Les limbes de de glace [feat. Samui Kakeshuou, Katano Yusuke & Oterashi Yanosa]

Dès lors que la vitesse de Yanosa commença à augmenter, il n'était plus question pour ses adversaires de lui laisser le moindre répit, sans quoi ils s'exposaient à subir un affrontement qu'ils étaient destinés à dominer. Les yeux rivés sur son vis-à-vis direct, le Nukenin aperçu le jeune kirijin rengainer ses deux épées, sans doute incapable de continuer à utiliser son style de combat à son plein potentiel avec un bras blessé. Dans les airs, prêt à abattre son fendoir géant sur la tête du jeune homme, Yanosa le vit alors décoller vers lui, venant à sa rencontre tel une volaille à l'abattoir. Mais, le guerrier rouge le pressentait, le compagnon de Yuki n'allait pas exécuter un mouvement aussi périlleux sans prévoir son action à l'avance. Sans pour autant rompre son mouvement, Yanosa abattit donc tout le poids de son épée sur l'épaule droite de sa cible... Qui était à présent parée d'une armure de foudre consistante, protégeant tout son corps d'un halo électrique. Une déconvenue qui n'en était pas vraiment une, le jashiniste ayant cherché à tout prix à stimuler ces jeunes gens pour les faire sortir de leurs gonds.

Se laissant aller en arrière en écartant les bras, plaqué au sol par la charge du kirijin, le guerrier rouge lâcha son épée du même coup en plein vol et la laissant disparaître das un nuage de fumée, la jugeant désormais inutile contre un épéiste incapable de manier ses épées. Se laissant alors rouer de coups, Yanosa éclata d'un rire franc alors que le poing droit du compagnon de Yuki s'abattait frénétiquement sur le torse et le visage du guerrier rouge.

« Hahaaha ! Ouiii, Vas-y, plus fort petit homme ! Fais-moi sentir toute ta rage !! »

Le jeune homme, peut-être désarçonné par une réaction aussi peu conventionnelles de la part d'un homme qu'il frappait avec détermination, termina promptement son enchaînement en brandissant son index, comme il y a quelques instants, droit vers la tête de Yanosa. Ce dernier, empreint d'une douce douleur qui commençait à réellement l'exalter, plaqua alors son front contre ledit index, les yeux exorbités de plaisir tandis que le jet de chakra Raiton concentré lui laissait une trace de brûlé tout en envoya sa tête se ficher dans la neige.

« Haa, ouiiii... Encore !! »

D'un bond, appuyé sur ses épaules, le Nukenin se remit alors sur pieds, prêt à en découdre toujours plus. Et attendant impatiemment la suite. Le jeune kirijin en retrait, ce fut au tour de Yuki de faire montre de tous ses talents. Cinq shuriken fusèrent rapidement de ses mains, tous renforcés par une onde de vent puissante amplifiant leur vitesse et leur force d'impact. Campé sur ses appuis, toujours le sourire aux lèvres, Yanosa usa de sa vitesse et de son agilité pour tenter d'esquiver les projectiles, ce qu'il réussit à faire pour deux d'entre eux. Deux autre vinrent se ficher respectivement dans l'abdomen et la cuisse tandis qu'un dernier lui entailla superficiellement l'épaule droite. Mais Yuki ne comptait visiblement pas en rester là et enchaîna alors par une vague de senbons glacés, tous dirigés vers leur seule et unique cible. Leur trajectoire clairement identifiée, le Nukenin ferma alors momentanément les yeux, se concentrant pour ce qui allait suivre. Ses paumes placées sur la route des senbons, son sceau activé, il put prendre le temps de rediriger son flux de chakra pendant que la dernière attaque de la jeune fille se brisait sur la pellicule d'énergie qui faisait barrage entre ses projectiles et les mains du jashiniste.

Yanosa rouvrit alors subitement les yeux, une intense lumière rouge l'englobant tout à coup en faisant voler ses cheveux dans les airs sous la seule force de son chakra bouillonnant. Ses yeux étaient à présent auréolés de veines prêtes à exploser, ses pupilles elles-même changeant de couleur pour adopter un ton à la fois plus vif et plus sombre. La Porte de la Blessure venait d'être franchie et, pour lui comme pour ses deux jeunes adversaires, il n'y avait plus de retour en arrière possible. A pleine vitesse, le Nukenin chargea, laissant une traînée incandescente dans le sillage de sa charge rougeoyante, presque imperceptible pour un œil non averti. Mais contre toute attente, ce n'était pas vers Yuki qu'il se dirigeait. Ignorant complètement cette dernière, empreint d'une furie combative exacerbée, Yanosa chargea droit vers Yusuke, le jeune kirijin resté en retrait. Son pied armé en arrière, le jashiniste décolla légèrement du sol pour déchaîner sur l'épéiste toute la puissance que lui permettait à présent son état de transe guerrière. Le nombre était une arme immensément puissante, dans une guerre comme dans un combat plus intimiste, mais elle pouvait tout aussi bien se retourner contre vous lorsque vous teniez, plus que de raison, à vos alliés...

Spoiler:

9.Exclusion

Se sentir détruire vos avez déjà connu ce sentiment ? Personnellement, je ne parle pas ici de destruction psychologique mais plutôt de destruction physique. Vous savez quand une attaque est telle qu’elle vous réduit à néant en un clin d’œil. Certes, j’exagère un peu beaucoup mais il faut dire aussi que la douleur qui ressort de ce genre d’attaque est elle qu’on met du temps à s’en remettre. Je ne suis pas expert en cassage de gueule vu que d’habitude, c’est moi qui distribue les claques, mais je sais que la défaite a toujours un arrière goût peu enviable. Tout comme tous les hommes de ce monde, je n’aime pas perdre. Je fais donc tout pour arracher la victoire à mon adversaire et cela même si cela paraît impossible à première vue. Là est la force du ninja : ne jamais abandonner une mission, quels que soient les risques.

Je regarde mon adversaire contrer toutes les attaques de Yuki, en recevoir quelques unes en pleine poire. Je ne comprends pas comment un tel individu peut exister. A le regarder, on dirait qu’il ne ressent pas la douleur. Serait-il immortel ? Non, cela n’existe pas en ce bas monde. Peut-être souffre-t-il d’une maladie qui l’empêche de ressentir la douleur. J’avais lu quelque chose sur cela auparavant. Mais non, je ne crois pas que ce soit ça non plus. Peut-être qu’il ne réagit pas simplement parce qu’il le décide. Mais peut-on vraiment réprimer la douleur à ce point. Il faudrait vraiment en retirer quelque chose en contrepartie. Il est sans doute masochiste si c’est le cas, je ne vois pas d’autres explications.

Mon adversaire s’en ai sortit brillamment. Un ninja de bas rang se serait déjà écroulé depuis longtemps mais lui reste debout et ne semble pas avoir mal. Soudain, je ressens une concentration étrange de chakra sortir de son corps. Une concentration qui se fait de plus en plus colossale au fil des secondes. C’est incroyable à quel point cet homme peut dégager de l’énergie en quelques instants. Je peux carrément observer sur son corps les modifications que cause cette grosse charge de chakra. Il devient rouge vif et ses cheveux écarlates se mettent à voler. Très franchement, je crois que cet homme s’apprête à exploser vu la tête qu’il tire. Si jamais je devais me prendre un coup de cette envergure, je ne sais pas si je parviendrais à l’éviter. Il a l’air d’avoir boosté toutes ses capacités. Je ne sais pas comment je vais faire pour le contrer si jamais il vient jusqu’à moi après avoir démonté Yuki. YUKI ! Je l’avais complètement oublié ! Je ne peux pas me permettre de la laisser se faire attaquer par une bête pareille. Je m’apprête à courir pour la rejoindre lorsque d’un coup, je vois le nukenin en face de moi. Sa vitesse est telle qu’on jurerait qu’il s’est téléporté. Il m’assène un coup de pied rotatif dans l’abdomen. Je n’ai pas le temps de me défendre que déjà le coup est parti ! Le choc est considérable. Je ne ressens presque plus rien au niveau de mon abdomen, comme si on venait de m’anesthésier. De même, je ne peux plus bouger. Je suis projeté dans les aires et traverse la limite de terre qui me permettrait de retomber sur la neige. Désormais, c’est le vide qui m’attend.

Un coup d’une telle puissance, jamais je n’aurais cru que l’on puisse pousser le taijutsu aussi loin. Je suis à présent dans le vide, heureusement, je n’ai pas encore débuté ma descente aux enfers. Je ne parviens pas à me redresser, je crois qu’il m’a cassé quelques côtes. C’est fini, je tombe. Je ne parviens pas à bouger mon corps dans son intégralité. Seul mon bras droit est épargné. Doucement, je vois la montagne remplacer le visage de ma petite amie. Je suis passé en dessous du niveau de la crête. Heureusement, mon bras étant encore en service, je parviens à user de mon chakra pour envoyer une chaine s’accrocher à l’une des roches. Sans doute ma chère Yuki pense-t-elle que je suis tombé car de là où je suis, elle n’est pas capable de me voir. Tant mieux, si elle est énervée, elle détruira notre adversaire aussi facilement qu’un bonhomme de neige. J’ai hâte de sentir le chakra du nukenin se dissiper. Après tout, peut-être n’avais-je pas tort de faire mon mort. Je ne suis plus en mesure de continuer le combat avec toutes ces blessures mais je ne suis pas encore bon pour la casse. Il me reste bien des choses à accomplir avant de donner ma révérence. La suite promet d’être intéressante.

Je n'eus pas le temps d'arriver au corps-à-corps. Pas le temps de réagir même que déjà, je sentis un coup de vent effleurer ma chevelure et faire voleter cette dernière au gré du vent. Mon adversaire m'avait à peine effleuré, mais j'avais suivi le mouvement du regard même si mon corps n'était lui, pas capable de suivre une telle vitesse.
Me retournant alors le plus rapidement possible je n'eus que le loisir d'assister à une vision d'horreur que me transperça l'esprit. Je vis le corps inerte de Yusuke se dirigeait lentement vers la falaise, comme propulsé par une force invisible alors que le nukenin avait encore la jambe tendue en direction de mon bien-aimé. Mon cœur se déchira alors en deux parties alors que je me précipitais vers lui dans un ultime espoir pour l'empêcher de tomber de la falaise. Mais, mes pas ne furent pas assez rapide. Lentement, comme dans une scène au ralenti, je le vis tomber, disparaître de ma vue, vers le néant, les abysses ... Je trébuchais dans ma course pour le secourir et tombais durement sur le sol verglacé alors qu'une colère sans précédent s'emparer de tout mon être. Me redressant et faisant preuve d'une fois nouvelle, je me précipitais vers mon adversaire tout en concentrant pleinement mon chakra dans ma jambe droite afin de tenter de le déstabiliser. À moins d'un mètre de lui, alors que ce dernier continuait à rire comme un dément, je lançais ma jambe vers lui, visant sa hanche gauche pour tenter de lui faire perdre l'équilibre alors que je profitais de l'impulsion de mon premier coup de pied pour le prendre à revers, expédiant alors ma jambe gauche vers son visage immédiatement suivit de ma jambe droite.
Je ne cachais clairement plus mes intentions et mes tonfas aiguiser au possible par mon vent se dirigeaient sans discontinuité vers mon adversaire. Visant son torse, essayant de happer sa chair, de la déchiqueter même si c'était possible.
Je voulais venir en aide à Yusuke. Il était temps de finir ce combat rapidement. Mes yeux bleu se plongèrent alors dans ceux cramoisis de l'homme et je n'eux pas besoin de savoir qui de l'eau ou du feu aller gagner ce combat. L'évidence était certaine que j'en sortirais vainqueur. Mon corps frémi à grand-peine alors que je m'écriais furibonde :

"Tu es fini !"

Je me retournais alors et sans attendre plus longtemps, je ne composais aucun mudra, me contentant de tendre la main en avant e, direction du nukenin, quelques mots m'échappèrent dans un murmure :

"Hyouton ! Hatsuyuki no Jutsu !"

Un blizzard beaucoup plus puissant que celui qui régnait déjà sur le plateau se leva, se dirigeant comme une boule d'énergie autour du nukenin, je concentrais la forme sphérique pour que la puissance soit la plus forte possible. Son feu, j'allais l'éteindre, son cœur, j'allais le geler !

Au loin, Sunilda venait enfin d'atteindre son objectif.

HRP:

Une vitesse folle, une force d'impact hors normes : il n'en fallait parfois pas plus pour remporter un duel. Submergeant complètement le jeune Yusuke à l'aide de son pouvoir fraîchement relâché, Yanosa enfonça sa jambe dans l'abdomen du kirijin, dont l'attention avait été happée par le danger que courait à présent Yuki sur ce champ de bataille glacial. Le choc le priva de ses appuis, en pleine course qu'il était, et envoya son corps meurtri loin, très loin, par delà la limite de la crête sur laquelle le trio combattait. Son sort, se dit le Nukenin, ne le concernait désormais plus d'un iota, tandis qu'il reposait lourdement pied à terre et se tournait vers Yuki, terrifiée sans doute à l'idée de perdre son âme sœur. La colère... L'esprit de vengeance. Voilà ce qui allait l'habiter à présent, que son cher Yusuke survive à sa chute ou non. Et c'était là tout au profit du jashiniste, qui voulait voir jusqu'où pouvait aller la jeune kirijin pleine de fougue et de passion. Yanosa attendit donc patiemment les longues secondes qu'il fallut à Yuki pour se redonner une prestance après s'être ruée vers le bord de la corniche et se remit en position, prêt à l'accueillir.

De par les blessures qu'il avait subi par avant, le Nukenin n'était cependant plus en aussi grande forme qu'au début de la rencontre. Sa force et sa vitesse encore inchangées, ses muscles quant à eux commençaient déjà à lui envoyer des signaux de fatigue, lui intimant, si une victoire était à prendre, de la saisir tout de suite sans accorder une seconde de répit à son adversaire. Mais la victoire n'avait jamais été son objectif et prolonger les choses, même de quelques secondes, était tout à son bénéfice. Le grand final à la limite du grand-guignolesque ne tarderait pas à poindre et seulement alors cette bataille pourrait se terminer. Comment, il l'ignorait encore, mais l'issue risquait d'être intéressante.

Yuki le chargea de plus belle, cette fois seule contre le jashiniste qui ne pouvait plus changer de cible à loisir. Du chakra de vent s'agglutina autours de sa jambe, qu'elle propulsa rapidement vers le flanc gauche de Yanosa. Ce dernier s'empressa de plaquer sa paume droite sur le tibia de la kirijin, un mince voile d'énergie venant là encore dissiper la force de l'attaque de façon presque imperceptible. Mais la jeune fille ne comptait pas s'arrêter là, empreinte de colère qu'elle était, et utilisa son élan pour envoyer l'une après l'autre ses deux jambes droit vers la tête de Yanosa, qui eut tout juste le temps de se baisser pour laisser passer l'attaque au sommet de son crâne. L'assaut était passé si près qu'une fine mèche de cheveux rouge fut expédiée au sol quelques mètres plus loin, et tandis que Yuki armait une nouvelle attaque avec son tonfa, le Nukenin se redressa de toute sa hauteur, conquis par la prestation de la jeune shinobi qui lui tenait la dragée haute en terme de combat au corps-à-corps, ce qui était surprenant et ô combien exaltant à admirer pour le guerrier rouge. Mais le poids des années et l'expérience qui venait avec fit ensuite la différence, alors que le tonfa aiguisé comme une lame de rasoir et entouré d'une fine couche de chakra Fûton venait largement et profondément entailler le poitrail de Yanosa. Le coup venait d'ajouter une nouvelle cicatrice, et pas des moindres, à son impressionnante collection, laissant immédiatement jaillir une gerbe de sang d'un rouge aussi profond qu'il parut être noir.

Mais Yanosa encaissait rarement une attaque sans une bonne raison : profitant de ses deux mains libres, il agrippa l'intérieur du bras qui avait servi à l'entailler avec sa main droite, le stoppant net dans sa course, puis frappa de plein fouet la jointure du coude par en dessous avec son poing gauche. Son avantage en vitesse était encore établi, mais le Nukenin fut malgré tout surpris d'avoir à se donner à ce point à fond pour rivaliser de vitesse avec Yuki, ce flocon décidément très prometteur. Cette dernière fit alors sa plus grande démonstration, ne formant aucun mudra, en déclenchant subitement un blizzard d'une intensité surnaturelle autours des deux protagonistes restants. Yanosa sentit autours de lui l'air se sublimer, alors que sa chaleur corporelle d'ordinaire très élevée lorsqu'il déployait autant de pouvoir semblait regagner un niveau normal, voire inférieur à la normal. Il vivait dans ces montagnes et était coutumier de leur environnement assassin et cruel, mais jamais il n'avait ressenti un aussi grand froid. Malgré toute sa volonté, il le savait, il ne pouvait pas se dégager d'une emprise naturelle de cette ampleur, pas ici en tout cas, et si il avait bel et bien toujours envie de se mouvoir, ses membres ne répondaient déjà plus qu'au ralenti.

« Yuki, tu es... Extraordinaire ! Hahaaa !Formidaable ! »

Levant avec peine les deux bras au ciel, Yanosa sut que le moment était venu. Il n'avait plus rien à offrir à Yuki autre que son grand final, soigneusement préparé à l'avance, et dont il ignorait lui même si il pourrait en sortir indemne. Son regard se figea alors dans celui de la jeune fille, toujours ce sourire carnassier vissé au visage, tandis qu'un bref mudra était formé par sa main droite.

« Bonne chance, Yuki... On se revoit de l'autre côté ! »

Tout autours de la crête glacée, cette avancée naturelle qui surplombait de plusieurs centaines de mètres le niveau de la mer gelée où régnait la banquise, une série de détonations se fit alors clairement entendre, propageant un son lourd même à travers le blizzard. Ce n'était pas moins d'une trentaine de parchemins hautement explosifs que Yanosa avait placé là dès son arrivée et leur activation venait de sceller le destin de cette avancée rocheuse recouverte de glace, la faisant chuter lentement mais sûrement vers les tréfonds, draguant avec elles des tonnes de minéraux et de glace arrachées à leur île. La chute était inévitable pour tout ce qui se trouvait dans les environs, et seule la volonté de chacun allait déterminer la suite des événements.

Spoiler:

9. Trahison

Il se passa soudain une chose des plus étranges, J’entendis un son étouffé, ressemblant étrangement à une explosion et le sol se mit à trembler. Non, c’était bien une explosion. Une explosion des plus violentes même. Je ne comprends pas. Si l’adversaire possédait une technique aussi puissante capable de faire tant de bruit que ça, pourquoi ne pas l’avoir utilisé plus tôt dans le combat. Alors, je me mets à penser à Yuki, me demandant si elle est toujours envie. La perspective que peut-être, je l’avais perdu, cela me terrifiait. Je n’étais pas encore prêt psychologiquement à perdre un proche. Surtout pas elle. Les roches sur lesquelles je suis agrippé se mettent à tremble. Je comprends de moins en moins ce qui se passe et le doute s’insinue lentement dans tout mon corps. Je sens alors la roche se fissurer plus loin sur la crête. Les choses deviennent alors très claire, limpides même. Notre bon vieux nukenin avait prit soin de préparer avec malice le terrain où nous allions nous battre. Il a dû placer des parchemins explosifs sur cette partie de la montagne. A cet instant donc, la question était de savoir si nous allions nous écraser avec l’ensemble de la crête ou si celle-ci parviendrait à tenir même sous le coup de cette déflagration.

Malheureusement, la crête n’avait pas la base suffisante pour tenir contre ce genre de choc. Je sens bientôt la terre se détacher peu à peu de la structure initiale de la montagne et la gravité faire son travail. De ma place, je ne pouvais quasiment rien faire. Les chances pour que je survive à la chute se situaient entre zéro et une. J’étais vraiment fini. J’étais complètement déglingué après l’attaque du déserteur et même si j’eux le temps de me reposer, agrippé à cette crête rocheuse, je n’avais pas suffisamment récupérer. La fin de l’histoire allait donc être écrite ainsi ? J’étais donc condamné à une mort quasi-certaine ? Non ! Je m’y refusais catégoriquement. Jamais je n’aurais accepté l’idée de mourir d’une telle manière. Ma volonté et ma force pouvait faire la différence dans les situations les plus critiques, il n’y avait aucune raison pour que cela ne fonctionne pas également dans ce cas là. Je pris donc mon courage à deux mains, oubliant la douleur l’espace d’un instant et lança ma chaine plus en l’air. J’escaladais ainsi la paroi rocheuse en essayant de faire le plus vite possible avant que toute la crête ne tombe dans le vide. Malheureusement, malgré mes efforts, la crête tombe et je suis bientôt prisonnier du vide. Je me sens tomber. Je ne peux plus rien faire. Je suis acculé comme un oiseau en cage. Je ne vois cependant pas Yuki. J’ai une dernière pensée pour elle avant de sombrer dans les méandres de la perte de conscience.

Je me réveille quelques heures plus tard. Alors, je ne savais pas si j’avais dormi des jours ou bien des heures. Je ne savais même pas si j’étais au paradis ou bien encore sur terre. Ma survie paraissait si invraisemblable. Mais dame nature était de mon côté. Cependant, j’étais dans de beaux draps. J’étais sur un iceberg au beau milieu d’un lac gelé. Je me servis de mes chaines pour me ramener vers la rive et je me mis à marcher. Je cherchai des yeux un point de vue en hauteur mais tout ce que je pus trouver était une colline de neige. Je me résignai à y aller et, quand je fus au sommet, j’eus le plaisir de voir que le palais de ce cher gouverneur impotent était là, à moins de deux kilomètres au sud. Cependant, si j’y allais, il allait falloir que j’explique ce qui s’était produit. Or dans mon cas, je ne savais rien. Yuki avait-elle survécu ? Le nukenin aussi ? Que de questions sans réponse. Mais je n’étais pas un lâche et surtout, j’avais faim. Il fallait que j’aille dans ce palais. Et s’ils me rejetaient, c’était simple comme du papier à musique, je les exterminerais. Les choses sont si simples lorsqu’on sait qu’on a peut-être tout perdu dans la vie. Mais lorsqu’on survit miraculeusement à une mort certaine, on se dit que plus rien n’est proscrit. Tout devient permis. Et à cet instant, mes hôtes avaient intérêt à me permettre de me restaurer et de me nourrir.

Quelque chose d’étrange s’opéra dans ma personnalité ce jour-là. Un traumatisme, me direz-vous peut souvent engendrer des troubles du comportement. Mais dans ce cas là, c’était bien différent. Je n’avais presque plus d’état d’âme. Seul me restait l’envie de revoir Yuki. Les convenances, les politesses, je m’en moquais bien. Je me disais que si j’ai frôlé la mort de si près, c’est que je dois profiter de la vie et ne plus me laisser freiner. A partir de ce jour là, je ne m’étais plus jamais laissé embobiné par les diplomates mon seul désir était de croquer la vie à pleine dent, de faire ce qui me plaisait.

Panach avait senti le danger bien avant nous et je la voyais fuir au grand galop alors que moi-même, je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait. Je fermais les yeux ressentant les vibrations du sol s'accentuer. Non, l'attaque qu'avait lancé Sunilda ne pouvait décidément pas être aussi puissante au point de nous atteindre.
J'essayais d'entrer en contact avec mon alter-ego, mais trop tard ... Le sol se dérobait sous mes pieds en même temps que le nukenin me faisait un signe d'adieu. L'autre coté ... Non ! Pas ça.
Je sentis soudain un deuxième choc heurter le roc de pierre en train de s'effriter et ce coup-ci, je n'eus aucun doute sur sa provenance. C'était l'attaque de Sunilda.
La roche vola en éclats et lentement, nous nous mîmes tous les deux à tomber vers les profondeurs de l'océan.
Se fut presque comme-ci je volais... Il n'y avait que débris autour de nous et soudain, la vague de neige ne provoquait pas mon invocation nous atteignit. Nous happant d'une façon que je n'avais pas prévus, nous voilà à présent mêlait dans un amas de pierres et de neige en énorme quantité et en contrebas, l'océan.
Le choc fut terrible et la masse que nous avions emporté avec nous brisa la glace qui commençait à border la falaise.
L'eau était glacial et je glissais à l'intérieur, essayant de me dégager par tous les moyens du reste de la coulée. Il fallait absolument que je sorte de là. Je ne sais pas ce qui me donna la force de battre des pieds, mais je me dégageais rapidement de là et je sortais enfin ma tête de l'eau.
L'océan était démonté et me rapprochait à grand coup de vague vers les débris qui s'enfonçait petit à petit dans les profondeurs. C'était ma chance, m'en rapprochant rapidement, je me hissais sur l'imposant bloc rocheux qui était en train de couler. Je grimpais dessus et j'activais immédiatement le Suimen pour rester à flot. L'air me fouetta le visage et me gela jusqu'au sang. Qu'elle merveilleuse idée de prendre un bain par -20° Autant retourner dans l'eau, il y faisait plus chaud ... Soudain, j'entendis un bruit de chute non loin de moi, immédiatement suivit d'un rugissement assourdissant. C'était Sunilda.
Je n'hésitais pas une seule seconde à ce moment-là et je sautais une nouvelle fois dans l'eau pour la rejoindre, grimpant alors sur son dos :

"Sunilda ! Trouvez-les !!!"

Je parlais bien sûr du Nukenin et de Yusuke.
Je sentis l'ourse se concentrer alors qu'elle continuer à battre l'eau de ses puissantes pattes pour rester en surface et que je me resserrais contre son cou et sa chaleur pour tenter de me réchauffer. Soudain, elle prit la parole :

"Le shinobi de Kiri est en train de sombrer dans les profondeurs. Il est en vie, mais très faible. Le Nukenin n'est pas loin. En vie, lui aussi, mais faible également."

Je soufflais un bon cou de soulagement et je levais doucement les yeux vers le ciel, plus précisément vers la falaise qui avait perdu un morceau de son corps. Il me fallait faire vite. Yusuke n'était pas tiré d'affaire. Je cherchais alors du sang. Pas bien dur à trouver, j'en étais couverte avec tous les éclats que j'avais reçus.
Je traçais alors un long trait sur mon bras inutilisable suite à l'attaque du déserteur et quelques secondes après, un ours blanc apparut alors devant nous.
Je me rattachais fermement au cou de Sunilda et lui lançais :

"Falco ! Retrouve Yusuke et met le en sureté ! Réchauffe-le avant de disparaitre ! Je ne veux pas qu'il meure de froid !!! Il saura retrouver son chemin !"

Puis tapotant le flanc de Sunilda, je m'exclamais :

"Et maintenant allons finir le boulot !"

Lentement, mais surement, nous nous dirigeâmes vers l'endroit ou se trouvait l'homme au cheveux rouge.

HRP:

Tous ses membres à la fois congelés par le blizzard et bouillonnant de douleur suite à l'usage de la quatrième Porte Céleste, Yanosa trouva la force d'ajouter une touche de dramaturgie en écartant les bras vers le haut, accueillant avec un plaisir non dissimulé le chaos qu'il venait de générer. Toute la crête était en train de s’effondrer dans un maelström de roche et de glace, et un événement imprévu vint ajouter encore davantage de confusion à la scène. Au loin, une secousse retentit, un tremblement que Yanosa parvint à ressentir malgré le fait que le « sol » sur lequel il se tenait n'était plus vraiment solidaire de l'île de Yuki. Et tandis que le regard du Nukenin penchait vers l'arrière à mesure que la roche cédait et que la gravité faisait son effet, il put apercevoir du coin de l’œil une masse impressionnante de neige se diriger droit vers eux. Une avalanche en bonne et due forme... Que demander de mieux, se demanda le jashiniste déjà en pleine chute. La neige fondant sur lui et sur la jeune kirijin, il se demanda si le phénomène avait quoi que ce soit à voir avec le départ supposé de l'animal, un peu plus tôt. Le rapport n'était pas flagrant mais à moins d'une coïncidence effarante, le guerrier rouge ne voyait pas comment une telle descente de neige avait pu être provoquée.

Mais tout cela n'avait plus vraiment d'importance. Il n'avait certes pas pu maîtriser l'affrontement contre Yuki et son compagnon et par voie de conséquence, n'avait pas pu leur imposer ses convictions par la force. Mais en faisant appel à ses capacités les plus enfouies, il avait pu malgré tout faire vaciller l'équilibre ténu qui existait entre les deux jeunes gens qu'il avait affronté. Il doutait que le jeune homme se soit laissé vaincre aussi aisément et était convaincu qu'il était encore en vie, malgré ses blessures. Yuki quant à elle, il devait se l'avouer, s'en tirait plutôt bien. En plein cœur du maelström de débris et de neige qui l'emportait inexorablement vers la banquise déjà brisée par les premiers rochers, Yanosa se dit que la jeune fille aurait peut-être mérité mieux... Peut-être, se disait-il, aurait-ce été la peine de déployer encore plus largement ses pouvoirs pour montrer à la kirijin toutes l'étendue de son ignorance. Mais son heure viendrait. Cette chute qui l'attendait, elle en réchapperait, c'était une évidence, et elle reviendrait pour lui.

Car non, tout conscient qu'il était, anticipant au mieux son « atterrissage » en faisant en sorte de rester au dessus des débris les plus gros et les plus dangereux, Yanosa le savait, il n'aurait pas les forces nécessaires pour se replier vers son repaire, et encore moins discrètement. Ses muscles avaient trop soufferts, sans doute à cause de l'état de fatigue lancinante dans lequel il se trouvait même avant le début de leur rencontre, et le Nukenin était à présent à peine capable de se mouvoir, se glissant tant bien que mal entre des pans de glace et luttant péniblement contre la force naturelle de l'avalanche qui lui roulait littéralement dessus. Inévitablement, la chute intervint assez vite, son corps lourd et massif arrachant un bruit sourd à la couche de neige et d'eau glacée qui venait sans doute de lui épargner la tétraplégie. Sonné mais pas pour autant inconscient, Yanosa eut de la peine à garder les yeux ouverts. Le calme était revenu promptement après que toute la crête se fut disloquée, et même si la douleur intense qui le parcourait lui apportait le soulagement et la satisfaction d'être toujours en vie, toute la volonté du monde n'aurait su le remettre debout, ne serait-ce que pour marcher.

Non loin, des mouvements. Une silhouette pataude, chevauchée par une silhouette pour le moins familière s'approchèrent. Gardant les yeux figés vers le ciel, Yanosa lâcha alors quelques mots d'une voix à la fois enjouée et fatiguée.

« Haaaaa... Yuki... Je sais pas ce que t'en penses mais.... Ça fait du bien d'être vivant. Ça fait mal d'être vivant... Mais c'est comme ça. »

Marquant une pause, il reprit aussitôt.

« Alors, quel sort me réserves-tu Yuki... »

Je m'avançais le visage fermé, le faciès dur vers le Nukenin. Sunilda eut un peu de mal à grimper sur le petit amas de terre, mais arrivée devant lui, elle le regarda en grognant sourdement. Je descendais alors de son dos, les muscles lourds, mais je me tenais prête en cas de problème. Voyant qu'il était tout bonnement incapable de bouger, je m'avançais vers lui et m'agenouiller à ses côtés avant de me saisir d'un kunaï.
J'étais prête à le tuer à cet instant présent. Mon regard n'était que haine, malveillance, désir de le faire souffrir. Pourtant, je plantais fermement, mais surement mon Kunaï à droit de son visage, à un centimètre de son visage, dans un mouvement rapide :

"La mort ... Tu la mériterais amplement ..."

Je laisse mon regard haineux se plonger dans ses pupilles bleutées avant de reprendre mon souffle. Je pousse un long et lent soupir avant de reprendre ma respiration. Je lui en veux tellement de ce qu'il, nous à fait subir. Savoir que Yusuke est en vie me rassure, mais je ne sais même pas dans quel état je vais le retrouver après l'assaut qu'il a subi. C'est moi qui l'ai entraîné dans ce merdier. Tout est entièrement ma faute, il est temps de réparer mes erreurs maintenant, en espérant que je sois assez forte pour ça :

"Je vais te ramener au palais du gouverneur de Yuki no Kuni. Tu y seras écroué ! Nous ne soignerons, mais tu seras notre prisonnier !"

Je laissais un peu de temps au nukenin pour assimiler mes paroles avant de poursuivre :

"Lorsque tu seras en état de voyager ! Tu seras envoyé à Mizu no Kuni pour rencontrer la section interrogatoire du Misuto ! Ce ne sont pas des rigolos ! À moins que tu acceptes de te soumettre sagement !"

Je ne laissais aucune place au mystère de ce qui allait se passer pour lui, et même si cette idée me répugnait, connaissant à connaître la psychologie de cet homme, je savais qu'il s'en réjouirait :

"Tu vas enfin pouvoir entrer au pays de l'eau ... Tu seras content, j'en suppose ..."

Je rapprochais soudainement mon visage du siens, le saisissant alors fermement par le haut de son gilet, mon visage à quelques centimètres du siens :

"Par contre prie, ton dieu pour que Yusuke s'en sorte, car s'il devait lui arriver malheur ce n'est pas le courroux de ton dieu que tu devras craindre ! Mais le mien !"

Comme il l'avait supposé au départ, Yanosa put constater que la furie de la jeune kirijin n'était pas encore tout à fait retomber. Elle avait pour elle le fait de pouvoir se mouvoir, ce qui était un atout non négligeable lorsque vous vouliez passer vos nerfs sur quelqu'un. Le Nukenin se prépara donc presque solennellement à recevoir quelques coups supplémentaires, voire à laisse quelques décilitres de sang de plus s'écouler de son corps esquinté, certain que Yuki ne saurait refréner de telles pulsions vengeresses tout à fait à propos. Après tout, c'était vers lui qu'elle se dirigeait, et aucun signe de son compagnon dans les environs. Il était peut-être mort, après tout... Même s'il en doutait, Yanosa se dit alors que Yuki pouvait tout à fait le croire en tout cas, et il se prépara avec une joie non dissimulée à accueillir toute la rage qu'avait accumulé la jeune fille. Et pas seulement celle qui était liée à ce combat... Mais finalement, seul un Kunai glacé lui parvint. L'arme se ficha à quelques millimètres de son visage, lui arrachant presque un soubresaut relique de ses réflexes pour le moment incapables de prendre le relais, tandis que Yuki s'agenouillait près de lui, furieuse malgré tout.

Tout en restant contenue, presque protocolaire, la jeune fille fit alors défiler les étapes qui constitueraient, d'après elle, le futur proche et moins proche du jashiniste à sa merci. Un petit séjour à Yuki, puis des semaines d'interrogatoire musclé et vide de sens au Pays de la Brume ? Pourquoi pas ! Que son état lui ait permis de décider de son avenir immédiat ou pas, Yanosa était pour ainsi dire ouvert à toutes les propositions, conscient que c'était Jashin qui, en réalité, tissait sa route et lui offrait les opportunités et occasions dont il avait besoin. Voyager sur le continent lui aurait sis davantage malgré tout, l'eau, la mer et l'humidité en général commençant doucement à lui monter au nez, mais la prise de décision n'était plus réellement entre ses mains, du moins pour l'instant. Rendant son regard vengeur à Yuki en lui adressant un simple sourire de circonstance, le Nukenin lui répondit alors, sans bouger ni même tenter de se dégager de l'emprise de la jeune kirijin sur son gilet abîmé mais toujours en un seul morceau.

« On ne craint que ce qu'on ne connaît pas Yuki. Regarde-moi. Regarde-moi bien. Est-ce que la torture, la souffrance ou la douleur me semblent étrangères ? dit-il en désignant vaguement du menton les nombreuses et profondes cicatrices qui jalonnaient tout son corps et par dessus lesquelles sont sang coulait désormais.

Tu sais, c'est tout à ton honneur de conserver cette part de... de naïveté, de candeur. Tu es jeune après tout, c'est normal... Mais que devait-il arriver si ton homme n'en réchappait pas la prochaine fois, hm ? Auras-tu la force de ne pas céder aux sirènes de la retenue et du protocole ? De châtier, de punir le vice, de le prendre à la racine pour que jamais il ne refasse surface ? »

Yanosa laissa alors mollement sa tête se reposer en arrière, dans le vide, et ferma momentanément les yeux. Il ne les rouvrit que pour prononcer ces derniers mots, envoyant son bras droit s'enrouler autours du dos menu de Yuki pour y prendre appui.

« Allez, allons-y... Toi comme moi n'avons pas que ça à faire... »

Mon regard se ferma entièrement lorsque j'entendis les dernières paroles du nukenin. J'avais déjà répondu à ces questions, mais il ne semblait pas avoir compris ce que j'avais dit. Étais-ce nécessaire que je lui rappelle ce que je venais de dire ? Peut-être oui, pour qu'il assimile bien ce que j'avais dit. Je lui parlais alors sombrement d'une voix qu'il laissait clairement présager que je ne rigolais pas et qu'il ne fallait pas me prendre à la légère :

"Je t'ai dit ... Si jamais tu recommences à t'en prendre à mes proches, à mes amis, à une personne qui compte pour moi ! Le courroux de ton dieu ne sera qu'une caresse par rapport à ce que je te ferais subir ! Tu ne mourras pas s'en douleur, je peux te l'assurer !"

J'avais envie de le cogner. C'était certain, mais je ne pouvais pas frapper un homme incapable de se défendre, et cela, malgré toute la colère que je ressentais à son encontre. C'était contraire à mes principaux moraux.
Lorsqu'il se redressa pour s'accrocher à mon cou, je fis la grimace et Sunilda se rapprocha subitement en poussant un grognement menaçant, sa tête à quelques centimètres de celle du nukenin. Elle était en colère de le voir si proche de moi et je pouvais comprendre cela. Malgré tout, je me saisis de la main qu'il avait autour de mes épaules de mon bras valide et je me redressais tout doucement en le trainant devant moi. Sunilda se coucha d'instinct et je l'allongeais sur sa fourrure humide à la base de son cou alors que moi-même je grimpais sur son dos juste derrière le nukenin.
Nous allions rentrer au palais du gouverneur à présent et je m'empressais de demander à Sunilda des nouvelles de Falco avec qui je savais qu'elle pouvait communiquer par la pensée :

"Yusuke ?"

Elle grogna une nouvelle fois faiblement en me répondant :

"Falco l'a retrouvé ! Il est à ses côtés pour le réchauffer. Il respire faiblement, mais ça va. Il l'a hissé sur un petit monticule de glace flottante qui dérive non loin des côtés, il est en sécurité-là bas !"

Je poussais négligemment un soupir de soulagement tout en posa ma main sur l'épaule du nukenin pour le tenir en place. Ce qu'il avait essayé de faire avait au moins échoué en partie. Je frémis lorsqu'une brise vint se frotter contre mon visage humide et demandait alors :

"Rentrons en vitesse pour pouvoir retourner le chercher au plus vite ! Même si Falco est là, la température est glaciale ! Il ne tiendra pas longtemps !"

Pourquoi faisais-je passer l'individu couché devant moi avant mon âme sœur ? Je n'en savais rien. Mon sens du devoir sans aucun doute. Mais j'étais pressée de m'assurer que mon épéiste allait bien et mon invocation avait bien compris cela. Sans plus attendre, elle s'élança une nouvelle fois dans les flots, ses larges pattes fendant l'écume pour se diriger vers le bout de la falaise où elle pourrait facilement rejoindre la terre ferme. Le vent n'aidait pas notre progression et la rendait même dangereuse, mais Sunilda avait toutes les capacités et la force nécessaire pour nous ramener à bon port.
Il nous faudrait encore une deux heures de route avant de regagner le palais ou séjournait Kakeshuou et je n'en démordais pas dans ma hargne. Le voyage touchait à sa fin alors que j'apercevais la bâtisse au loin et j'avisais rapidement l'un des gardes de ce dernier d'un mouvement de tête. Il n'était pas difficile de deviner que j'avais besoin d'aide. Le visage et le bras dégoulinant de sang, j'attendis que les hommes arrivent jusqu'à moi et je leur désignais le nukenin :

"Mettez cet homme en prison, mais ne lui faites aucun mal ! Traitez-le dignement ! Prévenez le gouverneur de son arrivé, peut être voudra-t-il l'interroger ! Je lui ferais mon rapport dans la soirée !"

J'attendis que les gardes s'exécutent avant de faire demi-tour. Il était temps pour moi de retrouver Yusuke, mais je fus arrêté à l'entrée même du château par l'un des gardes qui me donna une couverture et m'informa d'une voix morne :

"Nous avons vue votre jument revenir en panique il y a un moment déjà ! Avez-vous besoin d'aide ?"

Je lui fis un geste négatif de la tête avant de repartir le plus rapidement possible. Je devais absolument retrouver Yusuke.
Par chance, je n'eus pas grand chemin faire. À peine avais-je quitté le palais que Sunilda me signala la présence de Yusuke non loin. Il avait donc survécu. Je ne pus cacher à cet instant précis le sentiment d'allégresse qui m'envahit. Il était vivant.
Mon ourse se lança dans sa direction et moins de dix minutes plus tard, je vis sa silhouette se profiler à l'horizon. N'y d'une, n'y de deux, je sautais à terre et me précipiter dans sa direction, le serrant dans mes bras sans vraiment faire attention à ses blessures. Nous étions tous les deux dans un sale état ... Du moins, lui beaucoup plus que moi, j'étais plus sale qu'autre chose.
Des larmes coulaient le long de mes joues alors que je me confondais en excuse, le visage enfouit contre sa tunique :

"Je suis désolée tout est de ma faute !"

Puis redressant le visage, je voyais sa grimace. Je lui avais fait mal. Je desserrais immédiatement mon étreinte, mes mains allant examiner son visage, puis son bras alors que je continuais à sangloter. Je n'en perdais pas mon sens des priorités :

"On va rentre de suite ! Il te faut des soins !"

Sunilda s'approcha alors de nous et se coucha, prête à repartir pour nous ramener vers l'immense bâtisse. J'aidais alors doucement le jeune homme à grimper sur son dos et enveloppais dans la couverture que j'avais en me glissant derrière lui, mes mains se joignant aux siennes. J'étais tellement rassuré de le voir vivant même si ce n'était pas forcément en très bon état.

HRP:

Bon gré mal gré, Yuki n'eut guère d'autre choix que d'accepter, au moins temporairement, de soutenir le Nukenin jusqu'à sa monture, un ours imposant qui ne se priva pas de manifester son mécontentement lorsque Yanosa posa son bras sur la jeune fille. Une promiscuité éphémère et nécessaire qui arrachait toujours plus de douleurs au jashiniste, dont toutes les terminaisons nerveuses étaient en feu à l'heure qu'il était. Yuki le traîna ensuite avec fermeté et une pointe d'attention jusque sur le dos dudit ours, le plaçant à califourchon sur l'énorme bête poilue, heureusement obéissante, qui n'aurait autrement sans doute pas résisté à l'envie de croquer dans la chair meurtrie de Yanosa. La situation était quelque peu ubuesque, tandis que le trio se mettait en route vers les terres, le guerrier rouge ne pouvant se défaire de son sourire alors que sa geôlière et sa monture refrénaient avec plus ou moins de difficulté une envie pressante de passer le jeune homme à tabac. Des pulsions que Yanosa percevait distinctement et qui l'amusaient, symboles des contradictions qui habitaient parfois les Hommes et qui, en d'autres circonstances, pouvaient causer bien des tords à sa propre espèce. Un jour, peut-être, parviendrait-il à trouver l'âme qui pourrait l'épauler dans sa tâche, esseulé qu'il était depuis maintenant des années. Peut-être Yuki était-elle cette personne, mais avait-elle encore besoin de grandir et de s'ouvrir aux vérités de ce monde... Tant de possibilités, et le voilà qui était incapable de bouger...

Le voyage jusqu'au palais fut relativement agité, le vent glacial soufflant de côté et perturbant l'avancée du mammifère transportant les deux protagonistes, mais l'ours avait de la ressource et parvint à bon port sans difficulté particulière. Yanosa sentait au bout de ses doigts gelés quelques picotis, synonymes de nerfs retournés à leur état normal mais engourdis par le froid. Ses forces lui revenaient peu à peu, reposé qu'il était sur la créature de Yuki, mais pas assez vite pour qu'il espère s'échapper à ce stade. Aux abords du palais, la jeune kirijin se déchargea alors de son fardeau, toujours le bon mot sur le bout des lèvres. Le traiter dignement ? Encore une marque de civilité superflue, à l'encontre de celui qui avait bien failli assassiner son compagnon... Mais que pensait-elle ? Ne savait-elle pas que les gardes, par définition, dans tous les pays du monde connu, n'avait cure de recevoir des ordres de ce genre ? Les hommes en charge de gérer les prisons, quels qu'ils soient, ne rataient jamais une occasion d'exprimer leurs frustrations et d'utiliser le pouvoir officieux qui était entre leurs mains pour torturer et maltraiter leurs prisonniers, et ce n'était certainement pas au Pays de la Neige que la règle trouverait une exception.

« Haha... Hahahaaaaa ! Oui, c'est cela messieurs, traitez-moi dignement..., lâcha-t-il alors qu'il venait d'être pris en charge et que Yuki lui tournait à peine le dos.

La dignité, ça fait bien longtemps que ce monde en est presque totalement privé... » rajouta-t-il à voix basse, deux gorilles du palais le traînant nonchalamment vers une contre-allée sur la droite.

Son séjour dans les prisons de Yukigakure allait commencer et pour autant, Yanosa arborait toujours ce léger sourire en coin. Quelque chose en ces lieux l'avait attiré ici, et Jashin l'y avait précipité... Quant à savoir pourquoi, le mystère restait entier, ce qui ne priva pas le Nukenin d'être plein d’allégresse.

Spoiler:

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