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Ce n'était pas le genre de journée qui allait très bien avec ma personnalité. Un soleil plombant dominait le ciel du village, il faisait chaud, trop chaud pour un printemps. Je sortis donc de mon petit appartement fraîchement peinturé avec mes nouveaux habits style ninja. J'avais l'air d'un con là-dedans, à mon âge, on ne porte plus ce genre de chose. Même si je détestais être habillé en ninja, j'étais particulièrement fier d'enfin arboré le logo d'un village sur mon bras. Il est aussi à noter que je me déplaçai toujours avec une grande canne de bois que j'avais sculpté moi-même dans l'un de mes précédents voyages. Il n'y a rien de mieux pour déstabiliser son adversaire que de lui faire croire que votre dos vous fait constamment souffrir. La démarche que j'adoptai donc était celle d'un vieil homme à l'ossature souffrante qui était capable de se débrouiller en combat avec autre chose qu'un enchaînement rapide au corps à corps.

Je ne connaissais personne à Suna et comme de fait personne ne m'adressait la parole. Mais bon, ça ne représentait pas tellement un problème pour un homme dans mon genre qui avait passé sa vie en solitaire. Pourtant, je m'attendais à un accueil plus chaleureux des sunajins, après tout, j'étais là pour défendre leur village et non pour jouer au casino comme j'en avais l'habitude auparavant. Au croisement de deux rues, j'aperçu un charmant petit restaurant, une jeune demoiselle à la jupe trop courte à mon goût y faisait le service. Séduit par l'odeur, je décidai d'y pénétrer pour déguster un petit bol de nouilles aux œufs. Elle me sourit de manière naïve en détournant rapidement son regard pour s'adresser à un autre client. Après un feuilletage rapide du menu, je fis mon choix, assez simple, mais délicieux.

« — Mam'selle, je vais y aller avec les nouilles aux œufs, mais pas trop d’œufs, ça me fait mal digérer... »

Ce que je venais de dire était assez contradictoire, mais c'est avec l'âge que l'on comprend ce qui est trop et ce qui n'est pas assez. C'est à ce moment qu'un jeunot dans la vingtaine vint s’asseoir à mes côtés, la serveuse vint tout de suite le voir en lui adressant un sourire amicale, un sourire bien différent que celui qui m'avait été offert quelques minutes plus tôt. Mon plat arriva très rapidement, avec comment dire... juste assez d’œufs? J'enfilai rapidement les bouchés en lâchant parfois des regards sombres à mon jeune voisin qui faisait énormément de bruit en avalant son sandwich. C'était tellement désagréable, tellement mal élevé, ça me déplaisait et quand ça me déplaît je le fais savoir, je ne veux pas d'une jeunesse décadente.

« — Vous savez que vous faites un capharnaüm incroyable seulement en mangeant votre petit sandwich? J'espère que vous ne serez jamais reçu à dîner par le Daimyō du pays, parce que ça ferait mal à votre orgueil. Allons, n'en faisons pas tout un plat et arrête de mastiquer comme un cheval tu veux bien? » lui dis-je avec un sourire qui trahissait mon désaccord.

Le jeune homme paru très étonné de ma remarque et me fixa longuement avant d'empoigner mon bol de soupe de sa main droite pour l'envoyer valser sur le sol. Il n'aurait pas dû faire ça...

« — Ça vous va maintenant? Vous n'aurez plus à m'entendre m'astiquer parce que vous avez terminé votre repas. Allez, bonne journée. »

L'imbécile, il m'avait offusqué et même si mes talents de ninjas étaient limités, je n'aurais aucuns problèmes à massacrer cet idiot. À noter que par massacrer, j'entends bien lui faire mordre la poussière et ravaler ses paroles, sans plus. J'empoignai donc d'une main experte mon bâton de bois pour lui acheminer un coup très direct aux abdominaux ce qui eu pour effet de le faire renverser de son siège. Ce qu'il y avait de génial avec ce bâton, c'est qu'il était en forme de Y et que son bout me permettait d'étrangler légèrement mes adversaires. J'enfonçai donc mon bâton dans le sable, ses deux extrémités étaient disposées de part et d'autre du coup du jeune homme.

« — Allez mon gros, ravale tes paroles ou j'appuis plus fort! »

Tout une scène d'action, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu à agir de la sorte. Le problème, c'est que pendant mon petit combat, la serveuse dévergondé s'était empressé d'aller avertir un autre ninja pour mettre fin à mon altercation. J'entendis donc quelqu'un entrer dans le restaurant, cette même personne s'exclama pour me demander ce que je faisais là. Eh merde, à peine commencé mon boulot de ninjas que j'ai déjà les pieds dans les pâtes aux œufs.

Une bête, est par définiton : « Tout être vivant à l'exception de l'homme. » Eh bien ce que j'ai devant moi, ce n'est pas une bête, mais c'est presque comme ci. À peine après avoir pris un peu de plaisir à faire ravaler sa salive au jeune homme qui mangeait bruyamment, un colosse à la musculature d'acier et à la tronche de cheval fit son apparition dans le petit restaurant. Sa tête n'était pas loin du plafond, son corps n'était visiblement pas adapté à l'endroit. Le problème, c'est que c'était un ninja, il portait les armoiries du village et c'était très embêtant pour moi. Comment est-ce que j'allais être capable d'expliquer mes actions? Elles n'étaient pas vraiment justifiable, j'aurais dû employer la diplomatie pour me faire comprendre par cette ingrate jeunesse.

Rapidement, le colosse m'empoigna par les vêtements et fit de même avec l'étranglé. Impossible de me défaire de cette emprise, la poigne de cette homme était légendaire, avais-je à faire à un ninja légendaire? Surement pas, mais probablement à un vétéran du village qui s'entraîne depuis longtemps pour parfaire sa musculature. Qu'allait-il faire de nous à présent? Nous manger, cet homme avait l'air d'un cannibale. Plutôt que d'adhérer à cette pratique très peu urbaine, il nous déposa simplement sur le sol avec très peu de tendresse pour nous dire de déguerpir. C'est tout? Je m'attendais à plus, mais je ne m'en plaindrai pas. Cependant, mon esprit est intrigué par mon interlocuteur, un ninja si puissant avec un pardon si rapide? Étrange. Évidemment, j'étais le seul à me questionner là-dessus puisque le jeune homme avait déguerpi en trois secondes.

Sans même m'accorder la moindre attention supplémentaire, la brute prit la direction du restaurant. Il était tellement grand que ses pas faisaient résonner le sol, un phénomène humain. Étant un homme très curieux - voir trop curieux - je pris la direction du restaurant pour m’asseoir à ses côtés. Il prenait deux places de large et respirait avec férocité. Je m'assis donc à ses côtés pour le regarder droit dans les yeux. Oui, il pouvait me broyer d'une seule main, oui je ne tiendrais pas une minute contre lui en combat, mais non je n'avais pas peur de lui adresser la parole. Après, tout il était mon frère d'arme? Toutefois, avant de commencer à parler, je déposai un généreux pourboire sur la table pour faire taire la serveuse osée.

« — Désoler de vous déranger, mais vous m'intriguez. Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un homme de votre taille. Je suis nouveau au village et je suis au même titre que vous, ninja. La situation de Suna à travers le monde et au sein de ses frontières m'intrigue. Je n'ai eu droit à aucunes explications lors de la remise de mon bandeau. J'aimerais savoir ce qui se passe dans le village et ailleurs, vous me semblez une personne toute désignée pour répondre à mes questions. »

D'un côté, j'allais en savoir plus sur la situation de Suna extra et intra frontières et j'allais embêter ce nigaud. Eh oui, j'ai bien dis ce nigaud. Pour moi, un gros homme fort ne peut pas être intelligent, il faut savoir choisir ses qualités! J'ai toujours adorer mettre du piquant dans les conversations, c'est un des petits plaisirs de la vie, ça et les pâtes aux œufs.