Ordre de Mission:

Les feuilles tombent tout doucement, comme de fragiles coquillages qui dérivent sur l’océan ♪ PETIT SOLDAT .. ! Souhaiteriez-vous par hasard me faire tomber, maître Ookuchi ?

Seulement te faire taire ! Voilà deux jours que nous parcourons le pays du feu et tu n’as pas cessé de chanter ! Si au moins tu changeais de registre !

N’appréciez-vous donc pas mon don pour la chanson ?

De quel don parles-tu Mogura ?

Vexée, la jeune femme sauta du dos de la taupe et alla s’asseoir au creux d’un arbre. Effectivement, cela faisait-deux jours que les deux compagnons étaient en route pour l’île Synato où les attendait une mission qualifiée de grande importance. Elle était de rang A. Il lui avait été dit de rester discrète sur son départ, ce pourquoi elle avait choisi de partir seule sans son ou sa coéquipière dont elle ne connaissait pas l’identité. Pour accélérer son déplacement et éviter qu’elle ne se fatigue, elle avait fait route sur le dos d’Ookuchi, une des seules taupes capables de la porter. Elle était aussi celle qu’elle invoquait le plus souvent, en deux jours, la petite plaie qu’elle s’était infligée pour l’invoquer s’était refermée bien qu’à force de faire appel à ses kuchyioses, sa main droite était recouverte de cicatrices de petites morsures.  

J’imagine que nous faisons halte ici ? Dois-je te rappeler que le rendez-vous à la rive du pays du Feu n’est que dans quelques heures.

Et nous y serons largement à temps, même peut-être en avance, ne vous inquiétez pas. Vous devez avoir faim.

Elle sortir de son sac une multitude de légumes. La taupe acquiesça d’un hochement de tête et plongea dans le sol à la recherche de sa propre nourriture. Moira débuta son petit repas sans attendre. La forêt était très humide, le printemps était pluvieux ces derniers jours mais la chaleur restait pesante. Elle était donc vêtue de la tenue ninja la plus simple, un débardeur et un short noir, ainsi que ce haut en résille qu’ils portaient presque tous. Au lieu d’avoir son bandeau en ceinture comme à son habitude, il était cette fois-ci autour de son épaule. Bien qu’elle appréciait son repas, elle ne put retenir une grimace. Cette dernière était causée par les quatre cicatrices vertes qu’elle avait sur l’omoplate, quatre griffes. Elle se contenta d’expirer longuement pour ne plus y penser.

Elle avait à peine terminée son repas qu’Ookuchi remonta à la surface toute affolée. Ses narines frétillaient, elle avait sûrement repéré la présence d’une personne et vue son excitation, il s’agissait sûrement d’un ninja. Moira ne perdit pas une seconde, elle rassembla rapidement ses affaires dans son sac, inspira un grand coup et remonta sur le dos de l’animal. Elle n’avait pas la chance de pouvoir communiquer télépathiquement avec ses taupes donc elle serait obligée de parler à voix haute en priant pour ne pas être entendue par l’intrus.

Il dégage un fort chakra, je ne ressens pas d’animosité particulière, il n’est pas là pour se battre, à priori. Nous ferions mieux de continuer dans notre direction. S’il nous suit, nous en saurons déjà un peu plus sur ses intentions.

Moira tapota sur l’épaule de la taupe pour acquiescer et l’inviter à avancer. N’étant pas dotée d’une très grande intelligence, ni même d’un esprit stratégique, elle se contentait souvent de suivre les ordres avisés de ses invocations. Elle jetait régulièrement des regards en arrière voir si elle pouvait apercevoir l’individu mais sans succès. Elles n’étaient plus qu’à une heure du rivage, il serait bien dommage de se faire attaquer avant même d’avoir rejoint son coéquipier. Ookuchi se mit à accélérer, il ne devait sûrement pas être bien loin et si elle s’inquiétait c’est qu’il allait dans la même direction qu’elles, Moira restait tout naturellement sur ses gardes, à cent pour cent concentrée sur ce qui était en train de se produire… ou presque.

Rassurez-moi… Pour ce que vous avez dit tout à l’heure… Vous ne le pensiez pas ?

…

L'île sur laquelle vous vous rendez est accessible via le port du village qui se trouve juste en face de vous. Sur place, vous trouvez Shigeru, un pêcheur assez âgé qui vous regarde de haut en bas en vous dévisageant, insistant un peu plus sur la jeune femme qu'il semble trouver à son goût. Assez âgé, le haut du crâne chauve, mais avec la présence de cheveux gris tout autour, il a le dos voûté et est habillé d'un débardeur et d'un pantacourt bleu.
C'est lui qui gère les départs pour l'île de Syneto. Il vous demande qui vous êtes, et pourquoi vous voulez vous rendre sur l'île. Il ne semble pas vous connaître, mais remarque assez vite que vous êtes de Konoha. Nouvelles recrues pour Rylai, ou haut-placés venant enquêter... ?

Le reste du trajet se fit silencieusement, la jeune femme étant toujours vexée par les propos de la taupe. Elles ne mirent pas beaucoup de temps à arriver sur le rivage et en levant les yeux au ciel, elle put remarquer l’arrivée de cette tierce personne. Elle reconnut immédiatement le Sandaime qui se présentait en compagnie de son aigle. Voyant qu’il demandait à son kuchyiose de partir, elle fit de même. Ookuchi ne put s’empêcher de tirer la grimace, être invoquée pour servir de voiture ça ne lui plaisait pas beaucoup, mais Moira lui avait promis de la rappeler si jamais il y avait de la baston, ce qui n’était pas près d’arriver en mission d’infiltration, ou du moins, ce n’était pas ce qui était attendu d’eux.

La présentation de l’Hokage fut pour le moins formel, voilà qui tranchait avec la sympathie qu’elle connaissait chez Daiki. Elle se contenta d’acquiescer, à tous les coups, ils n’allaient pas peter le champagne ensemble une fois la mission terminée et réussie. Oui parce qu’accompagnée d’une telle personnalité, elle n’envisageait pas d’autres fin. Elle tenta quand même d’esquisser un petit sourire sympathique mais en vain, le shinobi avait l’air plus intéressé par le moyen d’accéder à l’île plutôt que par la plastique de la jeune femme, ce qui se faisait assez rare lorsqu’elle était accompagnée d’un homme. En espérant qu’il ne ressemble pas à Raki, le dernier à n’avoir eu aucun intérêt pour ses charmes.

Elle le vit avancer vers une silhouette que l’on distinguait à peine, la brume matinale ne s’était pas entièrement dissipée. Sur le chemin elle sentit à nouveau une douleur à l’omoplate, elle soupira à nouveau pour ne plus y penser, il lui faudrait consulter un médecin à son retour à Konoha, son premier séjour à l’hôpital n’avait visiblement pas suffit et ses propres connaissances en médecine ne suffisait pas. Peut-être une petite session privée avec Daiki, encore un évènement qui le mettrait terriblement mal à l’aise ce qui amuserait au plus haut point la jeune femme. Elle massait son omoplate en marchant et ils finirent par se retrouver en face d’un vieil homme qui les reluquait de manière louche.

C’était assez rare de recevoir un accueil aussi suspicieux dans l’enceinte d’Hi no Kuni. Ils auraient peut-être mieux fait d’enlever leurs bandeaux. Elle jeta un regard du côté de l’île et elle put apercevoir le port qui serait sûrement leur porte d’entrée vers l’île de Syneto qui avait l’air de dissimuler bien des choses. Le pêcheur se présenta, il se prénommait Shigeru, elle tentait du mieux qu’elle put de retenir une grimace dégoutée face à l’allure franchement négligée du vieil homme et de sa calvitie bien installée. Cependant, vue le sourire en coin qu’il adressait à Moira et ses yeux qui regardaient un autre paire que sa paire d’œil, elle jugea que cette fois-ci, elle allait sûrement pouvoir se servir de ses charmes. Quand il leur demanda leur identité, elle s’avança vers le vieil homme, un sourire très coquin aux lèvres.

Qui nous sommes ? Je vous en prie ! ça importe peu… Ce qui compte c’est où nous allons… ensemble… toi et moi et mon grand frère qui nous accompagne. Il n’est pas très bavard et sait rester discret…

Elle emmêlait ses cheveux avec ses doigts fins, se pinçant la lèvre inférieure de temps en temps. Il lui serait sûrement très difficile de résister à ses charmes. Elle espérait seulement que le grand Masao Nikkou saurait lui faire confiance pour le coup. Avec le temps, il avait dû apprendre que les phéromones étaient parfois plus persuasifs que la ruse ou la torture. Il avait aussi demandé les raisons pour lesquelles ils souhaitaient se rendre sur l’île.

Oh et bien pour faire des rencontres… Profiter de la présence d’une population si… chaleureuse.

Elle se donnait légèrement envie de vomir tout comme le vieil homme, mais il avait l’air d’apprécier les avances. Ce n’était hélas pas la première fois qu’elle se servait de son joli minois pour avancer dans une mission. Elle espérait que cela ne devienne pas une habitude, sa crédibilité en tant que kunoichi risquerait d’en prendre un coup.

Le vieil homme rougit légèrement aux avances de Mogura, mais ne cède pas. D'un léger hochement de tête, il interrompit la jeune Chûnin.

- Impossible. Syneto est une base militaire, pas un camp de vacances. On ne peut pas vous laisser entrer.

Sa voix si sûre trahissait cependant une certaine appréhension. Il s'écarta cependant, et disparut dans une maison aux alentours.

En continuant votre enquête, vous tombez sur une jeune femme, à peine la vingtaine, qui vous explique que depuis quelques temps, les gens vont sur l'île, mais n'en reviennent pas. Chaque semaine, des nouveaux "militaires" y sont envoyés. Et ça tombe bien : cette nuit, une vingtaine de nouvelles recrues sont censées être envoyées sur Syneto... C'est votre dernière chance de vous rendre sur l'île sans attirer le feu des projecteurs.

Alors qu’il se mettait à rougir, Moira était sûre que le tour était jouée. Sans gêne, elle avait même élancée sa jambe droite prête à rejoindre l’île. Mais le vieil homme se rattrapa et l’air sévère il refusa le passage aux deux konohajins. Comment était-ce possible ? Elle avait même battu des cils ? Elle le foudroya du regard alors qu’il s’éloignait pour finalement disparaître dans une maison quelconque. Elle se tourna à nouveau vers le Sandaime qui avait l’air un peu secoué, comme s’il avait vu un fantôme. Peut-être avait-elle été capable de lui faire de l’effet même sans qu’il soit sa cible, les Hokage avaient l’air assez sensibles à ses charmes, un en tout cas.

Il la félicita quand même pour son audace, c’est vrai qu’elle n’avait pas vraiment réfléchi avant d’agir ce qui pouvait aussi se retourner contre elle. En l’occurrence, elle avait fait chou blanc. Elle acquiesça à la suite de ses propos, effectivement, ils devaient absolument trouver un moyen d’entrer. Le rivage était assez peu peuplé, quelques vieilles baraques de pêcheur étaient disposées de ci, de là, ça sentait assez mauvais, les gens ne paraissaient pas très aisés. Moira était bien loin de son petit confort de village caché, de sa petite cuillère en argent et de ses fringues de mode.

L’Hokage interrogea une jeune femme pas beaucoup plus âgée que Moira alors qu’elle s’attardait sur des pêcheurs qu’elle trouvait à son goût et qui paraissaient partager son enthousiasme. Malgré tout elle se reconcentra sur l’affaire, elle écouta attentivement les consignes de Masao Nikkou qu’elle allait respecter à la lettre. Elle prit une grande inspiration et alla rejoindre le groupe des jeunes recrues sans plus se soucier du sort de l’Hokage, ils étaient maintenant séparés, elle le savait de toute manière capable de gérer par lui-même son intégration dans Syneto. Elle craignait tout de même d’être rejetée en fonction du nombre, si jamais un nombre précis avait été défini, elle ne pourrait pas y rentrer ou cela se fera au détriment d’une autre personne.

Bien installée dans le rang, elle remarqua que le jeune homme à sa gauche la regardait d’un air un peu bizarre. Un peu inquiète elle détourna le regard et tenta d’apercevoir le début du rang voir si cela allait de mettre à bouger mais toujours rien. Le rang restait immobile devant le bateau tout aussi stoïque.

Tu as quelque chose à cacher ?

La jeune femme sursauta après avoir entendu ce murmure. Elle se tourna vers le jeune homme qui l’avait regardé bizarrement. Elle ne savait pas du tout comment réagir. Devait-elle se débarrasser de lui ? Il la regardait toujours avec insistance. Elle lui laissa quand même le bénéfice du doute.

Que veux-tu dire ?

Un sourire aux lèvres, il se mit à s’esclaffer et se penchant vers la jeune femme, il parla à nouveau.

Tu as l’air très timide et réservée, je voulais juste détendre l’atmosphère.

Et bien, c’était la première fois qu’elle était qualifiée de la sorte. Elle se mit à sourire à son tour et se décrispa un peu, elle était en mission d’intégration, si elle paraissait paranoïaque c’était bien mal parti. Elle regarda le jeune homme d’un autre œil, il était très séduisant, il portait un débardeur, il avait une allure très militaire et les muscles assortis, la jeune femme était sous le charme.

Je suis juste un peu stressée, je ne sais pas vraiment comment tout ça se passe.