu n’as pas tort ceci dit, probablement ce que j’aurais fait d’ordinaire, jouer avec les mots, la situation, tes nerfs…

Sa tête retenue par le rebord du bain improvisé, à nouveau la brune perdait son regard dans le jeu des ombres. Quelque chose qui la troublait, c’était vrai ça, pourquoi là elle n’avait pas joué? Un oubli? Qui sait. Beaucoup de choses avaient changées au final, qu’elle le veuille ou non. Est-ce qu’il voulait la rendre plus sage? Est-ce que c’était sage d’accepter ce jeu là. Une enfant du défi ceci dit. La dernière de ses demandes étaient la plus troublantes…

-Des serviteurs?

Le mot étrange et toutes ses définitions qui venaient dans sa tête, autre chose à quoi elle ne pensait jamais. Son corps se redressait pour fixer la direction où se tenait l’homme de plus en plus surprenant. C’était ce qu’il entendait par important, quelqu’un qui se faisait servir? Définitivement pas le genre de la princesse qui avait la facheuse manie de tout faire par elle-même. Une bonne habitude ça ou bien…?

-Quel genre de serviteurs, ils serviraient à quoi mis à part me materner toute la sainte journée…?

Peut-être que la demoiselle se laissait tenter au final, après tout, n’avait-elle pas elle même toujours servi les tiers qui souvent en avaient profité à l’excès…. Etait-elle de ce genre là? Clairement et probablement pire encore !

-Tu comptes me contenir avec des chiens de garde? Tu n’as pas peur que plus il y en ait plus le défi me fasse vibrer quand il faudra défier leur talent de protecteurs?

Une façon comme une autre de s’assurer sa liberté tant chérie…

-Je ne te laisserai pas me mettre en laisse. Encore moins si les chaines sont humaines…. Allons mon père, tu me sous-estime un peu là ! Est-ce que j'ai le droit à un genre de caprice pour choisir ce genre de personne là ? Ou ce n'est pas négociable?

Serait-ce de la jalousie dans mon cœur quand ma chère et tendre fille vénérait un homme autre que moi ? Je ne pouvais le dire, cela faisait tellement d'années que je n'avais pas juste ressenti autre chose que de la haine. Je sentais juste cette gêne omniprésente en moi à cet instant et c'était fort désagréable. Malgré tout j'étais là en face d'elle nu comme un ver hormis un morceau de tissu me couvrant des hanches aux cuisses, cela symbolisait que je m'exposais sans aucune barrière, que je considérais cet enfant digne d'exploiter mes faiblesses si elle le désirait. J'imaginais que cet instant était pour elle comme pour moi un moment privilégié. Pas de désir, comment pourrait-on désirer le fruit de sa création. Non pas de désir, juste de l'amour. Je devais répondre maintenant, lui donner un jugement adéquate concernant son ancien mentor, je ne trouvais que ceci à dire :


« Sans doute, je ne connaissais pas assez cet homme pour émettre un jugement sur votre relation. Cependant je maintiens mes propos. Transmettre son savoir sert uniquement à ceux qui sont convaincu d'avoir atteint leur apogée. Pour ma part je suis en constante évolution, c'est ce qui me différencie d'eux. »


Je sentais une légère tristesse dans son âme après qu'elle ait évoqué ses souvenirs. C'est le défaut de notre condition, nous sommes éternels donc nous sommes destinés à perdre des gens que nous aimons. Quelques instants après je sentais de l'eau éclabousser mon visage. Encore un jeu pour elle, confirmant un peu plus ce que j'avais dit un instant avant. Je m'approchais alors d'elle, me fiant à la position de son âme pour venir toujours plus près. Je mettais ma main en avant afin d'attraper une partie de son corps tout en m'exclamant de la sorte :


« Aide ton cher père à venir trouver une place à côté de toi »


Une fois cela fait, je me prélassais à nouveau, assis de manière totalement décontracté, je me décidais à répondre quant à la question des serviteurs.


« Si tu n'en veux pas, je ne te forcerai pas. Il s'agit juste du fait qu'il est important pour moi que quelqu'un veille sur toi quand je ne pourrais pas le faire. J'ai de l'inquiétude à ton propos, le comprends-tu ?  Je note aussi que tu préfères une vraie laisse à un serviteur. Je te préviens quand même à tout hasard que si un homme un jour te traite de la sorte, je lui ouvre l'abdomen pour en ressortir ses tripes avant de torturer son âme dans les limbes. C'est juste une mise en garde que tu préviennes la personne qui proposera un jeu de la sorte ! »


Il s'agissait d'une fin de phrase ironique mais pourtant lourde de sous-entendus. Puisqu'il s'agissait d'un fond de vérité, l'homme qui tenterait de l'asservir se heurterait à un problème de taille. Enfin, je déposais maintenant ma tête sur son épaule, je profitais juste de l'instant puis je chuchotais plus pour moi-même que pour elle même si elle l'entendait parfaitement.


« Je n'ai que toi... »


Elle était la seule proche en vie qu'il me restait, et elle resterait la seule tant que je parviendrai pas à ressusciter proprement les âmes dans un corps. Une amélioration de l'edo tensei que je possédais déjà par ailleurs.

Un soupçon de mécontentement dans la voix du père, c'était ce qu'elle avait dit ? Ou bien la ferveur avec laquelle elle prenait le parti du lutin bleu, dire que jadis son passe temps favori était de lui casser du sucre sur le dos. Le tout lui laissait un sourire, quand taquine, elle en rajoutait une couche.

-Il était parfaitement imparfait comme mentor, comme exemple, comme père. Oui c'était bien tout ce qu'il était pour moi et c'était le pourquoi je l'appréciait tant. J'avais une chance avec lui toujours, car il clamait ma nullité avec excès pour que mes réussites prennent plus de valeur qu'elles en avaient.

L'homme entreprenait de se rapprocher et toujours il s'entêtait à refuser de voir, il avait son monde et elle le sien, l'un et l'autre ne pouvaient pas toujours arrivés à se comprendre, pourtant ils arrivaient à s'entendre. Cette nuance laissait la fille perplexe alors que sage contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer d'elle, elle l'aidait à prendre place à ses côtés avant de poser sa tête sur son épaule et l'écouter. Un moment de calme après tant de tempête. Est-ce que ça allait durer ?

-Comprend bien père que quand on me disait « veiller » sur moi, on me surveillait, quand on parlait de mon bien, on m'enchaînait. Ce n'était peut-être pas la volonté de tes prédécesseurs, ni même exactement ce qui s'est passé, mais c'est ainsi que je le vivais. Je refuse de continuer d'obéir aveuglement comme à Kiri. Qui plus est...

Un ricanement s'en suivait...

-Je suis une enfant terrible avec mes jouets, tu en as conscience pas vrai ?

Déjà qu'elle était fléau malgré elle avec ceux à qui elle tenait... La suite de la conversation fut sans surprise finalement, peut-être au fond qu'elle s'attendait à ce que ce sujet s'ouvre, forcément. Que pouvait-elle en dire ? C'était à la fond amusant et insultant. La fille savait se défendre ?... La blague, elle savait à quel point les inquiétudes de l'homme était justifiées... On avait tous nos petites faiblesses après tout.

-Je n'ai plus l'intention de me faire endormir mon père, ne t’inquiète pas pour ça, mais je note que tu veilles, tant que tu ne te ramènes pas avec l'idée farfelue de ceinture de chasteté !

Un rire en le poussant un peu et sa dernière phrase la ramenait à une réalité... Le lien du parent et son enfant, il n'avait qu'elle et la fille n'avait plus que lui en parent ? Ce n'était pas tout à fait vrai, mais rien que ce lien qui les liait, était sien aussi avec un autre être... Elle se décidait enfin à parler, des choses qu'elle ne disait pas, car elle ne les admettait même pas les trois quart du temps.

-Tu sais, il y a un enfant dans ce monde qui me considérait comme toi, ou comme je le fais plutôt avec toi. Il me croit probablement morte, encore que, son esprit rêveur s'imagine sûrement me revoir passer sa porte.

Le rire était amer cette fois... Quoi de plus normal en y repensant avant que la triste phrase ne tombe, comme la réalité, sa propre crainte, son propre manque de réponse.

-Devrais-je rester morte à ses yeux et le laissait avancer ou alors par égoïsme le récupérer et l'emporter dans mon courant incertain ?

La vraie question qui la tourmentait, était de savoir si un enfant pouvait en assumer un autre. Quelque chose auquel il aurait fallu penser avant ? Mais ce choix n'avait jamais été sien. On avait beau dire qu'on avait toujours ce dernier, ce n'était pas quelque de tout à fait vrai... La faiblesse avait son prix et le rappel vers son obsession du pouvoir revenait frapper à sa porte en même temps que ses craintes... Le corps était différent et soigné des cicatrices du passé, mais l'esprit lui ne savait pas être pansé. Cette vérité troublait son esprit quand son corps se glissait lourdement dans l'eau en quittant le réconfort du contact avec son aîné. Quelques brasses avant de s'arrêter et le silence à peine troublé par le décor prenait sa place quand calmement l'enfant se rassurait des mots de son père. Un qu'elle avait le besoin de chercher et trouver au final. Peut-être ce qui lui avait manqué ?

-Allons le chercher.

Fut sa conclusion alors que sa silhouette quittait l'eau et s'éloigner de là bien déterminée...