S'il y avait bien un truc que je détestais plus que tout, c'était les patrouilles dans le désert. Déjà parce qu'il était rare - pour ne pas dire extrêmement rare - de tomber sur des voyageurs ou une menace quelconque dans ces étendues de sable et ensuite car ce n'était clairement pas les balades les plus appréciables qu'on pouvait imaginer. À la température infernale vous pouviez ajouter la sueur omniprésente qui ruisselait constamment sur votre corps et la déshydratation qui vous guettait à chaque instant pour peu que vous ne preniez pas le temps de boire régulièrement. Sans parler de la progression difficile parce que chacun de vos pas s'enfonçait dans le sol granuleux et vous forçait à redoubler d'effort pour avancer. Et puis il n'y avait rien à portée de vue à part du sable, du sable et encore du sable. J'aimais ce pays mais parfois j'avais l'impression qu'il ne me le rendait pas...

- "Tu me rappelles pourquoi c'est de nouveau à nous de patrouiller?" demandai-je à mon compagnon de galère en me tournant vers lui. "Sérieux, je vais commencer à croire que la Kazekage ou la personne qui se charge des plannings à une dent contre nous..."

J'étais content d'être avec Notsuu puisqu'il entrait facilement dans mon classement des personnes que j'appréciais le plus à Suna mais ça ne rendait pas notre tâche plus aisée pour autant. Et même si je savais que le tournus des patrouilles était équitable je ne pouvais pas m'empêcher de me plaindre, c'était plus fort que moi. La Kazekage était ma senseï depuis peu et je me doutais bien qu'elle ne m'en voulait pas personnellement bien que je n'étais pas l'élève le plus agréable qui puisse exister. Mais pourquoi c'était toujours sur les genins que ça tombait hein? À croire que les shinobis plus gradés se touchaient la nouille toute la journée en se moquant bien de leurs cadets qui héritaient des tâches ingrates. Et pour être ingrates, elles l'étaient. La preuve en était le sac que je me trimballais. Sac rempli de bouteilles vides et parfois cassées que nous avions récupérées dans une oasis plus tôt dans la journée. Les gens n'avaient parfois aucun respect et jetaient sans vergogne ce dont ils n'avaient plus besoin. Ces points d'eau étaient pratiquement les seuls endroit accueillants dans le région et voila que des abrutis s'amusaient à les polluer. Ha, si je les avais pris en flagrant délit il y avait fort à parier que certains seraient rentrés avec quelques dents en moins...

- "Putain de désert de merde!" murmurai-je pour moi-même, me chauffant tout seul à force de repenser à tout ça. "Pourquoi je suis pas né sur une petite île avec des vahinés et de la flotte partout pour faire trempette?"

Mais malgré ma colère j'aimais au plus profond de moi Kaze no Kuni. C'était ma maison, mon passé et mon futur... Et même si le climat n'était pas le plus agréable qui soit je préférais le soleil à la pluie ou le sable à la neige. Après tout c'était ici que j'avais poussé mes premiers cris et que je lâcherai mon dernier soupire. J'en étais convaincu et ça me réjouissait quelque part. Un brin calmé, je demandai à Notsuu une petite pause pour boire de longues gorgées d'eau de ma gourde. Nous allions arriver tantôt à une nouvelle oasis et j'aurais le loisir de la remplir à nouveau. Dès lors il était inutile de faire preuve de retenue quand il s'agissait de s'hydrater. À tel point que je me versai un peu de liquide sur le visage en fermant les yeux, le visage tourné vers l'astre solaire.

C'est alors que je vis une traînée brillante derrière nous. Il ne me fallut pas longtemps avant de lever le sac que je portais en bandoulière et remarquer qu'un trou avait laissé des briques de verre et des bouteilles s'échapper de leur prison en tissu. Ça c'était le pompon! Au lieu de récupérer les ordures voilà que je les dispatchais un peu partout derrière nous. Super! Si j'étais un ardent défenseur de la nature et que je souhaitais voir le désert échapper aux souillures, il était tout simplement hors de question que je fasse demi-tour pour récupérer ce que nous avions semé sans nous en rendre compte.

- "Je te demanderais bien une corde si encore il y avait un arbre auquel me pendre!" maugréai-je en lâchant un soupire aussi long que mon irritation était vive.

J'allongeai néanmoins mon bras sur plusieurs mètres pour récupérer les débris proches et les remettre dans mon sac après avoir fait un nœud grossier pour résorber l'ouverture. C'est alors que je vis deux silhouettes à l'horizon. Je plissai mon oeil valide comme pour mieux discerner s'il s'agissait d'un mirage ou de la réalité. Le désert et la chaleur pouvait parfois vous jouer des tours improbables. Nombreux étaient ceux qui avaient cru voir une oasis là où il n'y en avait pas et plus nombreux encore ceux qui étaient morts de soifs après avoir couru derrière une chimère du genre. Je me résolu donc à demander l'avis du Saibogu en lui décochant un léger coup de coude dans les côtes.

- "Tu vois ce que je vois ou ma vue me joue des tours?"

Le doute ne fut néanmoins plus permis lorsque les deux silhouettes se rapprochèrent de nous. Nous suivaient-elles à la trace grâce - ou à cause - des bouteilles que nous avions semées? Ou était-ce simplement le fruit du hasard? Je savais qu'il faisait parfois bien les choses mais à ce point... Nous attendîmes donc que le duo soit à portée de voix pour leur adresser un signe de la main.

- "Salutations voyageurs!" fis-je d'une voix qui se voulait neutre. "Qu'est-ce qui vous amène en ces lieux?"

La question était basique et judicieuse. La femme portait les vêtements et avait la peau hâlée d'une fille du désert mais son compagnon de route semblait étranger. Son teint clair laissait présager d'une appartenance à une autre ethnie ou à d'autres contrées. Et j'avais tendance à me méfier de ce qui n'était pas né dans ce désert ou dans l'enceinte démesurée de Suna... À tort ou à raison?

Une bouteille… des bouteilles. Qu’est-ce que ça faisait là ? À voir la trainée de déchets qui se dessinaient devant nous, c’était à se demander si on allait rencontrer plus de déchets que de vies humaines dans ce désert. Sérieusement. J’en pris une en main.

Possible… on devrait aller y jeter un coup d’oeil.

Le chemin nous était tout tracé, pour une fois, sans être obligé de gaspiller du chakra pour suivre une personne. Même si du coup, j’ignorais totalement à quoi je devais m’attendre, en suivant une trainée de bouteilles de verres, totalement vidées de leur contenu. Eh bien… il faut croire que ça picole sévère dans le coin. Ajouté à ça, on put voir d’autres types de déchets, qui étaient néanmoins un peu plus rares. Ils passeraient presque inaperçus au milieu de tout ça. Qu’est-ce qui pouvait bien être la cause de cette trainée de verre ? Il y avait bien plus courant comme situation… moi qui était habitué depuis quelques jours à ne voir plus que du sable, j’avoue être plutôt intrigué à cette nouvelle vision du désert. Dans tous les cas… en suivant ce "chemin" -si on peut tout de même appeler ça comme ça-, nous en saurions plus sur l’origine de cette pollution massive. À quoi devrions-nous nous attendre ? Aucune idée. Peut-être des personnes complètement bourrées, ayant participés à une soirée bien trop arrosées. Oui, même beaucoup trop.

Ma partenaire me demanda si je pouvais mieux identifier ce qui se trouvait à l’autre extrême de cette masse de déchets qui traînaient au sol. Elle sentait une présence. Elle disposait donc bien de capacités similaires aux miennes, dans le domaine de la sensorialité. Néanmoins, cela semblait s’arrêter à la simple détection de présence… peut-être que je pourrais l’aider, éventuellement, à développer ses capacités ? Ce serait à voir, mais pour l’instant, ce n’était pas dans nos priorités. Je me concentrais donc, afin de mieux analyser cette présence ; ou plutôt, ces présences.

Hm… ils sont deux. Je ressens la présence de deux personnes, et leur chakra semble un peu plus faibles que les nôtres.

Qui étaient-ils ? Des voyageurs ? Des shinobis ? Impossible à bien déterminer… cependant, le chakra qui bouillonnait en eux montraient bien qu’ils n’étaient, quoiqu’il arrive, à ne pas sous-estimer. En tout cas, j’allais continuer d’analyser ces deux chakra se déplacer, histoire d’en savoir peut-être un peu plus.

Après plusieurs minutes de marche, à rechercher l’origine de cette pollution massive, on vit au loin deux silhouettes se dessiner à l’horizon. Enfin. Et c’était bien eux… Un sac de déchets en main… ah ouais. Ils font mal leur boulot ceux-là, il faut croire. En tout cas, il sembleraient bien qu’ils nous aient également vu, et l’un d’eux lança la discussion lorsque l’on était à leur portée. Il nous salua poliment, et nous demandait la raison de notre présence ici. Ah, bah la raison… elle était toute tracée, pensais-je la bouteille en main. Je les observais rapidement, sentant d’ailleurs un chakra s’agiter légèrement, qui provenait de l’homme qui n’avait pas parlé. La confiance règne par ici, tiens.

Soyez sans crainte, nous ne cherchons rien de mal. Nous ne faisons que voyager, ici.

Rien de mal… en effet. Indirectement, c’était surtout à destination de l’homme aux lunettes, pour qu’il ne prenne pas la peine de nous attaquer. Auquel cas, nous serions obligé de riposter… et comment dire que ce n’est pas ce qui m’intéressait le plus. Loin de là… ce n’était clairement pas notre objectif.

À vrai dire, nous ne sommes pas d’ici. Nous voyageons dans ce désert depuis plusieurs jours, et nous sommes tombés sur… ça.

Tendant la bouteille précédemment ramassée, je regardais en arrière le reste des déchets qui jonchaient le sol. En effet, ce n’était pas très beau à voir…

D’où la raison de notre venue jusqu’à vous deux. Une simple petite curiosité.

Le tout provenait donc de ce sac… avec un noeud rajouté à la va-vite. Sûrement le reste d’un sac troué ? Eh bien… c’est bien leur veine. Je rigole si le sac cède de nouveau. Ce serait déplacé ? Peut-être, mais ce n’était pas très important. Néanmoins, ce qui m’étonnait, c’était de voir deux personnes comme eux ramasser tous ces détritus… surtout que ça n’avait pas l’air de bien leur plaire. Des shinobis en mission peut-être ? Serait-ce deux ninjas de Suna que nous avions en face ? Possible.

Et vous ? Pourquoi devez-vous vous taper… cette corvée ? Parce qu’entre nous, y a plus passionnant que ramasser des ordures dans le désert… surtout avec un sac troué…

Je ne sais pas pourquoi, mais ce noeud ne tiendra pas bien longtemps. Je le sens… ah bah voilà. Crac, le voilà qui cède. Le tout par terre. Les pauvres, je les plains… Tout leur travail, finalement réduit à néant. Espérons juste qu’ils ne décident pas de mettre ça sur notre faute, pensant qu’on leur porte la poisse !

… enfin, ce qu’il en reste.

Spoiler:

J'étais toujours en train de me masser l'oreille quand les nouveaux-venus se présentèrent. J'avais beau être élastique ça faisait quand même mal quand on vous prenait ainsi par surprise. Mais je n'eus guère le temps de lui faire remarquer mon irritation car je voulais éviter qu'on nous prenne pour un vieux couple ou quelque chose du genre. Il fallait rester digne lorsque l'on avait affaire avec des étrangers, ne serait-ce que pour donner une bonne image de Suna. Quoique nous étions certainement ses pires représentant lorsqu'il s'agissait de diplomatie ou plus simplement de dialoguer avec des inconnus. C'est donc en tentant de garder mon stoïcisme que j'écoutai le premier des deux arrivants nous expliquer qu'ils nous avaient suivis avec les bouteilles que nous avions semées. Quant au fait qu'ils étaient étrangers, si c'était évident pour le jeune homme j'avais toutefois quelques doutes concernant la demoiselle. Mais les habitant de Kaze no Kuni n'étaient pas les seuls à avoir le teint hâlé après tout. Et puis je connaissais trop peu le monde extérieur pour me prononcer à ce sujet...

- "Ha oui, les bouteilles..." fis-je en me passant une main à l'arrière du crâne avec une gêne évidente.

L'autre enchaîna ensuite sur la raison de ce travail ingrat que nous avions à accomplir et franchement je me voyais mal lui dire que ça entrait dans le cadre d'une simple patrouille. On devait avoir l'air de deux abrutis punis et ce n'était finalement pas loin d'être la réalité. J'échangeai un regard avec Notsuu avant de hausser les épaules.

- "Nous sommes en patrouille à vrai dire et nous en profitons pour récolter les ordures que certaines personnes peu respectueuses laissent derrière elle. D'ailleurs à ce propos vous n'avez croisé personne d'autre dans les parages? Par exemple des types qui n'arrivaient pas à marcher droit? Parce que vu la quantité de bouteilles qu'on a ramassées les responsables doivent encore avoir une sacré dose d'alcool dans le sang à l'heure actuelle..."

Au milieu de ma phrase le petit nœud que j'avais fait s'était dénoué et le reste des bouteilles était tombé sur le sol. Je fis d'abord semblant de ne rien avoir vu avant de lever les yeux au ciel en serrant le poing. Trop c'était trop! Je me baissai en vitesse pour ramasser l'une d'elle que j'envoyai de toutes mes forces derrière une dune.

- "Putain de journée de merde!" criai-je sans prêter attention à nos deux "invités". "Putain de désert de merde et putain de bouteilles de merde! Je vous hais!!!"

Je jetai un bref regard aux deux voyageurs avant de lever le doigt comme pour lui demander un instant de pause avant de porter ma gourde à mes lèvres. Ce faisant la demoiselle inconnue décida de nous donner un coup de main inespéré en nous demandant si nous avions un autre sac et alla même jusqu'à nous proposer leur aide pour ramasser les bouteilles. J'étais un brin gêné de laisser faire une étrangère mais d'un autre côté ça m'arrangeait bien! Même si nous pouvions très bien les ramasser au retour et éviter ce travail pour l'instant.

- "Ben heu oui c'est pas de refus! Mais on pourra les ramasser au retour ça ne presse pas après tout. Et puis elles seront toujours là n'est-ce pas?"

Mon oeil valide se porta sur les courbes de la demoiselle un instant juste avant que le visage de Yami s'impose en retour dans mon esprit comme pour me rappeler que je ne pouvais guère m'autoriser ce genre de laisser-aller. Même si dans le fond il n'y avait pas de mal finalement, je ne faisais que regarder. Enfin bref...

- "Il y a une oasis à quelques centaines de mètres d'ici on pourrait peut-être s'y installer un moment pour discuter? La chaleur va vite devenir insoutenable à cette heure-ci de la journée! Et si la peau de la demoiselle laisse présager qu'elle a déjà vécu dans ce genre de fournaise la vôtre, en revanche..." fis-je en adressant un regard entendu au jeune homme. "Et puis vous pourrez nous expliquer ce que vous faites ici précisément. J'imagine que vous ne parcourez pas le désert sans raisons et que nous avoir suivis à la trace grâce à ces bouteilles n'est qu'une distraction ou quelque chose comme ça, non?"

J'étais curieux de connaître le motif de leur présence en ces terres même si rien ne les en empêchait après tout. Suna était en paix et les frontières étaient ouvertes jusqu'à nouvel ordre. Je leur adressai un signe de la main pour les inviter à nous suivre tout en oubliant de me présenter ainsi que mon compère. Mais Notsuu allait sûrement rattraper le coup et également demander l'identité de ces personnes et d'où elles venaient. La courtoisie n'empêchait pas la méfiance... "Des voyageurs", c'est un peu vague quand même...

Spoiler:

Oh. On dirait que c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, pour l’homme au sac qui venait de lâcher. Les bouteilles s’étaient étalées dans le sable, certaines dans un éclat de verre des plus singuliers, et dans un certain vacarme assourdissant. Pas de chance, non, vraiment pas. En même temps, quelle tâche ingrate pour eux deux. Cela me rappelait brièvement mes débuts en temps que ninja. À l’époque où j’étais encore considéré comme un petit surdoué, étant sorti très tôt de l’académie. Néanmoins, ce n’est pas pour autant que j’ai pu esquiver les missions de ce genre. Sauf qu’à Konoha, on ramasse plus des feuilles mortes que des bouteilles en verre dans le désert. C’est à voir ce qui est le mieux...

Donc oui, ce fut trop pour lui. À tel point qu’il prit une des bouteilles, pour la balancer bien plus loin. Adieu bouteille. Il confirma sa colère avec les injures qu’il débita à la suite. Eh ben. Entre un homme aussi muet qu’une carpe, et un autre au tempérament explosif, on n’allait pas s’ennuyer. Quel étrange binôme.

La médecin qui faisait équipe avec moi se proposa de les aider, et commença par ramasser quelques bouteilles. Elle fut néanmoins arrêtée par le volcan, qui proposa plutôt de s’en occuper au retour, et d’aller plutôt se poser dans un oasis. Et comme il le fit si bien remarquer, ce n’était pas plus mal avec la chaleur de ce désert, et il fit remarquer qu’au vu du teint de ma peau, on ne pouvait pas dire que j’étais très habitué à des conditions pareilles. Là, il marque un point.

En effet, ce n’est pas de refus...

Une simple parole, tout en passant ma main contre mon front transpirant. Oui, ce n’était pas plus mal.

Néanmoins, suite à ça, il demanda plus de précisions sur la raison de notre présence ici. C’est qu’il insistait. En même temps, s’il était réellement de patrouille, c’était sa mission de se renseigner sur les motifs des présences des inconnus. D’ailleurs, s’ils sont vraiment en patrouille… c’est sûrement qu’ils appartiennent à Suna. Il y avait donc deux shinobis en face de nous, ce qui n’était pas compliqué à deviner au vu du chakra qu’ils avaient en eux, et que je pouvais aisément ressentir. Ils étaient entraînés. Nous voilà donc face à Suna. La méfiance était de mise, mais je ne laissais rien paraître.

C’est Nozomi qui prit alors la parole, et qui répondit à ses quelques questions. Et la justification qu’elle trouva était tout bonnement intéressante. Ne laissant paraître aucune surprise quelconque, je fis comme si j’approuvais chacun de ses dires. En soi, elle ne mentait pas vraiment. C’est bien ce qu’elle était, avant, et maîtrisait donc bien le sujet. Bien joué.

Tout à fait.

Ne faisant que simplement acquiescer ses dires, je me contentais de les suivre. Ils allaient donc nous guider vers un oasis. Ils ne semblaient pas mal intentionnés, bien au contraire. Ce n’est qu’une supposition, bien entendu. À moins qu’ils cachent bien leur jeu, je ne pense pas risquer grand-chose. Soit. Nous verrons bien

Néanmoins, quant à passer du temps ensemble, autant se connaître un peu plus. Non ?

Et donc, vous êtes de patrouille, vous ? Vous pouvez sans doute nous renseigner, du coup. Mais avant cela, j’imagine que quelques présentations ne nous feront pas de mal.

Une légère pause. Ouais, cela ne coûte rien de faire connaissance avec ces deux personnes, aux caractères bien différents, il faut le dire ! Parce que si le premier avait pas mal parlé, et avait déjà montré son fort caractère, le second en revanche n’avait encore rien dit. Il était plus effacé que son compère. Se méfiait-il ? Ce n’est pas impossible... j’ai senti son chakra se malaxer, tout à l’heure. Oui, je pense qu’il n’a nullement confiance en nous, ce qui était plutôt compréhensible. S’il vivait sur ses terre, ce qui semblait être le cas, il est normal qu’il n’accorde pas sa confiance au premier venu sur son territoire. Surtout s’il est un shinobi de Suna. Moi-même, je suis extrêmement méfiant, et très prévoyant, même si je tends à m’ouvrir aux autres. En même temps, sans cela, notre mission n’aurait plus aucun sens, sans relationnel... Dans ce sens, la personne qui me paraissait la plus normale parmi eux... bah c’est la carpe. C’est moins pratique, certes !

Mon nom est Kôhei, et je suis originaire du Pays du Feu. J’agis de façon indépendante, du même genre qu’un mercenaire. Ce n’est pas exactement comme cela que je me qualifie, m’enfin, c’est ce qui s’en rapproche le plus. On me demande mon aide, et si la demande me va, j’offre mes services. Comme là, avec ce que vous a expliqué ma partenaire.

Je n’ai pas tenu à mentir sur mon origine, pour une raison toute bête. En donnant une quelconque autre origine, il y avait un risque. Oui. Si Suna était en conflit avec un autre pays, et que je n’étais pas au courant de cette situation conflictuelle, je risquerais de me trouver en plein coeur d’un incident diplomatique, sans ne rien en savoir. Bien que cette probabilité soit infiniment faible, je préfère ne pas prendre ce risque là. Au moins, je sais qu’aucun conflit existe entre le Pays du Feu, et celui du Vent. Me voilà à l’abri de ce problème-là, au moins. Ensuite, pour la petite histoire, bah... peut-on dire que c’est un mensonge ? Oui et non. Parce que oui, je suis indépendant. Et oui, je suis en mission. Même si le fond est faux, la forme ne l’est pas. Eh ouais.

Et vous ? Qui êtes-vous ? Vous appartenez à Suna, si je comprends bien ?

Pour qu’ils patrouillent dans le désert, au moins ça.

Ces étranges étrangers étaient plutôt sympathique en fin de compte. La conversation était simple et spontanée - enfin presque, hein Notsuu? - et si ces gens étaient des ennemis potentiels, ils avaient au moins le mérite d'être agréables. Après tout la jeune femme qui ne s'était pas encore présentée autrement que sous son métier ou plutôt sa vocation nous avait proposé de nous aider à ramasser les bouteilles et son garde du corps était lui aussi plutôt avenant. Ainsi donc un combat semblait évité pour l'instant et c'est gaiement que nous nous dirigions vers cette oasis. La demoiselle nous expliqua finalement la raison de leur venue en ces lieux, à savoir la présence d'un scorpion qui pouvait éventuellement lui permettre de créer une sorte d'antidote contre le poison. Pourquoi pas après tout...

- "Et bien nous sommes en patrouille, oui, et ne pouvons guère perdre du temps à rechercher un scorpion avec vous même si tes intentions sont louables." fis-je en m'adressant à l'intéressée. "Mais si tu nous donnes sa description on peut peut-être te donner quelques indications pour le trouver. Sinon autant chercher une aiguille dans une botte de foin..."

Le désert était si vastes et ces bestioles si petites que c'était sacrément dur d'en trouver sans être extrêmement attentif. Bien sûr le hasard pouvait toujours vous aider mais en général c'est souvent quand on cherche quelque chose qu'on ne le trouve pas, justement! Comme si un malin génie s'amusait à vous mettre des bâtons dans les rues en un pur plaisir sadique. Pourtant la persévérance pouvait payer mais encore fallait-il en avoir. Mais si ces deux voyageurs avaient décidé de braver le rude climat de ces terres, c'était sûrement qu'ils en avaient à revendre...

L'autre se présenta alors comme étant Kôhei, un prénom que je n'avais jamais entendu. Il nous indiqua être un mercenaire ou tout du moins quelque chose qui s'en approchait et donc avoir été enrôlé par la jeune femme pour lui servir de garde du corps. Une précaution sage s'il en est vu que les mauvaises rencontres ne sont pas à exclure, même dans un lieu aussi désertique que le désert. J'avais pu m'en rendre compte lors de plusieurs missions. Et puis on était jamais trop prudents n'est-ce pas? Nous arrivâmes finalement sous l'ombre bienvenue de quelques palmiers et je pris une gorgée d'eau avant de nous présenter mon coéquipier et moi. Ce dernier se murait dans le silence depuis que nous avions rencontré les étrangers et je me demandais s'il les détestait ou se contentait de s'en méfier. Peut-être que c'était aussi la demoiselle qui lui faisait de l'effet et qu'il était tout simplement timide en présence d'un femme. C'était possible aussi...

- "Moi c'est Shinji!" fis-je avant de désigner d'un signe de la tête le Saibogu. "Et lui c'est Notsuu, dit le bourricot! Parce qu'il est têtu! Entre autres..."

J'adressai un de mes sourires goguenard à mon partenaire de galère avant de reporter mon attention sur nos "invités". Ouais, appelons-les comme ça...

- "Et oui nous sommes de Suna! Puisque vous devez pas mal voyager vous vous y êtes peut-être déjà rendus? C'est fortifié et... moche! Mais très agréable si on compare le village au reste du désert..."

Pas besoin de leur signaler que nous n'étions que des Genins. Déjà parce que ça leur donnerait une indication sur notre niveau au cas où les choses venaient à dégénérer mais aussi parce ce n'était pas vraiment utile de le leur préciser. Tout comme nos noms de clans qu'ils n'avaient d'ailleurs pas jugé utile de nous indiquer en premier lieu. C'était une chose de converser aimablement et une autre de balancer des informations à tout va. Et puis en leur confiant que nous étions bien de Suna je ne prenais pas trop de risques dans le mesure où le symbole du village se trouvait à ma ceinture, en évidence.

- "Et toi comment t'appelles-tu?" questionnai-je en me tournant vers la jeune femme. "J'imagine qu'on ne t'appelle pas simplement "Doc'" hein?"

Peut-être que si j'avais un oiseau messager ou quelque chose comme ça sous la main j'aurais pris le temps de l'envoyer à Suna avec les prénoms de ces gens pour voir s'ils étaient recherchés ou autres. Malheureusement je n'en avais pas et nous devions nous contenter de leurs dires. Tant qu'ils ne faisaient rien de mal pourtant il n'y avait guère de raisons de s'inquiéter même si la prudence restait de mise. Et puis c'était toujours plus intéressant de converser que de se taper un trajet dans le désert en portant des bouteilles...

- "Ça fait combien de temps que vous parcourez le désert? L'un de vous deux doit bien le connaître je me trompe? On ne s'aventure pas ici sans expérience de ce genre d'endroits, ça équivaut à se jeter dans un volcan mais avec une mort sûrement un peu plus lente... Comme ça je parierais sur toi!" fis-je en pointant du doigt la demoiselle. "Ton teint laisse penser que tu es familière du désert, je me trompe? Tu as quelque chose à voir avec Kaze no Kuni?"

Je ne connaissais que très peu le monde extérieur mais je savais que ce désert était pratiquement le seul du monde connu, pour ne pas dire le seul. À moins qu'un autre pays ait un climat comparable, avec un soleil qui tapait toute l'année, je ne voyais pas comment elle avait pu obtenir une peau aussi hâlée. À moins que ses parents aient quitté la région et qu'elle ait vu le jour ailleurs, ça aussi c'était possible. En attendant leur réponse je jetai un regard à Not's pour voir s'il était enfin disposé à rentré dans la conversation où s'il souhaitait persister à rester muet...

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