Un coup, rapide! Le bruit de la chair qui frappe la chair et les cris qui s'échappent d'une dizaine de gorges. Le goût du sang qui s'écoule dans la bouche puis la lèvre avant de finir par frapper le sol en gouttelettes régulières. Plop, plop, plop... Shinki observa un instant son sang se mêler au sable qui tapissait les lieux avant de secouer la tête pour se remettre les idées en place. Il lâcha un soupire suivit d'un crachat avant de se redresser pour toiser une nouvelle fois l'homme en face de lui. La foule qui croyait peut-être à l'abandon du jeune Akuzu reprit de plus belle ses encouragements barbares, encouragée par la promesse de sang supplémentaire et la poursuite du spectacle qui se déroulait sous leurs yeux.

Shinji essuya le fluide vital qui coulait sur ses lèvres d'un mouvement nonchalant de la main avant de se remettre en position de combat. Le gros homme en face de lui, alcoolique notoire et accessoirement forgeron, se rua une nouvelle fois à l'attaque pour décocher un coup de poing aussi brutal qu'étonnamment rapide pour quelqu'un de son gabarit. Mais si cette fois-ci encore le poing trouva la chair, il n'y eut pas le moindre bruit de choc. La peau du jeune shinobi enveloppa la main de son adversaire alors qu'elle s'enfonçait profondément dans son thorax sans le transpercer. Ceci marqua un temps d'arrêt au combat et l'adversaire de Shinji leva un regard où luisait la surprise.

- "Surprise!" lâcha le brun, un sourire mauvais aux lèvres. "Ouais je sais, je sais! Ça fait souvent cet effet-là la première fois. Et attends de voir la suite!"

L'Akuzu pencha la tête en arrière et son cou s'allongea sur deux ou trois mètres. Puis d'un mouvement rapide et à la manière d'un élastique tendu que l'on lâche, Shinki vint fracasser son front contre celui de son homologue. Le choc fut bien plus brutal qu'escompté et le brun tituba quelques instants comme s'il était ivre. Bon c'était plus ou moins le cas, d'accord. Mais n'empêche que ce type avait la tête plus dur qu'il ne l'avait pensé de prime abord. Pendant quelques secondes le colosse resta sur ses jambes et la foule retint son souffle jusqu'à ce qu'il tombe de tout son long par terre, soulevant un nuage de poussière et de sable lorsqu'il rencontra le sol.

*Ha mais putain ça fait mal!*

Il se pencha en avant quelques instants pour chasser le vertige qui s'était emparé de lui avant de se traîner jusqu'au petit bar qui prenait place dans un coin de la pièce. On lui remit rapidement le gain du combat, à savoir un maigre revenu par rapport au mal de crâne qu'il allait avoir pendant quelques jours. D'un autre côté c'était largement assez pour se payer de quoi boire tout son saoule. Il n'avait pas vraiment perdu sa soirée tout compte fait. Il échangea rapidement quelques pièces contre un bouteille d'alcool de cactus avant de se retourner pour s'adosser au comptoir. Après avoir prit une longue rasade de sa boisson et avoir lâché un petit râle appréciateur, il entreprit d'observer les personnes présentes. Surtout une jeune femme qui n'avait rien à faire là!

- "Celle-là, elle s'est à coup sûr trompée de chemin!" murmura-t-il, plus pour lui-même qu'un éventuel curieux d'ailleurs.

Néanmoins sa présence était plus que bienvenue puisque ce n'était pas souvent que des femmes venaient observer ces combats illégaux. Et les rares qui osaient quand même venir étaient généralement aussi larges que hautes, si ce n'est plus. Cette fille lui faisait penser à la grosse Hako. Sauf qu'elle était indéniablement plus jolie, n'avait pas de moustache et semblait autrement plus féminine.

*Mouais, tout compte fait elle n'y ressemble pas tant que ça...*

Les vêtements de l'intéressée laissait penser qu'elle était de haut rang social mais après tout impossible d'en avoir le coeur net sans lui demander directement. Et puisque Shinji avait déjà eu son combat et l'alcool qui venait le récompenser, il ne lui restait plus qu'à trouver la femme qui partagerait sa couche pour cette nuit. La sainte trinité, en somme! L'un n'allait pas sans l'autre et vice-versa. Quand on y pensait, ce n'était pas compliqué d'obtenir le bonheur...

- "Ha non mon pote, laisse tomber! L'est pas pour toi celle-là!" fit une voix dans son dos.

Shinji se retourna légèrement pour dévisager le barman, Jigorō. Ce type répugnant étant ce qui se rapprochait le plus d'un ami, il fit mine d'écouter ce que ce dernier lui disait avant de lui adresser un sourire carnassier:

- "J'suis prêt à parier que la dernière fois que tu as touché une femme je n'étais même pas né! Alors tes conseils, hein?" se moqua-t-il avant de reprendre une rasade d'alcool. "Et puis... j'aime les défis!"

Après un regard entendu à son "ami", Shinji s'écarta du bar pour contourner la foule qui observait un combat qui venait de débuter. Puis il se glissa à côté de la jeune femme avant de glisser son bras autours de ses épaules d'un geste tout sauf subtil. Et lorsqu'elle le remarqua - ce qui, bien entendu, ne tarda pas - il lui adressa un sourire éclatant, pas le moins gêné du monde.

- "C'est pas ce que tu crois, c'est pour assurer ta protection rassures-toi!" mentit-il avec le plus grand sérieux du monde. "Tu peux me remercier si le coeur t'en dis, te prive surtout pas hein?"

Ceci dit il posa l’œil sur le combat qui se déroulait en face d'eux et fit un bref mouvement appréciateur de la tête lorsque l'un des adversaires mis son homologue à terre.

Je n’avais pas pour habitude de fréquenter les lieux malfamés tels que les bars. Pourtant, lorsque j’avais appris que des combats clandestins se déroulaient dans ce dernier, je n’avais pas hésité une seule seconde a venir satisfaire ma curiosité.
En plus de nous faire assister a de la violence, le tout dans un esprit de combat adulé par un public en demande, le sang avait tendance à faire souvent son apparition. J’étais toujours en quête de nouvelles expériences pour découvrir le sang et ses aspects, à travers des situations toutes plus différentes les unes que les autres. C’est pourquoi, j’éprouvais une certaine excitation de me retrouver dans un tel endroit.

J’étais assise à une table, suffisamment proche pour ne pas perdre une miette du spectacle alors que deux combattants s’affrontaient sur le ring de sable. Les acclamations des spectateurs étaient telles que nous n’entendions pas les commentaires des participants. Ils étaient tout deux bâtis très différemment. L’un était plutôt carré et solide et l’autre, bien que bien bâti, semblait un peu moins robuste et venait justement de recevoir un coup qui lui fit cracher du sang sur le sol. Leurs expressions étaient avides de combat mais pas de hargne ou de vengeance comme il était habituellement le cas en situation d’affrontement. Tout ceci n’était qu’un spectacle dont le vainqueur remporterait une enveloppe : ils leur fallait donc avoir le dessus sur l’autre a tout prix mais sans mépris envers ce dernier.

Je ne connaissais pas les règles d’un tel combat mais visiblement, même les pouvoirs spéciaux de clan étaient autorisés puisque cet homme n’hésitait pas à user de son élasticité pour répliquer aux coups de son adversaires : un Akuzu. C’était, à ma connaissance, le seul clan capable de faire cela à Suna. Je ne connaissais personne de cette famille aussi, m’intéressais-je vivement à sa façon de combattre : cela pouvait toujours servir.
La façon dont il pouvait étirer son cou, ne faisant fit de ses vertèbres et autres, était remarquable : un véritable chewing-gum !
Le combat prit fin : laissant pour vainqueur celui qui pourtant, entre les deux, ne payait pas de mine. Encore une preuve que la condition physique n’avait rien avoir avec la puissance d’une personne. J’étais frêle et n’inspirais pas vraiment la crainte avec mon petit gabarit mais pourtant je savais être redoutable…

L’alcool coulait a flot dans le bar et les voix se montraient toujours plus gutturales et rocailleuses ainsi imprégnées d’alcool. Les spectateurs reprenaient leurs conversations : échangeant sur ce à quoi ils venaient d’assister alors que d’ici quelques minutes, de nouveaux candidats monteront sur le ring.
Je portais mon sirop à la bouche, ayant eu toutes les misères du monde à demander une boisson sans alcool… A croire que je leur demandais une chose inconnue ou exceptionnelle… Les railleries y avaient été bon train lors du passage de ma commande mais qu’importe. Je ne pouvais pas boire d’alcool de toute manière à cause de ma maladie sanguine. Mon sang s’altérait suffisamment vite par ses propres moyens, inutile d’y ajouter de l’alcool où je finirais sûrement propulsée sur orbite…

Je fus tirée de ma rêverie par l’homme élastique que je venais de voir combattre. Il me rejoignait à ma table, passant un bras autour de mes épaules. Je me crispais sous son accolade et son sourire des plus faux. Je ne détournais pas la tête mais le regardais en coin, lui intimant de retirer son bras vite fait : il ne bougea pas, prétextant que cela était pour me protéger.
Je piquais l’index de ma main droite avec la bague a pointe de mon pouce et fit rapidement léviter mon sang dans une liane qui lui emprisonna le poignet en guise d’avertissement. Je soulevais alors son bras hors de mes épaules et résorba mon sang dans la plaie de mon doigt, portant désormais ma tête et mon regard vers lui :

« Je n’ai pas besoin que l’on me protège. Et ce n’est sûrement pas un morceau de chewing-gum Akuzu qui m’y aiderait de toute façon…»

Ces paroles étaient amères malgré ma voix cristalline et mon regard noir exprimait clairement le fond de ma pensée. Je ne pouvais pas grand-chose contre un homme élastique, mais de la peau même tendue à l’extrême pouvait être sectionnée ou malmenée…
L’attention de l’homme se portait sur le nouveau combat qu’il admirait désormais depuis sa place de spectateur.

« Que fais-tu à ma table ? Je ne t’y ais pourtant pas invité il me semble ?! »

Je marquais une pause brève avant de reprendre :

« D’ailleurs… très douteuse l’attaque qui t’a permis de mettre ton adversaire K.O… Impressionnante mais pas beaucoup de sang… Décevant. »

Je soupirais et fermais brièvement les yeux.
J’étais venue pour m’en mettre plein la vue et baver sur le sang qui giclerait au rythme des affrontements endiablés mais il n’en était rien ! Je ne pouvais même pas me consoler en renouvelant mon sang avec l’un de ces énergumènes car c’étaient des barriques d’alcool ! J’avais vraiment perdu mon temps en venant ici… En plus de cela, toute l’ambiance ici était électrique…

« Pourquoi est-ce que j’ai l’impression d’être le centre d’intérêt de cet endroit ?! Je ne sais pas, ce n’est pas censé être un lieu de combat et illégaux en plus ? Pourquoi n’ont-ils pas les yeux rivés sur les matchs… »

J’avais beau balayé mon regard dans la salle, je ne voyais que très peu de personnes qui ne me portait pas attention…
Les seules femmes du bar étaient en train de jouer au billard et ne m’accordaient en revanche pas le moindre intérêt. Même l’un des hommes qui étaient en train de toucher l’arrière train de l’une de ses femmes imposantes semblait me reluquer… Je n’étais pas habituée à ça… D’ordinaire c’était moi qui jouais les prédatrices et regardais mes prochaines victimes comme mes proies alors pourquoi avais-je l’impression que les rôles s’étaient inversés ?
S’ils pensaient qu’ils l’étaient ils se trompaient lourdement ! La plupart d’entre eux n’étaient même pas shinobi ! Qu’ils essaient de s’approcher un peu pour voir, ils ne seraient pas déçus de leur visite…
Je reportais mon attention sur l’homme qui avait cessé un instant de regarder son combat pour m’accorder son attention. Au moins même si ses intentions n’avaient rien de différentes des autres, il ne laissait pas apparaître un filet de bave au coin de sa bouche, lui…

Les femmes étaient quand même vachement compliquées parfois. Ce fut la première pensée de Shinji lorsque la splendide demoiselle au teint morbide lui retira son bras des épaules à l'aide d'un filet de sang astucieusement enroulé autours de son poignet. Il adopta ensuite un air faussement vexé lorsqu'il se fit qualifier d'un sobriquet trop souvent utilisé lorsque l'on parlait des Akuzu.

- "Chewing-gum, chewing-gum..." répéta-t-il sur un ton léger. "C'est vite dit ça..."

Il se fendit ensuite d'un grand sourire quand la noiraude lui demanda ce qu'il faisait à sa table tout en précisant qu'elle ne l'avait pas invité. Shinji retrouva bien vite son sourire mi-insolent, mi-charmeur.

- "Je ne sais pas si tu as remarqué mais je suis un habitué et toi, ben... on va dire une curieuse en visite. Du coup tu peux encore t'estimer heureuse que je te laisse t'asseoir à ma table hein? Un jour ma bonté me perdra..." fit-il laconiquement.

Son sourire, il le perdit ensuite lorsque la curieuse en question en vint à parler du combat qu'il avait remporté quelques instants plus tôt. Elle qualifia carrément son coup de boule de... douteux. Le tout en ajoutant que la quasi absence de sang était décevante. L'akuzu tourna finalement son œil marron vers elle et haussa un sourcil, vexé malgré lui. Touché!

- "Ouais ben désolé hein? La prochaine fois je le découperai en morceau comme ça mademoiselle ne sera pas déçue! Ha, le public... Jamais satisfait!"

Shinji avait presque oublié qu'il savait bouder mais finalement c'était comme le vélo, ça ne s'oubliait pas ce genre de choses. Il croisa les bras et se renfrogna tout en observant d'un œil noir le troisième combat de la soirée qui s'apprêtait à commencer. D'un autre côté il était intrigué par le goût pour le sang que semblait avoir la jeune femme. Enfin tout compte fait ce n'était pas très étonnant pour une Ketsueki finalement, z'avaient toujours été bizarres ces gens-là. Mais venant d'un si joli brin de fille, c'était quand même limite glauque. L'intéressée parvint néanmoins à le dérider quelques peu lorsqu'elle lui demanda pourquoi elle était rapidement devenue le centre d'intérêt.

- "Il y a des combats tous les soirs ou presque ici. Les jolies filles, en revanche..." fit-il en haussant les épaules. "T'enflammes pas hein? Mais je crois que tu leur a tapé dans l’œil! Veinarde va!"

Il lui décocha un clin d’œil puis une tape amicale dans le dos avant de se rappeler que c'était une jeune femme et pas un des gros soiffards du coin. Il ajouta rapidement un "Oups, pardon!" un peu gêné avant de reprendre une gorgée d'alcool. Puis il hésita vaguement avant de tendre le pichet de terre cuite à sa comparse de - boisson? plaisir? galère? - boisson. Pour le moment du moins. Shinji s'étonnait parfois quand même. Il avait le don d'être attiré par les femmes les plus bizarres, celles qui dégageaient une aura sombre et ô combien sexy.

- "Allez, raconte-moi ce que tu viens faire ici pour de vrai. Il n'y a pas de conventions sociales ici, tu peux te lâcher! Tu es venu chercher un mec pour la nuit ou quelque chose dans le genre? Ou alors t'as passé une sale journée et tu as simplement envie de te changer les idées? Dans tous les cas tu es au bon endroit ma grande! Personne ne te jugera, c'est Débauche no Kuni ici!"

Après un énième sourire éclatant à son intention, il eut rapidement l'une de ses merveilleuses idées. Il leva un index comme s'il avait trouvé la solution à un problème super compliqué, tout fier de lui. Le jeune homme s'excusa un instant auprès de la demoiselle et rejoignit les responsables des paries pour échanger quelques mots avec elle. et lorsqu'il revint à la table de l'intéressée, il arborait l'air d'un abruti heureux tout à fait content de lui.

- "Voila t'es inscrite!" clama-t-il avec un enthousiasme évident. "Je sais que c'est souvent dur de faire le premier pas et toutes ces conneries alors du coup on gagne un peu de temps comme ça! Tu vas voir, tu vas aaadorer ça! C'est comme une drogue, l'adrénaline!"

Une grande clameur s'éleva de la foule lorsque le troisième combat prit fin. Deux gamins vinrent rapidement recouvrir le sable avec deux ou trois seau de sables supplémentaires pour mieux pomper le sang qui était à terre. Shinji observa quelques instants une dent sur le sol avec un vague intérêt puis reporta son attention sur sa victime du jour:

- "Hey en fait tu m'as même pas dis comment tu t'appelais maintenant que j'y pense! Moi c'est Shinji mais tu peux m'appeler Shin, Shi ou même Sh. Peu importe tant que c'est pas "chewing-gum". C'est quand même un peu réducteur je trouve, non?"

Ça pouvait sembler bizarre d'inscrire une personne à un combat sans connaître son nom, voir carrément incongru. Mais il y avait toujours moyen de se débrouiller et cela se confirma quelques instants plus tard lorsque l'affrontement suivant fut annoncé par Jigorō en personne depuis son bar.

- "Le combat suivant va bientôt commencer, les rebuts! Il opposera Risako la charcutière à une nouvelle venue! Je vous demande d'ailleurs de réserver un accueil chaleureux à la fille glauuuuuuuuuuuuuuuuque! Souhaitons-lui bonne chance!"

Des cris surexcités remplacèrent immédiatement l'annonce et les rares regards qui ne s'étaient pas encore posés sur la jeune femme convergèrent dans sa direction. Sentant bien la retenue de la noiraude, Shinji y alla de ses encouragements en tapant à rythme régulier son pichet sur la table. Le rythme fut repris par la plupart des personnes présentes. Faut dire qu'il y avait pas trop besoin de les pousser aux fesses aussi!

- "La fille glauque! La fille glauque! La fille glauque!" commença-t-il à gueuler pour l'encourager, aussitôt relayé par le reste des spectateurs.

Fallait savoir motiver les troupes!

Music ♫:

L'homme avait de bien drôle de manières... Il laissait clairement afficher qu'il n'était pas un habitant des quartiers rupins lui et son attitude de bourrin.
Lorsqu'il m'éclairait sur le pourquoi j'étais le centre d'attention je haussais un sourcil interrogateur. Venait-il de dire que ces hommes me reluquaient ? Qu'ils étaient intéressés par moi ? Mais pourquoi donc ?! L'Akuzu me caractérisait même de veinarde : était-ce une chance de savoir que tous les soûlards du coin désiraient m'attirer à eux ? Non pas vraiment...
L'homme me gratifia même d'une tape virile dans le dos et le regard noir que je lui lançais eu tôt fait de le raviser et de le faire s'excuser sur le champ. Il était vraiment sans gêne... Je suppose que c'était normal de trouver ce genre d'individus dans de tels lieux...
Je commençais sacrément à me demander ce que je faisais encore là et comment j'avais pu avoir la motivation pour venir assister à ces spectacles déplorables où ce mêlait légèrement sang et surtout vociférations de barriques à vins !

L'homme semblait rouler des mécaniques en ma compagnie : finalement il était bien comme tous les autres... il essayait simplement d'agir de façon plus subtil mais le but était le même.
Il me tendait son pichet d'alcool et je ne bronchais pas devant sa proposition : sans façon.
Puis vint l'heure des révélations alors qu'il me questionnait sur mes véritables motivations, dont moi même commençais à douter... Il me parlait même d'un homme pour la nuit et pensait définitivement que la chose qui m'avait amené ici était le sexe : perdu. Tout cela était bien futile ! J'étais animée par un désir plus grand : ma soif de sang ! Rien d'autre n'était comparable à cela et ce n'était certainement pas le sexe qui détrônerait ce délicieux nectar...
Je me rendais compte, depuis que j'avais rencontré Oniri, que les êtres humains donnaient l'impression de n'être intéressés que par cela ! Comme ci c'était le seul plaisir et bonheur qu'ils pouvaient s'offrir : quelle vie limitée !
Je ne comprenais pas non plus l'intérêt que portait Oniri pour cet échange charnel et j'espérais un jour y voir plus clair...

« J'étais venue pour me changer les idées et baver un peu... sur le sang versé bien entendu ! Mais je commence sérieusement à me demander ce que je fabriques encore ici... »

D'un seul bon, un éclair de génie lui passant visiblement par la tête, la boule de chewing-gum s'éloignait pour aller discuter avec d'autres personnes un peu plus loin. Je ne bronchais pas mais ne le quittais toutefois pas du regard : qui sait ce qu'il comptait manigancer... je préférais rester sur mes gardes.
Il revenait, un sourire hébété sur son visage, m'annonçant que j'étais inscrite. Je mis quelques secondes a comprendre ce à quoi il faisait allusion et lorsque je percuta, je le regardais, livide et amère. Il ne manquait pas de culot celui là ! Me voilà inscrite a un combat illégal sans même me demander mon avis ! Pas que cela me dérangeait de me défouler car après tout je commençais sérieusement à m'ennuyer ici mais je n'osais imaginer ce qui m'attendais si on apprenait que j'avais pris par à un match clandestin au sein même du village...

Je ne quittais pas le ring des yeux, m'imaginant là dans une poignée de minutes voir de secondes alors que l'autre idiot me demandait mon nom en me donnant le sien : Shinji. S'il pensait que ce qu'il venait de faire me conforterait à lui confier mon identité et à cesser de le comparer à une boule à mâcher il se trompait !
Soudain, le barman annonça le prochain combat opposant une certaine Risako la charcutière -rien que cela- à une fille glauque – je supposais qu'il s'agissait de moi -.
Tous les regards convergèrent dans ma direction, me confirmant mon surnom inapproprié. Je bouillais intérieurement mais n'en voulais pas vraiment a ce Shinji , après tout j'avais besoin de me défouler. En revanche, mon nom serait bientôt suspendu sur toutes les lèvres de ces ivrognes. Ces derniers tapaient tous du poings ou du pichet sur leur table, lancés par l'initiative de l'Akuzu. Que d'encouragements... Je ne devais pas décevoir mon public après tout je devais lui montrer ce que c'était qu'un combat somptueux et sanglant !

Je me levais et me dirigeais sur le terrain de combat, mes chaussures s'enfonçant dans le sable de l'arène. Je demeurais droite et impassible, le visage neutre, attendant ma prochaine victime. Cette dernière arriva, me dépassant d'environ deux têtes et frôlant le double de ma carrure. Elle souriait, visiblement choquée de n'avoir « qu'un insecte » à affronter alors qu'elle se penchait en position de combat. Pour ma part, je restais toujours en « i » , une esquisse de sourire mauvais et carnassier se dessinant sur mes lèvres.
La cloche retentissait et le combat démarrait.
J'ignorais tout des règles de ce genre de combats mais je me doutais qu'il était interdit de tuer son adversaire, dommage... J'allais devoir retenir mes coups... quelle frustration..

La bouchère se ruait sur moi tandis que je m'entaillais tranquillement la paume de ma bague, laissant apparaître un filet de sang immédiatement opérationnel. Il se mouvait selon mes désirs et j'avais bien envie d'entraver ses mouvements... Le filet se dédoubla depuis son point de départ, se séparant vers les deux poignets de mon adversaire pour l'immobilisée. Surprise, l'éléphante se débattait pour échapper à mon emprise alors qu'elle ne faisait que la resserrer de cette façon. De ma main libre, je m'entaillais les doigts d'où partirent plusieurs fouets de sang que je balançais dans sa direction, martelant sa chair et explosant celle-ci par moment sous l'effet de la vitesse d'impact. Mon sourire était mauvais et avide, j'aimais la voir souffrir et voir la peur qui se dessinait sur son visage en même temps que la colère.
J'avais l'avantage d'être shinobi, ce qui n'était visiblement pas son cas et sa carrure dantesque faisait d'elle une personne très lente.
Je rappelais mon sang à moi, la laissant libre de tous mouvements alors que ses bras possédaient déjà plusieurs blessures plus ou moins profondes. Elle balança son poing dans ma direction, que j'esquivais sans soucis, me glissant agilement dans son dos pour mieux l'entailler avec la dague de sang que j'avais formé depuis la plaie de ma paume, arrachant un cri de douleur à ma proie. Cette dernière se retourna brusquement tout en touchant du bout des doigt sa plaie ouverte et douloureuse bien que modérément profonde : je ne devais pas trop l'abîmer et souhaitais profiter encore un peu.
Cette Risako balançait ses coups vers moi alors que je les esquivais avec une rapidité consternante sous l'action de l'augmentation de ma pression sanguine. Je n'avais pas l'impression de combattre mais de danser...
J'entendais la foule acclamer ce nom douteux qui m'était attribuée alors que je préférais nettement celui que l'on m'avait assigné par le passé : « La faucheuse écarlate ».

Cette femme me faisait de la peine à s'agiter de la sorte et ouvrir ses plaies davantage de son propre chef, aussi la laissais-je m'approcher de plus près, créant un bouclier de sang de la taille de son poing devant ma paume pour l'arrêter. Après une dizaine de minutes à jouer à ce petit jeu, je décidais d'y mettre un terme. Créant une ultime liane de sang, j'attrapais sa cheville et tirais vers moi pour la faire basculer d'une chute dont elle ne pourrait se relever, ainsi fatiguée et allégée de plusieurs centilitres de sang. J'espérais franchement qu'elle ne se relèverait pas car j'aurais été obligé de l'amocher bien plus encore, non pas que cela me gênait mais je ne voulais pas avoir à utiliser trop de mon sang inutilement.
Les cris redoublèrent d'intensité alors que le barman annonçait ma victoire, me décrochant un léger sourire.
Sortant de l'arène, dont le sable n'arrivait plus rien à éponger rendant le sol spongieux, je me dirigeais vers ma table, gratifiant l'Akuzu d'un regard en lui disant :

« Yami... Pas la fille glauque. Yami. »

S'il souhaitait que je ne l'appelle plus par son surnom il faudrait qu'il en fasse de même. Les mains encore maculées de mon sang et de celui de l'autre, je m'évertuais a le retirer en faisant courir ma langue dessus, mes doigts et ma paume ayant été refermés sous l'action de la coagulation que j'avais déclenché sur mes plaies.

Lorsque le combat se termina, le silence laissa quelques instants place à l'agitation habituelle des lieus. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait une novice défoncer l'une des plus redoutables femmes - mouais, on va appeler ça comme ça - de l'arène. Et en plus la fille glauque ne semblait pas avoir triché ce qui rendait la chose encore plus intéressante. Le brun glissa deux doigts aux coins de sa bouche et poussa un sifflement appréciateur avant d'applaudir sans retenue la noiraude qui revenait à sa table. Elle ne manquait pas de style même si c'était sacrément glauque de faire mumuse comme ça avec du sang.

- "J'aurais du parier sur toi! Mais cinquante ryos c'est pas cher payé pour voir Risako prendre sa branlée, tout compte fait! Allez avoue: ça ta plu!"

Il lui décocha un regard malicieux et reprit une rasade d'alcool avant d'arrêter net son mouvement lorsque Yami commença à balader sa langue sur le sang qui maculait sa main.

- "Ça par contre, c'est dégueulasse!"

Quoique... On lui avait toujours dit qu'il ne fallait pas juger d'une chose sans en avoir préalablement fait l'expérience. Shinji posa son coude sur la table puis son menton dans sa paume et se pencha un peu plus vers Yami. Puis il allongea rapidement sa langue à la manière d'un caméléon pour venir laper d'un coup rapide l'index de la noiraude. Il avait déjà du boire des litres de sang ces dernières années mais c'était toujours le sien, celui qui s'écoulait dans sa bouche pendant les combats. Là, étrangement, en sachant que c'était le fluide vitale de quelqu'un d'autre, la réaction fut tout autre que ce à quoi il s'était attendu: il arbora tout d'abord un vague air serein puis ses joues se gonflèrent à la manière d'un crapaud refusant qu'on le bouffe avant de se pencher subitement sur le côté pour lâcher une crêpe monumentale sur le sol. Ha, le pouvoir de l'esprit sur le corps...

- "Je confirme, c'est carrément immonde! C'est vraiment un truc de cing... de Ketsueki, le sang!"

Ouais, il y avait pas besoin d'être un génie pour comprendre à quel clan la jeune femme appartenait! Par contre Shinji ne savait pas que ces psychopathes sanguinaires aimaient à ce point boire du sang. Il aurait du mieux écouter à l'académie pendant les cours sur Suna et les différents clans qui avaient rejoints le village... Mais bien loin de lui ôter l'envie de connaître davantage Yami, ça ne fit que renforcer l'attrait qu'il avait pour elle. C'était pas tous les jours qu'on trouvait une fille aussi jolie qu'énigmatique, après tout...

*Je suis irrécupérable...*

Le brun termina rapidement son pichet et fit un signe à Jigorō pour en commander un second puis il se pencha vers la noiraude, l’œil brillant.

- "Dis-moi ça t'arrive de te lâcher de temps en temps? Le prends pas mal hein mais on dirait que tu portes tous le malheur du monde sur tes épaules et la seule fois où je t'ai vu sourire c'était quand tu dégommais ton adversaire. Je suis pas le plus fin des psychologues, ça c'est sur. Mais je sais reconnaître le mal être, j'suis même assez doué pour ça vu les gens que je côtoie."

Shinji ne s'attendait pas vraiment à ce quelle confirme ou perde du temps à se justifier ou nier. Et puis de toute façon il avait déjà un avis très clair sur la question, quoique certainement faussé. Et puisqu'il était têtu et un fan invétéré des causes perdues, il lui tendit la main pour l'inviter à la prendre.

- "T'as aucune raison de me faire confiance mais j'aimerais que tu viennes avec moi! Je voudrais te montrer quelque chose. Je peux pas te promettre que ça te plaira mais ça ne te laissera en tout cas pas indifférente!"

Jigorō vint lui amener son pichet d'alcool ainsi qu'un second, rempli d'eau cette fois-ci. Shinji les saisit de sa main libre et les attira à lui avant de repousser sa chaise pour se lever. Plongeant son regard marron dans celui, écarlate, de la noiraude, il lui tendit avec plus d'insistance la main.

- "Qu'est-ce que tu as à perdre de toute façon, hein?"

Il se pavanait à mes côtés comme ci il était fière de ma performance, comme ci il était celui duquel je tenais mes aptitudes au combat ; comme un coach avec sa protégée...
Je souriais tout en léchant le sang de mes doigts alors qu'il me demandait d'avouer que tout ce manège m'avait plu. J'avouais m'être bien amusée et avait pris un réel plaisir à martyriser cette femme. Finalement je m'étais peut-être découvert un nouveau passe temps... Ma place n'était pas dans les gradins mais sur le ring : voilà comment je me régalerais du vrai spectacle en faisant couler le sang de mes victimes à ma guise ! Ce lieu de dépravés était un réel défouloir et un exutoire pour moi qui recherchait l'hémoglobine sans jamais pouvoir la verser entre les murs de Suna... C'était un bon compromis que de participer à cela sans tuer d'habitants de mon village et de mon pays !
Toutefois, il me serait toujours aussi ardu de trouver une personne de laquelle je pourrais m'abreuver car ces hommes étaient tous portés sur l'alcool à l’excès et je ne pouvais décemment pas me permettre de boire à la source de ces ivrognes pour m'en sentir plus mal encore que je ne l'étais déjà...

L'Akuzu étira sa langue rapidement à la façon d'un reptile, chipant une goutte de sang que je m'apprêtais à lamper. D'abord énervée à l'idée de mettre fait voler ma gouttelette, je fus ensuite amusée de constater qu'il voulait lui aussi s'y essayer.
Toutefois son corps ne semblait pas supporter l'hémoglobine et rejeta instantanément son contenu. J'éclatais d'un rire cristallin face à son comportement des plus pittoresque. Il affirmait ensuite que cela était vraiment écœurant. Je haussais les épaules en finissant de me laver les mains à la façon d'un chat. Il était vrai que j'avais la consistance pour le digérer mais je ne savais pas ce qu'il en avait été des autres Ketsueki... Était-ce quelque chose propre à moi et ma maladie ? Je n'avais pas eu connaissance de membres de mon clan ingurgitant du sang pour le plaisir... Je l'avais moi même fait par contrainte pour ma maladie à la base et avait fini par y prendre drôlement goût mais cela m'avait coûté ma liberté...

Je me redressais sur ma chaise, balayant la salle du coin de l’œil, les visiteurs reprenant leurs discussions entre eux. Apparemment je venais d'accomplir un exploit dont je n'avais pas conscience... Pourtant j'avais eu l'impression d'avoir une pauvre brebis devant moi, essayant tant bien que mal d'échapper aux crocs du loup mais qui n'avait fait que se faire mordre plus vite. L'atmosphère était difficilement respirable tant le lieu empestait l'alcool, la sueur et le tabac. Il y avait bien une arrière odeur de sang mais le cocktail d'effluves ainsi mélangé n'avait rien d'attrayant...

Shinji se commanda un autre pichet, se rapprochant de moi pour me demander s'il m'arrivait de lâcher un peu la bride parfois et de m'amuser. Il disait avoir l'impression de me voir empli de désespoir. Pourtant je ne me sentais pas particulièrement maussade. La vie avait fait de moi ce que j'étais. Il était dans ma nature de rester indifférente avec ce qui m'entourait, ce qui paraissait sûrement comme un certain mal être pour les personnes à mes côtés mais il n'en était rien.
Je ne savais pas ce qu'était le réel bonheur. Pour moi il était synonyme de sang versé et auquel je gouttais ! C'était là ma seule source de distraction.
Qu'était-ce l'amusement en fin de compte ? Ces moments fugaces où le reste n'avait plus rien d'important. Ces moments volés qui nous laissaient pentus et décontenancés de nos propres convictions : nous faisant connaître des sentiments que nous cherchions nous même a brider sans réellement savoir pourquoi. Après tout nous étions shinobi. L'amusement ne faisait pas vraiment parti de nos vies, nous devions nous tenir près à agir, le reste du temps devait nous servir à nous perfectionner...
Peu de shinobi vivaient d'ailleurs de cette façon car ils seraient privés de leur liberté. Lorsque votre vie ne tient qu'à un fil et que vous pouvez la perdre au prochain affrontement vous avez tendance à vouloir vivre des expériences pour ne pas avoir de regrets.
Pour ma part, je ne voulais pas avoir de regrets et donc ne faisait que ce qui me semblait grisant, sans m'attacher aux autres pour éviter de les perdre. A quoi bon tenir à des vies que l'on peut venir nous prendre à tout instant ?
Ma philosophie de vie avait d'ailleurs changé depuis l'apparition d'Oniri dans ma vie... Elle m'avait appris a ressentir de nouveau cette sensation d'attachement, que j'avais découvert grâce a Megami puis aussitôt enfoui depuis sa trahison.
Je n'avais pas vécu beaucoup d'expériences depuis ma sortie de l'orphelinat et j'apprenais désormais à comprendre le monde qui m'entourait, me détachant de l'unique intérêt que je portais autrefois à moi même.

J'avais envie de lui répondre : « Je n'ai pas envie de perdre mon temps avec de telles futilités » et c'était sûrement ce que j'aurais répondu avant de connaître Oniri mais désormais j'étais curieuse et avide de compréhension sur mon environnement.
Lorsqu'il poursuivait en me tendant la main, m'expliquant qu'il voulait me montrer quelque chose qui me plairait certainement j’eus intérieurement un mouvement de recul mais la curiosité me piqua au vif. Le toisant de mon regard vermeil, je lorgnais ensuite sa main tendue, me rappelant que très peu de personnes dans ma vie m'avait ainsi sollicité de la sorte et montré un tel intérêt pour moi.
Je lui adressais un sourire en coin, un rien provocateur, en le mettant toutefois en garde.

« Si tu daignes m'attirer dans un plan douteux sache que je n'hésiterais pas à te faire bien pire que ce que j'ai fait subir à cette Risako ! »

Là dessus, je joignais ma main à la sienne tandis qu'il tenait deux pichets de l'autre, m'aventurant avec lui vers le lieu de sa destination.

Shinji décocha un sourire à Yami lorsqu'elle glissa sa main dans la sienne. Il referma doucement ses doigts sur les siens avant de l'inviter à se lever puis lui emboîter le pas. C'était une petite victoire et il la savoura à sa juste valeur sans pour autant oublier l'avertissement de la demoiselle: s'il l'attirait dans un plan foireux, elle lui ferait payer très cher. Ce n'était pas dans ses attentions même si l'idée de l'attirer dans l'une des chambres de l'étage lui avait évidemment traversé l'esprit.

- "Ho, tu me ferais du mal?" releva-t-il avec un regard malicieux. "D'accord! On va dire que je suis averti alors!"

Ils remontèrent ensuite l'escalier pour rejoindre l'étage et quitter ce lieu de débauche et de violence. La nuit était claire et pas le moindre nuage obscurcissait la voûte étoilée du ciel. Et le petit vent qui leur caressait doucement le visage faisait le plus grand bien après avoir passé une partie de la soirée dans un endroit empestant le sang, la sueur ou encore l'alcool. Le brun rabattit sa capuche sur le visage et, sans lâcher la main de Yami, l'entraîna à sa suite. Les rues étaient pratiquement désertes à cette heure et seules quelques patrouilles vaquaient ci et là dans l'obscurité.

- "Que deviennent les Ketsueki en fait? Je vous évite en général parce que bon, faut reconnaître que vous êtes sacrément louches. Et puis vous foutez la pétoche à pas mal de monde aussi avec tout vos trucs sanguinaires! Je suis ouvert, hein? Mais quand même..." Il marqua une courte pause et se dit qu'insulter le clan de la jeune femme n'était peut-être pas le plus malin. "Enfin remarque, on ne choisit pas dans quelle famille on voit le jour. La mienne n'est pas triste non plus maintenant que j'y pense! Je te les présenterai peut-être un jour. Juste pour voir leur tête tiens! Et à supposer que je survive à cette soirée, aussi..."

Un autre regard amusé à sa comparse et le voila qui la guidait à présent vers la sortie de la ville. Les remparts se faisaient de plus en plus imposants et la lune fut bientôt occultée par le massif mur de pierres. Une fois arrivés à leur base, le brun infléchit sa direction pour les longer côté intérieur de la ville puis emprunta les rangées d'escaliers qui menaient à leur sommet. Après quelques minutes de marche supplémentaires - ouais, ils n'étaient pas pressés - ils parvinrent enfin à destination et purent (re)découvrir une vue splendide sur Suna d'un côté et sur le désert de l'autre.

- "Ouais, je sais! C'est certainement pas le première fois que tu viens ici et le paysage ne t'es sûrement pas étranger! Mais donne-moi encore quelques instants d'accord?"

Sa main toujours dans la sienne, l'Akuzu poursuivit sa route pour rejoindre l'espace entre les remparts qui offrait l'accès au village. Le long passage flanqué des deux solides murailles pouvait sembler désert voir abandonné mais seul un imbécile aurait pensé ainsi. Depuis leur arrivée vers les remparts, les yeux des sentinelles - cachées ou non - s'était dardés sur eux. Mais ils ne faisaient rien de mal après tout. Enfin... pas pour le moment en tout cas!

Shinji se mit face à la noiraude et observa un instant ses traits délicats. Le clair de lune avait l'art et la manière de révéler la beauté décidément. Mais maintenant qu'ils étaient arrivés à destination et vu que la jeune femme ne semblait pas non plus extrêmement patiente, il était temps de lui montrer ce pourquoi ils étaient venus. Le borgne montra du doigt de sa main libre une direction dans le désert à une centaine de mètres.

- "Regarde là-bas! Tu vois la grande dune de sable en dessous de la lune, un peu à droite? Maintenant regarde à sa base et sois attentive! Une fois que tu auras fixé l'endroit pendant vingt secondes, ferme les yeux et laisse la magie opérer!"

Après s'être assuré qu'elle se pliait à ses recommandation et qu'elle regardait bien dans la direction indiquée, il lui donna un léger coup d'épaule lorsqu'elle ferma les yeux pour... la faire tomber dans le vide. Bon d'accord c'était un peu rustre et pas vraiment galant, mais d'un autre côté elle n'aurait certainement pas sauté entre les remparts pour ses beaux yeux. Enfin, son bel oeil... Mais, une fois encore, Shinji ne lui lâcha pas la main. Il allongea ses doigts pour les enrouler fermement autours du poignet de la jeune femme tout en accompagnant sa chute, son bras s'allongeant sur quelques mètres. Il imprima ensuite un mouvement de balancier en profitant de l'élan de la demoiselle pour la faire valdinguer d'un bout à l'autre du passage.

"C'est cool hein?" cria-t-il à son intention, un sourire radieux sur le visage. "Ose me dire que c'est pas le meilleur moment de ta vie! Tu veux aller plus vite?"

Sans attendre de réponses et parfaitement convaincu qu'elle adorait cette balançoire improvisée - comment aurait-il pu être autrement, hein? - qu'il se donnait la peine de lui faire découvrir, il augmenta l'amplitude du mouvement pour la faire monter plus haut et plus rapidement. Si avec ça elle ne succombait pas à son charme, il ne comprenait décidément pas les femmes...

Je n'avais aucune idée de là où l'Akuzu comptait m'emmener... Je ne m'en affolais pas outre mesure puisque j'aurais simplement à le remettre à sa place s'il cherchait a faire quoi que ce soit de louche. En revanche, je me demandais véritablement ce qui lui avait traversé l'esprit...

Lorsque nous sortîmes du bâtiment, nous furent accueillis par une brise des plus délicieuses, nous laissant respirer à pleins poumons l'air frais de cette nuit bien entamée. Ce n'était qu'une fois dehors que je me rendais compte a quel point les effluves du bar avaient été oppressantes pour quelqu'un qui comme moi n'en avait pas l'habitude.
Je me laissais guider dans les dédales de Suna, la main toujours coincée dans celle de ce Shinji. Avais-je eu raison de lui faire un temps soit peu confiance a lui qui gagnait sa vie dans des combats clandestins et qui s'engouffrait dans les rues du village en rabattant sa capuche comme pour ne pas être reconnu ?
Après tout qui étais-je pour juger les modes de vie des gens... J'étais certainement mal placée pour critiquer moi qui récoltais du sang pour survivre... J'étais d'ailleurs heureuse d'avoir fait le plein avant de me rendre dans ce lieu, ainsi Megami me laissait tranquille.

Lorsque l'Akuzu évoqua mon clan, je ne pus m'empêcher de river mon regard sur le sol. Lui répondant d'une voix maussade :

« Je suis la dernière Ketsueki encore vivante... Ou du moins la dernière qui est reconnue comme telle. »

Je ne savais même pas pourquoi je parlais de cela avec cet homme. Mon clan était un sujet délicat pour lequel je déliais un peu trop facilement ma langue, en quête de réponses dont je n'avais pas connaissances. Car après tout que savais-je de mon clan ? J'en avais été écarté toute ma vie et lorsque j'avais enfin pu le rejoindre, le soir même, la représentante du clan et Comtesse de ce dernier avait péri sous mes yeux.
Lorsque je relevais les yeux, nous nous trouvions sur les remparts qui surplombaient le village. Ayant une vue imprenable sur ce dernier et l'étendue de sable qu'était le désert. J'avouais ne pas comprendre ce que j'étais censée voir et adressais un regard interloqué à Shinji, appuyant celui-ci par un sourcil relevé. Il m'expliquait ensuite qu'il lui fallait encore un peu de temps, déambulant pour nous rapprocher de notre cible dont j'ignorais le lieu, épiés d'un regard attentif de la part des sentinelles du village. Ils semblaient bien se demander ce que l'on faisait là et a vrai dire j'aurais aimé avoir la réponse a cette question...

Il s'arrêta, me fixant de ses prunelles brunes alors que j'en faisais autant, cherchant a savoir ce que j'étais censée voir. Il pointa du doigt une direction que je m'empressais de suivre de mes iris, me pliant a ses recommandations jusqu'à ce qu'il mentionne le fait de fermer les yeux... J'hésitais un instant... Je ne le connaissais pas suffisamment pour avoir confiance en lui mais d'un autre côté j'avais déjà accepté de le suivre alors je n'étais plus à ça près... Je l'intimais du regard d'avoir intérêt a ne rien tenter avant de m'exécuter, m'entaillant tout de même le boute des doigts de ma bague au cas où. Je regrettais aussitôt mon geste, sentant un coup dans mon épaule puis le vide sous mes pieds alors que je chutais de plusieurs mètres. Instinctivement, et bouillonnant de rage pour m'avoir trompé, j'étirais des lianes de sang depuis l'extrémité de mes doigts qui vinrent se planter dans le sol et se solidifiant quelque peu, me permettant de léviter. Je levais soudain ma tête, sentant toujours la main de Shinji enroulée autour de mon poignet alors que son bras s'était étiré, me retenant dans le vide. Surprise, je le regardais, l'air incrédule quand lui m'adressait un sourire diablement satisfait.
Sentant que sa prise était ferme, je soupirais, rappelant mon sang a moi tout en lui demandant a quoi il jouait.
A peine avais-je eu le temps de le lui demander qu'il balança son bras, me faisant suivre son mouvement malgré moi toujours accrochée par la poignet. Les yeux d'abord écarquillés, impressionnée par la sensation de vitesse, je m'y faisais rapidement, restant toutefois sur mes gardes. Lorsqu'il me demandait si ce n'était pas la chose la plus amusante que j'avais fait de ma vie j'eu un rictus.
Il accéléra la cadence, me demandant en même temps si je voulais aller plus vite. Le vent s'engouffrait dans mes cheveux et les faisaient virevolter avec grâce au gré du balancement rapide. L'adrénaline s'emparait de mon corps et j'étais grisée par sa sensation, riant aux éclats alors que j'entendais l'Akuzu en faire autant.
Ma vitesse avait croît rapidement, me faisant monter toujours plus haut avec vélocité tandis que j'avais l'impression de voler, légère comme une plume et sans ce poids constant sur mon cœur.
L'alizé qui caressait mon visage me provoquait des montées de larmes alors que je souriais à pleine dents tout en riant parfois a gorge déployée malgré ma voix cristalline.
Nos rires déchiraient le silence impétueux qui régnait au coeur du village caché du sable, s'engouffrant et résonnant entre ses murs.
Je savais pertinemment que les gardes nous regardaient toujours, suivant nos gestes avec attention comme ci cette mise en scène n'était qu'un moyen quelconque de diversion.

Après plusieurs minutes à virevolter, je retrouvais les pieds sur terre, Shinji me remontant vers lui.
Je souriais toujours, essuyant les larmes qui bordaient mes yeux sous l'action de la célérité de la paume de ma main tout en le remerciant :

« Effectivement... Je ne m'étais jamais autant amusée. »

Il était bon de découvrir ce genre d'aventures. Je n'avais jamais ressenti un tel divertissement si ce n'était lorsque je jouais avec mes futures victimes. Cet aspect de l'amusement m'avait été jusqu'à lors inconnu et je ne regrettais pas d'avoir pris sur moi pour faire confiance a cet Akuzu.
Mon regard pétillait de malice alors que je lui demandais, à la manière d'une petite fille :

« On le refera hein ?! »

Mon sourire s'accentuait sur cette phrase alors que je fermais les yeux de satisfaction, me laissant bercer par les dernières onces de bonheur qu'avaient suscité cet instant d'amusement, sous l'éclat luminescent de l'astre nocturne.

Shinji riait de bon coeur en voyant sa comparse faire de même. Le rire était communicatif d'après certain. Force était de constater que cette fois-ci en tout cas ça se vérifiait. Après quelques minutes à balancer la noiraude dans le vide il fut néanmoins temps de la remonter. Et ce fut avec satisfaction qu'il vit des larmes luire sur les joues de la demoiselle. Pensant qu'elles étaient dues à sa crise de rire cristalline, il se dit qu'il avait réussi à l'amuser au delà de ses espérances. En tout cas elle ne semblait pas décidée à lui faire subir le même sort que Risako. Mieux encore, elle en redemandait.

- "Ravi que ça te plaise! Et puis si tu veux le refaire c'est quand tu veux. D'ailleurs, tant qu'à faire..." il marqua une pause tandis que la noiraude fermait les yeux une seconde fois. C'était de l'incitation?

On disait aussi qu'il ne fallait pas abuser des bonnes choses mais pour le coup Shinji était d'un avis totalement contraire. Profitant du manque d'attention de la jeune femme - n'était-ce pas plus excitant ainsi? - il la poussa doucement dans le vide une nouvelle fois et la rattrapa cette fois-ci par la cheville. Rebelote, il la balança quelques instants la tête en bas avant de la stabiliser puis allonger davantage son bras pour la déposer délicatement sur le sol plusieurs mètres plus bas. Ceci fait, il s'aida de son bras libre pour se suspendre à son tour et descendre en rappel pour la rejoindre. Les cheveux en bataille à cause de cette nouvelle expérience, la Ketsueki avait l'air encore plus sauvage.

- "T'es toute décoiffée!" remarqua-t-il en écartant d'un mouvement rapide une mèche de cheveux noirs de son visage. "T'as carrément l'air moins bourgeoise là!"

Il lui décocha un sourire pour lui montrer qu'il plaisantait jusqu'à ce que des bruits de pas se rapprochent au sommet des remparts, à l'endroit qu'ils avaient quittés quelques secondes plus tôt. Quelqu'un se pencha et les pointa d'un doigt accusateur:

- "Hey! Vous vous croyez où là? C'est pas une place de jeu ici! Voyous! Si je vous y reprends je vous décolle la peau des fesses! C'est suffisamment clair cette fois Shinji?"

Le duo n'entendit pas la fin de la phrase puisque Shinji avait entraîné Yami avec lui dès les premiers mots prononcés. Après une course de quelques minutes ponctuées des rires amusés de Shinji et par l'excitation d'avoir fait quelque chose d'interdit, ils s'accordèrent une pause au coin d'une ruelle.

- "C'est... un vieil ami!" expliqua le jeune homme en relevant les yeux vers Yami. "Il aboie mais il est pas méchant! Pas que je sache, en tout cas!"

C'était toute une histoire mais elle était un peu longue à raconter et puis la nuit était bien avancée avec toutes ces bêtises. Et pire que tout, il avait complètement oublié l'eau mais surtout l'alcool en haut des remparts. Un pichet presque rempli d'alcool de cactus! Quel gâchis! Mais vu la situation c'était un peu suicidaire d'y retourner. L'autre prendrait encore ça pour de la provocation. Et il n'aurait certainement pas tort.

- "Je te raccompagne?"

Ils reprirent leur route pour se diriger vers les quartiers résidentiels. Shinji était curieux de voir à quoi ressemblait la demeure de la belle, par pure curiosité. Il avait abandonné l'idée de mener Yami droit dans son lit pour le moment. Elle était différente des autres femmes avec qui il avait l'habitude de frayer. Et, à ce titre, elle méritait un minimum de respect. Et puis si elle s'était amusée, ça avait été son cas également. Il avait de la peine à se souvenir quand c'était la dernière fois qu'il avait autant ri en dehors des habituelles cuites, bien entendu. Si le but avait été de détendre la noiraude en tout premier lieu, force était de constater que cette escapade lui avait fait du bien à lui aussi. C'est donc avec des idées un peu moins perverses en tête et un sentiment de plénitude qu'il avait pratiquement oublié qu'ils quittaient le centre-ville. Enfin, qu'ils essayaient...

Au détour d'une nouvelle ruelle, l'Akuzu se mangea un mur de plein fouet. Sonné par l'impact et déstabilisé, il lui fallut un moment pour reprendre ses esprits. Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour découvrir... une paire de sein qui tenait plus de la mamelle bovine que de l'adorable idée qu'on se faisait des poitrines de nos amies les femmes. Shinji remonta lentement ses yeux marrons pour voir à qui appartenait la paire proéminente en question, sachant déjà la réponse. Il poussa néanmoins un soupire de lassitude en découvrant un visage aussi hideux que gras.

- "Risako, mais quelle bonne surprise!" railla-t-il en tournant le regard vers Yami. "Toujours aussi... bien en chair, hein?"

Ouais, le mot était sans doute un peu faible pour qualifier un bœuf bipède mais l'idée était là. Quant à la raison de sa présence ici, ainsi que de celle de ses deux acolytes habituels dont Shinji avait oublié le nom, elle ne faisait pratiquement aucun doute. Mais il valait mieux demander des fois que...

- "Tu t'es perdue c'est ça?" demanda-t-il avant de désigner les deux hommes à ses côtés. "Ou alors tu promènes tes deux amuses-gueules? Ils savent au moins que le dernier type que tu as ramené chez toi est mort de suffocation? Messieurs, si j'étais vous je ferais attention à ne pas me retrouver dessous et à respecter les consignes de sécurité! Un accident est si vite..."

Il fit un bond en arrière pour éviter un coup de poing qui manqua de peu de lui décoller la tête. À défaut, il fissura le mur qu'il rencontra.

- "Wooooh putain!" lâcha le brun, parfaitement stupéfait par la force de la... heu... femme. "Tu nous l'as énervée Yami!"

Il avait prononcé ces derniers mots comme si c'était la faute de la noiraude. Il ponctua sa remarque d'un sourire malicieux et reporta son attention sur le trio d'emmerdeurs.

- "J'suis pas d'humeur Shinji! Soit l'épouvantail qui te tiens compagnie me donne les gains de son combat, soit je vous refais le portrait!" fit-elle sur un ton se voulant sans doute menaçant. "Alors les têtards? Les ryos ou les coups?"

Shinji avait déjà pris sa décision, quant à lui:

- "C'te question! La baston, bien sûr!" clama-t-il avec une joie évidente.

Joignant le geste à la parole, il allongea son bras droit et l'entoura autours de la taille de Yami avant de la projeter en avant en profitant de l'élasticité de son corps. Un bon vieil obus plein de jutsus sanguinaires dans la face, un! Mais Shinji ne comptait pas en rester là et s'amuser lui aussi!

- "J'arriiiiiiiiiiive!"

Il prit appui sur ses jambes pour se propulser à la suite de sa compagne de galère et se jeter lui aussi dans la bataille qui venait de commencer...

J'étais emparée d'un bien être certain, les tracas de mon quotidien était, pour le moment, derrière moi. Lorsque l'Akuzu me suggéra de recommencer j’eus un rictus certain. Fermant les yeux pour mieux apprécier la rétrospective du moment passé, je fus une nouvelle fois balancée dans le vide, toujours prête a user de mon sang en cas de besoin : ma confiance envers quelqu'un que je connais à peine avait sa limite.
C'est ainsi que je pus découvrir le monde la tête en bas, me balançant comme auparavant même si la sensation était tout autre. J'avais davantage l'impression de faire un saut en élastique que de voler désormais mais pour cet instant de détente, l'amusement fugace et nouveau demeurait toujours là.
Sous l'effet de la gravité les pans de ma robe me retombèrent sur la tête, tandis que je la rabattais un peu pour voir mon environnement, nullement offusquée que Shinji puisse voir mes dessous car je portais un collant noir opaque et la luminescence qu'offrait la Lune comme seule source de lumière demeurait suffisamment faible pour percevoir quoi que ce soit. Force était de constater que l'idée de voir ma robe ainsi basculée avait peut-être été la motivation de Shinji pour me balancer dans le vide une seconde fois...

Après plusieurs minutes à me balancer ainsi dans le vide, le sol s'approcha doucement de moi jusqu'à pouvoir le toucher. L'Akuzu me rejoignit en descendant le long du rempart en allongeant son bras : il fallait avouer que cela devait être un pouvoir spécial particulièrement utile et pratique dans la vie de tous les jours...
Mes cheveux étaient en bataille et il ne manquait pas de me le faire remarquer. Je n'avais jamais accordé de réel intérêt pour mon apparence malgré mon rang qui sous tendait dans mon sang. Être échevelée ne m'intimida pas le moins du monde.
Contrairement à ce que Shinji disait : bourgeoise je ne l'étais pas non, noble en revanche oui. Je n'avais pas encore été promu Comtesse du clan et n'avait donc, pas hérité de la fortune du clan mais cela changerait sûrement d'ici quelques temps.

Soudain, le silence retomba sous les railles accusateurs de l'un des gardes du rempart qui nous intimait de partir vite fait bien fait. Il était vrai que s'amuser ainsi faisait un peu désordre, surtout pour des shinobis... mais je ne regrettais absolument pas ce quart d'heure de folie.
Après une course effrénée dans les ruelles de Suna pour échapper à ces injures, nous nous arrêtâmes au coin d'une rue, Shinji était pris d'un fou rire. Il m'avouait même que cet homme était un vieil ami à lui... Je levais un sourcil interrogateur. Il avait surtout l'air d'être l'une de ces connaissances qu'il avait fait après avoir été rattrapé pour un coup douteux qui s'était mal terminé... Le fait que ce garde connaisse l'Akuzu était sans doute un signe évident que ce dernier avait connu plusieurs déboires avec les autorités pour son comportement.

Shinji souhaitait me raccompagner au manoir et je trouvais cette idée un peu saugrenue car j'étais capable de rentrer sans son escorte. Sitôt avais-je pensé cela que nous croisâmes la femme que j'avais martelé au bar, accompagnée par deux hommes. Elle n'avait pas l'air de bonne humeur et crachait sur nous en me demandant de rendre la recette gagnée par notre combat. Un vil sourire étirait mes lèvres alors que je sentais l'affrontement venir à pleins nez, galvanisant mon être d'une frénésie de sang certaine. Je l'avais épargné et j'étais toujours tenue de le faire car, aussi rustre et brute était-elle, elle restait une habitante de mon village et je ne pouvais décemment pas précipité sa mort sans en assumer les conséquences.
Risako flanquait son poing en l'air, atteignant presque sa cible qui se recula d'un bond, fissurant le mur qui avait fait rempart pendant son saut précipité.

Tout allait ensuite très vite, me faisant perdre pied sans vraiment comprendre ce qui se jouait devant mes yeux. En effet, le bras de Shinji s'enroula à ma taille et me propulsa directement sur le trio. Décontenancée mais toujours excitée par le combat qui se profilait à l'horizon, je profitais de cette impulsion pour me déchaînée comme jamais : ouvrant mes doigts avec ma bague et éclaboussant ces derniers avec des gouttelettes de mon sang que je solidifiais aussitôt pour verser sur eux une pluie de morceaux de verres. Shinji me rejoignait dans cet affrontement, s'occupant des deux hommes.
J'avais l'impression de revivre la scène du bar sauf que le public n'était pas présent et que ma surface de combat ne se limitait pas a une simple arène.
J'entaillais mes bras sur la longueur, me créant des dagues effilées depuis la plaie de ces derniers, fusant sur Risako que j'entaillais profondément dans la cuisse.
Je me mouvais avec aisance dans la ruelle au contraire de cette dernière dont la corpulence avait tendance a ralentir les mouvements. Montée sur ressort, je jouais avec ma proie qui se fatiguait rien qu'en essayant de me faire face et en balançant ses poings dans le vide. La colère grimpait en elle, frustrée de ne pas parvenir à me toucher : après tout que croyait-elle pouvoir me faire ? A moi qui avait déjà tué un bon nombre de fois et affronté des shinobis dignes de ce nom ?!
Martelant les chevilles de Risako, cette dernière ne pu que tomber à la renverse, dans un bruit sourd qui fit un instant trembler le sol, sous la douleur et l'incapacité à se mouvoir sans hurler. Comme c'était pitoyable de la voir ainsi étendue sur le sol comme une baleine échouée en train de pleurer par la souffrance... C'était beau à voir.

J'eus un sourire satisfait à la voir ainsi :

« Ne t'aventure plus jamais sur ma route car je ne peux certes pas te tuer mais peux te faire bien pire ! La prochaine fois je n'hésiterais pas à t'estropier ! »

Lui balançais-je, amère et impériale.

Les deux hommes, bien amochés par l'intervention de Shinji, n'eurent d'autres choix que de traîner la masse sanguinolente de la femme, laissant une trace de sang dans son sillage alors qu'elle s'éloignait toujours en pleurnichant.
Tout ce sang sur le sol, je le regardais sans lui concéder le moindre intérêt. En effet, vu la corpulence de la femme il était certain que ce dernier était saturé en matières grasses si ce n'était infecté par un diabète : il ne manquerait plus que ça !
Je quittais ma pause offensive, rabattant les dagues de mes bras à l'intérieur de ceux ci, me faisant étirer une brève grimace de douleur. Je m'empressais de faire coaguler mes plaies au plus vite pour ne pas en garder de cicatrice. Mon corps était marqué de petites marques blanches ici et là, parfois plus marquées, de mes précédents combats qui m'avait fait utiliser ma maîtrise du sang. Si je ne coagulais pas rapidement mes plaies, il était certain que j'en garderais des traces bien visibles.

Soudain, je ressentis un coup magistral dans mes bras, me faisant reculer d'un pas sous l'impressionnante douleur que cela m'administrait. Les yeux rivés sur le sol et écarquillés j'essayais de reprendre contenance tout en posant une main sur mon crâne. Shinji me demandait si ça allait, je hochais la tête. L'asphalte vrillait sous mes pieds alors que le décor se mis a fait un tour à 180°. J'avais certainement un peu trop abusé de mes capacités aujourd'hui, me laissant pantelante, anémiée plus que de raison. Je déglutissais et m'asseyais un instant. J'avais l'habitude de cet état même si chaque fois qu'il survenait, il me prenait au dépourvu.
Je devais me ressaisir. Je n'avais aucune envie de passer le restant de la nuit à l'hôpital sous transfusion et mon sang se renouvellerait d'ici quelques heures de lui même, une bonne nuit de sommeil était donc ce qu'il y avait de mieux à faire.
Je me relevais et me confiais à l'Akuzu :

« Je vais rentrer. Une nuit de sommeil sera la bienvenue. »

L'amusement était désormais loin derrière moi, les soucis de mon quotidien refaisant face inexorablement. Ce moment de répit que je m'étais accordée était, pour le moment, terminé.

Yami avait choisi de s'occuper de Risako ce qui n'était d'ailleurs guère étonnant vu les circonstances. Shinji ne s'en formalisa pas et se concentra sur les deux suiveurs pour les empêcher d'interférer dans le combat. Après avoir décocha un crochet du droit à l'un d'eux pendant qu'il les chargeait, il attendait à présent la riposte. Il frappa une fois du poing dans sa paume et pencha la tête d'un côté puis de l'autre avant de faire quelques petits sauts sur place à la manière d'un boxeur prêt à un découdre.

- "Séparément? Les deux en même temps?" proposa-t-il avec un semblant de courtoisie. "Faites vos jeux!"

La réponse vint rapidement sous la forme d'une attaque coordonnée de la part des deux types, l'un frappant avec son poing en direction du visage et le second s'attaquant au ventre à l'aide d'un coup de pied. Shinji dévia la première tentative d'un revers de la main et riposta en allongeant son bras gauche pour retourner une claque magistrale à l'indélicat. Le coup de pied, en revanche, trouva parfaitement son but et fit tomber le brun à genoux. Il balaya rapidement l'espace autours de lui de sa jambe pour faucher ses deux adversaires et se releva pour leur faire face une nouvelle fois. Juste à temps pour éviter deux coups de poings en se penchant sur le côté.

Il enroula son bras droit pour maintenir leurs deux bras ensembles et leur décocha un grand sourire lorsqu'ils comprirent qu'ils étaient pris au piège. Ne leur laissant guère le loisir de réagir, il s'enroula ensuite autours d'eux à la manière d'un serpent et resserra son emprise. Une légère flexion supplémentaire suffit à les faire tomber à terre, enlacés dans cette prison de chair improvisée. Shinji s'accorda ensuite un instant de pause pour observer Yami régler son compte à Risako. Plus il la voyait combattre et plus il se disait que la noiraude avait réellement sa place dans les combats d'arènes. Non seulement elle semblait prendre un certain plaisir à coucher ses adversaires avec ses violents jutsus mais en plus elle était diablement efficace lorsqu'il s'agissait de remporter la victoire.

- "En fait techniquement tu pourrais tout à fait!" releva-t-il lorsqu'elle fit remarquer à cette dernière qu'elle ne pouvait pas la tuer. "Pas vu pas pris comme on dit hein? D'un autre côté c'est vrai qu'ils sont plus bêtes que méchants..."

Le brun jouait la carte de l'assurance et du détachement mais l'idée de tuer les trois personnes ne lui plaisait pas du tout. C'était plutôt une forme d'avertissement supplémentaire à l’intention de Risako pour lui faire comprendre ce qu'elle risquait en continuant ce semblant de Vendetta contre Yami. Et puis comme il venait de le faire remarquer, la mégère était parfois - voir carrément tout le temps - lente à la détente. Un petit rappel ne faisait jamais de mal. Puisque la noiraude souhaitait visiblement mettre un terme à cet affrontement, il libéra donc ses deux prisonniers et repris une silhouette normale. Il jugea tout de même bon de saisir l'arrière du crâne des deux indélicats lorsqu'ils se mirent à traîner leur cheffe sur le sol avant de les cogner ensemble d'un mouvement suffisamment rapide pour leur faire mal mais insuffisant pour les assommer.

- "Hop hop hop! Vous avez pas oublié quelque chose?"

Les deux crétins se regardèrent un instant et ne semblaient pas trop comprendre ce que le jeune homme attendait d'eux.

- "Heu... Excusez-nous?" se hasarda l'un d'eux.

- "On ne le refera plus?" renchérit le deuxième.

L'Akuzu leur fit un vague signe de la main pour leur indiquer qu'ils pouvaient continuer à traîner leur collègue sur le sol et disparaître de leur vue. Il se tourna ensuite avec un large sourire vers Yami. Sourire qu'il perdit aussitôt lorsqu'il la vit tituber en arrière comme si elle venait de se prendre un coup. Elle se porta la main au crâne avant de s'asseoir quelques instants. La noiraude eut beau lui confirmer qu'elle allait bien et que ce n'était rien, il n'était pas assez stupide pour le croire. Il se contenta donc de rester à ses côtés, silencieux et prêt à intervenir si jamais elle basculait dans l'inconscience. Il ne savait pas vraiment ce qu'elle avait mais il se doutait bien que ça avait un rapport avec le sang utilisé. À moins que ce ne soit simplement la fatigue ou l'utilisation soutenue de Chakra.

Quoi qu'il en soit, il attendit qu'elle reprenne ses esprits et se roula rapidement une cigarette qu'il glissa au coin de ses lèvres avant de l'allumer et en tirer plusieurs profondes bouffées. Il n'y avait rien de mieux qu'une cigarette après un combat ou avoir fait l'amour. Ça, c'était une constante universelle! Le brun tourna ensuite le regard vers sa comparse lorsqu'elle lui fit remarquer qu'il était temps pour elle de rentrer.

- "À chaque jour suffit sa peine, hein?" approuva-t-il, sourire aux lèvres. "C'est pas une mauvaise idée effectivement! Par contre je te raccompagne et c'est pas négociable! Vu ton état tu pourrais encore tomber inconsciente au milieu de la rue! Et j'aime pas l'idée de savoir ma nouvelle compagne de galère à la merci des racailles qui traînent dans le coin!"

Il s'inclina légèrement à la manière d'un prince servant, chose pour laquelle il se sentit profondément stupide. Il lui emboîta ensuite le pas. Rejoindre le manoir de la splendide et glauque jeune femme ne fut pas bien long et encore moins compliqué. Shinji s'arrêta toutefois à une dizaine de mètres de l'impressionnante demeure. Ou, plutôt, l'impressionnante demeure qu'elle avait sûrement été un jour. Il la détailla de la tête au pied comme pour s'assurer qu'elle n'allait pas s'effondrer et fut rapidement rassuré de ce côté-là. Elle semblait s'être totalement reprise tandis que son regard était toujours aussi décidé. Sinon plus...

- "Ouais je sais que tu voudrais que je vienne mais ce n'est pas une bonne idée! On se connaît à peine, tout ça quoi... Je couche pas le premier soir!" plaisanta-t-il, un nouveau sourire amusé naissant sur son visage.

Il marqua une courte pause et se pencha légèrement en avant pour déposer un baiser aussi furtif que rapide sur sa joue. Ouais, il l'aimait bien cette fille il pouvait pas le nier. Ceci fait et un clin d'oeil plus tard, il tournait les talons pour rejoindre les quartiers plus malfamés de Suna, ceux réservés au petit peuple. Il prit conscience alors qu'il n'était pas du même monde qu'elle. Mais sa détermination n'en fut que d'avantage renforcée.

- "Tu sais où me trouver si jamais il te reprenait l'envie de t'amuser!" lâcha-t-il en levant la main en guise d'au revoir, continuant toujours à s'éloigner.

Et pour le coup, il avait vraiment envie que ce soit le cas...