Le Seki prenait congé de sa mère après avoir copieusement dîné avec elle. Ces moments en famille devenaient rares à mesure que Zennosuke gagnait en responsabilités au sein du village. Du temps où il n’était que Genin, il pouvait passer chaque soir avec sa mère chérie. Mais depuis le grade Chuunin, la donne n’était plus la même. Zennosuke était régulièrement envoyé en mission loin de Kumo. Et maintenant qu’il était Jônin, avec cette foutue guerre, la situation avait empiré.

Ayant franchi le pas de la porte, le Seki ressenti un léger coup de vent. Le soleil se couchait là bas derrière les montagnes. Soufflant un grand coup, le Seki opta pour une bonne petite promenade histoire de digérer un peu. Chemin faisant, il pourrait réfléchir sur son apport au village, sa relation de plus en plus poussée avec Hiryuu ou encore l’équipe ninja qu’il avait à diriger. A mesure qu’il marchait donc, les idées se bousculaient dans sa tête. Il résolvait des problèmes ponctuels qui lui étaient posés et se mettait à envisager plusieurs schémas qui étaient autant d’options concernant les sujets qui le tenaient à cœur. Sans s’en rendre compte véritablement, voilà le Seki qui arrivait au bord d’un lac. Ce lac était tout près du quartier Seki qu’il venait de quitter à l’instant. Des bancs publics étaient installés tout le long de ses rives. Une bonne perspective pour pouvoir se concentrer, méditer ou réfléchir. La surface de l’eau et ses ondes apaisantes offraient un cadre propice à la réflexion. Tout ce que recherchait Zennosuke. Alors que le jeune homme s’approchait d’un banc tout proche, il remarqua une présence humaine non loin de là. Un petit enfant… Aussitôt l’image de Shinkai Nanae lui vint en tête. Une Genin qui avait fait partie de son équipe, un bref moment. Le Seki n’avait plus eu de ses nouvelles depuis lors. Cet enfant devait avoir dans la dizaine. Lui aussi semblait réfléchir en observant le lac et la nature environnante. Etait-ce lui aussi un shinobi ? En tous cas sa proximité avec le quartier Seki, compte tenu de l’heure, laissait à supposer qu’il était membre de ce clan.

Après avoir hésité un moment, histoire de se demander s’il était vraiment utile de s’approcher de cet enfant inconnu. Le côté paternel de Zennosuke prit le dessus. Il fallait bien savoir ce que pouvait faire un enfant à cette heure-ci dehors. Quoique il ne faisait pas si tard que ça, il devait être environ 20h. S’étant approché du gamin, le jeune homme de vingt ans, tout habillé de sa tenue shinobi et de sa veste de Jônin, bandeau ninja sur l’épaule droite et gants tenant chaudement à l’abri ses mains, fit craquer une branche à quelque mètres du gamin. Zennosuke ne l’avait pas fait exprès, c’était pas inadvertance qu’il avait marché sur cette branche morte au sol qui n’allait pas manquer de faire peur au petit bonhomme avec qui il voulait échanger. Surtout que du haut de son mètre quatre vingt dix, et de son poids plutôt bien proportionné, le Seki avait de quoi faire « forte impression ». C’est donc paumes ouvertes en direction du petit bonhomme, avec un langage corporel signifiant ses bonnes intentions, le visage bienveillant, que Zennosuke apostropha son vis-à-vis :

« Salut toi ! Que fais-tu donc seul à cette heure dehors ? A ton âge j’étais au chaud avec ma mère à jouer à des jeux de société. » Aussitôt après avoir prononcé ces mots, le Seki regretta. Peut être que le gosse à qui il parlait était orphelin… C’est alors que Zennosuke remarqua le bandeau ninja de son vis-à-vis. Celui-ci était noué au short tel une ceinture. Curieux, mais stylé.

« Je vois que tu es Shinobi de Kumo… Tu dois faire partie de la toute nouvelle promotion hein. » Le Seki se rapprocha du petit homme aux cheveux blancs. Il passa sa main gauche dans les cheveux de ce dernier comme pour le réconforter. « Qu’est-ce qui ne va pas dis-moi ! ». à présent Zennosuke s’était assis auprès du gamin. Il agissait naturellement, sans arrière pensées. Probablement qu’il mettrait mal à l’aise son interlocuteur. En ce cas précis, il rattraperait le coup. Enfin, il fallait l’espérer.

L’avenir… une chose bien mystérieuse. Nous aimerions tous savoir de quoi est fait notre futur, aurons-nous une femme ? Des enfants peut-être ? Nous pourrions peut être même éviter certaines erreurs de la vie si nous connaissions le futur. Pourtant, connaître le futur reviendrai à renoncer aux surprises. Notre vie serait programmée à l’avance pour remplir un destin et alors toute l’humanité perdrait une chose essentielle et les hommes ne seraient pas plus évolués que de simples robots.
Pourtant, j’aurais tout donné pour connaître mon avenir à ce moment-là. Que serais-je dans 20 ans ? Un fermier ? Un ninja ? Mort ? Toutes ces questions se bousculaient dans mon esprit sans pouvoir trouver une réponse. Pour l’instant, tout ce que je pouvais faire c’était me contenter de vivre la vie et voir où elle me conduira. A cet instant précis, je n’avais aucune idée du destin qui m’attendait et de la vie que je mènerai. Voyez-vous les enfants ce n’est pas parce que vous vous perdez, que vous le serez toujours. Et mon histoire commence ici, au bord de ce lac avec ce mystérieux inconnu.

Après avoir entendu une branche se brisait tout près de moi. Je me retournai pour découvrir un homme vraiment très imposant par sa taille. Comparé à moi à l’époque, on aurait dit un géant. Il était encore plus grand que les autres adultes et il fallait bien avouer qu’il semblait sacrément costaud. Le genre de corps qui devait faire rougir quelques demoiselles. J’observai avec intention cet, visiblement tout comme moi un ninja mais bien plus fort. Ses bruits de pas étaient silencieux et l’aura qu’il dégageait ne laissait place à aucun doute. A part mon père, je ne m’étais jamais senti mal à l’aise en face de quelqu’un et pourtant j’avais un drôle de sentiment. Le jeune homme tendit son bras vers moi en n’hésitant pas à me faire remarquer que j’étais trop jeune pour être dehors. Aussitôt je repris mes esprits. Non mais pour qui ce mec se prenait ? Je ne le connaissais ni d’Adam ni d’Eve et voilà qu’il m’accostait. C’est alors qu’il remarqua mon propre bandeau de ninja faisant l’hypothèse exacte de ma récente promotion.

- En effet ! J’ai été promu aujourd’hui même ! Soupirais-je.

C’est alors, que le grand homme posa sa main gauche dans mes cheveux. Un geste d’affection auquel je n’étais pas habitué. Après tout mon père n’était pas un modèle dans son genre. Cependant, qu’un inconnu me tripote comme ça avait quelques tendances à m’irriter. C’est alors que ce dernier en rajouta une nouvelle couche en me demandant ce qui n’allait pas. Qu’il était drôle je vais me confier à un mec dont je ne connais même pas le nom. Je me retournais alors. Je posai mon coude sur le dossier du banc sur lequel j’étais pour avoir l’air cool. Puis je me décidai enfin à répondre avec un léger sourire que l’homme ne pouvait pas voir vu que j’étais dos à lui :

- Avant de demander à une personne de se confier ! Tu pourrais peut être te présenter non ?

J’avais parlé sur un ton légèrement sarcastique. Oui, c’était mon genre, les bonnes manières et moi on était un peu fâché mais il ne fallait pas se laisser avoir par cette carapace. Ce n’était qu’une infime partie de ma personnalité mais qui avait le don d’énerver pas mal de personne à vrai dire. Cet inconnu ferait-il exception à la règle. Nous allions le savoir et pour cela j’allais rajouter un peu de piment à cette conversation :

- En effet, il se fait tard ! Moi quand j’aurais votre âge je jouerai aux cartes avant d’aller me coucher avec ma petite mamie…

Le Seki éclata de rire lorsqu’il vit avec quelle assurance et quelle répartie le petit bonhomme lui répondait. Un iota d’impolitesse se dessinait dans ses propos, le genre de truc qui aurait fait réagir au quart de tour le Seki, mais là… Là le Jônin avait donné le bâton pour se faire battre. C’était lui qui se comportait avec ce Genin comme s’il était son grand frère, comme s’ils avaient le même sang, comme s’ils étaient parents. Le rire franc du Seki dura quelques quatre secondes. Il aimait voir ce côté culotté chez les enfants. Ça dénoté soit d’une impolitesse notoire, soit d’un avenir brillant. C’était bien ceux qui n’avaient pas froid aux yeux qui dans le futur parvenait à réaliser leurs ambitions et leurs rêves. La vie était un combat et sans esprit de combat on n’arrivait à rien. Absolument rien.

« Tu as parfaitement raison petit. J’aurais dû commencer par me présenter. Je suis Seki Zennosuke, Jônin de Kumo depuis peu. » Le regard du Seki se posa sur le bonhomme. Il lui sembla voir une lueur d’étonnement dans ses yeux. Curieux. Était-il lui aussi un Seki ? C’était fort probable. Car une fois de plus, un enfant de cet âge, traînant tout proche du quartier Seki la nuit tombant, ne pouvait-être qu’un Seki.

« Alors, repartons sur de bonnes bases ! C’est quoi ton nom à toi ? » Zennosuke venait ainsi d’éviter la petite pique que son vis-à-vis venait de lui lancer. Un mec de vingt ans, jouer aux cartes avec sa mamie… Que ne faut-il pas entendre de nos jours ! Le Seki, sourire aux lèvres avait le regard pétillant. La discussion à partir de maintenant pouvait tourner court, si le petit homme s’obstinait à jouer les grands, en ce cas ce serait rapé, ou alors, elle prendrait un tournant intéressant et instructif pour tous les deux dans le cas contraire. C’était à ce gamin d’environ 10 ans de faire son choix. En avait-il seulement conscience ? En avait-il envie ? Là résidaient les principales interrogations.

Ayant décelé un moyen de prolonger la discussion, Zennosuke, qui n’était pas avare de nouvelles rencontres, prit du bon côté la perche qu’il pensait, à tort ou à raison, lui être tendue. Il avait décelé de manière générale quelques appréhensions de la part du Genin par rapport à un sujet qui lui était inconnu. Peut être était-ce sa récente promotion et la perspective d’un avenir guerrier qui lui faisait peur. Paradoxal et pourtant si naturel. L’homme était ainsi fait. Naturellement insatisfait. Quelque part, ce Genin avait probablement mis tout en œuvre pour arriver à ce stade et aujourd’hui, il avait peur. Il craignait certainement l’avenir qu’il s’était destiné. Zennosuke était passé par là lui aussi. Mais à présent, ces peurs appartenaient au passé. Ce type de peur ne pouvait générait qu'une angoisse passagère. Si le Genin était dans la même situation que lui à l’époque, il pourrait l’aider à passer ce cap. Car il avait déjà vécu toutes ces émotions.

« Dis-moi qu’y a-t-il ? Est-ce ce grade qui te fait peur ? Ou est-ce la perspective d’être envoyé au front si jeune ? Si c’est la dernière réponse, rassures-toi. Tant que nous autres Jônins et Chuunins tiendront le coup, vous autres ne craindrez rien. Et puis les nouvelles recrues sont les dernières à être envoyées au front. » Son regard se voulait rassurant, le ton de sa voix aussi. Au fond, il ne disait ces mots que pour rassurer le Genin. Rien de tout cela n’était vrai. Ou du moins cela pouvait s’avérer faux sur une simple décision des autorités du village. La preuve, lors de la seconde bataille de Hai no Kuni, lorsque les forces coalisées des quatre grands villages s’en étaient pris à Makka, le Seki, alors Genin en ce temps là, avait participé aux combats. Il avait été envoyé au front… Si les choses empiraient, en cas de nécessité d’attaque de masse, il y avait de fortes chances que ce Genin à qui parlait Zennosuke, serait de la partie. Après tout il était soldat de Kumo.

Seulement, en tant qu’adulte, Zennosuke devait le rassurer. C’était son rôle. Il ne servait à rien de faire peur à une jeune recrue.

En plein dans le mille ! Zennosuke échangeait bel et bien avec un membre de son clan. Un jeunot qu’il ne connaissait pas du tout par ailleurs. Mais ce n’était pas bien méchant. En tant que Seki, né hors de ce village, d’un père inconnu et d’une mère sans aucune capacité ninja, il avait eu du mal à se faire véritablement accepter par ses frères de sang. Il était pourtant comme eux. Seki de par son père et de par les vertus héréditaires qui coulaient dans son sang il était capable de toutes sortes de prouesses via la manipulation du chakra. Et pourtant, il n'était pas accueilli comme un Seki par la totalité du clan. Les motifs étaient les plus divers. Le plus blessant pour lui était qu'il ne connaissait pas son père ou plutôt que ce dernier ne l'avait pas reconnu. C’était toutes ces petites choses qui faisaient que le Seki ne s’impliquait pas à fond dans ses relations avec son clan. Non pas qu’il les détestait ou quoi que ce soit de ce style, mais plutôt parce qu’il ressentait bien qu’il n’était pas totalement intégré. La faute à quelques sombres abrutis qui n’avaient pas compris qu’un Seki pouvait être né ailleurs que dans leur fameux village, qu’un Seki pouvait vivre ailleurs qu’entre les murs protecteurs de Kumo, qu’un Seki pouvait être différent tout simplement.

Zennosuke posait un regard à la fois intrigué et intéressé sur son interlocuteur. Encore gamin, ce petit bout d’homme souhaitait que l’on s’adresse à lui comme à un homme. La chose était amusante. Il est vrai que Kira semblait un peu plus mature que la plupart des enfants de son âge, mais n’était-ce pas trop demander que de se croire déjà adulte ? Il brûlait probablement quelques étapes à force de penser ainsi. L’écoutant parler, Zennosuke fronça les sourcils lorsque Kira évoqua la puissance militaire de Kumo. Ah ça ! Ce village était tout pour Zennosuke. Il représentait tellement pour lui que le Seki en perdait par moments son discernement lorsqu’il se prononçait sur des sujets important le concernant. D’un ton grave, Zennosuke tenta de clarifier un point :

« Non, ne t’en fais pas. Kumo est assez puissant pour ne pas envoyer un enfant de dix ans au front. Aussi fort soit-il. Tu es l’avenir de ce village, comment pourrions-nous te sacrifier ? » Le Seki marqua une courte pause. Il poursuivit : « Kumo est assez fort militairement pour se passer des nouvelles recrues au front… » Il se voulait rassurant, il pensait réellement ce qu'il venait de dire. S'il avait été Raikage, jamais il n'enverrait au front des Genins fraîchement nommés. C'était les envoyer à une mort certaine.

À la suite de ces propos, Kira, posa une question plutôt étonnante à Zennosuke. Cette question eut le mérite de calmer ce dernier. Un ninja d’élite ? Zennosuke tourna sa tête et son regard en direction du lac. *Un ninja d’élite…* Ces mots le faisaient rêver presque tout autant que la simple évocation de Kumogakure no Sato. À l’évocation de ces mots, des images de son passé lui revenaient en tête. De majestueux shinobis qui intervenaient auprès de sa mère et lui alors qu’ils étaient pris à parti par des pilleurs. C’était ce jour-là qu’il avait découvert son Kekkai genkai. C’était ce jour-là que les kumojins l’avaient reconnu comme un Seki, l’un des leurs. C’était depuis ce jour que Zennosuke était tombé littéralement amoureux des forces spéciales kumojins et de Kumo tout simplement. À partir de là, ses rêves les plus fous étaient liés à ces deux entités. Au bout d’à peine trois secondes de réflexion, Zennosuke vint s’asseoir aux côté de Kira. Ce dernier lui avait vraisemblablement fait une place.

« Je ne me considère pas comme un ninja d’élite tu sais. Je suis Jônin certes, je crois être d’un bon niveau, mais je n’ai pas encore atteint le niveau d’un shinobi d’élite… Ou du moins, je ne suis pas membre des forces spéciales. Ces gars-là, eux, sont des ninjas d’élite. » Le ton de sa voix laissait percer un peu d’envie. Qui avait un peu de discernement pouvait facilement se rendre compte de cet état d’âme. Se rendant compte de cela, le Seki tenta de changer de sujet.

« Et toi ? Tu ne m’as pas vraiment répondu. Qu’est-ce qui te tracasse ? Quel est ton rêve ? Devenir ninja d’élite ? »

Ce coup-ci Kira allait-il se livrer ? Ou lui aussi était comme son frère de sang : c’est-à-dire plutôt lent à parler de lui ? Distraitement, le Seki ramassa une pierre et la jeta sur la surface du lac en espérant qu’elle fasse quelques ricochets. Trois petits bonds puis la pierre plongea dans l’eau en créant des ondes au-dessus. C’est à cet instant précis que Zennosuke posa son regard bleu sur Kira.

« Tu sais, un rêve avoué a plus de chance d’être réalisé. Car à force d’en parler, tu te forces à le réaliser dans la mesure où ton entourage s’attendra à ce que tu le fasses. C'est quelque part un bon moyen de te forcer à agir... Si c’est un rêve qui te tracasse, confie le moi. Je serai honoré de le connaître et mon regard sur toi sera à chaque fois un rappel de ta promesse. » Une courte pause, puis il reprit d'un ton malicieux : « Peut-être que je serai disposé à te confier le mien en échange. Enfin si ça t’intéresse de le savoir. » Puis sans attendre la réaction de Kiri, Zennosuke ramassa une nouvelle pierre de plus petite taille. Il l’envoya sur la surface du lac. À nouveau trois rebonds. Il n’était décidément pas chanceux !

Les idéaux de cet homme était particulièrement intéressent. Aucun novice ne serait envoyé au front selon lui. Peut être avait-il raison, mais j’avais entendu mon père qui lui avait été envoyé au front combattre de jeunes ninjas qui visiblement n’était que peu entraîné. Il était logique de penser que si les autres villages avaient recours à ses méthodes alors il en serait même pour Kumo. A l’époque il est vrai que j’ignorai beaucoup de chose sur le fonctionnement du monde international mais ce que je savais en revanche c’est que beaucoup de choses se passaient dans notre dos. N’importe qui pouvait être mêlé à la guerre, j’en étais convaincu et cela était logique. Il est vrai que dans les premiers temps tenir cet engagement était réaliste mais plus cette dernière allait durer plus le village devra faire appel à l’ensemble de ses forces. Ce n’était qu’un simple raisonnement de logique. La prospérité de ce village dépendait des personnes qui n’hésiteraient pas à mourir pour lui. En tout cas, cette parenthèse m’avait permis d’analyser un trait assez intéressent chez ce Seki. Il semblait vraiment attaché à ce village et à ses valeurs. Peut être d’une façon un peu naïve mais ce trait de caractère me plût énormément. Je décidai de ne pas poursuivre sur ce sujet, je devais croire mes ainés et de toute façon l’avenir donnerait raison à l’un d’entre nous. Comme vous le savez les enfants j’ai connu la guerre très jeune mais je n’étais plus un ninja novice à ce moment là et vous connaissez la suite…

Notre conversation bascula sur nos ambitions et nos rêves respectifs. Après avoir demandé à Zennosuke s’il avait toujours souhaité être un ninja d’élite, ce dernier marqua un court blanc. Réfléchissait-il à la meilleure réponse à me donner ? Je ne sais pas ce qui passa par la tête du jônin à ce moment précis mais au bout de trois ou quatre secondes mon interlocuteur reprit la parole en s’asseyant à côté de moi. Il ne considérait donc pas comme un ninja d’élite ? Comme c’était amusant ! Son allure, sa prestance, son assurance, son aura tout ça indiquait qu’il n’était comme un simple jônin du village. J’avais déjà eu l’occasion de converser avec des ninjas de même rang que ce soit appartenant au clan ou de simples gardes. Je fis alors un rire timide avant de prendre la parole :

- Peu de ninjas vivent assez longtemps pour devenir Jônin, tu fais donc parti de l’élite de la population. Ce que je voulais dire, c’est que pour atteindre ton rang il faut une volonté hors du commun, on ne devient pas Jônin comme ça. Alors je reformule ma question : As-tu toujours eu cette volonté pour devenir un ninja de plus en plus fort ?

Puis l’homme revint à la charge concernant mes soucis. Je ne réussirai donc pas à l’éloigner du sujet de mes tracas visiblement. Après tout, je ne craignais pas grand-chose à me confier. Devenir un ninja d’élite ? Etait-ce cela mon rêve ? Non ! J’étais comme la pierre que venait de jeter mon interlocuteur. Je me contentai de planer selon la force avec laquelle on m’a jeté et prédestiné à tomber à un endroit précis. Tout comme cette pierre je n’étais pas indépendant. Le géant continua d’essayer de me convaincre en m’expliquant que les rêves pouvaient être atteints lorsqu’on en parlait car c’était une sorte d’objectif qu’on s’obligeait à atteindre pour son entourage. Intéressante vision des choses non ? Surtout l’homme se proposait de me confier son propre rêve si j’acceptai de parler de moi. J’avais l’intention de lui raconter mais à présent cela ne faisait vraiment plus aucun doute.

- Marché conclu ! Le jeune Seki marqua un temps de pause. Je rêve… D’avoir un rêve. Je n’ai aucun but dans la vie ! Le clan s’est contenté de me former à devenir un bon ninja mais j’ignore si c’est ce que je désire vraiment. Être un ninja pour quoi faire ? Protéger le village ? Détruire les autres villages ? Tuer si nécessaire ? Est-ce vraiment ce que je désire ! Je voudrai simplement trouver mon nindo. Je pensais qu’être promu m’aiderait à me motiver mais ce n’est pas le cas. Maintenant que l’entraînement est terminé par mon clan et que je suis indépendant que dois-je faire ? Pour l’instant tout ce que je peux faire c’est attendre de voir ce que la vie me réserve et peut être qu’un jour j’y trouverai ma voie… En attendant ce monde est… Ennuyant… !

Zennosuke écouta la réponse de Kira. Celui-ci s’était mis à approfondir sa pensée. Et comme Zennosuke l’imaginait, il considérait les Jônin comme des ninjas d’élites. Dans un certain angle de vue, c’était bel et bien le cas. Mais bon, tous connaissaient l’avis du seul Jônin dans les parages. Lui estimait que l’élite était en réalité un groupe restreint parmi les plus puissants ninjas qu’ils soient Jônin ou pas. Selon Zennosuke, un chuunin pouvait bel et bien être considéré comme un ninja d’élite. Enfin, les deux Seki n’allaient pas deviser éternellement sur leurs conceptions différentes de ce qu’était un ninja d’élite. Parce que justement, le point suivant qu’abordait Kira était éminement important dans ce monde de barbarisme. Vu son âge le petit en avait dans le crâne. Souriant et plissant des yeux, à cause de la fierté que le Jônin éprouvait à cet instant envers Kira, Zennosuke stoppa son geste. Il comptait lancer un nouveau caillou sur la surface du lac.

« Tu as touché le point sensible. Devenir Jônin n’est pas la chose la plus aisée dans ce monde. Et visiblement tu sais déjà ce qu’il faut pour aller loin. Il n’y a pas de secrets. La base c’est la volonté. Une volonté envers et contre tout. Si tu as des rêves et que tu les combines à une volonté sans failles, tu sauras repousser chaque fois la mort plus loin, tu sauras t’endurcir et devenir plus fort, plus puissant… Et alors tu survivras et deviendra un ninja d'élite. » Le Seki marqua une pause et en profita pour jeter le caillou qu’il avait en main. Ses yeux avaient laissé passer une lueur, une lueur qui laissait entrevoir toute la détermination du bonhomme à remplir ses objectifs et réaliser ses rêves les plus fous. Le caillou avait fait cinq rebonds sur la surface de l’eau. Son meilleur score depuis qu’il avait commencé à échanger avec Kira. Sans même regarder le gamin, Zennosuke poursuivit :

« Tu perdras des êtres qui te sont chers, tu seras souvent seul, incompris, gravement blessé, tu saigneras dans ton cœur, mais aucune de ces situations, de ces obstacles, de ces états d’esprits ne doivent altérer ta volonté. Ton premier ami c’est toi-même. Il n’y a que cet ami que tu ne perdras jamais. Lie toi d’amitié avec les shinobis avec qui tu te sentiras des affinités, mais ne te lie jamais au point de devoir perdre de vue tes rêves ou que celien altère ta volonté d'aller au bout de ta mission en ce monde. » Le Jônin ne pouvait pas tout dire, mais il espérait que ses mots resteraient à jamais gravé dans l’esprit de Kira. Ce gamin était encore jeune, il venait d’entrer réellement dans la vie militaire. Quasiment tous ses amis, tous ses camarades de promotion, tous ses frères d’arme ou de clan allaient mourir les uns après les autres sous son regard. Il devrait être fort et survivre car après tout, seuls les plus forts mentalement avaient le droit de poursuivre dans cette voie que tous deux avaient choisi. Survivre… Finalement, tel était le meilleur mot pour définir ce qui serait la vie de Kira dans les prochaines années. Enfin, s’il arrivait à passer le cap de l’année avec cette foutue guerre.

Les mots du Jônin semblaient avoir été intégrés par le gamin. La discussion prit un autre cours. Ce coup –ci, Kira faisait référence à son rêve, ses objectifs et curieusement, le bonhomme semblait n’en avoir aucun. Après quelques secondes de réflexion le Seki conclut que vu l’âge de Kira, c’était assez fréquent de ne pas savoir réellement ce qu’on voulait. Au fond, on savait, mais souvent, on se dit que ce ne sont que des rêves d’enfants irréalistes. C’est d’ailleurs ce que tout notre entourage nous fait comprendre. Zennosuke, en ce qui le concerne, avait su assez tôt ce qu’il voulait devenir. Son rêve, il l’avait découvert en même temps qu’il avait vu entrer dans sa vie des shinobis de Kumo. Depuis ce jour, il avait su qu’il serait en paix avec lui-même aussi longtemps qu’il défendrait les couleurs de ce village. Maintenant pour ce qui concernait le petit Kira c’était autre chose.

« On va essayer de remédier à ton problème... Je vais te poser quelques questions et t’essaieras d’y répondre. Peut-être que ça t’aidera à cerner ce que tu aimes et in fine formuler ton nindô. Je suis un gars optimiste, on perd rien à essayer ! » Le Jônin attendit que son jeune frère de sang acquiesce avant de poursuivre : « Qu’est ce que tu aimes dans cette vie. Qu’est ce que tu aimes faire ? Qu’est ce qui compte pour toi ? Prends le temps qu’il faut avant de me répondre, mais n’aie pas honte de me donner la réponse que ton cœur te donnera. » A ce moment précis, le Jônin posa la main sur la poitrine de Kira. Le message était passé. Sans attendre quoi que ce soit, Zennosuke enchaîna :

« Chose promise, chose due ! J'ai à te confier mes rêves les plus fous... Mon rêve à moi est d’intégrer le Satoru et de faire de Kumo le plus puissant village ninja qui soit. C’est pour cette raison que je ne peux pas me laisser abattre quels que soient les obstacles qui se dresseront sur mon chemin. C’est ça ma voie. Je t’ai confié mon secret, fais le prospérer. » Zennosuke termina avec un sourire malicieux.

Spoiler:

Le Seki écouta le jeunot. Il disait des paroles pleines de sens. Des paroles d’homme mûr. Il était plus intelligent que la moyenne et ses idées semblaient déjà bien mieux ficelées que celles des gamins de son âge. Rapidement, le Seki, se compara au gosse qu’il avait en face de lui. Il ne se compara pas à partir de son âge actuel, mais plutôt à partir du moment où il avait à peu près la dizaine. A ce moment là, déjà, il avait eu la chance de pouvoir définir exactement quels étaient ses rêves. Intérieurement, le Jônin espérait que le gamin qu’il avait en face de lui survivrait, et que lui aussi, parviendrait un jour à devenir Jônin, à avoir un rêve digne. Il espérait que ce gamin aussi pourrait faire la fierté du village de Kumo. Cependant, pour l’heure, les mots qui sortaient de sa bouche n’aidaient absolument pas à avoir ne serait-ce qu’un début de piste concernant le rêve caché du gamin. Le Seki cogita un moment, silencieux. Il ne trouvait pas d’idées. Que pouvait donc être le rêve d’un flâneur ? Écrire un roman ? C’était tout de même curieux pour un shinobi, mais si au fond combattre n’était pas la réelle vocation du gamin, il serait toute sa vie à la recherche d’un bonheur qu’il ne trouverait jamais pleinement sous les armes… Le Seki laissa échapper une bouffée d’air qui laissa une éphémère buée blanche dans le cette nuit.

« Je dois t’avouer que je n’arrive pas à déterminer quelles sont tes ambitions à travers ce que tu m’as dit. Peut-être que si nous passions plus de temps ensemble, je serai parvenu à en savoir plus, mais là… » Le Seki faisait référence au système de senseï-élève. Mais il n’alla pas au bout de sa réflexion. C’était au Raikage de composer les équipes ninjas après tout. « Espérons pour toi qu’avec le temps, tu parviendras à dessiner les contours de tes rêves et pourquoi pas, les matérialiser. Car ce sont tes rêves qui te maintiendront en vie. Tu as choisi une voie difficile, trouves rapidement tes repères et accroches toi. » conseilla Zennosuke en guise de conclusion sur ce chapitre du nindô du gamin.

La discussion glissa sur les rêves du Seki. Et à ce propos, le gamin fit une remarque tout à fait… remarquable. Il avait laissé entendre que pour accroître la gloire de Kumo, le poste de conseiller du Raikage ou Raikage permettait d’atteindre ces objectifs plus facilement. Il n’avait pas tort. A ces mots, le Jônin sembla comme s’affaisser dans son siège comme si un poids invisible le poussait à se ratatiner sur le banc. En réalité, ce n’était juste que ses épaules qui étaient retombées et sa tête, baissée vers le sol. Au fond de lui, une intense réflexion se faisait. Ce gamin ramenait à la surface un rêve, ou plutôt une illusion. Une chimère à laquelle le Seki n’avait jamais cru.

*Devenir Raikage hein ?!...* Se dit mentalement le Seki. Presque aussitôt ses idées furent balayées par d’autres tandis que ses épaules se redressaient, reprenant leur forme horizontale normale. Le Jônin redressa la tête et posa son regard sur Kira. Ce petit bonhomme, aux allures de grands, le menait sur des pistes qu’il n’osait arpenter.


« Tu es pertinent petit. Devenir Raikage nécessite des habilités, des aptitudes que je n’ai pas. S’il s’agit de commander, d’être juste avec ses hommes, de savoir se montrer inflexible quand il le faut, je sais que je suis capable de remplir ces critères… Mais pour ce qui est de faire de la politique, de façon à se faire connaître du Daimyo et des conseillers, de faire le dos rond, ma fierté m’en empêche. » le ton était neutre, une pointe d’amertume pouvait être décelée par un observateur attentif. Au fond de lui, Zennosuke repoussait cet hypothèse. Il savait que parvenir à la plus haute stature militaire de Kumo lui permettrait de réaliser ses rêves pour le village. Il savait que c’était le meilleur moyen de rendre à Kumo toute la place qu’elle devait occuper. Mais parvenir à cette stature nécessitait des compromis, des bassesses, une part de lâcheté que ne pouvait se permettre Zennosuke. En somme il fallait savoir se montrer fin politique et ça, le Seki n’en était pas capable. Après, seul l’avenir pourrait donner son verdict sur cette question toujours est-il que lui, Zennosuke, était certain que parvenir au Satoru, et diriger un jour les ninjas d’élites qui formeraient cette unité, l’aiderait à faire grandir le village sur la scène internationale. Car lui et ses hommes seraient le bras armé de Kumo. Ils seraient la garde du katana qui donnera de l’assurance au village des nuages, mais aussi la lame acérée qui pourfendrait ses ennemis sans pitié. Voilà le rêve du Seki. Et il savait que ces rêves là, il pouvait les réaliser sans avoir à attendre quoi que ce soit de qui que ce soit. Il s’imposerait naturellement en temps voulu.

« Le Satoru est une unité d’élite Kira. Atteindre ce niveau de technicité me permettra de veiller moi-même à ce que chaque combat, chaque action dans laquelle cette unité sera mêlée, mène à une victoire pour le village, une grande avancée. Commander le Satoru serait mon rêve absolu, mais… Chaque chose en son temps. Le jour où tu entendras dire que Zennosuke est membre du Satoru, saches que ce jour sera le point de départ pour un nouveau Kaminari no Kuni, d'un nouveau Kumogakure no Sato. Ce village deviendra puissant et respecté. » Les yeux du Seki étincelaient d’une lumière indescriptible pour quelqu’un qui n’avait pas, comme Zennosuke, une détermination sans faille à accomplir un rêve. Kira comprendrait peut être l’état d’esprit dans lequel se trouvait le Jônin, mais il y avait à parier que cette compréhension ne serait pas totale. Il y avait fort à parier que le Seki semble arrogant à ses yeux. C’était peut être le prix à payer pour voir ses rêves s’accomplir un jour…