La belle Suna n’avait pas que des côtés glorieux et aujourd’hui plus que jamais on invitait Hana à le découvrir. En lisant l’ordre de mission très vite elle grimaçait, si certes elle n’avait pas connu le luxe absolu, sa condition de vie avait toujours été des plus raisonnables, jamais elle n’avait manqué, ni d’eau, jamais son ventre n’avait grogné sous le poids de la faim la hantant. Elle ne pouvait pas imaginer, mais juste supposer ce que les dits « mendiants » pouvaient ressentir, honte, haine et désespoir. Qui aimerait quémander sa survie ? Personne bien évidement, ils avaient dû renoncés à une part d’eux même, abandonné fierté, car elle était synonyme de mort à ce stade d’existence, la Ketsueki s’interrogeait alors, la vie est un cadeau, y mettre fin est ainsi un crime, mais pourrait-elle la vivre en pareille condition ? Histoire compliquée à laquelle elle n’avait pas de réponses et n’en trouverait surement pas, c’était bien dans ce monde ce qu’elle détestait le plus, manquer de solution. C’était donc le visage fermé qu’elle arpentait Suna pensive pas sûre qu’être à la hauteur face au choc de la vision de la misère de ses pairs, mais que pouvait-elle y faire ?

On la payait pour trouver un compromis entre commerçant soucieux de leur belle image, qui en même tant se tentait dans une certaine logique, si les clients ne venaient, car dérangés, eux aussi se retrouveraient sans le sou. Pourtant, pouvait-elle alors simplement cracher sur ceux qui n’avait pas la chance d’un gagne-pain ? Ceux qui voulaient simplement ratisser de quoi vivre, ceux qui s’accrochaient courageusement à l’existence ? Bien sûr que non. Mais alors si personne n’avait tort, à qui devait-elle donner raison, à qui devait-elle faire la leçon ? Qui était-elle surtout pour se permettre de juger et agir en conséquence ? C’était là une bien cruelle tâche que l’on lui avait confié, une dont elle devait pourtant s’acquitter, par chance ou non, son esprit troublé se voyait soulager de son malaise un instant en apercevant son compère de mission encore en train de faire des siennes…

-Goren… Arrête…

Murmurait-elle à peine pour qu’il puisse l’entendre. À peine arrivée elle était déjà lasse de toute cette histoire, c’était comme si toute cette tragédie était venu se poser de tout son poids sur ses frêles épaules, impossible alors pour elle de se tenir droite…

-Je vais payer pour ses trois-là, ne nous emballons pas s’il vous plait.

Trois, oui elle avait dit « trois », dans ceux-là elle incluait Goren, sa protégée et l’étranger affamé qu’elle invitait à choisir des provisions, tandis qu’elle commençait sa leçon envers Goren…

-Très franchement ! Tu trouves que c’est des façons de se conduire ? Tu veux encore que je fasse un rapport salé sur ta poire ?!! Tiens-toi tranquille s’il te plait et évite de taper tout ce qui bouge tu seras un ange, ne commence pas à me rendre folle merci.

Non l’humeur joviale et son sourire refusait de rejoindre ses lèvres aujourd’hui, son ton se voulait sérieux et sans appel, la Ketsueki n’aimait la situation dans laquelle elle était et ça se sentait. Très vite, elle pouvait apercevoir le mendiant sortir en trombe du magasin pour rejoindre la petite ruelle la bordant, la note réglée, elle ne pouvait pas s’empêcher d’aller le rejoindre en silence. Là son morale se voulait encore plus agressé devant la scène d’un homme nourrissant un gamin près des poubelles du commerçant, tandis qu’un autre fouillait dedans pour en sortir des mets qui semblait encore consommable, mais qu’il refusait de partager. La bataille n’ayant plus intérêt le bénéficiaire du don s’esquivait avec l’enfant. Sous ses yeux se jouaient la survie, c’était une jungle qu’elle ne connaissait pas du tout, celle de la rue des plus démunis, il s’écoulait un certain temps avant qu’un son ne la fasse sortir de sa bulle, là se tenait Goren. Ah oui la mission…

-Bon, allons faire le tour des restaurants du quartier, mais je t’en prie, ne frappe pas ses pauvres gens…

Même le plus froid des cœurs se dégèle sous la vision de l'enfer ~

Spoiler:

La proposition du partage des tâches de Goren laissait la brune tirailler, devait-elle vraiment partir et le laisser agir à sa guise. Les deux n'avaient pas la même façon de penser et tandis que l'une ne savait agir que par diplomatie et pacifisme, l'autre réglait tout par ses poings. Lequel avait tort ou raison ? Un des deux avait-il d'ailleurs une bonne ou mauvaise solution ? Et faute d'avoir l'illumination sur une solution miracle pour régler le sujet, Hana s'était tût et silencieuse, elle avait écouté les mots frêles de la gamine près d'elle, amère elle quittait cette scène à peine elle avait commencée. Car pardi, si elle y était resté, c'était sur son coéquipier qu'elle aurait bondi, lui qu'elle aurait chassé, les commerçants qu'elle aurait châtié...

Une bouffée d'air prise, soudain Hana voyait plus clair, elle avait laissé parler des sentiments humains, des sentiments qui étaient siens, hors ici et maintenant, elle n'était que l'instrument de Suna, envoyer pour agir selon certaines directives. Désirs personnels n'avaient plus leur place, face aux premiers de ses clients, un restaurateurs donc, elle restait de marbre en entamant présentation et mise au point sur la situation. Plus il parlait et plus les mots n'arrivaient pas à être retenu par son esprit encore troublé, du mieux elle voulait ignorer cette voix du fond du cœur, mais cela fut au dessus de ses forces. Personne n'était parfait et elle bien moins que d'autre malheureusement... C'était Dame mauvais moment qui frappait et sous les yeux de la kunoichi, un commis de cuisine venait jeter une nourriture encore fraîche dans les poubelles avant de l'asperger d'un liquide pour la rendre inconsommable. S'en était trop...

-Je ne comprends pas... Vraiment.. Votre façon d'agir est ignoble, n'y a-t-il pas une fois où vous arrivez à vous mettre à leur place ? Certes, je conçois votre manque à gagner et la gène que cela peut engendrer, mais de là à les chasser par la force, de là à rester de marbre, jeter un trop plein de nourriture et la contaminer pour qu'elle ne soit pas prise ? Mais quelle logique y a-t-il dans vos actes ? Pas une fois, ne vous êtes vous pas dit que simplement offrir ce dont vous n'aviez pas besoin serait un acte honorable ? Non, plutôt vous ne pensez qu'à vous, égoïste et sournois comme la plupart de l'humanité est faite.

Elle avait outrepassé ses droits et le savait, l'homme face à tant de haine se braquait se sentant agresser, il tentait tant bien que mal de se justifier, expliquant que des clients dérangés étaient des clients qui ne reviendraient pas et s'ils ne venaient plus, son restaurant fermerait. Soit. Mais pour le reste, la brune se faisait insistante et les masques tombaient...

-Enfin ! Je ne suis pas un monstre non-plus ! Mais comprend bien que si je n'agis pas ainsi, nos poubelles sont fouillées et mise à sac ! Là encore, ça fait fuir les clients, tu parles sans savoir !

Certes, la brune ne savait pas tout sur l'affaire, pourtant certaines solutions lui semblaient tant évidentes qu'elle ne pouvait pas se résoudre à lâcher l'affaire.

-Mais... C'est incroyablement stupide ! A la place de régler le problème, vous l'accentuez ! Si vous jetez de la nourriture c'est qu'il en a en trop ? Et si à la place qu'elle rejoigne les poubelles, vous lui trouviez une utilité ? Je veux dire, n'avez-vous jamais pensé à la publicité qu'il pourrait vous être faite et au soutient que vous pourriez gagner des sunajins, s'il se savait que vous nourrissez les plus démunis grâce à votre restaurant et cela bénévolement contrairement à ceux qui les chassent ?

Certainement il la prenait pour une folle et très vite il tentait de se dégager de la discussion, en vain...

-J'entends par là que, plutôt que de jeter vos aliments non utilisés, vous pourriez faire une sorte de soupe populaire qui ne vous coûterait pas un sou, mais ferait parler de vous. Là encore, plutôt que de chasser les mendiants, pourquoi ne pas les utiliser à bon essaim  ? J'entends par là qu’en échange d'un bon repas ou une petite compassion financière, beaucoup d'entre eux serait capable de mettre la main à la pâte comme pour par exemple organiser vos repas de soutient, assurer la garde des alentours... Il y a tellement de possibilités, que j'avoue ne pas comprendre pourquoi tout se règle par la violence...

Sur ce dernier point, elle se tût à nouveau, il semblait qu'elle avait tant parlé et le silence se faisait maître tandis que des bruits de pas venait le troubler...

Ne jamais juger. Premier précepte parmi tant d’autres qui dirigeaient sa vie, pourtant aujourd’hui elle avait failli, c’était dû sa pulsion pour donner sa façon de penser assez brutalement. Elle qui ne croyait pas en la science infuse, c’était du joli… Son univers se faisait alors néant et ses réactions ne suivaient pas tandis que son partenaire de mission apparaissait. Elle le voyait sans le voir, l’observer sans vraiment le faire, mais pourtant elle avait assimilé toute l’action produite sous ses yeux. Trop lasse pour faire quoi que ce soit, elle ne bronchait pas, pas certaine que la solution soit la bonne, mais pas non plus qu’elle en ait une mieux. C’était en soi déjà un bon début.

Tandis que la gamine venait lui faire part d’instructions et des commentaires concernant Goren, la brune reprenait vie. Amusée, elle se rappelait leur première rencontre à eux trois, ainsi que la conviction qu’elle avait eu ce jour-là. Goren était un rustre certes, mais il n’était pas mauvais, bien au contraire. Alors qu’elle souriait à nouveau avant de plisser les yeux devant ceux sans vie de la gamine qui ne pouvait pas les voir. Ainsi, se sa main tendrement posée sur sa joue qui traduisait sa douce pensée.

-Ne t’inquiète pas Phénix, ça je n’en ai jamais douté. Allons-y, nous avons du travail, l’idée me semble bonne pour entamer les négociations.

Il faut croire que tout ne pouvait pas se régler par la douceur. C’était donc vers la méthode de Goren qu’elle se tournait, puisque elle avait su montré des preuves d’efficacités. Le premier de la liste des visites s’étant fait dévaliser par Goren, elle passait à la seconde porte qui se voulait rester fermée. En vain. Quelques secondes et la brune avait ouverte cette dernière par un biais louche de jeu d’épingle. Pour rappel, la gamine était aussi une sacrée filoute dans sa jeunesse, elle avait survécu longtemps en suivant une nukenin. De là, elle avait mouts choses très louches…
Une partie de sa vie passée sous silence qu’elle n’évoquait jamais, ni par honte, ni par tristesse, juste par soucis d’image polyvalente qu’elle devait donnée. Hana était caméléon s’adaptant sans fin ni limite à son environnement.

Tour à tour enfant reine, élève studieuse vagabonde, puis voleuse ou fille de joie avant de devenir shinobi. A aucun moment elle sentait plus d’honneur dans une de ses fonctions ou d’autre. Pour Hana, sa vie avait été simple, elle n’avait jamais eu faim, souffert sous des coups trop violents. C’était loin d’être idéale pour certain, mais très bien cheminé pour la brune. C’était alors un vécu pour elle qu’elle jugeait chanceux qui la faisait avoir tant d’empathie pour autrui, qu’importe, aujourd’hui il ne s’agissait pas d’elle, mais de « eux ». Alors après quelques heures où elle avait enchainé entre requête diplomate et réquisition forc ée, elle arrivait au point de rassemblement. Posant alors toutes ses acquisitions elle entamait un art sur une pancarte, où était écrit :

*Bienvenue à la soupe populaire des plus démunis,
ici vous aurez offert un bon repas offert par nos braves commerçants de Suna :
=A savoir la liiste des participants … = *

- Bon et maintenant?

Spectatrice de l’histoire depuis le début, la brune ne  pouvait que suivre de près son cheminement, amusée, elle guettait silencieuse sans intervenir, un léger coup d’inquiétude lui venait d’ailleurs quand le colosse affirmait que son action n’avait rien de gratuite, elle avait en toute vérité imaginer le pire, mais il n’en était rien.  Avec surprise elle découvrait alors une autre facette de la grosse brute, une ingénieuse et parfois altruiste et tandis que tout se mettait en place ; elle réfléchissait elle aussi. Ayant elle-même eu une vie de nomade, Hana savait que trop bien à quel point il était facile de contourner les taxes et impôt en tout genre, une idée l’efflorait alors…

-Ne dit-on pas que l’union fait la force ? Pourquoi ne pas fondait tous ensemble une nouvelle communauté, un clan de nomades ? Ainsi, depuis Suna et d’Oasis en oasis vous pourriez livrer colis ou échanger des marchandises jusqu’aux frontières, cela en vivant libre, vaguant comme le vent aux grès de vos envies…

Une certaine nostalgie la parcourait lors de ses dires, ça devait finalement peut-être lui manquait un peu, mais avait-elle envie de quitter Suna ? Non plus maintenant qu’elle avait connu au réconfort d’y être intégrée tant bien que mal. Un acte honorable ou non, il valait alors ce qu’il valait, elle proposait alors d’investir  ses économies dans leur entreprise, bon la somme n’était pas grande, Hana était loin d’être riche, mais son mode de vie très austère lui faisait dépenser peu et les ryos arrivaient ainsi à facilement s’accumuler. La solution alors toute trouvée, le cœur de la Ketsueki se sentait rassurer, déjà plus légère, plus qu’une seule chose lui semblait rester à faire, rejoignant Goren, elle s’exclamait alors en toute franchise…

-Je me suis trompée sur toi et j’en suis vraiment désolée, tu es loin d’être une brute sans âme et ça me fait plaisir. Je suppose vraiment qu’il y a moyen pour nous d’être amis. Pour commencer, je propose d’aller fêter notre joyeuse fin autour d’un bon verre tous les trois, par verre, je n’entends pas forcément alcool hein ! D’ailleurs, tu ne fais pas boire cette pauvre petite pas vrai ?...

Ah chassez le naturel, il revient au galop, oui, il fallait croire, que chieuse un jour, rimer avec chieuse toujours ! Bref, avant toute chose,  il fallait s’assurer de disperser tout ce monde en évitant tous ennuis, avant d’aller faire le compte rendu sur la situation aux autorités nous ayant assignés… La routine quoi !

Décidément, certaine personne ne changeront jamais, exaspérée la brune  écoutait Goren tout en priant les cieux pour qu’il plaisante, néanmoins elle avait de sérieux doutes… Dire que elle avec quatre verres de saké elle était déjà saoul, elle imaginait l’effet sur une gamine de six ans… Mais alors qu’elle voulait lui en coller une pour remettre les idées de cet idiot à sa place, il était le premier à effectuer l’acte, qui à la base se voulait surement « amical ». Bordel, quelle brute franchement…  Se frottant la zone de l’impact, elle écoutait cette fois sidérée les négociations, non elle n’allait pas s’en mêler, oui, plus le temps passait et plus ces deux-là lui semblaient irrécupérables… Quoi qu’il en soit, elle était loin d’avoir oubliée son idée de sympathiser, d’ailleurs en parlant de ça, un point la troublait. Comment ça rien à manger pendant trois jours ? Laissant la foule se dissipait une fois les longues négociations de Goren et son assistante Phénix finie, la brune revenait à la charge avec des tonnes de questions, mais pas que…

-Franchement ! Espèce d’idiot, trois jours sans manger tu es sérieux ? Puis c’est quoi cette histoire de bière ?!! Non vraiment… Qu’est-ce que je vais faire de toi ! Idiot va ! Ne fais pas trainer Phénix dans des endroits louches ! ET NON DU SAKE POUR UNE ENFANT CE N’EST PAS ETRE RESPONSABLE !

Sur ce dernier point elle avait vraiment haussé la voix… Pourtant, perdre son calme était quelque chose de rare chez la Ketsueki ! Après avoir calmement reprit sa respiration, elle ajoutait alors avec douceur, des mots qu’elle allait peut-être regretter, en attendant, elle avait attrapé la main de la petite pour que le grand suive tandis qu’elle marmonnait…

-Non, vraiment Goren, ce n’est pas sérieux ! Tu n’as qu’à laisser Phénix chez moi le soir quand tu sors tard ! Ou venir prendre vos repas avec moi ! Je cuisine bien et j’ai horreur de manger seule, tu vois ça arrange tout le monde ! Et bien sûr se sera un service gratuit…

Tout en poursuivant son monologue en divers détails pour les occuper, notamment toutes les recettes qu’elle savait cuisiner, elle arrivait en bas de l’immeuble qui hébergeait son appartement, le trois pièces était modeste, mais pas pour autant manquant de  confort. Par chance, Hana vivait sur l’appartement du toit, elle avait ainsi une certaine tranquillité…

- Tu vois, j’habite ici, l’appartement sur le toit, vous êtes les bienvenues à toutes heures ok ? Pas de gamine dans un bar, ni plusieurs jours à jeûner de grâce… Et vous, où vivez-vous? Histoire que je puisse moi aussi vous rendre visite, vous voulez entrer ou on se retrouve ce soir pour le baril de Monsieur …

Spoiler: