J’entends les oiseaux chanter derrière l’immense drapure recouvrant la fenêtre, me donnant ainsi le signal d’alarme pour émerger de mon doux sommeil. Mes yeux, encore obstrué par l’obscurité, mettent du temps à bien vouloir éclore tels les fleurs du matin. Je n’ose précipiter les choses et me concentre sur l’étirement de mon corps afin de revigorer mes muscles mis aux repos durant la nuit. La lumière qui filtre à travers mes paupières encore fermées m’indique qu’un splendide soleil m’attend cette journée. Quand j’arrive enfin à les ouvrir, je me dirige vers le rideau de soie et l’écarte d’un coup sec, mais assuré, pour observer cet immense village qu’est Konoha en construction. De ma fenêtre je peux observer une des rues principales, là où se trouve la plupart des échoppes avec les plus beaux produits. Mais le verbe « observer » n’est peut être pas le mieux employer pour décrire mon activité. Lassé par tant de solitude et n’ayant rien à faire de mes journées, je dois bien avouer que je passe la plupart de mon temps à épier la population qui passe dans cette rue.

Un rapide appel dans toute la maison m’apprend que mes parents ne sont comme d’habitude pas présents. À vrai dire, je ne suis même pas certain qu’ils soient rentrés durant la nuit. Mes deux énergumènes de géniteurs se sont fait construire un appartement tout près de leur lieux de travail pour soit disant « être la bas plus rapidement en période de grosse activité des magasins ». Je ne peux que les croire puisque je suis convaincu de cette vérité. Je me suis résigné depuis mes 7 ans à être élevé par des nourrices hyper compétentes et formidables ; mais n’ayant aucune joie de vivre et de réelle passion pour le travail selon moi. J’ai maintenant 13 ans et mon père a décrété qu’il « était temps que je devienne plus indépendant et que les gardes qui m’empêchent de sortir de la maison familiale sont largement suffisants pour subvenir à ma sécurité ». Autrement dis, et avec mes mots, je dirais plutôt qu’il me demande de me démerder avec mes plats surgelés et une maison de deux milles mètres carrés. Il est vrai qu’il est facile de se nourrir et de jouer dans un espace aussi grand et aussi bien conçu, mais la solitude et l’ennui me sont insupportables. Ma décision est prise, aujourd’hui je m’improvise une petite sortie dans un des grands parcs de Konoha.

Depuis le temps que je fais le tour du bâtiment, je connais les moindres failles dans la sécurité. Il n’y a rien de plus facile que de sortir de cet endroit, malgré la présence des gardes au physique herculéen. Muni d’un sac à dos contenant quelques affaires basiques de balade, je me lance à travers le jardin lors de la relève des gardes du mur nord. Je me cache délicatement derrière la fontaine pour m’assurer de ne pas être vue avant de faire le dernier effort de courir jusqu’au petit trou caché par les fourrée qui ne peut laisser passer qu’un enfant. Cette action me vaut d’être enfin sorti du domaine et il me tarde d’être au parc.

D’un pas assuré je navigue entre toutes les rue que j’ai sélectionné précédemment sur ma carte. J’ai choisi d’éviter les ruelles qui me feraient gagner du temps afin de passer par les endroits les plus fréquentés. J’aperçois bientôt l’immense portail de ferraille qui indique l’entrée nord du parc. Je peux déjà deviner les balançoires et les différents autres jeux, accompagnés de cris de joie d’enfant. L’endroit est encore plus beau que ce que j’ai imaginé ; des fontaines, des fleurs par millier et des enfants de tout âge sont répartis sur l’ensemble de la surface. Mon regard se dirige directement sur les différents jeux éparpillés et mes jambes me portent vers le parcours de santé dans les bois. En y réfléchissant correctement, il me semble certain de trouver des enfants de mon âge vers ce type de distraction qui est plus difficile et plus amusante. J’ai dans l’espoir de me faire quelques amis aujourd’hui, c’est aussi une des raisons qui m’ont poussé à quitter mon petit cocon.

Le parcours n’est pas tellement ardu, j’ai largement le physique et la souplesse pour venir à bout des activités proposés. Papa et maman ont veillé à ce que mon éducation soit la plus complète possible et l’effort physique semble très important pour eux. J’ai déjà traversé trois constructions en bois quand j’aperçois un groupe de jeune. Il semble y avoir des individus à l’âge très différents, mais certains doivent êtres nés dans une année très proche de la mienne vue leur taille et leurs traits. Je décide d’aller me présenter et faire connaissance ; peut être accepteront ils de finir le parcours en ma compagnie ?

Ma crédulité fut plus que complète sur ce coup-ci, les enfants des bas quartiers sont vraiment d’affreux personnages. En plus du fait qu’ils m’ont dans un premier temps totalement ignoré, j’ai très vite été la risée du petit groupe quand j’ai commencé à raconter un peu mon histoire. Ma seule réaction a été de m’enfuir bêtement pour échapper à ces rires malsains et injustifiés. Mais voilà le problème, je suis maintenant perdu dans les bois de l’immense surface du parc. N’arrêtant pas de ressasser les événements afin de trouver mes erreurs en vue d’une prochaine fois, j’ai continué à déambuler sans but, sans faire attention au chemin que je prenais. Je ne veux cependant pas céder à la panique, en continuant de marcher dans une seule direction je finirais bien pas trouver la muraille de bois qui entoure Konoha ; puis je trouverai un post avec des gardes qui me reconduiront chez moi. Avec un peu de chance mais parents ne l’apprendront même pas, mais dans tous les cas je resterai la tête haute, heureux d’avoir pu sortir de ce monde de solitude durant un instant.

Le temps fut très bref, si bref que les images qui défilent dans ma tête ne semblent pas dans le bon ordre. Je suis alité, reconnaissant ma chambre, mes jouets, la fenêtre recouverte d’un rideau de soie. J’entends la dispute de mes géniteurs dans la chambre non loin de la mienne. Des flashs back me reviennent en un instant. Je me revois écroulé par terre, des pierres ensanglantées autour de moi ; une douleur terrible irradie dans ma jambe droite et je ne peux que ramper, assoiffé et le ventre vide de nourriture. L’image d’après me fait me trouver dans un hôpital, un médecin est entrain de parler à papa et maman ; j’entend des morceaux de discussions « …trop tard, nous n’avons rien pu faire par le biais du ninjutsu médical, l’organe était trop abîmé pour le régénérer… ». L’instant d’après, la douleur irradie de nouveau et le ciel est noir, c’est la nuit, mais je n’arrive pas à garder mes yeux ouverts, je suis trop fatigué. Puis j’entends à nouveau les paroles du shonibi médical qui, cette fois, a une voie plus colérique « … deux jours dans cet état, et vous ne vous êtes rendu compte qu’il y a  seulement quatre heures qu’il avait disparu… ». Les flash s’arrêtent enfin et grâce à toutes ces informations je peux en déduire que j’ai été blessé pour je ne sais quel raison. Me souvenant d’une atroce douleur dans la cuisse je palpe mon corps à la recherche d’une anomalie dans cette zone. Je ne trouve rien, mais une autre douleur et un dernier flash back viennent rompre toute question à ce propos. « …nous avons fait le nécessaire pour ce qui est du fémur, la fracture n’était pas très importante et nous l’avons réduite puis réparé… ». Puis la palpation de mon visage, accompagné d’un pincement sur la partie droite me font dire deux mots poussés avec stupeur :

« MON ŒIL »