Il faisait frais aujourd’hui… Un frisson parcouru le dos du jeune garçon. Il fallait dire qu’il n’était pas chaudement habillé et ses vêtements n’étaient pas dans un état impeccable. Il portait toujours son pantalon noir, ce dernier était juste assez ample pour permettre à son propriétaire de faire des mouvements sans la moindre gêne. Il avait ensuite un simple t-shirt et une sorte de gilet qui le recouvrait. En plus de ces simples vêtements, l’enfant portait aussi une écharpe grise qui lui tenait à cœur, il l’avait reçu lors de son dixième anniversaire, un cadeau de ses parents…

Enfin l’un n’empêchait pas l’autre, Hiko commençait à avoir vraiment froid aujourd’hui. Le soleil venait tout juste de se lever et le jeune homme se réveillait à peine. Aujourd’hui s’annonçait comme une belle journée, il le sentait. Les oiseaux piaillaient à tue-tête et quelques rayons filtraient à travers les branches épaisses de l’arbre sous lequel Hiko avait passé la nuit. Le jeune garçon n’avait pas eu la chance de dormir dans un vrai lit depuis un bon moment déjà, en fait depuis exactement 19 jours, depuis qu’il avait quitté le domicile familial. Cela ne le dérangeait pourtant pas, il avait habitué son corps à un confort minimal et n’étant pas du genre à regretter la moindre de ses décisions, il préférait aller de l’avant.

« Pfiou… Voyons voir ce qu’il y a dans cette forêt aujourd’hui ! »

La veille, il était arrivé à la lisière d’une des nombreuses forêts qui ornaient le village de Ame no Kuni. Aujourd’hui il était temps de découvrir ce qu’elle abritait. Le jeune Hiko décida alors de replier son matelas de fortune, composé de quelques couvertures et d’un oreiller formé avec son sac à dos. Il fourra tout ça dans le dit sac à dos et se mit en route. Bien que n’ayant rien avalé depuis son déjeuner de la veille, Hiko tenait une forme relativement convenable. Il attacha donc les lanières de son sac à dos pour que ce dernier évite de se ballader dans tous les sens à chaque mouvement, et il monta discrètement à l’arbre afin de surplomber la forêt. Arrivé à sa cîme, il eut alors une magnifique vue sur toute la forêt, elle s’étendait à des kilomètres à la ronde… Ce qui eut pour effet d’arracher un sourire plein d’excitation au jeune Hiko.



Équipé d’un simple couteau en guise d’arme d’appoint, Hiko n’était pas habilité pour chasser. Il n’en avait aucune envie d’ailleurs tellement ses capacités étaient réduites. Il préféra donc attendre qu’une occasion se présente pour trouver un repas et commença à se ballader dans la forêt. Il évitait soigneusement les sentiers déjà tracés et préférait s’aventurer au sein même de la forêt. Très attentif à son environnement, il analysait tout ce qui se trouvait autour de lui et essayait de remarquer quelque chose qui lui semblait inhabituel tandis qu’il s’enfonçait dans cette gigantesque forêt.

Hrp:

Qui l'eut cru ? Si on m'avait dit qu'un jour je passerais une nuit en pleine forêt, à devoir me débrouiller seul et sans le confort habituel, j'aurais surement eu un infarctus. Il fut un temps où s'était mon quotidien mais ces jours là étaient révolus heureusement pour nous. Mais peut-être que cette époque n'était pas si loin. Certes il y avait à présent les villages, et ce que l'on pourrait qualifier de « paix » au sein des différents pays. Mais qu'en était-il des conflits inter-villages ? Ils étaient bel et bien présents. J'aspirais à une paix universelle, mais peut-être était-ce trop utopique ? Dans ce monde il n'y a qu'un seul moyen pour se faire entendre des autres : la puissance. C'était la principale raison pour laquelle j'avais intégré les rangs des ninjas de Konoha en devenant un Genin. Il fallait que je monte au plus haut de la hiérarchie. Pas forcément devenir Kage, ce n'était pas du tout ce que je souhaitais. J'ambitionnais quelque chose de beaucoup plus grand. À l'heure actuelle la grande majorité des gens se moquaient de moi. Que cela soit pour mon physique, la façon dont je me vêtais, ou simplement par ma façon d'agir. Je n'étais rien d'autre qu'un paria de la société. Soyez ne serait-ce qu'un peu différent et l'on vous pointe du doigt.
D'un autre côté, je ne faisais aucun effort pour me faire accepter. Je devais avouer que ma personnalité n'était pas stable. Mais c'était à cause des guerres. Je ne devais surement pas être le seul à avoir été traumatisé par les atrocités des batailles. Adultes, enfants, tous étaient envoyés sur le front. En ces temps-là j'étais habitué à me battre. Étant un Nara j'étais fréquemment appelé avec mon père pour mettre en place des plans, et les exécuter. Aujourd'hui, je n'étais rien. Je m'étais juré de ne plus m'impliquer, mais le monde avait besoin de changer. Et je ne pouvais faire ça qu'à l'aide de ma parole et de mon esprit. Il était temps pour moi de devenir le stratège et guerrier que mon père voyait en moi depuis des années.

Mon aptitude à traquer du gibier n'était plus ce qu'elle n'était. Mon ventre grondait, réclamant qu'une offrande lui soit faite. En d'autres termes, il fallait que je me remplisse la panse. Je n'avais pas mangé depuis un jour, et j'étais épuisé. Pourtant ce n'était que l'aube et je venais à peine de m'éveiller. Mais ce n'était pas un manque de sommeil, tout simplement de forces. Puisque je n'arrivais pas à attraper ne serait-ce qu'un seul animal d'une manière conventionnelle il ne me restait plus qu'à faire ce pour quoi j'étais doué : un piège. Des feuilles, du fil, des kunais. Un système très basique mais qui n'en était pas moins efficace. La seule chose qu'il me restait à faire était d'attendre.
Alors que mes paupières commençaient à se fermer un bruit me fit sursauter. Regardant au sol depuis la branche où j'étais placé j'aperçu un lapin bloqué par le kunai de mon mécanisme. Un second était à ses côtés, le reniflant et essayant de l'aider. Même si j'eu un léger pincement au cœur, c'était la loi du plus fort. L'homme était en haut de la chaîne alimentaire. Même si je n'appréciais pas tuer ces pauvres bêtes il le fallait.

« Désolé mais je meurs de faim. J'espère que ça sera sans douleur. »

Il ne fallut que quelques secondes pour que mon shuriken atteigne le cou du second animal. Avec ces deux-là, j'avais mon repas. Il ne me restait plus qu'à faire un feu pour les faire cuire, après tout je n'étais pas un sauvage au point de les manger cru. Si seulement j'avais les ustensiles pour faire une sauce, cela pourrait être si succulent...J'en avais l'eau à la bouche. Mais je devais me contenter du strict minimum.
Après avoir coupé des bouts de bois pour faire un feu, j'embrochais les lapins pour les suspendre au dessus des brindilles. Il ne me restait plus qu'à allumer un feu. Heureusement pour moi mon affinité n'était autre que le Katon, ce qui était plutôt pratique dans des cas comme celui-ci. Après une légère inspiration, du feu s'extirpa de ma bouche. Assez pour allumer le bois.

« Putain ça sent tellement bon, j'en peux plus. »

J'étais à la limite de baver rien qu'en les regardant cuire. Cette odeur était si...je ne sais même pas si un mot existe pour décrire quelque chose comme ça. Un jour que je n'avais pas mangé, ces lapins se présentaient comme un véritable festin pour moi ! J'étais tellement obnubilé par ce repas que je ne pris pas la peine d'étouffer la fumée qui s'échappait. C'était comme s'il y avait des pointeurs dans le ciel en ma direction. Quiconque passait par là le verrait. Je ne savais même pas si j'étais encore à Hi no Kuni. Peut-être avais-je débordé sur les terres d'Ame. Ce n'était qu'une hypothèse, mais je devrais rester sur mes gardes...une fois mon ventre plein !  

Le soleil disparut du ciel pour laisser place à une lune quasi-pleine. Un voile bleuté envahit le ciel, et les étoiles commençaient à être visibles. Mon ventre hurlait tel un loup. Mais la viande était bientôt cuite. Je pouvais le voir, mais surtout le sentir. Cette odeur parcourait mes narines, faisant frétiller mon palais. D'ailleurs le crépitement du bois était un des seuls sons audibles à cette heure-ci. Le calme qui régnait était vraiment apaisant. S'il devait y avoir des points positifs à cette escapade en pleine forêt, cela serait bien la sérénité mais aussi le retour à la simplicité. M'isoler comme cela permet de me changer les idées mais aussi de prendre du recul à la situation actuelle, de faire le point sur moi-même. Je ne pourrais revenir de ce voyage que plus fort. Peut-être pas en puissance, mais au moins psychologiquement parlant. J'avais choisi d'être seul cette fois. Mais la prochaine fois mon père m'accompagnera durant ce périple. Il était mon modèle, celui qui pouvait m'apprendre tout ce dont j'avais besoin de savoir pour tracer mon propre chemin.

Plongeant ma main dans ma sacoche, je sortis un kunai pour le planter dans les lapins et ainsi voir si la viande était suffisamment cuite. Je pouvais le sentir sous la lame, c'était parfait. Je fis donc en sorte de réduire grandement le feu tout en le gardant allumé. L'air s'était rafraîchi, une zone de chaleur était la bienvenue. Et puis de cette façon je pourrais l'attiser avec d'autres brindilles si j'en avais encore le besoin. Je décrochais alors un des deux animaux avant de le porter à ma bouche. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas mangé, je me régalais. Mon ventre s'apaisait peu à peu. Ce fut alors là qu'un bruit attira mon attention. Il venait de derrière moi mais je ne vis rien lorsque je jetais un coup d’œil. Du moins au début puisque une silhouette de dessinait au fur et à mesure. Plus elle avançait et plus je pouvais me faire une idée de ce potentiel ennemi. Le feu avait du surement attirer cette personne ici. Qu'en était-il de ses intentions ? Impossible de savoir si elles étaient bonnes, ou mauvaises. Il fut assez près pour que son visage soit visible grâce à la lueur du feu. Ce n'était qu'un enfant...que faisait-il ici seul ? Il cherchait apparemment à manger. Je ne pouvais le laisser dans le pétrin. Même si je n'étais pas sûr de ses desseins, je ne pouvais le laisser mourir de faim puisque il y avait encore quelques minutes j'étais dans le même cas. Certes je m'étais débrouillé seul, mais ce pauvre garçon ne semblait pas avoir eu cette chance.

« Hum...Je te donne cet autre lapin si tu réponds à quelques questions. Qui es-tu, et que fais-tu ici ? Qui plus est seul. »

Le premier lapin m'avait quasiment rassasié. Je pourrais me contenter des fruits que j'avais ramassé durant la journée pour finir, et partager le reste avec lui. Mais il devait répondre à mes interrogations avant. Je ne pouvais pas accorder ma confiance à un inconnu. Certes ce n'était qu'un enfant, on n'était jamais trop prudent. S'il y avait une chose que j'avais du retenir de la guerre, s'était bien ceci. À vue d’œil il était inoffensif. Mais certaines personnes s'avéraient plutôt douées pour cacher leurs véritables objectifs.
Si ce que j'allais entendre me convenait, il aura droit de manger ce qu'il restait. Qui sait il pourrait même devenir un compagnon, du moins jusqu'à demain. Il y avait une raison pour que je sois venu seul ici, j'étais un homme solitaire. Avoir de la compagnie n'était pas dérangeant si cela ne durait pas trop longtemps. Qui plus est, je n'arrivais pas à déterminer son appartenance. Il ne semblait avoir aucun bandeau sur lui alors que le mien était clairement visible puisque je m'en servais de ceinture. Tant de questions...peut-être que je m'en posais trop ? Peut-être étais-je trop paranoïaque ?