Ça faisait maintenant plusieurs jours qu’il séjourné dans la capitale du Shûkai, il se faisait peu à peu à la vie dans le nouveau clan Jisetsu. Mais même ainsi un vide persistait chez lui, sans ses parents et surtout sans sa sœur il avait du mal à se sentir chez lui, même si c’était tous des membres de sa famille, aussi éloignée soit-elle. De toute manière sa vie à Kiri n’était plus qu’un vague souvenir dans son esprit tourmentée. Le Fumetsu d’antan n’existait plus, les derniers évènements l’avait fait murir à vitesse grand V. Toute façon il ne devait pas continuer à ressasser tout ça, il devait se concentrer sur la recherche d’une solution pour quitter le pays et partir à la recherche de sa sœur et rester enfermé chez soi. Prenant son courage à deux mains il sorti dehors pour prendre l’air, de toute manière maintenant il connaissait déjà mieux le quartier.

Ayant faim il se dirigea vers le stand de nouille pas loin, il y était déjà allé deux fois ces trois derniers jours. Il avait pu sympathiser avec le cuisinier. D’ailleurs quand il arriva, il lui fit un grand signe de main en allant s’asseoir à une des places libres.

- Salut Chef ! Un bol de nouille au pour moi s’il te plait.

Pendant qu’il le préparait, il discuta un peu avec lui, il voulait principalement savoir comment c’était passé son installation dans le quartier, mais aussi comment il se portait. Il éluda la plupart des questions sur son état psychologique et physique. Une fois le bol devant lui il l’attaqua sans attendre, appréciant la bonne nourriture en remerciant le cuisinier. Il pouvait déjà placer ce stand à la place de numéro dans sa liste des meilleurs endroits pour manger, dans ce pays. Une fois fini il se leva, mais alors qu’il aller payer, un homme de son clan qu’il n’avait vu qu’une fois l’interpella. Il haussa un sourcil quand on lui dit qu’un homme voulait le voir à l’entrée du quartier.

Quittant le stand, il prit donc la route vers l’entrée du quartier, alors qu’il réfléchissait à qui ça pouvait être. Mais il avait beau réfléchir, il connaissait personne dans ceux pays donc il ne voyait vraiment pas qui pouvait bien le quémander. Quelques minutes plus tard il arriva à l’entrée, où il aperçut un homme habillé comme un voyageur, chargé comme une bourrique, avec à côté de lui, à première vu un ninja du village. S’arrêtant devant les deux hommes il se présenta.

- Bonjour, je suis Jisetsu Fumetsu. Vous vouliez me voir, je suis ici. Alors qu’attendez-vous de moi ?

Son regard sombre et impassible tomba sur les deux hommes, prenant un air détaché, il attendait patiemment une réponse.

- Où il est ?

- Calmez-vous, je vous en prie. Je vous le dirais mais vous devez garder votre calme…

- Pourriez-vous m’aider à le calmer…. S’il vous plait.

Il était obnubilé par le vieil homme devant lui, la colère et la haine avait pris le dessus sur son impassibilité de d’habitude. Ses pupilles dorées brillaient comme jamais alors qu’il fixait le pauvre voyageur, terrifié par Fumetsu. Mais dans l’esprit du jeune ninja, il se repassait en boucle le moment où on avait déposé les corps de ses frères devant chez lui et où des ninjas de Kiri leur disaient que des prisonniers les avaient tués en s’échappant. Il revoyait clairement cette scène dans son esprit et ce sentiment de faiblesse qui c’était immiscé en lui. Depuis cette époque, c’était devenu un sujet très sensible chez lui, parler de ses frères faisait partie des deux seules choses qui pouvait le faire sortir de ses gonds, avec sa sœur.

Toujours obnubilé par sa colère, il glissa sa main dans sa sacoche pour en sortir un kunai aiguisé qu’il ramena vers la gorge du pauvre homme. Il répète inlassablement la même chose, alors qu’en face le vieux continuait de se tortillait, effrayé. L’autre Ninja semblait vouloir négocier son intervention au plus grand déplaisir du vieil homme. Puis un peu plus tard il senti une légère pression sur son épaule, ça devait être l’autre ninja qui c’était décidé, mais Fumetsu le voyait pas, donc il approcha d’avantage son kunai de la gorge du voyageur. Mais un violent choc s’en suivi sur l’arrière de son crâne. Ses yeux reprirent leurs couleurs ordinaires alors qu’il perdait connaissance, s’effondrant sur le sol.

***

Il resta un bon moment inconscient, pendant ce laps de temps il se remémorait les derniers instant de Kiri, l’attaque des Furyou et il se revoyait en train de parcourir tout le quartier pour retrouver sa sœur. Même le sentiment d’urgence et celui de panique, il ressentait tout. Mais il se réveilla en sursaut quand un pan d’un bâtiment s’écroula sur lui dans son rêve. Il regarda autour de lui, c’était les ruines où il c’était rendu pour parler avec le vieil homme. D’ailleurs il n’était plus là, il leva le regard vers Fuusho, puis se massa le crâne à l’endroit de sa bosse.

- Tu ne m’as pas loupé.

Il se redressa, puis regarda le bouquin sur le sol, qu’il venait de lui lancer. Soupirant il le regarda, ne comprenant pas où il voulait en venir. Le règlement de l’alliance, il le regarda de son habituel regard impassible. Il s’en foutait un peu, il ne comptait pas s’éterniser ici. Faisant signe qu’il en avait rien à faire il poussa le bouquin dans un coin et se leva pour s’étirer, son corps était tendu et crispé.

- D’accord. Sauf que moi je suis déjà prêt, donc c’est quand tu veux pour y aller. Faudra que tu m’explique aussi, ce qu’il s’est passé pendant que j’étais inconscient.

Il finissait ses étirements, tout en attendant qu’il lui raconte tout ce qu’il avait manqué et qu’il lui dise où se trouvait la tueuse.

Déjà prêt pour leur petite balade ? Cette nouvelle ravit le trentenaire, au moins ils ne perdront pas de temps. « Alors c’est parti ! » Naturellement, connaissant leur destination Fuusho prend les devants. Une longueur d’avance qu’il ne garde qu’un court instant, bien qu’il trouve plaisant de taire quelques mystères, il sait lorsque certains d’entre eux ne sont plus bons à l’être, alors il crache le morceau sans interdit. Après tout n’est-ce pas du passé de Fumestu dont il s’agit ?

- « Hiro m’en a appris un peu plus sur Fūko et où elle réside : à Nageki. Il nous reste deux bonnes journées avant d’atteindre ce patelin perdu dans les montagnes. Ça te laissera le temps de réfléchir à comment t’y prendre pour te faire justice… » Un coup d’œil lui suffit pour apercevoir le changement de comportement de son compagnon du jour. Ce vagabond, Hiro, lui avait détaillé l’histoire sur les frères Jisetsu et l’éclosion d’un Fumetsu nouveau à travers ce baptême sinistre et forcé, un coup du sort qui vous change à jamais.

En réalité, le fumeur ne comprend que très peu le ressentiment de son acolyte, seul l’impression de rupture familiale lui est coutumier. Mais la compréhension ne lui est pas nécessaire en l’instant.

- « Une fois sur place, il me paraît plus juste que tu t’acquittes seul de cette revanche. Mais au besoin, je ferai front avec toi. » Une phrase lâchée d’un ton simple, laissant penser qu’elle est anodine, et pourtant… . Fuusho accepte la situation et se positionne en soutien, comme fédéré par une histoire tristement répandue. Il ne la partage pas. Non. Il l’admet, simplement, tels les souvenirs qui ont forgé Fumetsu, qui l’ont modelé pour le rendre tel qu’il est aujourd’hui, à côté de lui, impassible, aussi neutre que l’Alliance dont ils dépendent tous deux. La perte peut-elle transformer un comportement à ce point ? Ou bien ce caractère, profondément enfouit avant l’évènement, s’est sensiblement accentué au point de le redéfinir ?

La fumée s’échappe de sa bouche et l’idée de sa tête. Il n’aura pas la réponse, ni ce soir ni jamais, alors il dirige son esprit sur un autre sujet. Fuusho cherche, se creuse la cervelle embrumée par la fatigue, pense trouver le déclic, puis le perd aussitôt. Rien, non rien ne lui vient, sinon l’envie irrépressible de s’arrêter derrière ces buissons qui longent la route.

- « T’as qu’à continuer un peu, j’te rejoins dans cinq minutes, le temps de… enfin voilà quoi. Je mange, je digère, j’ai des boyaux… j’vais pas te faire un dessin non plus, hein !? » Certains jours, il aurait préféré n’être que le fruit de l’imagination d’un autre, un idéal qui n’aurait aucun impératif naturel dénué de tout intérêt quelconque sinon celui de ne pas exploser.

* * * *
Ellipse no jutsu⁽¹⁾
* * * *

Trois buissons, un feu de camp et une nuit de sommeil plus tard, ils touchent enfin au but. Un village se dessine entre deux cimes. Et d’après ses premières estimations, une demi-heure leur suffirait pour atteindre Nageki.

- « Avant de te jeter sur la première femme qui aura le malheur de croiser ton chemin, les yeux injectés de sang, focalise toi plutôt sur une grande femme… » Détaillant la taille de Fumetsu il ajuste sa définition, « …aussi grande que toi en fait. Et des cheveux blonds jusqu’au hanches. » Le détail sur la couleur mérite d’être précisé, car peu courante dans ces montagnes, d’après les dires d’Hiro.

Ne leur reste plus qu’à trouver cette Gedou Fūko alors. Perdue parmi les badauds d’altitude.

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⁽¹⁾ Si tu veux décrire certaines choses qui s’y passent, ne te gènes pas o/.