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La matinée se terminait avec la fin d'un entretient qui s'avéra intéressant, comme la plupart des autres à vrai dire, mais pour une fois ce n'était pas moi qui dû apporter des réponses à une batterie de question, oui pour une fois ce fut l'inverse. Jisetsu Gabushi était une jeune femme très intéressante, extravertie et paraissant fiable; enfin les apparences sont souvent trompeuses, donc j'évitais de trop m'y fier. Une fois sortie de mon bureau, je retrouvais de nouveau seule avec ma pile de paperasse et les quelques réponses qui s'avéreraient pour la suite d'une importance capitale.

Je n'avais plus qu'à en faire de même, aller déjeuner, déguster un bol de nouilles avec du gingembre. Je me levai alors avec cette merveilleuse perspective en tête. J'ouvris la porte et la refermai m'assurant qu'elle soit bien déverrouillée, personne ne devait avoir accès à ce bureau en dehors du conseil et bien entendu moi même. J'allais partir lorsqu'on m'interpella, ou tout au moins qu'on m'adressa la parole. Je l'observais quelques secondes. Lucy, oui je me souvenais d'elle, je l'avais déjà vu auparavant. Lorsque que je voyais un visage, il restait gravé dans ma mémoire pour le reste des temps. Là, une question se posa : la recevais-je ici, ou ailleurs ?

"Très bien."

Je me retournai vers la porte, dégainant la clé; à nouveau, et la rouvris. Je lui fis signe d'entrer, de s'installer. Je rangeai rapidement les dossiers ouverts sur le bureau, les glissant dans un tiroir. Des documents qu'un genin ne devait pas voir, qui ne concernaient que le conseil, le Kage et quelques hauts gradés. Un nouveau tour de clé cette fois au dit tiroir, et je ne m'installai pas encore devant la grande vitre donnant sur Suna. Non, j'attrapai un autre dossier, celui de la jeune fille, et le posai en évidence sur le coin du bureau. Et, je m'assis pas encore.

"Je reviens, attends moi."

Je fis rapidement l'allé retour entre le bureau et le bout du couloir, j'avais quelque chose à demander. Il était tout de même midi.

"Bien, je suis à toi. Hassei Lucy. Dis-je en m'asseyant face à elle. Je vois que tu as été diplômée il y a peu, mes félicitations. En feuilletant brièvement son dossier. Alors, qu'attends-tu de cette entrevue ? On attend tous forcément quelque chose de quelqu'un, encore plus en ce moment. Par exemple, moi; j'aimerai savoir ce qu'il ressort de ta correspondance avec Kiri."

Achevais-je en posant les mains sur le bureau. Cet échange apporterait probablement quelques éclaircissements sur plusieurs sujets.

Comme prévu, un échange très intéressant, néanmoins ce n'était pas exactement la réponse que je pensais recevoir; j'escomptais à un peu plus de révolte, d'opposition; mais il n'en fut rien et ce n'était pas pour me déplaire. Cette jeune femme semblait avoir compris l'enjeu de l'échange, à savoir la coopération. Je n'allais donc pas lui reprocher. Cependant je me demandais si sa venue avait pour premier objectif ce sujet, cette lettre et cette dénommée Kaguya Aojikawamanashi. Une Kirijin que je n'avais jamais rencontré auparavant mais dont j'avais déjà entendu parler, qui plus est qu'elle était une genin.. Que le nom d'une genin me parvienne relevait en soit d'un miracle encore plus qu'elle n'était pas une Sunajin, bref. Et maintenant, elle me demandait mon accord pour la faire venir à Suna. J'eus le temps d'une courte réflexion avant de lui répondre, ce que je fis par la suite.

"Je suis la Kazekage, en tant que telle je me dois d'être au courant d'un certain nombre de choses, et le courrier en partance pour des villages ninjas en fait partie, mais ne t'inquiète pas, ce n'est répréhensible tant qu'aucune information sensible ne filtre. Kiri est censée être notre alliée, je suppose donc qu'une genin de ce village peut séjourner ici en tant qu'observatrice, et intermédiaire. Néanmoins je souhaiterais savoir ce qu'en dit leur Mizukage, lequel je n'ai jamais rencontré soit dit en passant. De toute façon, les Kage doivent venir à Suna dans quelques jours, car pour le moment, officiellement; nous somme toujours en guerre."

Je marquai une pause en observant Lucy. Ce que je venais de dire n'allait pas contre sa demande, je ne faisais que la reformuler et lui donner un peu de sens, car sans ça, je ne voyais pas pourquoi un ninja étranger au village pourrait venir. La réunion prévue avec les Kage était alors à la fois une occasion pour elle, mais aussi une façon pour moi de montrer la confiance que je pouvais accorder aux différents ninja du village que je devais protéger. Cette question était plus ou moins réglée maintenant, en espérant que la première réponse que je lui ai apporté la satisfasse, je ne pouvais en dire beaucoup plus, j'essayais de faire confiance aux Sunajin, autant ninja que civil. Je demandais juste aux observateurs et responsables de la fauconnerie de communiquer, via rapport, les différentes entrées et sorties, et aussi de contrôler la trajectoire des messages sortant, et entrant. Un moyen d'être sûre de la loyauté de chacun et de prévenir les éventuels problèmes.

Une autre question me venait alors à l'esprit, un peu moins amusante pour elle comme pour moi.

"Je sais que Nogori Sonoshee a été votre senseï, à toi et Kibo. Aujourd'hui cette femme est à Konoha. Je suppose qu'il s'agit d'une désertion. Peux-tu me parler d'elle brièvement, vous a t elle parlé de ses projets ?"

J'avais forte affaire avec les déserteurs. Cette Sonoshee, Goren qui n'était pas revenu mais dont je soupçonnais l'absence comme volontaire. Aussi bien avais je pus être Nukenin moi même, malgré ma volonté propre, que je n'accordais plus de valeur à ceux préférant se défaire de leurs obligations sans aucunes formes de respect qu'elle quelle soit. Et déjà auparavant, le sort réservé aux déserteurs n'étaient autre que la mort, ou l'Ergastule à long terme. En fait, ce n'était pas tant la désertion qui posait problème, bien qu'il s'agissait d'une affaire des plus importantes; mais bel et bien les informations que détenaient ceux qui se tournaient vers d'autres horizons... Il restait donc encore beaucoup de point à résoudre. Et enfin, avant qu'elle ne me réponde, j'ajoutais quelques mots.

"Ensuite, je voudrais que tu me dises pourquoi tu t'es présentée, aujourd'hui; à moi."

En fait, ce n'étaient pas mes derniers mots, et elle ne répondrait tout de suite, dans l'immédiat. En effet, quelqu'un frappa à la porte, et entra. Le chuunin à qui j'avais parlé juste avant que nous commençâmes cet entretien. Il portait un sac, qu'il déposa sur mon bureau. Je lui fis signe de la tête, et il quitta la pièce. Je déballai le contenu du dit sac, deux boîtes portant les inscriptions de restaurant que je fréquentais habituellement. Je tendis une des deux à la genin, en l'incitant à la prendre.

"Je n'aurais pas le temps de manger, et quitte à manger; autant ne pas le faire seule. On peut parler en mangeant, non ?"

J'ouvris la boîte, et l'agréable vapeur des nouilles sautées aux légumes et à la sauce soja emplie mes narines, j'avais faim.

Je l'écoutais avec la plus grande attention. C'est lorsqu'ils sont au début de leur carrière et de leur vie de shinobi qu'il faut forger les jeunes gens comme Lucy, leur accorder de la confiance et leur montrer la face positive de ce qu'ils font, et de ce qu'ils sont. Bine des ninjas de haut rang s'attelaient à rabaisser leurs élèves pour leur donner une forme de rage et de dureté. Ce n'était pas la bonne solution, enfin. Les réponse qu'elle m'avait apporté ne correspondaient pas exactement à ce que j'attendais, néanmoins je ne pouvais pas le lui reprocher, lorsque les gens ne parlent pas, ils ne parlent pas; on ne pouvait rien y faire, c'était absolu. Pour le cas Sonoshee, finalement; ce n'était pas si problématique si elle était vraiment à Konoha. Je connaissais le Hokage... Je pris une bouché de nouilles en veillant à ne pas en mettre partout, pas qu'habituellement ce soit le cas, mais ça donnerait une image trop amusante voire peu crédible à la jeune genin. Elle me parla de sa brève expérience, c'était à peu de chose prés le métier qui rentrait.

"La vie de shinobi n'est pas une chose facile. Cependant on apprend tous de nos erreurs, de nos échecs et nos victoires aussi. Néanmoins je suis heureuse que tu en sois revenue en vie, sinon nous ne pourrions pas discuter... Enfin. Ton projet est donc de devenir un Kakumeigun. Noble intention. J'ai été la chef du Kakumeigun pendant quelques années.. Aujourd'hui il me semble que personne ne le dirige.. Et je comprends pourquoi Kyoshi Rei l'a plus ou moins dissout. Tu sais quels sont les devoirs de l'unité spéciale de Suna ? La protection du village, du conseil et du Kazekage. Ils doivent accomplir toutes sortes de tâches visant à favoriser le village. Je recherche le même but."

Le Kakumeigun était bien différent de l'ANBU ou de Satoru. Jamais au Kakumeigun je n'avais intimé d'ordre d'assassinat ou de renversement quelconque. Chacun des membres de cette unité étaient libres de leurs actions, ils étaient des ninjas normaux venant de tout horizon, ils étaient seulement soumis à un supérieur hiérarchique. En théorie ses agents considéraient Suna comme leur maison et leur famille et êtaient loyaux. J'avais failli à la plupart de ces préceptes initiés par le Kakumeigun, une sombre époque et finalement en y repensant peut être était ce pour cette raison que l'ex Kazekage avait mis l'unité en sourdine, mais... non, cela ne tenait pas. Je finis mon combat intérieur sur cette question, et repris le fil de la discussion avec la genin, avant une nouvelle bouchée de nouilles. Je jetai un coup d'œil dans la boîte, elle arrivait à son terme, encore une ou deux et s'en serait fini, un peu comme cet entretien finalement..

"Suna a besoin de ninjas comme toi, ou Kibo, ou Eichi... Vous semblez avoir la fibre du vent, je place une grande confiance dans la nouvelle génération, ce sera à vous de bâtir ce village à l'avenir, avec mon aide, celle du conseil et des plus expérimentés."

Je pris une dernière bouchée de nouilles et reposai le pot en carton.

Cela faisait beaucoup de question en peu de temps, et personnelle qui plus était. Devais-je y répondre ou les éclipser avec un autre sujet ? C'était une solution, néanmoins mon histoire ne relevait pas du secret d'état. En général lorsqu'on me posait des questions, lorsqu'on s'intéressait à la réalité et à la vérité, et pas seulement aux ragots j'estimais pouvoir apporter une réponse. La raison de mon départ, et l'origine de cette marque sur mon bras, cette cicatrice à laquelle on avait jusqu'aujourd'hui apporté que peu d'importance, une cicatrice qui en fait en avait, expliquaient beaucoup de choses et éclaircissaient énormément les traits de ma personnalité.

Alors, cette genin me semblant digne de confiance et qui plus est investie dans la santé de son village ne pouvait que recevoir mon attention, et les réponses qu'elle espérait. J'allais donc commencer le récit de deux histoires entremêlées l'une avec l'autre, des histoires douloureuses chargées d'une émotion particulière et d'un lot de tragédies. J'allais donc en parler, alors que seule leur évocation me serrait le cœur. J'aurais souhaité oublier ce passage de ma vie mais rien ne peut être effacé.

"Sais-tu pourquoi on me nomme l'Ecarlate ? Beaucoup disent que c'est dût à.. mes cheveux, à mes yeux ou même à mes dons... Mais ce n'est pas ça, pas tout à fait. Par le passé, avant la création de Suna j'étais une Nukenin ou plutôt une Kunoichi libre, durant cette période et celle qui a suivi j'ai fait couler beaucoup de sang, celui de mes ennemis mais aussi celui de mes alliés et de mes amis. Chaque combat a un peu plus renforcé cette image. Et je t'assure que personne ne devrait plus avoir, à l'avenir, à tuer. Aussi forte puis-je être, tout ceci a laissé des traces indélébiles et ont ouvert des failles.. Les Habashi, et moi même donc, vivons par les émotions, par les sentiments; c'est le revers de notre puissance. Un jour un autre Habashi, Akuraï se nommait il; mon grand père, m'a retrouvé et exploité ce déséquilibre causé par tout ce que je faisais. J'ai toujours été fidèle à Suna, mais la volonté à détruire les shinobi de mon.. D'Akuraï était bien plus forte que ma propre volonté. Il a usé d'un genjutsu pour me contrôler, une illusion affectant mes sentiments et voilant ma perception de la réalité, me transmettant sa propre volonté, me forçant à commettre des actes. J'ai tué ma sœur, mon meilleur ami, mon... Afin de me contrôler complètement. Et il m'a fait attaquer Suna, en me persuadant que les Shinobi étaient mes ennemis, quels qu'ils soient. Kioshi l'a subit, c'est pour cette raison qu'il ne fait pas confiance, et je conçois que mon histoire est difficilement concevable. Néamoins, tu sais maintenant pourquoi j'ai quitté Suna."

Je marquai une pause en soupirant. En dehors du conseil et de quelques ninjas, peu de personnes avaient pu entendre cette histoire, et même ceux qui l'avaient entendu émettaient des doutes, et je ne pouvais pas non plus leur en vouloir, néanmoins personne n'avait subit ce que j'avais subit, aucun d'entre eux n'avaient enduré un Kinjutsu, ni même le supplice d'avoir tué les êtres les plus chers à son âme de ses propres mains. Mais fort heureusement tout ceci ne pouvait plus se produire et je m'étais assurée de ne plus tomber sous une telle emprise et encore moins d'être aussi isolée qu'auparavant, et c'était pour cette raison que je recherchais la paix.

Suna connaitrait bientôt le vent de la quiétude et comprendrait qui je suis vraiment, Zanshi, l'Ercalate, la Sage et Diplomate. J'essaierai de convertir autant de personne que possible à ma vision de ce monde. Je tirai alors l'un des tiroirs de mon bureau et en extirpai deux verres et une bouteille que je débouchai pour en verser dans chacun des verres. Je portai mon verre à mes lèvres et en avalai une gorgée. L'étiquette de la bouteille portait sur un fond noir le nom doré de rose des sables.

"Et cette cicatrice sur mon bras... Et bien.. Ah! mais tu as le droit de boire au moins ? Dis-je en écartant le verre. Hum.. Non, ce n'est pas une erreur. Ca m'a plutôt sauvé la vie.. à vrai dire. Ajoutais-je en frôlant la peau cicatrisée du bout du doigt. C'est un souvenir du prédécesseur de Kyoshi Rei, Kenji. Je dois beaucoup à cet homme en fait.. Avant mon retour à Suna avec Kioshi, sans Kenji je me serai certainement laissé mourir pour.. Ha, je doute que cela t'intéresse. Enfin, quoi qu'il en soit.. Si tu as d'autres questions.. Poses les, mais j'aimerai que certaines informations ne soient pas révélées à n'importe qui, et encore moins à une Kirijin."

Finis-je en avalant une nouvelle gorgée de cet alcool que le Raïu m'avait un jour offert.

La rose des sables, un alcool assez fort issu du mélange de différentes plantes poussant exclusivement dans le désert; une boisson rare en somme que je parvenais à me procurer sans trop de difficultés grâce à mes connaissances. Je me souvenais encore de ma première rencontre avec le Raïu, il m'avait offert cet alcool lors de mon arrivée aux abords de Suna, tout au moins dans un petit village pas très. A l'époque je venais pour retrouver quelqu'un, Shinmei Hayato; aujourd'hui décédé. On l'avait d'ailleurs mis en terre quelques jours avant cet entretien.. Enfin. Kenji avait joué de métaphores ce jour, dans ce bar et je lui avais très impoliment répondu en projetant son offre contre un mur; une bien belle époque maintenant révolue.

La jeune genin souhaitait alors goûter cette mixture, un verre ne lui ferait pas beaucoup de mal. Très bien, je lui en servis donc. Le liquide brunâtre coula dégageant quelques douces effluves. Je fis glisser le verre à la jeune fille et pris le mien, goûtant ce que j'estimais comme nectar. Cette seconde gorgée était plus appréciable que la première et me rappela encore d'autres moments passés avec ''Météora", lorsqu'il était encore à peu près normal. Je le reposai et soupirai longuement en préparant une réponse. Lucy souhaitait entendre la suite... Quelle suite ? Il y en avait tellement. Comprendrait elle ce que je raconte, était ce une bonne chose pour une genin de percevoir la noirceur de la vie de celle qui la dirige ? Non, pas vraiment, et pour cette raison, je ne pouvais donner suite à ce désir. Néanmoins...

"Tu ne dois pas vraiment t'y connaître dans ce domaine, l'alcool... La rose des sables.. Dis-je en prenant la bouteille entre mes doigts. C'est un peu le symbole de la confiance que m'accordait Raïu no Kenji. Il est à l'image de la relation que nous entretenions, douce et puissante à la fois, et qui fini par monter à la tête lorsqu'on la consomme trop. Kenji était le meilleur Kazekage qu'ait pu avoir Suna à sa tête et j'ignore si je l'égalerai. Nous sommes identiques, d'apparence forts mais vulnérables en profondeur, enfin... tout est relatif. Tu vois nous sommes tous les deux invocateurs, maitrisons tous les deux des pouvoirs exceptionnels et avons vécu des événements à la fois merveilleux et chaotiques. La guerre contre Konoha, l'unification des villages contre Makka... et sa disparition sur le dos de son hibou... ajoutais-je en demie teinte."

Que pouvais-je lui dire d'autre ? Que je suis devenue alcoolique suite à son départ ? Que ce fut sa disparition qui me brisa ? Que je portais pour cet homme un amour inconditionnel si bien que l'ayant rencontré alors qu'il n'était plus lui même je le considérais encore et toujours comme cet homme que j'avais connu ? Que quelques jours avant mon retour à Suna avec Kioshi j'étais emprunte d'un désir noir ?