UNE SEMAINE PLUS TÔT

« Le seigneur va vous recevoir. »

Les portes devant moi s’ouvrent dans un bruit sourd et la lumière pénètre violemment dans l’antichambre où je me trouve. Quelques secondes je suis ébloui mais je fais un premier pas en avant pour continuer jusque dans la salle à laquelle j’ai maintenant accès. Je m’avance lentement, d’un pas félin et me place à quelques mètres en face du seigneur du pays des oiseaux qui, debout devant son trône, me dévisage du regard. Quelques secondes passent pendant lesquelles ni lui ni moi n’ouvrons la bouche. Il me juge des yeux, soupèse la force qu’il pense que je possède. Il n’a pas l’air particulièrement enthousiaste de se retrouver devant un jeune homme en fin d’adolescence.

« Katano Yusuke, vous m’avez l’air un peu jeune pour être celui qui a su mettre son nom sur toutes les bouches du monde.»

Je le regarde pensif, il me trouve trop jeune, c’était couru d’avance. Je soutiens son regard d’un air neutre. Nul besoin d’argumenter, nul besoin de s’énerver ou de chercher à se justifier, je ne suis pas là pour ça. On m’a fait quérir alors je suis venu, il n’y a pas plus simple comme situation. Et si mon physique ne plait pas au seigneur du pays des oiseaux alors je repartirais sur le même chemin que j’ai emprunté pour entrer.

« Mais je suppose que vous ne seriez pas qui vous êtes si vous n’étiez pas un peu spécial. Dans le milieu, on m’affirme que vous êtes compétent.»

Je souris en coin, soutiens toujours autant son regard avec mes pupilles couleur océan. Je ne faiblis pas, c’est comme ça que se passent les négociations avec les gens peu honorables. Ce n’est pas nouveau pour moi.

Soudain il sourit et éclate de rire, il me demande de me rapprocher et commence à m’expliquer la situation. D’après lui, je fus chaudement recommandé par certains de ses associés et je serais parfait pour m’occuper d’un cas particulier. Il en vient vite aux faits heureusement et j’apprends que ma mission consiste à éliminer un enfant. Le fils du seigneur du pays de la terre. Je ne suis d’abord pas très chaud à l’écoute des conditions mais les arguments en espèces de mon interlocuteur me font vite changer d’avis. Ce n’est pas que je sois particulièrement cupide mais mes projets futurs ont besoin de fonds important et ce genre d’investissement peut s’avérer très utile. L’entretien touche à sa fin et je tourne le visage vers mon employeur en arborant une expression de neutralité totale, presque macabre : le travail sera fait.

PRÉSENT

Je regroupe mes forces dans la forêt. Nous sommes en tout une petite quinzaine. Je les ai tous triller sur le volet, ils sont tous compétents et efficaces. Je les paye bien, ils font leur travail correctement, c’est comme ça que ça fonctionne. Pendant quelques secondes, je les fixe d’un œil inquisiteur. Je les observe longuement. Tous habillés de la même manière, il est impossible de les discerner. Je me racle la gorge et prend un ton autoritaire.

« Sur la route principale qui mène à la ville de Doa que nous venons de traverser se déplace le paquet que nous devons intercepter. Il s’agit d’un jeune garçon. Il est très probable qu’il soit lourdement escorté. Voilà pourquoi j’ai besoin que chacun de vous se donne à fond et ne fasse pas de pitié. Vous allez donc vous positionner tous dans les arbres autour du point que je vous ai montré tout à l’heure. Vous n’attaquerez qu’à mon signal ! »

Mes hommes font tous un oui de la tête et rompent le rang. Ils vont prendre position. Quant à moi, je me déplace des bois jusque sur la route et m’arrête en son beau milieu. Je regarde au loin. Il y a quelques voyageurs isolés, quelques hommes sur des chevaux, surement de gros bourgeois. Je reste immobile, faisant un peu peur aux passant dans mon accoutrement. Toujours habillé de mon éternelle tunique noire avec mes deux sabres pendant de ma ceinture, je ne suis pas exactement le modèle de sécurité dont le civil moyen rêve. Mes homme sont tout autour de moi, cachés dans les arbres, prêts à se lancer dans une attaque sanglante sur n’importe quel passant, il ne faut pour cela qu’une chose : que je donne le signal.

De longues minutes passent et les voyageurs se font de plus en plus nombreux. Heureusement pour moi, il est aisé de se rendre compte qu’il n’y a personne transportant un enfant parmi eux ou rien qui laisserait prévoir qu’il s’agit d’une escorte. Cependant, ma patience est finalement récompensée lorsque je vois arriver au loin une sorte de convoi. La route est assez large et ce dernier en prend toute la superficie. Je dénombre au moins trois attelages différents, il y en a peut-être plus derrière. Je fais un signe dans les airs avec mes mains, signifiant à mes sbires de placer le piège de feu. Je sais alors qu’ils sont en train de s’assurer qu’en moins d’une minute, ils pourraient mettre le feu aux arbres entourant la route devant moi.

Le convoi continu sa progression jusqu’à arriver à quelques mètres de moi. Je demeure immobile sur sa trajectoire et celui-ci s’arrête. Je sens alors comme un vent glacial traverser mon corps. Je sens que c’est bel et bien ma cible… Je ne fais rien pourtant. Pas de signe à mes sbires ni de geste hostile. Je me contente de rester debout au milieu de la route, empêchant les trois chariots de passer. Je sens que quelqu’un s’approche…

Spoiler:

C’est un moment exquis, je trouve. L’instant qui passe juste avant le début des hostilités. Le piège de feu est en place, les arbres autour du convoi se sont mis à brûler. Il n’y a plus d’issus par les bois pour les pauvres gardes qui s’agitent devant moi et qui, surement sous les ordres d’un général quelconque, se placent en position défensive. De ma position, je baisse les bras et je souris. J’ai toujours ma capuche rabaissé sur ma tête et mes adversaires n’ont aucune idée de ce qui les attend. Je sens que mes hommes ont soif de sang. Mais il faut attendre, je ne souhaite pas verser le liquide rouge inutilement. Si je peux l’en empêcher, je le ferai. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas encore dégainé alors que je me tiens prêt au combat. Pour le moment, mon attitude n’a rien d’hostile et je ne vois pas pourquoi ces sous-fifres s’agitent comme des mouches juste à cause d’un peu de feu. Mes hommes quant à eux, sortent petit à petit de la forêt et s’avancent vers le convoi pour ne s’arrêter qu’à quelques mètres. Ils ne bougent plus. Ils ont reçu l’ordre d’attendre mon signal.

Il est maintenant temps de se mettre en action. Je commence à avancer. Un pas puis un autre pour que la suite s’enchaine. J’arrive à quelques mètres du premier garde qui me menace de sa lance tout comme les trois autres qui se tiennent à ses côtés. Je ne dégaine toujours pas. Je m’arrête, suffisamment loin pour être imperméable à ses balayements d’arme dans le vide et prend une lourde inspiration. Tout mon corps se soulève et je me mets à parler d’une voix si puissante et forte que l’on doit m’entendre même à l’arrière du convoi.

« Que le chef de cette expédition se présente devant moi et pour le moment, personne ne sera blessé, que ce soit dans un camp ou dans l’autre. Je veux simplement parler!»

Voilà, rien de plus. Je n’ai pas besoin de plus. Parfois il faut savoir faire preuve de diplomatie. J’aimerais autant que cette histoire se règle par de simples mots et que le garçon me soit livré sans encombre. Malheureusement j’ai le sentiment que ce ne sera pas si simple cette fois. L’affrontement est inévitable. Je le sens, le pressens. Ton mon corps semble être appelé par le combat à venir. Comme si mon âme se réveillait soudain, je sens le monstre en moi qui grandit. Si jamais combat il doit y avoir, il veut en faire partie. Il veut se battre. Qui suis-je pour lui dire non et pour l’en empêcher. Cela fait si longtemps que je n’ai pas laisser mon côté obscur s’abreuver du sang de mes ennemis.
Devant moi, les gardes arborent une expression d’incompréhension et de colère. La chaleur qui entour les lieux fait bouillir leur sang, je le perçois dans leurs yeux. Soudain l’un d’entre eux se jette sur moi et tente de m’asséner un coup de lance, je l’esquive sans aucun problème, me saisis du bois de la lance et le pousse vers son abdomen. Le pauvre se cambre et je le frappe du bois de l’arme. Il s’écrase au sol dans un râle et me lance un regard perçant. De l’ombre de ma capuche sortent alors mes deux billes bleues qui le traversent du regard et je prends mon ton le plus autoritaire pour le mettre en garde.

« J’ai dit que personne ne serait blessé avant les pourparlers. Je n’accepterais pas une autre attaque. Si tu veux rester en vie encore un peu, tu te tiens à carreau ! »

Je balance la lance loin derrière moi et le garde se relève pour se remettre dans le rang. Il dégaine alors une dague qu’il tient baissée vers le sol. Il a comprit la leçon.

Soudain je sens quelque chose. Quelque chose qui se rapproche, quelqu’un. Une présence que je connais, qui me semble familière. Pas suffisamment pour que je la reconnaisse mais je sais au moins que j’ai déjà eu affaire à cette personne. Elle se rapproche. Je vais enfin faire la connaissance de celui qui dirige cette expédition. Si c’est un homme sensé, il ne cherchera pas la voie du combat. Mais bon dieu le démon en moi frappe du plus en plus fort !

Spoiler:

Le garde a bien compris qu’il ne sert à rien de tenter de jouer au plus malin avec moi. La différence de niveau est flagrante et jamais, au grand jamais je ne me ferais prendre de vitesse par un soldat de seconde zone. Il recule de plus en plus sous mon regard perçant. La présence que j’ai ressentie cependant se fait plus pressante et avance toujours. Soudain une silhouette sort de la foule de garde. Cette silhouette s’avère être celle d’un individu que je connais bien. Il se rapproche et se place devant moi. Il ne me regarde pas en premier lieu, se contente de lancer un regard particulièrement meurtrier à l’un de ses sujets. Je comprends pourquoi il le fait. Si l’on ne sait pas tenir ses hommes, à quoi cela sert-il d’en avoir à ses côtés.


Mais je me rends compte que je n’ai pas encore révélé l’identité de celui qui se trouve en face de moi. Pourtant, il s’agit d’un homme que j’ai connu il y a cela bien longtemps et que je n’ai jamais pu me résoudre à oublier. Si mes souvenirs sont bons, il m’avait fait sortir de son bureau de manière assez violente la dernière fois que nous nous sommes croisés. Kakeshuou Samui… Le vieil homme… le régent du pays de la neige. Bien des pluies sont tombées avant que je ne le retrouve. Bien des neiges sont devenues des lacs. Je ne l’ai pas revu depuis le shukai et là encore, il n’avait pour moi qu’une profonde aversion et un dédain des plus total. Mais maintenant je me retrouve en face de cet homme qui toute ma vie n’a vu en moi qu’un criminel et un vaurien. L’un des personnages qui a contribué à faire de mon nom  un synonyme de mal. Le vieil homme n’a jamais cherché à me comprendre et pas à un moment il n’a essayé de se montrer courtois. Ce doit être le vieil âge qui lui donne ce côté aigris et impertinent. Mais je n’ai que faire du temps qu’il a passé sur cette terre. Je ne me sens pas plus concerné que cela par un respect supposé que je devrais avoir. La maturité d’un homme ne se calcule pas en année mais en douleur.


J’écoute le discours du vieillard. Je n’aime pas ses paroles. Il se fiche de moi. Il pense pouvoir me berner mais même si sa ruse est bien pensée, il y trop d’indices qui vont à contresens de son affirmation sur le fait que son convoi transporte des armes. Tout d’abord, le blason du pays de la terre sur les armures de ses gardes. Un signe bien clair que ces hommes sont en mission officielle. Ensuite, mon employeur m’a bien précisé que le convoi sera surement hautement gardé et probablement par un membre du Shukai. Rien que ces deux informations suffisent à me faire douter du bien fondée des affirmations de mon interlocuteur.


Je prends une profonde inspiration, le vieillard me fait comprendre qu’il n’est pas disposé à attendre éternellement. J’adhère à son point de vue, je ne suis pas non plus friand des choses qui s’éternisent. Je prends donc une décision. Kakeshuou m’a menti et va certainement jouer le jeu jusqu'au bout. Mes hommes ne pourront pas rester près des flammes trop longtemps et de toute manière, j’ai le sentiment que nous allons obligatoirement passer par là. Certes, j’aurais pu attaquer directement et profiter de l’effet de surprise mais je ne suis pas ce genre de soldat. J’aime avoir mon adversaire devant moi, un face-à-face comme on en fait plus de nos jours. Voilà pourquoi je respire une dernière fois avant de poser rapidement la main sur mon premier sabre et d’exécuter ma technique de kenjutsu favorite. Une seconde s’écoule et je me retrouve dans le dos du vieillard, le blanc de ma lame à l’extérieur et se bronzant sous les rayons du soleil. Le bruit assourdissant de l’acier qui sort d’un fourreau constitue le signal d’attaque pour mes soldats qui directement se lance dans une offensive effrénée prenant de cour les gardes qui sont toujours en face de moi et ceux tout autour du convoi. Les bruits d’armes s’entre choquants fusent et je suis maintenant libre d’affronter librement mon adversaire. Je me retourne en me redressant et regarde mon ennemi de toujours.


« On peut commencer maintenant, il n’y a que vous et moi ! »


Ma capuche est retombée sur mes épaules et ma crinière blonde s’est libérée d’un coup. Je sens le vent de l’excitation passer dans mes mèches. Mon cœur est plein de cette rancœur noire qui me servira peut-être d’arme. Je ne sais pas encore si je ferais bien d’utiliser le côté obscure à mon avantage dans ce combat.

TON PÈRE:

Le vieil homme, avec un soldat de sa trempe au cul, je ne peux pas me permettre la moindre erreur. Aussi vite que je le peux, je crée un troisième œil que je situe à quelques mètres au-dessus de nos têtes. Pas assez haut pour ne pas voir tout en détail mais suffisamment pour empêcher mon adversaire de s’en rendre compte. Mieux vaut avoir une vue panoramique si je veux pouvoir rester en vie. On ne fait que trop facilement une erreur lorsque l’on ne possède pas une vue d’ensemble. J’ai donc bien rapidement une vue aérienne de la situation et, avec ma vision normale toujours centrée sur mon ennemi du jour, je remarque qu’il pose avec violence ses deux mains au sol. Visiblement je ne l’ai pas suffisamment amoché puisqu’il a l’air d’en vouloir encore plus. Je reste calme mais en position de défense. Soudain, de ses paumes posées à même la terre s’étend de la glace en quantité. Je connais cette technique et pour avoir combattu Yuki à plusieurs reprises, je sais à quoi sert cette étendue. Propices aux techniques du clan Samui, il va tenter d’utiliser ce nouvel avantage sur le terrain pour m’attaquer de tous les côtés, je dois me montrer prudent.

Mon œil a toujours une vision globale du terrain et m’avertit d’un danger lorsque derrière moi s’élève en une fraction de seconde une énorme sculpture. Je n’ai qu’une seconde pour réagir mais heureusement pour moi, je ne me fais pas aussi vieux que mon adversaire. Aussi vite qu’il est humainement possible de le faire, j’effectue mes mudras tout en me retournant et crache de l’eau en quantité entre moi et la sculpture aux allures de panda qui balance puissamment son bras vers moi. Le choc est puissant, je suis projeté sur quelques bons mètres avant de me réceptionner sur mes deux jambes grâce à l’adhésion de chakra. J’ai mal au coude avec lequel je me suis protégé de l’impact mais il s’agit plus d’une blessure superficielle qu’autre chose. Mon regard se plonge à nouveau dans celui du vieil homme. J’y vois la haine qu’il a pour moi et tout son mépris. Cela me rempli d’une colère noire, une haine plus puissante que ma fureur s’empare de mon corps je commence à ressentir le besoin inassouvi de contact.

« Je ne vais pas me laisser faire ! »

Je balance cette phrase tout en explosant les deux premiers verrous psychiques d’un seul coup. Le chakra qui fuse en moi à cet instant est considérable mais je ne compte pas m’arrêter là ! Je fonce sur mon adversaire avec une seule envie en tête : m’en débarrasser. Au taijutsu, je suis sûr d’avoir au moins une égalité avec lui au niveau de la puissance. Je me jette sur lui et en bondissant, effectue une rotation dans les airs et frappe de toutes mes forces le bras du vieux tenant le sabre. Je termine cette offensive en passant derrière lui et en slidant sur la glace. A une bonne distance, je suis plus à même de voir venir ses offensives.

Mais maintenant que mon attaque a pris fin, je commence à me demander, qu’est ce qui me motive tellement à vouloir en finir ? Est-ce la peur, est-ce la douleur ou la haine ? Au fond, je crois surtout que c’est l’adrénaline que me procure un tel combat. Déjà une fois le vioc m’avait foutu au tapis, je ne l’ai pas bien encaissé mais au fond, j’aime le fait de me battre contre un type aussi puissant. Après tout, la puissance du vieil homme est reconnue dans le monde entier. La mienne aussi mais je n’ai pas vraiment su faire mes preuves. Et bien que ce combat soit peut-être le dernier de ma vie, je ne peux m’empêcher de me sentir bien. Bien dans ma haine et dans ma colère, mes yeux exorbités de sensations noires révèlent mon état d’excitation. Un sourire s’imprime lentement sur mon visage tandis que je prépare ma prochaine attaque…

"Faisons de ce combat une explosion de puissance!"

Ta soeur!!!:

Je suis particulièrement doué pour me mettre dans des situations difficiles et pourtant, je suis toujours vivant. Peut-être est-ce mon destin. Me foutre dans la merde encore et toujours et espérer bêtement que je finirais par mourir. On ne dirait pas pourtant en me voyant mais la mort ne serait pas un gros problème pour moi. L’occasion de pouvoir enfin me reposer. Pouvoir enfin me dire que toutes les douleurs de ma vie sont terminées et que je vais pouvoir rejoindre mon maitre là haut. Bon, ce n’est pas comme si c’était ma femme ou quoi que ce soit mais il est la seule personne qui ait compté pour moi et qui soit morte avant moi. Sur cette terre il y a encore Yuki, Goren et Oniri. Mais je m’égare et mes pensées vont trop loin par rapport à la situation présente.

Mon coup détruit une structure de glace. A croire que le vieux ne se bat qu’avec ses sculptures de minéraux. Je tente de me réceptionner au sol mais je remarque au dernier moment des piques imposants qui pourraient bien abimer mes jolis pieds. En prenant appui sur la lame de mon sabre que j’enfonce dans la glace, je m’écarte et prend mes distances. Je n’aime pas devoir m’éloigner de mon adversaire. Je suis un soldat qui aime le corps à corps et qui peut se complaire dans son exécution. Mais ça le vieux ne le sait que trop bien, il va tout tenter pour me garder à distance, du moins j’en ai le sentiment.

J’ai ouvert les deux premières portes et déjà je sens mon chakra qui s’envole, si je veux pouvoir continuer le combat, il va falloir me donner à fond. Pour cela, qu’importe les dégâts occasionnés par les portes sur mon corps, il faut que je détruise mon adversaire tout simplement. Pas d’autres choix. D’ailleurs ce dernier ne reste pas inactif. Je le regarde avec insistance et remarque qu’il commence à se recouvrir d’une armure de glace. Le vieux va m’attaquer de front et profiter de mon incapacité à le toucher pour faire le plus de dégâts possible. Je commence à comprendre sa stratégie. Clairement, je suis dans une mauvaise posture…

L’armure de glace a pratiquement terminé de recouvrir le corps de mon adversaire. De mon côté, je sais ce qu’il me reste à faire. C’est un combat à celui qui se dévoilera le plus. Celui qui brûlera son chakra le plus rapidement pour asséner le coup fatal à l’ennemi. C’est la seule solution si je veux rester en vie et remporter cet affrontement. Mon adversaire est plus vieux, il a certainement plus d’expérience que moi. Me jeter corps et âme dans la bataille en dépit de tous mes sacrifices est ma seule option. Le vieux est prêt à attaquer et j’ouvre la troisième porte, ma peau vire au rouge et mes pupilles disparaissent pour laisser place à des yeux totalement blancs. Kakeshuou fonce vers moi, l’arme au poing. Je suis prêt à l’accueillir. D’un simple mouvement j’esquive son attaque et donne un puissant coup de pied sous son menton le projetant en l’air. Tout en le rejoignant, j’ouvre la quatrième porte céleste. Ma puissance et ma vitesse ont décuplé, je suis maintenant apte à l’écraser ou tout du moins lui infliger des dégâts. Ainsi je passe sous on dos comme une feuille morte et enroule mes chaines autour de son corps trop imposant par la glace. La chute n’en sera que plus mortelle. Je tournoie dans les airs avec mon vieil ami et je le laisse s’écraser au sol. Je finis à quelques mètres, prenant à nouveau moi-même mes distances et m’apprêtant à finir ce combat. En effet, même si l’attaque est puissante, je ne me fais pas d’illusions, il en faut plus pour venir à bout de l’empereur des glaces. Mais je suis prêt à présent.

"Allez, donnons nous au maximum!"

Ta BI*E:

Je l’ai touché… je ne sais pas pourquoi je suis surpris. Certes, l’attaque n’a pas été indolore, en le frappant sous le menton, j’ai entaillé mon pied. Il ne s’agit pas de quelque chose de particulièrement grave mais tout de même, c’est une blessure de plus. Je suis toujours en face de lui, prêt à en découdre. Nos regard pendant une demi seconde se croise. Je repense à tout ce que j’ai traversé alors que je me trouvais à Yuki no kuni, dans sa demeure. Il était alors empereur de son île. Il y avait d’ailleurs de problèmes politiques à Kiri à l’époque. Un conflit entre les manipulateurs d’ossement et de la neige. Le vieux s’en était occupé. Non… au fond le vieil homme est un homme bon, il respecte l’ordre et les fondements de sa société. Selon un certain point de vue, mon adversaire est un exemple. Selon un autre, il est une cible à abattre car il pousse le monde à demeurer aveugle de son propre mensonge. Il pousse le peuple à se complaire dans une existence factice. Il essaye de modeler un univers où régneraient l’ordre et la hiérarchie. Mais l’homme n’est pas fait pour ça, pas tout en tout cas. Je l’ai trop souvent remarqué, le cœur des hommes appelle l’anarchie et le chaos plus que de raison. C’est triste mais c’est la nature humaine. Et je me suis choisi comme dieu de ce carnage à venir…

Le vieux recule d’une dizaine de mètres et le brouillard très vite se lève. Un sourire s’affiche sur mon visage, je possède exactement la même technique. Je sais donc exactement comment régler ce souci de visibilité. Je dégaine mes sabres et fais se disperser les cendres de l’un. Je peux alors ressentir tous les mouvements alentours comme si je les voyais. Tout cela grâce à la magie du chakra. Bien entendu les cendres sont à peine visible et dans cette purée de poix, autant dire complètement invisibles. Je perçois alors trois chakra différent. Le premier s’avère être celui du vieux, beaucoup plus puissant que les deux autres qui foncent sur moi à grande vitesse. Sentant l’embrouille, je place le manche de mon sabre dans ma bouche et rengaine l’autre. Je pousse mon chakra à exploser la cinquième porte céleste et je fonce sur les deux chakra avant qu’ils ne se séparent plus que cela. Juste à quelques mètres d’eux, je me projette sur ces deux créations de mon adversaire et, en supposant qu’il s’agit de glace, donne un violent coup dans ce que je sens se craqueler. Le coup crée une violente explosion d’air qui fait disparaître les deux sources inconnues de chakra.
Après coup, je me rends compte qu’il s’agissait de créature de glace. A cause du brouillard, je ne peux pas vraiment savoir de quoi il s’agissait mais tout de même, il semblerait que c’était des animaux… Mon attention est maintenant concentrée pleinement sur le vieil homme des neiges. Mes yeux dans sa direction, je m’apprête à m’élancer de toute ma vitesse vers ce que je pense être lui. Je le fais d’ailleurs, empli de toute la fouge et la stupidité d’un garçon de mon âge, il ne me faut quelques secondes pour arriver jusqu’à sa position et tenter de donner un coup de sabre dans sur mon adversaire.

Mes actions s’arrêtent là. Je ne me rends pas compte de la bêtise qu’il y a parfois dans le fait de s’élancer bêtement vers l’adversaire en ouvrant les portes célestes. Il me faudra à l’avenir –si je survis- faire beaucoup plus attention à comment j’utilise ce nouveau pouvoir…

Ton chat!:

Inutile de préciser de quelle manière je me suis moi-même empourpré dans ma défaite. Mais c’est malheureusement mon fardeau et toute la leçon du jour : la puissance ne fait pas tout, l’expérience joue un grand rôle également. Je suis en effet enfermé dans une prison aqueuse que le vieillard des glaces a déployée autour de moi avec le brio d’un soldat de sa trempe. Avec malice et ruse, il a su anticiper mon attaque et s’y préparer. Décidément, je ne suis pas au niveau question réaction et stratégie. Je regarde mon adversaire dans le blanc des yeux tandis qu’une fine couche Suiton nous sépare. Je vois dans les pupilles de l’empereur des neiges l’honnêteté qui fait tant défaut à ce monde. Il me jette un regard froid qui impose le respect. Ce respect que je n’ai jamais accepté de lui donner. En effet, je l’ai toujours considéré comme l’un des piliers du mensonge, un créateur d’illusion pour la population. D’ailleurs il n’y avait qu’à observer quelques minutes l’intérieur de son château pour s’en rendre compte. Mais ces yeux que je peux aujourd’hui regarder avec attention et sans baisser les pupilles, ils m’inspirent quelque chose de différent. Moins de mensonge, plus de réalité et de vrai. Peut-être m’étais-je trompé sur le compte du vieillard ou peut-être a-t-il simplement changé. L’un dans l’autre, mon adversaire a remporté ce combat bien que je ne doute pas qu’il soit aussi fatigué que moi.

Néanmoins je sais déjà que je ne pourrai pas continuer… le contre coup des portes me détruira littéralement.
Mon regard est aussi autoritaire que le sien. Ma capuche est baissée, je trempe dans l’eau comme un poisson enfermé dans son aquarium. Doucement je range mon sabre dans son fourreau. Je ne lâche pas mon assaillant des yeux mais il comprend bien ce que je veux dire. Le fait de ranger mon sabre, c’est tout un symbole. Je ferme les yeux comme pour acquiescer et les rouvre, ceux-ci étant plus doux, moins belliqueux. J’accepte ma défaite comme doit le faire un vaincu et je n’ai pas de soucis avec cette vérité là. J’ai perdu et le vieillard de Kiri a gagné. J’observe avec attention les réactions faciales de mon interlocuteur symbolique avant d’être pris de spasmes et de douleurs incontrôlables. Je souffre de tous les ports de ma peau et la douleur est telle que je manque de m’évanouir. Je lâche un cri dans la bulle d’eau mais cela n’a que pour effet de me faire avaler de l’eau. Le liquide s’infiltrant dans mes poumons, je perds connaissance.

Mes soldats sentent la diminution de mon chakra. Ils sont experts en sensorialité et je leur ai appris à faire bien attention à mon énergie en particulier. Ayant révisé le protocole précédemment, ils savent que lorsque mon énergie atteint des niveaux trop bas, ils doivent cesser toute activité et se lancer à mon secoure. C’est certainement ce qu’ils ont fait lorsque j’ai perdu conscience. Ils ont dû abandonner le combat dans la brume pour se diriger vers mon signal énergétique défaillant. Alors, ils n’auront trouvé qu’un corps à demi endormi sur le sol. Le vieillard aura disparu…
Je me réveille dans un campement que j’ai organisé avant l’attaque. Mes soldats sont disposés un peu partout. Quelques cris se font entendre. J’essaye de me lever mais la douleur est trop intense. J’appel l’un de mes sbires pour qu’il se rapproche de moi. Je lui demande combien de soldats adverse il reste et si ils sont prêts à repartir. Il n’a pas la prétention de questionner mon interrogation, il est entrainé à m’obéir. Il se contente d’établir des faits.

« Il doit rester cinq soldats à l’escorte de la cible, nous n’avons d’ailleurs nous même que 7 soldats valides. Nous pouvons partir quand vous le souhaiterez. »

Je prend un temps de pause, analyse la situation. Je ne suis pas en mesure de me déplacer pour le moment. En tirant mon bras vers l’avant je remarque une perfusion. J’interroge le soldat du regard. Celui-ci prend alors pour la première fois l’air inquiet.
« Madame Nozomie nous a appris comment soigner certaines blessures, parmi elles les effets des portes. Cette perfusion comprend une potion spéciale. Vous serez sur pied en un rien de temps. »

« Alors vous me transportez à Tori no Kuni… Très vite ! D’ailleurs deux d’entre vous partent en éclaireur rechercher ce qui reste du convoi et surtout Kakeshuou ! »

Ma voix s’était faite autoritaire en un rien de temps. Mes soldats se sont activés et m’ont placé sur un brancard. Ils m’ont alors soulever et on commencer à se mettre en route. Car oui, je refuse de terminer sur une simple défaite. Chaque affrontement est une expérience enrichissante et je compte bien m’entrainer encore un peu. Désormais, la question n’est plus d’honorer le contrat mais bien de s’engager dans un entrainement dont l’issu pourrait bien être la mort… Je deviendrais plus fort au contact d’un ennemi comme l’empereur des glaces… à la vanille !

Spoiler: