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Rendez-vous dans les terres du pays, à quelques kilomètres de la mer, vers l'ouest. Là, vous trouverez, normalement, un mystérieux homme. Dites lui que vous êtes de Kiri et il vous remettra un parchemin. Ramenez le parchemin au village. Il ne doit rien arriver au parchemin, vous ne devez pas lire parchemin.

L’Ouest. Une destination peu banale sur cette île. Il est vrai que la plupart des troubles qui ont lieu sur l’île de l’Eau se localisent dans l’ensemble au Sud. Pourquoi ? Aucune raison apparente. Certainement une simple coïncide. En tout cas rien qui ne soit lié aux troubles sociaux, aux difficultés économiques et à une concentration relativement importante de fous, de désaxés et de dangereux alcooliques. Ayant fait, il y a peu, une mission dans cette région, notre Genin était bien à jour sur ce genre d’informations. En revanche, l’Ouest, avec ses intervalles boisés et de plaines, fournissait au paysagiste un lieu tranquille, paisible et agréable. Un endroit idéal pour une mission. Mais c’était une chose peu importante lorsque le devoir compte avant tout. Sans s’attarder sur le paysage, notre Genin à la Crinière de Lion s’était élancé vers les plaines, ignorant tout sur son passage, dans le seul et unique but d’attendre le lieu de rendez-vous. Après avoir reçu son ordre de mission, la curiosité et l’impatience d’une mission qui pourrait certainement lui apporter quelque distraction n’était pas à ignorer.
Kakeshuou Samui avait été informé que, pour cette mission, une fois de plus, il serait accompagné d’un partenaire du village. Cette nouvelle, qui jusque là l’avait transformé au seuil de la rage, ne lui fit ni chaud ni froid. Il avait récemment accompli sa mission avec un membre du clan le plus haï de tous les temps : une Kaguya. S’il était capable de cela, il y arriverait bien avec un complet inconnu.

L’objectif était, cette fois, de protéger des informations. La rencontre avec un « homme mystérieux », comme l’indiquait la mission, permettrait au duo du village de recevoir un parchemin à rapporter au village. De quoi pouvait-il s’agit, une chose de clair : les deux hommes avaient pour ordre de ne PAS ouvrir ce document, et d’en ignorer le contenu. Par son expérience, notre quinquagénaire avait une bonne idée de ce qui pouvait figurer dans ce genre de document. Ayant été, par le passé, plus haut gradé, il avait été de ceux qui avaient reçu ces dossiers en mains propres de la part de Genin, et avait pris connaissance des informations. Cette mission ne faisait que lui rappeler sa rétrogradation ; passons, ce n’était pas le moment de s’énerver.
Arrivant à une bourgade, notre soldat prit le temps d’une halte, histoire de se désaltérer et de souffler un peu. Il avait fait la traversée d’une traite, sur un pas énergique, voire militaire. Si la mission à venir, malgré son rang, était faite de danger, il paraissait nécessaire de disposer de tous ses moyens avant de passer à la partie pratique. Buvant un coup, prenant son temps pour aller au centre du hameau, l’ancien observait les lieux. Quelques cabanons, dans un état lamentable ; rien de bien alarmant. Mais l’endroit était lugubre ; pas de quoi attirer des touristes … .
S’approchant d’un vieillard, il était nécessaire de connaître la direction de la plage. L’homme était recroquevillé sur son corps, muet, sa tête dissimulée par un fétu de paille, son corps par des loques de tissus. Un vrai clochard, avec l’âge qui laissait dépérir le tout. Le ton méprisant, voire indifférent à la situation sociale du loqueteux, Kakeshuou tentait d’obtenir les informations qui lui seraient indispensables.

~ Hé, l’ancien ! La direction vers la plage, s’il te plaît … .

Le « s’il te plaît » était davantage d’une convention qu’une marque de respect. Le tabassage pouvait toujours être appliqué en cas d’urgence. Le miséreux, soulevant ce qui lui restait de bras, indiquait le nord-ouest. Sans un mot, le bras se replia sous la tunique froissée, comme si être touché par le soleil risquait de le laver. Sans un mot, sans un bruit, voila notre Samui informé. Crachant sur le côté, ne prêtant plus attention à ce déchet de la société, Kakeshuou observait les environs.
Et son collègue ? Quand arriverait-il ?

Kakeshuou Samui n’avait finalement pas eu à attendre bien longtemps. Bien qu’il ait déjà engagé la conversation avec un vieillard, le quinquagénaire était quand même soulagé de retrouver son partenaire. Enfin … soulagé … façon de parler, naturellement ! Pour notre vieux briscard, cette mission prenait des allures de baby-sitting ! Mais comment pouvait-on s’attendre à autre chose, étant donné son expérience et le niveau pitoyable des nouvelles recrues ?
Se contentant d’un signe de tête pour confirmer son identité, le Genin gardait son attention sur le vieillard. Pour lui, une seule priorité : trouver au plus tôt ce parchemin pour le rapporter au village. Faire les présentations, son C.V. et ce qu’on a bouffé au midi n’a absolument aucun intérêt. Il n’hésitait donc pas à tourner le dos au gringalet, sans vraiment y prêter attention. En fin de compte, on pouvait se demander pourquoi tant de monde était déployé. Des informations supplémentaires sur ce colis, peut-être … ?

~ Alors, l’ancien ! Cette plage, elle est où ?!
~ Vous recherchez la plage … ? Vous … venez du Village ninja … ?

Tiens ! Quelle surprise. Malgré son aspect rabougri et ridicule, ce vieillard recroquevillé sur sa position serait au courant de quelque chose ? Intéressant … . Ayant bien entendu cette remarque, notre Lion des Neiges se retint de tout mouvement. Notre homme était méfiant ; son expérience lui avait dit de loin qu’il était de bon ton de se méfier. Que pouvait bien vouloir ce nabot ? Ce n’était tout de même pas le commanditaire ?! Calme, réfléchi, Kakeshuou Samui marquait un pas de recul afin d’avoir un meilleur aperçu de ce mystérieux interlocuteur … et des environs par la même occasion.
Il s’adressa à lui sur un ton froid ; presque méprisant. Mais soyons honnête. Maintenant qu’il observait cet ancêtre, la mission ne lui disait plus rien. Plus qu’à espérer qu’il n’aurait pas à pousser la question trop loin. Sinon … ce serait la Question qui lui ferait obtenir ses réponses.

~ Nous avons été envoyés par le village pour une mission. Vous êtes le commanditaire ?

Une question simple ; mais à laquelle la réponse se faisait tardive. Ayant bien entendu, l’ancien avait un moment fait preuve de surprise, voire de soulagement. Et peu à peu, il s’était retranché sur son propre corps, comme pour se mettre à l’abri du vent. Était-il en pleine phase de régression ?? S’il descendait plus bas, cela relèverait soit d’un Doton, soit d’un retour à l’état fœtal. Malheureusement pour lui, si le deuxième compère était d’humeur patiente, ce n’était pas le cas de l’ancien Chuunin ! Et il tenait maintenant à le faire comprendre !
Avançant de quelques pas, il se tenait prêt à brutaliser l’ancêtre. Mais un mouvement de bras – ou tout du moins ce qui ressemblait à un bras – et une interjection de la part du misérable vinrent changer la situation. En quelques secondes, plusieurs silhouettes à l’allure misérable mais légèrement armés se présentaient autour de la scène, et encerclaient le trio. Bien que le profil montrait celui de paysans et de pêcheurs locaux, pauvres bouseux incapables de se battre correctement, il ne fallait pas pour autant sous-estimer la détermination d’un homme ainsi que les outils qu’il emploie. En ce sens, Kakeshuou avait repris deux pas de recul pour se retrouver au centre du cercle, ayant ainsi un bon visuel d’ensemble. Le grand-père se mettait enfin en action, se redressant sur ses jambes. Il quittait donc cette petitesse pour … un mètre trente tout trempé et debout. Un vrai désastre. Pourtant, sa voix était maintenant plus rauque et lourde.

~ Comprenez bien que nous sommes désolés. Mais nous devons vérifier que vous n'êtes pas n’importe qui … .

Vous êtes sérieux ? Des combattants ? C’était une mauvaise plaisanterie ; il faudrait moins de cinq minutes pour bousculer ces gens et se débarrasser d’eux. Encore que certains seraient certainement plus redoutables que prévu. Bref, il allait falloir combattre. Et le membre du Clan Samui avait hâte. Mais il savait qu’il serait nécessaire de faire preuve de retenue. Après tout, ce n’était pas des combattants, et malgré leurs ardeurs, ils restaient des civils. Le Lion des Neiges se rapprocha de son acolyte.

~ A neutraliser en douceur. Inutile de faire des morts dans un village de pêcheurs ; même si c’est eux qui nous agressent. Montrons juste notre supériorité au combat, ca devrait faire l’affaire … .

Aizen n'en revenait pas ses yeux, non seulement ce type s'était permis de ne pas l'attendre pour débuter la mission, mais il se permettait également de presque l'ignorer quand il le vit arriver et lui parler tandis qu'il s'approchait de lui. Il ne savait sans doute pas que tourner le dos à une personne qui est en train de lui parler est quelque chose de très mal poli et un grand manque de respect, pour preuve même le Jisetsu ne se serait pas permis une telle attitude avec un interlocuteur à qui il n'aurait rien à reprocher. Mais après tout le Samui avait peut-être une dent contre lui, un Jisetsu qui avait causé la mort d'un membre de son clan voir d'un proche, cela expliquerait bien des choses. Il était également possible qu'il ait à faire à l’éternel arrogance de ces manieurs de glace, leur plus grand défaut sans aucun doute, à tel point qu'il en était venu plusieurs fois aux mains avec ce genre d’énergumène dans les prisons de Kiri. Et après on s'étonnait toujours de sa méfiance lorsqu’il rencontrait un Samui, on voyait pourtant bien qu'elle était justifiée.En effet que se soit pour la première raison citée ou bien pour la seconde, il était clair que ce type ne le considérait pas des masses voir qu'il l'ignorait presque totalement.

Malgré tout il tenta tant bien que mal de contenir ses poings pour le moment, préférant savourer une vengeance bien plus vicieuse qui aurait bien sûr lieu au moment où il s'attendrait le moins. Des méthodes qu'il tenait de sa longue incarcération et qui il l'espérait serait bien apprécié par son cher coéquipier du jour. Surtout que ce dernier ne semblait avoir quelques soucis niveau relations humaines, il était comme même prêt à tabasser un simple vieillard sous prétexte qu'il ne lui donnait pas les informations qu'il désirait dans la seconde. En effet bien que de son côté Aizen ne soit pas non plus un enfant de cœur, il lui restait tout de même un minimum de respect à envers les personnes du troisième âge. Bon c'est vrai que ce n'était pas non plus assez pour qu'il vienne à prendre la défense de ce pauvre homme, mais il est certains qu'il ne se serait jamais adonné à de tels agissements. Mais pour un Samui il est fort probable qu'hormis les gens de son clan et à la limite le Mizukage, personne ne valait grand chose à leurs yeux.

Puis c'est juste au moment où ce kirijin était sur le point d'engager des sanctions physique à l'encontre du vieux que se pointèrent in extremis une bande de pêcheurs armés et sans doute bien décidé à faire morfler les deux représentants du village caché de la Pluie. C'est à ce moment précis que Aizen saisit sa chance, tandis que son coéquipier de mission se décidait comme par magie à lui parler en lui disant qu'il ne fallait pas y aller trop fort avec eux, en bref un véritable comportement hypocrite de la part d'un type qui quelques instants plus tôt se fichait totalement de tabasser un vieillard. Se tournant alors vers lui avec tout en arborant un sourire narquois il lui répondit:

"Tu as l'air tellement au-dessus de tous le monde et plus efficace que je te laisse l'honneur d’affronter ces combattants tellement à ta mesure."

Puis sans se faire prier il saisit le vieillard et sauta sur le toit d'une pittoresque bâtisse de pêche situé juste derrière le petit groupe, en prenant bien garde à scruter ses arrières ainsi que les éventuelles réactions de son colis si spécial. En effet il avait bien vu que celui-ci comme les autres avait des informations importantes au sujet de leur mission, et étant donné que lui connaissait bien la direction de la plage, il ne perdit pas un seul instant et disparu au loin aussi vite qu'il était arrivé. Profitant de cette brève accalmie pour bavarder un peu:

"Je vais faire un marché avec toi, je viens de te sauver la mise en t’éloignant de ce fou furieux, donc à ton tour de me rendre l’appareil."

Le vieux lui répondant alors d'une voix fatigué et d'un ton qui trahissait son grand étonnement: "Je ne comprends pas pourquoi tu as fait ça, ce type est ton allié non ?"

Le vieux se trouvait pour l’heure sain et sauf. Car ne manquait plus qu’il reste sur place pour subir la même chose que les autres. Soyez assurés d’une chose et une seule, chers lecteurs : il en eut fallu moins pour notre vétéran pour passer aux choses sérieuses et brutales. La preuve en images. Maintenant que le vieillard était en fuite – avec son partenaire cela dit en passant – notre Kakeshuou Samui n’avait plus face à lui que les hommes soudainement apparus quelques secondes plus tôt. Même si ces derniers restaient sans voix, la tension n’en était pas moins palpable. N’ayant pipé mot devant ces mots, notre quinquagénaire restait serein. Posé. Pas une goutte de sueur. Il savait pertinemment que ces hommes étaient de simples pêcheurs, et par définition, de piètres combattants. Aucune raison d’être inquiet, donc ; même si le plus simple des hommes peut devenir un héro avec un peu de courage.
Un face à face comme jamais. Un peu trop lourd, même. Et notre vieux baroudeur n’était pas du genre patient.

~Oraa !! Ramenez vous ou déguerpissez ! Je n’ai pas que ça à faire !
~ Wohaaaaaaaaaaaaaaa !!

C’est l’heure de la charge !
Le vieillard ne devait pas comprendre ce qu’il lui arrivait. Après avoir déclenché ce qu’il avait appelé le « système de défense », il se retrouvait à plusieurs lieux de ses compagnons et amis, emporté brutalement par un total étranger, qui se prétendait Ninja. Mais les faits étaient là ; après tout, la vitesse de sa course était assez impressionnante. De plus, sa folie semblait correspondre à la politique du Village caché de la Brume. Après tout, la passion de la guerre était pour ces paysans un syndrome de la bêtise ou de la maladie mentale. Mais il n’en restait pas moins que laisser son compagnon d’armes seul relevait de l’inconscience. Ou bien c’était un homme très compétent et confiant pour s’en sortir face à une vingtaine de gaillards endurcis par les flots.

Sa question était naturelle, et il fallait s’attendre à une preuve de dédain de la part de ce misérable, prêt à sacrifier on collègue. Mais il ne devait guère s’attendre à une réponse de la part d’un homme aussi froid. Le shinobi était ainsi ; dévoué à sa mission et à sa hiérarchie, silencieux et téméraire, ne reculant devant rien si cela était pour le devoir. On ne pouvait guère attendre plus de la part d’êtres qui avaient tout laissé de côté pour gravir les montagnes abruptes du combat et de la mise à mort.
Au bout d’un moment, la distance était suffisamment marquée. Et notre duo prenait une halte, désormais à portée de nez de la plage. L’odeur d’iode et de sel confirmait la logique géographique des lieux. Ayant amené l’ancien sur les lieux, la chose était-elle intelligente ? Après tout, qu’est ce qui démontrait qu’il avait un rôle avec cette mission ? Mais en même temps, si tel n’était pas le cas, pourquoi cet accueil … . Soyons honnêtes : les ninjas de Kirigakure no Sato n’étaient pas vraiment appréciés. La colère d’une partie de la population était suffisante pour provoquer ce genre de courtoisie … . Mais quand même !

Le temps passait, sans que le contact ne s’établisse vraiment. Le débris fit part de son impatience et ne tarda pas à gesticuler dans tous les sens !

~ Laisse moi, maintenant ! Tu n’es même pas capable d’aider ton camarade, et tu m’embarques comme ça ?
~ Je n’ai besoin de l’aide de personne … .


La figure à la fois triomphale et terrifiante du maitre de la guerre naissait sur une dune, deux corps dans ses puissantes mains, tabassés jusqu’à la limite entre la vie et la mort. Son regard hargneux, vengeur, et son absence de marques sur le corps expliquait bien les choses : il les avait défoncés sans état d’âme, et sans difficulté non plus. Au point d’avoir rattrapé le duo avec deux cadavres ambulants à ses côtés.

Toisant la scène d’un regard supérieur, il ne disait rien. En vérité, il n’en voulait même pas au membre du clan Jisetsu pour sa tromperie. Après tout, sa race était ainsi faite. Et les lâches n’étaient pas rares dans l’histoire du village. De son côté, il gardait son honneur et sa morale pour lui, qui étaient bien supérieurs aux autres. Pour l’heure, sa plus grande préoccupation était de savoir ce que ce vieux savait ; et la raison pour laquelle il avait du livrer un combat inutile. Cette fois-ci, les manières – s’il y en avait eu auparavant – avaient totalement disparuent.

~ Ma patience a atteint ses limites ! Soit tu parles, soit tu rejoins tes camarades ! Et la mer n’est pas loin !

Jeté au sol comme un sac à merde, le vieillard restait figé d’effroi dans une scène qui frisait le film d’horreur. Ses congénères, fracassés dans le sang et les os brisés ; face à lui, deux monstres qui n’auraient aucune difficulté à le réduire au silence. Une telle monstruosité, un tel dédain pour la vie d’un être humain : pas de doute, il s’agissait bien là des soldats de l’Ombre du village caché de l’Ombre. Des hommes décrits sans cœur et sans remords, prenant leur devoir au premier chef sans se laisser perturber par autre chose que la réussite de la mission. Pour un patriote, ce serait sujet à fierté que de les mentionner. Les avoir face à soi, c’était pire que côtoyer la mort en personne ! Au moins, celle-ci arrivait à l’heure et ne faisait pas durer le suspense !! Ces deux-là y prendraient temps et plaisir, pas de doute !
Rampant comme un vermisseau, le malheureux pensait trouver un moyen de survie dans la supplication. Sur ce sol sableux, il plaçait misérablement un bras devant l’autre pour se rapprocher de la source de sa terreur. Le voyant approcher, pas de signe de la part du membre du Clan Samui. Conservant les corps inertes entre ses mains, un seul geste eut suffi à abréger les souffrances ; mais ce n’était pas son style. Il préférait garder ces deux atouts sous la main. De plus, le faible souffle qui s’extirpait de leurs lèvres et qui créaient un nuage de buée dans cette atmosphère froide était un élément de plus faisant pression dans cette discussion. Alors, l’ancien : maintenant que tu constates ton échec et ton incapacité à maîtriser ce jeu, que veux-tu !

Attrapant, après de gros efforts, un pan de la tunique de Kakeshuou, l’ancêtre se confondaient en larmes et en excuses. Certainement une façon pour lui de reprendre le contrôle de la situation. S’il parvenait à attendrir ses ravisseurs, peut-être avait-il encore la possibilité de s’en sortir sans trop de dégâts.

~ Messire, pitié ! Ils n’ont fait qu’obéir à mes consignes ! Et je suis votre commandit
~ Ne me touche pas.

BAM !! Un pied bien placé dans le visage expédia ce maudit vieillard dans le sable, à un bon mètre de distance. Un regard méprisant sur ce corps chétif. De quel droit venait-il implorer, alors qu’il avait poussé ses protecteurs à agir ainsi ! Ce simple geste ne venait pas de plaider en sa faveur ; bien au contraire. La colère montait de plus en plus chez notre Samui. Mais là, cela devenait plus grave que cela ; elle était visible sur son visage. Il n’allait pas tarder à se mettre vraiment en colère.
Lâchant subitement les deux cadavres ambulants, notre homme descendait la petite dune de sable, et plongeait sa poigne vers le corps maigrichon. Plus bas que terre, voilà que l’ancien s’élève au ciel ! Avec le nez en sang, des douleurs dans tous les membres et une forte probabilité qu’il fasse dans son froc, mais au ciel quand même !!
Face à lui, un visage hérissé, presque fou ! Un regard glacial, sûr de sa force et de sa personne. Un profond mépris pour la vie d’autrui et une confiance absolue dans ses capacités. Ces yeux n’étaient pas des yeux quelconques : ils annonçaient une grande soif de pouvoir et une détermination à toute épreuve. Tirer les réponses d’un cadavre ne devait être pour lui qu’un simple vécu, pas de quoi changer ses habitudes.

Notre homme avait des questions. Si le microbe de trois pommes de haut souhaitait rester en vie, il n’avait pas beaucoup d’opportunités à saisir.


Ce n’était plus qu’une question de seconde avant que le duo Ninja connaisse enfin le fin mot de l’histoire. On allait pouvoir revenir aux affaires et régler cette mission en peu de temps. Intérieurement, Kakeshuou retenait difficilement la joie qu’il aurait à mettre fin à cette misère de mission.

Et voilà qu’un nouvel élément devait faire son apparition ! Un personnage, aussi misérable en condition que ceux rencontrés jusqu’à présent, avançait timidement sur cette plage, sans vraiment comprendre ce qui arrivait à un trio bien étrange. Était-ce du racket ?? Une mission en cours ou une simple vengeance ? S’il y avait là deux protagonistes qu’il ne parvenait pas à identifier clairement, celui qui prenait les coups n’était pas dur à reconnaître. Encore que cinq minutes entre les mains de son tortionnaire, et la question pourrait être reposée avec intérêt.
Percevant cette approche feutrée, le membre du Clan Samui porta un œil de fauve sur ce nouvel acteur. Mais combien seraient-ils sur cette satanée plage, ce matin ?!? Était-ce un simple passant à la recherche de romance, ou juste un gars complètement perdu ? Quoi qu’il en soit, ça commençait à faire trop pour suivre correctement cette histoire.

Sans agressivité – chose qu’il réservait pour son captif, Kakeshuou se tournait vers son compagnon jusque-là peu actif. Assis sur sa souche, ne pouvait-il rien faire d’autre qu’observer sans réagir ??

~ S’il te plaît, le Jisetsu … désolé, je ne connais pas ton nom … occupes-toi de celui-là, j’ai déjà les mains prises … .

Spoiler:

Enfin les choses paraissaient plus claires !! Un peu de soleil dans cet environnement brumeux, que diable ! Il est des fois où l'homme doit être capable de regarder droit devant lui pour savoir où il pose les pieds !! Et en l'occurence, il s'agissait … d'un sacré merdier.
DONC ! Si nous résumons. Nos deux hommes étaient partis pour trouver un vieillard qui devait leur remettre un parchemin mystérieux. Une fois arrivés, ils s'étaient fait attaquer par les sbires dudit vieillard, sur une simple histoire de « vérification ». Après avoir violemment et joyeusement prouvé leur identité dans la joie et la douleur, ils avaient entamé un interrogatoire sur le vieux qui ne s'avérait pas être le bon. Tout cela pour finir avec un vieux qui mentait, un vieux qui sortait d'on ne sait où, et un parchemin mystérieux … qui ne l'était plus vraiment, puisqu'il s'agissait d'une mission qui devait guider nos homme pour trouver un vieillard qui devait RAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!

Ce n'était plus une question de colère interne pour tant de cachotterie. Cette fois-ci, ce qui rendait dingue notre membre du Clan Samui était qu'on s'était littéralement PAYE SA POIRE !! Serrant les dents, maugréant dans une barbe inexistante et jetant un regard hivernal sur son captif, la situation devenait de plus en plus périlleuse pour le malheureux prisonnier de son emprise.

Interceptant le rouleau au vol, il n'y avait pas besoin de l'ouvrir pour comprendre la situation. De plus, cela irait à l'encontre de la mission ; bien que tout ait déjà été clarifié. En fin de compte, il n'y avait plus qu'un élément qui ne collait pas dans le décor : ce misérable qu'il conservait entre ses griffes. Comment ce vieux machin avait-il pu anticiper la demande du village de pêche voisin ? Etait-ce un simple fait du hasard, ou une action préméditée ? Décidément, la paix n'était pas ramenée dans ces terres sauvages et brumeuses ; certains s'employaient même à garantir les conflits plutôt que la paix. Non pas que l'un ou l'autre intéressa plus particulièrement notre guerrier ... .
Refermant son poing rageur sur le rouleau, il porta ce dernier au regard de l'ancêtre avec toujours cette même douceur dans les yeux et ce sourire délicat (c'est du sarcasme!!). Cette fois-ci, autant mettre l'accusé devant les faits accomplis. Il n'y avait pas vraiment besoin de réponses : ce regard désespéré qui se lisait sur les plus immondes du vieux végétal montrait bien qu'il venait d'être confondu et risquait désormais la volée de bois vert qu'il méritait amplement. Mais tâchons d'être diplomate et justicier : quelques questions étaient nécessaires pour rétablir la vérité, toute la vérité, rien que la vérité !

~ Alors ? Il dit vrai, tu es un imposteur ?
~ Oui, m

SBAAAM !! La livraison supplémentaire de pain dans la tronche suffit à rendre le verdict. Accusé, vous êtes jugés coupables de mensonge devant la cour personnelle de Kakeshuou Samui, et vous êtes condamné à souffrir entre ses mains vengeresses jusqu'à ce que mort s'en suive. Et mort s'en suivra !

Après cet interlude barbare de quelques courtes minutes, le quatuor se transformait en trio, laissant à terre un frêle esquif allant épouser l'élan langoureux des vagues et leur robe d'écume. Bref, un cadavre dans le potage maritime, quoi.
Ayant certainement fait peu de preuves de bonne volonté ou d'ouverture, le Lion des Neiges se lava rapidement ses mains couvertes de sang dans l'eau de mer, et revint vers le couple qui l'attendait.

~ Il me semble que c'est une mission rondement menée. Avec le leader en moins, le village voisin évitera sûrement à l'avenir de multiplier les troubles. Ah … Kakeshuou Samui, de Kiri … .

Autant ne pas perdre de temps et se présenter. Même tard, cela valait le coup.
Puis, vers son partenaire.

~ Et maintenant ? La mission s'achève là, il me semble, non ? Qu'en penses-tu Aizen ?