[Libre] Rongeurs dans vos celliers [Mission D]

Ordre de mission:

Les rares personnes que Fuusho questionnait sur sa sœur n’en avaient jamais eu vent. Comment une jeune fille de 6 années sa cadette pouvait passer si… inaperçue ? Malheureusement, les derniers jours ne lui permirent aucune investigation plus poussée sur cette question. Malmené par ses instructeurs successifs, le fumeur souffrait d’un manque cruel d’entraînement ; et pour tout dire, il ne souhaitait aucunement y remédier. Chérissant un rythme de vie très personnel, l’envie d’en changer paraissait bien loin.

Fatigués ou simplement par pitié, ses supérieurs lui accordèrent finalement l’honneur de porter les couleurs de l’Alliance. Ainsi lavé de tout passé il se voyait renaître au travers d’un kimono clair ; Yuuryo Fuusho : l’homme chez qui le blanc n’apparut jamais aussi jaunâtre en si peu de temps. Au moins, un yukata⁽¹⁾ lui aurait indiqué le chemin à suivre : celui des onsen. Dans tous les cas, l’odeur de tabac surpassait largement les trois jours sans décrassage.

Au petit matin de la journée suivante –pour ne pas dire peu avant le déjeuner–, on l’assigna à l’éradication de rats. Proliférant à travers la ville, ces rongeurs prenaient un malin plaisir à dévorer denrées et paperasse mal rangées. À première vue, Fuusho se serait bien passé de toute intervention –il ne serait pas le premier à rater une mission, si ?– mais lorsqu’il comprit que les nuisibles détruisaient aussi les stocks de tabac, son avis changea en faveur des chasseurs de rats.

Fort heureusement pour le village, sa hiérarchie ne l’avait pas laissé seul sur cette affaire ô combien primordiale à la quiétude des habitants, lui le premier –le tabac c’est sacré–. Quelques mètres à déambuler dans les rues lui suffirent à oublier le nom du partenaire. Peut-être finirait-il par le croiser au détour d’une échoppe… ? « La Taverne du Houitsu »⁽²⁾ fut sa première destination. Si’l avait été un rat, il s’y serait rendu à coup sûr.

- « Hé patron ! Y-a des rats par chez toi ? » Lâcha-t-il au serveur, à peine les portes passées. L’air hébété de l‘interpellé lui fit hésité pour continuer son interrogatoire, mais sa connerie lui permit de poursuivre, « Sers m’en une, c’est le senseï qui régale ». Il n’avait pas de senseï, Fuusho le savait… et à en croire la façon dont il se fit exclure de l’établissement, le barman aussi. Vraisemblablement à titre définitif si l’on en croyait les mots crachés par ce dernier « Reviens encore une fois et ma main régalera ta salle gueule ! » alors qu’il le jetait dehors.

Fesses au sol, sonné, Fuusho estima justifié de se retirer de la mission…⁽³⁾

⁽¹⁾ Kimono plus léger pour se rendre aux bains (onsen) (source wikipédia, pour les curieux)
⁽²⁾ Dictionnaire pour traduire ^^
⁽³⁾ Mais fort heureusement, un Shûkajin va apparaître dans le RP \o/

Dernière édition par Suoh le Mer 5 Nov 2014 - 0:54, édité 1 fois

Deux hommes, un bar et une bouteille.

Suoh comme à son habitude trainait dans les rues de l'Alliance. Bientôt les habitants allaient croire qu'il vivait plus dehors que dans son propre bureau, ce qui en quelque sorte n'était pas faux. C'était juste que cet homme préférait l'action à la paperasse, voir de ses propres yeux plutôt qu'écouter les rumeurs. Enfin de compte, il n'était qu'un Capitaine de terrain qui cherchait à se rendre utile, beaucoup le jugeait comme trop violent, parfois avec des excès de zèle. Et pourtant, une douceur résidait en lui, simplement enfoui sous un tas profond de pourriture. Cherchant où se rendre, il marchait tel un vagabond dans les ruelles de la ville, c'était même surprenant à voir. On pouvait l'apercevoir s'arrêter devant quelques lieux puis repartir l'air hésitant. Néanmoins, il savait très bien où il passerait sa soirée, toujours dans le même bar, à boire le même alcool, à fuir les mêmes démons. Et pourtant il faisait tout de même semblant de ne pas savoir, peut-être pour tenter de se convaincre qu'il pouvait arrêter. Ah ... Voilà donc l'alcool et ses vices.

Il arrivait donc au bout de quelques instants devant l'un de ses bars favoris, il connaissait bien le gérant, en fait il les connaissait tous, il les appréciait tous. Suoh était très amical avec les barman, il avait toujours entretenu de bonnes relations avec ces derniers, certains jouaient même le rôle de confident dans les pires moments. L'alcool rapproche et sépare, ironique non ? C'était surtout une nuit en moins avec sa compagne et son fils, une nuit de plus à quitter le lit, à fuir ses engagements. Debout devant le bar, il allait rentrer quant soudainement un homme se fit mettre à la porte comme un malpropre, il semblait totalement désemparé et un sans un sous. Le gérant avait l'air bien contrarié, cela se voyait sur son faciès et sur celui du Capitaine par la même occasion. C'était plutôt de la peine pour notre homme, il avait connu la misère, les galères pour se payer un verre, les jours sans manger. Regardant l'homme, il s'alluma une clope. Il était juste à côté de lui, debout, le regardant, sans bouger. Le général de l'armée, soupira alors avant de lâcher quelques mots :

- Pas facile tout les jours ... Bon viens, c'est ma tournée.
Il souleva l'homme par le bras, comme si ce n'était qu'un vulgaire sac à patate et lui fit signe de le suivre. Peu importe s'il ne venait pas, l'alcool serait quant même au rendez-vous ce soir. Arrivant face au gérant, Suoh fronça les sourcils, comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas bien, son interlocuteur soupira et servit une bouteille avec deux verres tout de même. Il savait très bien qu'il ne pouvait rien dire, le capitaine avait tout les droits ici, surtout qu'il avait sauvé de nombreuses fois le barman de joutes difficiles. Du coup, il lui devait bien ça. Regardant l'homme qui avait prit place à ses côtés, Suoh ne l'avait jamais vu auparavant, surement un nouveau, intéressant. Le général reprit alors la parole tout en attrapant son verre :
- Laisse moi me présenter, je ne t'ai jamais vu, tu dois être nouveau. Je suis Suoh, Capitaine de l'armée. On se présente comme ça dans ce bar !
D'un coup il finit le verre qui était rempli. Cul sec comme on dit, sa pique la gorge, ça réveille, ça brûle la trachée, mais qu'est-ce que ça fait du bien. Regardant l'homme qui avait l'air surprit il lui tendu son verre avant de reprendre la parole :

- Alors, toi c'est comment ?
Maintenant c'était à son tour de se présenter, espérons qu'il ne déçoive pas notre protagoniste, y en a pas mal qui tienne au premier verre et flanche au second. Le jeu ne faisait que commencer.

En prenant garde de ne pas croiser le regard du gérant, Fuusho suivit l’inconnu salvateur. Inconnu ? Qu’un court instant, il s’agissait de l’un des trois capitaines de l’Alliance, autant dire l’un des Grands à ne pas sous-estimer ou du moins, de ne pas s’afficher tel un crétin face à lui. Bon… c’était raté pour une première rencontre, mais le trentenaire pouvait se refaire.

- « Yuuryo Fuusho, capitaine de rien du tout », répondit-il, en déglutissant le premier verre d’alcool offert par Suoh. Cette chaleur faussement réconfortante ne lui avait plus empli le gosier depuis… depuis bien trop longtemps. Dans un murmure, le terme de « Shōchū » s’échappa de sa bouche en même temps qu’un relent alcoolisé. Ce mot persista encore quelques instants dans son esprit tandis que de ses yeux resurgirent des réminiscences d’antan ; avant un retour à la réalité dans le claquement sec du verre sur la table. Son regard trahissait sa demande et le capitaine montra toute sa force de déduction en le lui remplissant à nouveau sans qu’un mot ne soit échangé.

Fuusho ignorait si derrière cette bienveillance soudaine ne se cachait pas une âpreté plus sévère, un but intéressé propre à Suoh. Qu’importe, il était prêt à accepter n’importe quel revers de médaille pour boire une nouvelle fois de cette bouteille.

- « Suoh-san… sama ? Tu… euh, vous venez ici souvent ? Z’aviez vu des rats déjà ? » L’inquiétude le gagna alors qu’il ignorait comment s’adresser à une personne de son rang. La politesse et les convenances ne lui furent jamais enseignées, pour autant il ne souhaitait aucunement apparaître grossier et faisait appel à tout ce qu’il pût lire par le passé dans des livres traitant des bienséances. Conscient de la futilité de ses questions, il noya son regard et son angoisse dans les remous de l’alcool.

Ses belles années d’opulences ne lui semblèrent jamais aussi loin, au point que le second verre lui arracha une grimace. Comme si cela pouvait l’aider à dissocier l’alcool brut de l’arôme. Appelant de son courage, une nouvelle fois, il frappa le cul du récipient sur la table. « Un fond vide, je le plains », plaisanta-t-il malgré lui. Le shōchū agissait déjà.

- « Nous sommes arrivés a’c ma sœur y’a plusieurs semaines maintenant. Et puis… je dois chasser des souris plus téméraires que je ne le serai jamais. Mais ça ne concerne pas vraiment un capitaine de l’armée. » La petite pique n’avait rien de personnel, Fuusho estimait simplement que les grouillots -dont il représentait la pire des parties- devaient s’atteler à des missions de bruit de fond pour que le gratin puisse s’affairer à des tâches vitales à l’équilibre des nations.

Suoh observait son nouveau compagnon de beuveries. Plutôt franchouillard, un poil mou, toutes les qualités d'un ivrogne confirmée. Et c'était surement ça que notre protagoniste appréciait chez ce grossier personnage, son sens de l'alcool, son amour pour cette boisson. Et puis il fallait dire que le général ne se gênait pas pour l'aider dans son amour pour l'absence de tout contrôle de soit. Lui resservant d'ailleurs de plus en plus de verre, il n'y avait aucun intérêt obscène derrière, juste un moment éphémère appréciable qui ne restera presque jamais gravé dans son cerveau. C'était surement ça s'oublier, se laisser aller, profiter de la vie un peu. Et puis, à qui ça pouvait faire de mal, bon à ne pas prendre en compte toutes les joutes qu'on trouve dans les bars. Certains ivrognes ne sont pas doués pour se contrôler, mais ici le capitaine ne risquait rien. Aucun n'oserait se frotter à lui. D'autant plus qu'il connaissait chaque bar par cœur, à force il avait même ses petites habitudes. Ainsi il appréciait la compagnie du trentenaire qui semblait même en avoir perdu le sens de sa venue ici.

D'ailleurs notre capitaine commençait même à se demander si ce dernier n'était pas fou. Il parlait de rats où je ne sais quoi ici. C'était plutôt compliqué à aborder comme sujet avec un barman en face de vous, il vous en aurait fait bouffé du rats tiens. On ne peut pas s'amener comme ça dans un bar du Shozaichi et demander la présence de rongeurs. Ce n'est pas polie, ni courtois, ni même la meilleure méthode pour réussir. Mise à part un gros coup de pied aux fesses, on ne gagne rien de spécial. Suoh n'était pas non plus un rabat joie, il allait l'aider à débusquer des souris et il espérait ne pas en trouver ici. Mais, dans le fond, cela ne l'étonnerait même pas. Les rats prolifèrent bien trop vite et y venir à bout risque d'être compliqué. Cela fit sourire le général qui pensait vraiment que cette mission était faite pour les nouvelles recrues, du genre bien ennuyeuses et avec le risque de se faire botter l'arrière train. Cela le fit même sourire pendant l'espace de quelques instants, tandis qu'il se resservait un verre il prit la parole d'une voix toujours aussi alcoolisée :

- M'bien, j'vois le truc. Mais, tu peux pas te ramener ici et demander si y a des rats. Y'a plus malin à faire et moins risqué. Regarde je vais te donner un petit coup de pouce !
Il se concentra un instant et fit quelques mudras, un filet de fumée se dégagea alors de son corps pour filer sous le sol, il le contrôlait. Son but le faire passer par tout les trous possibles, la chaleur amènerait les rongeurs à chercher une quelconque sortie. S'il y en avait et dans quelques secondes ils allaient être fixés. Et voilà il avait vu juste. Quelques minutes plus tard, des petits bruits se firent entendre, jusqu'à ce qu'une vague de rongeurs déboulent alors dans le bar créant la panique totale, chaque ninjas montant en hauteur, du moins les plus peureux. Suoh sourit, il venait de trouver comment pimenter la mission, histoire d'y rajouter quelque chose de plus passionnant, de plus attrayant :
- Bah chope les tous ! V'falloir faire vite mon gars !
Il prit alors un cul sec de sa boisson, ce dernier verre bien jaugé lui mit une bonne baffe. Celle qui vous rappelle qui ne faut pas vous coucher trop tard, celle juste avant la limite atteinte. Celle qui surement est la plus appréciable et la plus dangereuse, comme quoi parfois tout tient qu'à une goutte.

Comme tout fumeur, Fuusho sait cracher de la fumée, mais de là à la contrôler comme le faisait Suoh, un gouffre les séparait. Lorsque les rats firent leur apparition, le trentenaire bondit accroupi sur son tabouret, par réflexe comme par peur.

- « J’les imaginais pas si gros ces saloperies… » Avoua-t-il avant d’adopter une posture plus naturelle et décontractée. Il absorba l’alcool de son verre d’une traite, à l’image du Capitaine, mais grimaça une énième fois. Décidément, les habitudes, bien que tenaces, n’offraient l’ivresse qu’au terme d’un labeur méticuleux. En clair il se mettait une race, oui.

D’un élan d’ingéniosité, le pensait-il, Fuusho attrapa le quignon de pain resté sur la table. Non pas pour le manger mais pour l’émietter dans une petite boîte qu’il sortit de sa sacoche. « Pour plus tard », chuchota-t-il à l’attention de Suoh comme une confidence, de peur que les rats n’eussent pu l’entendre. « Eux aussi ont des oreilles !» La barrière délimitant la pensée de la parole avait été engloutie en même temps que le quatrième verre, il y a un bon quart d’heure déjà.

Persuadé de pouvoir capturer l’ensemble des rongeurs d’un seul coup de filet, il entreprit de dessiner le sceau adéquat sur le sol. Faute d’encre et se remémorant les enseignements de ses instructeurs, Fuusho croqua son pouce. Ses dents avaient tout juste claqué qu’il regretta aussitôt l‘idée. « Aaaah mais c’est débile ! » brailla-t-il en serrant de toute ses forces son doigt endolori. À la vision d’un pot de craie sur le comptoir⁽¹⁾ -et l’alcool aidant-, la douleur s’atténua aussi vite qu’elle était apparue.

À quatre pattes, derrière un affolé du bulbe qui tapait frénétiquement le sol convaincu de pouvoir tous les écrasés et d’un pleurnichard sautillant à chaque nouveau couinement⁽²⁾, le fumeur dessinait tant bien que mal les inscriptions que sa mémoire lui concédait. Après trois bonnes minutes de gribouillis fréquemment interrompues par la brute à la semelle épaisse, Fuusho plaqua les mains au centre de ceux-ci puis… rien.

- « Raaah mais pourquoi ça marche pas !? » Enervé il se redressa et en un coup d’œil la réponse lui vint, de lui, « Parce que je sais pas ce que je dessine, bordel !» Du pied il estompa ses dessins avant de se tourner vers Suoh. « Z’avez pas d’quoi les sceller ou les immobiliser ? J’ai du pain si vous voulez les concentrer en un point », expliqua-t-il en agitant la boîte précédemment remplie avec les miettes du quignon.

⁽¹⁾On force un peu la chance.
⁽²⁾Ç’aurait pu être Fuusho ^^.

Bon pour le coup, ils n'avaient pas vraiment de chance. Ca grouillait de rats à l'intérieur et il était difficile de se trouver une place en hauteur, il y avait bien trop d'agitations. Suoh pensait surtout que son compagnon allait facilement s'en sortir car il n'y avait rien de difficile dans sa tâche. Et pourtant il trouva le moyen de se rater complètement. Bon c'était donc à Suoh d'agir et vite parce que là tout le monde semblait paniqué. D'autant plus que son camarade avait totalement foiré ses sceaux, c'était improbable, notre héros n'en revenait même pas. Comment pouvait-il foirer des sceaux aussi basiques, c'était possible d'être aussi nul ! Il fit même rire le capitaine du Buki quant celui-ci se mordit le pouce pour en faire sortir du sang, alors que des craies étaient disponibles sur le bar. Pas très futé cet homme, mais bon en lui voulait pas, le général mettrait ça sur le compte de l'alcool. Déjà que lui était bien éméché, il espérait ne pas faire trop de dégâts en tentant quelque chose, mais ça c'était pas sûr.

Posant ses mains au sol après quelques mudras, il fit parcourir un courant électrique dans toute la pièce. Vus que presque tout le monde était en hauteur cela permettrait de paralyser les souris. Sauf que, le barman était toujours debout lui, droit comme un i. Alors on pouvait dire que là il avait merdé ! Y avait plus de gérant dispos pour servir les verres du coup, les rats eux étaient bien tous paralyser et bloquer. Mais, pour le coup c'était la boisson qui inquiétait le plus notre homme, comment allait-il boire ? Se servir gratuit ? Ce n'était pas honnête tout de même. Bon, personne ne le remarquerai. Faisant semblant d'aller voir l'homme qui était tombé à terre de l'autre côté du bar, il en profita pour dissimuler une bouteille dans son veston. Personne ne le verrait. Portant l'homme et tentant de lui mettre des baffes pour le réveiller, le capitaine prit la parole pour donner quelques instructions à Fuusho :

- Par contre tu t'occupes de les ramasser, si j'me baisse je vais vomir c'est sûr ! Et y'a une bouteille qui nous attend encore, regarde ch'uis crow fort !
Petit clin d'oeil en ouvrant son manteau qui laissait apercevoir un bout de la bouteille volée. Oh oui vous pouviez le dire, il était complètement ridicule une fois quelques verres dans le nez. On aurait dit un enfant alors qu'il s'agissait d'un capitaine, mais bon cela ne faisait de mal à personne de retomber en enfance. C'est ainsi que le barman se réveilla au bout de quelques secondes, Fuusho devait surement finir de ramasser ses saloperies de rongeur. Suoh donna donc de l'argent au barman pour les verres précédents et non pour la bouteille volée. Là par contre faudrait pas tarder à décoller du bar, du moins c'était surtout pour en faire un autre, avec moins de rats ou plus peut-être. Cependant cette fois ci c'est Fuusho qui les fait sortir !
-Allez on se tire ! Bar d'en face nous voilà !
Sortant alors du précédent bouge il alluma une clope une fois à l'extérieur, un sourire aux lèvres, surement du fait de l'alcool. Il passait une bonne soirée et aurait aimé que celle-ci dure encore longtemps, son camarade était assez drôle comme personnage et c'était plaisant. Il semblerait bien que Suoh est trouvé un compagnon de beuverie à sa hauteur.

- « Oooooaaaah ! » Lâcha Fuusho en apercevant la bouteille volée par son supérieur. L’espoir de voir se poursuivre cette soirée dans de bonnes conditions se faisait de plus en plus grand. Evitant d’écraser les rongeurs inertes jonchant sur le sol du bar et après en avoir ramassé deux, il emboîta le pas de Suoh en direction du prochain bistrot, ressemblant davantage à une gargote vu la qualité des plats proposés.

Malgré l’alcool "emprunté", le genin voulu goûter autre chose. Déposant sur le comptoir le reste d’argent que pouvait contenir ses fonds de poches, il s’adressa au barman. « Oi ! J’peux avoir une ‘teille de Choum⁽¹⁾… siouplaît ? » L’interpellé détailla de l’index les quelques pièces empilées avant de s’esclaffer. « Hahaha. Non. » L’air dépité de Fuusho obligea le serveur à préciser son refus. « Te faudrait trois fois plus de ryō pour une bouteille. Avec ça… tu peux avoir deux verres. » La fin fut mieux accueillie par le fumeur et il accepta l’offre. « Va pour deux verres ! »

Fier de sa transaction, il déposa l’élixir sur la table avec le plus grand soin. Chacune des gouttes qui le composaient représentaient un idéal gustatif partagé par les plus rompus des ivrognes. Une véritable pépite recherchée par bon nombre d’entre eux que le fumeur offrait à son compère de beuverie, gage de sa gratitude pour l’aide qui lui apportait face aux rongeurs. Plongeant son regard dans celui du Capitaine, Fuusho hocha la tête comme seul décompte pour qu’ils engloutissent leur verre de concert. Aussi vite arrivé, aussi vite expédié. L’alcool réchauffa son gosier comme aucun autre, apportant un arôme de lotus derrière la dureté éthylique des premiers effluves.

* * *
* *

Fuusho partagea avec Suoh son idée sur la mission. Car oui, malgré les apparences, il était bel et bien en mission, probablement la meilleure qu’il ne réaliserait jamais : être payé pour boire avec un supérieur. « Ch’vais faire sortir ces p’tits rats… et toi… t’vas faire en sorte qu’ils bougent plus. Comme t’à l’heure. Ikuzo⁽²⁾ ! » Mettant son plan à exécution, il passa derrière le comptoir alors que le barman s’était absenté quelques instants en cuisine, ouvrit la trappe et descendit -dégringola- les marches menant à la réserve. Le bruit de sa chute n’amena aucun curieux, lui permettant alors d’inspecter les lieux à la recherche des nuisibles.

Les crottes et les cartons rongés ne trompaient pas. Ils étaient ici, quelque part, à l’épier. Longeant les parois de la pièce, il découvrit l’entrée -ou la sortie- empruntée par les rats : un petit trou au pied du mur, un petit trou vomissant à la nuit tombée une horde d’affamés insatiables. Las d’entendre des couinements moqueurs, il vida le contenu de sa bague à tabac au niveau du trou et craqua une allumette au-dessus du tas.

- « Sortez ! Foutus enfoirés ! » Cracha-t-il alors que la fumée s’épaississait. Mais ce qui aurait dû être contenu lui échappa. Accolé à l’amas de tabac fumant un chiffon imbibé d’alcool s’enflamma. Face à ce flambeau fortuit, Fuusho sautillait sur place en poussant de petits cris affolés. « Oh merde ! Merde merde merde… » les coups de semelles n’arrangèrent en rien la situation. Pis, ils l’aggravèrent. La flamme vint lécher le bord du pantalon du trentenaire pour le grignoter.

Le feu au cul, littéralement, Fuusho apparut derrière le bar « Au feuuuu ! » hurla-t-il en se ruant vers Suoh, comme si l’image n’était passuffisante. Bien que l’alcool anesthésiât la douleur, il arracha par prudence le reste de son vêtement avant que les brûlures ne fussent trop importantes.

En slip, au milieu des regards interloqués, Fuusho demanda ce qu’il se jura de ne jamais faire dans pareil établissement tandis que les rongeurs, eux, se ruaient au rez-de-chaussé.

- « De l’eau ! Vite ! »

⁽¹⁾ Alcool de riz pouvant atteindre 80°… :].
⁽²⁾ Lit. "C’est parti !"

Alcool, rire et malice. Rien de mieux pour passer une bonne soirée, qui pour le coup restera gravé dans votre mémoire. En tout cas ce serait surement le cas pour notre protagoniste qui observait son camarade. Tout les deux étaient "chauds" traduisez "complètement prêt à faire n'importe quoi". Très vite changer de bar se retrouva une obligation, sautant dans un bouge situé en face les deux compères arrivèrent comme un cheveux sur la soupe. Continuant de suivre son collègue cette fois-ci c'était lui qui allait débusqué les rats. Plutôt courageux pensa ironiquement Suoh, un peu moins quant celui-ci profita de l'absence du barman pour filer droit dans la cave. Bon, pour le coup c'était malin ! Fumant sa clope en étant au comptoir notre protagoniste ne cessait d’enchainer les verres, bien que parfois certains désiraient sortir, mais pas un mot. Il était vraiment tranquille dans ce petit endroit chaud et assez agréable, même si dans le fond c'était l'alcool qui le réchauffait. Alors qu'il était totalement perdu dans ses passées des bruits étranges l'alertèrent. Fuusho alors de nul part, complètement paniqué ! Au feu criait-il ! En plus il était en caleçon ce qui fit complètement rire notre jeune héros !
- Fuusho ! T'aurai pu faire gaffe !!
Souriant alors un instant il fit quelques mudras avant de mettre deux doigts devant sa bouche. D'un seul coup de l'eau sortit en direction des flammes. Le feu s'éteignit en quelques instants, même si nombreuses devaient être les pertes. Mais, le collègue de notre homme était toujours en caleçon en plein milieu de la foule. Toujours aussi plié de rire Suoh ne savait plus où donner de la tête surtout à la vue du barman qui s'approchait d'un air énervé. Notre protagoniste le bloqua d'une main, cela empêcha tout début de joute d'un seul coup. Il savait très bien à qui il avait à faire et il ne lèverait jamais la main sur un Capitaine, surtout celui de l'armée. Pourquoi ? Par peur de mourir pardi ! Le Général prit alors la parole d'une voix plus formelle, il avait reprit son sérieux l'espace de quelques instants :
- Tout dégât sera remboursé double. Ne t'en fait pas mon vieil ami ... Mais, ce nombre de souris affolant, ce n'est pas normal, n'as-tu rien remarquer d'étranges ces derniers temps. Des comportements suspects ?
Le barman pointa du doigt alors un homme au fond de la salle, capuché il était impossible d'observer son faciès. Suoh commença à s'approcher de ce dernier à grand pas lorsque d'un seul coup celui-ci se décomposa en plein de petites souris. Un jutsu dès plus particulier. Le premier réflexe de notre homme fut de suivre les rongeurs pour trouver peut-être l'origine ou surtout l'homme suspect. Prenant la sortie à toute allure, il n'avait même pas fait attention à son camarade, il espérait néanmoins que ce dernier est trouvé de quoi se changer et de le suivre. Suoh arriva donc dans la ruelle quant au loin une ombre se défila dans une rue sur la gauche ! Courir rester la seule option !
- Arrêtes toi !
Il l'avait légèrement rattrapé, seul face à lui. Le capitaine avait du mal à l'apercevoir, il faisait trop sombre et d'ailleurs l'alcool venait encore déstabiliser mon homme. Fuusho allait-il sortir une fois de plus de nul part pour aider notre protagoniste ? Tout restait à voir ...

Les dégâts remboursés au double, une excellente nouvelle que Fuusho ne manqua de rappeler au propriétaire du bar alors qu’il quittât l’établissement. En l’absence de l’influence protectrice de Suoh, il n’était plus très sûr de s’attarder dans ce lieu. Mais une fois dehors, aucune trace du capitaine. Rien. La course poursuite s’était engagée sans son consentement.

Trempé jusqu’aux os et perdu –en caleçon– dans les rues du quartier, le fumeur tentait de retrouver la trace du capitaine. En vain. Il déambula le long de plusieurs grandes artères du village avant d’apercevoir des ombres, au loin. Se précipitant dans leur direction, tout espoir de retrouvaille vola en éclat lorsque la mine ahurie d’une jeune femme l’accueillit. Immédiatement suivit par l’unisson d’une stupeur collective et… enfantine ?

- « Oh… merde. » Oui. Il se retrouvait quasiment nu devant toute une classe d’enfants sortit exceptionnellement admirer les étoiles. Quelle idée aussi ! Depuis quand les astres se devaient d’être observés par des paires d’yeux infantiles, en plein hiver de surcroît ? Tandis que les petites mains des plus craintifs vinrent s’intercaler devant cette vision d’horreur, leur maîtresse hurla au scandale. Alors des lumières s’agitèrent, de plus en plus proches.

- « Oh merde ! » Les gardes. Ses compagnons d’armes, peu enclins à laisser l’exhibition impunie, débutèrent la seconde course poursuite de la soirée. Et sans aucun doute la plus dangereuse pour Fuusho.

À droite, à droite, encore à droite, toujours à droite. « Oh meeeerde ! » Derrière ses poursuivants, l’espace d’un instant, le trentenaire aurait presque donné l’impression d’être le chasseur et non plus la proie. Un demi-tour plus tard et la situation redevenait naturelle, dans son monde d’infortunes successives.

- « Arrête toi ! » Hurla-t-on. Chose qu’il refusa avant de reconnaître la voix de Suoh. Quel heureux hasard ! Il l’avait retrouvé… les avait retrouvés, si l’on comptait l’inconnu se transformant en rat. Prenant appui sur une paroi, il passa par les toits pour revenir à l’endroit où il avait entendu l’interpellation de son capitaine, sans risquer d’être arrêté par ses poursuivants. D’en haut, il aperçut la silhouette du poursuivi et plongea sur lui, sans se poser de question.

N’ayant pas pris la peine de viser, il s’écrasa littéralement la face contre le sol, à seulement un mètre du mystérieux encapuchonné. Et juste avant que les gardes ne parvinssent à la hauteur du fumeur encastré un étage plus bas, l’inconnu explosa une nouvelle fois en une multitude de rongeurs, ne laissant aucune chance d’être aperçu par d’autres personnes que deux ivrognes et quelques témoins tout aussi imbibés du précédent bar.

L’agitation, le choc de la chute et l’alcool combinés firent voler en éclat les efforts dont faisait preuve Fuusho pour ne pas vomir. Sa soirée se répandit alors entre Suoh et lui.

- « Vous avez intérêt à avoir une excellente explication. » Les gardes restaient des gardes, dans l’obscurité ils ne reconnurent pas le Capitaine du Buki.

**Contenu sponsorisé** Informations

» Dans les gradins [libre]
» Arrivée dans le village |libre]
» Un enfant dans la forêt (Libre)
» Dans la forêt aux araignées et aux renards [LIBRE]
» Dans le noir ... [feat. Kiezan Fumei] [Libre]

[Libre] Rongeurs dans vos celliers [Mission D]

[Libre] Rongeurs dans vos celliers [Mission D]

Sujets similaires

Sujets similaires