En cet hiver banal, malgré la fraicheur du vent et les flocons insistants, Kurite menait solitairement son train-train quotidien. Plutôt opportuniste, le jeune homme avait profité d’une courte pause dans son entrainement aux techniques héréditaires pour partir à la chasse. Certes, la saison n’était pas propice à ce genre d’activité mais, avant d’être combattant, Kurite avait surtout vécu un rôle de chasseur, assurant un stock de nourriture convainquant à son clan. C’est dans ce but qu’il s’était levé tôt, comme à son habitude, pour partir en quête de gibier. La chasse ne dura que quelques heures seulement, les bêtes n’étaient visiblement pas de sortie, le jeune homme n’avait réussi à dénicher que six lièvres, qui n’eurent aucune difficulté à se heurter aux flèches acérées du konohajin. Six lièvres était un butin satisfaisant pour une petite matinée de chasse, pas pour Kurite tout du moins, qui, rentrant au village avec sa récolte, affichait sur son visage une certaine expression de dégoût.

- Tss, j’étais motivé d’avoir enfin une matinée de libre et je finis par rentrer avec quoi … ? De minuscules lièvres. Disait alors le jeune homme, se plaignant à lui-même. Je voulais du vrai gibier moi…

C’est avec cette humeur désagréable que le Nara continua sa route vers le quartier de son clan. Tandis qu’il était encore et toujours perdu dans ses pensées, une main vint se pauser sur son épaule, provoquant en lui un léger sursaut. L’individu à qui appartenait la main en question était un membre du clan des ombres, tout comme Kurite. Evidemment, le jeune homme aux cheveux blancs n’avait pas pour habitude de retenir le prénom des gens, surtout d’un mec comme lui qui ne représentait à ses yeux qu’une petite ombre insignifiante, sans charisme ni véritable personnalité.

- Kurite, Kamino voulait te voir ce matin, pense passer le voir au plus vite. Tu sais bien à quel point il déteste attendre.

Ignorant quasiment la totalité des paroles de son congénère, Kurite voyant cependant en lui une véritable opportunité… De reléguer son travail.

- Ouais, ouais… J’y veillerais. Avant ça, j’ai quelques courses à faire au centre-ville, vu que t’as l’air d’aller au quartier tu peux emmener ça en réserve ? Formula le jeune homme, un sourire peu convainquant aux lèvres, lui tendant les lapins enroulés par les pattes avec une solide ficelle.

Le concerné acquiesça simplement d’un léger mouvement vertical de la tête puis continua son chemin. Quant à Kurite, il était satisfait d’avoir pu reléguer le butin de sa chasse qui malgré les apparences, n’était ni agréable à porter, ni léger. À cet instant, le dégoût d’une chasse que peu fructueuse n’était qu’un lointain souvenir, ses pensées se dirigeaient maintenant vers l’auberge la plus proche, et la possibilité de fêter cette petite victoire avec un petit verre de sake.

Ainsi, le jeune homme entra discrètement dans l’auberge, aidé naturellement par un grincement de la porte d’entrée semblable à un porc que l’on égorgerait vivant. Sans y prêter attention, Kurite s’installa au comptoir et après avoir salué amicalement l’aubergiste, formula son désir d’un petit verre de Sake.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi, décidément cette auberge c'était réellement le pied. Lorsque je me levais d'un pas nonchalant, je remarquais qu'il était presque midi et je pouvais vous assurer que si Soroshiya-sensei me voyait à l'heure actuelle, il me ferait sauter le corps jusqu'à que ma tête soit séparée du reste. Mais bon tant mieux pour moi, j'étais en vacance et mon professeur qui est aussi mon Raïkage n'était pas dans les parages. Je me traînais jusque au miroir installé dans ma chambre, admirant la sculpture athlétique de mon corps dans ce dernier. Je contractais plusieurs partie de ma musculation devant la vitre comme le faisait certains sportifs.

Quand j'avais fini de me reluqué et d'exprimer pleinement mon côté narcissique, je descendais à l'étage en dessous afin de prendre mon petit déjeuner. Il s'agit là d'un repas essentiel de la journée que je ne souhaitais pas louper. Malheureusement, à peine interrogeais-je l'aubergiste concernant les victuailles qu'elle me rappela amèrement l'heure qu'il était et que si je le souhaitais elle pouvait me servir le repas de midi. N'ayant pas le cœur à refuser et surtout l'estomac dans les talons, j'acceptais sa proposition et je prenais place autour de la grande table en compagnie d'autres clients. Croyez moi, croyez moi pas, mais du lapin au réveil c'est un vrai régal, j'aurais pu en reprendre si j'avais été un peu plus affamé mais malheureusement ce repas avait été tellement copieux que mon estomac demandait grâce.

Soudain, une jeune personne entra dans l'auberge, il était habillé tout en vert et ne devait être âgé que d'une vingtaine d'année voir un peu moins au vue du faciès. Le plus drôle c'est qu'il commanda un Sake à l'aubergiste qui lui servit sans rien dire. A midi c'était un peu rude pour quelqu'un de son âge, bon d'accord je n'avais que cinq années de plus mais peu importe non ? Je m'adressais directement à ce jeune homme et tout en souriant je dis ceci.


« Eh bien, tu vas pas que boire, mange aussi un morceau, je t'invite ! »


Il est vrai qu'il aurait été une injure de ne pas goûter à ce succulent repas, surtout qu'il en restait dans la gamelle. Je me demandais ce qu'il allait faire. Bon ce qui était un peu chiant c'est que personnellement j'avais déjà mangé mais en fin de compte je suppose que ce n'était pas si important que ça. La tenante de l'établissement s'exclama alors pour demander au jeune lutin vert ce qu'il comptait faire.

Visiblement, cette petite auberge était plus animée qu’elle n’en avait l’air aux premiers abords. À peine le jeune Nara avait-il commandé son habituel verre de Sake qu’un curieux individu vint l’approcher. Lorsque Kurite détourna le regard vers lui, il vit un homme aux cheveux teintés d’un blanc pâle, comme lui, dont la peau était dotée d’une inhabituelle teinte. Visiblement, il n’était pas de la région, c’était une certitude même. Diplomate ? Simple commerçant itinérant ? Aucun moyen de le savoir et après tout, ce n’était pas réellement important. En tout cas, l’étranger, ayant pu observer Kurite demander du Sake, lui proposa en parallèle de goûter à la nourriture de l’auberge, annonçant même qu’il paierait les frais de sa poche. Etranger ou pas, le geste restait fort sympathique et, au vu de l’exercice qu’avait pratiqué le Nara durant la matinée, se rassasier n’était pas une idée si stupide au bout du compte, surtout lorsque le repas en question était offert.

- Oh ? Je comptais manger un peu plus tard mais pourquoi pas après tout ! L’aubergiste était visiblement dans l’attente d’une formulation plus concrète, au vu du regard interrogateur qu’elle affichait. Je vais prendre la même chose que lui alors.

Visiblement satisfaite d’acquérir un client supplémentaire, la tenancière se hâta de répondre aux besoins des deux protagonistes, retournant au fourneau manier les poêles et autres instruments de création gustative avec une facilité plutôt déconcertante. Dans l’action, Kurite était si enjoué par l’idée d’avoir un repas gratuit –non pas qu’il soit avide de richesse, juste qu’il ne roule pas vraiment sur l’or-, qu’il en avait oublié les bonnes manières : Il ne savait toujours rien sur l’individu, et cette ignorance était réciproque, lui non plus ne savait rien sur Kurite.

- J’te remercie pour ça, c’est toujours plaisant de voir des personnes généreuses de temps à autres ! Affichant un large sourire, sincère cette fois, le Nara tendit sa main au protagoniste, espérant aussi bénéficier d’une salutation en retour. Kurite, du clan Nara. Enchanté ! Si je peux me permettre, je ne t’ai jamais vu dans les parages et t’as une allure assez atypique. T’es pas d’ici, j’me trompe ?

Loin de là l’idée de vouloir mener un interrogatoire forcé, ce n’est que sa curiosité qui le poussait à formuler ses questions. Après tout, un homme qui offre un repas à un parfait inconnu ne peut avoir de mauvaises intentions, auquel cas il serait vraiment un homme vicieux… Mais dans l’affaire présente, cela n’avait pas du tout l’air d’être le cas, tant mieux.

Pourquoi je m'évertuais à donner une bonne image de moi à l'étranger alors que de toute évidence, un jour viendrait où la politique d'un des deux village changerait et où nous nous affronterons à nouveau comme nous le fîmes durant ces dernières années ? Je vous avouerai que je ne comprenais pas trop à quoi que je pouvais penser lorsque je faisais ce genre de geste mais en fin de compte, peut être était-ce une forme de gentillesse ? Je ne pouvais le dire en général je n'étais pas comme ça. J'avais d'ailleurs plutôt tendance à envoyer chier les gens. Un gain de maturité peut-être ? Je ne pourrais franchement pas le dire. Enfin toujours est il qu'au bout d'un petit instant de latence, il accepta mon offre de bon cœur.

Quelques instants plus tard, il me remercia avec un large sourire. Tu m'étonnes, il venait de gagner un repas gratuit, n'importe quelle personne serait tout aussi content qu'il l'était actuellement dans son cas de figure. Enfin, il me tendit une main ouverte se présentant comme étant un membre du clan Nara nommé Kurite. Ce clan de Konoha était tristement célèbre pour ses attributs spéciaux consistant à maîtriser les ombres, mais je n'en avais encore jamais vu en action. Il affirma ensuite ne jamais m'avoir rencontré et qu'il supposait donc que je n'étais pas d'ici. Il était plus perspicace qu'il ne le laissait entendre de prime abord c'est quelque chose que je dois bien reconnaître. Je serrais à mon tour la main qui m'étais tendue avant de répondre la phrase suivante :


« On me nomme la grenouille, je suis un shinobi de Kumo, élève du Nidaime et du Sandaime Raïkage, heureux de faire ta connaissance ! »


Lorsque j'énonçais être le disciple de telles personnalités, un long moment de silence envahi la salle. En effet le nom d'un Kage suffisait à faire trembler la plupart des personnes et ce peu importe où l'on se situait sur le continent. Je n'aimais pas jeter de blanc comme ça dans la conversation, par conséquent, je décidais de reprendre afin de réanimer la discussion.


« J'ai entendu brièvement parler du clan Nara comme étant une famille utilisant les ombres, il paraît que vous êtes très fort, le confirmes-tu ? Comment vous débrouillez vous les nuits sans lune ? »


Une question toute simple mais qui pouvait cependant être intéressante malgré tout !