Devenir ninja avait toujours été une pure et simple évidence, un devoir à accomplir au nom du clan décidé par des forces plus puissantes que je n'étais pas encore apte à comprendre. Cette idée déterministe que mon avenir était déjà écrit ne me plaisait pas vraiment, pourtant, j'étais bien obligée d'accepter le fait que j'étais bel et bien devenue ninja et que je faisais tout pour réussir dans cette voie. Le clan Jisetsu, depuis sa création, avait toujours mis un point d'honneur aux plaisirs de la connaissance et du développement de soi, chose dont j'étais extrêmement fière et plutôt douée dans sa réalisation.
Mais merde quoi, faudrait arrêter de ce foutre de ma gueule un petit peu là. Sous prétexte d'être genin, donner des missions de rang D plus horribles les unes que les autres relevait d'un plaisir sacrement vicieux de la part des hauts-placés de ce village. Recouverte de boue jusqu'aux épaules, trempée et avec une tête de chat dont on aurait tenté de faire prendre un bain, je me dirigeais enfin jusqu'à la demeure familiale. Il avait fallu plus d'une heure pour réussir à trouver le bracelet de la fille du Daimyô que l'idiote avait perdue en jouant près des marécages. Les regards moqueur des villageois en m'apercevant dans mon accoutrement ne faisait que décupler mon abattement, les regards noirs que je leurs lançaient arrivait à les dissuader de se moquer ouvertement, mais pas de pouffer dès que j'avais le dos tourné. Le jour commençait doucement à laisser place à une belle lune en croissant, le crépuscule était pratiquement atteint lorsque j'atteignis enfin les portes de la maison.
Que d'extase et jouissance que la douche qui suit une journée éprouvante, j'y restais bien à en finir jusqu'à la dernière goutte d'eau chaude. De nouveau fraîche et pimpante de vie après un copieux repas préparé par mon amour de grand-frère, la première idée qui me vient à l'esprit sur le déroulement de ma soirée fut d'aller observer le magnifique paysage que nous offrait cette nuit. Munis d'un stylo et d'un calepin, je me dirigeais donc avec ma nouvelle peau, aux abords du village, là où les lumières étaient moins importantes et le ciel d'autant plus beau à regarder. Le souvenir de la première fois où mon père m'avait emmené regarder les étoiles me vint à l'esprit en cette fraiche soirée d'automne, le temps devait être un peu près similaire. C'est ce jour-là, comme c'est le cas pour de nombreux Jisetsu, que ma passion pour les étoiles et mon envie de résoudre tous les mystères qui entourent l'univers m'est apparue. Cassiopée, le petit lion ou même la Vierge, les constellations n'avaient plus beaucoup de secrets pour moi, pourtant, elle continuait toujours à me fasciner au point d'en devenir parfois une sorte d'obsession.
Coincée sur la plus haute branche d'un arbre, là où la vue me paraissait être la meilleure, seul le bruit des animaux se faisait entendre. Cela faisait du bien parfois, d'être complètement exclue du reste du monde, qui pourtant, continuait d'avancer. C'est dans des moments comme ceux-ci qu'on se rend compte à quel point le monde ne tourne pas autour de soi. Je pourrais disparaitre aujourd'hui, l'impact qui en résulterait serait plus que minime, bien peu s'en soucieraient ou même le remarquerait. Ah quel sentiment affreux que celui d'être invisible, mais si j'avais été Kage, le résultat aurait-il été tant différent. On se serait inquiété pour mon titre, pour mon rôle dans le village, ce qui allait en advenir et pour la puissance que je possédais, mais se préoccuper de moi en tant que personne, cela n'aurait que secondaire. Et c'est dans cette valse de pensées déprimantes et destructrice que j’entamais mon observation du ciel.
Spoiler:
Rp médiocre, désolé, l'inspiration, ça va ça vient ~
Le zéphyr de l’arrière-saison faisant valser les frondaisons décolorées des végétaux d’automne perpétuant ainsi le flux de la vie en ces légers vents, je sortis du bistrot, un franc sourire dessiné sur mes lippes. En compagnie de quelques vieilles connaissances, je venais de fêter mon passage à l’age majeur. Maintenant, j’étais vraiment dans la cour des grands, héhé. Mais, au fond de moi, je sentais que... Enfin, que je comprenais plus ce qui m’arrivais, quoi. J’avais changé, ouais. Inori, Yoru, ils m’avaient influencés, que ce soit dans le bon sens ou dans le mauvais, ils m’avaient appris l’amour, de la patrie ou de l’être. Mais en fait, je ressentais un vide. Comme-ci, j’avais évolué vers le chemin de la sociabilisation trop vite. J’avais vécu reclus dans mes habitudes et dans mon laboratoire les trois quarts de ma vie, et subitement, j’avais pris goût à la vie, aux sorties, aux missions. Mes visites à mon officine de fortune se faisaient de plus en plus rares. Au fond ; ce changement était positif ou négatif ?
J’en sais rien. C’était probablement ce qui m’avait poussé à mettre fin à la fête un peu plutôt, elle qui devait normalement, selon les dires de Kû « Jusqu’au bout d’la nuit, sinon tu m’aura Dantan Kû, mouahaha ! » Un parfait connard ce mec, mais j’l’aime bien. Pis il m’apprends à faire des vannes... Plus ou moins drôles, ouais. C’était dans cet entremêlement de réflexions, des apophtegme dues à ma majorité fraîchement acquise, que la douceur du crépuscule céda peu à peu au mystérieux ésotérisme de la nuit. Ces ténèbres de noir fuligineux commençaient à s’abattre sur l’hydrométéore, tandis que le reître au service de Kiri que j’étais s’éloignais de plus en plus du centre de la ville. Mes « potes » savaient bien que j’avais subitement changé d’humeur, mais ils me savaient aussi lunatique. Mon sérieux cache souvent des interrogations auxquels je tardais à trouver des réponses. Et il y’a des fois, ou je devais être seul.
C’est donc ainsi que je m’éloignais du cœur de Kiri, jusqu’à me retrouver dans une place où je venais plutôt souvent. Un lieu où la réverbération artificielle se faisait légion, et où seul le rayonnement de l’astre nocturne apportait une faible nitescence. M’adossant à un arbre environnant, je cherchais dans l’aumônière de mon jean le quantum de cigare que je n’utilisais jamais, ou du moins rarement en public. Embrasant le tabac d’une fine flambe jaillissant de ma dextre, je laissais le goût de la nicotine faire fureur dans ma bouche, tandis qu’il parfumait les alentours d’une fumée bistre. C’pendant, tandis que ma sainte personne de Lutin Erudit était plongée dans une réflexion existentielle tellement d4rk que je la mettrai pas ici – Dans l’genre pourquoi on mets du sel dans les spaghettis, pas du sucre /zbaff/ -, je fus dérangé par un borborygme qui me fit lever le ciboulot. Sur le végétal feuillu, se trouvait penché, tel un félin en pleine relaxation, une jeune femme. Je pus facilement l’identifier grâce à ma mémoire dôjutsu, ayant déjà feuilleté la quasi-totalité des dossiers de genin, avant d’opter pour une équipe d’élite. L’éborgnée se trouvait être une genin de mon clan, une donzelle du nom de Reiko. Relâchant la fumée d’un hâle gris, je lui dit d’un air taquin :
Et bien je ne savais pas que nous autres Jisetsus avions des gênes Zoomorphe. Voilà qui va mettre en rogne les Matriarches.
Et je lâchais un léger rire, destiné à détendre l’atmosphère. Sûrement poussé par mon nouveau statut d’adulte, et aussi de par le fait que j’étais son supérieur hiérarchique, je m’étais permis de lui parler comme-ci je la connaissais, lançant une boutade sur ses capacités félines. En ma qualité de Jonin et cousin éloigné, elle devait aussi me connaître de nom, et de réputation.
L’Eridan est assez visible aujourd’hui. C’est rare... Très rare. C’est signe que nos vies connaissent un gouffre, un gouffre qu’on essaye de combler. Ou qu’au contraire, le soleil va bientôt illuminer notre existence. Je n’ai jamais su l’interpréter correctement, qu’en dis-tu ?
Nyah nyah nyah. Quoi de mieux pour débuter une rencontre que traiter une fille de Zoomorphe, avant de lui demander des trucs qu’elle ne connaissait certainement pas. Rien, bien sûr. Oh merde, Kû commence très sérieusement à influencer.
And it starts, sometime around midnight ♪ [Xaldin]
