La mémoire défaillante, je ne parvenais plus à me souvenir des raisons qui m’avaient poussée à rejoindre un village ninja. Ces quelques dernières semaines passées à Kumo me faisaient de plus en plus douter du devoir qui m’incombait, et encore plus vis-à-vis de ce monde qui me paraissait de plus en plus sombre, chaotique. Une nouvelle vision des choses m’était apparue, je comprenais maintenant que je ne faisais absolument pas le poids, je n’arrivais pas à la cheville de la plupart des Kumojin, j’étais faible. Ces derniers temps au repos me permirent de faire quelques recherches, de me remémorer certaines choses et non sans mal. J’avais pu me souvenir d’un passé lointain avant Kumo, avant le dojo. J’avais une famille quelque part à Kaminari, elle s’occupait de l’élevage d’animaux, enfin tout ceci était encore un peu vague. Cet endroit que j’avais quitté, finalement, était la meilleure place que je pouvais occuper ; et ce serait aussi le meilleur endroit pour me souvenir de tout ce qui s’était passé, du pourquoi du comment et peut-être de comprendre la raison de ma présence dans ce village.

J’avais alors rejoint les portes du village, et les franchissais sans prendre garde des hommes postés là. Il faisait nuit, ce moment de la journée me semblait le plus propice pour quitter le village des nuages. L’un des chuunin en poste interrompit ma marche presque immédiatement, me demandant où j’allais, ce que je faisais. Je l’observais quelques instants et me rendis et lui expliquais tant bien que mal. Evidemment je mentis pour parvenir à mon objectif : m’en aller. Il fut un peu surprit, mais mon explication tint le coup face à ses questions, et finalement il m’autorisa à sortir du village, en me souhaitant même une bonne route. J’espérais moi-même que mon voyage serait simple, sans encombre. Bien sûr je ne lui avais pas dit que je partais pour rejoindre ma famille, et que je ne souhaitais plus être une Kunoichi. Je savais très bien que mon départ serait apparenté à une désertion, et qu’on tenterait probablement de me retrouver. J’aurais pu demander l’autorisation du Raïkage, mais je n’avais pas de temps à perdre en attente d’autorisation, je devais agir par moi-même. Je me retournai un dernière fois, et partis.

Maintenant, j’étais assez éloignée du village, la lumière des portes n’était plus qu’une faible lueur au loin jusqu’à ce qu’elle ne disparaisse au détour d’un virage à flanc de montagne, voilà, je foulais le sentier perdu vers la vallée. Au moins trois jours de marche m’attendaient et ce sans compter sur la météo ou la présence, éventuelle, de quelques pillards et personnes malfamées. Malgré ma volonté à rejoindre mon petit village natif, je ne pouvais chasser de mon esprit le fait qu’en fait, j’abandonnais des camarades qui peut être avaient compté sur moi, mais enfin, ce n’était plus à l’ordre du jour, et vue mon activé des derniers jours, des dernières semaines… Je ne manquerai probablement à personne. Peut-être que dans mes souvenirs se cachaient d’agréables moments partagés avec certains d’entre eux, mais depuis ma sortie de l’hôpital rien ne m’était apparut comme tel. Alors, je ne regrettais rien, pour le moment.

Spoiler:

Le Seki la suivait comme son ombre. Sautant de toits en toits, aussi discrètement qu’il lui était possible le ninja d’élite la traçait comme s’il s’agissait d’une cible à abattre dans le plus grand de secrets. Par moments, il semblait au Seki qu’il s’agissait pour le compte du village, pour les besoins d’une de ces trop nombreuses missions qu’il avait accompli jusqu’ici. Un de ces types de missions qui se terminait invariablement par un bain de sang. Mais là, il n’en n’était rien. Il s’agissait tout juste d’un devoir, un des derniers que le kumojin pensait devoir à celle qui fut sa belle, à celle qui le resterait à jamais d’ailleurs. Ses pas foulaient les toits des habitations sur le sillage de l’ex kunoichi qu’il suivait. Presque chancelants, comme s’ils étaient à moitié paralysés par… l’émotion ? Ce devait être ça. C’était forcément cela. Ce nœud à la gorge, ce sentiment de malaise au cœur. Au fond de lui, le ninja d’élite ne souhaitait pas ce départ. Pour autant il n’avait rien fait pour dissuader l’ex kunoichi. Comment aurait-il pu ?

Les souvenirs de l’homme l’assaillirent au moment même où Hiryuu bifurquait sur la droite, cheminant sur une ruelle la menant droit aux portes. Setsu... Cest ainsi qu’elle l’avait appelé ce jour-là. Ce fameux jour où elle avait ouvert les yeux après tant d'heures de coma. Sa mémoire s'était retrouvée effacée jusque-là où débutait son histoire de kunoichi. Voilà les fruits de sa grave blessure contracté à Tsuchi no Kuni. Hiryuu était-elle aussi mal à l’aise avec sa vie de soldate de Kumo jusqu’à subir un pareil choc psychologique ? Il fallait croire que oui. D’autres souvenir parvinrent à l’esprit du Seki. Ceux-là étaient liés au jour où Zennosuke avait appris à sa belle qu’il était promu Jônin. Elle semblait contente pour lui, sans plus. Mais rien, aucune lueur dans ses yeux, aucun de ses gestes n’avait permis à Zennosuke de pouvoir appréhender une quelconque envie de sa part de parvenir un jour à ce grade qui était devenu le sien. Devenir kunoichi, au fond, Hiryuu n’en avait cure, pas plus que de devenir Jônin. Son amant l’avait su, il l’avait compris ce jour-là, après une malheureuse tentative de la raisonner, de la booster. Comment être motivé lorsque la chose que nous faisons au jour le jour ne nous intéresse pas, lorsque nous suivons une destinée qui ne nous passionne pas ?

Hiryuu, à travers ce choc psychologique avait trouvé le moyen de faire table rase de son passé récent, de sa vie de ninja pour pouvoir se donner la chance de vivre tel qu’elle l’avait toujours souhaité au fond : loin de tout ce chaos. Le jour même où elle avait appelé Zennosuke « Setsu » ce dernier avait compris que son temps était passé, que son histoire avec Hiryuu était terminée. La page était tournée en même temps que celle de sa vie de Kunoichi. Aussi difficile que cela pouvait être, Zennosuke préférait mille fois cette situation à la mort d'Hiryuu.

Aujourd’hui, plus par gratitude, plus par amour qu’autre chose, il souhaitait veiller au bon départ de celle qui fut et qui resterait pour toujours SA belle comme il aimait l’appeler affectueusement. Un amour, un vrai, ne disparait jamais dit-on, Zennosuke aurait tout le reste de sa vie pour tester la valeur de ce dicton.

Alors qu’Hiryuu était parvenu aux portes, un Chuunin s’empressa de se poster devant elle. Un garde. La questionner, lui demander son autorisation de sortie, tel était son but. Le ninja ne faisait que son travail. Il était un de ceux du style zélés, appliqués à la tâche, peut être trop. Tandis que le dialogue se poursuivait tant bien que mal et que la kunoichi tentait de répondre aussi bien qu’elle le pouvait, le Seki crut bon de lui apporter un discret coup de pouce.

*C’est Seki Zennosuke qui te parle. Regarde à 09h derrière le clocher tu me verras… Je me porte garant d’elle. Laisse-la partir.*

Le Chuunin avait compris, il avait vu le membre du Satoru. Tout de suite après, il s’écartait laissant la jeune femme disparaître au bout du sentier perdu. La suivre ? Pourquoi faire ? Du moins physiquement, c’était inutile. Des mudra, un oiseau de chakra de petite taille dotée de la vision du 3ème œil fut créé. L’oiseau s’éleva dans les cieux de façon à pouvoir pister discrètement Hiryuu jusqu’à l’endroit où elle déciderait de s’établir. Respecter son départ, sa retraite, Zennosuke était bien d’accord. Seulement pour lui-même, il avait besoin de s’avoir où Hiryuu s’établirait.

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