Les nuages flottaient par-delà les monts de sable. Notre héros s'approcha de la fenêtre, soupirant. Il était seul à présent, ici, dans son nouvel appartement. Il venait d'entamer une nouvelle vie, et il l'avait décidé, abandonnant tous les principes, toutes les règles régissant sa famille. Il avait fait ce choix, seul.

Le choix. Il est motivé par des idées, des ambitions. Celles-ci se développent au fil du temps, se nourrissant de l'expérience accumulée, mais également des récits de chacun. Alors il arrive qu'un jour, l'Homme change de voie : chaque être est responsable de lui-même. Ce n'est pas parce que l'on naît forgeron que l'on doit passer nos journées à taper sur l'enclume, non. Il faut savoir se défaire des chaînes du destin, renier ses origines, franchir un nouveau cap. Notre héros l'a fait. Il a décidé de quitter sa vie de civil, effaçant les sentiers érigés par son père et créant, jour après jour, son propre chemin. Il avait trouvé sa propre voie, celle de ninja.

Il ne faut pas chercher bien loin pour pouvoir observer l'élément déclencheur. La rencontre organisée par Tossen, l'oncle de notre héros, avait beaucoup joué. En effet, en rencontrant Nao, son maître marionnettiste, il avait complètement changé. Oui, il avait toujours le même caractère cependant, son idée à propos du monde civil avait été chamboulée. Non, ce monde n'était pas pour lui et bien que les cours de l'académie ne l'ennuyaient au plus haut point, il se sentait l'âme d'un ninja. Alors oui, il apprit aux côtés de son maître tout ce qu'il pouvait apprendre, allant jusqu'à nourrir une passion pour l'art de celui-ci. Il était rare, presque unique, seuls quelques hommes en était adeptes. C'était clair pour lui, cette voie était la sienne.

Alors oui, il avait fait son choix. C'est ainsi qu'après avoir annoncé celui-ci à sa famille, il s'empressa de devenir un genin, dans le but de devenir ninja du village. Protéger les villageois ? Le village en lui-même ? Non, cela ne l'intéressait absolument pas. Il était en quête de pouvoir, de renommé. Lui ce qu'il voulait, c'était devenir le plus grand marionnettiste au monde, faire la propagande de son art, montrer à tous que tous ces pantins servent à quelque chose. Alors il fallait se faire connaitre, se faire un nom, gravir chaque échelon, monter les marches l'une après l'autre, obéir à ses supérieurs, à leurs idéaux de paix. Ah la paix. Quelle stupide utopie.

Quel shinobi pourrait l'obtenir ? Oui, qui pourrait créer un monde où chaque Homme serait heureux ? Les Hommes ne nourrissent-ils pas différents désirs ? Alors comment leur créer un monde commun où cette faim serait comblée ? Non, cet univers n'était absolument pas réalisable pour notre héros. Genshi soupira. Il laissa tomber toutes ces réflexions, sortant prendre l'air.

Genshi se dirigea vers le centre-ville, il devait acheter quelques gadgets pour optimiser son pantin. Il faisait plutôt bon en cette fin d'après-midi, l'air était chaud, comme à son habitude, mais les nuages couvraient les quelques rayons de l'astre solaire qui osaient frapper le village. Notre héros trouvait ces moments de marche ennuyeux, il aurait aimé avoir un moyen de locomotion plus rapide que ses pieds, mais est-il vraiment raisonnable de chevaucher au sein même d'un village ? Il soupira. Après une dizaine de minutes, il arrive à l'unique boutique dédiée aux marionnettistes de la cité de Suna. Unique représentante de cet art, vous dites ?

Il salua le marchand. Celui-ci semblait occupé à autre chose. Il était tard et les chances d'avoir un acheteur s'amenuisaient au fil du temps. Prenant conscience de la réalité, le propriétaire de la boutique lui rendit la politesse. Il s'empressa de demander à notre héros ce qui pouvait l'emmener là.

" - Eh bien, je suis un marionnettiste, et j'aurai besoin de quelques outils pour améliorer mon pantin. Que me conseillez-vous ? " demandait-il.

Il avait été respectueux. Quand on y pense, c'est un fait logique. Cet homme est spécialisé dans le domaine préféré de Genshi, alors, il était certainement lui aussi passionné par le monde des marionnettes -ou alors n'était-ce simplement qu'un business pour celui-ci ? Quel mauvais investissement en ce cas !- Le vendeur se présenta, il se nommait Hiroshi. Notre héros fit de même. Le marchand semblait émerveillé, il avait des étoiles dans les yeux. Il lui indiqua qu'il était son premier client. Alors c'était vrai, il n'y avait aucun autre marionnettiste ici, à Suna. Le Kurusawa se demandait alors où son maître avait pu acheter ses propres outils, mais il n'osa pas poser la question, ne souhaitant pas offusquer son interlocuteur. Le vendeur s'en alla dans l'arrière-boutique, apportant une ribambelle de babioles jusqu'ici inconnues de Genshi. Il papota quelques minutes avec celui-ci, lui présentant les caractéristiques de sa création avant d'être interrompu par les pas d'un autre personnage.

Il était là, juste derrière notre adolescent. Un second client ? Quelle journée pour Hiroshi ! Il allait se faire un second client, mais surtout, notre héros allait enfin rencontrer un autre marionnettiste, il se retourna rapidement, empressé de découvrir son visage. Il l'analysa en un éclair et celui-ci n'appartenait pas à un autre marionnettiste. C'était Yamada Kioshi, le chef du Kakumeigun. Manquant à toute forme de respect, le genin se tourna vers le vendeur.

" - Alors vous me conseillez plutôt ce sac ? C'est vrai qu'il possède une capacité intéressante. Cela pourra être mon fourre-tout ! " continuait-il calmement.

Nouvelle marque d'étonnement chez le vendeur. Il regarda Genshi plein de stupeurs, saluant rapidement le nouvel arrivant pour éviter tout reproche. Il s'approcha de l'adolescent, lui chuchotant quelque chose comme : éh fais gaffe mec, c'est pas n'importe qui tu ferais mieux de le saluer avant qu'il n'ait le temps de réagir. Il haussa les épaules. Ah ça, ça pouvait bien être la Kazekage, il s'en foutrait bien. Il prit en main le sac, histoire de l'analyser de plus près.

Notre héros semblait présenter un intérêt réel pour cette besace ; un fourre-tout, comme il l'avait appelé. Alors qu'il échangeait avec le marchand, un homme entra au sein de la petite échoppe. Nulle attention portée à celui-ci, le Kurusawa le scruta rapidement du regard avant de reprendre sa discussion avec son interlocuteur initial. L'invité s'avança, prenant place lui aussi au sein de la boutique.

Genshi ne réagit pas à l'intervention de Kioshi. L'usage de sceaux. Notre marionnettiste connaissait déjà leur existence, leur principe. Il avait déjà appris les fondements de cet art que l'on nomme le Fuuinjutsu, presque obligatoire pour chaque montreur de pantin en ce monde. Son maître l'y avait forcé. Cette spécialité permettait au ninja d'utiliser de nombreux objets, de sceller quantité d'artefacts et principalement, d'invoquer ses pantins. Alors que d'un autre côté, un simple sac avait une capacité limitée, pouvait se détériorer ou même être perdu. De plus, nul doute que le transport d'un élément scellé est plus agréable que celui d'un élément porté. Cependant, pour une simple course en ville, nul besoin d'utiliser une invocation, seule une besace portée de façon classique suffit.

Le marchand était resté très poli, agissant selon les principes de la bienséance. Il marqua une forme de respect réelle pour l'intervenant, non pas de là à parler de culte, mais il lui réserva un accueil digne des plus grands régisseurs du pays. Après s'être présenté au chef du Kakumeigun, le vendeur se rendit vers l'arrière-boutique, dans le but de préparer une boisson à son invité de marque. Il se pressa. En l'espace de quelques minutes, il revint, boissons en main, offrant à chacun de ses hôtes un breuvage à la menthe, propre aux habitants du désert.

L'importance apportée aux paroles de son supérieur hiérarchique était quasi-nulle. Bien que ses premières paroles avaient été justes et vraies, notre héros ne prenait pas vraiment son opinion en compte, obéissant à ses propres envies. La tasse offerte par le marchand était chaude, mais les mains du Kurusawa pouvaient supporter cette chaleur. Il songea brièvement à l'intérêt que Kioshi pouvait porter à cette échoppe. Il se rendit rapidement à la conclusion qu'il n'était pas là pour les articles proposés par le vendeur. Sirotant son verre de thé, le Genin alla droit au but.

" Dites moi, dans quel but êtes-vous venu ici ? Je doute que votre esprit marque un quelconque intérêt pour le marionnettisme. " lâcha-t-il brièvement.

Notre héros soupira, il demanda le prix de la besace au vendeur, attendant la réponse du leader en sa compagnie.

Une simple vingtaine de ryôs. Le marchand annonçait le prix de son article comme s'il énonçait une douce parole, une agréable nouvelle. Le prix de la besace était élevé. Bien que notre héros ne subissait pas de pression financière, il avait toujours du mal à lâcher quelques pièces, surtout lorsqu'il jugeait que certaines étaient de trop. Il marchanda quelque peu avec leur respectable hôte, abaissant ainsi le prix initial à celui de douze ryôs. Satisfait. Il conclut rapidement la transaction, fier de pouvoir économiser près de dix pièces. Une bien belle besace était désormais en sa possession, et il en était satisfait.

L'argent, une valeur qui régit le monde dans lequel vivent les Hommes. L'unité représentée permet de s'offrir multitude de biens, de services. Elle oblige les personnes à travailler dans le but d'obtenir assez de monnaies pour pouvoir subsister et pourquoi pas, s'offrir un semblant de bien-être à travers l'achat d'articles à la mode. Ces travailleurs se doivent d'obéir à leur supérieur hiérarchique, qui souvent obéit à son propre supérieur, offrant alors une boucle infinie de sous-traitance jusqu'à arriver finalement à l'échelle du véritable patron. N'est-ce pas celui-ci qui détient le pouvoir ? Appliquons cette idée au registre militaire. Un ninja obéit aux ordres de son chef de groupe, ou de son commandant en temps de guerre. Qui dicte à ces Hommes d'agir selon telle ou telle manière ? Le kage. Cependant, ce régisseur ne jouit que d'une emprise, celle de son village. Oui, celui qui guide l'ensemble du pays est le daimyo, et c'est lui qui préside véritablement les faits et gestes de sa patrie. Alors, n'est-ce pas cet Homme, qui, emplit de richesses, possède la capacité de renforcer ou d'affaiblir une armée ? Imaginez simplement la répercussion qu'aurait une baisse du salaire de toutes les troupes d'une cité pour vous rendre compte de son pouvoir.

Une réflexion à propos de l'argent futile en ces temps. Dégustant le breuvage offert par le propriétaire du bazar, notre héros fixa son attention sur Kioshi. Alors que le vendeur affirmait clairement qu'il n'avait jamais vu le chef du Kakumeigun en sa boutique, il s'exprima. Il lâcha quelques mots, dans le but de faire comprendre au Kurusawa qu'il était son allié, qu'il était là pour l'aider. Genshi n'en avait pas grand chose à faire, il savait se débrouiller seul. Alors, faire des rencontres, parler, échanger avec les autres simplement dans le but de faire connaissance, cela ne l'intéressait pas. Puis ... des ennemis, en tant que genin, il ne risquait pas d'en voir de si tôt.

Cependant, malgré son statut de simple amateur, il avait déjà rencontré quelques opposants au sein même de la cité fortifiée, s'étonnant du fait de pouvoir subir des attaques internes. En atteste l'attentat récent à l'encontre d'Ohatsu. Notre héros soupira, laissant son regard suivre le Yamada déambuler au milieu des rayonnages. La curiosité emplissait les yeux de celui-ci, ses yeux observaient minutieusement chacun des appareils en la possession du marchand. Des engins. Il avait osé nommer ainsi l'art cédé par le maître de Genshi. Le genin ne releva pas le terme employé par son interlocuteur, laissant passer son manque de respect ne souhaitant pas vraiment se retrouver dans un litige avec l'un des Hommes les plus importants du village.

Il avait parlé de Kenkelkechose, le marionnettiste ne savait absolument pas de quoi parlait le blond face à lui. Le Kurusawa laissait tomber cet élément également, incapable de répéter le terme employé par Kioshi pour lui demander ce qu'il représentait. Le Yamada peinait à aller au but, préférant passer par l'usage de subtils arguments placés finement au sein de l'échange. Malgré ses hésitations, il finit par offrir à notre héros la raison de sa visite. Il lui demanda s'il pouvait lui faire une démonstration de son art.

Tu..ton ; il l'avait tutoyé. Genshi venait simplement de le remarquer. Il ragea intérieurement, il s'était presque forcé à vouvoyer son supérieur hiérarchique jusqu'alors inconnu à ses yeux, tandis que celui-ci se contentait de le tutoyer, comme pour le rabaisser et montrer de façon claire qui était au-dessus. Les règles de bienséance inculquées à notre héros l'empêchait de réagir, il était le chef du Kakumeigun après tout, lui cracher au visage serait mal vu. Crispé, le Kurusawa soupira, une nouvelle fois. Enfin. L'intérêt du visiteur se portait donc sur la spécialité du genin. Ah. Il ne parlait plus d'engins, de bizarreries, mais bien d'art désormais. Sublimer la passion de l'interlocuteur dans le but de l'attendrir et de l'ouvrir à un accord. Notre héros connaissait ça, il en avait fait l'apprentissage lors de son cursus académique civil. Il souriait, il comptait bien faire mariner son interlocuteur, histoire de voir ce dont il était vraiment capable moralement.

" - Pensez-vous vraiment que je sois du genre à me produire tel un marionnettiste délivrant une pièce de théâtre ? " marmonnait-il assez fort pour être entendu.

Notre héros reprit son souffle, remettant ses idées en place dans le même temps.

" Qu'est-ce que j'ai à y gagner ? Et vous voulez que je fasse quoi au juste ? Ne prenez pas ça pour un accord, je veux simplement savoir ce que vous attendez de moi. " finissait-il par lâcher.

Les cartes étaient à présent dans les mains de Yamada Kioshi, lui seul avait le pouvoir de convaincre notre héros de démontrer la complexité de son art : le kugutsu. Genshi se retourna, demandant courtoisement un second verre de thé au propriétaire de l'échoppe. Il s'exécuta rapidement, servant au marionnettiste l'objet de sa requête. Il ne pensait plus à rien, se demandant simplement ce que son supérieur hiérarchique lui voulait.

Mes mains se posaient sur la tasse offerte par le marchand, le verre était moins chaud cette fois, le temps passé à échanger avait considérablement affaibli la température du breuvage. Je me mis à le siroter, tout en attendant la réponse de mon interlocuteur. Je me demandais ce qu'il voulait celui-là. Jamais un homme de sa trempe, de son rang n'avait pris le temps d'échanger avec moi, alors le voir débarquer ici comme une fleur, ça m'étonnait.

Pourquoi pas. Les mots lâchés par le dirigeant du Kakumeigun me surprenaient. Il n'avait pas cherché à éviter ma question, ou à la contre-carrer avec un argument, il l'avait simplement retournée contre moi-même. Il se lança dans une démonstration simple, liant notre vie à une pièce de théâtre. Ses mots étaient justes, sa parole était droite, une réelle capacité d'orateur ressortait de cela. Alors c'était ça, les capacités d'un homme détenant la puissance, je prenais alors peu à peu conscience qu'il m'était encore impossible de contredire ses paroles.

Les bonnes grâces d'un haut placé hein, je me demandais si j'en avais vraiment besoin. Elles me permettraient sans doute une ascension plus rapide, m'offrant alors un poste plus intéressant au sein de l'armée de Suna. De plus j'aurais alors une réelle renommée intra-muros, qui me permettra alors de faire la promotion de mon art, le marionnettisme. Ce Kioshi, il avait vraiment les mots justes, il m'avait cerné alors que nous n'avions encore échangé qu'une demi-dizaine de phrases.

Rien à y perdre. Oui, c'était juste. Une simple démonstration de mes pouvoirs permettrait alors à cet homme de comprendre sa complexité. Je soupirais, ennuyé, comprenant que ses mots m'avaient finalement convaincu d'agir. J'arrachais ma cape de ma main droite, puis la déposais sur le comptoir du marchand, tout comme le verre de thé que je terminais après deux gorgées. Je me tournais alors face à Kioshi. Le vendeur était lui derrière moi, il apercevait clairement la forme de mon pantin à travers les bandelettes qui l'entourait.

Je devais donc impressionner le chef du Kakumeigun. Alors que je m'apprêtais à agir, il exécuta une démonstration sobre de ses pouvoirs en tant que membre du clan Yamada. Il se concentra pendant quelques instants, puis la température de la boutique se mit à baisser. J'aurais mieux fait de garder ma cape, m'enfin, elle ne m'aurait pas tenu très chaud non plus. Alors que le climat était devenu presque hivernal, l'air ambiant se remit à chauffer la pièce, la représentation était terminée. Je le regardais, comprenant alors l'ampleur du pouvoir de cet homme.

" Je vais le faire. " lâchais-je, surpris par la compétence de Kioshi.

Un ultime soupir ressortait de mon être. Je me concentrais, accumulant mon chakra dans le haut de mon corps, le laissant parcourir une large distance s'étalant de mon épaule jusqu'au bout de mes doigts. Les fils de chakra émanèrent de mes doigts, filant vers le pantin accroché à mon dos. Je tirais sur chacun de mes doigts de façon à ce que les câbles ne tirent la marionnette vers le haut pour l'arracher des bandages l'entourant. Plusieurs craquements se firent entendre, jusqu'à ce que peu à peu, tous les bandeaux ne finissent par céder. La large cape noire de Marco se frotta à l'air ambiant, tandis que ses bras s'écartèrent du buste du pantin. Je parvins à éviter la queue de mon allié inanimé d'un mouvement de tête vers la gauche.

Je trouvais que cette sortie était plutôt classe, et j'étais satisfait du fait qu'elle se soit déroulée correctement. Je regardais Kioshi, me demandant ce qu'il pensait de cette première action, qui en soit était un pas réel que j'exerçais dans sa direction. Je ne voulais rien ajouter, préférant entendre la première réaction de celui-ci pour savoir ce qu'il avait pensé de mon pantin. Il était peut-être complétement ennuyé par celui-ci... Il s'attendait peut-être à voir autre chose... Je laissais tomber mes craintes, je n'étais pas comme ça habituellement, je voulais plutôt me servir de cela pour jouir d'un nouveau statut. Était-ce le stress qui me faisait perdre les pédales ? Pourquoi le stress, ce n'était pas un examen après tout, ce n'était qu'une simple démonstration de mon art. Je devais me calmer, rester digne des enseignements de mon maître, digne de moi-même. Je soupirais, comme pour me remettre les idées en place. Une seule chose m'importait à présent, l'avis de mon interlocuteur.

Spoiler:

J'avais à peine entendu les mots de mon interlocuteur, mais je parvenais à percevoir l'adjectif qu'il avait employé. Kioshi venait tout bonnement de qualifier mon pantin de démon. Je souriais. L'effet qu'il lui faisait me semblait satisfaisant. Il avait même dépassé mes attentes. Jamais je n'avais imaginé ma marionnette de cette façon, mais c'était l'image qu'elle donnait, cela me plaisait bien à vrai dire.

Mon petit numéro ne lui avait sans doute pas suffit, et j'avais réellement besoin de me faire connaître par les plus hauts personnages de notre armée. Je décidais ainsi de jouer le tout pour le tout, quitte à me faire passer pour celui que je ne suis pas. J'avais presque le sentiment qu'il m'était nécessaire de jouer un double-jeu pour parvenir à mes fins.

« N'ayez crainte, ce démon est notre allié. »

Je n'étais pas de ceux qui dévoilaient leurs atouts ainsi, aussi rapidement et sans réelle assurance. Cependant, je pensais que le fait de lui accorder ma confiance lui ferait bien comprendre que j'étais prêt à le suivre. Mon objectif était simple, grandir au sein de l'armée du village. Plus notre rôle est grand, plus le respect des autres ninjas à notre égard est important. De plus, une coquette prime vient s'ajouter au salaire de base d'un simple garde, ou d'un simple genin. Alors oui, je devais lui faire confiance, lui montrer que j'étais dans son camp, lui faire comprendre que je comptais sur lui.

« Marco est capable de transporter un corps en son sein. »

Un soupir émana de mon être. Je lui avais donné l'une des principales caractéristiques de mon pantin, comme ça, et devant le marchand. Je regrettais déjà mon action, mais après tout.. Ce Kioshi, c'était le chef du Kakumeigun, alors il savait déjà certainement tout ça. Il devait avoir des fiches avec nos noms, nos techniques, nos gadgets et pleins de trucs que parfois, nous ne connaissions même pas. Il était trop tard pour regretter, je me contentais de rompre les fils de chakra qui me liaient à ma création.

Kioshi avait une idée bien en tête. Impressionné par mon petit tour, il qualifia mon pantin de "bête sournoise" et s'approcha de ma création en bois. Il se mit à l'examiner, de façon à bien comprendre ce dont Marco était capable. Par la suite, il prit un court instant de réflexion puis, me fixa, droit dans les yeux. Kidnapper un passant dans la rue. Intérieurement, je me demandais ce qui pouvait passer par la tête du shinobi contrôlant la chaleur. Je ne pouvais pas contredire ou réfuter l'une de ses questions, il était mon supérieur. Un tel comportement pourrait m'attirer les foudres de l'administration ; s'il venait à émettre un rapport sur mon indiscipline, bien évidemment.

« Je vous ai dit que ma création pouvait transporter un corps en son sein il y a de cela quelques secondes, alors oui, il m'est possible d'exécuter votre requête. »

Je soupirais.

Cette rencontre virait à l'examen et je me demandais en quoi ce test pouvait être utile au Yamada. Était-il en train d'évaluer mes compétences ? Si tel était le cas, je devais simplement me contenter d'agir, d'obéir. Lâchant un dernier regard médusé vers mon supérieur hiérarchique, je m'approchais de mon pantin et liais de nouveau mes doigts à Marco par l'intermédiaire de fils de chakra. Je tirais sur ces câbles pour l'emporter avec moi et ainsi rejoindre la rue annexée à l'échoppe.

Les gens affluaient de toute part en ce début de soirée. Les sunajins étaient affamés et venaient au centre-ville dans le but de remplir leur pense. Il m'était aisé de repérer une cible solitaire parmi les familles et les groupes d'ami qui déambulaient ici. Cependant, je me demandais comment je pouvais kidnapper un Homme sans pour autant semer la panique. Hmm. Après une vingtaine de secondes de réflexion, j'étais certain de pouvoir le faire dans la plus grande des discrétions et ma stratégie me semblait parfaite, irréfutable.

Je m'approchais d'un gars, l'unique solitaire que j'avais repéré.

« Bonsoir. Je me présente, je me nomme Tossen et j'aimerais vous parler seul à seul. Comme vous pouvez le voir, je suis un shinobi du village et en tant que marionnettiste j'émets un sondage pour déterminer l'avis global de la population à propos de mon art. »

Au fil des questions, je fis mine de mal entendre ses réponses. Le brouhaha qui émanait de la populace n'était pas vraiment gênant, mais il me servait de prétexte pour le convier à rejoindre une ruelle plus calme et à l'abri des regards. Il accepta sans hésiter. La confiance qu'il portait aux shinobis de notre village me semblait sans faille, fort heureusement, je n'avais rien contre lui et il me permettait simplement de réussir le test que m'avais conféré Kioshi, cependant, si j'avais été un ennemi, sa crédulité l'aurait conduit à une mort certaine.

D'un simplement mouvement de main, je faisais en sorte que Marco absorbe le civil.

Ignorant les jérémiades de mon prisonnier temporaire, je faisais demi-tour, remontant alors la rue principale. J'arrivais rapidement à la boutique et arborais un grand sourire en entrant. D'un nouveau mouvement de main, j'ordonnais à mon pantin de "recracher" le villageois.

« Voici. »