Et c’est partie pour une journée de cours ! Plus le temps passe et plus je m’y plais ! Je me suis déjà fait plein de nouvelle copine dans ma classe et ma mère m’apprend de plus en plus de trucs sur l’esprit. Bientôt, je serais aussi puissante qu’elle ! Même si au fond, je ne connais même pas la limite de ma mère. J’ai l’impression qu’elle connaît la manipulation de l’esprit comme personne. Il n’y a rien dans l’art de notre clan qu’elle ne connaît pas ! C’est ma maman rien qu’à moi quoi ! Ne soyez pas jaloux…

M’enfin bon, me voilà arrivée à l’académie après cinq bonnes minutes de marche. Aujourd’hui, on va revoir la marche sur l’eau à ce qu’on m’a dit. Quelque chose que je pense réussir, mais ça fait longtemps que je n’ai pas réessayé. J’aurais bien aimé voir si je maîtrise encore ça avant d’aller en cours, mais trop tard. On rentre en classe.

- Tu viens Natsu' ?
- Ouais j’arrive Hina !

Hina… sûrement la personne que j’apprécie le plus dans la classe. Elle n’est pas très forte en arts Shinobi pure mais elle excelle dans la médecine. Je suis sûr qu’elle deviendra une grande kunoichi médicale plus tard ! J’espère qu’on sera dans la même équipe quand on sera genin toute les deux… enfin si on réussit toutes les deux à le devenir après cette année.

- Bonjour à tous. Aujourd’hui, comme je l’avais dit hier à certains, nous allons revoir la marche sur l’eau. Quelque chose de basique mais indispensable pour tous Shinobi qui se respecte. Marcher sur l’eau doit être aussi facile que marcher sur terre.

Blablabla… ils nous répètent la même chose depuis que je suis entrée à l’académie. Ça devient lassant à force… mais bon, il faut faire avec et bien écouter si je veux devenir une bonne kunoichi.

- Pour le premier exercice du jour, nous allons aller dehors, à l’étang à côté de l’académie, mais avant ça… Vous allez faire des équipes de deux.

Instinctivement, mon regard croise celui d’Hina. Équipe faite !

- C’est moi qui vais faire les équipes cette fois-ci. Hina, tu seras avec Satsu. Totsuke, avec Pizuka… […] … et pour finir, Natsumi avec Kôhei !

Attendez… il a bien dit Kôhei ? Le gars à qui j’ai jamais adressé la parole de toute l’année ? Génial… M’enfin, si ça a se trouve, il est sympa ! Sans plus attendre, je m’approche de lui et tente de lancer une conversation.

- Bon et bien on dirait qu’on est dans la même équipe… Contente de te rencontrer…

Pas terrible comme début.

L’examen final de l’académie approche à grands pas. Et je dois bien dire que ce n’est pas trop tôt… Passer mes journées assis sur une chaise, à écouter un professeur raconter des tas de choses que je connaissais déjà… Désolé, mais je ne trouve pas ça intéressant. Mes parents ont fait de moi un petit génie au niveau académique, mais en contrepartie… Je m’ennuie. Et tous les jours, c’est la même histoire. Le pire dans cette histoire, c’est quand même que je n’ai pas le droit de jouer avec Jun en période de cours. Elle me manque à vrai dire...

À l’académie, c’est assez particulier. Je passe mon temps à ne rien faire, je dors même de temps en temps lorsque le cours est beaucoup trop barbant. Ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas, c’est juste que depuis l’âge de cinq ans, mes parents ont décidé de prendre en charge mon entraînement ninja. J’ai eu le droit à de nombreux exercices physiques, mais aussi à plusieurs cours théoriques sur le sujet. Pendant près de cinq années consécutives. Alors autant dire que les cours de l’académie, ce n’est pas ce qui me captivait le plus… Non, dormir est bien plus occupant.

Seulement aujourd’hui, je ne pourrais pas vraiment dormir. Tandis que chaque élève s’installe à sa place respective, le professeur s’apprêtait à faire une annonce.

Un cours de marche sur l’eau ? C’est ce que le professeur venait de nous annoncer. Oui, je m’en souviens. Nous avions déjà eu un cours sur cette technique vers le début de l’année. C’est vrai que cela date un peu, mais cette technique ne m’a jamais posé trop de souci. Je l’avais vu bien assez jeune… Et ce n’est pas ce qui m’enchante le plus. Au fond de moi, je sais que j’aurais aimé découvrir tout ça avec mes camarades de classe. J’aurais peut-être un peu plus d’amis qu’aujourd’hui. À part un dénommé Satsu, je ne m’entendais pas avec grand-monde. Avec lui, c’est différent. Il m’aime bien, car je prends des fois la peine de lui refiler les réponses aux contrôles du jour. Avec mon contrôle de l’encre, c’est un jeu d’enfant d’écrire les réponses sur sa copie, tout en paraissant discret. Ce n’est pas vraiment une amitié sincère, mais c’est la seule amitié à laquelle je peux me contenter.

De toute manière, tant que je n’aurais pas mon diplôme de ninja, mes parents ne me lâcheront pas la grappe, et je n’aurais jamais d’amis réels. Et surtout, je ne pourrais plus passer du temps avec Jun…

Le discours de notre professeur m’interpella sur un point. Des équipes de deux… Pourquoi ? En quoi se mettre par équipe allait pouvoir nous aider à apprendre cette technique ? Et puis… la seule personne avec qui je pouvais me mettre est Satsu. Et puis bon… il n’est pas très performant, si l’on peut dire ça comme ça. Il me gênerait plus qu’autre chose… mais au moins, je le connais. Mais de toute façon, on ne choisira pas.

Dis Kôhei…
Oui ?

À cet instant-là, je le vis rougir. Qu’allait-il me sortir encore ?

Si je peux choisir avec qui me mettre, ça te dérange pas si je vais avec Hina ? Car, tu sais…

Ah, oui. C’est vrai. J’avais oublié qu’il avait le béguin pour une fille de la classe, dont je ne me souviens même plus sa tête. Juste le nom me revient, comme il m’en parle assez souvent.

Regarde le professeur. Il semblerait qu’il ait une liste entre ses mains. Dommage pour toi.

Tant pis pour lui, les équipes semblaient déjà être faites.

C’est moi qui vais faire les équipes cette fois-ci. Hina, tu seras avec Satsu. Totsuke, avec Pizuka… […] … et pour finir, Natsumi avec Kôhei !

Comment… ? Avec Natsumi ? Euh… C’est qui ? Vu le peu d’intérêt que je portais aux cours, j’en oubliais même qui étaient mes camarades. Ce prénom me dit vaguement quelque chose, mais impossible de remettre une tête dessus. Au moins, Satsu a pu être avec sa bien-aimée. Peut-être que le professeur a eu pitié de lui, qui sait ? Il faut dire qu’il n’est pas très discret le pauvre… Ah, ce n’est pas celle qui approche par hasard, ma coéquipière… ? Oui, ça me revient ! C’est celle qui traîne justement avec cette Hina. Drôle de coïncidence cette composition d’équipes.

Timidement, elle lance la conversation. C’est maladroit, mais autant dire que je n’aurais pas fait mieux… C’est tellement rare que quelqu’un vienne me parler ici.

De même.

Pas tellement en fait, mais ce n’est pas très grave.

Tous ensemble, on sort en direction de ce fameux étang. Il n’est pas très profond, mais assez pour qu’un enfant de notre taille se noie. Certains devraient faire attention, et mes pensées ne sont absolument pas tournées envers mon habituel collègue, et cancre de service. D’ailleurs, je ne sais même pas le niveau de cette Natsumi, à vrai dire, j’ignore beaucoup de choses sur elle. Mais ce n’est actuellement pas le plus important, car…

Je vais vous expliquer en détail ce que nous allons faire aujourd’hui. Alors… À ce stade de l’année, vous êtes tous censés maîtriser plus ou moins cette technique, mais j’ai cependant fait attention à ce que chaque membre d’un même binôme soit d’un niveau à peu près équivalent…

Notre professeur, tout en parlant, marche en tournant en rond. Il prit une pause, et nous regarde, nous. Natsumi, et moi-même. Pour quelle raison ? Je l’ignore.

… même si au vu des derniers résultats, j’ai bien peur qu’un seul binôme puisse accomplir cet exercice. Natsumi et Kôhei, mettez-vous face à face, chacun sur une rive de cet étang.

Où veut-il en venir… ? Sans dire un mot pour ma part, on s’exécuta. Tandis que je lève mes chaussures, je sens l’eau de l’étang venir me chatouiller les orteils. Relevant la tête, je vois Natsumi de l’autre côté de l’étang, ainsi que notre professeur sur notre gauche.

À mon top, vous allez vous élancer sur la surface de l’étang. Dans cette épreuve, vous aurez deux objectifs… Tout d’abord, vous maintenir à la surface, et puis… faire couler votre adversaire.

Faire couler l’adversaire… Il veut tester notre capacité à se maintenir sur l’eau, tout en testant notre aptitude au combat ? Pourquoi pas… mais je sens que ce n’est pas fini.

Petite règle par contre. Techniques et armes ninjas interdits… C’est votre propre corps qui doit rompre le maintien de l’autre.

Du Taïjutsu, sur de l’eau ? Aïe, là par contre, ça se corse un peu…

TOP !

Oui bon. Pas sûr qu’on bavarde énormément avec ce garçon. Il me semble avoir entendu dire qu’il était un petit génie. Genre ça serait pour ça qu’il dort tout le temps en cours. Au début, tout le monde le prenait pour une feignasse, mais quand on a vu ses capacités, on a vite compris qu’on n'avait pas le même niveau. Voilà pourquoi je ne lui ai jamais vraiment adressé la parole. Je ne vois pas trop de quoi on pourrait parler en fait… limite il pourrait m’aider à me perfectionner mais je ne pense pas qu’il accepte de faire ce genre de chose sans rien en retour…

Comme l’avait dit notre professeur, nous sortons du bâtiment pour nous rendre au petit étang non loin de l’académie. Rien qu’en pensant à un exercice, je me dis que j’ai un léger avantage. Car oui, même si je ne maîtrise quasi aucun jutsu relatif à cette affinité, je possède néanmoins le suiton. À voir si ça va m’aider dans tout un jour ou l’autre… Bref, voyons voir en quoi consiste cet exercice. Déjà, faut pas s’attendre à un truc basique vu qu’on est en équipe de deux. J’espère que ce n’est pas une histoire où il faut faire confiance à son coéquipier parce que bon… J’ai pas du tout confiance en lui perso.

D’un niveau à peu près équivalent ? Attendez… pourquoi il nous regarde nous ? Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas le niveau de ce garçon. Moi je suis une élève basique et lui un petit génie. À moins qu’il n’excelle dans ce que demande cet exercice… Oui, c’est peut-être ça. Ah et bien sûr, faut que nous ce soit nous les premiers à faire cet exercice. Notre cher professeur nous demande de nous mettre face à face, chacun sur une rive de l’étang. Mais qu’est-ce qu’on va faire à la fin ?

Ah d’accord. Et il croit vraiment que j’ai une chance de gagner dans ce genre de combat . Enfin je sais pas… niveau maintiens sur l’eau, il doit être meilleur que moi et au Taïjutsu… ça ne doit pas être compliqué d’être plus fort que moi. À la limite, si on pouvait utiliser des techniques, j’aurais eu un avantage certain en utilisant des microcoupures nerveuses, mais là… Je suis clairement désavantagé. De toute façon, si je perds, les gens vont trouver ça normal vu que je suis contre le génie de la classe… Ouais, il faut relativiser dans la vie.

- TOP !

Au signal du professeur, Kôhei s’élance dans ma direction sans hésitation. Une maîtrise de la marche aquatique impressionnante. Son passage du sol à l’eau n’a posé aucun problème. De mon côté, j’ai d’abord posé un pied, j’ai stabilisé mon chakra, j’ai posé l’autre pied j’ai respiré un bon coup et… J’ai foncé à mon tour dans sa direction. L’espace d’une seconde, j’ai croisé son regard plein de détermination. Il ne compte pas perdre, ça c’est sûr.

Une fois a un mètre l’un de l’autre, lancé comme des fusés, je me penche pour plonger ma main dans l’eau. Vous devez vous douter de ce que je vais faire. Oh oui, il a précisé que ça doit être notre corps qui rompe le maintien de l’autre… mais il n’a pas dit que des éléments extérieurs à notre corps ne pouvaient pas aider. Dans un geste rapide et assuré, je l’éclabousse donc du maximum d’eau que peut contenir ma main. Si on en suit les réflexes humains, il va lever ses bras dans un but défensif… et c’est à ce moment-là qu’il faut que j’attaque. Une voix que je connais bien retenti parmi mes camarades. C’est tout simplement Hina qui m’encourage.

- Vas-y Natsuuuuu' !

De toutes mes forces, je tente de lui asséner un puissant coup de pied dans les chevilles en m’étant au préalable penché. Une magnifique balayette qui a toutes ses chances d’atteindre son but, au vu de la déstabilisation.

Le top est maintenant donné. Je n’ai pas le droit de me planter. Je n’ai rien de particulier contre cette Natsumi, mais si je venais à perdre… mes parents le sauront bien assez vite. Tout simplement car je ne serais pas le premier à cet exercice… À vrai dire, j’ignore leur réaction. Jusque-là, j’ai toujours tout réussi sans échouer, du coup je n’ai jamais vécu ça. Mais je sais qu’ils seraient terriblement déçus, et que je vais en baver pour rattraper ce retard. Vivement que je l’ai, ce foutu diplôme.

Étrangement, j’ai toujours confiance en mes capacités. Sauf que là… Je ne sais pas, je sens que ça ne sera pas aussi simple que d’habitude. Je maîtrise très bien mon chakra, donc la marche sur l’eau ne me posera aucun problème, mais pour ce qui est du combat au Taïjutsu… c’est une autre paire de manche. Je suis agile, je peux avoir des bons réflexes, mais ce n’est pas ma tasse de thé pour autant. Tout dépendra des capacités de la fille en face de moi. Le professeur a dit que nous étions d’un niveau équivalent pour cet exercice, et je dois bien avouer que cela m’a un peu troublé. Je n’ai vraiment pas le droit à l’échec.

Nos premières foulées sur l’eau démontraient déjà une différence de niveau, mais je ne me base pas sur ça. J’ai juste constaté qu’il lui a fallu légèrement plus de temps que moi pour se stabiliser sur l’eau, afin de commencer à courir. Durant ma course, je réfléchissais rapidement. Si je veux la faire couler, les deux solutions les plus simples sont de la sonner, ou de la faire tomber. C’est-à-dire, frapper aux pieds, ou à la tête. Il y avait d’autres solutions, mais elles n’étaient pas encore adaptées à la situation… patience.

Néanmoins, Natsumi fut plus astucieuse que moi. Elle ne perdit pas de temps, et se penche en avant afin de recueillir de l’eau entre ses mains, et de m’éclabousser au visage avec. Il me fallait impérativement me protéger au niveau des yeux, car si elle m’aveugle pendant quelques temps avec ça… je vais rencontrer des difficultés. Instinctivement, mon bras droit vint me cacher les yeux, même si je pressentais le piège venir. Un cri se fit entendre, encourageant Natsumi.

Et je le sentis. Une balayette.

À peine ai-je senti le choc sur ma première cheville, la gauche, que ma jambe droite s’envoie sur la gauche, afin de passer au-dessus de son attaque pour esquiver le coup, et va se réceptionner un peu plus sur le côté. Mon torse allait rentrer en collision avec la surface de l’eau, tandis que mes mains rattrapèrent le coup, s’adhérant eux aussi à la surface de l’eau. J’aurais pu tenter une attaque dans cette position-là, mais le risque de perdre l’équilibre était trop important. À la place, je me redresse Bilan des courses : ma cheville gauche me fait souffrir, mais c’est supportable.

Touché, mais pas coulé.

Et c’est bien le cas de le dire. Intérieurement, je ne peux que la féliciter de m’avoir eu, mais il ne faut pas que je me déconcentre. La victoire doit être ma seule préoccupation. Si y a bien une chose en quoi je peux avoir vraiment confiance dans cet exercice, c’est ma capacité à me maintenir, et à me mouvoir sur l’eau. Tant que mon corps ne passe pas en dessous de la surface de l’eau, je ne perds pas.

Ouais ! Courage Natsumi !

La quasi totalité des élèves la soutenait elle... Pourquoi ça ne m'étonne pas ? J'imagine que même Satsu doit être en train de l'encourager, car il est amoureux de son amie...

Pas le temps de réfléchir davantage. D’un pas véloce, mon pied gauche passa devant, comme pour m’apprêter à courir en sa direction. Sauf que le deuxième s’élança rapidement sur sa gauche. Mon pied droit plaqué sur l’eau soutient alors mon corps tandis que mes mains passèrent vers l’avant, afin d’adhérer elles aussi à l’eau. Ma jambe gauche, laissée en suspens, suit alors le mouvement pour attaquer Natsumi au niveau de sa cage thoracique, tandis que je force davantage sur mon bras droit afin de lui saisir un pied avec la seconde main. Le tout était de garder l’équilibre. Sur un pied et une main, passe encore. Voyons voir ce que peut faire Natsumi, voyons voir le niveau de celle qui est tant acclamée.

Mon attaque est arrivée à son but. Je l'ai vu, je l’ai sentis. Quand j’ai remarqué que mon coup a bel et bien réussi, un petit sourire se dessine sur mon visage. Pendant une microseconde, j’ai l’espoir de l’avoir battu. Tous ces encouragements… rien que pour m’aider à montrer au premier de la classe que nous pouvons le battre au moins une fois. Cette brève euphorie bloque ma concentration l’espace d’un instant. Pendant ce petit moment, j’ai bien failli sombrer. Mes mains me servant d’appuis se sont enfoncé d’au moins 1 cm dans l’eau avant de se rentabiliser. Ouf, j’ai bien failli perdre à cause de ça… Comme on dit, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Et ça je l’ai bien compris quand j’ai vu le jeune garçon se relever en même temps que moi. Comme il a dit, touché, mais pas coulé. Au moins je lui ai fait mal à la cheville et j’ai porté le premier coup ! Voilà de quoi me réjouir un peu, en sachant que j’affronte le premier de la classe. Seulement voilà. Les encouragements ne s’arrêtent pas, bien au contraire même. Je ne sais pas si je dois être contente d’être soutenu ou mal à l’aise pour lui car personne le soutient… Le pauvre. Si j’étais à sa place, je le prendrais très mal ! Même si au fond, ce n’est pas vraiment contre lui que tout le monde m’encourage… enfin je crois.

Fini de penser. Quand je le vois bouger sa jambe gauche, je repose toute mon attention sur lui et sur ma marche aquatique. Sur le coup, je dois avouer que je ne comprends pas trop ce qui se passe. Un enchaînement de mouvements, tantôt acrobatique pour au final en arriver à un assaut bien maîtrisé. Il me bloque une jambe et tente de m’asséner un coup de genou, le tout en étant à ma gauche. Instinctivement, je prends appuie une microseconde sur mon pied bloqué et vient écraser sa main grâce à mon pied droit. Attrape moi un pied et je t’écrase la main avec l’autre… c’est un peu ce qui est en train de se passer.

Le seul gros problème maintenant, c’est son coup de genou. Impossible pour moi de bloqué ça. Son assaut est trop bien pensé pour quelqu’un comme moi. En plus, il faut dire que je ne suis pas dans une position très stable. Un pied sur l’eau pour me maintenir et l’autre qui écrase sa main. Il ne me reste plus qu’à me concentrer sur mon maintien sur l’eau. Levant mes deux bras, je tente de me protéger un minimum de son coup de genou. Ce dernier me fait irrémédiablement basculer en arrière. C’est là, c’est le moment décisif. Tous les encouragements s’arrêtent. Tout le monde retient son souffle.

J’essaie tant bien que mal de me rattraper sur les mains en déversant une grande quantité de chakra dedans. Seulement voilà, mon bras entier, jusqu’à l’épaule, s’enfonce dans l’étang. Heureusement, j’arrive, grâce à mon autre main, à porter le reste de mon corps. Bilan de la situation ? Il me tient encore le pied, je suis en gainage sur le dos, ne m’appuyant que sur un pied et une main. Mon autre main elle sort tout juste de l’eau. Il est temps de contre-attaquer les gens. Même s'il a bien failli gagner sur ce coup, je ne compte pas abandonner… et je sais comment m’y prendre pour gagner.

Utilisant ma main encore mouillée, j’attrape sa jambe m’ayant donné le coup de genou. Donnant une impulsion sur mon autre main, je me relève très rapidement. S’ensuit alors l’assaut final, le coup décisif. Prenant appuie une nouvelle fois sur mon pied bloqué, je tente, tant bien que mal, de lui asséner un puissant coup de pied dans les parties intimes.

Castration dans 3, 2, 1…

Enfoirée… Elle ne s’est pas gênée pour m’écraser la main, alors que je la tiens par le pied. Je ne l’avais pas vu venir… Décidément, elle est pleine de ressources. Il n’est pas improbable que je perde face à elle… Après tout, c’est un beau combat. Je ne pensais pas qu’une élève de ma classe pourrait réussir à se maintenir presque aussi bien que moi sur l’eau, et de me toucher en plus. Si mes parents l’apprennent, je ne vais plus avoir de vie pendant plusieurs semaines, afin d’être « remis à niveau ». Je n’ose même pas y penser.

Mais bref. Mon coup de genou est donc parti en sa direction, et frappa violemment le corps de la jeune fille. Celle-ci bascula en arrière, mais parvient à se retenir avec un bras plaqué sur l’eau. Quand j’ai vu son premier bras s’enfoncer dans l’eau, je dois bien avouer que j’y ai cru. Mais j’ai bien vite dérouté quand elle s’est relevé, et m’a saisi ma jambe gauche, qui était encore en position d’attaque. J’sais pas vous, mais là, je le sens très mal. Elle ne va pas oser… Si, c’est ce qu’elle compte faire !

Elle s’est redressée bien vite, m’ayant bloqué la jambe. Tandis que moi… il va falloir que je me protège les bijoux de famille, car c’est là qu’elle compte frapper. Et ça risque de faire trèèèès mal. Bon… Elle me tient un pied, l’autre et sur l’eau. Une main sur l’eau, et une qui tient son pied. J’aurais beau résister, je suis dans une position assez défavorable… Il va me falloir plutôt attaquer que résister. Je n’ai plus vraiment le choix là.

Ma main gauche resserre son emprise sur son pied, et je m’en sers pour me propulser vers le haut. Ma main droite qui était sur l’eau s’en décolla, et alla lui asséner un violent coup de poing dans la tête… tandis que son attaque aboutit. Sur le coup de la douleur, je n’ai même pas réalisé si je l’ai touché ou non. En tout cas on a lâché prise, tandis que j’agonise.

Hngh… aie… hng…

La douleur est vraiment dure à supporter, à calmer, rien à faire. Agenouillé, mon corps avait à moitié coulé dans l’eau. Je me maintiens comme je peux… mais je ne suis pas sûr de pouvoir continuer l’épreuve dans de bonnes conditions, du moins dans cette situation-là. Je vais vraiment perdre… ?

Autour, des rires. C’est sûr que le coup que je me suis pris a dû en faire marrer plus d’un. Mon regard se tourne vers Natsumi, tandis que mon corps se met à remonter à la surface, en continuant à y relâcher une quantité de plus en plus importante de chakra. Je ne tiendrais plus très longtemps, aussi bien au niveau de la douleur que de mon chakra. Je ne suis pas habitué à être malmené à ce point, surtout à l’académie… Il n’est vraiment pas question que je lâche.

Redressé, mais recroquevillé par la douleur que je tente de contenir, je suis de nouveau prêt à combattre. Pour plus beaucoup de temps, certes. Et je n’ai même pas fait attention aux effets qu’on eut mon coup de poing sur elle.

Je… je ne perdrai pas, Natsumi.

Le ton est donné. Mon regard est empli de détermination.

Étrangement, j’ai l’impression que les seconde dure des heures, voire même plus. Comme si toute mon action se passait au ralenti. Mon pied qui s’approche lentement de ses parties génitales… alors qu’en vérité, j’y mets toute ma force et ma vitesse. Seulement, quitte à se faire briser les couilles, Kôhei en profite pour tenter un assaut. Presque au même moment, mon pied écrase ses bijoux de famille et son poing frappe de plein fouet mon visage. Sous le choc, nous lâchons tous les deux prise et reculons d’un pas. Franchement, il n’a pas le surnom de petit génie pour rien. Sa vitesse d’analyse est impressionnante. Il a rapidement compris qu’il ne pouvait se défendre, alors il en a profité pour attaquer à la place…

Au final, on se retrouve encore face à face. Lui agenouillé de douleur et moi, une main posée sur mon visage meurtri. Bilan des courses, lui est blessé à la cheville et aux bijoux de famille tandis que moi, j’ai mon visage et mes avant-bras qui me font pas mal souffrir. Dans tes conditions basiques, j’aurais dit qu’on allait finir à l’hôpital avant de terminer ce combat, sauf que là… On peut clairement voir que nous avons de plus en plus de mal à contrôler notre chakra afin de nous maintenir sur l’eau. Surtout de mon côté d’ailleurs. La moindre petite vibration sur l’eau me fait légèrement tanguer. Il faut que le combat se termine au plus vite.

L’espace d’un instant, je suis tellement concentré sur mon chakra que je ne remarque pas les rires qui s’estompent petit à petit. Ah, on dirait bien que mon attaque a aussi eu de l’effet sur le public ! Que voulez-vous, quand on est une fille, il faut savoir tirer des avantages là où on en a besoin. Mais voilà que mon cher adversaire se relève tant bien que mal. Le pauvre, j’ai dû littéralement lui briser les couilles vu toutes la force que j’ai mise dedans. Il n’avait qu’à pas être un garçon aussi ! Ou alors il met une coque de protection lors des exercices… au choix. Enfin je pense que c’est ce qu’il va faire maintenant… Natsumi, briseuse de couille depuis 11 ans. Ouais ouais je castrais déjà à ma naissance !

En tout cas, on dirait bien qu’il est toujours aussi déterminé à gagner. De toute façon, on va bientôt savoir qui de nous deux gagne. Notre maîtrise de la marche sur l’eau diminue à vue d’œil et nous sommes tous les deux blessé. Utilisant ma manche, je nettoie le filet de sang s’échappant de ma bouche. Il n’y est pas allé de main morte lui aussi !

- T’es sûr de ça ? Une petite défaite te ferait peut-être du bien…

Petite provocation histoire de le rebooster encore plus. Vu tous ceux qui m’encourage, je vais faire en sorte de ne pas les décevoir ! Seulement, alors que je suis en pleine réflexion sûre comment je vais faire pour gagner, la voix du professeur attire irrémédiablement mon attention.

- On va s’arrêter là, vous êtes déjà assez amoché tous les deux. Match nul donc !

Sans vraiment le faire exprès, mon visage prend une expression d’incompréhension totale. Nan mais il est sérieux lui ? C’est mort, il faut qu’on ait un gagnant, et ce n’est pas les autres qui diront le contraire.

- Il nous faut un gagnant sensei ! Laissez-nous terminer s’il vous plaît…
- Ouais laissez-les terminer s’il vous plaît !
- On veut un gagnant nous !
- On veut savoir si Natsu' peut battre Kôhei !

C’est exactement ce que je disais. Tout le monde veut avoir la fin, nous les premiers.

- Bon d’accord…

Un large sourire se dessine sur mon visage. Instinctivement, mon regard se repose sur le visage de mon adversaire. C’est l’assaut décisif et je suis sûr d’une chose… attaquer la première ne marchera sûrement pas. Oui, il faut que je le laisse attaquer en premier et que je retourne son assaut contre lui. Quitte à tomber dans l’eau, je ferais en sorte qu’il tombe en premier.

- Je t’attends Kôhei.

Viens mon bichon…

Je ne l’ai pas frappée assez fort. Résultat, elle est toujours debout, et apparemment en meilleur état que moi. Décidément… elle est redoutable. Je ne savais pas qu’il y a quelqu’un de son niveau dans notre classe. Peut-être n’est-elle pas brillante de partout ? Je n’en sais trop rien. C’est la première fois que j’échange avec elle… même si c’est des coups. À l’avenir, il faudra que je m’en méfie. Mais, pour l’heure, je ne compte pas perdre. Je me battrai jusqu’à qu’à que mes limites physiques soient atteintes. Et, aussi psychologique… parce que, mine de rien, le soutien qu’elle a me rend assez mal. Je sais que je ne suis pas très aimé dans la classe, soit car on ne me connaît que par mes résultats, soit justement car mes résultats énervent, mais bon… la seule personne qui me connait un peu, c’est Satsu. Je ne l’ai pas encore entendu. Il n’a pas acclamé Natsumi, mais ne m’a pas encouragé non plus. Peut-être pour ne pas vexer sa bien-aimée, je ne sais pas…

Elle me lance un pique. Une défaite qui me ferait du bien… on sent toute l’ironie, et le sous-entendu caché derrière. Ce que personne ne comprend, c’est que ce n’est pas que je ne veux pas perdre… c’est que je ne peux pas. Ou plutôt, que je n’en ai pas le droit. Peut-on dire tout de même que je ne veux moi-même pas perdre ? Non, pas vraiment… si je pouvais être comme tout le monde au niveau de mes études, j’en serais le plus heureux.

Tu ne peux pas savoir à quel point tu as raison. Comme tu ne peux pas comprendre à quel point que tu as tort.

C’est vrai, dans le fond… perdre me ferait du bien, et du mal. Mais en prenant le problème dans ce sens-là, gagner ce match me ferait du bien, mais ne me ferait pas plus mal que d’habitude. Donc, je dois gagner.

Néanmoins, le professeur nous demanda d’arrêter le combat. Un match nul ? Non, hors de question. Si match nul il y a, c’est que nous sommes tous les deux inconscients. Ce n’est pas le professeur qui nous demandera d’arrêter. Natsumi, ainsi que d’autres, commencèrent à le supplier de continuer le match. Certains, c’était pour voir si Natsumi pouvait me battre, ils n’attendaient que ça. Quant à moi, j’ai ma petite manière de voir les choses…

Sensei, lorsque nous serons en mission, on ne pourra pas l’interrompre parce que l’un de nous est blessé. Il en est de même en combat réel. Et puis, l’examen final, c’est bientôt.

Même si notre professeur n’a pas l’air très enthousiaste à l’idée de nous laisser continuer, il finit par céder. Sûrement pour ne pas avoir toute sa classe à dos. D’ailleurs je me demande si un Chûnin tel que lui peut tenir une trentaine d’aspirants ninjas enragés. Je ne sais pas. C’est peut-être pour ça qu’il a cédé, allez savoir.

Natsumi me regarde donc. Je fais du même. Sans la lâcher une seule seconde du regard. Elle est à quelques mètres de ma position. Elle n’est pas très éloignée, mais pas très proche non plus. Quelques foulées de pas suffiraient à la rejoindre. Mais c’est ce qu’elle attend. Elle m’attend. Foncer la tête la première sur elle ne mènerait à rien. Je le sais, comme elle le sait très bien. À moins de faire preuve de beaucoup d’astuce, une attaque frontale à notre niveau n’est pas la meilleure chose à faire. Et le coup de l’eau qu’elle a déjà utilisé une fois ne remarchera pas contre moi. Nous sommes donc face à une impasse, si aucun de nous ne veut repasser à l’attaque avant l’autre.

Une attaque frontale, dans cette situation peut aboutir à deux résultats : soit l’on est astucieux, et on perce la garde de l’adversaire, soit l’on se fait avoir, et on se fait lamentablement contrer. Et vu notre état, les résultats peuvent se traduire par deux mots : victoire ou défaite.

Honneur aux dames, très chère.

Les autres élèves commencent à s’impatienter. Cela s’entend. Certains accusent même le professeur de nous avoir coupés dans notre élan. Tandis que d’autres continuent d’encourager Natsumi, de n’attendre qu’une chose : qu’elle me batte. C’est tout ce qui les intéresse.

Tes fans attendent, voyons !

Pendant ce temps, je me suis complètement redressé. Mes bijoux me font encore souffrir, mais la douleur commence à se stabiliser un peu. On ne va pas dire que je suis requinqué, mais ça va déjà mieux.

Ouais bon d’accord. Je dois avouer que ce garçon n’a pas froid aux yeux. Il s’adresse à notre professeur comme si c’était lui l’élève… et le pire, c’est qu’il a tout à fait raison. En combat réel, il n’y a pas de « Pause » car l’un ou l’autre est blessé. On peut fuir, mais c’est avouer sa défaite, or aucun de nous deux ne veut perdre. Seulement, sa phrase me fait instinctivement penser à quelque chose. En combat réel, il faut utiliser tous nos moyens, toutes nos stratégies pour gagner. Il n’y a qu’une seule règle : gagner. Dommage pour lui, mais ce que je vais faire risque de m’apporter la victoire.

Cependant, Kôhei ne semble pas d’attaque pour lancer l’assaut en premier. Lui aussi sait très bien que ça donnera l’avantage à l’autre d’attaquer de manière frontale. Tout ça l’amuse et il utilise même nos camarades de classe pour me pousser à l’attaquer en premier. Bon d’accord, s'il veut jouer à ça, on veut jouer à ça. De toute façon, il ne pourra pas vraiment me reprocher ce que je vais faire… après tout, c’est lui qui a comparé en premier notre combat à un combat réel !

- Gentleman à ce que je vois. Bien, prépares-toi à perdre alors !

Un large sourire se dessine sur mon visage d’enfant. Sans aucune hésitation, je prends mon élan pour traverser d’un pas la distance qui nous sépare. Pied gauche en avant, je prends appuie sur ce dernier pour tenter une attaque avec ma jambe droite. Seulement, c’est là que va intervenir ce dont je parle depuis tout à l’heure. Sans un seul signe ni rien d’autre, je déconnecte brièvement sa jambe gauche. Selon un schéma logique, sa maîtrise de la marche aquatique se voit perturber en même temps que son genou se plie légèrement. Son pied s’enfonce légèrement dans l’eau, le faisant pencher vers la gauche.

Vous me répondez quoi si je vous dis que mon pied, lancé à pleine puissance attend de le réceptionner ? Oui, cette microcoupure me permet de le déstabiliser et de faire en sorte que son corps se penche dans la direction désirée. Bien sûr, je vise avec mon coup de pied sa tête. Si j’arrive à lui mettre un coup assez fort, ça le sonnera et l’empêchera de se rattraper. Il coulera purement et simplement. C’est sûrement ce qu’il a voulu faire tout à l’heure quand il m’a donné ce coup de poing.

Après, vous allez me dire, ouuuui maaais t’as trichéééé, c’est pas bieeeen et blablabla. Ah bah, comme il l’a dit lui-même tout à l’heure, c’est comme un combat réel. Il faut user de tout pour arriver à son objectif, comme dans un combat réel. De toute façon, ça m’étonnerait que quelqu’un comprenne ma tricherie. Eux n’y verront que du feu et Kôhei pensera juste que sa maîtrise du chakra commence à atteindre sa limite. La seule personne qui sait tout ce qui s’est passé, c’est moi et je vais faire en sorte que ça soit encore et toujours le cas.

Gentleman ? Me préparer à perdre ? Attends… Ne me dîtes pas qu’elle va vraiment se lancer ? Parce que si elle me fonce dessus… j’ai de fortes chances de l’emporter. Pourtant, elle a l’air convaincu de sa victoire. Etrange fille, je me demande bien de quoi tu es capable, encore une fois. Ces petites magouilles ne fonctionneront plus avec moi, ma vigilance est à son paroxysme, dès ses premiers pas. J’attends, j’analyse. Je me prépare à riposter, et je riposterai. Ce coup devra être décisif. Mon chakra commence à faiblir, et mon corps aussi par extension. Je n’ai plus le droit à l’erreur maintenant.

La voilà qui approche. Sa jambe droite… c’est avec elle qu’elle va attaquer. C’est vraiment un truc aussi simple qu’elle espérait ? Je veux bien que je ne sois plus tout à faire dans mon état normal, mais ce n’est pas un simple coup de pied qui va...

Hein ? Merde… !

Qu’est-ce qui s’est passé ? Ma jambe gauche… j’ai eu l’impression d’en perdre le contrôle pendant un bref instant. Un instant très court, mais qui avait suffit à me faire perdre le contrôle de ma technique. En effet, ma jambe gauche est bien vite passée en dessous de la surface de l’eau, alors que ma jambe gauche tenait bon. Du coup, mon corps s’était légèrement penché vers la gauche… juste à l’endroit où arrive l’attaque de Natsumi ! C’est quoi cette malédiction… ?

PAF.

La surprise a été telle que je n’ai pas su me protéger de son coup de pied. J’ai essayé au dernier moment de placer mes bras sur ma gauche, pour réceptionner le coup, mais elle fut bien trop rapide. Et là, elle n’y est pas allé de main morte… ou plutôt de pied mort. Hin hin, ce n’est pas drôle.

Son coup de pied me fit décoller de quelques centimètres, au-delà de la surface de l’eau, avant de m’y écraser, lamentablement. Et ce coup-ci… plus rien pour me retenir.

PLOUF. Dans l’eau.

Encore conscient, j’entends ce qui se passe, lorsque ma tête émerge de l’eau. Des cris de stupeur, puis des exclamations de joie, une euphorie envers cette Natsumi. Elle a gagné… ? Dans les faits oui. Mais… Y a quelque chose de louche dans cette histoire. Que mon contrôle se stoppe momentanément, comme par hasard au moment où elle repasse à l’attaque, après avoir assuré que j’allais perdre… et comme par hasard, ça m’a fait pencher d’une manière à faciliter son coup. Trop de coïncidence. Je serai d’avis à dire qu’elle a fait quelque chose… mais quoi ?

Et c’est donc Nat…
Sensei ! Sensei !

Cette voix… Satsu ? Notre professeur le regarde d’un regard interrogateur, alors qu’il s’apprête sûrement à déclarer Natsumi comme étant vainqueur.

J’accuse Yamanaka Natsumi de triche !

Et là, tous les regards se tournèrent vers lui. Lui aussi a eu cette impression donc… Il aurait donc suivi le combat en ma faveur, depuis le début ? Au moins un… Il explique donc à notre sensei ce que j’ai ressenti également. Pendant ce temps, je regagne la terre ferme, à la nage. Natsumi en a fait de même, de son côté.

Alors qu’il explique tout, je l’interromps dans son dialogue.

Merci Satsu de ton soutien, mais… il n’y a pas eu de triche. J’ai faibli, et j’ai perdu. C’est à Natsumi que revient cette victoire.

Tous me regardèrent, un peu surpris. Oui j’aurais pu en profiter… surtout que je suis certain qu’elle a fait quelque chose. Surtout que Satsu m’a donné la réponse… ou plutôt, me l’a rappelé. Natsumi est une Yamanaka, à partir de là, tout devint clair. Mais, à vrai dire, je ne comprends pas moi-même ma propre réaction. La laisser s’en tirer comme ça n’arrangeait en rien mes affaires. Sûrement que, malgré ça, elle méritait cette victoire.

Notre sensei semblait ne plus trop savoir quoi en penser. Mais, au final, il reprit.

Donc, je disais… c’est à Natsumi que revient la victoire ! Maintenant, vous allez tous prendre exemple sur eux, et faire le même exercice !

Sans moi en tout cas. Je suis déjà parti m’exiler un peu plus loin.

J’ai gagné. Comme je le pensais, cette stratégie était sûre de marcher et Kôhei était trop déstabilisé pour contrer mon coup de pied. Une attaque qui l’a fait violemment voler quelques pas plus loin. Cette fois-ci, l’atterrissage est trop compliqué pour qu’il ne tombe pas dans l’eau. Au moment où son corps s’enfonce dans l’eau, des cris de stupeurs, puis de joies envahissent la classe. Le petit génie et numéro un de la classe s’est fait battre pour une élève tout ce qu’il y a de plus basique ! Seulement, au moment où notre professeur est sûr le point d’annoncer officiellement ma victoire, un garçon le coup de son élan. C’est qui celui-là ? Ah oui, il est en équipe avec Hina il me semble… Et je crois bien que c’est le seul ami de mon adversaire d’ailleurs.

Alors que je rejoins je reste de la classe, j’écoute attentivement ce qu’il a à dire. Attendez… il m’accuse de triche là où je rêve ?! Ah oui merde… j’avais déjà oublié que j’avais triché. Oulhalha, Alzheimer me guette on dirait bien. M’enfin, vous allez pas me dire que ce gars a réussi à voir que Kôhei a perdu le contrôle d’une de ses jambes ? Enfin je sais pas, j’ai fait en sorte que tout s’enchaîne très rapidement pour que personne ne puisse comprendre ce qui s’est passé, hormis mon adversaire lui-même bien sûr. Pff, je savais qu’on avait un observateur avisé dans cette classe. De toute façon, il n’a rien pour prouver ses dires.

Monsieur monte alors sur ses grands chevaux et commence son explication sur le pourquoi du comment j’aurais triché. Toute la classe écoute attentivement les paroles du garçon, alors que Kôhei nous rejoint à peine. Or, ce dernier stoppe purement et simplement son camarade, annonçant qu’il n’y a plus à débattre, qu’il avait perdu et que c’était uniquement de sa faute. Au moment où notre sensei annonce ma victoire, j’ai comme un petit pincement au cœur. Du regret ? Sûrement. Certes il méritait de perdre, il en avait besoin, lui qui gagne tout le temps… mais j’ai l’impression que ça l’attriste plutôt que ça l’énerve. Je n’avais pas imaginé qu’il réagisse comme ça et sans le vouloir, je regrette ce que j’ai fait.

- C’est génial Natsu', t’as réussi à battre le premier de la classe !
- T’es trop forte Natsumi !
- Tu veux bien m’entraîner ? S’teuh plaaaît.

Tous viennent me féliciter avant d’aller faire l’exercice à leur tour. Seulement, je remarque que Kôhei part s’exiler un peu plus loin du groupe. Sans le quitter des yeux, je quitte le groupe pour aller le rejoindre.

- Excusez-moi, je reviens tout de suite.

Il faut que je lui dise qu’il n’a pas perdu à cause de sa faiblesse mais bel et bien parce que j’ai triché. Peut-être qu’il va se sentir un peu mieux après cette révélation… non ? Je sais pas, on verra bien. Mon adversaire du jour s’est tranquillement calé contre un mur et je ne tarde pas à arriver jusqu’à lui. Un petit sourire sur mon visage, j’essaie d’entamer une nouvelle fois la conversation.

- Je peux m’asseoir avec toi ?

A vrai dire je m’en fous de son avis. Sans écouter sa réponse, s’il a le temps d’en donner une surtout, je me pose à ses côtés. Prenant une grande inspiration, je m’apprête à tous lui révéler d’un seul coup.

- Tu sais, ton ami avait raison… J’ai triché et je le regrette maintenant… Désolé.

Sans chercher à voir sa réaction, j’enchaîne pour expliquer le pourquoi du comment j’ai triché.

- Je voulais juste te montrer que tu n’étais pas le plus fort, que tu n’étais pas invincible… Je ne voulais pas te faire de la peine, et je m’en excuse.

Comment va-t-il réagir ? Excellente question, en tout cas, ça ne sera pas les bisounours si vous voulez mon avis. Après tout, peut-être qu’il avait une très bonne raison de vouloir autant gagner… Ça je le saurais bien assez tôt.

Il me faut un peu de repos, prendre un peu de recul sur ce qu’il venait de se passer à l’instant. J’ai perdu, pour la première fois de toutes ces journées à l’académie. Et je sais pertinemment que si j’ai perdu, c’est parce que cette Natsumi a triché. Ce qu’il s’est passé, des coïncidences trop farfelues pour être naturelles, et surtout son don héréditaire qui est commun à tous les Yamanaka… non, pas du doute, elle a triché. Seulement, même sans ça, elle aurait pu gagner. Dans un sens, c’est le professeur qui a demandé à ce qu’on n’utilise aucune technique. Mais si elle parvient à en utiliser une sans que notre professeur ne la chope… c’est une victoire pour elle. Elle a fait un pari risqué, elle a réussi. Je n’aurais pas fait mieux.

Seulement voilà, il me faut digérer cette défaite. Qu’est-ce que je ressens actuellement ? Une certaine appréhension par rapport à ce soir, lorsque je vais leur raconter que j’ai perdu face à une autre élève. Mes parents ne me le pardonneront pas. Et puis, il faut que je me repose… ce combat n’a pas été de tout repos. Jamais je n’aurais imaginé vivre un tel match dans cette journée aussi lambda. Comme quoi… il n’y a pas que de l’ennui dans cette académie. Mais elle attise toujours son petit lot de problèmes. Là, en l’occurrence, ma défaite va me couter cher. Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, car je ne me suis jamais retrouvé dans cette situation. Mais nul doute qu’une défaite, aussi proche de l’examen final, ne me sera pas facilement pardonnée.

Je peux m’asseoir avec toi ?

Cette voix… évidemment. Natsumi. Ce n’est pas forcément la personne que j’aurais voulu voir dans cette situation, mais bon. Je n’ai rien contre elle, loin de là, mais… ça m’est tout de même resté en travers de la gorge ce qu’il s’est passé. Mais bon. Sans que je n’aie le temps de lui répondre, elle s’assoit à mes côtés, dos contre le muret auquel je suis moi aussi adossé. Que me veut-elle ? Je vais bien vite le savoir. En tout cas, si c’est pour remuer le couteau dans la plaie, elle aura le droit à un second round plus… épicé. À ma sauce, si l’on peut dire cela comme ça.

Et elle m’annonce comme ça qu’elle avait bel et bien triché, que Satsu avait raison. Et elle le regrette ? Elle s’en excuse même ? Mouais, c’est tout de même louche quand même. Elle n’a vraiment pas réfléchi en adoptant cette stratégie ? Le regretter aussi vite… voilà quoi. Elle ajoute à cela qu’elle voulait me prouver que je ne suis pas invincible, que l’on peut me battre, et que son but n’était pas de me faire de la peine.

Oui. Je sais très bien que tu as triché. Sur le coup, j’ai eu un doute, mais… quand Satsu a annoncé ton nom, j’ai immédiatement compris. Yamanaka, hein…

Un clan redoutable en combat. La preuve, ce qu’il s’est passé. Une simple petite seconde lui a suffit pour faire littéralement balancer tout le combat en sa faveur.

Du moment que tu ne te sois pas fait prendre par le professeur, je considère que tu n’as pas triché. Tu as su adopter tes propres règles, tout en s’adaptant à celle de celui qui nous arbitrait. C’était finement joué, j’avoue que je n’aurais pas mieux fait.

Sa triche ne m’a absolument pas dérangée après tout. Elle a su tourner les règles à son avantage. Rien qu’à ça, elle me donne l’impression qu’elle va rapidement devenir une puissante kunoichi. Si elle continue ainsi… elle prendra bien plus d’ampleur dans le village, qui sait.

Et puis, entre nous… Satsu n’est pas très bien placé pour te le reprocher. À chaque contrôle, c’est moi qui remplis sa copie en même temps que la mienne. Notre professeur n’y a vu que du feu depuis le début de l’année. Seulement, quelques élèves sont au courant qu’il réussit à avoir des bonnes notes grâce à moi ; peut-être que tu étais toi aussi au courant. En se plaignant de triche, il y aurait eu un risque que quelqu’un crache le morceau, et ça serait mauvais pour lui.

C’est moi, ou je suis en train de lui raconter toute ma vie. Je ne sais pas trop pourquoi à vrai dire. Il faut croire qu’avoir échangé quelques coups avec elle m’a donné une bonne impression de sa personne. C’est certainement ça. Mais avant tout, il restait un dernier point à éclairer.

Ah. Et je ne suis pas le plus fort, je ne suis pas invincible. Ce ne sont que des titres qui m’ont été donné ici, à l’académie. Et c’est également les titres que mes parents rêvent de tatouer sur le front. Ils y sont parvenus… jusqu’à aujourd’hui. Perdre aujourd’hui m’est égal… mais ce qui va en découdre risque de bien moins me plaire.

J’inspire une bouffée d’air, avant de regarder le ciel.

Deux semaines. C’est tout ce qu’il nous reste avant d’en finir avec cet enfer.

Bon, au moins on peut dire qu’il est tout aussi direct que moi. À peine ai-je le temps de m’excuser qu’il m’avoue savoir que j’ai triché. Je ne comprends pas. S’il le sait, pourquoi il n’a pas laissé Satsu le dire à tout le monde ? Il n’a rien à y gagner à faire ça… surtout qu’il sait exactement comment j’ai triché. Il a déjà fait le rapprochement entre les arts de mon clan et ce qui s’est passé. Sans trop le faire exprès, une expression d’incompréhension se peint sur mon visage alors que je continue de l’écouter. Attendez… je rêve il vient limite de me complimenter sur comment j’ai triché ? En soi je peux comprendre son point de vue. Comme il l’a dit, je l’ai joué finement, comme le font beaucoup de Shinobi. Or, peu de personnes de notre âge auraient fait preuve d’autant de maturité. Moi-même j’aurais fait un scandale s’il avait triché, de quelque manière que ce soit.

Et il enchaîne. Je n’ai même pas le temps de tout comprendre qu’il continue dans sa lancée, parlant de cette fois-ci de Satsu. Une remarque qui me fait instinctivement sourire. Il est vrai qu’en soi, il n’est pas le mieux placé pour parler de triche. Beaucoup de monde dans la classe se doute qu’il triche tous les deux. Enfin, c’est plutôt Satsu qui profite de Kôhei. Or, en le balançant comme ça, je doute que le jeune garçon en ait quelque chose à foutre de tout ça. Si Satsu venait à se faire choper, la seule chose qui le ferait chier serait qu’il soit mêlé dans tous les cas. Ah bah non en fait. Vu la fin de sa tirade, il semblerait qu’il s’inquiète un minimum de son ami. Peut-être que Kôhei est plus sympa qu’il n’a l’air de l’être au final !

Toujours dans sa lancée, il m’avoue que tous ces titres d'invincibles, de plus fort n’ont été attribué que par les gens de notre classe et que c’est ce que ses parents veulent qu’il soit. Je comprends mieux. Il doit avoir des parentes strictes qui veulent absolument engendrer la perfection, jusqu’à en devenir légèrement fou. Au final, ma mère elle aussi veut que je devienne la plus forte des membres de mon clan. Elle veut que je la surpasse, ou qu’au moins je l’égalise, mais elle sait qu’en me forçant à bosser encore et toujours plus, ça ne marchera pas. Nos parents ont le même objectif nous concernant je suppose, mais pas la même façon de nous pousser à y arriver.

- Quitter cet enfer pour un autre… Pas de quoi se réjouir au final.

La stricte vérité. Je ne pense pas que cet endroit soit l’enfer comparé à ce qui nous attend. Des morts, des guerres, des conflits politiques… Dès notre entrée à l’académie on nous a prévenu de tout ça. On sait à quoi s’attendre... pourtant personne n’y est vraiment préparé. Quoique Kôhei l’est peut-être. Après tout, je ne le connais quasi pas. Du moins pas encore.

- Beaucoup dans la classe savent, où se doutent que Satsu' triche. Il suffit de comparer son attitude à ses notes et ça saute aux yeux. M’enfin, je comprends ton point de vue sur tout ça, et j’espère sincèrement pour toi que cette défaite ne t’apportera pas trop de problèmes. Je ne pensais pas que tu avais ce genre de parent perfectionniste…

Il faut croire que depuis le début de cette conversation, je ne fais que m’excuser. Affichant un petit sourire en coin, j’émets une hypothèse qui peut éventuellement lui plaire. Une petite idée qui peut lui éviter certains problèmes.

- Mais si toi tu ne leur dis pas, comment peuvent-ils savoir que tu as perdu ? Ils ne vont pas voir notre professeur quand même ?

Mentir. C’est pas la meilleure des solutions, mais si ça peut l’aider, on va pas s’en priver !

- Au pire, s’ils sont du genre à faire ça, mon clan manipule très bien la mémoire… et il se trouve que ma mère m’a appris un jutsu très sympa il y a une semaine…

Moi, capable d’utiliser un jutsu d’oubli sur mon Sensei ? Tout à fait. Si ça peut me racheter auprès de Kôhei, j’en serais capable. Il va avoir des ennuis par ma faute, alors c’est à moi de faire en sorte qu’au final, il n’ait pas d’ennuyer. Si ça continue, je vais presque finir par devenir ami avec ce garçon… qui l’aurait cru avec tout ce qui s’est passé…

Nous n’avons apparemment pas la même définition d’un enfer. Pour elle, ce qui va suivre sera bien pire. C’est vrai que l’univers des ninjas n’est pas ce qu’il y a de plus doux, loin de là… mais je préfère vivre dans un monde aussi chaotique qu’il puisse être comme celui-là, plutôt que de rester une année de plus enfermé à l’académie, et d’avoir mes deux parents trop perfectionnistes sur le dos, encore une année. Je crois que je ne les aime même pas dans le fond. Ils m’ont séparé de ma grande sœur, le temps que j’assimile toutes les bases de l’académie à la perfection, et pendant ce temps, je n’ai pu que très peu la voir, et encore moins jouer avec elle. J’en souffre pas mal. Hors de question de continuer comme ça, c’est trop dur à supporter…

Des parents perfectionnistes. Natsumi a réussi à mettre les mots les plus justes. Même si les considérer comme étant tyranniques peut passer aussi. Même un peu trop bien.

Perfectionnistes… T’as tout pigé. Et moi, je suis leur machine.

Elle continue donc sur sa lancée. Elle pensait que je pourrais leur mentir donc ? Ce serait qu’une peine reportée malheureusement. Ce n’est pas qu’ils iraient voir le professeur, mais ils le sauront tôt ou tard.

Non, ils n’iront pas jusqu’à faire ça, sauf s’ils me soupçonnent de cacher quelque chose. Seulement, ma défaite d’aujourd’hui apparaîtra sûrement sur mes notes, mon dossier, ou quelque chose de ce genre-là, tu vois. Ils verront que leur machine a connu une défaillance…

Peut-être que j’en fais trop ? Non, absolument pas. Je sais très bien que ça va mal se passer pour moi. Autant tout leur dire de suite, pour en finir. Je ne veux pas attendre la fin de l’année pour être puni après ma libération de cette prison qu’est l’académie des ninjas.

Seulement, la suite de son dialogue m’interpelle un peu plus… lorsqu’elle énonça cette idée, je n’ai pu empêcher de détourner mon regard du sol, et de la regarder droit dans les deux yeux. Un jutsu sur la mémoire… ? Attends. Pense-t-on à la même chose ?

Tu veux dire que… tu peux altérer la mémoire de quelqu’un ? Est-ce qu’on pense à la même chose, Natsumi… ?

Faire oublier à notre professeur ma défaite ? C’est vrai que ce serait la solution idéale… Mais comment faire ? Même si elle maîtrise une technique comme celle-ci, il n’en reste pas moins un ninja qualifié de Konoha. Et, aussi talentueux que nous sommes, nous ne sommes que des apprentis ninjas. Et dans son regard, je compris bien vite que l’on pense effectivement à la même chose. C’est de la folie… mais à la fois, c’est terriblement excitant.

C’est risqué. Très risqué. Ce sera d’une toute autre trempe que toutes les épreuves qu’il nous fait passer, tous les jours… c’est de la folie. Mais j’aime ça. Et puis, je ne vois pas trop d’autre solution... Mais comment on pourrait s’y prendre ? Il est bien plus performant que nous deux réunis, il va falloir la jouer finement. T’as un plan ?

Un plan pour s’en prendre à la mémoire de notre sensei… je n’aurais jamais pensé faire quelque chose d’aussi fou à l’académie. Seulement, quelque chose me chiffonne malgré tout.

Mais, et toi ? Pourquoi tu prendrais ce risque pour moi ? Tu as tout à y perdre dans cette affaire. Soit on se fait prendre et on va prendre cher, soit on réussit et… t’y perds ta victoire.

Il n’avait pas vraiment tort. Cette défaite sera bien marquée quelque part et ses parents finiront bien par tomber dessus un jour ou l’autre. Bien sûr, plus ils le verront tardivement, plus il se fera engueuler… En soi c’est un vrai dilemme. Seulement, ma petite idée concernant la mémoire semble fortement l’intéressé. Jusque-là, il fixait le sol, sûrement en train de penser à comment ses parents vont réagir. Or, dès que j’ai mentionné un jutsu touchant à la mémoire, son regard s’est aussitôt levé pour se poser sur le mien. Instinctivement, un grand sourire se dessine sur mon visage dès que je comprends qu’il a déjà tout deviné. Je pensais effectivement à altérer la mémoire de notre sensei.

Étrangement, semble énormément plaire à Kôhei. Moi qui pensais qu’il n’était pas du genre à prendre risque, me voilà bien surprise. Le génie de notre classe serait donc prêt à me suivre sur ce coup ? Voilà qui intéressant. Surtout que comme il l’a dit, c’est quelque chose de très risqué. Il faut que j’altère la mémoire de notre professeur, sans qu’il ne le remarque. Donc je dois faire en sorte qu’il ne ressente pas le chakra que je vais utiliser sur lui. Comment s’y prendre ? Là est la vraie question… Un simple contact suffirait au fond, mais il va directement remarquer que j’ai utilisé mon chakra sur lui…

- Laisse-moi y réfléchir un peu… Ça ne doit pas être si compliqué que ça ! Le seul problème c’est qu’il va ressentir mon chakra quand je vais manipuler sa mémoire. Outre ça, c’est un jeu d’enfant normalement…

Voilà que mon coéquipier du jour soulève une autre question, à mon intention cette fois-ci. Monsieur se demande pourquoi je ferais ça. Après tout il a raison, j’ai tout à y perdre en l’aidant, du moins en apparence.

- Je m’en fiche d’avoir perdu ma victoire, surtout que ça ne sera que sur le papier. Les autres sauront la vérité. Et puis vu que j’ai gagné en trichant, je me dois de me racheter ! Sinon cette histoire va me hanter pendant encore longtemps…

Ahlala, je culpabilise trop facilement c’est pas possible. Prête à aller aussi loin uniquement pour me faire racheter auprès de Kôhei. En plus, ça me permettra de gagner sa confiance et de me faire un nouvel ami, donc j’ai plus à y gagner qu’à y perdre au final ! Après lui avoir une nouvelle fois offert un sourire, je me lève avec détermination. Je pense savoir comme nous allons nous y prendre.

- J’ai une idée de comment procéder ! Toi tu as juste à aller chercher le professeur et de laisser mes talents de comédienne s’exprimer ! Je me charge du reste !

Avant même qu’il n’ait le temps de me dire oui ou non, je m’écroule par terre de ton mon poids. Aouch, ça fait putain mal ! Quitte à jouer la comédie, autant la faire à fond, même si je dois finir avec plein de bleus après ! Faut souffrir pour être... eux... Comédienne?

Me voilà donc à terre, écrouler, comme si je m’étais évanouie. Bien évidemment, c’est totalement faux. Alors pourquoi faire ça ? Ohoh, c’est très simple mes amis. Notre cher professeur va immédiatement venir à ma rescousse et il va forcément y avoir un contact entre lui et moi. À ce moment-là, je n’aurais qu’à utiliser ma technique. Il sera bien trop occupé à se faire du souci et à se demander ce que j’ai pour remarquer qu’une infime partie de mon chakra a pénétré dans son corps ! Oui je sais, c’est machiavéliquement bien pensé comme plan… Espérons que tout se passe comme prévu quand même hein…

L’écoutant, je ne pus m’empêcher de sourire. Elle avait vraiment l’air de s’en vouloir d’avoir triché de la sorte, à tel point qu’elle tenait par-dessus tout à se racheter. C’était touchant. Je ne pense pas que beaucoup de personne de notre promotion aurait eu cette esprit-là. La majorité serait venue me narguer avec sa victoire, et s’en serait vanté auprès de tous les autres élèves. Elle, non. Elle projetait carrément d’altérer la mémoire de notre sensei pour lui faire oublier ma défaite, et donc par conséquent, sa victoire. C’est de la folie n’empêche… La tâche allait être ardue pour réussir ce coup de maître. Parce que bon, oui, notre sensei est tout de même un Chûnin de Konoha. Ce n’est pas rien non plus. Est-ce que deux aspirants seulement peuvent lui nuire ? J’en doute. Mais j’étais bien tenté par cette folie.

J’ai une idée de comment procéder ! Toi tu as juste à aller chercher le professeur et de laisser mes talents de comédienne s’exprimer ! Je me charge du reste !

Ces talents de comédienne… ? Boum. La voilà qui s’écroule sur le sol. Elle n’y était pas allée de main morte.

Héhé. Pas bête. Je reviens avec lui dans quelques minutes.

Je partais donc en courant, pour retrouver notre professeur. Celui-ci devait encore être en train de superviser les autres élèves pour leur entraînement. Arriver à leur niveau, je vis qu’il n’y avait pas grand-monde à la surface de l’eau… la plupart avait déjà coulé, ou était déjà à l’extérieur, trempés.

Sensei ! Sensei !

J’avais toute l’attention, une multitude de regards intrigués m’étaient destinés. Prenant mon rôle très à cœur, et sans ne lui laissait le temps de faire quoi que ce soit, j’attrapai sa main pour l’emmener à l’endroit où le corps de Natsumi gisait.

C’est… c’est Natsumi… ! On parlait tranquillement, et… et… Venez voir… !
... Quoi ?

Sans perdre un instant, il accourut vers la direction souhaitée, tandis que je le suivais à toute vitesse.

Une fois sur place, il s’était déjà agenouillé devant le corps faussement inerte de Natsumi, lui tâtant le pouls, et vérifiant que tout allait bien.

Kôhei, calme-toi, et explique moi ce qu’il s’est passé ici.
Je… je ne sais pas trop… elle est venue me trouver pour discuter, et… elle ne s’est plus trop sentie bien, et elle a perdu connaissance… j’ai essayé de la réveiller, mais… mais rien à faire…

Il inspectait son corps, et sembla au final se calmer.

Ce n’est rien. J’imagine que votre combat l’a fatiguée, et qu’elle s’est simplement évanouie, ne t’en fais pas.

Merde. S’il ne s’inquiète pas, ça ne va pas le faire. Hm…

Elle était bizarre avant de s’écrouler… et juste avant, elle a eu de violentes douleurs à son cœur… je crois… je ne sais plus…

La panique envahit de nouveau le visage de notre professeur. C’en était presque hilarant, mais il fallait que je me retienne.