Les nuages étaient bas aujourd'hui, mais la rue était grouillante de monde. Le centre-ville comme à son habitude semblait être un lieu de paix. Qui aurait pu dire que non loin du village se déroulaient des batailles sanguinaires ? Alors qu'ici, tout semblait si calme, du moins, en quelque sorte. Les gent allaient et venaient de toutes part et dans tous les sens, sorte de fourmilière humaine où chaque individu travaillait pour sa peine et pour l'effort de guerre. Bien des hommes et des femmes étaient parties, cela obligea à beaucoup de civil de travailler encore plus fort qu'à l'habitude. Le nombre de Genin dans le village n'augmentant pas de manière exponentielle, il était difficile de trouver de l'aide.

Les genins, les quelques rares élèves qui avaient choisi de se former en tant que ninja venaient justement de passer leur examen dans la matinée et seul une poignée avaient réussis. Denkou en faisait partie, du haut de ses dix-sept ans, il faisait office de vieux de classe, ses jeunes camarades n'ayant pas plus de quatorze ans. Denkou n'était pas en retard, mais avait choisi plus tard que la plupart des apprentis ninjas sa voix. L'examen n'avait pas posé de grandes difficultés, seul quelques techniques de base à reproduire, sans doute pour facilité l'intégration militaire à cause du manque de personnel évident. Seul deux échecs, sur une dizaine de présenter. Denkou avait réussi haut la main et profité maintenant de la fraîcheur d'un après-midi hivernal en centre-ville.

Son bandeau frontale pendait le long de sa jambe droite, noué à sa ceinture. La plaque de métal était bien trop froide à cause du temps et ça gênait quelque peu le garçon qui avait donc décidé de l'accrocher ici, bien visible mais loin de tout contact direct avec la peau. La fraîcheur a toujours plus vite à s'installer dans le pays de la foudre qu'ailleurs et cette année ne dérogeait pas à la règle, bientôt il y aurait de la neige.

La mission qu'on lui avait confiée en lui remettant son bandeau fut rapidement éxecutée puisqu'il s'agissait d'aider au ravitaillement d'une enseigne de riz de la ville, c'est ce qui l'avait justement amené jusqu'au centre. Une fois sa livraison faite, il décida de profiter de l'après-midi à peine commencé en commençant par se reposer et à regarder l'agitation ambiante. Que faire d'autre ? Tous avaient obtenue liberté suite à la fin des études. Maintenant, ils n'étaient plus tenu que par des missions qui arrivaient lentement, les grandes pontes plus occupés à s'occuper de la guerre aux portes de Kumogakure que de prendre le temps pour occuper quelques genins à peine sortis de l'académie.

Denkou était morose. Il avait obtenu ce qu'il voulait et cela le dégoutait.

Zennosuke sortait d’un entretien avec un Jônin supérieur. Il avait eu droit à 48 heures de repos suite au malaise qu’il avait eu lors d’un violent, rapide, mais exigeant combat en plein Kusa no Kuni. Un affrontement qui s’était soldé par la victoire du camp kumojin. Zennosuke, quoiqu’ayant perdu connaissance au cours de cet affrontement, était parvenu à mettre hors combat, de concert avec un Jônin du clan Kadoria répondant au nom de Kouga, deux kirijins, deux Samui. L’un d’eux s’était révélé très fort et le Seki avait dû employer les gros moyens pour le mettre sur la touche. Jamais jusqu’ici il n’avait eu à vider tout son chakra contre un adversaire et pourtant, il l’avait fait face à cet homme. Des bandages faits de tissus blancs et noués autour de son épaule et de son avant-bras attestaient des récents combats que le Seki avait eu à souffrir. Des blessures, il en avait même sous son uniforme Jônin.

Marchant en direction des geôles de Kumo, le jeune homme, absorbé dans ses pensées, heurta quelque chose. Baissant les yeux en direction de l’obstacle qui semblait avoir apparu comme par enchantement devant lui, le jeune homme remarqua qu’en fait, il avait buté contre un homme. Un bonhomme il aurait dit. Un gars de taille moyenne, mais tirant vers la classe des courts. Il faisait au moins deux têtes de moins que Zennosuke. Par contre, le bonhomme était balèze, dans le sens musclé, très musclé pour sa taille. Il avait des yeux couleur marron, grands de taille qui laissaient échapper les sentiments qu’il éprouvait en cet instant précis. Ses cheveux étaient de la même couleur que ses yeux. Un brun massif et plutôt court.

Pris de court, et ne sachant pas si c’était lui qui avait tort dans l’affaire ou pas, le Seki estima que c’était à lui de prendre les devants. Après tout, qu’avait-il à perdre ? Absolument rien, ni fierté, ni honneur. Il avait plutôt tout à gagner. Levant la main droite, paume ouverte en direction de la face de son interlocuteur comme pour lui dire « stop » ou « Sorry », le Seki apostropha son vis-à-vis :

« Euh … Excuses moi ! Je t’avais pas vu ! » Il était franc. Les propos qui sortaient de sa bouche étaient véridiques. Mais seraient-ils bien perçus ? Habituellement, les gens un peu courts étaient souvent complexés par les gens de grande taille. Et lorsque ces derniers parlaient aux premiers en usant de mots tels que ceux employés par le Seki, cela pouvait prêter à confusion. Conscient de cet impair, le Seki tenta de rectifier le tir, si besoin était…

« Euh… En fait je voulais dire que j’étais absorbé par autre chose avant de te cogner. » Ayant regardé une seconde son interlocuteur, le Seki opta pour une petite pause avant de rejoindre la prison de Kumo. Après tout, il n’y avait pas d’urgences. « Moi c’est Seki Zennosuke. Je crois comprendre que tu es de la toute dernière promo. J’espère que t’es fier de toi ! » Un sourire franc s’affichait à présent sur le visage du Seki. Il se livrait sans détour à cet homme, sans même se poser la question de savoir s’il allait se faire cracher à la figure. Optimiste de nature qu'il était, Zennosuke ne voyait que le bon côté des choses.