Douce routine, un cycle qui se répétait et parfois, la brune s’étonnait qu’en gambadant à travers les rues du Kumo elle puisse prévoir ce qui s’offrirait à sa vue. C’était assez perplexe qu’ainsi son regard se lançait sur les clients familiers des boutiques devant lesquels elle passait toujours. C’était très vite lasse qu’elle observait le même chat sur le bord d’un balcon et qu’elle écoutait les mêmes aboiements du chien voisin le sommant de descendre. Un soupir sans aucune grâce pour dénoncer son agacement quand en prime le bureau s’avérait bomber. La totale décidément, ou alors simplement, un mauvais jour, un manque de sommeil, allez savoir...

-Hum...?

Quelque chose avait éffleuré son bout de nez et un réflexe faisait pencher tout le minois en arrière pour en découvrir la cause, la scène n’était pas franchement celle à quoi on pouvait s’attendre, dans un premier temps, avouons le, le regard de notre demoiselle se fixait sur le postérieur d’une autre.... Ah bah, c’était du joli ça tient !

Mais pour sa défense, ajoutons que le manque de tissu pouvait surprendre, même si c’était davantage le reste de la morphologie de la donzelle qui la bloquait sur place. Monter, descendre... Ainsi de suite, faisait-elle une sorte de gymastique? Depuis sa position Miaë ne la voyait que de dos et ça suffisait amplement pour décourvrir les dessins des muscles souffrant à peine sous l’éffort. Un frisson la parcouru en même temps qu’une pensée sombre... Elle n’aurait pas aimé que son cou se retrouve prisionnier de ses belles cuisses...

Une autre évidence du coup, une nouvelle tête, depuis le temps qu’elle traînait en patrouille à travers toute la ville, impossible qu’elle ne l’ait pas remarqué avant, surtout curieuse pour tout comme elle était. La logique aurait voulu qu’elle poursuive son chemin, mais sa nature en décidait autrement quand la malchance faisait qu’un visage familier, un de ceux qu’elle aimait voir; on appelait ça un dulciné je crois, s’était lui aussi fixé sur le même point que la brune plus tôt... Son expression à lui était envieuse et plus il penchait la tête sur le côté pour s’en délecter, plus la Bakushô sentait s’ammorcer l’explosion... ce qui entre nous était encore ridicule, elle ne lui avait même pas parlé une fois à ce clampin... Les femmes...

-Tu te réchauffes en faisant de l’exercice parce que tu as perdu quelques bouts de tissu en chemin?

Marmonait un ton amer à l’intention de l’intriguante inconnue. Quoi après tout on était en automne, aussi ça le faisait presque quand elle proposait...

-Je te prête mon manteau si tu veux...

Un air frais se glissait à travers les murs de leur citée, ce n’était pas son genre de manquer de confort à la princesse ! Mais ça l’était encore moins de laisser faire sans broncher. Dommage qu’elle n’agissait pas toujours quand il fallait et peut-être même qu’elle allait regretter sa proposition, le groupe de garde poursuivait sa marche toujours aussi attentif au même point, puis de pile, on passait à face et quelques sursauts avaient le don de succiter la curiosité de la belle pressant le pas pour les imiter... Enfin, qu’en partie. Les mâles accéléraient le pas sans broncher, un dernier regard pour eux avant de se pencher sur le cas de l’autre brunette... Verdict...?

Miaë cherchait encore. Ceci dit, de dos comme de face, le manque de vêtement était évident, elle levait enfin son regard vers des iris qui pouvaient sembler rouges si on s’y laissait méprendre, après si être perdu un moment, ce fut le tour de cet étrange masque d’être inspecté. Etrange créature. Elle aimait bien étrangement. Son doigt pointait d’ailleurs l’accessoire aussi vite, la curiosité la rattrapait dépassant de loin l’animosité...

-On dirait une sorte d’ivoire... En quoi est-il fait?

Âme d’artiste, forcément les coups de coeurs vont vers les oeuvres rares...

Son esprit se fixait au poids de l’animal que son interlocutrice avait semblait-il... démonté. Aucun commentaire sur le sujet de la part de notre Bakushô, pas qu’avec ses cuisses finalement qu’elle ne voudrait pas avoir affaire... Pourtant elle lui adressait un sourire, au moins elle n’avait pas gaspillé l’animal et le tout lui rappeler ses jeunes années, quand elle allait à la chasse pour faire ses premiers pas dans le monde Shinobi. M’enfin, ses proies étaient plus des lapins à elle...

-Je vois, ça explique sûrement la qualité de ta... création?

La question se posait, était-ce elle qui l’avait conçu? Des doigts si agiles, ne pouvaient que plaire à notre brunette qui se surprenait à ne plus retrouver son interlocutrice en revenant de sa rêverie... Un coup d’oeil à droit, à gauche et une moue avant de retrouver cette silhouette particulière rentrait au final à son lieu de destination. Mais ne venait-elle pas de lui mettre un vent royal?

-Bah voyons...

S’exclamait la demoiselle les bras croisés en soufflant à la fin de sa phrase, on avait affaire à un spécimen étrange, elle aurait dû ne pas s’en soucier davantage, mais c’était peut-être parce qu’elle la repoussait avec un tact et un talent si aiguisé, que Miaë revenait à la charge. Quelques pas pour rejoindre le compteur et ses oreilles captaient la demande de l’inconnue, qui ne le restait pas longtemps, la Bakushô zieutait rapidement sur la fameuse carte demandée. Osore, une Seki. Voilà une découverte qui faisait dresser un sourcil, la brune la guettait une dernière fois de haut en bas avant de reprendre la parole, une vite interrompue d’ailleurs.

-Voilà qui explique pourquoi je ne t’avais jamais vu la Seki...
-Tient, tu tombes bien toi, Miaë est une habituée des patrouilles, une abonnée même, fais le premier tour avec notre jeune... recrue...

Pourquoi ne pas lui coller un panneau au dessus de la tête t’en qu’elle y était cette vieille bique. Regard perçant et doré de notre «ancienne» patrouilleuse et pas de discussion pourtant, elle faisait un signe à la Seki, non pas sans exiger d’être rémunéré pour ça! Il lui en fallait plus pour perdre son nord. Aussi il fallait commencer par les bases, les postes de gardes. La «pro» ouvrait la marche et comme la démonstration n’avait aucun intérêt pour elle, elle reprenait sa discussion, question de priorité.

-C’est toi qui l’a sculté, ton masque ? J’aime bien créer moi aussi.

Et bien sûr, elle ne pouvait pas s’empêcher de faire sortir son argile pour recopier le masque de son accompagnatrice en mode, miniature... en chemin. Pas d’explosif dans cette création, no panic. On arrivait au premier point.

-Bon rien de compliquer dans ce qu’il t’attend, des rondes régulières d’un point à l’autre vers des endroits comme celui-ci. Il est évident que ton rôle est de maintenir l’ordre. Je te le dis tout de suite, un job ennuyeux à mourrir.

Et elle savait de quoi elle parlait, même pas une attention offerte aux gardes déjà sur place, il fallait dire que les têtes changeaient si souvent, que la brune ne leur accordait plus aucune attention.

-On poursuit ou tu veux une halte auprès des clampins?

Regard aux désisgnés et un retour sans attente... La routine quoi.

Le courant avait du mal à passer, mais c’était loin de suffir à défriser la brune et sa curiosité sans faille, tôt ou tard, elle aurait le fin mot de l’histoire, bien que pour le coup, elle supposait que si elle demandait à rencontrer l’artiste, forte chance de se faire remballer... Curieuse, oui, impolie ou chiante, pas toujours, la preuve, sans contrarier sa compère du moment, elle laissait le sujet se faire enterrer. Un nouveau l’intéressait tout autant de toute façon, rire d’ailleurs en l’écoutant, oh non ma belle, il ne fallait pas se faire d’illusion là encore.

-Je te vois venir ! Désolée, les règles sont strictes, particulièrement lors de la ronde, on neutralise en évitant de faire au maximum des dégats et je ne parle pas que du matériel.

Haussement d’épaules et air désolé, la brune compatissait même si de son côté, elle était partisane du moindre effort, ça comprenait les échanges musclés dont elle avait horreur. Pourtant les nombreux visages de nouvelles recrues lui avaient montré multe fois que c’était ce qui les faisait souvent vibrer cette perspective là. Pas pour autant qu’elle était désolée de gacher les illusions de la Seki.

-Enfin, rien ne t’interdit de te passer de suivre les règles, après tout, peut-être sont-elles faites dans ce but...?

Ricannement en rattrapant la seconde brune qui tentait de lui mettre une sème ma parole et une autre de vérité pour le coup.

-Néanmoins, ça aura un prix, oublie la montée en grade et là je te parle d’expérience !

Voilà un point sur laquelle, on ne pouvait absolument pas la contrarier... Malheureusement? Pas sûr que la Bakushô le prenait dans ce sens-là. Elle n’avait aucune leçon à donner, un autre point certain en passant. Donc ceci n’était pas un conseil.

-Ton seul plaisir sera peut-être la traque quand un vaurien fait le fou, là encore, c’est d’une rareté...

Cependant, tout espoir n’était pas perdu, mais difficile de savoir si c’était une bonne idée de livrer ce genre d’infos.

-Par contre... Si tu fais un détour en contrebas, par là tu vois, tu découvriras un monde à l’intérieur même de Kumo que tous semblent ignorer, seulement parce qu’il a son utilité, son accès est une bouche d’égout, rien de bien tentant à première vue, sauf que toutes les mauvaises graines s’y rejoignent et leur loisir, comme leur commerce sont multiples, mais surtout hors norme. Tu veux faire un détour?

Inutile de demander où et comment on en était arrivé là, ni même comment elle savait ça la brune loufoque...Son petit doigt lui chuchottait que dans pareil endroit, elle ne lui servirait pas de guide longtemps...