Horizons Musicaux [Ao Rin/Forêt de Hi no Kuni]

Le sud. Marcher en direction du sud avait toujours donné l'impression à Yanosa de dévaler une pente agréable, comme si aller dans cette direction était synonyme d'aller dans le sens naturel des choses et qu'il n'existait nulle autre alternative. Suite à une rencontre non dénuée d'intérêt et à une brève expérience aquatique des plus plaisantes, Yanosa s'était donc mis presque machinalement en route vers le sud et les forêts du Pays du Feu, là où régnaient en général des hordes d'animaux sauvages qui suscitaient autant d'appréhension chez les malandrins que les shinobis du pays eux-mêmes. Le Nukenin, lui, était confiant. Il avait déjà combattu moult dangers semblables par le passé et avait même fait « commerce » de certaines peaux de bêtes, extraites à la source sur de grands félins de plusieurs centaines de kilos. Non que la perspective de se faire attaquer par de telles créatures l'aurait enchanté ce jour-là, lui qui, malgré ses bien sombres desseins, était pour ainsi dire en « vacances », se permettant d'aller et venir avec oisiveté là où bon lui semblait en attendant que la tempête à venir n'éclate.

Car si l'insouciance était de mise par les temps qui couraient, des forces commençaient à se mouvoir dans l'ombre, des forces qui, tout comme Yanosa, attendaient simplement le bon moment pour déclencher l'exécution de leurs plans. A ceci près que le guerrier rouge, lui, œuvrait en solo et qu'il ne bénéficiait d'aucun appui si ce n'était celui offert par sa foi inébranlable en Jashin et ses préceptes. Un handicap qu'il avait appris à contourner, voire à complètement ignorer, et qui ne ferait donc aucune différence à l'avenir, lorsqu'« il » passerait à l'action.

Mais cette insouciance populaire, Yanosa avait malgré tout envie de pouvoir y goûter au moins un ersatz, de se laisser aller à la simple observation et au détachement que le civil moyen pouvait avoir sur les choses. Plus qu'une pause dans sa sombre entreprise, qui devait de toute façon attendre que les grands pontes avérés fassent le premier pas, c'était donc une véritable mise en perspective que le Nukenin voulait expérimenter pour recadrer certaines de ses certitudes, repenser sa façon de voir et de juger les vices de ce monde tout en trouvant, pourquoi pas, de nouvelles façon de les mettre au jour et de les exacerber jusqu'à l'éclatement des bulle sociales et militaires. Et tandis que ses pensées se plongeaient dans ces problématiques tout en cherchant l'apaisement, Yanosa ne se rendit même pas compte que, subrepticement, il s'était mis à suivre une douce musique, à la fois énergique et mélancolique. La mélodie s'enfonçait dans les bois épais, attirant le jashiniste comme un papillon vers la flamme à coup de vibrato et de longueurs tout en maîtrise, des sons caractéristiques et propres au violon. Le Nukenin était loin d'être bercé dans les arts de la musique, aussi n'avait-il aucune idée de quel genre d'instrument pouvait émettre cette mélodie cinglante, à la fois tonique et pleine de ressentiments. Malgré tout, continuant sur la lancée qui l'avait menée en direction du sud dans ces bois chargés de notes de musique, il continua sciemment à remonter la source de ces sons particuliers, ralentissant l'allure et évoluant au milieu des arbres pour la trouver.

L'intensité de la mélodie fit alors un bond, signe que l’instrument et à fortiori le musicien n'étaient plus loin. Yanosa l'aperçut alors près d'un arbre, concentré, imprégné de la musique qu'il jouait. Un jeune homme, sans doute en pleine puberté, les cheveux bleus légèrement en bataille et habillé tel un barde itinérant. A la fois fasciné et pragmatique, le torse nu pour profiter du soleil de l'après-midi et les cheveux lâchés au vent, le guerrier rouge ne se priva pas pour interrompre le morceau.

« Qu'est-ce que ceci ? C'est ce qu'on appelle de la... musique ? »

Je suis fatigué. Tout simplement... Épuisé. Qui ne le serai pas ? J'ai fais une vingtaine de tests plus difficiles les uns que les autres, et tout cela pour avoir une balade de deux heures maximum sans surveillance. Tout ça pour pouvoir un peu être tranquille. Le village de Konoha m'avait recueillis depuis un certains temps déjà, et désormais, j'ai presque finis mon entraînement pour devenir un Genin. Enfin, on m'offrirai beaucoup plus de liberté, et ceux, sans aucun prix. Enfin si, le prix de répondre présent quand le village m'appel, mais ce n'est que peu de chose face à ce que l'on m'offre. Et surtout, que je n'aurai pas l'occasion de sortir bien souvent...

La Guerre, elle approche, elle et sa mélodie de mort sanglante, de haine, et de destruction. Elle qui se dessine à l'horizon. Un horizon qui arrive et vient vers nous à toute vitesse, qui emportera beaucoup de vie, et repartira pour un assaut futur. Oui, j'avais étudié les guerres Shinobi, et vécue... Mais je ne me souvenais de rien. C'étais ça, la terrible vérité: j'ai assisté à un massacre dont je n'ai aucun souvenir. Peut-être même ai-je participé à celui-ci ? C'est probable. A notre époque, peu de personnes peuvent dire qu'elles n'ont pas de sang sur les mains. Ni de vie sur la conscience. Sauf moi, qui n'ai plus aucun souvenir. Juste mon art musical, rien d'autre, même pas une trace de famille, ni de nom. Rien. Le néant.

C'était le thème de ma chanson. La Destruction par le néant. "Sonate de la Mort", c'étais le titre. Tonique, destructrice, et d'une beauté ravageuse. Personne ne reste de marbre à son écoute. Son histoire est aussi très lourde, chargée en émotion... Je suis dans la forêt, jouant cette musique mélodieuse et attirante... Mon bras bouge au rythme de mes pensées et je suis totalement plongé dans celles-ci. Je pense. Je pense à une histoire de vengeance mortelle. Je pense à un village détruit par la guerre, un orphelin plein de rancœurs qui s'entraîne et fais un pacte avec la Mort. Sa puissance contre toutes Âmes sur sa route. Il aura sa vengeance... Mais tout ceci était dans les plans de la Mort. En acceptant ce contrat, l'Orphelin devint petit à petit, la Mort elle-même. Ainsi, la Mort Originelle avait un remplaçant... Pour l'éternité.

En tout les cas, j'entends soudainement quelqu'un...

« Qu'est-ce que ceci ? C'est ce qu'on appelle de la... musique ? »

Je regardais mon interlocuteur... Je ne le connaissais pas. Les cheveux rouges, le torse à la vue de tous. Il semblait là... Par hasard... Je lui répondis d'un air amical

« C'est bien de la musique... J'espère qu'elle vous a plu. Ao Rin... Enchanté. »

Je le regardais d'un air curieux... C'est la première fois que je voyais quelqu'un de l'extérieur du village... Et c'étais la première fois que j'avais une conversation avec quelqu'un n'étant pas un médecin de Konoha.

« Ao Rin... C'est mon nom... Je crois... Que faites-vous ici ?»

Amnésique, je n'étais sur de rien.

« Que faites-vous ici ? Vous êtes perdu ?»

Sans qu'il ne l'eut souhaité, Yanosa venait malgré lui d'interrompre le morceau de ce jeune homme, qui semblait bien plus jeune que lui et qui traînait seul dans la forêt. Était-il esseulé par ses camarades ou bien avait-il recherché cette solitude... ? Une distinction qui avait son importance. Mais ce qui fit d'abord tiquer le jashiniste, ce fut l'absence de musique. Rin, c'était son nom, s'était arrêté de jouer et répondait au guerrier rouge, comme perdu lui-même dans les méandres de sa propre mélodie. Sur le moment incapable de faire le lien entre l'instrument et son maître, le Nukenin se demanda pourquoi aucun son ne parvenait plus à ses oreilles, observant avec perplexité les mains du jeune garçon qui se déliaient lentement de son étrange objet à cordes. Lui, qui était-il ? Était-ce la seule question qui avait pu se frayer un chemin jusqu'à sa petite caboche ? Auparavant presque enchanté, enthousiasmé en son for intérieur par cet enchevêtrement de notes qui lui étaient parvenues, Yanosa s'agaça d'un seul coup, fronçant les yeux en gardant son regard fixé sur son interlocuteur comme pour lui faire recommencer son concerto solitaire par la seule force de sa volonté.

« Mais.. Pourquoi as-tu cessé imbécile ! »

Se précipitant d'un bond vers le jeune homme, comme pour l'agripper par le col, le jashiniste retint son geste au dernier moment, à un petit mètre de Rin, La musique n'était très certainement pas son fort, mais il était tout de même doué de raison. Portant ses yeux pour la première fois sur l'instrument d'assez prêt, il put en déduire les bases du fonctionnement. Étaient-ce donc ses doigts, en manipulant ce morceau de bois, qui avait produit ces mélodies en le faisant entrer en friction avec les cordes ? Fascinant, pensa le guerrier rouge... Ce dernier marqua un temps de retrait, faisant deux pas en arrière pour prendre un peu de recul. Lui qui était en pleine introspection avant de déclencher la tempête qui allait s'abattre sur le monde, cette rencontre allait certainement lui apporter des éléments de réponses à des questions qu'il ne s'était même pas encore posé.

« Ce que je viens faire ici... On s'en fiche complètement sombre idiot ! Je n'ai rien à faire de ton nom non plus. Ce qui importe, c'est ça... »

Ce n'était plus Rin que Yanosa regardait, mais plutôt ses mains, son instrument, son archet... Malgré son ignorance, il voulait comprendre, percer les secrets de cette performance. Pas pour la reproduire, non, mais pour la conserver. Voilà un art qui était digne de perdurer et de s'installer, même au sein du Nouveau Monde, et qui se muerait en déversoir idéal de l'âme humaine, décomplexée et exigeante à la fois.

« C'est toi... qui manipule cet objet. Tu en.. extrais du bruit ? Fabriques-tu ces sons toi-même ou bien... est-ce que tu n'es qu'un réceptacle... Un transmetteur... Et, si c'est bien toi qui est à l'origine de cette... musique, comment la façonnes-tu pour lui donner ce goût, cette... puissance à l'oreille. Je veux savoir. »

« Mais.. Pourquoi as-tu cessé imbécile ! »

Je le regarde d'un air surpris... Pourquoi j'ai arrêté? Je pense que c'était quelque chose qu'on appel la « politesse » me semble-t-il... Me suis-je encore une fois trompé ? Il se précipite ensuite rapidement vers moi, d'un air menaçant. Par réflexe, je recule légèrement, et je me plaque, avec une certaine violence contre le tronc d'arbre derrière moi, lâchant un petit cri de douleure. L'Homme s'arrête, et reprend la parole...

« Ce que je viens faire ici... On s'en fiche complètement sombre idiot ! Je n'ai rien à faire de ton nom non plus. Ce qui importe, c'est ça... »

Il regarde ensuite mon instrument avec une certaine fascinantion... Je déplace mon archet, et pose mes outils devant moi. En regardant où se dirige son regard, je perçois une fascination et un interêt certains pour mes instruments. Il cherche à comprendre... N'avait-il jamais vu d'instrument, ou de Musicien de sa vie ? C'était étrange, et bien la première fois, que quelqu'un ignore quelque chose que je connais. Après quelques instant, je remarque très bien qu'il pense... Possède-t-il un projet ? Peu après, il reprend...

« C'est toi... qui manipule cet objet. Tu en.. extrais du bruit ? Fabriques-tu ces sons toi-même ou bien... est-ce que tu n'es qu'un réceptacle... Un transmetteur... Et, si c'est bien toi qui est à l'origine de cette... musique, comment la façonnes-tu pour lui donner ce goût, cette... puissance à l'oreille. Je veux savoir. »

Alors c'est bien la musique qui le fascine autant... Etrange, peu de gens pose ce genre de question. Généralement, on me demande plus où j'ai appris à jouer (Chose que j'aimerai désespérément savoir...), enfin, des choses de ce genre là... Je regarde mon interlocuteur, et prend la parole. Les explications vont être longues et difficile, j'espère qu'il comprendra...

« Oui... C'est moi qui le manipule... Cet objet, c'est un Violon » Je lui montre mon violon, d'une couleur noire, orné de motifs dorés « C'est mon Violon comme je suis son musicien... Nous ne pouvons faire de la musique qu'ensemble... »

Je prend mon archet, et je le fais frétiller sur les cordes, sans vraiment faire attention. Il en sort des sons, sans mélodie, ni ordre.

« Il produit les sons, tout le monde peut les produires... Mais cette mélodie, j'en suis le créateur... » Je reprend la mélodie, tout en parlant... « Sans notre association, cette mélodie ne peut-être produite. Je suis créateur du fond de la mélodie... Son origine. Cet instrument est la forme de la mélodie, le moyen pour qu'elle s'exprime... Une passerelle, un passage entre mon âme et ce monde. Un passage qui permet à la mélodie de venir s'inscrire dans le réel... »

Je me concentre et continue de déverser les sons dans l'air...
« J'ignore comment je fais pour les créer... Je le fais en y mettant tout ce que je possède, tout ce que je ressens, tout ce que je suis... Ma mémoire est partie, et c'est tout ce qui me reste de mon Ancienne Vie, alors j'en prend soin... Je m'exprime comme je peux... »

Je continue de jouer jusqu'à la fin, attendant la réaction de cet étrange personne qu'est cet homme aux cheveux flamboyant.

Attentif, presque scolaire dans son attitude, Yanosa écouta les explications que Rin avait à lui donner, son regard oscillant entre l'archet, l'instrument et son musicien. Peu à peu, il comprenait le principe et l'application de ce système, observant son interlocuteur qui reprenait en main ce qu'il appelait un « violon » pour en extraire de nouveaux sons, au hasard, simplement dans le but de démontrer au jashiniste le fonctionnement de l'objet. Ce dernier n'était rien sans son maître, mais l'inverse était également vrai, ce qui rappela au Nukenin à quel point sa divine coopération avec Jashin était à la fois primordiale et naturelle. Accomplir certaines choses était en effet parfois hors de portée d'une seule entité, et ce n'était que lorsque celle-ci s'alliait à une autre que de grands projets pouvaient voir le jour. Un grand paradoxe de notre temps, où de grands conglomérats de ninjas et d'organisations diverses mettaient en commun de très nombreux talents sans parvenir une seule seconde à entrevoir les réelles possibilités qui s'ouvraient à eux. Un gâchis à l’échelle mondiale que Yanosa avait bien en tête de balayer d'un revers de manche pour laisser l'avenir se dessiner comme il le devait.

Un avenir qui, il l'espérait, compterait bien d'autres « musiciens » comme Rin. Ce dernier s'était remis à jouer, faisant osciller son archet sur les cordes vibrantes du violon pour reprendre la mélodie que le Nukenin l'avait contraint à stopper. Manipuler cet objet sembler requérir un minimum de compétences, si ce n'était du talent, et Yanosa se prit à admirer le mouvement perpétuel du poignet de son interlocuteur, qui tentait alors de lui définir comment ces notes pouvaient s'associer ainsi et former une musique agréable à l'oreille. Mais il n'y avait en réalité aucune explication tangible à donner sur le sujet, et le guerrier rouge commençait à bien le comprendre. Ce dont il était question, c'était d'émotions, de sentiments, voire de ressentiments, tous portés par une mélodie distincte et transmis à l'auditoire, quel qu'il soit, par une voie sonore qui stimulait des zones du cerveau très particulières. Mieux qu'avec des mots, il était ainsi possible pour un musicien de communiquer avec une ou plusieurs personnes des concepts abstraits, qui étaient captés par notre sensibilité humaine, formant ainsi une forme de lien télépathique d'un genre qui avait jusque là complètement échappé à Yanosa. Marcher vers le sud lui avait une fois de plus valu une rencontre intéressante...

Pas plus bête qu'un autre quoi que toujours fasciné par le morceau joué par Rin, le jashiniste finit malgré tout par comprendre tout cela, non sans porter une nette attention aux explications du jeune homme frêle et timoré. Ce dernier finit d'ailleurs pas énoncer un fait curieux, laissant planer l'idée qu'il serait en réalité... quoi... Amnésique ? Et que son violon était le dernier vestige de son passé ? Un cas d'autant plus intéressant aux yeux du guerrier rouge, qui venait de dénicher là une sorte de joyau à l'état brute, tout juste extrait d'une mine profondément enfouie. Sans tenter pour autant d'instaurer un contact physique, Yanosa se rapprocha donc de plus belle du musicien pour que ses paroles puissent l'atteindre sans qu'il ait besoin de forcer le ton, laissant ainsi la mélodie se poursuivre.

« Même sans mémoire ni identité propre, tu demeures une entité à conserver parmi la myriade d'autres, pour la plupart bien plus dispensables. Cette capacité que tu as de façonner et de rediriger cette énergie, cette mélodie, c'est un don de Dieu. Peu importe qui tu es car, sache-le, Il a un plan pour toi. Tu as ta place dans Son monde, mon monde idéal. Développe ton art. Chéris-le. Et quand tout sera enfin accompli alors tes musiques résonneront par delà le monde. »

D'un geste vif, Yanosa sortit alors un kunai de sa sacoche, accrochée à son ceinturon, et s'entailla vivement l'avant-bras. D'un mouvement ample, il envoya alors le sang qui commençait à couler dans les airs, droit vers Rin, pour que celui-ci en soit marqué.

« Si un jour, tu as besoin de moi pour t'aider à préserver ton art de la destruction ou de la corruption, mon sang saura faire le lien. Je te retrouverai alors et punirai les impies qui osent mettre ton œuvre en péril. »

Sur quoi il rangea son kunai teinté de sang, s'apprêtant à partir mais restant malgré tout à l'écoute du musicien et de son instrument.

**Contenu sponsorisé** Informations

» Forêt de Hi no Kuni
» [Forêt de Hi no kuni - Traque] Vous êtes sur écoute
» ¤ Nouveaux horizons ~
» Vers de nouveaux horizons. [Solo]
» De nouveaux horizons, de nouveaux démons [PS Portes]

Horizons Musicaux [Ao Rin/Forêt de Hi no Kuni]

Horizons Musicaux [Ao Rin/Forêt de Hi no Kuni]

Sujets similaires

Sujets similaires