Malgré l’hiver qui venait de frapper aux portes du monde shinobi, le désert ne semblait pas affecté par ce changement de saison qui n’avait qu’une incidence inexistante sur l’étendue de sable. En dépit de la chaleur caniculaire qui planait sur les lieux, Kyogi portait toujours son costume noir et son chapeau qui lui couvrait la tête. L’avantage de naître dans ce pays est d’être habitué dès le plus jeune âge aux températures extrêmes pour au final pouvoir se vêtir de la manière qu’on veut sans en souffrir pour autant. Au lieu de ça, le marionnettiste se baladait avec son habituel sourire sarcastique. Non pas qu’il ait attrapé un coup de chaud. Il affichait ainsi son bonheur pour une raison bien précise naturellement. Il n’était pas fou, même s’il pouvait être amené à le faire croire pour duper son entourage.

Il était seul pour une fois. Pas de Rain alentours. Il avait stipulé à ce dernier que l’affaire qui l’intéressait aujourd’hui ne nécessitait pas de sa présence. Le type parfaitement muet n’avait pipé mot et s’était contenté de ne pas le suivre. Là-dessus il pouvait pas lui faire de reproches ! C’était un compagnon de voyage exécrable car il ne parlait jamais mais au moins quand on lui disait de faire un truc, il s’exécutait. Enfin pas tout le temps mais en général quand Kyogi lui demandait de faire un truc, il n’avait pas souvent besoin de se répéter. Excepté parfois en combat où il devait attendre de crever la bouche ouverte pour espérer une réaction en dépit de ses vociférations après le manieur de sable.

Non pour une fois il serait seul et le silence ne le dérangeait pas plus. Avec Rain c’est assez insupportable parce qu’il est avec quelqu’un et pourtant il se dit autant de choses que s’il était seul. Alors généralement il meuble entièrement la conversation en se faisant les questions-réponses pendant que Rain…vit ? A vrai dire on sait pas trop ce qu’il fait. Si il dort ou autre. C’est vraiment un compagnon de route frustrant quand on y pense. Mais bon l’heure n’était pas à disserter sur les fréquentations du marionnettiste. Il était seul au milieu des dunes et suivait un itinéraire précis dans un but précis. Et c’était ce but qui le faisait sourire à pleines dents. Il lui avait fallu beaucoup de tact pour récupérer ses informations et également quelques magouilles à droite à gauche pour au final trouver le renseignement qu’il cherchait.

Il voulait connaître l’emplacement des tombes de deux Sunajins ayant servis bien avant qu’il n’arrive à Suna. Des jumeaux dont il avait entendu parler lors de ses nombreux voyages à être bringuebaler de mafia en mafia à qui il offrait ses services. Dans l’une d’elles, alors que le patron s’extasiait sur les innombrables possibilités qu’offraient un marionnettiste dans ses rangs, une discussion avait été lancée sur d’autres recrues qui avaient été repérés dans l’éventualité d’être enrôlées plus tard. Les favoris avaient eu l’inconvénient de finir sous la bannière de Suna en tant que shinobis. Difficile de les rendre mafieux en même temps vu leur fidélité. Kyogi avait donc été le remplaçant et il avait voulu en savoir un peu plus. Mais les infos étaient assez vagues et il n’avait pu récolter que leur nom : Toshihide.

Ce nom l’avait travaillé et avait attisé sa curiosité. Il avait pu glaner quelques récits par ci par là mais rien de concret si ce n’est que les pantins du duo étaient intéressants et bourrés de ressources. L’intérêt avait immédiatement embrasé l’esprit du jeune garçon qui y voyait là l’opportunité de pouvoir profiter du travail d’un autre en l’améliorant version Kyogi. Le résultat serait détonnant. Quand il fut accepté parmi les rangs de Suna, il s’était immédiatement mis en quête de ces hommes pour pouvoir profiter de leur œuvre. On lui avait appris qu’ils étaient tous les deux morts. Un gros avantage. Mais il avait dû réaliser un véritable travail de fossoyeur pour savoir où étaient précisément cachés les corps qui étaient enterrés avec leurs marionnettes comme on lui avait précisé. Un de leur dernier souhait semble-t-il. De vulgaires sentimentaux en gros. Et à force de fourberies, il obtint tous les renseignements nécessaires et c’est vers leurs tombes qu’il se dirigeait. D’ailleurs, il commença à les apercevoir. S’élevant parmi les dunes pour tenter de résister à la progression lente et inexorable du sable sur la stèle.

Lorsqu’il arriva à leurs niveaux, il se pencha pour balayer les grains de sable afin de mieux regarder ce qui était écrit. Difficile à déchiffrer au final. Et puis il s’en foutait au final. Avec un immense sourire, il entreprit son travail d’excavation. Il avait amené une pelle qu’il s’était trimballé sur l’épaule pendant tout le trajet. En passant par la porte du village d’ailleurs, un garde l’avait arrêté en lui demandant ce qu’il comptait faire et il s’était retourné avec une mine d’enfant pour lui répondre comme un gamin de sept ans l’aurait fait :

- Bah ! J’vais faire des châteaux de sable Monsieur !

Au moins c’était passé. Et le voilà qui entame son travail d’excavation. La tache lui prend bien quelques heures. Et lorsqu’il parvint finalement à ouvrir les deux tombes, son cœur bat la chamade alors qu’il observe les deux cadavres, des rouleaux entre les mains. Il s’allonge de tout son long sur le sable afin de se pencher sans danger pour attraper ses fameux rouleaux. Lorsqu’il a terminé, il possède trois pièces de papiers devant lui posés sur le sable. Se pose à lui un choix drastique. Laquelle prendre ? Les trois ont l’air bien. Rien que leur nom écrit en toutes lettres sur les pièces de tissu laisse présager des stratégies hors du commun. Alors qu’il se triture les méninges pour se décider, il cesse d’un coup pour laisser place à un fou rire. Qu’il est con ! Il empoigne alors chaque rouleau un par un et les range dans sa sacoche personnelle. Il reprend sa pelle afin de recouvrir les tombes qu’il a pris le soin de fermer. Il jette un dernier coup d’œil aux deux stèles, sa pelle sur l’épaule et son sourire s’agrandit de nouveau, lui tirant la cicatrice qui lui barre le visage. Maintenant qu’il a le matériel adéquat, il peut passer à l’action.

Il revient sur ses pas, se servant de ses capacités de senseur pour retrouver le village et repasse la porte facilement en reprenant son air gamin innocent. Même s’il doit sembler plus attardé qu’autre chose, il s’en moque. A peine les gardes l’ont perdu de vue qu’il s’engouffre dans une ruelle où la seule trace de couleur est son sourire de démon qui étire son faciès en une grimace atroce. Les comédiens sont en place et il ne manque plus qu’au marionnettiste à tirer les ficelles de ce spectacle haut en couleur.

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