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Voilà quelques temps déjà que je n'avais pas mis les pieds à l'hôpital de Suna et j'avouais que cette idée me procurait un bien-être incommensurable ! J'avais beau la haïr, sans Megami jamais cela n'aurait été sans doute possible... J'aurais dû poursuivre ma vie sans avoir l'idée et l'opportunité de goutter au sang à sa source alors même qu'il s'agissait désormais du plus grand délice que la vie m'avait conféré !
Cette vision sonnait assez tristement à mes oreilles. Qu'aurais-je fait sans cette découverte ? Ma vie aurait été sûrement tout autre par ce simple détail... Il m'aurait été impossible de faire de longues missions car j'aurais été contrainte de recevoir une transfusion hebdomadaire dans un centre hospitalier...
Quels objectifs possédaient donc les autres ? Quelle était la chose qui leur permettait d'avancer et de positiver ? Voilà une question que je ne manquerais pas de poser à Oniri à l'occasion...

Non. Aujourd'hui était un jour tout autre car je ne venais pas en ce lieu pour me ressourcer. A vrai dire, je venais rendre visite à l'un de mes donneurs officiels qui travaillait dans cet établissement et que j'avais aidé pour des maux de têtes chroniques il y avait de cela quelques mois.
Il n'avait jamais refait appel a moi depuis lors mais j'étais certaine qu'il ne dirait pas non à une atténuation de ces migraines pendants quelques temps. En effet, maintenant que j'avais bu son sang, et a chaque fois que j'en boirais une simple goutte, je serais en mesure d'arrêter ses souffrances s'il était à portée de moi. J'étais certaine qu'il serait heureux de l'entendre et qu'il serait à même de répondre à ma demande pour le moins capitale...

Je déambulais à travers les couloirs immaculés familiers tant je les avais foulé par le passé. C'était bien la première fois qu'une expression sereine et déterminée s'affichait sur mon visage en ce lieu.
Passant par l'accueil, je demandais directement à le voir et l'hôtesse d'accueil s'empressa de le joindre pour lui faire part qu'une certaine « Ketsueki Yami » désirait le voir. Après avoir raccroché, elle me demanda de patienter devant son bureau. Je m’exécutais.

Quelques minutes seulement passèrent avant de voir Takeshi m'accueillir et me priant d'entrer. Je m'asseyais en face de lui, croisant les jambes et posant mon menton sur mon poing fermé, l'air impérial tout en étirant un sourire mauvais et en le regardant de côté alors qu'il me fixait avec une interrogation certaine dans le regard, me demandant ce qu'il pouvait faire pour moi.
Je m'empressais de lui demander des nouvelles avant de lui expliquer mon idée :

« Tu as toujours ces maux de tête n'est-ce pas ? J'ai été surprise que tu ne daignes pas me recontacter pour annihiler encore ce problème quelques fois... »

Je marquais une pause avant de reprendre, les yeux plantés dans les siens :

« Je suis venue t'annoncer que je pourrais désormais faire cesser tes migraines avec une simple goutte de ton sang, sans en passer de la même façon que la dernière fois, si tu le souhaites.
Je pourrais le faire aussi souvent que je boirais un goutte de ton élixir et que tu seras à portée de moi. Tu pourrais même me donne un flacon de ton sang pour ne pas avoir à te blesser intentionnellement chaque fois que tu voudras que je résous le problème. »

Voilà le promesse que je pouvais lui faire mais j'avais avant tout un service à lui demander, évidemment...

« La vraie raison de ma visite c'est que j'aimerais pouvoir conserver le sang des ennemis que j'ai pu boire au cas où je les recroisent pour m'en servir directement contre eux sans avoir besoin de réussir à les blesser au préalable. Le sang que j'ai bu je peux l'extraire sans difficulté du mien et j'aimerais disposer d'une sorte de banque de sang personnelle regroupant ceux des personnes que j'ai bu.. Sauf que le sang que j’ingère permet ma survie et que je ne peux donc en extraire qu'une infime partie c'est pourquoi je souhaiterais que tu me clones ce sang ou du moins que tu t'arranges pour faire en sorte que j'en ai davantage. Penses-tu pouvoir le faire ? Si tel est le cas je saurais te récompenser... »

Je l'observais attentivement en étirant un sourire malsain.
Je ne savais pas si une telle chose était possible mais je ne m'y connaissais pas en Iroujutsu, nul doute qu'un ninja médical comme lui en savait davantage.
J'espérais vraiment qu'il me donne une réponse favorable... Si c'était le cas, nous procéderions dès maintenant !
Après tout, je n'avais cas extraire le sang des autres du mien avec mon chakra pour que cela soit possible !

S’il s’attendait à cela. Sa vampire préférée était de retour, sans avoir même crié gare… Il ne s’attendait vraiment pas à un tel retour, et il fut même étonné de la revoir. Cela faisait déjà quelques semaines, voire quelques mois. Elle n’était jamais revenue depuis ce jour ; dommage, d’un côté, pour Takeshi. Cela lui aurait évité quelques maux de tête assez douloureux… Il était partagé, en la voyant revenir. La joie, certes, car elle allait sûrement marchander avec lui, et lui permettre de vivre tranquillement encore quelques jours, mais elle se demandait aussi ce qu’elle, elle allait vouloir. Simplement boire son sang ? Cela aurait été trop simple. Cette idée l’intéressait beaucoup ; du donnant-donnant des plus classiques. Mais il n’en serait rien, même si ça, il ne le savait pas encore. Lorsqu’il la vit, il la fit entrer, bien sûr. Elle s’assit en face de lui, et le jeune homme s’installa à son bureau. Il la regarda, de son air interrogatif, un peu perplexe – un air qu’il prenait souvent, notre petit baka – par ce qu’elle venait de dire. Quoi, elle s’interrogeait seulement sur ses maux de crâne ? C’était très gentil, c’est sûr, mais… Il ne s’attendait pas à la voir agir ainsi.

« Evidemment, hélas. Je pensais que tu serais celle qui prendrait contact à nouveau, voilà pourquoi je ne suis pas venu te voir. »

Il marqua une pause avant de l’interroger, trépignant un peu d’impatience.

« Si je m’attendais à te revoir ici, un jour, à nouveau… Que puis-je faire pour toi, Yami ? Tu n’as pas l’air de manquer de quoique ce soit, si tu vois ce que je veux dire. Qu’est-ce-qui t’amène ? »

Il l’écouta attentivement, lorsqu’elle lui annonça son plan. Cela lui paraissait un peu compliqué, évidemment. Mais il savait que cela était possible. Ca lui prendrait un certain temps, cependant. Il devait étudier les échantillons, isoler ce dont Yami avait besoin, puis synthétiser le tout et réussir à recréer la substance et la matière… Plusieurs jours de travail. Mais cela rendrait Yami très, très dangereuse… D’un côté, cela rendrait Suna plus puissant. Cependant, pouvait-il prendre le risque de donner tant de puissance à une personne aussi instable ? Il ne la connaissait que depuis peu, mais elle n’était pas la Kunoichi de Suna qui lui inspirait le plus confiance. De l’autre côté, elle lui présentait une option et quelque chose de très plaisant.

« Comment comptes-tu t’y prendre pour me soulager sans même me toucher ? Tu dois comprendre que j’ai quelques réticences à agir ainsi… Car cela met en danger toutes les personnes que tu as déjà mordu un jour ou l’autre, que cela soit un ennemi, certes, mais aussi des Sunajins, ou même de simples citoyens. En d’autres termes, tu pourrais devenir dangereuse : tu me demandes de t’offrir une arme puissante que je ne serai pas capable de te retirer dès lors que tu la posséderas… »

C’était hélas très vrai. Il la regarda, prenant un regard plus calme, plus froid, ce qui était plutôt étrange pour lui.

« Je ne suis pas contre cela, évidemment : je te fais confiance ; si tu avais eu une idée malsaine à mon égard, tu aurais agi la dernière fois. Mais je ne sais pas ce que tu comptes en faire avec d’autres personnes. C’est ce qui m’inquiète le plus. Je dois aussi te dire qu’une telle opération me prendrait plusieurs jours de travail. Je dois étudier les échantillons que tu m’offres, expérimenter dessus, réussir à synthétiser la matière… C’est un travail de longue haleine. J’en suis capable, évidemment. »

Il la fixait du regard.

« Ma réponse dépendra des tiennes. »

Il avait l'air heureux et réservé à la fois de me revoir. Je pouvais comprendre qu'il y mette une certaine réserve : je n'étais pas vraiment une visite des plus conventionnelle et il devait bien se douter qu'une idée me trottait dans la tête.
Cependant, il prenait le temps d'écouter mes interrogations et mes promesses, un bon point pour lui. Puis vint le moment où il s'intéressait de plus près a son intérêt personnel dans cet échange. Il semblait surpris que je puisse être capable de le soulager de ses maux sans le toucher et cela même a distance. Il était vrai que j'avais beaucoup affiné mes aptitudes ces derniers temps et contrôler le sang des autres ne se révélait plus être un obstacle : une source inépuisable et d'une grande puissance s'était dès lors, offert à moi. Je tentais donc de l'expliquer a Takeshi :

«  Je suis parvenue a accroître mon pouvoir et je peux désormais l'utiliser sur les autres. Pour ça, il faut seulement que j’ingère le sang de la personne en question et être à une portée respectable de celle-ci pour agir sur son corps. Dans ton cas, je pourrais contrôler l'afflux de sang dans ton cerveau et mettre fin temporairement a tes migraines et cela sans avoir à te mordre comme je l'avais fait la dernière fois. »

Je marquais une pause, observant chacune de ses réactions.

« Je comprends parfaitement tes craintes, elles sont justifiées. Je ne peux pas vraiment t'apporter de preuves de ma bonne foi cependant. C'est vrai, je serais en possession d'une arme meurtrière. Ce que je peux te dire simplement c'est que je n'ai jamais fait de tord a Suna alors je n'ai aucun motif pour nuire au village. Les Sunajins qui m'ont donné de leur sang l'ont été de façon consentante pour sauver ma vie comme tu l'as fait toi même. Je suis reconnaissante envers ces personnes et n'attenterais donc jamais a leur vie. »

Je le fixais, l'air le plus sérieux du monde alors que lui me toisait d'une regard changeant et froid que je ne lui connaissais pas.
Il affirmait me fait confiance mais son agitation trahissait le contraire, ce constat me faisait étirer un sourire. Il développait ensuite mon idée, m'informant que cela lui prendrait plusieurs jours mais j'en étais bien consciente et n'étais pas pressée. Que mon idée puisse être réalisable était, déjà en soi une très bonne nouvelle. Il s'estimait même capable de la concrétiser : encore mieux !

« Je t'en devrais une si tu parviens à le faire. Je n'ai pas d'autres objectifs que de m'en servir contre mes ennemis. Tu n'es pas sans savoir que mon clan a été accueillir par Suna et pour ça je leur en suis reconnaissante. »

Son sang s'était évaporé de mes veines depuis longtemps au vue du temps qui s'était écoulé depuis notre dernière rencontre et je ne pouvais donc pas lui prouver mes capacités directement aussi décidais-je de lui faire une démonstration.

« Tends moi ta main. »

Il me regardait, perplexe et ne sachant que faire.

« Tu as dit me faire confiance. Il est temps de le prouver. »

Après quelques secondes de questionnement, Takeshi me tendait finalement sa main par dessus son bureau. J'approchais la mienne de la sienne, et avec ma bague en pointe que j'avais au pouce, piquais son index. Je portais ensuite son doigt a ma bouche, récoltant le mince filet de sang qui s'en écoulait puis le libérait de mon emprise.
Son goût sucré familier parcourait mes papilles gustatives tandis que je concentrais mon chakra dans son fluide pour me permettre de faire réagir ce dernier. Désormais capable de contrôler le sang qui pulsait a travers ses veines, il m'était gré d'en faire ce que je voulais. Je pouvais tout aussi bien le faire souffrir mais quel en serait l'intérêt ?! Non. Je concentrais mon chakra et visualisais parfaitement la zone de son cerveau gorgée de sang qui lui provoquait des maux de têtes colossaux. Je drainais alors son élixir, faisant circuler ce dernier de façon plus naturel pour en diminuer la pression pour faire cesser sa migraine.
Il ne se rendait sûrement pas compte de ce que j'étais en train de faire et ne dus s'en apercevoir que lorsque je lui demandais comment il se sentait désormais.

J'étais prête a procéder dès maintenant s'il me donnait son accord. Il me serait simple comme bonjour d'isoler les fluides circulants dans mes veines qui n'était pas les miens. De là, il pourrait alors se mettre au travail.

Les rencontres avec Yami étaient toujours saupoudrées d’un peu de tension. Comment expliquer cet étrange phénomène ? Peut-être était-ce la présence même intimidante de la demoiselle, ou alors peut-être était-ce son pouvoir et le fait que Takeshi sache de quoi elle était capable qui le mettait aussi mal. Quoiqu’il en soit, il ne devait pas oublier que ce qu’elle lui proposait était vraiment très alléchant. Pouvait-il se permettre de refuser, après tout ? Mieux valait accepter… De plus, il était à peu près sûr de ses intentions. Il savait que si elle avait voulu lui faire du mal, elle l’aurait déjà fait avant. Elle aurait même déjà pu le tuer dès leur première rencontre. Elle était évidemment bien plus forte que lui. Cela ne faisait aucun doute ; après tout, Takeshi n’était qu’un Eiseinin peu porté sur le combat. Le fait qu’elle ne lui avait encore rien fait le rassurait un peu, bien qu’il n’était pas encore complètement convaincu par ce qu’elle lui demandait de faire. D’un côté, il savait que cela rendrait Suna encore plus puissant. De toute façon, qu’allait-elle faire ? Attaquer Takeshi, pour après faire quoi ? Fuir ? Quel intérêt ? Elle serait rapidement éliminée par les plus puissants de Suna. Il valait mieux pour elle qu’elle ne fasse rien de tout cela. Elle lui expliqua comment elle comptait agir directement sur son cerveau. Il l’écouta avec attention, et tout cela lui sembla encore un peu plus dangereux. Ketsueki Yami était véritablement une arme surpuissante pour Suna.

« Il faut un sacré degré de puissance et de maitrise, pour être capable de faire ça… Ce n’est pas à la portée de n’importe qui… »

Elle dit alors qu’elle comprenait les craintes du jeune homme. Il se doutait que cela était bien vrai : n’importe qui aurait compris que le docteur hésita, même un fugace instant. Elle s’expliqua alors. Takeshi écoutait ce qu’elle disait ; elle n’avait pas tord. Elle ne lui avait jamais causé de tord, ou même au village de Suna, ou même simplement à un autre Sunajin. Si elle lui paraissait instable, il semblait évident qu’elle n’était pas une personne prête à agir pour le mal du village. Son opinion tendait plus vers le oui, à l’instant. Pour autant, il ne pouvait s’empêcher de la regarder avec un air un peu froid, glacial même. Cela lui paraissait si dangereux, malgré tout. Elle s’était mise à sourire : pourquoi donc ? Qu’avait-il de drôle ? Il ne comprenait pas. Il haussa un sourcil, avant de la regarder, à nouveau, droit dans les yeux, de l’air le plus sérieux qu’il pouvait adopter.

« M’en devoir une ? Je ne sais pas trop quoi te demander, à vrai dire… »

Il réfléchit un bref instant.

« Quoique, j’ai une petite idée… Lorsque tu me donneras le sang d’une personne en me demandant de le synthétiser, tu devras aussi me donner le nom de cette personne, et tout ce que tu sais d’elle. Cela te va-t-il ? »

Jouons au brave petit docteur… Elle lui demanda une chose un peu étrange. Lui tendre sa main. Voulait-elle lui montrer ce dont elle était capable ? Là, ici, maintenant ? Lui expliquer pourquoi il devait lui faire confiance ? Il hésita quelques instants, avant de lui offrir sa main. Elle piqua son doigt, ce qui eut pour effet de le faire un peu sursauter. Et, là, elle porta son doigt jusqu’à sa bouche. Cette vue fit rougir notre jeune héros, qui détourna le regard. C’était toujours aussi intimidant, et aussi gênant… Cependant, là, doucement, mais sûrement, ce qui le gênait aussi depuis le début de la séance disparut peu à peu. Sa douleur. Son mal. Sa migraine. Disparue comme si elle n’avait jamais existée. C’était si étrange, si fascinant… Et si beau, en même temps. Il se surprit à sourire lorsqu’il fut enfin libéré de cette douleur. « Enfin », oui… Encore une fois, il allait beaucoup mieux. Son sourire s’intensifiait encore.

« Je vois… Merci, Yami. Je vais mieux. »

Sa confiance lui était renouvelée, encore une fois. Il regarda le sol, reprenant peu à peu ses esprits. Tout en fixant le plancher, il dit alors :

« Je pense qu’il serait naturel de t’aider… Tu ne dégages rien de mauvais. Donne moi tes échantillons… Et… Je m’en occuperai. »

Mon médecin préféré me demandait une faveur en échange de son aide précieuse. Je l'écoutais attentivement et me mettais à sourire. Il voulait connaître l'identité et les informations des personnes desquelles je lui donnerais le sang à synthétiser : c'était tout naturellement que j'acceptais. Après tout je lui devais bien cela...

Il me remerciait pour son mal de tête envolé et me gratifiait d'un sourire des plus sincères : c'était plaisant de constater cette expression également... La souffrance était plus jouissive mais j'étais heureuse de voir la mine radieuse de mes alliés proches, surtout lorsque l'origine de leur bonheur était de mon fait.
Son sourire devint communicatif lorsqu'il acceptait de m'aider : mes yeux pétillaient de malice comme une petite fille dans un magasin de jouets.
Je me levais d'un bond et me penchais par dessus son bureau pour le serrer contre moi un instant.

« Merci ! Merci ! Merci ! »

Je relâchais rapidement mon étreinte.
Je me surprenais à penser que j'avais vraiment changé... Jamais je n'aurais montré mon émoi avec autant de ferveur par le passé. Je fixais le sol et souriais légèrement face a ce constat. Après tout, je ne m'en sentais pas plus mal...

Empreinte d'excitation, je regardais dans la pièce où je pourrais m'installer et optais pour le lit d’auscultation. Je demandais a Takeshi de m'apporter différentes fioles pour contenir les quelques millilitres de sang de mes donneurs, que j'allais pouvoir extraire.
Assise sur le lit, je passais ma bague sur la moitié de l'intérieur de mon avant bras : créant un fin filament de fluide rubis qui perlait sur ma peau diaphane. Je concentrais mon chakra dans mon sang et repoussais celui qui ne m'appartenait pas a l'extérieur. Je trempais alors légèrement mon doigt dans le nectar mélangé et le portais a ma bouche. Les arômes ferreux se mélangeaient en une parfaite homogénéité tandis que je m'évertuais a séparé les fluides différents. Je concentrais mon chakra dans le goût plus brut, plus riche en hémoglobine et permettais ainsi au liquide tiède de léviter depuis ma plaie pour terminer sa course dans l'un des tubes a essai que tenait toujours Takeshi.

« Celui-ci est celui de Jisetsu Arekushi. Je ne sais pas grand chose de lui... Il possédait un Dojutsu. Ses yeux étaient dorés bien que l'un demeurait bandé. Il a la particularité de pouvoir influer sur le temps... Je ne saurais pas trop comment t'expliquer mais il a usé de ses pupilles pour arriver a me saisir rapidement la main : je n'ai pas eu le temps de le voir bouger. Je pense qu'il peut accélérer sa vitesse en modifiant l'espace temps ou quelque chose comme cela... »

Je marquais une pause avant de continuer en précisant un détail important :

« Si tu le croises, ne t'approches pas de lui. Il a un goût prononcé pour le sang et les carnages... »

Je souriais à ces mots, me remémorant alors celui que nous avions perpétré ensemble dans un endroit très reculé du désert.
Le médecin semblait enregistré mes informations, écrivant le nom de Arekushi sur la fiole.
Je répétais l'opération avec l'autre fluide :

«Celui-là appartient aussi à un Jisetsu : Demon. Lui aussi possède les mêmes pupilles et est donc du même clan que Arekushi. Il m'a proposé un verre de son sang et je m’apprêtais à le boire avant qu'il n'agisse étrangement... Du coup je n'ai récolté que peu de son sang, le reste a fini sur sa tête... »

Je comparais les deux fioles et il était vrai que les quantité demeuraient infimes... Toutefois, je ne doutais pas des capacités de Takeshi.

« Voilà les deux sangs que j'ai pu récupérer pour le moment... J'en ai bien un autre intéressant mais c'est celui d'un Sunajin et bon ami a moi qui plus est alors je préfère le laisser là où il est. Inutile de cloner celui là. »

Je coagulais ma plaie et me levais du lit, adressant à Takeshi un franc sourire sérieux :

« Je te confie ces deux échantillons. J'espère que tu en feras bon usage... Je ne serais pas vraiment contente si tu venais à les détruire... »

Une menace sous tendait cette phrase.

« Il y a après tout une différence entre : ne pas parvenir à le faire, ce que je conçois et auquel je ne te tiendrais pas rigueur, et détruire ces échantillons qui me sont précieux... »

Je lui annonçais clairement que je lui faisais confiance mais qu'il valait mieux pour lui qu'il ne tente pas de me la jouer à l'envers auquel cas ses actes auraient des conséquences...

Il m'avait précisé que cela allait mettre un peu de temps, ce à quoi je lui répondais :

« Je ne suis pas pressée. Toutefois je reviendrais voir où tu en es d'ici quinze jours... »

Là dessus, je lui souriais et m'apprêtais à me diriger vers la sortie.

Quel étrange phénomène, cette Yami… On aurait dit une véritable gamine, là, à l’instant, alors qu’elle se jetait sur le docteur. Un câlin, une embrassade. Imaginer cette scène venant de la vampirette était vraiment improbable : Takeshi, du peu qu’il la connaissait, ne l’imaginait pas si démonstrative. D’un côté, cela le rassurait : elle était bien humaine, c’était déjà ça. Elle cria trois merci, puis se détacha du docteur, qui, d’un côté, était rassuré de savoir qu’elle n’était plus si proche de lui, mais qui, d’un côté, aurait bien aimé prolonger cette étreinte.

Elle fixa le sol, comme étonnée elle-même par ce qu’elle venait de faire : visiblement, ce ne lui était vraiment pas habituel, et Takeshi sourit à cette pensée, comprenant qu’il commençait à la cerner. Il était temps, d’ailleurs : voilà quelques temps qu’il la côtoyait, désormais, et ils étaient amenés à partager de plus en plus de choses. Cela ne l’inquiétait plus vraiment, en fait, il avait compris que derrière ce masque de peur qu’elle laissait transparaître, elle était ni plus ni moins un être humain.

« De rien, c’est normal, après tout… Ce qui t’avantage m’avantage moi aussi. »

Il la vit se diriger vers le lit d’auscultation. Elle prenait ses aises, la Ketsueki ! D’un côté, mieux valait cela qu’un moment assez awkward durant lequel ils se seraient regardés une vingtaine de secondes, avant que l’un ou l’autre ne se décide à agir, évidemment, au même moment que l’autre, et qu’ils perdent encore du temps. Ca sent le vécu ? Bien sûr : Takeshi était adonné à ces moments qu’il abhorrait ; il était assez maladroit au quotidien, et ce genre de choses le rendait encore moins confiant de lui-même ; ça lui trottait dans la tête, sans jamais vraiment partir, et il ressassait encore et encore la même scène toute la journée. Il apporta des fioles pour collecter le sang à la demande de Yami, et il la regarda faire.

Un moment de concentration ; la bague pointue perçant une bonne moitié de l’avant bras de la pâlotte, un filament sanguin coulant alors. Il la vit et la sentit concentrer son chakra, très vite, ce même filament se sépara en plusieurs parties : une quitta le corps de la demoiselle, l’autre y demeura. Elle porta son œuvre à sa bouche, sembla se concentrer, encore. Repérait-elle, à l’instant-même, grâce à sa mémoire, à qui était ce sang ? Probable. Là, le sang entra dans le tube. Magnifique, le spectacle était simplement magnifique. Le sang dansait à la volonté de la Ketsueki, et le Yamamoto, lui, s’apprêtait à lui fournir une arme destructrice.

Elle lui expliqua à qui appartenait ce sang : Jisetsu Arekushi. Le nom était à peine connu de Takeshi, qui ne fit pas attention, et ce, malgré l’évocation de son Dojutsu, qui lui permettait d’influer sur le temps. C’était un pouvoir vraiment dangereux, et aussi véritablement puissant. Elle ne semblait pas elle-même comprendre la nature du pouvoir d’Arekushi ; alors même qu’elle avait combattu avec lui. Il devrait analyser cela de lui-même, si cela n’était pas dangereux pour lui, évidemment. Cependant, au vu du portrait qu’elle brossait du Jisetsu, mieux valait l’éviter, voire même ne pas le rencontrer. Quelqu’un qui aime le sang et les carnages, voilà une personne que Takeshi ne portait pas dans son cœur. Le deuxième appartenait aussi à un Jisetsu – à croire que Yami était attirée par les hommes de ce clan, eh ! – mais le docteur n’eut le droit qu’à peu d’informations sur lui : Demon, et… C’était tout, en fait. Les quantités étaient limitées, mais, au final, Takeshi réalisa qu’elles étaient bien suffisantes pour lui et pour lui permettre d’agir à sa guise. Il permettrait à la Ketsueki d’obtenir des réserves plus importantes de ce sang…
Mais il en garderait une vaste partie pour lui-même. Histoire d’expérimenter.

Elle lui expliqua qu’il s’agissait des seuls deux sangs qui lui paraissait intéressant, le troisième appartenant à un Sunajin, ‘’bon ami’’. Takeshi avait quelques doutes sur la personne dont il s’agissait… Elle était de suite plus menaçante, lui expliquant qu’il ne devait rien faire à ces échantillons, comme, par exemple, les faire disparaître. Oh. Quelle idée saugrenue. Il sourit, plein de malice, révélant une autre facette de sa personnalité ; le taquin. La Ketsueki lui avait un peu appris à être fourbe : autant mettre cette nouvelle capacité à profits.

« Ne t’en fais pas, je ne détruirai pas des échantillons qui me sont aussi importants qu’à toi. Je devrais avoir fini d’ici deux semaines, effectivement. D’ici là… »

Il se rapprocha, lentement, doucement, pour arriver juste devant elle, alors qu’elle était presque sortie, juste devant la porte.

« Peut-être devrions-nous nous revoir… encore ? »

Il avait presque susurré ces mots. ‘’Joue avec elle comme elle joue avec toi’’, devait-il se dire…