Ce matin-là, j’étais de retour de mon entraînement. Eh oui, il m’arrive de m’entraîner! Une feignasse comme moi peut elle aussi se bouger les fesses, car ce n’est pas en se prélassant toute la journée que je vais devenir la nouvelle renommée de Konoha. Je m’étais donc levé tôt le matin et malgré ses protestations Akamori m’avait aussi suivi. Il savait qu’au fond c’était la bonne chose à faire, il était simplement aussi paresseux que moi. J’avalai un petit truc rapide, le petit-déjeuner étant le repas le plus important de la journée, et pris la direction du terrain d’entraînement. Je l’avais découvert il y avait déjà quelques temps, lorsque j’avais fait une de mes premières rencontres dans le village. Le lieu m’avait tout simplement fasciné; il était tout ce que je cherchais dans un lieu de détente. Il y avait une rivière pour se rafraîchir, des arbres sous lesquels se prélasser et, finalement, un terrain d’entraînement. C’était rapidement devenu mon lieu favori.

Je me pratiquai sans relâche, essayant de travailler sur la synchronisation avec Akamori ainsi que sur la rapidité de nos attaques. Ces deux aspects étant les fondements de nos combats, je me devais de maîtriser les bases avant de pouvoir continuer. Je ne me berçais pas d’illusions : j’étais loin d’être le ninja le plus fort du village, mais ils avaient tous commencés quelque part, comme j’étais en train de le faire. Il commençait en bas de l’échelle et c’était très bien comme ça. Mais après quelques heures d’entraînements, j’allai m’adosser à un arbre et je me reposai sous l’ombre des feuilles. Content de mes efforts, je me donnai le restant de la journée. Je savais comment récompenser le travail bien fait. Secouant la tête d’Akamori, je me levai et l’invitai à faire de même.

-Allez, Akamori! Nous avons fait du bon travail, allons nous promener un peu au Centre Ville. On se trouvera quelque part pour prendre une bouchée rendu là-bas.

Mon invitation eut son effet puisqu’en moins de deux il se retrouva sur ses pattes, prêt à partir. La main accoté sur sa nuque, mes doigts glissant dans la fourrure de son cou, nous partîmes en direction du centre du village, qui à cette heure devait grouiller de monde. Je ne me trompais pas, car aussi arrivé sur les lieux je vis que je n’étais pas le seul à avoir eu l’idée de me promener. On aurait dit que la totalité du village se trouvait là, avais-je manqué un message important? À mesure que je faufilai à travers la foule de monde, je réalisai que l’atmosphère n’était pas tendu comme lorsqu’il y a un message général. Il y avait juste beaucoup de monde aujourd’hui. C’est à cet instant que je le vis, il n'y avait aucun doute. C'était bien un ninken que je vis à travers la foule. Son pelage gris argenté avait attiré mon attention, mais maintenant que je le regardait plus attentivement il devait plus ou moins être de la même taille qu'Akamori. Mais si c’était un ninken, la jeune femme à côté de lui devait sans doute être… une Inuzuka! Était-elle une tante, une cousine ou peut-être une nièce? Je devais le savoir.

Coupant à travers la foule le plus rapidement possible, je tentai de réduire la distance qui me séparait de ma parente. Finalement, je fus assez près pour héler un « Attends », mais elle n’eut pas l’air de m’entendre. Peut-être m’avait-elle ignorée, mais je ne pouvais pas baisser les bras maintenant. Je repris ma course et arrivai finalement à ses côtés. Je me mis alors dans son chemin, la forçant à s’arrêter. Je repris mon souffle quelques instants avant de finalement pouvoir sortir quelques mots.

-Hey, attends! Tu ne serais pas du clan Inuzuka par hasard?

Si jamais il s’avérait qu’elle soit du clan Inuzuka, ça serait génial! Je n’ai pas rencontré beaucoup de ma famille lorsque je suis arrivé, je ne connais pratiquement rien d’eux. Si je devais trouver une famille à Konoha, cela serait vraiment super. Adieu la vie solitaire, les soupers en simple compagnie d’Akamori. Même si je ne me laissais jamais de sa présence, je m’ennuyais des repas où nous étions tous ensemble autour de la table. Si je venais à retrouver cela… Je pensais aussi au confort qu’ils doivent avoir, comparé à où je vivais présentement. Et peut-être avaient-ils même un onsen qui sait? Tant de chose, qui reposait pourtant sur bien peu de chose, une simple rencontre avec une jeune femme.

Elle me dévisagea quelques secondes après que je lui ai demandé la fameuse question. Elle semblait m’analyser de la tête aux pieds, c’était assez particulier. D’un autre côté je comprenais un peu sa réaction; maintenant que j’étais devant elle ma question était en effet un peu idiote. C’est sûrement à cause d’un lien familial ou quelque chose du genre, mais ça me sautait aux yeux qu’elle était Inuzuka. Mais au lieu d’une quelconque réplique cinglante, que certain membre de sa famille éloignée lui aurait lancée, un petit sourire s’esquisse sur le visage de ma parente. Elle me confirma alors qu’elle est bien du clan Inuzuka, s’appelant Asuna. Elle me demanda mon nom en retour, mais je n’eus pas le temps de dire un mot qu’elle me posait plein de question sur Akamori et sur ma raison ici. J’apprends par le fait même que le sien s’appelle Rani, ce qui m’évite de lui demander. Je l’aimais bien, ma nouvelle cousine; elle allait directement au but, sans tourner autour du pot. J’attendis qu’elle ait posé toute ses questions pour me présenter en bonne et due forme, répondant à toute ses questions.

-Inuzuka Takeo, heureux de vous rencontrer. Quant à monsieur ici présent, dis-je en désignant Akamori d’un geste de la main, je vous présente Akamori. J’ai quitté ma famille qui vit dans les bois pour m’installer à Konoha pour montrer ce que le clan Inuzuka est capable de faire. Après la guerre à l’île des Cendres, mon clan ne voulait toujours pas intervenir avec le village. J’étais le seul de ma famille à vouloir agir, alors avec Akamori j’ai décidé de venir montrer au monde ce de quoi nous étions capables. J’ai suivis mon instinct et c’est tout ce qui compte.

Je dus m’arrêter, manquant de souffle. J’avais déjà été à bout de souffle en arrivant, me voilà en train de déblatérer sur ma vie en plein rue. En plus, j’avais la bouche beaucoup trop sèche, je fermai la bouche et déglutit. La dernière question était pour lui la plus importante, celle à laquelle il voulait le répondre à sa cousine.

-Je suis un shinobi du clan Inuzuka, si je n’étais pas fier de cela je ne serais pas devant présentement afin de montrer ce que je peux donner au village. Malgré les différences idéologiques que j’ai avec mes aînés, c’est tout de même grâce à eux que je suis devenu le shinobi que je suis et je leur en suis reconnaissant.

Je regardai alors Asuna et je voulus aussi savoir ce qu’elle faisait ici. Elle était sans aucun doute une kunoichi et son regard montrait qu’elle était très fier de ce qu’elle était, énergie qui émanait aussi de Rani je dois admettre. J’avais l’impression que d’une certaine façon ils étaient aussi là pour se démarquer, qu’ils étaient là pour la même raison que moi. Mais quel shinobi n’est pas là pour avoir son heure de gloire? Je pris une grande respiration et décidai d'en apprendre un peu plus sur Asuna.

-Et toi, est-ce que tu habites ici? J’ai entendu parler de certains membres du clan s’étant installé de façon permanente dans le village. Et à te voir avec Rani, je n’ai aucun doute que tu es une kunoichi!

Ça m’évitait une autre question idiote, moi qui voulais en savoir plus sur elle. C’était quand même la première kunoichi du clan que je rencontrais à Konoha. Parce qu’il n’y avait pas vraiment de doute, une membre du clan Inuzuka se promenant avec un ninken ne pouvait pas être autre chose. Et pourtant, nous étions dans un monde complètement différent de celui dans lequel j’ai grandi, j’oserais presque dire qu’ici tout est possible.

Alors que je m’arrêtais pour reprendre on souffle, je la sentais me regarder, m’analyser de la tête aux pieds. Essayait-elle de voir de quoi j’étais capable, ou était-elle en train de me jauger? Ce n’était pas important, je continuai donc et répondis pourquoi j’étais fier d’être un shinobi. Je restai là quelques instants, mes paroles restant en suspens. C’était comme si elle cherchait quoi dire. Avais-je dit quelque chose qui la dérangeait? Me voyait-elle comme un rival? Heureusement pour moi, mes peurs n’étaient pas fondées, puisque la première chose qu’elle fit fut d’être d’accord avec ce que j’avais dit, partageant les mêmes ambitions que moi pour notre village. Elle était prête à montrer à Konoha ce que les Inuzuka valaient à nous deux, ce que j’aimais aussitôt de ma cousine. Décidément, on s’entendait bien plus qu’on aurait pu le penser, elle et moi. Elle enchaîne ensuite en me demandant ce que représentait Akamori pour moi. Rani était son égal, en était-il de même pour moi?  Avant que je puisse répondre, elle s’empressa de dire qu’elle avait un appartement à elle seule, comme moi. Elle se tait alors, ce qui me laisse le temps de répondre à sa question. Elle devait déjà savoir la réponse, mais je comprenais les raisons qui la poussait à me le demander.

-Oui, Akamori est mon frère. Nous vivons, nous dormons et nous combattons ensemble. Aussi loin que je me rappelle, Akamori a toujours été, je ne peux pas m’imaginer sans lui.

Je débitais mes paroles, emporté par l’émotion du moment. Parlé ainsi d’Akamori me rendait toujours émotif. Dire qu’il était un frère n’était pas assez fort pour décrire en réalité ce que je ressentais pour Akamori, c’était comme s’il était une autre partie de moi. Mais je gardais cela pour moi, ne voulant pas paraître présomptueux. Après tout, je ne sais pas quelles expériences elle a traversé avec Rani, ils sont peut-être beaucoup plus proches que nous. Mais c’était des peut-être, je ne pouvais ni ne voulais savoir, ce n’était pas une compétition à savoir qui a la meilleure relation avec son ninken. Je remarquai alors qu’elle avait reculé de quelques pas et me regardait avec un drôle de regard. C’était le regard qu’on voyait quand… Oh non, je venais tout juste de comprendre où elle voulait en venir lorsque ses mots traversèrent ses lèvres, m’invitant à un combat amicale comme que je le redoutais. Elle voulait faire ça en pleine ville? Comme elle l’avait dit, je n’avais sûrement pas le choix, ils nous sauteraient dessus au moindre mouvement. Tout de même, je tentai de la convaincre que le centre-ville n’était peut-être pas le meilleur endroit.

-Je serai ravi de vous affronter, Rani et toi, mais peut-être devrions-nous déplacé notre duel? Je doute que le Centre-Ville soit la meilleure place afin de tester notre force. Je reviens justement de là, mais que penses-tu du Terrain d’entraînement? On aurait plus de place, non?

Je n’eus droit à aucune réponse, sinon qu’elle s’élança ur moi en riant. Quant à son chien, je le vis charger sur Akamori comme une vraie bête. Pendant quelques secondes, mes pensées allèrent vers Aka qui je savais serait capable de s’en sortir avant de me reconcentrer sur Asuna-chan, qui serait elle aussi sûrement aussi féroce que son ninken. Comme de fait, je sentis sa présence bien avant qu’elle ne m’atteigne tellement elle était imposante, mais cela me laissa le temps de bloquer in-extremis son premier coup et d’utiliser la force du coup pour m’éloigner d’elle. Mais à peine avais-je les deux pieds de retour au sol que je bondissais à mon tour en direction de ma cousine pour lui lancer une séries de coups de poings et de coudes. Même si nous étions du même clan, j’espérai qu’elle n’ait pas appris les mêmes techniques que moi, ce qui l’empêcherait d’anticiper mes coups.