"Zennosuke-Sama, nous ne pouvons rien faire de plus pour elle. Peut-être que si elle sent quelqu'un à ses côtés..."
On avait transporté Hiryuu jusqu'à un lieu précis, sa peau était plus pâle qu'à l'ordinaire, elle ne dégageait plus la même chaleur. Mais au creux de son corps, dans son thorax un battement faible, au bord de l'extinction; persistait toujours. La jeune femme ne ressentait plus rien, elle avait perdu tellement de sang.. On pouvait dire qu'elle était cliniquement morte, ou que son sort lui appartenait. Son corps reposait sur un lit, un homme était à côté d'elle; et une perfusion sanguine banchée à son bras. Ses vêtements étaient couverts d'un mélange de boue et de sang, son visage était sale, inexpressif. Hiryuu se retrouvait dans l'obscurité, dans son subconscient. Un garçon à peine plus âgé qu'elle se tenait là, debout en face. Elle reconnut son visage, et s'approcha de lui. Ici tout semblait paisible. Elle comprenait ce qui se passait. Quand elle fut assez proche, le garçon lui adressa la parole.
*"Hiryuu ? Que fais-tu là ?" "Je ne sais pas... Je suis.. Morte ?.. Toi, tu es mort dans mes bras..." "Moi.. Oui, mais toi ? Non, je ne crois pas." "Pourquoi je te vois ?" "Ah... Le chakra est une chose assez particulière... Je pourrais t'expliquer, mais ce serait trop long, et le temps, c'est ce que tu n'as pas en ce moment." "Je sais. Mais.. je ne me souviens pas.. pourquoi je suis là.." "Vous avez été manipulé, et tu t'es faite poignardée, dans le dos." "Cela expliquerait tout..."*
Les deux jeunes Kumojins s'assirent dans le noir et discutèrent de longues heures, le garçon aurait largement pu lui expliquer le pourquoi du comment de sa présence ici. Mais cela importait peu au final, ce qui comptait vraiment était qu'elle puisse le revoir et être à ses côtés, même si au final elle savait pertinemment qu'il était mort. A certains moments elle pensais qu'il n'était qu'une représentation de son esprit, mais sa façon de parler, sa façon d'être avec la Kunoichi. S'il avait vécu plus longtemps il se serait probablement révélé être son âme sœur. Ce garçon aux cheveux blonds était son premier coéquipier, celui qui l'avait considéré avant tout comme une Kunoichi plutôt que comme une simple paysanne. Elle posa sa tête sur son épaule, et ferma les yeux en profitant de sa chaleur. Il tourna la tête vers elle et l'embrassa sur le front. Puis il interrompit ce moment si paisible.
*"Peut-être que la vie que tu mènes ne te convient pas..." "J'ai toujours voulu être Kunoichi pour protéger ma famille et mon pays, mais je me rends compte que je ne suis pas si utile en comparaison d'autres.." "Si tu le souhaitais, tu pourrais repartir de zéro." "De zéro ? je ne vois pas comment..." "Tout oublier, comme avoir une nouvelle chance." "Oublier ? Je ne vois pas quoi oublier... j'ai beaucoup de mal à me souvenir..."*
Elle referma les yeux, en se reposant à nouveau sur l'épaule de son ami. Lorsqu'elle les rouvrit, tout semblait avoir disparu, ou réapparut. Un homme qu'elle ne reconnaissait pas se tenait à côté, visiblement assoupi. Sa tenue avait changé, immaculée. Elle regarda autour d'elle et reconnu vaguement l'endroit. Elle y était déjà venue, mais quand ? Elle ne se souvenait pas. Elle reposa son regard sur l'homme assis, et prononça d'une faible voix....
"Setsu ? C'est toi ?"
Wazao no Tetsuya
Informations
Grade : Nukenin de rang S Messages : 1806 Rang : S
Tout semblait remonter à si loin et pourtant très peu d’heures s’étaient écoulées depuis cet instant où l’homme avait expérimenté, en un rien de temps, à la fois le vide sidéral et l’espoir incommensurable. Le kumojin avait expérimenté la pire crainte, et la plus grande joie lorsqu’il avait cru qu’Hiryuu était morte et que son monde à lui s’écroulait, puis lorsqu’il se rendit compte qu’il y avait une chance, une infime chance de survie. C’était à ce moment-là… à ce moment précis où il serrait fort sa belle contre lui, comme persuadé que déverser un trop plein d’amour qu’il ne se découvrait que tardivement, aller ramener à la vie la kunoichi ; c’est à ce moment que la chance lui avait souri. Entre deux sanglots, l’homme avait perçu les battements de cœur de la belle. Au début imperceptibles, les battements s’étaient faits plus réguliers, plus normaux au fil du temps. Peut-on décrire la joie du Jônin en cet instant précis ? Peut-on décrire le soulagement qui s’empara du Seki ? Il n’y a en réalité pas de mots pour le décrire avec exactitude. Seul le visage du Seki, devenu subitement rayonnant malgré les larmes qui déjà avaient laissé un sillon blanc sur ses joues, seule cette joie intense pouvaient témoigner de son état d’esprit. Ça et l’appel à l’aide envers les médecins qui s’apparentait plus à un ordre à ce moment-là, qu’à autre chose, voilà les deux seules choses qui auraient pu permettre à n’importe qui de déceler le changement dans la situation dramatique qui se déroulait alors.
Le Raikage avait ensuite ordonné qu’on prenne soin d’Hiryuu en priorité. Les médecins s’étaient hâtés. La réaction qui peut être avait définitivement sauvé la kunoichi. Pour ce geste, pour cette décision, le Seki avait pardonné aux trois-quarts la décision de Karasu Tsumei. Celle qui lui avait valu une sourde rage envers son Kage : la décision de retraite face au Furyou… Les choses s’étaient par la suite passées plus ou moins naturellement. Les médecins avaient d’abord stabilisé l’état d’Hiryuu et stoppé les saignements. Elle était presque aussitôt entrée dans le coma. Puis, elle et tous les autres blessés avaient été évacués du triste pays d'Iwa, jusqu’aux terres du pays de la Foudre.
Retour au présent
Depuis près d'un mois le Seki veillait aux pieds de sa belle. Les premiers jours, le Jônin n’avait pu fermer l’œil. Sa première journée, il n'avait à aucun moment il n’avait pu trouver le temps de s’occuper de lui-même. Il faisait de réguliers aller-retour entre chez lui, l'hôpital, la pharmacie mettant tout en oeuvre pour que l'état de la kunoichi soit meilleur. Tant que son état ne s'était pas stabilisé, l’homme n’avait pas la volonté d’aller faire autre chose. Il n’en avait pas le goût. Au début, c'était à peine s'il s'alimentait correctement, puis progressivement, il avait repris du moral et été redevenu confiant à mesure que l'état de la kunoichi s'améliorait. Un bon petit moins où le kumojin était quasi inactif. Les affaires pourtant étaient pressantes. Il y avait beaucoup de choses à faire de par le monde, surtout après la terrible attaque des Furyous. En tant que Jônin expérimenté, Zennosuke savait que Kumo avait besoin de lui. C’était indéniable. Seulement lui, avait besoin d’Hiryuu…
Ce fut certainement son âme qui le réveilla au moment où Hiryuu parlait pour la première fois. Comme dans un rêve les mots de la kunoichi étaient arrivés dans son oreille, s’amplifiant dans son cerveau dans une douce mélodie. Car oui, Zennosuke s’était assoupi après plus de 24 heures sans dormir. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait. Il était là, les cheveux ébouriffés, les muscles tendus, réveillé, mais le cerveau encore comme endormi. L’homme s’était laissé aller à un sommeil naturel, réparateur après toutes les tensions qu’il avait enduré ces trois derniers jours.
« Hiryuu ? » Dans sa surprise, le Seki avait pris la main de sa belle la plus proche de lui. Il l’avait serrée entre ses deux paumes à lui et plongeait son regard bleu dans les yeux de sa belle, cherchant à déceler une trace de joie dans ses yeux. Sa première impression fut la décéption. Les yeux d’Hiryuu quoique reflétant une infime envie de vivre, ces yeux ne semblaient plus le reconnaître lui. Ils fuyaient face à son regard.
« Hiryuu tu ne me reconnais pas ? Zenno, ton… » et là, la voix du Jônin sembla craquer. Cette idée, au fond, lui faisait étrangement mal. S’entêtant, le Jônin serra inconsciemment plus fort la main de sa belle, sans la blesser néanmoins. Cet acte, était le reflet des douleurs qui lui lacéraient le cœur. Appuyant sur un bouton tout proche de la table de chevet à côté du lit où était allongée Hiryuu, Zennosuke fit appeler les médecins.
« Aurais-tu tout oublié ma belle ? As-tu mal ? » L’homme caressait les cheveux de sa belle. Il aurait aimé la voir comme avant, taquine, provocatrice et tout à la fois si calme.
Les yeux encore un peu embués par son long repos forcé elle dévisagea l'homme qui se présentait à son chevet. Lorsqu'il tendit la main pour toucher ses cheveux, elle se redressa et s'écarta. Un autre homme en blouse blanche, un médecin certainement, arriva à son tour. Hiryuu ne reconnaissait pas cet individu, et se rendait compte qu'il n'était pas celui qu'elle croyait lors de son réveil. Elle resta muette en observant tout autour d'elle. L'endroit ressemblait fort à un hôpital. Elle sentait la douleur dans son dos, laquelle la força à reprendre une position allongée. Le médecin intervint, précisant ce qu'il allait faire. En effet, il découvrit le dos de la jeune femme et avec un coton épongea le mince filet de sang qui s'écoulait. Alors qu'il s'évertuait à refermer le haut de la blessure presque cicatrisée, il parla à voix basse au jônin.
"Je sais à quel point cela peut-être dur pour vous Zennosuke, mais croyez bien que ça l'est autant si ce n'est plus pour elle. Elle a eu de la chance d'avoir survécu. La lame, comme je vous l'ai déjà expliqué, est passée très prés de sa moelle épinière et la pointe a réussi à perforer un poumon. Physiquement elle a presque récupéré. Mais psychologiquement.. Un coma d'un mois peut laisser des séquelles, l'amnésie en fait partie, malheureusement. Il faudra éviter de la brusquer que ce soit par vos gestes ou vos paroles. Voilà, j'ai terminé."
Dit le médecin en se relevant une petite écuelle en fer blanc à la main. Elle contenait une aiguille médicale et du fil. Il posa le regard sur la patiente allongée dans son lit et lui adressa la parole.
"Vous avez été blessée il y a un mois, vous êtes à Kumo, vous souvenez-vous ?" "Non.. Oui..."
Répondit-elle faiblement. Le docteur reprit.
"Tâchez de ne pas faire de mouvement brusque, ou vous rouvrirez votre blessure. Bien, je vous présente Seki Zennosuke, c'est un de vos amis proches."
Hiryuu observa le dénommé Seki et ajouta d'elle même quelques mots à sa destination.
"... Pardon."
Elle ne savait pas que dire d'autre que ce simple mot. Si cet homme était l'un de ses amis, elle ne pouvait que s'excuser de l'avoir ainsi repoussé comme s'il était un parfait inconnu. Mais en même temps, la jeune genin ne savait pas, elle ne savait plus.
