L’entraînement était l’un des moments dans la vie d’un shinobi qui primait et qui était censé lui prendre tout son temps. Cela faisait un moment que Kyogi ne s’était pas expérimenté à ses techniques de combat et de repérage. Il devait donc remédier à ça au plus vite. S’il avait rejoint Suna, ce n’était pas pour faire office de décoration. Il l’avait fait pour servir ses intérêts mais il y avait fort à parier que s’il devenait un poids pour les autorités du village, le marionnettiste errant offrant ses services à qui mieux mieux ne ferait pas long feu ici. Et puis ce n’était pas avec le soutien et les capacités oratoires de Rain qu’il allait pouvoir faire des miracles et convaincre les Sunajins de le garder. Remarque il serait plus juste maintenant qu’il se compte parmi les Sunajins. Il en était un officiellement aussi maintenant même si cette idée d’appartenance ne lui collait pas à la peau.

D’ailleurs il ne portait pas son bandeau. Non pas qu’il n’ait pas fait l’effort de le porter. Il avait essayé très sincèrement mais c’était comme s’appliquer de l’acide sur soi. Il n’était pas du tout un adhérent de la représentation de la patrie et ce genre de préceptes parfaitement pompeux servis par tous les bons dirigeants qui n’avaient que faire du petit peuple. et puis il risquait quoi à ne pas le mettre ? Ce Kyoshi Rei viendrait lui filer une trempe lui-même ?! Qu’il en apprenne sur la subtilité celui-là et on en reparlerait. Il s’était renseigné sur ce drôle d’oiseau avant et après être arrivé. Le gars avait surgi de nulle part avec une armada, un clan depuis longtemps originaire de ces terres apparemment et s’était auto proclamé Kazekage. Peut-être que Kyogi avait loupé son entrée. Peut-être aurait-il dû faire pareil lui aussi ! « Bonjour je suis Yokoshima Kyogi votre Kazekage ! » Non quoique c’était vraiment pas un bon plan.

La place de Kage était plus un objectif à éviter pour le marionnettiste. Dès lors qu’il s’agissait d’être chef d’un système quelque peu important, il se défilait. Non pas par peur des responsabilités. Quoique si un peu dans le fond mais c’est surtout qu’une fois à la tête du système, si on vous demande des comptes, personne à désigner si on est fautif. Personne sur qui rejeter la faute. Aucune entité supérieure pouvant être déclaré fautive. Il fallait donc rester très modeste sur ses capacités et en cacher le plus. C’était également pour ça que Kyogi s’était rendu aux terrains d’entraînement aux heures creuses où il n’était que peu peuplé. Moins de gens le voyaient s’entraîner et voyaient ces jutsus, et moins on se rendrait compte de sa force. Bon là il n’avait que le niveau d’un Genin alors pas de quoi s’affoler il faut le dire. Mais avec le temps, il apprendrait à dissimuler au mieux son réel niveau pour ne pas être soumis à trop de responsabilités. Il ne visait pas très haut. Tant qu’il pouvait gagner quelques intérêts à être dans ce village, ça lui convenait.

Il arriva donc aux terrains d’entraînement. Personne à l’horizon donc parfait. Il se plaça là où le feeling l’emporta et débuta quelques étirements et échauffements. Quand ce fut fait, il procéda à une petite analyse du terrain en utilisant ses dons de senseur. Afin de s’assurer qu’il était seul et qu’il pouvait commencer l’entraînement. Mais c’était peine perdue. En se concentrant et en restant parfaitement immobile, les yeux fermés et un genou à terre, il sentit du chakra en mouvement. Un shinobi. D’à peu près son niveau qui s’approchait. Fait chier ! C’était raté pour l’entraînement solitaire !

L'après-midi déjà, mais pourtant le temps s'écoulait lentement en ce milieu de semaine, probablement l'ennui qui le rendait si long pour Hana, sa journée semblait durer une éternité et c'était loin de lui plaire. Cependant, fort heureusement, le meilleur moment de la journée pour la demoiselle, enfin le meilleur moment du jour quel qu’il soit en vrai, ce révélait généralement la pause café, enfin thé... Mais en même temps il restait terrible car il n’y avait plus rien à faire, plus rien pour s’occuper et se donner une contenance. En effet, cette question terrible envahissait alors en pause entre ses entrainements aux fuinjutsu : que faire pendant cette dernière outre que déguster un breuvage fumant ? En y réfléchissant, Hana pouvait aussi continuer ses corrections la tasse sur un coin de bureau l'attendant sagement entre deux lignes, mais alors, cela perdrait son but initiale, selon dont le principe est de stopper son activité. Mais alors, si le but était ainsi de s'arrêter pour se ressourcer, pourquoi réfléchissait-elle à une activité pour occuper cette dernière... Lâchant net le stylo qui s'écroulait sur la feuille en face d'elle, Hana levait les yeux vers le plafond sans rien fixer de précis, non à vrai dire, le geste était plus un tic que d'une réel utilité, il soulignait sa réflexion soudaine qui se soldait par une réponse ne lui convenant pas. Laissant un plus sa tête prendre du recul vers l'arrière, elle avait désormais cette dernière soutenue par le mur, la chaise en équilibre sur deux pieds, elle jouait la funambule, ironique quand on savait qu'elle passerait un savon à ceux qui le feraient devant elle. Malheureusement pour elle, le bibliothécaire se faisait un plaisir de lui faire la remarque.

- Melle Hana quelle brillante illumination vous a amené à coller votre nez vers notre plafond, n'avez-vous rien de mieux à faire?

Marmonnait le maître de fuinjutsu qui avait assisté à la scène, un sourire en coin. Sous un soupir, la disciple reprenait place correctement pour récupérer le stylo qui subissait bientôt l'assaut de ses dents une fois porté vers sa bouche. Cela bien sûr après avoir enduré plusieurs tapotements répétitifs sur la copie d'une jeune fille dont l'histoire ne semblait pas avoir de mystères pour elle. Au fil des semaines passées ici, Hana ne pouvait que constater chaque jours le niveau élevé des étudiants présents ici, elle soupirait à nouveau, dire qu'elle à leur âge avait des occupations toutes autres tel qu'une réelle addiction au sommeil... Cependant, malgré de longues nuits bien remplies, elle n'avait pas pris beaucoup de centimètres, pourtant l'on dit que l'on grandit en dormant. La Ketsueki laissait alors échapper un léger rire qui attirait encore une fois l'attention du mentor présent qui la fixait depuis ses lunettes, cherchant à savoir ce qu'il pouvait encore lui être passé par la tête...
Bon il était temps de partir de toute façon ici elle n’allait plus faire grand-chose, elle était trop dissipé et rien de mieux que de se dégourdir un peu pour récupérer sa concentration, par chance, le terrain d’entrainement était en face. Sa tasse encore fumante elle arrivait là sans trop savoir ce qui lui faisait envie, mais par chance, surprise, le terrain abritait une autre âme, souriante alors, elle s’approchait de l’inconnu pour exposer sa pensée, enfin plutôt s’incruster même…

- Ohayo ~ Tu viens pour la pause thé ou t’entrainer avec moi ?

Un geste de sa main et de sa paume sortait une tasse, eh bien oui, elle en avait toujours une de secours au cas où ! Séparant son breuvage en deux elle le tendait à son interlocuteur en rajoutant…

-Tu aimes le thé noir j’espère ? Moi c’est Hana, toi ton petit nom c’est quoi ?

Au moins elle ne semblait pas désagréable et casse pieds. La gêneuse lui demanda s’il était là pour l’entraînement ou pour la pause thé. C’était dans ces moments-là qu’il se réjouissait de porter un chapeau camouflant ses yeux. Car si les gens voyaient à quelle fréquence il levait les yeux au ciel, ses sourires passeraient pour moins sincères et son double jeu de gentil garçon innocent s’estomperait immédiatement. Les menteurs et les hypocrites étaient mal vus dans la société actuelle. Il fallait donc user de stratagème pour l’être le plus habilement possible. Mais en même temps, afficher ostensiblement son côté hypocrite ou menteur, n’était-ce pas une forme d’honnêteté ? Cela ôtait donc toute essence au mensonge et à la tromperie ! Intéressante réflexion qui passionna un instant le marionnettiste. L’espace d’une demi-seconde car la jeune demoiselle ne lui laissa pas le temps de se prononcer pour sortir une tasse des méandres du néant et de partager le thé qu’elle avait déjà dans sa propre tasse. Elle tendit le breuvage au garçon qui accepta avec un sourire.

- Je te remercie infiniment. Ce n’est pas l’endroit idéal pour un thé mais il me plaît à en savourer un en bonne compagnie.

Mi mensonge, mi sincère sur ce coup-là. La jeune demoiselle était bien habillée. Assez élégante, elle devait être d’une bonne famille. Des sortes de traits au coin des yeux d’une belle couleur rouge vive. Une belle femme en soit. Une coiffure harmonieuse avec le reste du personnage et dont le brun s’accordait à merveille avec le gris de ses yeux. Outre l’apparence non repoussante de la jeune fille, Kyogi voyait en elle la parfaite descendante d’une riche famille des environs. Et il y voyait par là une opportunité et un filon d’intérêts pour lui. Son sourire toujours présent sur ses lèvres qui vinrent effleurer le liquide bouillant. Il avala une gorgée. Sa jeunesse à se faire bringuebaler de mafia en mafia lui avait donné l’expérience des choses simples. Une chose aussi subtile que du thé noir, comme elle l’avait présenté, avait un goût développé qui ne lui plaisait pas. Son sourire resta, fruit de l’expérience, et il prit une bouffée d’air. Pour faire passer le goût et l’envie de tout recracher. Puis il répondit finalement à la question que la dénommée Hana lui avait posé :

- Kyogi.

Simple mais toujours souriant, ce genre de phrase se suffisait à elles-mêmes. Il regarda les alentours pour s’assurer qu’il n’allait pas encore être embêté par une autre visite et il reprit la parole comme quelqu’un qui avait oublié un détail énoncé plus tôt. Même s’il s’en souvenait en réalité mais bon ce silence le gênait alors autant le briser maintenant en rebondissant sur les propos de l’interlocuteur. Un petit principe basique du parfait fourbe. Volume deux, chapitre trois.

- Et c’est bien l’entraînement qui m’a mené ici. Les lieux me paraissent inhabituels pour une pause thé. C’était là ton seul objectif en venant ici ?

Il ne répondait pas totalement à la question d’Hana qui lui avait en plus demandé s’il souhaitait s’entraîner avec elle. Une demande qu’il avait réussi à éluder pour le moment. Si elle revenait à la charge, il serait un peu coincé. Tant de pensées bouillonnantes qui l’animaient de l’intérieur alors que de l’extérieur, il avait tout du gentil garçon sirotant son thé à bavarder bien tranquillement.

- Enchantée mon cher ~

Tient, tient, tient, rares étaient ceux à se laisser “agripper” aussi facilement et cette attitude-là laissait un sourire en coin à la Ketsueki, elle avait là un spécimen intéressant, c’était certain. Flatteur, pas farouche pour un sou et certainement aussi opportuniste qu’elle. Continuant à boire son thé elle observait, écouter, jauger avec intérêt le bougre qui lui donnait la réplique à la perfection en dansant dans le jeu de son ballet un peu trop bien même pour être vrai. Que mieux encore pour Hana qui s’amusait de le voir éluder la question, un petit filou, malin, répondant au doux nom de Kyogi, ça tombait bien, elle adorait ça la belle ! Pour preuve, elle savait jouer le rôle actuel du jeune homme à la perfection, garçon d’ailleurs fort bien camouflé sous tout son amas de tissus, chapeau & co. Une ombre ? Merveilleux, ça n’en serait que mieux !
Bon, malgré sa dérobade première du nom, il posait une question bien maligne, c’était vrai venir ici pour une simple histoire de pause thé était totalement ridicule, donc il devait bien se douter qu’en disant cela, la demoiselle ne se gênerait de prendre la perche qu’il lui lançait, pour prendre sa réponse pour un « oui » à sa demande d’entrainement. C’était exactement ce qu’elle faisait après avoir avalé la dernière gorgée !

-Effectivement, mon thé m’accompagnait pour le chemin, j’étais lassée des cours techniques, je voulais passer un peu à la pratique pour me dégourdir les jambes, le fuinjutsu est d’un tel bourrage de crâne, j’ai saturé. Là rien de mieux que l’air frais et quelques mouvements n’est-ce pas ? D’ailleurs, il serait dès lors stupide de s’entrainer chacun dans son coin, je te propose la version évoluée du mannequin en bois, la Hana 1.0.

Laissant filer un peu de sang d’un ses doigts volontairement entaillé, elle agitait ce dernier bon le message se voulait clair, elle était une Ketsueki manipulant le sang, si ma foi, c’était un entrainement physique qui le tentait, elle pouvait lui donner la réplique par ce biais. Pour plus technique elle lui avait déjà montré un talent en fuinjutsu et pour une phase plus spirituelle fallait-il qu’elle lui montre son point rouge sur le front caché sous sa mèche preuve de son attachement aux rites anciens, bon elle n’allait pas lui faire toute une danse, mais quelques pas gracieux suffisait surement. Bon c’était à lui d’envoyer ses signaux maintenant.

- Ne gâchons pas le travail de la providence et profitons de notre rencontre tu veux. Bon alors, que préfères-tu faire, maintenant que notre rideau de scène s’ouvre ?

Que cela soit clair, les fleurs ne perdent jamais de vue le soleil levé ~

Et chiottes ! Il semblerait que l’entraînement en solo soit peine perdue. Le temps d’un thé encore, la présence de la jeune demoiselle n’aurait pas été plus dérangeante que ça mais là elle s’installait encore plus. Elle venait de terminer son thé et elle déclara une nouvelle fois son intention de s’entraîner avec lui. Ce qui le menait à devoir de nouveau dissimuler son agacement et son exaspération derrière un large sourire. Il ne s’en sortirait définitivement pas. C’est dans ce genre de cas qu’il aimerait que Rain soit là pour lui servir de garde du corps et virer les importuns. Quoique. Cet imbécile n’était même pas foutu de l’aider quand il en avait besoin. Et il en avait assez de souvenirs pour le savoir comme ça.

En tout cas il n’était pas non plus totalement démuni pour ce qui s’annonçait. Hana s’y connaissait en Fûinjutsu donc. Une information à répertorier dans sa base de données personnelle. Il n’aurait pas la surprise de la voir utiliser des sceaux en combat du coup. Quant à elle il avait un doute. Faisait-elle référence aux marionnettes en parlant de mannequin en bois ? Pas sûr. Il ne l’avait jamais croisé et ce serait vraiment…étrange qu’elle l’est suivie et en apprenne autant sur lui alors qu’il avait débarqué à Suna depuis seulement quelques jours. Il ne s’attarda pas sur ce détail car il avait un problème bien plus urgent à régler. Il devait un trouver un prétexte pour justifier qu’il préférait s’entraîner dans son coin justement ! Elle le bloquait un peu avec cette demande. Il aurait donc été plus avisé de refuser ce thé d’emblée. L’aurait-elle piégée ? Possible. Mais il n’allait pas se laisser faire pour autant.

Son esprit bouillonnait et recherchait la meilleure excuse qui soit pour prétexter que l’entraînement qu’il avait en tête ne serait pas en duo. Il cherchait et cherchait alors qu’elle agita un doigt blessé sous son nez. Elle s’était blessé comment ?! Volontairement ? Qu’avait-elle en tête en faisant ça ? Serait-ce… Oui c’était fort probable. Les rumeurs sur le Kazekage disaient qu’il avait débarqué à Suna avec un clan dont la particularité était leur manipulation du sang. Cette jeune fille en faisait donc partie. C’était parfait. Il voulait en apprendre un peu sur ce clan. Après tout, un petit combat ne serait pas de trop. Il améliorerait ses techniques plus tard. Pour l’heure, il ferait de l’application bête et méchante ainsi qu’un petit travail de stratégie. C’était toujours utile de maintenir la meilleure arme du shinobi en éveil. La matière grise et les décisions à prendre pour fonder une stratégie. C’était là l’arme primordiale du shinobi.

Il releva un peu la tête. Son sourire s’élargissant une nouvelle fois et dévoilant ses dents. Il jeta la tasse à sa propriétaire. Un fil de chakra la reliait à son doigt et lui permit d’en corriger la trajectoire alors que l’objet fut intercepté sans encombre par Hana. Puis, de la même main, il tira un rouleau de sa sacoche qu’il empoigna et déplia en le gardant en main. Les inscriptions dessus, ternies et vieillies par le temps et leur séjour dans une tombe laissaient encore l’occasion de lire : Kobura. Le duo jumeau de Suna avait laissé un héritage colossal pour Kyogi. Il l’utiliserait à bon escient et en ferait l’expérience ici même alors que le rideau s’ouvrait comme l’avait dit Hana. Puis il finit enfin par répondre à la question de la jeune femme :

- La galanterie me demanderait de te laisser la main il me semble. Ne m’en veux pas cependant de t’ôter de ce privilège.

Et le nuage de fumée l’enveloppa. Lorsqu’il s’estompa, il était toujours dans la même position à l’exception de ses doigts qui avaient tous une position bien précise pour définir celle de la marionnette de la forme d’un serpent. Kobura se tenait prêt de lui, l’entourant comme une mère protectrice et fixant de ses yeux vides leur opposante. Puis, sans prévenir, la gueule du reptile de bois s’ouvrit largement pour laisser dix senbons filer droit sur la demoiselle. Alors que les projectiles partaient ainsi à toute allure, le marionnettiste gardait son sourire et prononça les mots suivants :

- Merci pour le thé au fait !

Spoiler:

Et hop retour à l’envoyeur, la tasse jetée aux mains de la brune sans encombre, ahh un talent caché jeune homme ? Visiblement oui, des fils de chakra surement quoi d’autre pour pareille dextérité ? Était-il possible alors qu’elle avait en face un marionnettiste. Merveilleux ! D’expérience avec une de consœur de son opposant, elle s’était toujours beaucoup amusée avec sa semblable, était-il quand à lui aussi doué ? Nous allions vite le savoir, un geste de la main et la tasse disparaissait comme elle était arrivée.

Bien l’invitation était acceptée volontiers, même son partenaire en bon cavalier se hâtait de mener le bal pour la belle, mais volontiers mon cher, c’était là d’un point de vue qu’il fallait arrangeant une forme de galanterie. Pour donner du charme au spectacle il faisait le show, mystique parchemin & co, le voile de fumée l’envahissait pour s’enfuir aussitôt après la bête de scène dévoilée. Magnifique comme le sont souvent les marionnettes l’artiste dans l’âme aurait voulu s’arrêter sur tous les détails de la chose, mais ce n’était pas le moment et ainsi partie remise à plus tard, donc… Un charmant serpent animé par les soins de l’homme au visage à moitié caché, mais au sourire de carnassier, son écharpe l’entourait jusqu’aux pieds et Hana était séduite. Et les premiers pas étaient vifs très vif, une nuée de sembon venant d’une gueule s’ouvrant… Hum prévisible, trop prévisible. Une agitation de ses fouets ensanglantés répondant au nombre de huit et rien ne venait l’atteindre, c’était tout ? Non, vous pensez bien, les deux ne faisaient que se saluer vous vous imaginiez quoi ?

-Magnifique création, vraiment, voyons si le créateur est à la hauteur lorsqu’il l’anime.

Son sourire si parfait en tous points disparaissaient pour laisser place à un faciès plus vrai, plus sadique tellement plus de circonstance en fait. Pour le second pas de danse, le rythme se voulait plus soutenu, mais pas trop nous en étions encore qu’au début rappelons-le. Ainsi les fouets s’agitaient en fonçant vers eux de différentes zones d’impacts, s’ils se faisaient couper, il repoussait, l’avantage du fouet chi’ton, cela seulement pour faire bouger la chose, qu’elle protège son maitre, le but n’était pas de se blesser, mais juste tester sa dextérité. Déjà le « la » était donné et la belle s’amusait beaucoup ça se voyait, elle se déplaçait autour de son compère à pas léger avec grâce, comme lors d’une danse rituelle, elle se voulait pas trop offensive, juste tenant le rythme.

-Sinon de rien pour le thé, disons demain même heure pour le prochain ok ?

Ultime petite boutade accompagnée d’une révérence elle reprenait de plus belle, aller on accélérait la cadence ~

[ PS : Quartier libre pour ta réponse, n'hésite pas à contrôler l'action (parade/toucher/ect) D'Hana pour ta réponse ! Fais toi plaisir ! Bon rp ! ]

tech utilisée:

Harmonieux étaient les filets de sang qui vinrent protéger la manipulatrice du liquide vital. Elle en avait fait de véritables fouets qu’elle maniait avec aisance et qui lui permit de dévier la trajectoire des senbons. Rien de très extraordinaire. Il ne s’agissait que de vulgaires aiguilles. Après tout il n’y avait pas de quoi s’extasier pour si peu. Mais le spectacle rendait un aperçu plutôt esthétique. Les fils de chakra bleus contre les fils de sang rouges. Une sorte d’opposition manichéenne tout à fait gracieuse et particulièrement attirant pour l’œil. Même si Kyogi n’avait pas encore laissé beaucoup de son art s’exprimer pour l’instant. Il devrait néanmoins changer cela car déjà la demoiselle donnait la mesure.

Et elle relança la conversation sur le ton de la provocation pure et dure. Elle s’émerveilla de la beauté de la marionnette mais le vrai but de sa tirade ne résidait pas dans ce constat. Elle tenait à savoir si son créateur en était à la hauteur lorsqu’il l’animait. Il se retint de lâcher un éclat de rire qui se mua plus en un ricanement de bon cœur. Devait-il dire la vérité ? Que cette marionnette n’était pas le fruit de son travail personnel ? Qu’il avait simplement profané la tombe d’anciens marionnettistes de Suna pour se la procurer ? Les jumeaux Toshihide lui avaient prémâché le travail sur ce coup-là et il le reconnaissait. Mais avouer dès lors qu’il était un profanateur de tombes, il y a mieux en matière de première rencontre vous ne croyez pas ? Mais face à cette pique oratoire, il avait la réponse parfaite. Son sourire s’élargit alors qu’il répondit à ces mots :

- Son créateur aurait beaucoup de mal à prouver sa valeur vu l’endroit où il est actuellement.

Et un peu de mystère en prime histoire de la laisser sur sa faim. Elle qui était bavarde et non avare de questions, elle serait servie avec lui. Mais elle ne s’arrêta pas là. De plusieurs pas gracieux, elle commença à tourner autour de lui et faisait claquer ses fouets pour venir blesser ce qui passerait à portée. Il reçut quelques coups mais serra les dents pour supporter la vive douleur brève. Ce n’était pas non plus d’une puissance phénoménale alors c’était supportable à court terme. Mais il devrait réagir vite pour ne pas en augmenter la force. Et alors qu’elle continuait son ballet funeste, elle lui adressa quelques mots pour recevoir son remerciement en lui proposant un autre rendez-vous le lendemain à la même heure. C’est pas pour te décevoir chérie mais je compte pas m’éterniser ici non plus, pensa le marionnettiste. Il ne le prononcerait pas à voix haute, loin de là. Il devrait trouver une réponse à ça d’ailleurs. Pas très compliqué. Sa révérence tout aussi provocatrice que ses mots de tout à l’heure lui coûtèrent donc une réponse made in Kyogi :

- Avec plaisir pour ma part. mais auras tu toujours envie de ce thé en ma compagnie après ça ?

Le dernier mot fut accompagné d’un geste de poignet qui accompagna le mouvement de tête de la marionnette qui se déplia enfin et révéla tout son potentiel et toute sa beauté. La bestiole de bois entrouvrit sa gueule immense, dévoilant des crochets. Un sourire ornait le faciès du garçon qui par des mouvements gracieux et calculés ordonna à son reptile sylvestre de se lancer sur la jeune demoiselle. Hana venait justement d’accélérer la cadence avec ses fouets. Il n’allait pas se laisser avoir par si peu. Si elle tenait à rester à distance, Kobura viendrait la débusquer avec cette morsure fourbe. Une blessure et elle commencerait à somnoler délicatement. Un avantage certain. Et histoire de ne pas rester sur une telle note, il tenait à continuer et à lui renvoyer la pareille. Il lâcha momentanément sa prise d’une main pour former un fouet lui aussi. Sa constitution en eau le rendait assez souple et malléable mais capable de faire mal quand même. Autant que ceux de la Ketsueki.

Très vite, le filin d’eau se fraya un chemin jusqu’à la demoiselle pour la saisir à la cheville. Mais dans sa danse sans fin, elle l’évita. Au bout de deux tentatives, il renonça et choisit une approche différente. En effet, au lieu de l’attraper, il privilégia le fait de la rabattre vers la gueule béante et aux effets néfastes de Kobura en assénant un coup à l’horizontale. Dans le meilleur des cas, cela l’atteindrait aux côtes et la pousserait de côté pour favoriser la course poursuite avec le serpent. Tout ça si jamais elle ne trouvait pas de parade. Ce dont il doutait bien évidemment.

Spoiler:

Énigmatique réponse, elle voulait tout dire et rien dire à la fois, Hana devait-elle supposer que le créateur était mort ? Ou incapable à nouveau de se battre, voire enfermé. Qu’importe après tout, la réponse n’était pas complète, mais avait-elle besoin de l’être, en gros, il n’était pas le créateur et alors ? Un marionnettiste était l’âme de sa marionnette, qu’il en soit le créateur ou non. La belle souriait, encore une fois il s’esquivait, ne faisant ainsi que monter l’intérêt qu’elle pouvait avoir pour lui, avide de réponses, manquer de lui en donner, c’était l’invité à le faire, encore et encore jusqu’à ce qu’elle parvienne à ses fins. Voilà pourquoi son faciès se faisait joyeux quand il insinuait provocateur, que demain elle n’aurait plus envie de le voir, pas après ce qu’il comptait justement lui faire subir. C’était si mal la connaitre, car c’était aujourd’hui et par sa faute tout le contraire, encore plus, un petit plus, il lui avait tendu la perche sur laquelle elle voulait s’accrocher. En parlant de ça…

Voilà que la bête s’activait tentant de l’embrocher, entendez par là l’attraper, il n’était pas question de la blesser réellement du moins. Dans sa danse sans fin, la Ketsueki se démenait pour ne pas se faire toucher, en vain, une piqure, une douleur, un geste minime ? Non la fleur en doutait et bientôt ses soupçons se confirmaient, elle se sentait lourde et légère à la fois, porter vers la douceur de Morphée, un poison ? Oui c’était exactement cela, l’intriguant manieur de fils de chakra, était aussi vicieux qu’un scorpion du désert… Hana jubilait, elle adorait ce côté-là, Dame la Chance lui avait offert une belle rencontre, il n’y avait plus à en douter. Et tandis qu’elle piquait du nez, le sentait, mais ne pouvait rien y faire, son cavalier la faisait danser, encore et encore cette fois maintenant à l’aide de fouet bleuté, il lui donnait le change, cette fois, la demoiselle était conquise. Demain même heure n’est-ce pas ?

Surement, car le bal finissait et l’heure de la révérence sonnait, le maitre de cérémonie n’était autre que le serpent artificiel, de ses fouets, la belle tentait de se dévier en se tirant par leur biais, mais la fatigue avait gagnée, ses membres s’était endolorie, les fouets ensanglantés se défaisait de ses doigts pour laisser la fine rivière rougeâtre éclatait au sol peu après que le bas du corps de la Ketsueki ne l’ai rejoint. Souriante un peu forcée, non pas qu’elle n’avait pas envie de le faire, juste que la fatigue la faisait déjà assez lutté comme ça, elle déclarait alors :

-Oui, je te confirme, demain même heure, pour le thé, mais que dirais-tu avant d’un café. Je me sens vaseuse !

Elle riait oui de bon cœur, autant que l’on le peut dans son état tendant la main qu’elle agitait pour une éventuelle assistance, avant de questionner encore le vainqueur de l’histoire.

-Je confirme, tu vaux bien ta marionnette il faut croire, mais dis-moi… Qu’est-ce que tu m’as fait, je me sens sortie du temps, un poison… ?

Et à ça, y avait-il un antidote ou devait-on simplement laissait l’effet se dissiper… ?

Il semblerait que cette fois il avait bien placé ses cartes. Après un tel enchaînement d’attaques, la jeune manipulatrice de sang n’avait pas trouvé de parade assez efficace. Le fouet aqueux et les assauts répétés de la marionnette pour lui asséner une simple estafilade avaient portés leur fruit. Il relâcha la concentration de chakra et l’eau retomba au sol. Kobura s’arrêta de poursuivre Hana qui commençait à ressentir les effets du poison. Le serpent de bois revint auprès de son maître alors que les fouets de sang subirent le même sort que leur confrère aqueux quelques secondes avant. Kyogi observa la scène amusé. Ça avait été plutôt court. Pas très satisfaisant. Au moins avec ça il avait atteint son objectif. Une telle défaite lui passerait l’envie de revenir l’importuner et de lui proposer une rencontre quotidienne pour boire un thé immonde. Mais il déchanta très rapidement.

Les genoux à terre, la Ketsueki força un sourire et déclara leur prochaine rencontre au lendemain pour un nouveau thé. Enfer et damnation ! Il ne s’en sortirait pas si facilement apparemment. elle était dans un piètre état et il avait su mener son combat habilement mais pourtant tous ses efforts n’auront finalement servis à rien. Quelle cruelle déception à masquer derrière un petit ricanement alors qu’il lui répondit :

- Va pour demain donc. Thé ou café à ton goût.

Il ne se répandit pas en balivernes sur ce coup. Puis la demoiselle semblait un peu bloquée et elle remua la main pour lui demander de l’assistance. Lui qui bouillonnait de rage, il dû faire un effort considérable pour se rapprocher et l’aider à se relever alors qu’elle demandait l’origine de sa fatigue soudaine après avoir félicité sa maîtrise en Kugutsu. Et pourtant elle en avait déjà une idée. Elle venait de prononcer le mot juste. Du poison. Un petit sédatif somme tout assez léger qui provoquait une somnolence progressive. Et le plus amusant dans l’histoire ? Kyogi n’en avait pas l’antidote ! En même temps pourquoi irait-il guérir un adversaire qu’il arriverait à blesser avec ce poison ? Bon dans ce cas de figure ça aurait été l’idéal. Quoique… Non malheureusement ce n’était pas le mieux à faire. Déjà qu’il était bloqué à cause de ce rendez-vous le lendemain. S’il posait un lapin à la jeune fille, elle saurait qu’il n’avait pas été sincère depuis le début. Il grinçait des dents intérieurement. Oui c’est dur mais faut imaginer !

Alors qu’il assurait l’équilibre de la jeune fille en s’apprêtant à la rattraper si elle retombait, il lui demanda d’une vois angélique :

- Ça va mieux ? Normalement ça ne fait pas cet effet ? Tu vas devoir attendre un moment avant que ça s’estompe en plus.

Pour une fois qu’il disait vrai. S’il y avait bien quelque chose de vrai dans ce qu’il avait dit depuis le début c’était ça. Quoique ! Non en fait ! Il avait été anormalement honnête lors de cet entretien ! Il avait dit s’appeler Kyogi. Il avait dit que le créateur de Kobura n’était plus en état de la contrôler et d’en dévoiler le potentiel. Et là il lui avoua qu’il fallait attendre un peu avant que le poison arrête de faire effet. Bon Dieu mais il devenait sincère ! La première idée qui lui passa par la tête à ce moment c’était de se purifier par le feu ou l’acide pour avoir fait ça. Mais quelle idée vraiment ! Passer une semaine dans un village et ça y est vous êtes changés à tout jamais. Il fallait qu’il se barre d’ici absolument. Mais il ne pouvait pas…Tant qu’il n’avait pas pressé cette opportunité comme un citron et qu’il n’en avait pas récolté tout le jus, il resterait. Mais à quel prix franchement ? Punaise faites qu’il reste un minimum faux et mesquin pitié !

La môme était fourbe et bonne comédienne, ce n’était pas nouveau, aussi cette garce avait-elle exagéré la chose volontairement. Dans quel but ? Mettre en confiance l’intriguant quelle question. Les hommes et leur ego, si vous saviez ! Et celui-là avait l’air d’un sacré renard, il fallait être plus rusée que la ruse elle-même, mais pourquoi faisait-elle cela ? Aucune idée, Hana aimait simplement avoir toujours tout ce qu’elle voulait comme une enfant capricieuse et plus ça lui résistait, plus elle en avait envie, cqfd. Et là son jouet était un marionnettiste qu’elle menait en bateau aussi bien que si elle aurait des fils pour le contrôler… Sacrée Hana incorrigible qui à force de voler autour du feu allait se brûler les ailes…

C’était loin d’être dans ses soucis, non, la belle n’était d’humeur qu’à jouer là tout de suite et pour ça, son compagnon de fortune lui avait tendu une sacrée perche avec cette histoire de poison somnolant, le pauvre. Il continuait en plus de la consolider dans son humeur, le voilà l’aidant attentionné à marcher, même forcé, comme il devait la maudire et elle le savait, ça ne rendait que meilleur le moment. Elle jubilait, mais devait la jouer faible, toute faible, d’autant que le rendez-vous était pris pour demain et qu’elle comptait bien qu’il y soit, quitte encore à lui forcer la main !

-Vraiment pas cet effet ? Et lequel fait-il alors… ? Tu crois que fait une réaction secondaire… Je me demande bien ce que cela peut être…

Elle faisait un long bâillement tout en ralentissant sa marche, bon bien sûr qu’elle était fatiguée, mais pas tant… Le but de la manœuvre, testait le bougre bien sûr, jusqu’où allait-il aller et à quelle limite pouvait-elle le pousser, le jeu de toute sa vie était très bien exposée ici. Plusieurs fois elle faisait mine de manquer de s’évanouir pour qu’ils se casent vite fait au premier café et tandis qu’il commandait elle faisait mine d’être dans les vapes, pour ne pas payer bien sûr, euh… Donnant le change à sa divine comédie ! Hana baillait en posant sa main devant sa bouche et posait une question sans utilité, juste une pour faire diversion… Garce.

-Tu lis quoi toi là-bas sur le petit panneau à droite… Tu sais celui au fond de l’impasse…

Et c’était d’un truc à dix mètres de là qu’elle lui parlait, un qu’on voyait depuis la fenêtre, une excuse pour sa suite à peine la tête tournée, elle prenait son épaule pour un oreiller, une fois son café fini. Un dernier bâillement, elle dormait… Oui pas vraiment, mais comment pouvait-il le savoir ? Le voilà bien embêter, Hana était aux anges . La suite ! Vite ! Vite ! Qu’elle se relève en rigolant ou poursuive son cinéma à l’extrême !

Hana commença à se soucier de son état en demandant quel effet devait avoir le poison normalement et ce n’était pas un effet secondaire. Lorsque le marionnettiste vit dans quel état elle était, il se le demandait. Mais n’étant pas médecin, il ne pourrait le dire avec exactitude. Mais cela l’emmerdait au plus haut point. Nombre de victimes étaient tombés sous le joug de ses poisons mais encore aucune ne lui avait fait un coup comme ça. La somnolence diminuait la réactivité et empêchait de riposter à quelques assauts éclairs dont le marionnettiste avait le secret. Un bâillement manqua de décrocher la mâchoire de la jeune fille. Et élégante en plus de ça. Bon sang dans quelle merde s’était-il fourré. C’est dans ces moments-là que ce balourd de Rain serait utile. Surtout avec sa tronche. Il avait quand même le chic pour faire fuir tout le monde. Kyogi était juste habitué sinon il serait déjà parmi ceux ayant fuis le bonhomme.

Ils s’installèrent donc dans un café pour commander de quoi requinquer la demoiselle. il venait de lui expliquer brièvement que ce n’était certainement dû qu’à une mauvaise concentration de la toxine et que l’effet était plus important mais que ça se dissiperait. Il lui avait expliqué ça rapidement avant que le serveur n’arrive pour prendre la commande. Deux cafés noirs sans sucre pour l’endormie et un thé pour le pauvre marionnettiste. Comment se faire ruiner sa journée. Et comme si ça ne suffisait pas, le pire arrivait à petit pas. Discrètement et sournoisement. La Ketsueki bailla une nouvelle fois et lui posa une question assez étrange. Elle lui demanda ce qu’il lisait sur un panneau placé à pétaouchnoque. Il tourna la tête par réflexe pour voir de quoi elle parlait et à peine l’avait-il fait que le pire se produisit. Elle…….déposa……sa…….tête……sur son épaule……à lui ! Enfer et damnation. La tuer ici même devant tout ce monde ne serait pas mal vu ? Si, il y a de fortes chances. Mais il ne pouvait tolérer ça !

Il ne protesta d’aucune manière physique tout à fait vive, même si intérieurement il était aussi stable qu’un noyau atomique à Fukushima. Comment se débarrasser d’elle ? Il devrait déjà revenir le lendemain et supporter de nouveau sa présence. Mais là ça atteignait le summum de l’horreur. C’est dans ces moments-là qu’un repoussoir à gonzesse comme Rain serait utile. Il lui aurait suffi de juste dire bonjour et elle aurait déjà cavalé en hurlant sans l’importuner avec son thé immonde. Du Rain tout craché quoi. Mais non, il semblerait qu’il ne parviendrait à rien avec lui comme il n’était pas là. Par conséquent, il devrait faire avec les moyens du bord. Comme l’autre dormait, il eut le loisir de prendre dans sa poche une fiole dont il versa le contenu dans la tasse de café restante. Encore heureux qu’il en avait pris plusieurs. Il rangea la fiole qu’il inversa avec une seconde fiole qu’il but d’un trait. Il prit ensuite la tasse de café dont il but une gorgée. Le liquide était encore chaud et gardait son goût. Parfait.

Il reposa le petit récipient et posa sa main sur l’épaule d’Hana pour la secouer légèrement. Les quelques secousses finirent par lui faire ouvrir les yeux et il lui approcha la tasse avec un sourire qu’il voulait complice et qu’il accompagna de quelques mots :

- Tiens reprends en un peu ça devrait t’aider à faire passer la fatigue.

Vous l’aurez compris, c’était tout bonnement faux. Le breuvage était maintenant baigné du même poison qui enduisait les crocs de Kobura et Kyogi avait dû avaler un antidote spécial pour ne pas risquer de s’endormir en testant le goût du liquide noir. Le poison n’avait pas de goût et on ne le sentait pas dans le café. C’était parfait. Avec ça, elle en aurait pour un sommeil réellement profond et il serait enfin débarrassé. Même si elle dormait déjà, au moins avec la dose qu’il avait mis, elle continuerait jusqu’au lendemain soir avec un peu de chance !

Elle écoutait tous les sons, tenter de percevoir tous les mouvements, ainsi Hana sentait sa cible se figer, son action devait le gêné et pas qu’un peu. Amusée, elle se laissait prendre au jeu tandis qu’il la poussait après un long moment pour la faire boire son café, hum ? Elle qui croyait l’avoir presque fini découvrait alors que la quantité de liquide avait augmentée, perplexe, elle hésitait alors à le boire ou non, pour sûr il avait rajouté quelque chose, mais quoi ? Attrapant la tasse elle se tâtait à jouer avec le feu ou pas, elle était comme un papillon et qui ne sait pas à quel point ils sont attirés par les flammes, quitte à se suicider. Aussi, il n’était alors pas surprenant qu’elle se laisse aller à son envie, même sachant la mauvaise idée que cela pouvait être, souriante elle portait le liquide à ses lèvres, désireuse de rapidement en découvrir l’effet. Point de goût dans son café, point de sensation pouvant trahir l’intrus, amusant, bien plus encore, alors après cette toute frêle gorgée pour goûter, elle l’avait en entier.

Choix hasardeux et quelque peu mal avisé pour certains, mais sachez que pour Hana tout a un but dans le but, si le destin lui avait tendu cette possibilité, c’était qu’il y avait alors par ce biais quelque chose à gagner ou y perdre, quoi qu’il en soit, elle prenait ça pour le signe d’un de ses dieux parfois farceurs et acceptait la conséquence sans broncher. Le résultat était sans appel, sa vue se floutait et ses membres s’endolorissaient, elle se sentait cette fois vraiment basculer vers les bras de Morphée, un somnifère ? Mais pourquoi alors qu’elle semblait déjà s’endormir ? La demoiselle ne comprenait pas le but de la manœuvre et c’était probablement ce qui lui plaisait le plus dans cette dernière. Son cou ne supportant plus le poids de sa tête, cette dernière se soutenait à nouveau sur l’épaule de l’auteur de la nouvelle farce. La conséquence ne fut pas longue à tomber, mais avant la brune marmonnait avant de s’endormir irrémédiablement…

-Te voilà bien embêté, une consœur sonnée que tu ne connais ni d’Adam, ni d’Eve sur les bras…

Les yeux se fermaient et les sons ne parvenaient bientôt plus, le songe l’avait aspiré tout entière et quand son esprit était en phase de rêve, un curieux se dessinait dans sa tête, tandis qu’elle n’avait aucune idée et n’y pensait même pas d’ailleurs, de ce qui se passait dans la « réalité » du monde dans l’autre le monde était trouble et elle s’y perdait...
Un bruit de grincement occupé l'espace-temps d'une enfant, assise sur sa balançoire, elle se balançait sans fin, rythmant ainsi ce son horrible, dans son va et vient. De l'horizon, elle n'arrivait à rien percevoir, une lumière vive et dense occultant sa vue tout autour, seul un vent chaud berçait son visage faisant ainsi voler ses cheveux. Elle passait de temps à autre sous une ombre qui soulageait ses yeux, ce qui lui donnait l'idée de lever la tête. Là, la petite apercevait une large branche, suivant cette dernière du regard, elle voyait enfin l'arbre mort qui la supportait, mais rien, rien d'autre à part lui, tout autour le désert le plus complet et combien le mot était bien choisi. Sous ses petits pieds nus, l'enfant sentait ces derniers s'enfonçaient dans un sol chaud et sableux. Oui doré et fin, c'était bien du sable, progressivement le bruit du grincement se stoppait, quand elle finissait par se retourner, son point de départ avait disparu, le néant de cette étendue désertique l'encerclait. Avait-elle peur ? Curieusement non.

¤ Le décor semblait changer au grès de ses pas, le jaune perdait sa place dans la pureté d'un blanc qui l'aveuglait encore bien plus avec toute cette lumière. Puis soudain la pluie, du moins une goutte venant joncher son visage, à nouveau le menton en l'air, les cieux étaient d'un blanc éclatant, aucun nuage à l'horizon, alors quoi ? Une goutte encore perlait sur sa petite mine, elle l'essuyait machinalement, avant de guetter ses doigts. C'était rouge. Elle fixait. Du sang ? Pourquoi pensait-elle à cela directement... Sa fine main portait alors le liquide à sa bouche, il était sucré et sous cette action la pluie sanglante tombait à flot, recouvrant bientôt tout le sable blanc, mais pas l'enfant dont les contours étaient épargnés. Pourquoi alors lui venait cette irrésistible envie de tendre la main vers le déluge sanglant. Les gouttes étaient froides, presque gelées, loin des premières chaudes et écoutantes qui l'avaient touché et un détail la marquait, aucun son rien, malgré la pluie battante, alors elle ouvrait sa bouche pour parler, rien...

¤ Toujours dans cette sérénité, perdu dans un état second, elle observait sans se poser les bonnes questions, soudain une sensation familière et agréable sur son front lui donnait un sourire, une peau douce, une chaleur et un geste tendre... Un présence chère à son coeur, rassurante, une qu'elle avait l'impression de ne jamais quitter...

« One-san ? »

« Réveille-toi maintenant... »

« One-san ?.... »

« Réveille-toi... »

Encore cette maudite lumière, difficilement, elle tentait d'ouvrir ses pauvres yeux agressés par une lumière pourtant insignifiante, celle d'un clair de lune. Progressivement, mais impossible de mettre une notion de temps dessus pour notre emoiselle, le jeu des ombres formait un tableau plus ou moins concret d'une pièce au ton clair malgré la nuit et ma foi tout à fait minimaliste. Son corps refusant de lui obéir, elle ne pouvait compter que sa vue troublée et la portée de sa vision depuis la place de sa tête figée. A sa droite, la source de la luminosité, une fenêtre, à sa gauche une sorte de rideau et en face une petite table où trônait négligemment quelques notes. Cet endroit lui était inconnu, alors, qu'à moitié sonnée, aucune pensée ne lui venait, elle guettait un peu plus avant de commencer à s'endormir sans forcément le désirer...

Mais ce son la rappelait à la surface de son éveil, ce va et vient, la balançoire, Hana se mettait alors en quête de la chose, n'avait-elle donc pas rêvé ? Soudain, un objet en métal, un métronome attirait son attention, il avait un reflet qu'elle n'avait pas remarqué alors, une silhouette, mais où se tenait la vraie personne qui formait ce reflet. La réponse, elle n'eut pas à la chercher bien loin, si tôt son esprit avait réussi le calcul, c'est à dire, près d'elle au sol à sa gauche. Sa curiosité se penchait sur l'identité de l'être et au fur et à mesure que le jour prenait ses droits dans les cieux, l'image dans le pseudo miroir se faisait plus distincte. Impossible, ce visage, bien que changeait, était celui de son frère, par réflexe son nom tentait d'être prononcé, mais aucun son, aucun mouvement, une soudaine panique chassait alors son calme.

Dans quelle galère s'était-elle mise, son sens de l'odorat lui revenant, plus aucun doute la tourmentait, c'était bien son parfum qui chatouillait ses narines, naïvement, elle se consolait dans l'idée qu'il s'était assoupi. Alors qu'elle n'y croyait plus la tête qu'elle voulait tourner vers lui agissait dans ce sens, ainsi de côté, sa perception de l'espace changeait. Un bras dénudé sous son nez se tenait-là, couvert de symboles étranges, un bras fin, un d'adulte, dans un premier temps, elle l'ignorait, trop tentée par le sol et ce qu'il soutenait... Cependant, faute de pouvoir y parvenir, le membre tatoué captait finalement son intérêt, réflexe alors, qui sait, le bout des doigts de cette main se mettait à bouger. Curieux, elle avait senti le mouvement, elle avait ressenti comme étant sien, mais ce membre n'était pas à elle, si ? Oui effectivement, elle reconnaissait bientôt les marques étranges qu'elle avait elle-même inscrite, tandis que l'illusion qui l'avait assaillit se dissiper, l'ombre n'avait été qu'une hallucination, car à la nouvelle tentative de regard, il n'y avait plus personne. le corps en nage, elle aurait voulu se lever, mais trop sonnée pour cela, elle devait se résoudre à attendre, probablement que la matinée lui offrirait des réponses, d'ailleurs quelle heure était-il ? Où était-elle ? Comment déjà en était-elle arrivée là? Le souvenir du café truqué lui revenait en mémoire, elle confirmait, la substance était puissante... Frêlement elle demandait alors...

- Il y a quelqu'un...?

Un rêve... ? ~