Après toute la matinée passé sur le toit du Palais à s’entraîner, le Godaime était de retour dans son bureau. Il était repassé par la salle de bain pour prendre une douche chaude et se débarrasser de la sueur qui lui collait à la peau et aux vêtements. L’Hayashi tentait d’améliorer son Taïjutsu pour se créer un combo inédit. Un enchaînement de coups assez puissants et assez rapides visant les points vitaux de l’adversaire. Mais il devait encore travailler sa technique et sa maîtrise pour parvenir au résultat escompté. Il était donc de nouveau dans des vêtements propres et dignes de sa fonction. Le débardeur ne faisait pas très sérieux il faut se le dire. En plus il devait accueillir sous peu un invité.

Il y a quelques heures, un duo de Kirijins s’était présenté aux portes du village. Daiki n’avait pas eu l’occasion de sortir du village et explorer le monde extérieur depuis qu’il était Kage mais il devait se passer quelque chose en dehors des frontières du pays du Feu. Depuis qu’il était au pouvoir, un nombre impressionnant de personnes s’invitaient à Konoha. Des Nukenins principalement. Il y avait également eu des Kumojins mais rien d’étonnant étant donné leur action diplomatique. Et aujourd’hui des Kirijins ! La fin du monde était proche et Konoha serait le seul endroit épargné c’est ça ? Ce serait bien de les prévenir quand même ! La visite de shinobis d’autres villages ne dérangeait pas Daiki en soit. Mais pour les Nukenins c’était une autre affaire. Il commençait à en être agacé légèrement. Il devrait mettre en place quelques mesures à ce propos.

Mais pour l’heure il s’apprêtait à accueillir les Kirijins. Il n’y avait pas d’urgence particulière mais leur présence lui avait été signalée et il tenait à s’entretenir avec eux. Les relations avec Kiri avaient été jusque-là inexistantes. Il aurait aimé s’entretenir avec des ressortissants de la nation de la Brume sanglante. Ils avaient beau être réputés comme des barbares avides de sang, Daiki savait pour en avoir rencontré quelques-uns sur les routes qu’ils n’étaient pas aussi assoifés de sang et débiles que ce que les rumeurs voulaient faire croire. D’ailleurs bien au contraire, leur politique leur accordait une certaine sûreté et une certaine tranquillité vis-à-vis des Nukenins. Peut-être que Daiki s’inspirerait d’eux pour la peine ! La Feuille Sanglante ? Non ça sonne mal. Il venait de secouer énergiquement la tête à l’idée de ce nom et il fut interrompu dans son geste lorsque la porte émit un petit bruit.

Sans même qu’il ne réponde, son assistante Atsue fit son entrée. Elle gagnait en assurance chaque jour et c’était mieux ainsi. La voir aussi bloquée et timide au début le mettait mal à l’aise. Là, elle n’attendait plus son autorisation pour rentrer dans le bureau et intervenir pour le renseigner. Elle lui annonça que son invité était arrivé. Son ?! Il en attendait deux pourtant ! Bon après tout ce n’était pas si grave que ça. Ce qu’il pouvait dire à deux, il le dirait tout aussi bien à un. Il hocha de la tête et réclama du thé ainsi que quelques gâteaux. Midi approchait et il avait un peu faim. D’autant que son invité serait peut-être tenté de se restaurer après le voyage. Une tasse de thé chaud et quelques biscuits apaiseraient légèrement sa faim. Et puis s’il n’en voulait pas, Daiki ne se gênerait pas pour se servir pour deux. Il attendit à peine une minute devant sa fenêtre à observer le village lorsque la porte fut soumise à un nouveau martelage. Il resta à sa place en invitant la personne derrière la porte à entrer.

Quand il perçut le bruit de la porte qui se referme derrière son invité, il se retourna enfin et prit place sur son siège. Un sourire aux lèvres, il lança la conversation :

Bienvenue au village de la Feuille, Kirijin. Hayashi Daiki, Godaime Hokage à votre service. J’espère que votre voyage depuis Mizu no kuni s’est bien déroulé.

Il s’installa un peu plus confortablement dans son fauteuil et croisa les mains devant son visage avant de reprendre:

Alors ! Qu’est-ce qui vous amène dans notre modeste village ?

• Ce que je veux savoir, c’est pourquoi nous partageons le même logement.

Une entrée spectaculairement facile. Le Lutin Argenté s’attendait au fameux rituel pour chaque nouveau venu dans un village caché, c’est-à-dire une interrogation précise suivit d’une inspection méticuleuse. Pour une rare fois, il s’était foutu le doigt dans l’œil. La lettre envoyée par les hauts placés de la brume sanglante et leur arrivée en civil a suffi pour que le jeune nécromancien d’une dizaine d’année autorise leur présence dans l’enceinte derrière les fameux Grands Remparts. Tout de même, les effectifs s’étaient préparés au pire face au duo en détachant une pauvre unité de la triste célèbre ANBU pour les observer une fois proche du territoire de la feuille. Quelque chose en particulier tracasse encore en ce moment l’esprit de notre protagoniste au profond regard céladon et de sang : le fait qu’aucun senseur n’ait détecté la transformation dans laquelle il repose en permanence. Hallucinant, avait-il lâché sur un murmure lorsque l’Aoi le traînait au beau milieu du centre-ville, à la recherche d’une auberge de luxe. Soit l’un de ces quidams doté de ce sixième sens a réussi à discerner sa véritable apparence derrière le henge ou bien ils sont tout simplement des incompétents. Dans le cas de la seconde option, Setsuna s’avouait chanceux de ne pas passer par une éternelle interrogation pour que les Shinobis de Konoha sachent ce qui se cache derrière la métamorphose.

Par précaution, je devrais m’assurer que nos effectifs ne laisseront jamais passer dans notre village une occasion similaire à celle-ci, nota mentalement le natif des terres de la neige. Après l’infiltration de ce fameux masque blanc au sein de Kirigakure, dont beaucoup pense que cet homme était sous une transformation, il serait temps de renforcer un peu les défenses et de fouetter les chats. Trêve de bavardages inutiles, l’adolescente aux perles sarcelle pétillantes avait posé son regard sur un hôtel de luxe pour les voyageurs exclusivement. L’infrastructure inspirait le confort et la bienvenue depuis l’extérieur, elle ne pouvait que s’intéresser davantage à l’autre facette de la médaille. Ce que Misaki fit d’ailleurs, elle traîna le Yuuki à l’intérieur du portique, frappa du pied sur le tapis à l’entrée pour enlever la neige collante sur ses longues bottes et… Ce fut la catastrophe. Mademoiselle a immédiatement trouvé la place idéale : le lieu possédait des sources d’eau chaude et un sauna au sous-sol, quoi de mieux pour passer des vacances ? La réservation des chambres ce firent en un éclair également, à un tel point que le sombre spadassin n’eut le temps dire un seul mot ou de soupirer. Enfin, il serait plus adéquat et franc de dire LA chambre…

• Un endroit comme celui-ci coûte une fortune. Seule, pour plusieurs mois, je brûlerais mes économies. Autant prendre la même chambre pour séparer la facture en deux.

Son sourire niais ne trahissait pas sa véritable idée derrière tout ça, la petite garce voulait simplement sauver de l’argent. L’air blasé de notre protagoniste à la crinière argentée témoignait de son agacement et son exaspération face à la situation. Il a beau être plus haut gradé qu’elle, la jouvencelle continuera d’agir à sa tête, et ce n’est pas vrai qu’elle obéira à un quelconque ordre en ce temps de repos. S’assoyant sur le rebord du matelas placé proche de la fenêtre, elle s’installa aisément sur le lit. La jeune femme avait clairement choisit sa place. Par chance qu’il y avait deux lits séparés, le Yuuki n’aurait guère supporté de partager son matelas avec un autre individu, il se serait tout simplement installé sur le parquet. Coupant toute réflexion inutile, l’ange aux cheveux célestiel prit la parole en faisant la moue, sur un timbre déçu.

• Franchement, je croyais bien qu’aujourd’hui serait le jour que je te verrai sous ta véritable forme.

Haussant un sourcil, Setsuna ne put s’empêcher de s’interroger sur la curiosité de sa coéquipière. Pour qu’elle cesse d’en parler, peut-être devrait-il exaucer son souhait, ce serait un souci de moins sur la conscience. Un martelage sur la porte retentit. Déposant son sac sur son matelas double, il alla ouvrir la porte pour voir un Chûnin qui lui transmit un message clair : le Godaime Hokage le convoquait de suite à son palais. Déjà ? Génial, soupira notre sombre héros avant de lui fermer la porte au nez sans trop se préoccuper de sa réaction.

• Tu peux rester ici, je vais m’en occuper, ce sera définitivement plus simple.

Misaki ne contredit pas les propos de son partenaire, elle acquiesça d’un mouvement vertical de la tête. Il est certain que l’ombre de la feuille veuille parler de sujets assez délicats, et le second Épéiste était le seul actuellement à réellement représenter la brume. Ouvrant la fenêtre de la salle de séjour, laissant une brise frisquet pénétrer dans la pièce, il sauta sur un toit avant de se diriger en vitesse vers l’énorme bâtisse rouge, où le kanji « Feu » était clairement visible. Le sabreur d’élite ne mit qu’une minute pour parvenir à sa destination. Entrant dans l’infrastructure, une femme l’attendait. Plutôt surprise en premier lieu de ne voir qu’un seul visiteur alors qu’elle en attendait deux apparemment et de voir que ce dernier est habillé en civil. Fouettez vos chats, madame, le Konohajin que vous avez envoyé n’a rien précisé. La dénommée Atsue alla à l’étage supérieur pour avertir son supérieur hiérarchique de son arrivé et lui donna le feu vert pour aller le rejoindre dans son bureau. Le Martyr cogna trois coups sur le portique à l’aide de ses jointures et attendit l’autorisation de son hôte pour rentrer.

Pénétrant dans la pièce, Setsuna prit soin de refermer la porte avec une délicatesse extrême avant de s’avancer de quelques pas vers le bureau. L’homme était dos à lui avant de se retourner pour se présenter. Ce que discerna l’Épéiste Noir tout d’abord est la physiologie quelque peu anormale du nouvel Hokage : une longue crinière opaline ainsi que des iris dorés. Enfin, il ne pouvait pas se plaindre, ces deux personnages ont tout de même quelque chose en commun au niveau de la couleur des cheveux. Pour les yeux, disons que son œil d’un bleu nacré, et l’autre de braise, sont nullement différents de ces iris jaune. Ôtant ses mains des poches de son jean bleu marine, il les croisa derrière son dos. Ses pieds à la largeur des épaules, il écouta attentivement les paroles de son interlocuteur. Les premières tirades de cette conversation ne méritaient malheureusement aucun intérêt pour notre personnage. Tout de moins, il se devait de répondre au surnommé Renard, simple question de respect envers autrui. De marbre, son timbre monotone retentit tel un écho dans la pièce.

• Yuuki Setsuna, Jônin de Kiri. Mes respects, Seigneur Hokage. Je vous remercie de nous accueillir dans votre village. Cependant, pour ce qui est du choix de notre destination, j'ai bien peur de ne pouvoir vous offrir une réponse. C’est une question qu’il faudra demander à ma camarade, car moi-même j’ignore les raisons.

Et il était honnête dans ses dires. Malgré qu’il soupçonne quelques idées, ce ne sont que des hypothèses au final. Néanmoins, avec Aoi Misaki, tout peut se résumer avec magasinage et sources d’eau chaude.

Des cheveux aussi argentés que ceux de Daiki et des yeux bicolores à la fois bleu et rouge. Chacun ayant sa propre couleur. Un physique plutôt atypique qui n’arracha aucune regard d’étonnement ou de surprise comme le Renard y était également habitué. Dès lors que l’on ne restait pas dans le format standard d’une apparence commune à tous, on était catalogué comme quelqu’un d’à part, de mystérieux ou autre. Alors qu’il s’agissait juste d’un mystère de la génétique ! Enfin pour Daiki en tout cas. Si ça se trouve, toute une histoire se cachait derrière cette différence de couleur d’iris chez ce Kirijin mais il ne l’apprendrait pas aujourd’hui c’était une certitude. L’homme se présenta donc sous le nom de Yuuki Setsuna. Un jeune homme à la carrure quelque peu militaire. Qui s’était placé de manière droite et impeccable pour répondre à son interlocuteur.

Le Godaime reprit place dans son fauteuil et d’un geste de main qui devenait mécanique et presque habituel, il invita son invité, oui ça fait bizarre mais ça se dit même si c’est moche t’as qu’à te regarder calisse de blonde qui vient râler pour si peu, à prendre place également dans un des sièges face au bureau. Une fois installé, Daiki poussa les papiers qui y traînaient encore et déposa ses coudes sur la partie qu’il venait de dégager. Interrompu dans son geste, la porte émit un nouveau bruit. Il ne dit rien, sachant déjà qu’Atsue ferait son entrée avec dans les mains un plateau qu’elle vint déposer entre le Kirijin et le Konohajin sur le bureau. Elle avait trouvé un autre endroit libre pour déposer son chargement. Un véritable miracle quand on voyait les amoncellements d’affaires qui traînaient par ci par là. Elle repartit après avoir été remercié par Daiki qui servit deux tasses. Il laissait le soin à son invité de s’en saisir, ou pas d’ailleurs. Il prit la sienne et la ramena près de lui.

Le temps que le breuvage refroidisse un peu, il planta son regard dans celui du Kirijin. Il ne savait trop par où commencer. Quand il disait que les relations avec Kiri étaient inexistantes, il disait vrai. Il n’y avait pas vraiment eu d’échanges entre ces nations, excepté une fois au chalet et lors de l’alliance des grandes nations contre Makka. Une alliance qui avait porté ses fruits. D’ailleurs, on lui avait signalé que le niveau de chakra de cet invité était assez élevé. Au moins Jônin. Un élément non négligeable de l’armée Kirijin qui l’avait confirmé par ses dires en se présentant en tant que tel. Le Renard finit donc par rompre ce silence qui durait depuis moins d’une minute pour continuer la conversation et rebondir sur les propos avancés plus tôt.

Si je croise cette camarade je ne manquerais pas de lui demander. Si par ailleurs vous aviez la moindre requête ou le moindre problème dans le village, prévenez moi.

Puis il but une gorgée de thé. Il savoura le liquide bienfaisant et reposa sa tasse devant lui avant de reprendre.

J’ignore si ce genre de nouvelle s’est ébruité jusqu’à Mizu no kuni, mais mon arrivée au pouvoir n’est que très récente. Je n’avais pas encore eu l’occasion de m’entretenir avec un Kirijin et j’espérais au moins pouvoir en tirer quelques intérêts, partagés bien évidemment. Kiri se remet-il de l’affrontement contre Makka ?

L’ombre de la feuille sembla prendre son temps pour juger et analyser la physiologie de son visiteur, et ce dernier profita de ce laps d’ouverture pour en faire de même, quoi que de manière plus discrète étant donné le statut politique de son interlocuteur. Comme un véritable chef, l’Hayashi faisait preuve de courtoisie dans le choix de ses mots. Le regard jaunâtre du second blafard semblait porté vers le visage du Kirijin, ce qui facilita l’hypothèse que le surnommé Renard devait s’amuser des points communs que partagent lui et son invité ; la couleur de la crinière ainsi que des nuances rarissimes au niveau des iris. Du côté de l’attitude empruntée, là était tout ce qui différencie le Martyr de son hôte. Alors que l’un est complètement à l’aise et un minimum nonchalant, l’autre arborait une position typiquement militaire. Des comportements diamétralement opposés, souligna notre héros mentalement. Suite à sa brève présentation et à la réplique maigrement satisfaisante à l’interrogation du dénommé Daiki, ce dernier reprit place sur son fauteuil en faisant un signe de la main machinalement, invitant le Yuuki à prendre place sur le canapé face à son bureau. Celui-ci accepta l’invitation alors que le plus puissant des Shinobis du pays du feu tassa les montagnes de paperasse un peu partout sur son bureau.

Droit comme un piquet sur le fauteuil, son derrière néanmoins confortablement installé sur le cuir, il assistait sans grand intérêt à la conclusion de la bataille que menait l’Hokage face à la multitude de papiers. Après finalement avoir mis un terme à cet affrontement plus qu’inutile, un nouveau martelage sur la porte retentit avant que celle-ci s’ouvre. De marbre et regardant toujours de ses profondes prunelles vaironnes le supérieur de l’armée de la feuille, il n’effectua le moindre geste pendant l’installation du plateau entre les deux protagonistes. La secrétaire du nom d’Atsue prit ensuite congé auprès de son supérieur hiérarchique après avoir accomplie sa tâche. Ne perdant pas de temps, le manipulateur du bois servit deux tasses de thé, tasse que le sombre spadassin porta délicatement à ses lèvres pour déguster brièvement le breuvage ardent, sans peur de se brûler la langue ou le palais. Ses pupilles gustatives appréciaient la saveur de la chaude boisson, mais n’arrivait pas à identifier la nature de celui-ci. Une spécialité de Konoha, osa se demander le Stigmate, poussé par la curiosité de n’avoir jamais goûté à ce type de liquide, lui qui est un grand amateur de thé lorsqu’il complète des tonnes et des tonnes de rapports dans le quartier général des Épéistes.

Son attention se reporta sur Daiki alors qu’il s’était noyé dans le mutisme depuis les premières tirades de Setsuna. Le récipient de porcelaine au niveau du torse, le Lutin Argenté soutenait sans sourciller l’échange visuel entre lui et son hôte. Ce n’était certainement pas une forme de provocation que cherchait à faire le guerrier obscur, mais il ne voulait pas faiblir face à un Kage. D’ailleurs, ce dernier reprit la parole après quelques dizaines de secondes passés dans cette absence de sonorités, déclarant que si jamais il verrait Aoi Misaki dans les parages lors du séjour du duo, il ne se gênera pas de lui demander sans passer par quatre chemins. Simple mouvement vertical de la tête de la part du Jônin de la brume sanglante en guise d’acquisition, comprenant l’intention de comprendre le choix des visiteurs de Kiri. Le jouvenceau aurait voulu glisser quelques mots là-dessus, mais il n’avait que des hypothèses à fournir à l’homme qui lui faisait face. Et pour des raisons aussi stupides que celles qu’il a en tête, mieux vaut garder cela pour soi-même.

Chacun porta sa tasse à sa bouche après cette affirmation de la part du Renard avant de poursuivre la discussion. Là était la ligne d’arrêt pour les sujets inutiles. Le tout nouveau Kage commença par une mise en contexte avant de déclarer qu’il n’a jamais eu l’occasion de parlementer avec un Kirijin. À cette phrase, les traits affinés de la chimère se tendirent imperceptiblement. En effet, il n’y a jamais eu de réelles relations politiques entre le village de la brume et celui de la feuille. Néanmoins, soulevons aussi l’absence de relations avec les autres villages également, hormis la métropole du pays de la foudre avec qui Kirigakure n’a guère apprécié les manèges du Shodaime Raikage. Pour en revenir aux faits, le Godaime demanda au Yuuki comment Kiri se relevait du combat face à la déesse des flammes. Avant de répondre, Setsuna reporta tout de moins son breuvage bénéfique à ses lèvres. Il avait clairement l’impression que cet homme tournait autour de quelque chose, mais n’arrivait pas à spéculer quoi exactement.

• Il n’a jamais été question de se remettre d’un affrontement, mais plutôt des festivités qui ont sévies suite à notre victoire. Bien que le ton employé était dénudé d’émotions, par cette petite blague – oui, le sabreur d’élite sait faire preuve d’humour dans de rares cas – il faisait clairement comprendre que tout allait bien du côté de sa patrie. Quoique dans ses dires, il disait vrai : il croyait mourir lors des douzaines de fêtes qui eurent lieux. À l’opposé, je ne crois pas que vous pouvez me garantir la même chose de votre côté, similaire pour votre voisin du sable.

Un instant de sérénité avec les paupière close de sa part avant de poursuivre.

• Je ne suis pas ici pour chercher ce qui s’est produit avec Shiajin Suguato. C’est un problème interne propre à votre nation et nul de notre peuple ne tentera de s’incruster dans vos peines. Nonobstant ceci, cela nous amène à un cas analogue, à un détail près, à celui du Yondaime… Si vous me permettez, Seigneur Hokage, quels sont vos relations actuelles avec Suna ? Plus précisément, depuis l’élection de ce mystérieux Yondaime Kazekage et la disparition de Raiu no Kenji ?

Konoha a été un village annexé à son vainqueur depuis la guerre entre le pays du vent et du feu. D'où la tournure de la conversation là où l'a amené le spadassin, il est normal de se poser quelques interrogations à ce sujet. Un homme enfoui dans le mystère pour tous. L’un arrive à la tête d’un village, muni d’un passé bridé alors que l’autre disparaît dans une tempête de phosphore, élément propre à lui, après avoir joué un rôle clef dans la bataille.

L’homme aux pupilles polychromatiques réagit comme Daiki s’y attendait. L’homme était avant tout Kirjin et par conséquent très fier. Une nation comme celle de la Brume sanglante ne se remettait pas d’un affrontement avec Makka mais le célébrait. De là à dire qu’il y avait une sorte de déni des pertes qu’ils avaient subis ce serait purement…réaliste ? Oui. Mais le faire remarquer aussi justement au ressortissant de ce pays ne serait pas faire preuve de tact et Daiki en avait un minimum. Ceux qui murmurent le contraire peuvent aller se faire voir ! En tout cas, l’Hokage laissa son invité s’exprimer suite à sa question parfaitement anodine et visant à lancer une conversation. Mais le Kirijin en vint de suite aux sujets intéressants.

Il se permit déjà de remarquer que Konoha ne devait pas être en liesse et qu’ils n’avaient pas dû fêter la fin de l’ère de Makka en raison de la disparition de Suguato. Ce à quoi Daiki eut envie de répondre mais là également il se retint par tact. Et puis par politesse comme après tout son invité commençait à reprendre la parole. Il n’était pas là pour l’interrompre voyons ! Il l’écouta donc faire preuve de bien séance. Il ne s’étala pas sur les raisons de la disparition de Suguato. Un acte de maturité qu’admira le Renard. Il le laissa continuer pour que le jeune épéiste en vienne à sa question sur la position de la Feuille vis-à-vis de Suna et du changement de Kage s’étant opéré là-bas. Daiki laissa un moment planer entre la question et sa réponse :

Le changement de dirigeant n’affecte en rien mon avis sur la nation du Vent. Suna et Konoha ont longtemps été rivaux et aujourd’hui, nous n’avons encore encourus aucune action de quelque nature que ce soit avec eux et leur nouveau Kage.

Daiki ne répondait pas. Il le dissimulait certes mais le constat était là. Mais en même temps, il ne tenait pas à échanger immédiatement de telles informations. Ce qui n’était même pas une rumeur entre les murs de Konoha ne risquerait pas de filtrer au-delà. Simple logique. Exposer donc son réel avis sur la question n’était pas dans ses objectifs. Et puis si le Kirijin désirait jouer à ce jeu, Daiki pouvait en faire de même et il n’allait pas se priver de ça. Voici pourquoi il enchaina :

Et quant à vous ? Le changement de Kage du côté de Kumo n’a pas dû vous échapper. Comme le lien existant actuellement entre nos nations. L’avis d’un ressortissant Kirijin m’intéresse également au plus haut point. Qu’en est-il de vous et de Kumo ? Les vieilles rancœurs de la guerre sont-elles loin au-dessus de la cime des monts enneigés ou toujours présentes, tapies dans la brume sanguinaire ?

L’image était plutôt poétique et bien tournée mais la réponse intéressait plus Daiki que la qualité de sa prose en ce moment.

La réponse rétorquée par l’ombre du feu n’étonnait guère la chimère. Après tout, en ayant placé en plan direct cette petite interrogation, il ne s’attendait pas à vrai dire d’une réplique exacte, claire et honnête. Ceci laissait le sombre spadassin voguer dans les présomptions. Quoique, le constat était enfoui sous un sous-entendu à peine dissimulé, mais les mots définitifs n’ont été point utilisés. En effet, le changement de dirigeant au village du sable ne change en rien la vision de l’Hokage à l’égard de son voisin du Vent. Comme il venait de le souligner, la Feuille et Suna ont de vieux antécédents en commun. En entendant cette tirade de la part du surnommé Renard, Setsuna se rappelait d’un événement qui avait bousculé les relations entre les deux patries lors des débuts du dernier village caché fondé. L’ombre du feu, deuxième du nom, s’était déplacée elle-même pour déposer en main propre au défunt Triumvirat une invitation. Rencontre qui a escaladé en échec assez rapidement, selon les rumeurs. Depuis ce temps-là, le rapport que maintient les deux nations n’ont jamais été positives, malgré l’annexion, s’il ne se trompait pas. Enfin, le passé n’a plus d’importance. Daiki a tout de même confié à son invité qu’il n’avait encore entamé aucun acte de quelconque nature avec le nouveau Kazekage, renseignement qu’il assimila rapidement.

Reportant son récipient de porcelaine à ses lippes pour déguster le breuvage effervescent à la fin de la tirade de son hôte, le Yuuki remémorait qu’aucun village – sans inclure celui des montagnes – ne semble avoir tenté une communication avec ce Yondaime. On pouvait voir déjà la tension se hisser entre la nation de la Foudre et le village du sable, ce dernier s’opposant totalement à l’annexion entre les adorateurs de Maskine et Kumo. Aux yeux de tous, il pouvait sembler hostile, voire nuisible. Et exclure le cadet des aînés apparait comme une méthode employée à l’heure actuelle. À l’opposé, comme venait de le soulever l’Hayashi, une toute nouvelle alliance prenait naissance : Konoha et Kumo, tous deux villages doté de nouveaux leaders. L’homme aux iris dorés étaient intéressés de connaître l’avis d’un étranger sur cette union – peut-être voulait-il simplement entendre le point de vue d’un Shinobi au service de la Brume Sanglante ; peuple belliqueux, comme décrit par le commun des mortels sur le Grand Continent.

Déposant sa tasse de thé sur le petit plat qu’il tenait dans son autre main, le guerrier argenté réfléchi une seconde sur les mots qu’il allait employer. Car sa réponse allait certainement surprendre le manipulateur du bois et allait sans doute contre toutes ses attentes. Mais avant de débuter sa réplique, il allait satisfaire la soif de curiosité de son hôte sur les relations entre la brume et son précédent rival. Après tout, il a usé d’une excellente représentation poétique pour poser son interrogation.

• Je crois qu’il n’a jamais été histoire de rancœur réciproque du côté des deux nations. Depuis l’élection du Seigneur Raikage, second du nom, une quiétude s’est installée entre la brume et la foudre. Ce silence est similaire à un cessez-le-feu, à la différence que rien n’a été discuté et décidé encore à ce jour. L’origine du problème m’a toujours semblé être le premier commandant de Kumo, le disparu Kadoria Uriô voulait avant tout démontrer la puissance de ses forces armées, s’imposer comme étant une pièce de taille en ce monde. Antérieurement, il n’y a jamais eu de véritables raisons pour déclarer la guerre à la nation de l’eau, si je me remémore bien du passé.

Inusité pour notre héros au regard hétérochromique d’enchaîner autant de mots en un si court laps de temps, il laissa un blanc suspendre dans la pièce pour permettre à lui-même de reprendre son souffle et de préparer la seconde partie de son monologue, et également permettre au Godaime d’absorber les dires du ressortissant Kirijin. Son même ton monotone retentit de nouveau, pourtant plus clair, alors que ses prunelles de jade et flamboyante fixait le plus puissant ninja du pays du feu.

• Je dispose d’un ami de taille à Kumo. Il a bel et bien le pouvoir de balancer cette alliance que maintiennent vos peuples, ou au minimum, influencer Bakushô Soroshiya. S’il ne l’a pas fait, c’est uniquement car il approuve cette alliance. Et s’il juge cela bénéfique, que ce soit un danger futur ou non pour ma propre patrie, je soutiens pareillement cette décision.

À vrai dire, le jouvenceau ne possédait guère une propre opinion de lui-même face à ce lien qu’échangent la feuille et les nuages. Cela le laissait plutôt indifférent. Cependant, concéder une telle réponse n’aurait été approprié en face d’un chef politique tel qu’un Kage, alors il a opté pour contourner légèrement l’interrogation. Mais avait-il fait le bon choix, en avouant qu’il détenait un allié sur les terres de Kumo ? Cela pouvait mener à de nombreuses suppositions dans l’esprit du Renard. De toute façon, un petit plus de danger ne saurait qu’exciter d’un cran supplémentaire le Thug…

• Croyez-vous possible qu'un lien du même type puisse unir la brume et le sable, Seigneur Hokage ?, demanda-t-il sur un ton serrein, les yeux à demi clos. Personnellement, je ne crois pas. Mais j'aimerais entendre l'avis d'un des quatre Kage là-dessus, si possible.

Spoiler:

Le Kirijin avait beau parler, ces paroles sonnaient bizarrement aux oreilles du Godaime. Peut-être parce que lui-même avait menti sur les véritables relations avec Suna. Ou plutôt devrait-on dire, « avait à moitié menti ». C’est plus juste. Il n’y avait eu en effet aucune interaction entre les deux villages depuis l’arrivée d’un nouveau Kazekage. Donc Daiki n’avait pas menti. Il n’avait juste pas mentionné la vérité. Mais si lui, noble Hokage qu’il se devait être, qui lui disait que l’homme face à lui n’en faisait pas de même ? Il n’était qu’un simple Kirijin. Pas de poste important qu’il aurait mentionné alors il n’était pas du tout tenu de se comporter de manière impeccable ou même de dire la vérité. Même si au final le poste ne faisait pas tout puisque Daiki n’avait pas été entièrement honnête. Mais bref !

Setsuna expliqua donc sa vision des choses. De ce qu’il expliquait, il décrivait exactement la relation actuelle entre Suna et Konoha. Alors que pourtant au final, même si rien ne se passait, Daiki ne souhaitait pas de cessez-le-feu. Son envie première était plus bestiale que ça mais il devait agir en accord et en faveur de son pays. Pas de décision hâtive basée sur un simple jugement personnel donc même s’il était d’une virulence extrême. Pour se changer de ses idées noires, le médecin se concentra un peu plus sur les propos de son invité qui continua de parler et qui aborda un point presque intéressant. Presque car il produisit chez l’Hokage un éclat de rire qu’il ne contrôla et qu’il ne dissimula pas le moins du monde.

Il faut dire qu’il y avait de quoi rire. Les rumeurs étaient donc fondées. Les Kirijins sont si sûrs d’eux que ça en devient ridicule. Bon là en l’occurrence il s’agit seulement d’une connaissance du Kirijin mais tout de même. De là à pousser le vice pour dire qu’il possède un contact dans Kumo capable de faire plier la volonté du Raïkage. Pour avoir rencontré et parler avec Bakushô Soroshiya, Daiki était sûr d’une chose : même le kunaï sous la gorge, ce gars ne se pliait qu’à ses propres idéaux. Il n’y avait pas d’histoires de pantins ou de marionnettes derrière tout ça. Celui qui se croyait assez influent pour changer la donne était un prétentieux et un imbécile. Voilà pourquoi Daiki rigolait. Il apaisa son hilarité et passa un doigt sur le côté de son œil pour y essuyer la larme qui commençait à pointer. L’Hokage allait répliquer mais Setsuna le devança en posant une question. Un sourire en coin sur les lèvres, Daiki finit par s’exprimer :

Pardonnez ma crise d’hilarité mais je me visualisais le Sandaime Raïkage que j’ai rencontré en train de se faire dicter sa conduite par je ne sais quelle fouine que vous m’inventez là. Et l’image était assez amusante. Ensuite…

Daiki se repositionna sur son fauteuil :

Pour ce qui est de Kiri et Suna, je serais incapable de répondre. Je ne connais pas en détails les relations qu’échangent vos nations mais je serais curieux d’entendre ce qui vous pousse à penser qu’il n’y aura pas d’alliance entre ces pays. Un élément en particulier ?