Vous devez sûrement savoir, désormais, que Takeshi était sûrement le ninja le plus gaffeur qui existe, n’est-ce-pas ? Si vous ne le saviez pas, vous n’aurez désormais plus aucun doute. Sauvé par Asuna dans le désert, rater une technique pendant le combat contre Kibô, qui ne lui avait plus donné de nouvelles depuis, d’ailleurs, il était désormais piégé dans une grotte. Mais pourquoi est-ce-qu’il en était arrivé là, déjà ? Ah, oui. Pour exactement la même raison que lorsqu’Asuna l’avait sauvé. Oui. Incroyable, n’est-ce-pas ? Impossible n’est pas Takeshi, aussi, il aurait plus été étonnant de ne pas le voir commettre cette gaffe que l’inverse. Bon, bon, qu’est-ce-qu’il allait faire, cette fois-ci ? Avait-il un plan B ?
Ben, non, en fait.

« Puréééééééé… Dans quel pétrin je me suis encore fourré, moi… ? »

Sa voix avait résonné dans la caverne. Il était encore une fois complètement paumé, et n’avait aucune idée de ce qu’il pouvait faire pour se sauver. A bien y réfléchir, on pourrait se demander ce qui le conservait ici. Alors, récapitulons : il est venu ici chercher une fleur médicinale. Jusque là, tout va bien. Il l’a localisée, jusque là, tout va bien encore une fois. So far so good. Mais… Le pire arrive. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’une terrible bête se trouvait dans cette grotte. Et, ça, il ne le savait pas. Une bête si horrible et si hideuse et si dangereuse que Takeshi n’avait pas pu s’empêcher de faire les gros yeux en la voyant s’approcher de lui, et, surtout, s’était laissé toucher. Il avait cependant réussi à s’enfuir peu après – il maîtrisait, ça, la fuite – et s’était caché loin du serpent géant. Cette vilaine bête s’était éloignée de lui et de sa blessure. Son bras était engourdi. Il avait réussi à arrêter le saignement, évidemment ; son diplôme de doc’ n’était pas que là pour faire joli. Mais il était malgré tout incapable de combattre. La morsure était empoisonnée. Il possédait les capacités pour retirer du poison. Mais à une seule condition : qu’il ne soit pas interrompu, ou gêné. Or, le serpent le traquait, le pourchassait. Il venait de lui échapper déjà deux fois depuis sa morsure, mais il ne tiendrait pas bien plus longtemps. Il sentait ses forces le quitter peu à peu.

Qui que ce soit, l’aide allait devoir faire vite. Ou, alors, Takeshi devait fuir de la grotte et se soigner à l’extérieur. Cependant, il n’était ni capable de combattre cette chose avec un bras immobilisé – impossible de faire un Jutsu, eh, ou encore de manier l’épée – et en plus il avait réussi l’exploit de découvrir le fait qu’il y avait deux serpents. Impossible de fuir, impossible d’aller collecter la fleur comme si rien n’était, en bref, impossible de se sortir seul dans cette situation. Take’, sérieusement… Le brun s’arrêta de courir, il n’était plus suivi. Il posa son épée au sol, et s’assit. Là, n’apercevant aucun des deux, il prit une pause. Economiser ses forces.
Son ventre grogna. Erg.

« Je donnerai un cookie à celui qui me sauvera… »

Il en devrait un, dès ce soir ; enfin, pas qu’un : son ange gardien du jour allait le sauver plusieurs fois aujourd’hui.

- Tsukiko, tu te rends aux grottes prochainement ?
- Oui, pourquoi ? répondit l'intéressée.
- J'aurais besoin de cette belle fleur que tu n'arrêtes pas de cueillir.
- Oh je vois. Je vais tenter d'en retrouver mais je ne garantis rien, ce n'est pas évident la végétation dans les coins, finit-elle par dire en haussant les épaules en signe d'excuse.

La "fleur" était davantage une plante sauvage mais elle était belle à voir et elle sentait bon, c'était suffisant pour la pauvre fleuriste de Suna. Cette boutique était assez inhabituelle dans ce monde désertique et aride mais était-ce précisément en raison de cette "étrangeté" qu'elle s'était sentie immédiatement attirée par elle ? Toujours est-il que Tsukiko mettait un point d'honneur à ramener les brindilles.

Et elle le ferait aujourd'hui même. Elle n'avait pas de missions, ni d'entraînement étant donné que ses coéquipiers comme son père et son demi-frère semblaient occupés et aucune envie de faire des sculptures. Elle commençait à vouloir se poser quelques parts et construire au fur et à mesure et non construire n'importe où et voir sa statuette détruite au fur et à mesure des jours.

Au loin, l'entrée de la grotte était visible. Sans hésiter une seule seconde, elle y entre et s'avance d'un pas sûr vers une destination précise. De temps en temps elle tape fortement le sol de ses pieds pour faire fuir tous rongeurs ou tous autres animaux un tantinet couard tels que les rongeurs ou les serpents. Elle ne perd pas son temps à regarder autour ou encore à "s'imprégner" du lieu pour la simple raison qu'elle était déjà venue plusieurs fois. C'était un lieu parmi tant d'autres qu'elle connaissait.

Cependant, il était certains qu'elle n'en connaissait pas tous les recoins. Les grottes étaient immenses et les dangers tout autant. Elle s'aventurait rarement là où cela semblait dangereux. Soit c'était trop sombre, soit trop étroit soit trop abrupt. Elle se contentait de prendre les chemins les plus sûrs.

- Je donnerai un cookie à celui qui me sauvera…

Tsukiko s'arrêta aussitôt et lança des regards surpris autour d'elle. Elle n'avait pas rêvé, elle avait bien entendu une voix ! Cependant d'où venait-elle ? Entre la surprise et l'écho, elle n'avait guère localisé la source. Elle avança donc un peu à l'aveuglette, à l’affût du moindre bruit.

- Hey ? Quelqu'un ? Où êtes-vous ? demanda-t-elle.

Dès qu'elle eut une réponse, elle avança en direction du bruit. Elle qui croyait qu'il était impossible de s’enfoncer davantage dans l'antre de la Terre, elle s'était royalement trompée. On pouvait davantage s'y enfoncer et était-ce elle ou une sensation mais elle avait étrangement chaud. Faisant abstraction de cette température et de l'air un tantinet oppressant, elle mit un pied devant l'autre doucement et prudemment. Un pied, deux pieds et le vide. Son pied resta suspendu un court instant au dessus du petit ravin, puis se rangea aux côtés de l'autre pied. Même si cela restait une "petite" hauteur, elle n'aurait pas mis les pieds dedans toute seule. Pour cette raison, elle préféra à nouveau appeler l'étranger et s'assurer que c'était bien là. Qu'elle ne s'enfonce pas par erreur dans un lieu aussi sombre et aussi peu accueillant.

- Vous êtes là ?

Elle finit par voir une forme non loin. Cependant, elle restait un brin trop immobile aux goûts de Tsukiko. Etait-ce un humain, la pauvre forme d'une stalactite ou autre déformation rocheuse du genre ?

- Que se passe-t-il ?

Elle ne connaissait pas le type, l'endroit ne lui était pas connu et surtout elle ne se sentait pas à l'aise. Tout ce qu'il fallait pour la maintenir en haut de son perchoir, tentant de comprendre la situation avant de s'y jeter tête baissée.

Avait-il rêvé, ou des bruits de pas se faisaient entendre ? Il devait faire attention : il ignorait tout de la personne qui allait s’approcher de lui, à l’instant. Pour autant, il était déjà dans une situation critique, autant tenter d’apitoyer la personne, qui, encore une fois, allait le sauver. Asuna, Yami – d’une certaine façon, certes – et maintenant cette personne, qui, encore une fois, avait l’air d’être une demoiselle : la voix qui arriva jusqu’à ses oreilles était sans aucun doute possible féminine ; douce, apaisante, gentille. Takeshi crut ressentir quelques poses entre chaque émanation de voix, comme si la demoiselle ne savait pas exactement ce qu’elle devait dire : étonnée, apeurée elle aussi, manque de confiance, situation improbable ? Ou, tout simplement, un peu de tout ça… Il se releva, alors, doucement. Au « Hey ? Quelqu’un ? Où êtes-vous ? », il décida de répondre un peu de manière stupide. Enfin, il ne décida pas de répondre ainsi : sa réponse fut spontanée, et sans doute un tantinet décalée. En même temps, que répondre d’autre que ça ? Il était plus ou moins paumé, là, ici, maintenant. Ce serait certainement la troisième fois qu’il se ferait sauver par une jolie jeune demoiselle. Bravo, Takeshi, bravo. Et dire qu’on lui avait toujours enseigné l’inverse, à lui… Enfin, d’un côté, il n’avait jamais vraiment cru à ces histoires-là. Hélas.

« Je suis perdu et blessé. De l’aaaaaaaaaaaaaaaaaide, s’il-vous-plaît, gente demoiselle. »

Bon, au moins, c’était déjà ça de dit. Il voyait au loin une petite forme s’agiter près du ravin, et manquer de tomber. Bravo. Il sourit à la vue, et entreprit de se déplacer vers elle, lentement, pour lui montrer qu’il n’avait aucune attention hostile. Cependant, il devait vraiment se déplacer lentement, puisque celle-ci ne l’avait pas encore remarqué, et qu’elle lui demanda même s’il était là. Il répondit d’un bref « oui, oui, j’arrive ». Il marchait toujours, vérifiant, dans ce noir complet, là où il mettait les pieds. Savait-on jamais. Il allait peut-être retomber sur ce satané serpent, enfin, sur un de ces satanés serpents. Il sentit le regard de la demoiselle sur lui, et il fut heureux de voir qu’elle l’avait repéré. Il écarquilla les yeux en voyant le même serpent que tout à l’heure s’approcher sournoisement de la demoiselle aux cheveux rosés. Il se mit alors à courir, ce qui dut sûrement surprendre sa sauveuse du jour, qui lui adresse un « Que se passe-t-il ? » que Takeshi eut du mal à saisir. Que devait-il faire ? Il était déjà blessé, lui aussi, et vu la distance, il n’arriverait pas à lui expliquer à temps qu’elle devait esquiver : de plus, elle se trouvait juste à côté de ce ravin, et elle ne pourrait esquiver qu’en sautant en arrière, ce qui était bien trop dangereux. Le Yamamoto ne pouvait faire qu’une seule chose, alors. Jouer aux héros.

Il injecta du chakra dans ses pieds et sauta jusqu’au ravin, qu’il grimpa grâce au chakra situé à ses pieds. Arrivé presque tout en haut, il bondit vers la demoiselle, qu’il attrapa et plaqua par terre, avant d’utiliser son épée, ou, plutôt, son fourreau, pour frapper la bête qui venait de leur sauter dessus à l’instant. Il la repoussa et il vit le reptile se recroqueviller sur lui-même pour se préparer à une autre attaque. Très rapidement, il releva la jeune fille et la fit courir avec lui, les faisant contourner le ravin. Il avait rangé son épée et tenait la main de la rosée avec son seul bras valide, pour l’instant. Ils devaient vite s’éloigner du monstre pour que Takeshi puisse extraire le poison, et se soigner, afin de cueillir cette fleur et d’éliminer les serpents, et fuir. Dure tâche, dure journée qui s’annonçait pour l’Eiseinin, et sa nouvelle compagnon d’infortune. Ils étaient arrivés à un endroit calme, la bête avait cessé de les suivre. Alors, Takeshi s’arrêta, et s’assit. Comment lui expliquer tout ce qui se passait ? Il venait de l’enfoncer dans la grotte, là… Il ne savait même pas si la demoiselle était une Kunoichi. Elle n’en n’avait pas l’air ; en plus, elle ne portait aucune insigne distinctif. Plus proche, il distingua que ses cheveux étaient vraiment rose, qui ne semblait pas tout à fait naturels, cela étant. Ses yeux étaient d’un bleu azur, vraiment magnifique à regarder. Son visage était doux, et l’air qu’il affichait actuellement était plutôt celui que l’incompréhension. Logique, vu ce qui venait de se passer.

« Désolé pour ce qui vient de se passer, et de t’avoir mise dans ce pétrin… Je me nomme Takeshi, Takeshi Yamamoto. J’étais ici pour cueillir une plante médicinale, mais je me suis fait attaquer par deux serpents. J’ai été mordu, et, apparemment, empoisonné… »

La douleur montait dans son bras. Alors, il décida de retirer sa chemise, au moins du coin droit, en tout cas, ne révélant qu’à moitié son torse. Cependant, la morsure, le sang qui y coulait, ainsi qu’une trace violette étaient bien visibles, eux. Il respira lentement, et se prépara alors à sortir ce poison. Il concentra son chakra, malgré la douleur lancinante, et il approcha sa main gauche près de sa blessure. Au contact, il dut se mordre la lèvre pour éviter de crier. Ah, ça faisait ça, alors, dès qu’il soignait quelqu’un d’empoisonné… Mince. Il le retiendra, à l’avenir.

« Je… Peux-tu surveiller les environs… Le temps que je me débarrasse de ce venin ? Je nous ferai sortir de là après… »

Il parlait avec pauses ; la douleur était trop forte pour lui permettre d’achever sa phrase en une fois. Il ferma les yeux, quelques gouttes de sueur coulaient sur son visage.

« Comment… T’appelles-tu ? Si je peux me… permettre, bien sûr… »

Spoiler:

L'inconnu ne lui inspirait pas du tout confiance. D'une, le fait d'user l'expression "gente dame" lui paraissait étrange, comme s'il venait d'une autre époque ou qu'il se moquait un peu alors qu'il se disait être dans une mauvaise situation. De deux, elle ne voyait toujours pas son visage et cela la rendait nerveuse. Dernièrement, au lieu de s'avancer doucement ou attendre, il courut directement vers elle pour la plaquer au sol.

Tout d'abord Tsukiko offrit une volée de jurons mentaux à toute la gente masculine. Ces hommes ne comprenaient-ils pas qu'ils avaient une masse musculaire et graisseuse bien plus importantes qu'une femme en moyenne et que lorsqu'ils voulaient protéger les demoiselles de leur corps en se jetant sur elles, c'était plus de la douleur qu'autre chose pour ces dernières? Egalement, elle offrit des jurons à son mauvaise étoile. Ce n'était pas la première fois qu'elle se trouvait tête au sol, corps au dessus, et complètement assommée. Ca en devenait presque "normal" et "habituel".

A peine consciente, elle se laissa traîner par l'inconnu dans ces dédales de pierres sombres. Elle réussit plus ou moins à reprendre ses esprits durant cette courte virée, et réussit plus ou moins à comprendre tout ce que ce "Yamamoto Takeshi" lui débitait. Ainsi le jeune homme voulait une plante médicinale et il avait eu la mauvaise idée de tomber sur deux serpents d'une certaine taille.

Tsukiko ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il devait être nouveau dans ces coins pour réussir à s'embourber dans un tel pétrin. Elle-même explorait rarement un coin toute seule, ou alors prenait mille précaution pour éviter précisément de mourir toute seule, bêtement, dans un coin sombre.

Cependant, elle s'arrêta, voyant le jeune homme enlever sa chemise de moitié. Que faisait-il encore? Elle aurait pu croire à un type pervers ou tordu mais elle n'eut pas le temps d'y penser. En effet, elle vit très bien la couleur étrange du bras, et comprit enfin dans quel pétrin il s'était engouffré. Et qu'il l'avait enrôlé aussi.

- Tu ... Tu vas faire comment ? demanda-t-elle, craignant d'avoir à faire ces gestes de premier secours comme aspirer le venin.

Très sincèrement, lorsqu'on vous parle de sauver une vie, c'est beau mais lorsque vous faîtes face à la situation et à la blessure immonde, il ne faut pas seulement de la bonne volonté mais du courage! Heureusement pour Tsukiko, le type bizarre se révéla être un medic-nin. C'était une première bonne nouvelle depuis son arrivée dans ce lieu.

- Tsukiko. Kawaguchi Tsukiko.

Un nom de famille prononcé évasivement. Si l'on connaissait son histoire et les récents événements, ce ton était des plus justifiés. Comment rester de marbre lorsqu'on vous considérait comme une vendue ou une potentielle espionne pour Konoha alors que vous étiez venue comme civile, et que vous vous êtes engagés dans l'armée de Suna pour le clan et rien d'autre ? Comment ignorer ces murmures sur sa condition de bâtarde ou d'étrangère? Comment supporter la passivité de son père ? Son clan, un enfer certain jour. Sera-t-elle acceptée par les membres un jour ou courrait-elle derrière une chimère? Enfin, voilà une réflexion sans réponse. Pour le moment, Moins elle les voyait, mieux elle se portait. Du moins, pour le moment. Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, elle restait une Kawaguchi affublée de droits et de devoirs. Un jour ou l'autre, on allait le lui rappeler. Elle espérait seulement devenir assez forte ce jour-là pour oser affronter ces personnes et se faire entendre, faire valoir ses droits sur ses devoirs avant toute chose.

Et même si elle en avait le pouvoir, aurait-elle la volonté nécessaire ? Le manque de confiance était toujours là ainsi que cette soumission insupportable. Elle était encore bien faible.

- Sérieusement ... des serpents. Et des gros ?

Elle se leva bien vite et fit une série de petits signes. Aussitôt un petit mur de sable se forma tout autour d'eux. Le mur les enveloppa et était surtout épais, un ramassis de sable. L'idée était que les serpents qui tentent de s'y engouffrer s'arrêtent devant la masse et que s'ils tentaient "d'escalader" avec leurs écailles - car oui, ces bêtes escaladent autrement on ne les trouverait pas dans des arbres ! -, le sable qui reste léger et friable les fasse tomber. Ce n'était pas du bois solide ni un grillage de fer mais un sable doux, un mur dont les parois s'effritent dès qu'on y touche. De plus, elle avait donné une forme qui fasse "paraître" comme un élément naturel de cette grotte sombre, espérant tromper un tantinet les serpents.

- Finit rapidement et qu'on sort de là. Tu as vraiment besoin de ta plante ? demanda-t-elle, lançant un regard critique au bras du garçon. Je t'accompagnerai. Je vais pas te laisser ici et peut-être avoir droit à ton corps mort demain.

Sarcasme ? Voilà un nouveau mot dans le dictionnaire de la mélancolique Tsukiko. Mélancolique, elle l'était oui.

- Je connais une technique ou deux pour les attirer hors de leur cachette mais pas pour en finir. Tu as quelque chose pour les piéger ou les tuer directement ... Peut-être ton épée là ? Tu peux les trancher ? demanda-t-elle, indiquant l'épée glissée dans sou fourreau de la tête.

Tenue:

Il fait chaud … Tellement chaud … Saloperie de sable en plus qui se faufile partout. J’en ai plein les sandales et le pantalon. Et puis ça brûle, et puis y a trop de lumière. Bref vous l’aurez compris, ça ne va pas du tout. En plus comme une grosse crétine je n’ai pas pensée à vérifier sur ma gourde était encore pleine.
C’est ainsi, les lèvres gercées par la sécheresse, que je marchai dans cet environnement des plus arides. On a pas idée à vivre dans un endroit pareil, à part des cactus et deux palmiers au kilomètre, il n’y avait que du sable. Des plateaux de terre craquelés par la chaleur et des rochers étaient uniquement variance environnemental du coin. J’avais beau observer aux alentours, même spectacle. Oh un lézard ! Je me mis à lui courir après, dans l’espoir qu’il me mène à lieu plus propice à la vie. Oh mais j’y pense, vous devez certainement vous demandez qu’est-ce que je fiche ici. Et bien pour faire court, ma tendre mère a décidée qu’elle voulait ce qu’ils appellent ici une Rose des Sables. Et comme elle est trop radine pour se séparer de dix ryos en échange de cet espèce de caillou sablonneux aux allures de dizaine de silex agglutinés ensemble, bah c’est moi qui m’y colle. En plus il parait que ça me fera un bon entrainement en milieu hostile.

Et du coup me voilà ! ça faisait quoi, bien plusieurs heures que je marchais. Je m’étais pris un petit sac suspendu dans le dos, que je remplissais peu à peu de ces fameuses roches taillées naturellement de la façon la plus étrange qui soit. Je m’étais également arrêtée à un oasis quelques minutes, mais depuis, plus rien. Et mon pote le lézard ne semblait pas vouloir me filer un coup de main … enfoiré va ! Tu mériterais que je te découpe et te fasse rôtir à la broche !
Au loin, des ombres se détouraient au milieu de la lumière éblouissante. Des grottes, enfin si mon esprit ne me joue pas des tours, ça doit bien être des grottes ! J’accéléra petit à petit le pas, l’envie de retrouver l’ombre y étant grandement pour quelque chose.
Une fois sur place, une pichenette sur un scorpion qui se baladait un peu trop près, et j’entrai. Le contraste entre l’intérieur et l’extérieur était tel qu’il me fallut une bonne minute pour que mes yeux s’habituent à la soudaine obscurité. La grotte dans laquelle je venais de me glisser se prolongeait à l’intérieur, comme un tunnel. Voilà qui est étrange quand même. Avec précaution, et le plus silencieusement possible, je partis en exploration. Ça pourrait tellement bien être une planque pour des grands vilains. Le chemin laissait place à un petit contrebas pas beaucoup plus profond que la hauteur de ma jambe, avec un espèce de dôme de sable en plein milieu comme si ça s’était écroulé très récemment. Bizarre, ça ressemblait vachement à une cache. Et puis en observant bien, ça paraissait … Un sifflement résonnant dans la grotte interrompit mon investigation. Un serpent aussi gros que mon poing venaient de sortir d’un des trous des murs. Un soupire de lassitude s’échappa de mes lèvres. Moi qui pensait avoir trouvé un coin tranquille pour me reposer un moment … Bon réglons ça vite fait.

Je me mis face au serpent, ce dernier ondulait sur place en faisant vibrer sa langue fourchue entre ces crocs. Combat de regard ! Le premier qui détourne a perdu ! Le reptile tint quelques secondes immobiles, et voyant que je faisais pareil, ouvris grand la gueule, ses deux très longues canines prêtes à m’embrocher, et se jeta sur moi. Quelle vitesse ! Bon pour le coup ça ne lui a servit à rien mais c’était bien jouer. Car au moment où il se projetait, il ne pouvait pas se douter un seul instant d’une pointe osseuse s’extrairait de mon crâne et le stopperait avant tout contact. Je me redressai, retirai l’animal à la tête embrochée de part en part avec délicatesse – ce serait stupide de se prendre son venin maintenant – et le balança dans un coin de la grotte avant de rétracter mon os.
Puis je me couchai de tout mon long sur la dune de sable. Enfin la tranquillité !

Spoiler:

Elle l’avait suivie. Ah, non, pardon. Il l’avait attirée jusque-là, et elle n’avait pas prononcé le moindre mot, et il en fut heureux. Trop long et trop compliqué à expliquer. Vraiment beaucoup trop, hélas. Elle semblait gentille, malgré tout : lorsqu’il avait retiré sa chemise, elle lui avait demandé ce qu’il allait faire. Et ce qu’elle devrait faire, au cas où. Elle n’avait pas semblé hésiter, ou, du moins, si elle avait hésité par les mots, elle semblait être sûre d’elle, et elle allait l’aider. Tant mieux. Il la rassura du mieux qu’il put, étant toujours un peu occupé. Cependant, la bulle verte continuait son œuvre, et le poison se retirait, petit-à-petit. Il inspirait assez fort, et il dit, alors, tout en souriant, toujours de son éternel et vague sourire, qui inspirait plus de questions que de réponses.

« Ne t’en fais pas pour cela, je peux m’occuper de nos blessures, s’il nous arrive quelque chose, bien sûr. Je ne laisserai personne s’approcher de toi, sois-en sûre. Et… Désolé, pour tout à l’heure. Je t’ai fait mal ? En fait, il y avait un serpent derrière toi, et je n’étais pas sûr si tu l’avais remarquée, alors… J’ai joué au super héros, on va dire. »

Il se mit à rire, un peu nerveusement, comme pour détendre la situation, qui lui semblait vraiment complexe. Il se calma, laissant la demoiselle prendre la parole, pour la première fois depuis qu’il l’avait rencontrée. Plus il la détaillait, et plus il la trouvait vraiment belle. Sa couleur de cheveux pouvait sembler originale, mais il s’en moquait au plus haut point. Il plantait son regard dans ses yeux azurs. Calme, Takeshi, calme. Elle prit alors la parole. Trois mots. Trois mots qui allaient changer la vie de Takeshi. Il connaissait ce nom de famille – qui ne le connaissait pas ? – et il comprit alors qu’il était improbable qu’il meure ici et maintenant. Non, il allait s’en sortir ; et il espérait que cette demoiselle ne lui en veuille pas trop d’avoir agi ainsi au début. Kawaguchi Tsukiko. Un des plus puissants clans de Suna… Maitrisant le Sable, d’ailleurs. Quelle coïncidence que cette grotte en soit pleinement recouverte… C’était presque trop beau pour être vrai ; c’était cette demoiselle qui allait le sauver, en réalité. Situation véritablement ironique pour le Sunajin, ou, plutôt, pour l’Eiseinin. Il se moquait intérieurement de lui-même : il était très bien tombé aujourd’hui, il devait l’avouer. Il la détaillait encore : elle était belle, sûrement puissante, et semblait gentille. Sa petite frimousse lui inspira un petit sourire. Pourtant, il capta une chose. Lorsqu’elle prononça son nom, sa voix avait été faite beaucoup plus… silencieuse ? Evasive, peut-être. Comme si elle ne souhaitait pas y réponse. L’avait-il vexé ? Dans le doute, il la regarda, reprit la parole.

« Désolé… Si je t’ai vexé. »

Il sourit faiblement. Eh, il n’allait tout de même pas abandonner ce sourire, si ? On lui avait appris qu’on rendait les personnes plus heureuses lorsqu’on souriait comme un con en montrant ses dents. Et, lui, c’était clairement sa raison de vivre. Vivre pour sourire comme un con. Il la vit alors pester un peu. Elle se plaignit des serpents. Pas étonnant, ces petites bêtes étaient vraiment insupportables, et lui aussi s’en serait plaint dans cette situation. Euh, attendez, lui aussi était dans cette situation. Compagnons de galère, hein… Il devait rester fort, tout de même, histoire de ne pas démoraliser la jeune femme avec lui, qui était en plus déjà sous pression. Par sa faute, en plus. Mais il avait l’habitude de mettre les autres dans une mauvaise situation avant de les aider et de les sauver… Enfin, parfois, il ne les sauvait pas, même assez souvent : c’était lui qui était sauvé. Takeshi, vraiment… Incorrigible. Il acquiesça à « Et des gros ? », pour lui montrer que véritablement, ils étaient très loin d’être en bonne posture. Là, il la vit effectuer quelques signes, avant que du sable ne les entoure. Au moins, ils ne se feront pas attaquer, c’était sûr. Il ne semblait pas bien épais, mais il allait au moins berner les serpents, qui, de toute manière, l’escaladerait. Ils n’allaient pas le détruire, c’était sûr. Elle lui demande si elle avait vraiment besoin de la plante, et s’il savait se battre, pour tuer les serpents.

« Ouep, j’ai vraiment besoin de cette plante, pour l’hôpital de Suna. Un cas d’infection, assez grave, mais je ne peux pas t’en dire plus. Et… Merci de ton aide, en tout cas. Les immobiliser sera suffisant, si tu y arrives, je pourrais certainement les détruire en un coup d’épée. Mais je n’arriverai pas à m’approcher d’eux seul : s’ils me voient venir, je ne pourrai pas les toucher et les prendre par surprise. Je te fais confiance pour éviter ça. »

Il regarde le mur. Ils étaient visiblement bel et bien à l’abri. Il avait l’intention d’utiliser Archenemy… Vraiment ? C’était dangereux, il le savait. Il ne l’avait vraiment pas encore utilisé.

« Impressionnant… Tu es vraiment une Kunoichi digne de ton clan, hein… »

Oups ? Il avait dit ça sans le faire exprès. Il avait remarqué l’évasion de Tsukiko face à cette question tout à l’heure, et il s’en voulait d’avoir dit ça. Mais, avant même qu’elle ne puisse répondre, quelque chose d’assez inattendu arriva. Certes, les serpents ne pouvait pas détruire ce cocon, mais un être humain, si, rien qu’en marchant dessus, tant il était fragile. Enfin, sur le coup, la personne n’avait pas marché dessus. Elle s’était allongée dessus, nuance, de tout son corps. Le cocon se brisa, laissant Takeshi, yeux écarquillés, Tsukiko, yeux écarquillés, et, entre les deux, une demoiselle blonde, bronzée, yeux écarquillés, avec un corps assez… herm.

« Euh… Bonjour ? »

‘What ?’, c’était à peu près tout ce à quoi il pensait à ce moment bien précis. C’était, euh, étonnant, on va dire.

« On m'avait jamais dit que le sable pouvait donner naissance à des gens, moooooi... »

Rions au moins de cette situation plutôt cocasse.

Spoiler:

- Désolé ... si je t'ai vexé.

Effectivement, il l'avait vexé à plusieurs reprises. D'une, il se faisait passer pour le super héros en la plaçant dans ce pauvre rôle secondaire de la fille en détresse. Inconsciemment, il l'avait comme "rabaissé" à une simple figurante incapable de se battre ou d'utiliser son sunaton. De deux, il n'avait fait qu'enfoncer - ou retourner- le couteau dans la plaie. Effectivement, elle n'avait pas vu ce maudit serpent et donc oui, elle était vraiment cette figure pâle sans défense.

- Une infection ... à ce point?

Etrange, elle n'avait guère l'impression d'assister à une quelconque épidémie. Cependant, que savait-elle exactement de Suna? Certes, elle connaissait chaque ruelle et pouvait passer des heures et des heures dans les rues chaque soir mais au final, elle vivait dans le confort et ne manquait définitivement de rien. Ajoutons à cela qu'elle avait droit à ses entraînements ninjas quotidiens avec une nourriture saine et des plus "contrôlées". Il y avait très peu de chances qu'elle tombe malade aux premiers assauts d'un virus.

- Les attirer n'est pas compliqué, les immobiliser ... c'est autre chose. Cependant, peut-être avec une belle quantité de sable, il y aura moyen de les immobiliser quelques temps.

Le souci avec les serpents des déserts, c'était qu'ils avaient la peau vraiment dure et savaient bien se glisser entre le sable. A ses yeux, les animaux et bestioles de Suna étaient bien plus dangereuses que ceux des autres nations car dans ce désert, ils s'étaient autant endurcis que les humains y vivant. En somme, un serpent était en soi pas bon signe. Deux, c'était très mauvais signe. Deux très gros étaient très mauvais signes.

- Il faut vraiment porter la poisse pour en avoir droit à ....

Elle était prête à soupirer ou encore à critiquer mais s'arrêta à la remarque sur ses talents ninjas ou encore le fait d'être digne de son clan. Une phrase qui lui aurait certainement fait plaisir il y a quelques jours mais qui ne ramenait plus que de très mauvais souvenirs, notamment ses désirs passés. Entendre son père dire ça, entendre un membre du clan dire ça ... était-ce donc trop demandé? Il semblerait. Voilà ce à quoi penser la Kawaguchi.

- Me...

Elle voulut répondre avec un "Merci" - dit sans grande joie il faut avouer - mais quelque chose l'interrompit. Son mur - notamment le plafond - s'effondra sur eux. Certes, Tsukiko avait remarqué bien avant quelques signes de faiblesse comme des petits grains tombant ou encore un léger petit arrondissement mais elle avait naïvement cru que ce n'était que des serpents et que leurs poids n'effondreront pas une telle "bâtisse". Jamais, ô grand jamais, elle n'aurait imaginé que c'était un humain. Et plus particulièrement une humaine habillée d'une façon bien étrange.

Par exemple, dans le désert, on évitait les expositions de la peau au soleil. A Suna, ce dernier était avide de chair brûlée.

- On m'avait jamais dit que le sable pouvait donner naissance à des gens, moooooi..

Cette remarque absolument pas pertinente et humoristique arracha Tsukiko à sa surprise et la ramena à la "vraie" vie. Aussitôt, elle rechercha quelques signes distinctifs. Ainsi, la dame portée une épée mais aucun bandeau indiquant une allégeance à un quelconque pays. Etait-elle une amie ou un ennemi de Suna? Ou alors un de ces nombreux voyageurs curieux du désert ou égarés dans le désert?

- Mais ... T'es ... Vous êtes qui? Vous ... allez bien?

A priori, elle ne devrait guère avoir mal. Un peu de sable avait amorti la chute et elle n'était pas tombée d'extrêmement haut non plus. Parlant d'hauteur, à peine Tsukiko avait-elle levé les yeux au ciel, qu'elle vit l'œil brillant d'un des serpents, la langue fourchue dehors et prêt à foncer.

Sa main se dirigea naturellement vers deux kunais qu'elle lança sur la bête. Elle avait raté sa cible principale soit la tête mais elle était certaine que chacune de ses armes avait touché une partie de cette bête. Cette dernière avait fait un drôle de bruit qui devrait exprimer la douleur dans le langage de serpent.

Spoiler:

« Woh putain ! » M’exclamai-je au moment où ce qui était sensé me servir de matelas s’effondra sous mon poids.

La chute ne fut pas impressionnante, une cinquantaine de centimètre tout au plus, mais ça secoue tout de même. Et puis les petits grains dans le yeux, c’est une véritable horreur. Ajoutant à cela deux autres voix dans la grotte. Je m’empressai de me frotter d’une mains les paupières dans le but d’en enlever les parasites, pendant que deux silhouettes – une à ma droite, l’autre à ma gauche – se questionnaient sur ma présence. Il fallut plusieurs secondes, et de nombreux jurons, pour que je puisse enfin voir à qui j’avais à faire. Un garçon brun à peine sortit de l’adolescence portant un le bandeau de Suna, et une demoiselle pas plus âgée également en possession de ce bandeau. Tous deux étaient vêtus comme des habitués du désert en plus. Punaise ça crains, n’ayant aucun village, ils pourraient me prendre pour une déserteuse et me découper en rondelle.

Quoi que, ils n’avaient pas l’air méchants. Le garçon s’étonna d’ailleurs que le sable pouvait donner naissance à des gens. Une réplique se voulant ironique qui me fit lever un sourcil et étirer un sourire gêner. La demoiselle par contre, semblait bien plus perturbée. A chercher ses mots, elle avait un côté plutôt mignon. Je pus cependant voir en ce qui concerne le combat elle est bien plus à l’aise. Car un autre serpent, identique à celui que j’avais embrochée plus tôt, sortait de sa cachette. D’un geste rapide elle lui balança deux kunaïs, l’un se planta sans la roche sans dommage sur la cible, mais l’autre l’avait planté sur place environ au milieu de son long corps écailleux.

La bestiole ne bougerait plus, mais pouvait toujours attaquer, mordre, étrangler si l’on approche trop près. Je fis signe à la demoiselle d’attendre une seconde, toujours mon sourire aux lèvres, puis attrapai un caillou bien lourd et assez gros pour que je puisse à la fois le tenir dans une main et le manipuler sans mal. L’instant plus tard le reptile avait sa cervelle explosée sur la roche de la grotte et le bloc ensanglanté retourna dans un coin en roulant comme si de rien n’était. Après quoi je refis face aux deux sunajins en haussant les épaules :

« Voilà, en fait maintenant deux de moins. Hum, oui excusez-moi d’avoir casser votre petit cocon d’amour. Je ne pensais pas que c’était si fragile et encore moins qu’il s’agissait d’une cache. »

Mes yeux partirent de la demoiselle au garçon avant de revenir à elle, puis à lui dans un aller-retour sans fin.

« Joli lancé mais si je peux me permettre, tu manques encore d’entrainement. Je … je m’appelle Milly. Enchantée. J’étais entrée dans cette grotte pour avoir enfin de l’ombre et de la tranquillité, mais pour la dernière chose, je crois que c’est loupé … Vous me dites si je dérange hein, j’irais me trouver une autre grotte. »

Songeant à cela, je fouillai dans le sac que m’avait laisser ma mère, et soupirai de lassitude. La moitié des roses des sables que j’avais récupérée jusque là venait de se briser en poussière et petits copeaux de roche, suite à ma chute. Saloperie …

Disons que tout cela n’était vraiment pas prévu : boom, clap, et cela avait continué. Le bruit d’une demoiselle tombant sur le sable, devant Takeshi, devant Tsukiko : boom. Clap ? Le bruit de la Kawaguchi jetant deux Kunais, celui de l’inconnue attaquant avec aisance le serpent, et l’éliminant. Takeshi n’en revenait pas. Certes, il n’avait aucune confiance en lui, cela bridait donc ses capacités, mais ces deux demoiselles venaient de tuer un des deux serpents en moins de cinq petites secondes, alors que lui n’avait que fuir depuis son arrivée. Il avait du mal à croire à cela : et lui qui voulait leur tendre un piège, les immobiliser, pour ensuite les attaquer avec Archenemy… Nul besoin de cela : deux Kunais, un gros caillou… Bang. Décidément, cette demoiselle manquait vraiment de finesse ! Ils les regardaient, toujours étonné, le petit Takeshi. Il fixa finalement la nouvelle venue, qui s’était permise un commentaire sur la stance de combat de Tsukiko, et qui s’était présentée sous le nom de Milly – un joli nom, si vous voulez mon avis – et qui visiblement était bien meilleure que les deux jeunes Genins à ses côtés, alors même qu’elle ne paraissait pas si âgée que ça, pour finalement lui adresser un graaand sourire, un peu comme s’il regardait son soleil.

« Waaah. Euh, enchanté, Milly. Deux de moins, dis-tu ? Bien, il semblerait que nous soyons débarrassés de ces vilaines bêtes, alors, je n’en n’ai vu que deux depuis que je suis ici. Désolé de troubler ta tranquillité, haha. »

Il remarqua qu’il avait toujours la chemise ouverte et un peu enlevée, puisqu’il se soignait, encore quelques instants avant. Vu comme ça, on aurait pu croire que c’était plutôt elle qui dérangeait leur tranquillité plutôt câline. Mince, alors. Bon. Il entreprit de la reboutonner, sans paraître malotru, ou sans attirer l’attention. Peine perdue, la demoiselle le fixait depuis tout à l’heure. Roh. Et puis, tant pis, au pire. Ce n’était pas la première fois que Takeshi était impliqué dans des histoires complètement inventées, ni la dernière fois, supposait-il. Il était un peu abonné à ce genre de bêtises. Douces bêtises, cela dit. Un peu de candeur, de sourires – qui, il l’espérait, ne s’étioleraient pas – et de douceurs ne faisaient jamais de mal : il était abonné à ça, aussi, notre petit garçon. Il les regarda toutes les deux, il avait complètement oublié de répondre aux quelques onomatopées prononcées par la Kawaguchi, oui, les « me… » « mais » « t’es » « vous » « qui » « allez », bref, les successions de syllabes qu’elle venait d’employer, mais il préféra tout de même répondre à Milly – en même temps, que répondre au fait qu’il avait la poisse ? c’était clair, qu’il portait la poisse, voyons, tout le monde le savait –, puisqu’il vouait sympathiser.

« Non, noooon, tu ne déranges pas du tout. Au contraire, tu tombes à pic : on était attaqué par des vilains serpents. Mais tout est réglé. Je vais pouvoir cueillir la plante médicinale que je cherchais. Takeshi, au fait. Yamamoto Takeshi. Je suis un Eiseinin de Suna. »

Il sourit un peu, la regardant toujours. Il la détailla du regard. Blonde, plutôt bronzée, des formes assez avantageuses nous dirons, des vêtements qui en plus les mettaient bien en avant. Elle avait du charme et savait en jouer, il sourit à cette pensée. Oui, il souriait déjà avant : disons qu’il continuait à se décrocher la mâchoire, essayant toujours de paraître mignon – même s’il devait plutôt paraître stupide, notre petit ami, ici – et d’amadouer la demoiselle aux cheveux roses. Il la regarda, elle, et lui posa une question singulière.

« Dis, dis, tu veux toujours m’accompagner pour aller cueillir ces fleurs, Tsuki-chan ? »

Il avait osé la familiarité, appuyée d’un sourire à en décrocher la lune.

« Tu peux nous accompagner aussi, si tu le souhaites, Mi-chan ! »

Deux fois plus qu’une.

Toujours sourire.

Le grand souci avec l'art de Tsukiko était qu'elle pouvait l'utiliser pour immobiliser ou un tantinet blesser l'ennemi mais non pour le tuer. Elle se refusait de couvrir ce beau sable doré de sang ou encore de l'utiliser comme tombeau comme la plupart de ses confrères et consœurs. Cependant le danger de mort guettait. Dans ces cas-là, comme le cas d'aujourd'hui, elle usait de ses Kunais. Certes, elle lançait avec la bonne force mais pas avec précision... Il faut dire qu'avec le sable, il n'y avait guère besoin de précision, un "fait" visible dès qu'il fallait maîtriser un art complexe et très précis.

Cependant, elle ne put vraiment rétorquer ou parler arme avec l'inconnue. Cette dernière employait des termes dont le sous-entendu échappait de prime abord à Tsukiko."Cocon d'amour", "déranger"... Elle n'en saisit le sens que lorsque Takeshi tenta de remettre et reboutonner sa chemise discrètement. Effectivement, il était un tantinet - voire ridiculement - dévêtit, ils étaient dans un cocon de sable à l'abri de tous les regards et ils étaient deux jeunes gens. Tout semblait réuni pour donner l'impression qu'ils pouvaient être deux amants inconscients.

- NON! répondit-elle rageusement dès qu'elle tilta. Non, non... vous ne dérangez pas. Il n'y a rien à déranger... Tsuki-chan? C'est Tsukiko! C'est la première fois que je te vois.

D'ordinaire, Tsukiko était rarement cassante. Malheureusement, le sous-entendu de Milly avait réussi à la mettre à la fois en colère et mal à l'aise. Ainsi, le rouge qui montait aux joues n'était pas dû à un unique sentiment mais à plusieurs. D'une, il était gênant d'être pris dans une telle situation et de deux, elle se refusait qu'on imagine - même pour rire - que la "Bâtarde", ou "l'Etrangère", fricotait inconsciemment. Il était hors de question qu'on l'associe à une telle rumeur et davantage hors de question qu'elle fasse réellement une telle "erreur". Jamais, ô grand jamais, elle ne répétera l'erreur de ses "parents".

Une réaction qui n'était que le fruit de longues années de moqueries ou de commentaires ou de pronostics aussi ridicules qu'injurieuses due aux circonstances de sa naissance et à son rang de "Bâtarde" ou "d'Etrangère". A terme, tout lien de près ou de loin avec toute notion de "couple" ou "d'amour" ou "d'erreur" était devenu insupportable pour la dame.

- Avançons. Au moins je découvrirai de nouveaux coins de la grotte ou alors je t'éviterais des dangers si je connais le coin. Des ninjas comme toi, on en a toujours besoin, les medic-nins étaient définitivement une denrée précieuse pour un village, en combat comme hors combat. Et puis c'est pour le bien de Suna, conclut-elle, la voix un tantinet plus douce quoique résignée.

Cependant, le remord finit rapidement par la gagner. Elle avait agi de manière exagérée et s'était davantage ridiculisée. Dorénavant, la honte était également une des causes de cette rougeur soudaine.

Elle ferma les yeux, inspira et expira quelques secondes, et finit par rouvrir le tout et se retourner vers ses compagnons. Automatiquement, son regard se glissa sur les roses de sable brisées. Les traits las ou encore déçus de Milly n'échappèrent pas à Tsukiko.

- Donnez, dit-elle à l'intention de Milly en tendant la main. Désolé de m'être emportée à l'instant.

Un "désolé" à l'encontre des deux personnes pour son emportement pour une situation anodine.

- Tu peux m'appeler Tsuki-chan, cela ne me dérange pas.

Tout en parlant, elle concentra du chakra entre ses paumes et commença à modeler les grains de sable, à leur donner une forme bien précise et à durcir le tout. En un rien de temps, une des roses des sables détruites avait retrouvé sa superbe d'antan. On pouvait même dire qu'elle était bien plus belle due aux formes complexes et élégantes, à l'image de Suna et de ses arts nomades, imaginées par Tsukiko.

- Voilà. Je peux encore modeler les autres si vous désirez.

Tour à tour, les deux ninjas de Suna m’assurèrent que je ne les dérangeai pas. Cependant ils étaient bien très proches physiquement avant que je n’arrive, dans leur cocon de sable, et puis le garçon avait la chemise encore ouverte et débraillée. Ça avait tout d’une partie romantique et sensuelle coupée en cours de route. Cependant la réaction de chacun effaçait de suite cette hypothèse romantique. Le garçon se nommait Yamamoto Takeshi, un des médecins du village. Et la demoiselle c’était Tsukiko. Je n’eus pas droit à plus d’info, les deux étaient occupés à se chamailler parce que le médecin venait de l’appeler Tsuki-chan. Ce « chan », un suffixe qu’on rajoute à la fin pour montrer une affection particulière à quelqu’un, semblait être la familiarité de trop pour la jeune fille.

« Tsuki-chan ? C'est Tsukiko ! C'est la première fois que je te vois. » Lui lança-t-elle sur un ton particulièrement cassant.

Pas contente la demoiselle. C’est pourtant dommage de froisser une mignonne petite bouille. D’ailleurs j’y eus droit aussi, au « chan » à la fin de mon nom. Comme quoi ce jeune homme ne semblait pas mal à l’aise ni coincé, pas du tout. Je lui souris quand il me proposa de les accompagner dans leur exploration des grottes du coin, et tendis à la fillette ce qui restait des roses des sables brisées.
Elle les prit dans ses mains et malaxa son chakra. Dingue, j’avais jamais vu quelqu’un apte à manipuler le sable ! Punaise ça doit être super pratique comme talent ça, surtout dans un monde désertique comme ici.
Je récupérai la roche reformée par ses soins, elle était encore plus belle qu’avant. ça me donnait presque envie de lui refourguer tout ce que j’avais récupérer jusque là et qu’elle les rendes bonifie comme celle-ci. Mais ce serait mal vu.

« Merci beaucoup ! Au moins j’aurais pas à retourner cramer sous le soleil pour en trouver d’autres. Vraiment merci. » Je rangeai la rose et souris à mes deux nouveaux compagnons de route. « Bien, alors allons explorer tout ça ! »

Ce que nous fîmes, la grotte où nous nous trouvions n’en était en réalité pas une, mais l’une des extrémités d’une galerie bien plus profonde. C’est du moins que je me disais quand nous arrivions à un petit trou dans la roche, taillé en losange où la partie la plus longue se trouve être à l’horizontale. Nous ne pouvions ainsi nous faufiler qu’un par un, et couché en plus.

« Je propose que je passe devant, comme ça si y a un pépin, Tsukiko pourra nous protéger avec son sable, et Takeshi pourra nous soigner. »

Sans trop leur laisser le choix, je passai la première dans l’ouverture. Il faisait trop sombre pour voir quoi que ce soit, une torche incandescente serait ainsi la bienvenue. Je ne rampai qu’un petit mètre de distance, avant que la courbe du sol face comme un toboggan, sans le côté festif et enfantin. La chute ne fut pas longue non plus, j’avais descendu quoi, trois ou quatre mètres en deux courtes secondes. L’atterrissage fut moins drôle – en imaginant que jusque là ce soit marrant – car j’avais rampée en avant, donc dans la chute j’avais la tête en pole position. Et bim, dans le sable. Du sable doux, heureusement, si ça avait été de la roche bien dur j’aurais eu bien plus de dégât que des grains dans les cheveux et les vêtements. Et dans les yeux aussi, et dans la bouche. Un peu partout quoi. Je me redressai et lançai à mes camarades.

« C’est bon vous pouvez venir ! Mais faites pas comme moi, venez les pieds devant plutôt que la tête ! »

Nous avions atterrit dans un espace totalement sombre certes, mais j’avais beau chercher en remuant les mains, il n’y avait aucun autre mur que celui sur lequel j’ai glissée. Est-ce que ça voudrait dire qu’on est dans une caverne beaucoup plus grande ?

« Et, si l’un de vous à de quoi faire de la lumière, ce serait parfait ! »

Spoiler:

- Je connais deux trois endroits où il y a des roses de sable "naturelles", je pourrais te les montrer dès qu'on sortira d'ici.

Tsukiko aimait "préciser" naturelle car dans un village où l'un des clans pouvait maîtriser le sable, il arrivait de tomber sur deux ou trois étrangetés dans le désert comme un champ de roses des sables ou encore des sculptures ou alors des dunes très, très inégalement réparties.

- Merci, termina Takeshi.
- De rien, se contenta de dire Tsukiko en lançant un regard interrogateur au brun.

Le regard insistant de ce dernier ne lui avait pas échappé, et elle se demandait ainsi pourquoi il persistait à la regarder. Etait-ce ses cheveux roses? Ou alors sa petite démonstration avec sa maîtrise du sable? Quelle que soit la raison, elle n'était guère à l'aise. Heureusement Milly réussit à attirer leur attention sur un sujet précis : l'exploration de la grotte. Les premières minutes n'étaient qu'un parcours de santé, sans embûche et sans danger. La situation se compliquait largement lorsqu'ils firent face à une ouverture bien plus étroite, les obligeant à "ramper".

- Sérieusement, es-tu sûr que la plante se trouve dans ces parages? Il y a bien d'autres endroits de la grotte bien plus éclairés et bien plus saufs ... ohhhh.

Un "oh" qui s'étirait au fur et à mesure de la petite chute. On lui avait prévenu et elle avait pris ses précautions mais malgré tout, cela restait une chute dans le noir et un corps qui glissait jusqu'à tomber sur un premier obstacle matérialisé sous les traits de Takeshi. Pour le coup, le jeune homme eut droit à un léger coup de pieds involontaire de la part de Tsukiko.

- Désolé, désolé ! se contenta-t-elle de dire en se relevant. Je n'ai aucun feu ni affinité avec le feu, du moins pour le moment.

En soit, même si elle l'avait, elle était certaine qu'elle aurait été incapable de le maîtriser. Elle avait une affinité suiton actuellement mais elle savait à peine la manipuler sans se rater monumentalement. Sa seule expertise dans le domaine du ninjutsu restait clairement le sunaton.

- De la lumière ? Euh, nope, mais je suis une lumière, moi, si ça compte !

Cette réplique laissa Tsukiko sans mot. S'il y avait eu assez de lumières, les deux autres protagonistes la verraient figée et à regarder avec de gros yeux le medic-nin. A ce jour, il devait être sûrement le premier dans son domaine à adopter une attitude aussi joviale, le premier à être aussi insouciant alors qu'il parlait d'une épidémie ou maladie virulente dans le village.

"Quel est son problème?" se demanda-t-elle.

Elle finit par secouer la tête.

- Cette expédition n'a pas de sens! Takeshi, comment as-tu su l'existence de cette plante, comment sais-tu que c'est vers là et pas ailleurs ? Enfin, donne nous une descripti...

Elle se tut et tendit l'oreille. Elle était certaine d'avoir entendu quelque chose, comme un sifflement.

- Ok. Je propose qu'on bouge avant tout. Takeshi, ou Milly, utilisez votre épée pour tâter devant vous jusqu'à ce qu'on tombe sur un endroit bien plus clair. Il y a de petits ravins comme de brutaux, vaut mieux pas y tomber bêtement.

Elle se mit en dernière de file, suivant de près celui qui était devant elle. Elle les laissa avancer quelques minutes et ordonna soudainement d'arrêter, encore. Elle écouta à nouveau attentivement, et encore ses yeux s'agrandirent.

- Il y a de l'eau quelque part. Là où il y a de l'eau, il y a peut-être ta plante.

Effectivement, au loin, on entendait un "plouc plouc". Plus on s'approchait, plus le "plouc plouc" devint le bruit d'un fin filet d'eau. Enfin, et plus important, une petite lueur avait filtré entre la roche tout au sommet, laissant voir qu'ils étaient rentrés dans une sorte de "salle géante", du moins assez géante pour d'accueillir entre cinq et sept personnes.

- Bien, on voit déjà mieux ici... Je te laisse chercher ta plante, dit-elle à Takeshi avant de se diriger vers le fin filet d'eau coulant entre deux roches.

Tout d'abord elle chercha à savoir d'où elle provenait et où elle continuait à sa route. La provenance restait un mystère et la destination tout autant car ça sortait d'entre deux roches pour finalement aller s'infiltrer entre deux roches au sol. Puis, elle se permit d'y goûter et fut à la fois surprise et heureuse de constater que l'eau était très pure et extrêmement fraîche.

"Bien meilleur que l'eau de l'oasis! Il faut que je garde une trace de cette place!" conclut-elle, les yeux brillants d'un éclat nouveau. Elle concentra son chakra et un fin filet de sable s'éleva et s'infiltra entre les crevasses, se dirigeant droit vers la lumière - soit vers cette porte de sortie - et solidifia le tout. Ainsi, une fois à l'extérieur, dans le désert, il lui suffira de trouver une longue tige de sable. L'eau était si rare dans le désert qu'il ne fallait pas en laisser échapper une seule source dès qu'elle était découverte.

- Hey, venez boire si vous avez soif. C'est très rafraîchissant, leur proposa-t-elle. Et donc ... Milly, tu ne sembles pas faire partie du pays. Je veux dire, tu sembles savoir te battre et tu n'as pas vraiment de bandeaux, se permit-elle de demander à l'étrangère une fois réunie encore.

Ce fut le garçon qui descendit en premier, sur le dos à la manière d’un gosse qui glisse sur un toboggan. Pourtant il n’a pas l’air si jeune que ça … Certes de nous trois je suis très certainement la plus âgée, mais Tsukiko me paraissait bien plus mature et terre à terre que lui. En parlant d’elle, ce fut à son tour de descendre, heurtant au passage le médecin ninja qui n’avait pas eu le temps de se retirer. Et bé, cette aventure, ça promet … La demoiselle m’avait assurée qu’elle me montrerait ensuite un lieu où je pourrais trouver énormément de rose des sables naturelles. Et par naturelle on entend bien pas faites par des gens comme elle qui manipule le sable. Mais bon pour le moment il nous fallait chercher une fleur. Une vraie fleur.

C’était pour Takeshi en fait, le jeune homme faisait sa quête végétale et sur le chemin il avait rencontré Tsukiko. Et puis voilà où nous en sommes, dans une espèce de grotte tellement obscure qu’on ne distingue quasiment rien à plus de cinquante centimètres devant nous. La demoiselle eut la brillante idée de se mettre derrière nous et de nous demander à moi et au médecin de nous servir de nos sabres respectifs afin de tâtonner le terrain comme des aveugles, le temps de trouver un lieu un peu plus lumineux. Car oui, aucun de nous n’avait de quoi faire de la lumière. Pas franchement pratique …

Le voyage se fit heureusement sans la moindre embuche, et nous arrivâmes tous les trois à une petite pièce d’environ dix mètres carré, légèrement illuminée par les traits de lumière qui parvenaient miraculeusement à se faufiler jusqu’ici.

« Il y a de l'eau quelque part. » S’exclama soudainement la kunoichi. « Là où il y a de l'eau, il y a peut-être ta plante. »

Effectivement, on entendait un très léger son caractéristiques des goutes qui chutent sur une surface. Au moins on sait qu’elle a l’ouïe fine cette petite. Je la regardai filer à vive allure jusqu’à la source pendant que l’autre bambin allait chercher l’objet de sa présence ici.

musique d'ambiance

En ce qui me concerne, je préférai rester sur le pan de la porte, si on peut appeler ça une porte vu que c’est plutôt un trou creusé à même la roche. Et ce pour une raison précise, si la demoiselle avait entendu l’eau couler, moi j’avais entendue complètement autre chose. La lumière, bien que faible, de la petite pièce permettait de deviner sans trop de risque de se tromper que le couloir qui nous y avait mener continuait en ligne droite, s’enfonçant à nouveau dans les ténèbres. Et dans ces ténèbres, il y avait quelque chose d’étrange, quelque chose qui n’a rien de rassurant mais qui restait impossible à percevoir pour mes yeux.

« Hey, venez boire si vous avez soif. C'est très rafraîchissant. » Lança Tsukiko.

Je la rejoignis, songeuse, et goutai à cette eau en hydratant simplement mes lèvres. Elle était bonne, je m’y abreuvai donc sans retenue, avant de laisser à la place à Takeshi. Là, la miss en profita pour me demander d’où je venais et pourquoi je ne portais pas de bandeau de village.

« Je ne viens de nulle part et je ne fais partie d’aucun gouvernement. Techniquement je n’existe même pas non plus, dans le sens où seuls mes parents sont au courant. Logique quoi. Mais oui, je suis née sur l’archipel de Kiri. Je n’ai donc absolument aucun lien avec le désert, mais comme on dit, les voyages forment la jeunesse hein. Héhé. »

Mon sourire disparu bien vite de mon visage quand le son de tout à l’heure retentit à nouveau, toujours aussi faible mais audible, à mes oreilles. Je courus voir dans le couloir, mais sans lumière ça ne sert à rien. Cependant j’en étais certaine, il y avait bien les bruits de sanglot d’une enfant, quelque part dans cette obscurité. Je me retournai frénétiquement vers mes deux compagnons d’aventure :

« Vous avez entendu ? … Je crois qu’on aurait pas dû descendre ici … »

le son des pleurs, à mettre très faiblement:

- Avec une telle peau bronzée, on pourrait croire que vous êtes une dame du désert.

Un commentaire que la Kawaguchi adressait à cette inconnue avec un sourire bienveillant. Cependant, aussi adorable et gentille soit-elle, Tsukiko commençait tout de même à être nerveuse. Elle n’aimait guère les espaces confinés sous le sol et souhaitait rapidement quitter ces lieux pour retrouver son merveilleux et sans fin désert. Elle voudrait tant s’y plonger dedans à cet instant.

Un désir qui risquait de s’exaucer bien vite, dans des conditions cauchemardesques.
Le cauchemar commença par Milly qui prétendait avoir entendu quelque chose. Tsukiko eut le malheur de tendre l’oreille – la curiosité, un bien vilain défaut -, et entendit effectivement un lointain sanglot d’enfant.

- Que racontes-tu ? L’enfant est peut-être blessé !, répondit au tac-au-tac Tsukiko avec un air choqué devant les paroles de l’inconnu. C’est clairement un enfant, il a dû s’égarer, se perdre et se blesser. Ou il a peur seulement. Ou elle !

Tsukiko avança d’un pas sûr dans ce trou béant noir, tentant d’appeler le petit garçon – ou la petite fille -. La réponse fut en soit traumatisante. Littéralement. Tout ce que Tsukiko vit une petite fille nue, blessée, crasseuse, à la peau extrêmement pâle s’avancer tout doucement vers le groupe.

- C’est … quoi ça ?

Un murmure qu’elle put à peine formuler en se reculant jusqu’au niveau de Takeshi. Elle était choquée devant la dégaine de cet enfant, de cette allure famélique et squelettique. Elle devait vivre ici plus que quelques heures, jours, semaines ou mois. Elle devait traîner dans cette aile-ci des années !

- Tu… t’appelles comm….

Un « comment » qui fut termina par le râle inhumain de la chose. Cette dernière se jeta sans aménité sur sa première cible. Malheureusement c’était Yamamoto et peut-être dû à la surprise, mais il n’eut guère le temps de répliquer. La sauvageonne avait eu la bonne idée d’avoir une pierre en main et de l’écraser brutalement sur le crâne du medic-nin. Etait-ce son imagination ou avait-elle réellement entendu un très mauvais bruit ?

- Takeshi …

Elle aurait voulu s’approcher du brun pour voir s’il allait bien mais elle n’y arrivait pas. Elle était paralysée, complètement. Que se passait-il donc ? Pourquoi ne réagissait-elle pas ? Elle retrouva réellement l’usage de ses jambes et bras lorsqu’elle vit la chose relever à nouveau sa roche, prête à l’écraser sur le crâne sanguinolent du medic-nin.

- NON !

Tsukiko ne voulait ni voir Takeshi mort, ni voir l’enfant mort. Elle se contenta donc d’immobiliser l’humaine. Tout d’abord, elle bloqua le bras en faisant une clé, et se tourna vers Milly.

- ASSOMME-LA.

L’enfant se débattait comme une furie et sortait ses crocs à droite et à gauche, prête à mordre la première chair osant s’approchant de près ou de loin d’elle.

J’étais pas là seule a soudainement m’inquiéter. Nous étions tous les trois à observer maintenant l’obscurité du couloir. Les personnalités de chacun et chacune ressortait face à cet inconnu. Tsukiko était persuadée qu’il s’agissait d’un enfant blessé, perdu et apeuré. Takeshi la suivit et tout deux s’enfoncèrent dans la pénombre, guidés par les sons qui résonnaient sans interruption. Ça ne me plaisait pas, vraiment pas du tout, mais je les suivis également, juste au cas où. Je dois être sans doute le plus solide de nous trois, donc les laisser partir comme ça, ça ne serait pas moi.

C’était bien un gamin, enfin plutôt une gamine. Couverte d’hématomes, terriblement maigre et à la peau aussi blanche que si elle n’avait pas vu le soleil depuis des lustres. Des vêtements en lambeau, plein de crasse. Une sauvageonne qui devait à peine avoir atteint l’adolescence. Comment c’est possible qu’elle vive ici ? Et depuis combien de temps ? Des tas de question me taraudait l’esprit mais je préférai rester silencieuse. Ce que ne fit pas notre médecin qui se pencha vers elle, en bon protecteur, et lui demanda son nom. Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un caillou aussi gros que la main de la gamine vint se fracasser contre son front. La morveuse venait de lui exploser la boite crânienne et se mit à hurler d’un cri strident qui résonna avec force dans la caverne !

Je la vis s’apprêter à se jeter sur le corps inanimé du sunajin, corps dont je me précipitai de tirer vers moi pendant que Tsukiko filait entraver et immobiliser l’enfant. Mais de toute évidence, cette créature n’avait pas la force qu’on lui donnait à la voyant, mais très largement plus.

« ASSOMME-LA ! » Me hurla-t-elle tandis que la sauvage cherchait pas tous les moyens à la mordre.

Ce que je fis immédiatement après avec la même pierre qui avait servit à blesser notre toubib. Un bon fracas, de toutes mes forces. L’enfant s’immobilisa en silence, parcouru de spasme par moment. Le temps de respirer profondément, puis je tendis une main à la demoiselle pour l’aider à se relever.

« Punaise … Tirons-nous d’ici pendant qu’elle est hors service. » Des sanglots retentirent plus profondément dans la grotte, semblable . « Ouais, tirons-nous. On aurait jamais dû descendre ici. »

J’attrapai le corps de Takeshi et le hissai avec une certaine difficulté sur mon épaule droite, avant de repartir par là où nous étions arrivés. Je fis pousser des os sur la pente, fixés dans la roche afin de pouvoir escalader dans l’autre sens. Le temps nous était compté, chaque seconde qui filait augmentait le risque qu’elle se réveille. Elle ou ses semblables d’ailleurs. Je montai la première, afin de pouvoir tirer le corps du médecin hors d’ici. C’est qu’il pèse quand même ce garçonnet. Après quoi je tendis la main à travers la crevasse et ainsi aider Tsukiko à son tour. Quand un nouveau hurlement strident retentit à l’intérieur.

« Dépêche !! »

Spoiler:

Il semblerait que l’enfant sauvage ne soit pas seule dans cette grotte sombre et glauque. Au loin, d’autres râles aussi inhumains que le sien se faisaient entendre. Tsukiko ne savait quoi penser ou quoi dire, suivant aveuglément Milly. Cette dernière avait raison : il fallait sortir, non pas pour sauver sa propre peau mais pour ramener très rapidement Takeshi à l’hôpital. Il pouvait être seulement assommé tout autant être grièvement blessé. L’un comme l’autre, il fallait retourner rapidement au village.

Cependant, elle n’allait pas pour autant oublier ce lieu et comptait bien y retourner pour comprendre le fin mot de l’histoire. Sa conscience ne pouvait pas être en paix en sachant pertinemment qu’un groupe d’enfants vivait comme des bêtes sous-terres. Ils leur faillaient une vraie éducation ou, à défaut, une mort avec des funérailles propres et en accord aux bonnes mœurs.

Finalement ils débouchèrent à l’air libre, à l’entrée de cette grotte cauchemardesque. Elle n’en était guère heureuse pour autant. Elle ne savait pas quoi penser, encore sous le choc de cet événement inattendu.

- Je vais ramener Takeshi au village rapidement pour qu’on s’assure qu’il va bien, déclara-t-elle d’une voix bien morne. Quant à … ces enfants, je vais en faire part aux autorités de Suna immédiatement. On ne peut pas les laisser là. Ils peuvent blesser des voyageurs égarés et … on ne peut pas. Ce n’est pas humain.

Il y avait tout de même peu de chance que des voyageurs s’égarent aussi profondément dans les grottes mais il ne faut pas ignorer de telles possibilités. De plus, si ce n’était pas des voyageurs, cela pourrait être quelques enfants intrépides de Suna.

- Te rends-tu à Suna ou as-tu d’autres obligations ? demanda-t-elle à Milly en récupérant Takeshi, prête à le porter jusqu’au village. Je peux t’indiquer un ou deux endroits où t’héberger.

Certes, la dame avait été d’une grande aide mais elle n’en restait pas moins une étrangère. Enfin, et plus important, même si elle le voulait, elle ne pouvait pas. Elle ne vivait plus vraiment chez son père et elle ne savait pas si elle pourrait davantage envahir l’espace privé de celui qui acceptait de l’héberger.

Toujours est-il qu’elle n’avait guère le temps de traîner et commençait à se diriger vers le village avec son blessé dans les bras. Cependant, elle n’ira pas loin avec et elle le comprit bien vite. Elle le posa à terre, fit quelques signes, et une petite banquette se créa où elle posa Takeshi. Cette dernière bougea, lentement mais sûrement. Avec ce moyen de transport, elle avancera presque autant que si elle le portait mais maintiendra un rythme régulier et ne ralentira pas en raison d’une fatigue. Le désert pouvait être impitoyable pour les blessés.

- Je pourrais le porter jusqu’à Suna sans grand soucis et je ne pense pas que sa vie soit très en danger.

En effet, avec la lumière du jour, elle pouvait plus aisément voir la blessure au crâne. Elle restait superficielle. Enfin, elle avait l’impression.

- Merci pour tout, conclut Tsukiko. Je n’oublierai pas.

Elle n’oubliera pas non que la dame les avait accompagné jusqu’au tréfonds de cette grotte alors qu’elle n’était pas obligée. Elle n’oubliera pas non plus qu’elle avait pris le temps de sortir les deux d’ici et n’avait pas fui lâchement.

Quant aux enfants, elle avait sa propre idée mais elle n’osait pas le dire à haute voix.

« Connaissez-vous l’histoire des enfants oubliés ? Ce sont des enfants qui n’étaient pas désirés ni de la mère ni du père. Alors, soit les parents confiaient leur sort au désert, soit ils les cachaient sous le sable ».

Voilà l’histoire qu’un jour un nomade lui avait compté. Elle avait toujours cru que le dernier sort était l’enterrement mais aujourd’hui, elle avait compris que le sort pouvait être tout autre : jeter au fond d’une grotte, entre une crevasse assez grande pour faire passer un bambin ou le jeter dans un trou d’une grotte, de l’endroit où ils avaient glissés.

« Les enfants oubliés sont les enfants qui ont survécus, survécus pour faire payer à ce monde l’injustice dont ils ont été victime. Cependant même s’ils vivent, ils n’en restent pas morts. Lorsqu’on est oublié de tous, sommes-nous vraiment vivants et humains ? ».

Ces enfants n’avaient pas demandé à être né e à être rejeté et oublié. Ils n’avaient rien demandé et avaient tous les droits de vivre décemment.

« Ce n’est pas leur faute … » et elle ne put s’empêcher de penser à sa situation. Elle n’avait pas demandé à être une bâtarde mais elle avait tout de même son droit de vie. Sa mère l’avait compris et l’avait mis au monde. Elle avait toujours tout fait pour lui donner ce dont elle avait besoin. Son père, malgré le clan et ses obligations, l’avait accepté. Ses parents l’avaient reconnu … d’une certaine manière.

Etre bâtarde n’était pas sa faute. Elle le comprenait enfin. Une compréhension qui changea soudainement sa perception du monde : elle était Tsukiko, membre du clan Kawaguchi, membre de l’équipe Miira, fille de ses parents… elle était une personne, et non une simple bâtarde qui n’aurait pas du naître.

Naître était son droit.


Soudainement, elle repensa à Milly. Elle refit une suite de signe et aussitôt au sol naquit des dizaines de rose de sable, allant de la plus banale à la plus exceptionnelle.

- Cadeau. Tu dois être épuisée, pas besoin de traîner dans tout le désert ce que je peux t'offrir en cinq minutes.

Rp clos : on peut prétendre que Milly continue sa route ou va être hébergée à Suna . A elle de décider lors d'une prochaine rencontre .