Il y a des choses qui sont dans ma capacité de compréhension et d'autres qui sont en dehors. Par exemple, mes bras, mes mains, et tout ce qui m'entoure, tout cela je le comprends et le ressens, c'est une chose innée pour le shinobi que je suis. En revanche le fait que l'on me colle Bakushô Akisa en tant qu'élève est totalement en dehors des choses que je peux concevoir. Apparemment ce n'était pas le Raïkage mais le conseil qui avait décidé que pour réunir les liens entre les Kadoria et les Bakushô, il était important que cela se fasse à la source, ils ont donc décidé que confier la fille adoptive à un Kadoria tout en sachant qu'elle ne maîtrisait pas l'art du Bakuton malgré son nom était une initiative enrichissante. Ce n'était pas ma manière de voir les choses.

A mon sens ce genre d'acte ne fait que entraîner et même précipité une révolution qui viendra tôt ou tard. Notre clan est peuplé de personnes fières ayant pour la plupart connus l'apogée de notre famille. Nous voir maintenant, relégué dans des rôles consultatifs n'a fait qu'obligé les Kadoria à se retrancher sous l'égide du conseil du clan, dont j'ai été élu président à mon retour. Je dois bien admettre que j'ai tout d'abord essayé de freiner la révolte afin d'avoir le temps d'analyser et de trouver des solutions, mais plus le temps avance et plus je savais que c'était peine perdue. A quoi bon tenter de freiner les battements du moulin lorsque une bourrasque souffle dessus ? La guerre civile serait bientôt à notre porte quoi qu'on en dise et rien ne pourrait l'arrêter, ni la volonté du Raïkage, ni même une coalition des autres clans du village.

Enfin me voilà en route pour le terrain d'entraînement numéro trente, je lui avais donné rendez-vous là bas pour midi et il serait cette heure là dans une dizaine de minutes, sans doute était-elle déjà sur place si on prend en considération que le trajet pour s'y rendre durait trente minutes à vitesse normale. J'utilisais donc une technique de mon répertoire afin d'augmenter considérablement ma vitesse. Ça avait beau être une Bakushô, la ponctualité était un trait de caractère que je considérai comme primordial dans la vie d'un shinobi. J'arrivais donc sur les lieux du rendez-vous, il s'agissait d'un plateau rocheux parsemé de quelques arbustes et d'une source d'eau en son centre, de la source s'écoulait un cours d'eau menant à une cascade quelques mètres plus loin.

La jeune fille était déjà là, elle devait avoir une dizaine d'année grand maximum, elle avait cette naïveté dans le regard, cela aurait pu être touchant s'il ne s'agissait pas de la fille de mon ennemi. Ne vous méprenez pas, je ne la détestais pas forcément en tant qu'individu, je détestais la menace qu'elle pouvait devenir pour mon clan en grandissant et c'était là, la principale raison de mon indécision actuelle. Mes premiers mots à son encontre comme vous vous en doutez, ne fût pas tendres. Je m'exprimais en somme de la sorte.


« Sais-tu qui je suis ? Sais-tu ce qui me lie à ce village ? Sais-tu pour quelle raison tu dois voir du mépris dans mon regard ? Sais-tu pourquoi j'ai à la fois pitié et peur de toi ? Sais-tu seulement à quelle point il est difficile pour moi de contenir la haine qui m'habite ? »

Après ces quelques mots je sortais une cigarette de mon étui et je portais cette dernière à mes lèvres tout en regardant le ciel. Je suis un Kadoria et par définition, je devrai la tuer sur le champ. Ce qui m'en empêchait ? Un fond de gentillesse envers les enfants. Après tout, j'ai un fils moi aussi. Même si je ne sais où il se trouve. Comment allait-elle réagir, c'était la question que je me posais tout en aspirant la fumée. Cela me tuerait un jour, mais j'aurais fais encore bon nombre de victime avant que cela arrive.

Visiblement vu les réponses à mes questions et les mimiques que la jeune fille avait fait, elle n'avait absolument rien compris à mes paroles. Quelque part cela me rassurait et me laissait espérer qu'elle était encore loin d'être corrompue par les préceptes archaïque de son père. Surtout que celui-ci se prenait pour un défenseur de la paix alors qu'il avait reléguer le clan Kadoria au second rang. Nous sommes les fondateurs de Kumo et en aucun cas une telle injure à notre nom ne pouvait être pardonné. La rébellion sonnera bien vite une mélodie de renouveau aux oreilles du peuples comme à celui du conseil et même dans le cas d'un échec qui signifierai la mort de tous les Kadoria étant impliqué dans le conflit soit presque la totalité du clan, les gens prendront conscience du vrai visage de Kumo et de son Kage et beaucoup se lèveront contre la dictature tyrannique de cet homme et ce sera un peuple libre qui montera sur le trône.

Enfin tout cela n'est pour le moment qu'un projet, projet lui-même encore sous la forme de schéma, schéma étant issu à la base d'une simple pensée. Et c'est là que l'on voit à quel point la pensée est l'arme la plus puissante d'un homme. Enfin pour en revenir à l a jeune fille, je me demandais si je devais répondre à ses réponses afin de lui expliquer clairement les choses, pouvais-je simplement raconter la vérité à une si jeune fille même s'il s'agissait dune kunoichi ? J'étais envahi par le doute, je pouvais bien me l'avouer à moi-même. La réponse se fit rapidement dans mon esprit et elle penchait clairement pour l'affirmative, je commençais donc ma tirade en direction de la petite princesse.


« Je suis Kadoria Chunwoo, membre émérite et président du conseil Kadoria, Jônin du village de Kumo et fidèle partisan de la vision de Kadoria Uriô. Le mépris dans mon regard est dû à ce que j'éprouve envers ton père et sa politique. Ce que tu pourrais devenir me terrifie mais ta condition actuelle me pousse à avoir pitié d'une enfant aussi fragile et insouciante que toi. Et enfin, de par mon désir d'améliorer ce village, je serais sensé de Kidnapper et t'utiliser comme moyen de pression afin d'obtenir la démission de ton père. Voilà les réponses à mes propres questions. Je ne ferais cependant pas ce que je devrai faire. Non seulement car un maître et son élève sont liés par un serment tout aussi important que celui d'un père et d'une fille mais aussi et surtout car malgré que je n'aime pas l'homme qu'est le Raïkage, je ne souhaite pas que ses lacunes de chef deviennent des faiblesses de père. Je vais donc t'instruire, mais ne t'attends pas à de l'affection de ma part, est-ce bien compris ? »

J'avais été le plus clair possible, sans doute est-ce difficile à supporter pour une jeune fille de son acabit, mais la vie est loin d'être facile, encore moins pour un shinobi, elle vivait dans un monde qui n'admettait que peu de sentiments et je savais qu'en ne me servant pas d'elle à mes fins aujourd'hui, j'encourais le risque qu'elle me mette un coup de surin dans le dos plus tard. Mais je n'avais pas peur, j'avançais sans doute puisque c'était depuis bien longtemps, ma philosophie. Je reprenais donc de manière à respecter la coutume lorsque l'on rencontre un membre de son équipe pour la première fois, à savoir les mots suivants :


«  Bon tout d'abord tu vas me dire tes aspirations en tant que ninja, ce que tu souhaites accomplir dans ta vie future et aussi selon toi quelles sont tes plus grandes qualités. »

De simples mots, à elle d'y donner un sens.

Je venais sans doute de heurter psychologiquement la jeune fille, mais en soit, cela était une nécessité absolue. Elle devait comprendre la position dans laquelle j'étais, tiraillé entre mon devoir envers Kumo et celui envers mon clan. Sans oublier cet autre devoir... Hmm. Enfin toujours est-il que je devais me concentrer sur ses paroles après tout il s'agissait là du plus important maintenant. Ses réponses. Son rêve était en soi ce que je craignais le plus à savoir le fait de continuer l’œuvre de son père en devenant le plus puissant ninja possible. Et c'était là mon problème, actuellement j'étais entrain de former un futur petit monstre. C'est assez irritant comme situation. Je décidais pour l'instant de ne rien dire, je la laissais formuler la totalité des propos qu'elle souhaitait m'exposer. Je me contentais de regarder en l'air recrachant la fumée de ma cigarette l'air songeur.

Compléter ce que son père ne parviendrait pas à faire, comment réagirait-elle si elle se doutait que j'avais pour mission d'assassiner son père dans les mois à venir ? Comment réagirait-elle en apprenant que les Kadoria avaient pour projet une révolte et la reprise du pouvoir par les créateurs de ce village c'est à dire nous. Comment réagirait-elle si elle apprenait qu'une certaine organisation nous aiderait dans cette conquête. Bien entendu je ne le lui dirai pas, mais cela faisait un paquet d'informations intéressantes. Les deux paroles qui succédèrent à celles énoncées concernant son ambition furent tout autant intéressantes. La manière d'appeler et la jalousie ? Une petite fille, donc forcément franche n'est-ce pas ? J'allais tout d'abord répondre par rapport à son rêve. C'était à mon sens le propos dominant dans ses paroles.


« Je vois. Vas au bout de ton rêve même si cela implique de me voir sur ta route un jour, quoi qu'il advienne. Et si ce n'est pas moi, ce sera un autre. »


C'était dit avec une pointe d'amertume dans la voix, à peine perceptible. J'allais maintenant passer à sa question suivante à savoir le « comment elle devait me nommer ». Tchh, cela me rappelait une discussion avec Shion et Yuna, discussion qui ne s'était d'ailleurs pas très bien terminé. L'au delà leur sied-il ? Voilà la question que je me posais, enfin je devais lui apporter une réponse. Je lâchais donc de manière parfaitement neutre.


« Appelle-moi professeur. »


Enfin la dernière question, celle où je devais me retenir de qualifier cet homme de divers noms d'oiseaux afin de préserver le langage de la jeune fille devant moi. Et puis je n'étais pas partisan des insultes sur les parents d'une personne se trouvant face à moi. Ceci dit il était un peu, comment dire, malvenu de poser ce genre de question à un Kadoria vis à vis d'un Bakushô étant donné le passif entre nos familles. Ceci dit j'allais quand même lui répondre par soucis de franchise.


« Je ne suis pas Jaloux de cet homme. Nous sommes juste comme le feu et l'eau des éléments tout à fait contraire. Et à mon sens, il caractérise tout ce qui ne me plaît pas. Il prône la paix à demi-mot car il n'a pas le courage de l'affirmer clairement, là où son prédécesseur malgré le peu de sympathie que je lui porte, avait les couilles de le faire. De plus notre clan, malgré sa puissance, a été écarté des décisions concernant l'avenir du village, alors que nous en sommes les principaux créateurs. Le pouvoir à changer de camp, c'est une évidence. Donc non la jalousie n'est pas le mot adéquate, la haine en revanche est quelque chose de l'ordre de ce que je ressens. »


J'avais dis pas mal de chose intéressante mais rien qui ne laissait présager une révolte, après tout la haine des Kadoria pour les Bakushô et réciproquement était connue de toutes et de tous. Malgré tout il était temps de changer de propos afin de ne pas lancer un débat qui terminerait inéluctablement sur mes projets concernant ce clan de vipères. Je lançais donc à la jeune fille.


«  Nous allons maintenant voir si tu as été éduqué suffisamment du côté pratique. Attaque moi de la manière que tu souhaites. Avec l'envie de me tuer si tu juges cela nécessaire. »

C'était plutôt amusant, j'aurai ri dans d'autres circonstances, une gamine m'annonçant qu'elle jouerait le rôle d'huile soutenant le feu. Savait-elle que l'huile outre son rôle d'amplificateur qui dans notre joute politique avec son père pourrait avoir un rôle néfaste, elle était aussi dans l'incapacité de se mélanger avec l'eau, moi dans sa métaphore. C'est ce qui était intéressant et je lui en ferai part durant notre petit échange de coup. Je la voyais charger à pleine vitesse vers moi avant de s'arrêter net. Pour quelle raison ? Je ne le savais pas, tout ce que je pouvais dire c'est que cette charge avait été précédé d'une boutade concernant la cigarette que j'avais dans le bec. J'aurai pu répondre qu'elle s'occupe de sa tronche avant de s'en prendre à la mienne, mais en soi ça aurait eu un effet contre productif avec mon rôle d'enseignant. Je m'étais donc abstenu.

Un commentaire scientifique suivit les paroles de la jeune fille, ne pouvait-elle pas fermer son museau et attaquer comme je le lui avais demandé ? Ou était-ce trop dur pour elle, n'avait-elle pas les compétences requises pour être un shinobi ? Finalement c'est un coup de pied qui vint vers mon menton. Un coup de pied sauté car pour m'atteindre, il était nécessaire qu'elle projette son attaque. Je me contentait de positionner ma main sous mon menton et de concentrer un peu de chakra dans la paume afin d'amortir l'attaque sans trop de peine. Son mouvement était bon mais bien trop prévisible.

Ceci étant dit, un enchaînement de coup plus rapides lui succéda. J'utilisais alors une technique de mon répertoire classifié rang B permettant un enchaînement de quinze coups à haute rapidité. Normalement il s'agit d'une technique offensive mais dans le cas présent, je m'en servais afin d'effectuer des parades à ses attaques. J'aurais très bien pu esquiver simplement en augmentant légèrement la vitesse de mon corps, mais cela aurait été moins intéressant. Je remarquais que l'un de ses coups avait été imprégné de Raïton, en contrant de la sorte avec une protection de chakra minime j'avais un peu engourdi ma main gauche. En soi c'était déjà très bien, mais à ce stade là de la partie, j'aurais déjà pu lui briser chacun de ses membres.

Finalement elle se permit de prendre une pause, pour une raison que j'ignorai, depuis quand prenions-nous des pauses dans un combat ? Je profitais de cet instant pour jeter ma cigarette à terre. J'en prenais directement une seconde que je portais à mes lèvres et que j'allumais tout de suite après. Juste après ça, une attaque Raïton de la part de la Bakushô se propagea dans le sol. Je m'apprêtais à sauter quand je remarquais que la technique s'arrêta avant de pouvoir m'atteindre. J'étais légèrement déçu de sa part. Enfin bon, il semblerait qu'elle n'en démorde pas puisqu'elle recommençait des enchaînements. Tout en échangeant quelques coups je repris donc la parole concernant l'histoire du feu et de l'huile.


« Pour revenir à l'histoire de l'huile, tu sais que je n'ai jamais précisé qui était le feu et qui était l'eau dans mon histoire. De plus tu oublies que l'huile augmente la puissance du feu mais ne se mélange pas avec l'eau. »


Ceci étant dit, il était maintenant temps pour moi de la tester plus en détail, elle m'avait imposé son rythme, maintenant voyons comment elle allait réagir si je lui imposais le mien. Je dégainais un Kunaï dans ma poche gauche et le lançait au-dessus de la jeune fille. Cette arme de jet possédait un sceau sur son manche qui permettait d'invoquer un autre Kunaï ce que je fis. Le deuxième Kunaï que je venais d'invoquer était marqué du sceau Ichi. Cette technique permettait d’alourdir considérablement le poids du Kunaï et donc d'occasionner de bons dégâts à mon adversaire. Cela allait l'obliger à utiliser un contre adapté. Je profitais de l'instant suivant pour effectuer un mudra de ma main gauche afin d'invoquer un clone de moi-même, celui-ci commença à disperser des Kunaïs marqués de L'hiraishin dans toute la zone de combat. C'était un entraînement certes, mais me sous-estimer parce que le mot de ce duel n'est pas « combat » aurait été une grave erreur. Voyons déjà comment elle allait réagir face à ce petit enchaînement. Si elle se prenait le Kunaï sur la tête, je la propulserai tout de suite après afin de lui épargner les dégâts les plus lourd, ceci dit, elle tomberait instantanément dans l'inconscience, après tout, quatre-vingts kilogrammes sur le crâne, ça fait rarement du bien.

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