[Solo - Evolutif] Un départ, encore nouveau et lointain.

Le jour se levait sur Mozuku, et sur le visage de Tsubaki, qui se réveilla immédiatement au contact des doux rayons solaires. La clarté de l’aurore se reflétait sur ses pupilles, mêlant les teintes vertes aux flux rosés et orangés de l’astre céleste. La tendre lumière lui faisait l’effet détendant d’un chocolat chaud dégusté la veille à la terrasse d’un café. L’Hiver se faisait peu sentir, ici, malgré leur proximité du pôle. La terre semblait dégager une chaleur suffisante pour empêcher la neige de se former dans les flots tumultueux des cieux supérieurs. Il faisait tout de même frais par cette belle matinée, aussi, la veille au soir, Tsubaki s’était enroulée dans une couverture plutôt chaude, qui semblait, avec la complicité de son matelas, vouloir la garder en otage dans cet environnement si captivant que l’on appelle un lit. Mais il fallut bien que la jeune fille se lève lorsqu’elle s’aperçut qu’une heure s’était déjà écoulée depuis son éveil. Elle attrapa une serviette dans l’armoire du petit hôtel où elle avait trouvé résidence, et fonça sous une douche brûlante, comme pour compenser l’absence de ses draps. Une fois lavée et coiffée, elle s’habilla de sa tenue préférée, qu’elle avait fait laver deux jours plus tôt. Elle se sentait bien dans ces vêtements, détendue et, si l’on pourrait dire, chez elle.

Aujourd’hui était un grand jour : elle allait quitter le village. Cela faisait presque deux semaines qu’elle y séjournait, et elle commençait à se lasser de cette routine, bien que les lieux lui étaient très sympathiques. Ainsi, elle rassembla les affaires qu’elle avait dans son sac, et descendit payer la note de sa chambre. Elle avait gagné quelque salaire en aidant les habitants et en revendant diverses plantes qu’elle récoltait dans la région. La quasi-totalité des habitants lui étaient redevables et cherchaient à l’empêcher de les payer, mais la jeune fille arrivait toujours à les convaincre par l’argument qu’il y avait eu un fort déficit à cause de l’épidémie, et qu’elle se devait de les aider à le combler. Bien entendu, étant donné qu’elle vendait et achetait auprès des villageois, cette logique s’avérait quelque peu erronée, mais elle se disait qu’il valait mieux ne pas aggraver la situation économique du village. Même si, entre nous, cette dernière, grâce au commerce hivernal et au tourisme, était facilement restaurée.

Elle sortit donc de l’hôtel et se dirigea vers les quais. Elle respirait avec plaisir l’air marin matinal, chargé en sel et en doux parfum de liberté. C’est ça, une liberté légère et tranquille, qui lui promettait de magnifiques lendemains. Elle s’arrêta devant le bateau qui l’intéressait depuis plusieurs jours déjà : celui qui ferait dans quelques heures le trajet jusqu’au village portuaire de Raiun. Tsubaki avait abandonné l’idée de naviguer jusqu’à Tsuchi No Kuni, aussi avait-elle en tête de redescendre en direction de Konoha No Sâto. Après les hautes et sinueuses montagnes, peut-être les profondes et majestueuses forêts trouveraient-elles place dans son cœur. Qui pouvait l’affirmer ou le nier ? Elle devait le tenter, voir si la culture étrangère l’attirait de côté-ci du continent, suffisamment pour qu’elle s’y attarde. Tout en réfléchissant à cette question, elle alla commander un verre de vin à une terrasse en attendant l’heure de rendez-vous, après avoir confirmé sa présence auprès du capitaine. Un couple d’heures entama une danse dans le flot temporel, se jouant des derniers rayons rosés pour laisser place à une rivière d’or pur, coulant sur les terres azurées du ciel. Les aiguilles des horloges commencèrent une course futile sur leurs cadrans. Les esprits et les corps suivaient leurs chemins sur les routes de leurs vies respectives, tandis que Tsubaki était perdue dans ses pensées.

C’est alors que le moment tant attendu fut atteint. La jeune fille était déjà dans le navire avant même que le capitaine n’annonce un départ prochain. Elle était à la proue, attendant impatiemment un événement qu’elle savait proche, mais dont l’écart, pourtant mince, la rendait plus excité qu’un écureuil sous caféine. Elle observait l’horizon étendre les flots cristallins de la mer encore endormie sur les territoires inexplorés de la voûte céleste. Le monde l’appelait, et elle allait répondre à cet appel. Elle en était persuadée alors que le navire s’élançait en direction du Sud, de l’inconnu, de Hi No Kuni.

Le voyage ne dura pas plus de quelques heures, car les vents étaient favorables à la navigation sur une mer encore calme et douce. Tsubaki eu la joie de trouver une jeune fille dont le père voyageait aussi sur le bateau, et ensemble, elles purent échanger quant à leurs hobbies, leur famille, leur lieu de naissance, et surtout, chose qui plut énormément à la jeune fleur : elles eurent l’occasion à de nombreuses reprises de jouer aux échecs. Elle adorait ce jeu, une réflexion tactique qui demandait de temps à autres des coups de folie pour s’en sortir. Elle aurait aimé avoir une armée dans sa vie pour la mener comme une partie. Elle n’était pas pour autant une professionnelle, mais elle restait immuablement attirée par ce jeu. Toujours est-il que le navire finit par atteindre le port, peu après que le soleil ait fini la moitié de sa course.

Tsubaki salua sa nouvelle connaissance, le père de celle-ci, le capitaine et l’équipage, et mis pied sur la pierre taillée du quai auquel ils étaient amarrés. Et très vite, on la vit ouvrir son sac pour en sortir un grand manteau de laine verte. Une fine couche de neige subsistait sur les chemins couramment empruntés par la population, et sur ce qui devait être au Printemps des carrés de fleurs ou de gazon verdoyants se dressaient de magnifiques monticules de neige. La jeune femme du se contenir pour ne pas courir au premier hôtel qui lui passerait sous la main, de peur de glisser sur une plaque verglacée et de se couvrir de honte devant la foule débordante qui se pressait dans le port en plein jour de marché. D’autant qu’avec son épais manteau, elle ressemblait à un petit sapin mobile, et elle n’avait aucun doute sur l’image comique qu’elle donnerait en trébuchant et s’étalant devant tout le monde. Aussi devait-elle rester calme mais suffisamment mobile pour ne pas geler sur place. La brise qui se déversait dans les rues de Mozuku semblait être un torride air estival comparée au vent, certes léger, mais glacial qui parcourait la ville de Raiun. Deux semaines passées dans la ville portuaire du Nord lui avait fait oublier que la Dame de Glace avait recouvert le monde de son poudreux voile blanc.

Mais sa réflexion fut interrompue par un petit chat étonnamment blanc qui décida arbitrairement que sa tête ferait un bon perchoir. Il tenta une ascension par sa jambe gauche, et manqua de lui abîmer les manches à plusieurs reprises avant de sauter, victorieux, sur le sommet de son crâne. Tsubaki ne l’avait pas aidé, elle voulait voir de quoi il était capable pour sa petite taille. Et elle ne fut pas plus déçu par sa performance que par l’adorable miaulement qu’il poussa en signe de confort une fois allongé sur les cheveux, dépassant des deux côtés de sa tête et ses pattes, qu’il tenta alors de rapprocher de son ventre en se mettant en position fœtale. La jeune femme fondit instantanément devant cette ravissante boule de poils, et décida de regarder s’il avait une quelconque trace d’appartenance à un maître ou une maîtresse. Elle fut étonnée et attendrie de voir qu’il n’en avait aucune. Elle le colla contre sa poitrine et lui embrassa le front, prenant la décision imminente et irrémédiable de l’adopter sur-le-champ. Elle chercha du regard un magasin animalier mais fut déçue de ne pas en trouver. Elle se mit donc à parcourir tout le village pour trouver un équipement digne de ce nom pour transporter, nourrir et prendre soin de ce nouveau compagnon. Sur le chemin, elle entreprit de vérifier le genre de l’animal : c’était un jeune chaton mâle. Une présence masculine, bien qu’animale, ne lui ferait pas de mal. Elle n’eut pas de mal à lui trouver quelques idées de nom, mais elle hésitait entre trois : Yuki, la neige, Shiro, le blanc, et Fuyu, l’Hiver. Elle opta pour un nom plus significatif encore que ces références au voile blanc : Kumo, le nuage. Parfait comme prénom pour ce jeune petit. Elle allait enfin avoir un compagnon fixe pendant ses voyages, super ! Et comme il était mignon ! La jeune fille était aux anges.

Elle passa une heure à chercher le fameux magasin avant d’en trouver un qui lui convenait parfaitement, et acheta plusieurs produits destinés à son petit protégé, à savoir un peu de litière, pour les fois où ils s’établiront temporairement, de la nourriture, du lait, un magnifique collier vert qui se mariait très bien avec son pelage blanc, et, chose devant laquelle Tsubaki s’émerveilla : une sorte de harnais dans lequel elle pourrait tenir le chaton pendant des déplacements fatigants, ou bien tout simplement si elle avait envie de le porter contre elle et avoir les mains libres. Ce fut une véritable mine d’or. Mais lorsqu’elle ressortit, Tsubaki remarqua qu’elle devrait se faire un peu d’argent, pour pouvoir être sûre de ne manquer de rien lorsqu’elle serait en séjour dans des villes et villages. D’autant qu’elle ne pouvait pas se permettre de laisser son compagnon en proie à la faim, alors qu’elle-même pouvait jeûner si elle le devait, pendant plusieurs jours. Aussi elle se mit en tête de prêter attention aux tâches à accomplir dans la ville portuaire pendant son séjour.

Elle se dirigea vers un hôtel qui acceptait les animaux, et demanda une chambre ainsi que des renseignements sur le prix de celle-ci. Bien qu’elle eut encore assez de ressources, elle se renforça dans l’idée qu’il lui faudrait bientôt une petite mission pour lui rapporter de l’argent. Ici, elle ne pouvait pas trouver et vendre d’herbes médicinales ou aromatiques qu’elle trouverait dans les parages, tout était enneigé ! Bref, elle décida de voir ça dès le lendemain. Elle passa deux bonnes heures à s’établir dans la chambre, s’amuser avec Kumo et lire un peu pour se détendre, le chaton lové sur ses genoux. Elle fila ensuite sous la douche, observé par le petit animal qui devait se demander à quoi la petite cabine pouvait bien servir pour que sa maîtresse y passe un quart d’heure entier. Il avait la tête penchée sur 90° lorsqu’elle en sortit, ce qui la fit exploser de rire, elle trouvait ça trop mignon. Elle s’habilla ensuite, prête pour explorer la ville plus posément et faire quelques emplettes qui lui seraient bien utiles par ce froid. Elle prit le chaton dans ses bras, l’attacha à son harnais, et sortit de sa chambre en sifflotant.

Tsubaki débarqua dans la rue, décidée à profiter de sa soirée en compagnie de son nouvel ami le félin. Elle prit la direction de la place centrale, et profita des lumières colorées qui dansaient au rythme du doux vent tardif, éclairant les toits des maisons, noyés dans les faibles rayons du soleil qui tentaient encore de subsister dans l’obscurité naissante. Les derniers traits orangés valsaient sur les nuages, au gré des vents atmosphériques. Le disque scintillant avait déjà disparu à travers l’horizon pour rejoindre le bout du monde. Amaterasu avait pris le chemin de sa grotte et son frère Tsukuyomi ne mettrait pas longtemps avant de prendre sa place dans la voute céleste. Le temps suivait son cours. La jeune femme arriva rapidement sur ladite place, et commença à observer quel magasin pourrait lui procurer de bons vêtements pour son voyage. Le froid ici était plus rude que dans son village natal. Elle parcourut les ruelles et trouva son bonheur. Un charmant commerce textile qui vendait de magnifiques manteaux bruns, noirs, bleus et blancs. Tsubaki hésita longuement, mais finit par choisir un bleu afin que quelle que soit l’heure de la journée, Kumo ne la perde pas de vue. Ce dernier l’observait se changer, sagement assis sur une chaise, tournant inlassablement la tête lorsque sa maîtresse sortait de la cabine avec un nouvel essai, ce qui la faisait immanquablement craquer. Elle rechercha également une cape capable de les protéger son chat et lui pendant les forts vents des tempêtes de neige. Une fois tous ses achats effectués, elle se tourna vers son chat, le prit dans ses bras, et lui prit la patte pour lui faire faire un signe d’au revoir à la gérante du magasin.

Elle alla ensuite trouver un petit restaurant dans lequel elle demanda une table pour deux, devant le regard attendri du serveur. Elle plaça sur la chaise de Kumo le sac de ses précédents achats, afin qu’il soit à bonne hauteur, mais cela ne suffisait pas. Après un simple sourire en direction du serveur, elle eut droit à un support supplémentaire et son chat était situé à hauteur de table. Elle put ainsi déguster un plat de nouilles tout en admirant son petit compagnon roulé en boule devant elle, sans prêter attention à la nourriture. Ce n’est que quand la jeune femme demanda une tranche de porc qu’elle plaça devant son museau que le félin se tira de son sommeil pour engloutir la viande qu’on lui présentait. Il avait le tic de regarder tout autour de lui entre chaque bouchée, afin de voir si quelqu’un n’essayerait pas de lui voler sa nourriture. La fin du dîner se fit dans la plus grande tranquillité. Tsubaki régla la note et sortit en direction de son hôtel, bravant la froidure de la nuit.

Elle était arrivée à la place du marché quand une conversation attira son attention. Deux individus, qui semblaient être des voyageurs de passage, discutaient autour d’un des feux allumés dans la ville, chacun une ration de leurs provisions à la main.

« Je te dis qu’on serait arrivés à le trouver, ce fichu trésor, annonça le premier. On aurait dû rester avec le vieux fou, l’archéologue. On aurait gagné un véritable pactole avec cette récompense.
- Tu sais très bien que personne n’a jamais trouvé ces fichus cristaux, répliqua le second. On a bien fait de reprendre le voyage. On ne peut pas se permettre de perdre du temps, on doit arriver le plus vite à Tsuchi No Kuni. »

Le premier grogna et mordit dans son morceau de viande. Tsubaki n’avait retenu que trois mots de leur conversation : trésor, récompense et pactole. Voilà qui allait résoudre ses problèmes d’argent, si elle arrivait à accomplir cette quête. En plus, ces deux-là disaient avoir abandonné, voire même ne pas avoir commencé. Elle était donc éthiquement libre de prendre la relève.

« Excusez-moi, messieurs, commença-t-elle. Vous parlez de trésor et de récompense, et je dois dire que ça m’intéresse. Pourrais-je vous demander plus de renseignements à ce sujet ?
- Ce serait avec plaisir ma belle, lui répondit le deuxième homme. Mais vous n’avez pratiquement aucune chance de trouver ce trésor, je vous préviens.
- Ce n’est pas grave, c’est un défi à relever, et j’aime le challenge ! »

Le voyageur lui expliqua alors que deux cristaux dorés étaient enfouis quelque part dans les environs du village, et qu’ils étaient les reliques d’un ancien empire perdu bien avant le temps des shinobis. Leur valeur archéologique était inestimable, aussi, un spécialiste en la matière les cherchait activement, mais demandait de l’aide aux shinobis de passage sur le site de recherche. La jeune fleur leur demanda où donc se trouvait ce fameux site, qu’elle aille proposer son aide à l’archéologue. Ils lui indiquèrent l’orée de la forêt de San’Rin’ Zyunrin. Après avoir observé le lieu sur une carte, il lui parut clair que cette mission l’aiderait beaucoup dans sa situation financière. Elle remercia les deux hommes et leur prêta un peur d’argent en guise de remerciements, qu’ils acceptèrent avec joie et reconnaissance.

Tsubaki se mit alors en route pour son hôtel, et, à son arrivée dans la chambre, elle déposa Kumo sur le lit et fonça rassembler quelques affaires. Elle pouvait se permettre de ne prendre que le minimum pour cette recherche, étant donné que la forêt ne se trouvait qu’à une heure de marche. Dans son sac à dos se trouvaient habits simples de rechange, quelques kunais, des provisions, ainsi qu’une carte de la région qu’elle avait achetée à la réception. Une fois le sac prêt, elle fonça prendre une douche, se vêtit de ses habits de nuit, et se glissa sous ses couvertures, le chaton couché près de son oreiller. Elle s’endormit vite, rêvant de la petite fortune qu’elle allait pouvoir se faire.

Spoiler:

Tsubaki rentra de sa mission pendant la nuit, pendant que les flocons recommençaient à tomber sur le village portuaire. Elle était fatiguée, mais comptait bien profiter de sa soirée. Après tout, ce n’était pas tous les jours qu’on amassait une petite fortune comme celle qu’elle avait obtenue grâce à la réussite de sa mission. Elle passa par son hôtel pour prendre une bonne douche, et déposer ses affaires, et fila comme le vent en direction des derniers magasins ouverts. Elle n’allait pas prendre trop de choses, mais elle pouvait bien se permettre quelques emplettes. Comme son sac finissait par devenir lourd, à force de contenu, elle envisagea acheter une charrette, mais l’idée lui sortit vite de l’esprit. Si besoin, elle pouvait aller déposer quelques affaires à son village natal, qui n’était pas très loin, dans les montagnes. La question ne se posa finalement pas, car elle n’avait rien trouvé qui vaille réellement le coût. Elle longea en compagnie de Kumo les quais du port, observant les bateaux, plongés dans l’obscurité, qui flottaient paisiblement, couverts de plaques de givre naissantes à quelques endroits. Cela leur donnait un style plutôt sympathique. Mais la jeune femme n’allait pas passer son temps à se promener, et ainsi elle se retrouva dans le restaurant qui l’avait accueillie à son premier soir en ville. En prévision de son départ du lendemain, elle engloutit tout ce que son corps pouvait avaler, et prenant soin que son petit chat aie droit au même traitement. Ils avaient une longue route à faire, jusqu’à Konoha, et elle allait sûrement passer à Kumo No Sâto pour saluer Shô et son équipe, et, tout de même, visiter le village caché de son pays. Mais, du coup, elle avait un petit chemin à faire le lendemain, avant d’arriver au Sentier Perdu. Elle passa le repas à se demander ce qu’elle pourrait bien faire une fois à Konoha. Elle s’en fichait un peu, pour le moment, elle verrait bien une fois sur place. Elle finit chacun de ses plats et garda une petite place pour un bon dessert. Celui-ci se présenta comme un fondant au chocolat d’un diamètre de quinze centimètres et haut de dix, surmonté d’une boule de glace à la vanille. Elle doutait pouvoir encore manger tout ça après tout ce qui s’était retrouvé dans son estomac dans les instants qui précédaient, mais elle releva tout de même ce défi. C’est le corps lourd qu’elle sortit du restaurant, doutant même de pouvoir se lever de son lit le lendemain matin.

Elle rentra à l’hôtel et fit son inventaire. Elle avait toujours quelques provisions, qui lui serviraient le temps d’atteindre Kumo, les quelques tenues qu’elle avait achetées, ainsi que les produits animaliers pour son chat. Celui-ci était d’ailleurs allongé sur le lit, ronflant déjà à côté de l’oreiller de Tsubaki. Elle lui lança un regard attendri, finit de préparer ses affaires, et fila à la douche. L’eau chaude sur son corps lui procura une sensation de bonheur incomparable. La vie résidait véritablement en ce fluide. C’était plus que sûr, elle le savait. Elle réfléchit à comment elle réagirait en rencontrant des shinobis de son pays, et comment eux réagiraient. Techniquement, étant capable d’utiliser du Ninjutsu, elle était elle aussi une ninja. Mais elle n’était pas rattachée à un village, elle allait comme bon lui semblait, comme les Nukenins. Et tout le monde savait que les Nukenins n’étaient pas toujours les bienvenus dans les villages ninjas. Encore une fois, elle remettait cette question à plus tard, elle n’allait pas se gâcher le sommeil avec une question pareille. Elle devait profiter pleinement de sa dernière nuit dans ce village. Elle verrait bien la suite après. Une fois sortie de la douche, en tenue du soir, elle se blottit dans son lit en faisant attention de ne pas réveiller son petit camarade. Celui-ci, endormi, eut tout de même le réflexe d’allonger sa patte en direction du nez de la jeune fleur, qui vit son visage orné d’un tendre sourire. Elle s’endormit quelques minutes plus tard, rêvant de toutes les richesses que le monde pouvait lui réserver. Tout ce qu’elle allait pouvoir faire et accomplir en parcourant le monde. Tout cela allait vraiment être un merveilleux voyage.

Le lendemain, elle fut réveillée par les premiers rayons de l’aurore, et elle se redressa pour admirer à la fenêtre le village qui se réveillait doucement. Les marchands ouvraient leurs boutiques, les pêcheurs matinaux rentraient au port, les barques et bateaux pleins de poissons frais et juteux. Le marché commençait à s’établir sur la place, et les premiers clients semblaient déjà affluer. Elle se demanda brièvement comment ce phénomène se représentait dans les grands villages. Mais elle estima aussi que ce réveil était bien trop tôt, aussi se replongea-t-elle dans ses draps pour dormir encore un peu. L’Aurore aux doigts roses avait commencé sa valse avec Amaterasu, qui émergeait de sa grotte dans un flux de rayon dorés, offrant à qui était debout un spectacle magnifique. Le ciel se teintait de nuances de miel et de d’océan alors que les nuages blancs de la Dame de glace reflétaient encore la couleur féminine, et semblaient être des amas de coton colorés voguant sur une mer de sucre d’or. Mais la jeune femme ne manquait que ce qu’elle avait vu par mille fois auparavant. Et ne pouvait donc ainsi pas réellement regretter de ne pas admirer pareil tableau.

Elle se réveilla enfin aux alentours de dix heures, avec une tête zombifiée et une explosion capillaire qui firent bondir Kumo hors du lit lorsqu’il ouvrit à son tour ses paupières. Un passage à la salle de bain était nécessaire, vital, et urgent. Une bonne demi-heure après une préparation méthodique, Tsubaki ressortit pleinement éveillée, habillée de sa tenue hivernale, et prête à partir. Le chaton courut entre ses jambes pour que sa maîtresse le porte quelques instants dans ses bras, ce qu’elle fit avec un immense plaisir. Après cette étreinte, la jeune fleur descendit régler la note de son séjour et prit le départ pour Kumogakure No Sâto. Si jamais elle se dépêchait, elle pouvait arriver à Raigeki avant midi et atteindre le village caché à la tombée de la nuit. Elle attacha le félin dans son harnais, et déterminée à faire le trajet en une journée, s’élança en direction du Sud.

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