L’homme d’une quarantaine d’années était tombé à la renverse. Il palpait le sol avec ses mains, essayant tant bien que mal de reculer face à ceux qui lui faisaient face. Le problème résidait dans sa jambe gauche, blessée par un couteau planté en plein milieu. Comment pouvait-il en être arrivé là ? Tout ça à cause d’une histoire d’argent ? C’était vraiment imbécile, mais il n’avait aucune chance de s’en tirer face aux deux personnes qu’il avait en face de lui.

« Je ne suis qu’un homme d’affaires, ayez pitié…
─ Pitié, mais pitié de quoi ? C’est toi-même qui t’es mis dans cette situation. »

Howaito n’en attendit pas plus pour s’abaisser agilement et retirer le couteau de la plaine de l’homme. Dr. Sokato était certes un homme d’affaires, mais quelqu’un de très impoli. Il avait eu un projet de clinique qui avait plu au Gekei, mais avait détourné l’argent que ce dernier lui avait prêté pour des fins plus personnelles. Le jeune moine ne pouvait se laisser faire de la sorte. Il s’était senti obligé d’agir. Il caressa le couteau qu’il avait entre les mains, et regarda dans la salle à manger de son hôte s’il n’y avait pas autre chose dont il pourrait se servir. Finalement il se résigna : un couteau c’était suffisant.

« C’est quand même dingue ça, alors que je songe à étendre mon organisation toi tu décides de te jouer de moi et de mon argent ? Comment penses-tu que les gens réagiront s’ils apprennent qu’on m’a joué un sale tour sans le payer, hein ?
─ Ne me tuez pas pitié, je vous rendrai votre argent !
─ Mais tu devais me le rendre dans tous les cas, Sokato. »

Le couteau partit à une vitesse fulgurante et se logea dans le coup du docteur. Une mort rapide et efficace, qui allait cependant faire couler pas mal de sang. L’ancien maître moine soupira.

« C’est fou comment les gens peuvent perdre la raison quand ils font face à la mort, tu ne trouves pas ? »

Derrière lui, une jeune femme aussi belle qu’imposante ne bougea pas d’un poil mais répondit simplement avec une voix douce qui lui allait si bien. C’était Daini.

« Si. Faut-il que j’appelle N ? »

Elle parlait bien entendu de Naninomai, alias « Rien ». C’était ce qui restait de lui après son passage. Nécromancien depuis toujours, cet homme avait un talent inouï pour jouer avec les corps. Le fait qu’il soit capable de ne laisser aucune trace d’une personne avait directement séduit le moine.

« Oui évidemment, je n’ai pas envie de me salir les mains avec tout ce sang. Et puis j’aimerais visiter le pays encore un peu… »

Sur quoi il sortit profiter d’un beau coucher de soleil, en attendant que Daini ait terminé. Tetsu no Kuni avait de sales docteurs, mais de beaux paysages.

Spoiler:

On dit souvent que l'on a les missions que l'on mérite. Cette maxime plus ou moins utilisée par les shinobis ne s'appliquait pas à Eru qui finissait toujours par accomplir les besognes que personne ne voulait faire. Le gamin avait rarement fait autre chose que des chasses au voleur ou aux chats perdus. Il en avait marre et s'était plaint aux autorités compétentes. La secrétaire au palais du Raïkage l'avait écouté critiqué le système d'attribution pendant des heures en faisant semblant de prendre des notes sur un papier. Il savait très bien que sa requête ne mènerait à rien, mais il en avait marre des chats. Pourtant, quelques jours après avoir déposé sa plainte, l'adolescent reçu un ordre de mission d'une envergure supérieure à ce qu'il avait l'habitude d'accomplir.

Il devrait se rendre à Tetsu no Kuni, un territoire contrôlé par Kumo pour aller rencontrer un certain Docteur Sokato. C'était un homme d'affaire influent qui avait un réseau de contact assez impressionnant. Selon l'ordre de mission, le docteur possédait une très large fortune. Eru devait simplement aller lui remettre une missive qui semblait très importante. Personne ne se douterait qu'un simple genin pouvait avoir en sa possession un objet aussi précieux. C'est donc avec un certain engouement que le Dentô s'était élancé à travers le pays pour rejoindre l'un des seuls centres maritimes du pays de la foudre. Le trajet à pied était beaucoup trop dangereux et la distance en bateau entre la localisation du Docteur Sokato et le pays de la foudre était bien moindre.

L'endroit était vide et les navires s'y faisaient rare. La plupart du commerce maritime se faisait sur les côtes de ce qui avait été autrefois le pays de l'eau. Eru avait rangé le parchemin dans une pochette secrète de son sac à dos. Seul les gens qui s'y attardaient vraiment pouvaient voir le zip qui était caché par une épaisse couture. Le Dentô faisait voyage seul, cette mission était pour lui et il ne voulait pas la partager. On lui avait bien proposé de lui fournir un partenaire du même rang, mais il avait refusé. Pour une fois qu'il faisait une vrai mission, il ne voulait pas partager le mérite avec un autre shinobi. De plus, le maître de la lumière appréciait le calme. Il s'était étendu sur le pont du bateau et avait fait un petit somme bien mérité...

La traversé de l'eau dura près de 3 jours. La température fut clémente pendant la presque totalité du voyage et ce au grand bonheur de tous les passagers. Le Dentô dû se vider d'une grosse partie de ses économies pour arriver à payer le voyage, mais ça en valait la peine. Il espérait être payé grassement pour cette mission qui était sommes toute assez facile.

Après avoir débarqué du navire, le jeune homme à la chevelure emprunta les bois pour se rendre rapidement à sa destination. Il n'arrêtait son avancée que pour quelques brèves heures de repos et repartaient aussitôt. Il n'avait pas de temps à perdre, cette mission était capitale pour son futur comme ninja de Kumo. C'était la première mission sérieuse qu'on lui confiait et il ne voulait pas trahir la confiance de ses supérieurs. Il arriva à sa destination exactement cinq jours après son départ. Relativement épuisé, l'adolescent décida de ne pas prendre de pause. Il aurait le temps de dormir après avoir délivré son parchemin. Le Dentô tâta pour une enième fois la poche secrète de son sac pour s'assuré que le parchemin était encore là.

Le docteur Sokato logeait supposément dans une petite auberge du pays du fer. Le coin n'était pas très accueillant ce qui était très intriguant pour un homme d'affaire aussi riche. Le problème, c'est qu'à l'emplacement où devait se trouver l'auberge, il n'y avait absolument rien. La forêt se terminait à ce endroit là. Elle laissait comme seul paysage des collines vertes qui laissaient entrevoir un coucher de soleil agréable. Étrangement, un homme y était assis et semblait contempler ce fabuleux paysage. Eru s'empressa d'aller à sa rencontre, insouciant du danger que sa démarche pouvait entraîner.

— Excusez moi, je suis à la recherche d'une auberge. Vous n'auriez pas vu quelque chose de ce genre dans le coin? Un monsieur Sokato m'y attend. Peut-être vous le connaissez. Ce pays n'a pas l'air de contenir beaucoup d'habitants alors on fait rapidement le tour, non?

Eru regrettait désormais de s'être adressé à cet homme. Il trouvait son regard inquiétant, il avait quelque chose à cacher, mais quoi?

Infos:

Le problème avec les choses belles, c’est qu’elles sont souvent éphémères. Ce fut exactement dans cet état d’esprit que le moine accueillit la venue d’un jeune homme, apparemment venu pour chercher un endroit précis, mais surtout dérangeant. En effet, le lieu était similaire à celui duquel il venait de sortir. La suite en fut encore plus déroutante : cet illustre inconnu était venu voir monsieur Sokato. Et étrangement, le ciel n’avait plus rien de magnifique.

Différentes possibilités s’offrirent au Gekei comme des pages d’un livre ouvert. Il pouvait le tuer, car le chakra de ce jeune probable shinobi n’était pas imposant ; il pouvait l’enfermer, mais faire ça entrainerait des risques : il avait vu le visage de l’homme ; ou il pouvait feindre l’ignorance et ne pas savoir de quoi il parlait. Mais quelque-chose clochait alors : si Howaito laissait son interlocuteur sans réponse, nul doute que ce dernier continuerait de suivre sa propre piste, qui l’avait bien mené jusqu’ici. Est-ce que N aurait terminé à temps ? C’était un pari osé.

L’arrivée d’une seconde personne, aussi surprenante qu’elle fut, changea une nouvelle fois la donne et le plan du Gekei. Le chakra n’était plus le même : c’était un gradé de Kumo sans le moindre doute. Et cela se confirma par les directives qu’il donna au premier interlocuteur. Le jeune shinobi partit, mais pourrait être tracé si jamais l’entrevue avec le gradé ne s’avérait pas trop longue.

Seki Hasaki dévoila des choses intéressantes et inquiétantes avant son identité : il avait senti tout ce qui s’était passé. Sokato ne donnait plus signe de vie, et le moine avait été sondé comme sortant du lieu où le docteur était de son vivant. Il n’y avait pas de nombreuses possibilités. Le senseur de Kumo ne pourrait pas être dupé facilement. C’est dans ce moment délicat que D apparut à son tour derrière son chef, une imposante épée derrière son corps de princesse.

« Que dois-je faire ? »

Sans répondre, l’homme assis tranquillement regarda sa montre. Dix minutes au moins étaient passées. N n’en aurait plus pour longtemps. Il avait peut-être déjà terminé. Dans ce cas…

« Rien du tout, rien du tout. Je te présente Seki Hasaki, un gradé de Kumo. »

Le regard porté vers la jeune demoiselle se reporta sur l’originaire du Pays de la Foudre.

« L’homme dont vous avez dressé le portrait est mort. Quant à moi, je me présente : Howaito, enchanté. »

Sur quoi il lui tendit sa main droite en guise d’amitié. Dommage pour le probable Genin de Kumo, il aurait sans doute fait un très bon informateur. Il ne fallait cependant pas perdre espoir de le rattraper…

Spoiler:

L’homme venu tout droit du Pays de la Foudre ne se fit pas attendre pour proposer au Gekei de poursuivre la discussion : ce qu’il faisait en même temps rien qu’en posant cette question. Sans surprise, il proposa de la continuer dans un endroit plus « propice » à la discussion. Est-ce que l’idée qu’un cadavre siège dans la bâtisse juste derrière l’effrayait-il ? Probablement pas, comment pouvait-on imaginer qu’un gradé de Kumo ait peur du sang ou d’un cadavre ? Alors il voulait juste boire un verre.

Howaito n’était jamais contre l’idée de discuter avec quelqu’un d’un minimum intéressant. Tout ce qu’il pouvait faire de son temps était bon, car cela lui apprenait des choses. Mais bien entendu, le Genin aurait été une proie plus facile et surtout plus encline à parler. Qui sait combien de choses intrigantes et importantes ce jeune homme aurait pu dévoiler ? Il fallait le rattraper, mais ce dernier étant déjà parti depuis quelques minutes, fallait-il pour Howaito choisir entre le gradé et le jeune inconnu ? Pas forcément. De toute façon si l’ancien moine refusait l’offre du ninja sensoriel, nul doute que lui ne laisserait pas tomber.

Toujours assis sur les marches du bâtiment, Howaito sortit une feuille de parchemin et un crayon de bois. Il y gratta quelques instructions pour N. Le bon côté de cette affaire était qu’en allant ailleurs avec le Kumojin, Naninomai aurait alors tout le loisir de sortir sans se montrer, chose qu’il appréciait. Et aussi pointilleux qu’il était, il ne manquerait pas la feuille de parchemin sur les marches.

« Je connais une taverne à environ un kilomètre au sud, elle n’a rien d’exceptionnel mais leur nectar de pêche est juste un délice ! »

Il s’appuya sur ses mains pour se relever, et laissa le parchemin là. Accompagné de la belle D, il se mit en route, suivi donc du Seki. Un grand clan de Kaminari no Kuni, spécialisé dans la manipulation et les créations de chakra brut : certains de leurs membres étaient des artistes de combat.

Cinq minutes à peine de silence suffirent pour que le trio arrive à destination. S’asseyant au comptoir, Howaito avait déjà remarqué qu’il n’y avait personne hormis eux et le barman. Le bâtiment étant assez mal situé, il n’y avait rien de surprenant. Dommage pour leur nectar, vraiment.

« Pour moi ça sera un de vos délicieux nectars de pêche, et pour vous ? dit-il en se tournant vers le dénommé Hasaki. »

Daini était quant à elle restée sur le devant de la taverne, à surveiller les environs. Prête à agir quoi qu’il se passe.