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 Chroniques d'un chasseur de visages

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Message(#) Sujet: Chroniques d'un chasseur de visages Chroniques d'un chasseur de visages EmptyJeu 3 Nov 2011 - 4:38

Le convoi avançait à bon train. Très bien même. Arduyo planifiait d’arriver avant le lever du jour. Enfin, ils quitteraient cette forêt interminable. Bientôt, les affaires reprendraient dans les petits villages agriculteurs autour de la forêt, et ce serait de nouveau une ère prospère pour lui. Il avait bien eu peur de devoir démanteler son cortège marchand avec les mauvaises affaires de cette année. En plus d’avoir été forcé de payer des tarifs de passages, les gens n’avaient aucun sous à lui donner pour ses victuailles. Il était forcé d’accepter du bétail et des trucs sans valeur monétaire immédiate. Et comment payer ses serviteurs si on n’a pas d’argent, hein ? Mais enfin, c’était derrière lui, tout ça. Après tout, il avait toujours été plutôt chanceux. De simple paysan, il était devenu assistant puis commerçant, enfin marchand et maintenant convoyeur itinérant, ce qui état pour lui l’emploi le plus rêvé du monde : être riche ET voyager ! Comment résister à ça, hein ? Non, le temps n’était pas si dur. Il avait de bons employés, une bonne épouse et un merveilleux fils. Oh, Kyoteame… Le marchand jeta un coup d’œil au jeune garçon à côté de lui. Il était profondément endormi, appuyé contre le banc de bois fixé à la charrette.

C’était un si bon fils…Mais surtout, qu’il était beau ! Arduyo n’en revenait pas de penser qu’une telle perfection pouvait animer des traits issus de sa propre chaire. Partout où il passait, on ne cessait de répéter combien ce garçon ressemblait aux légendes. Il deviendrait un grand homme. Des enfants si beaux ne pouvaient aspirer qu’à des objectifs supérieurs, n’es-ce pas? Ses cheveux étaient d’un blond rappelant la couleur des blés. Son visage parfaitement symétrique choquait par sa masculinité malgré son jeune âge. C’était un cadeau du ciel, sans aucun doute.

Voilà déjà une journée et une nuit que le convoi passait dans cette forêt. Arduyo n’aimait pas l’air de cet endroit. Même le jour, il faisait très sombre. Une excellente manière de stimuler l’imagination débordante de ses employés. À l’heure des repas, ils racontaient toute sorte de légendes de créature monstrueuses vivant dans cet endroit. L’une d’elle avait bien retenue son attention pendant un moment : une créature de boue et d’ombre qui se nourrissait des passants et les dévorant lentement vivant. Lorsque son serviteur avait spécifié que la chose s’attaquait au jeune (et beaux) garçons en priorité, le marchand l’avait sèchement fait taire en lui promettant de le renvoyer si jamais il avisait de dire ce genre de connerie à son fils. Arduyo n’avait pas compris pourquoi il s’était alors emporté si facilement. Kyoteame ne croyait pas à ce genre de fable, il avait passé l’âge. C’était cette forêt, cette noirceur. Elle envenimait les esprits, s’engouffrait dans leur narines et montaient jusqu’à leurs cerveaux….Mais c’était presque fini désormais, n’es-ce pas ? Il sourit. Et bientôt, les bonnes affaires.

La forêt continuait à défiler, les cheveux avançaient lentement sous leur lourde charges. Malgré lui, Arduyo se mit à somnoler, ses yeux étaient bel et bien lourds. Il n’avait pas dormis depuis plus de 24 heures, il faut dire. Oh allez, un peu de repos, juste un peu… Les bras du sommeil se tendirent vers lui, tout était calme, rien à signaler…

BANG ! CHrkkrk ! BANG !

Il faillit passer le corps par-dessus le siège tant le choc fut violent. Les cheveux hennirent à l’unisson et Arduyo dut tirer de toutes ses forces pour les faire stopper. Il y avait un problème avec l’une des roues de bois, le grand char n’était plus stable. Son fils, réveillé, jetait des regards nerveux aux alentours. Il n’était pas le seul. Les cheveux reniflaient avec empressement, s’agitait inutilement. Mettant le tout sous le compte du choc, Arduyo s’efforça de rester calme et descendit du char alors que ses trois serviteurs s’approchaient, lui demandant pourquoi il s’était arrêté. Le marchand se contenta de pointer sous le char et demanda à l’homme d’aller voir ce qui se tramait avec la roue. Celui-ci sembla hésiter puis se mit à plat-ventre et se glissa sous le char. Les gens restant se regardèrent nerveux. Arduyo finit par lâcher :


« Vous allez vous calmer, par le monde ? Ce n’est au plus grave qu’une roue cassée, il y a largement de quoi réparer » en pointant la forêt du doigt.

Ils restèrent silencieux mais Arduyo eut bien l’impression qu’il ne les avait pas convaincus. Son serviteur s’extirpa de sous le char, un air confus au visage.

« Vous devriez allez voir, patron. »

Le marchand le regarda longuement puis se mit sur le dos et regarda la roue. Que ? Un grand piège à ours s’était refermé sur la roue et l’avait fait éclater en morceaux. Le monstre de fer était rouillé et suintant de moisissure, comme s’il était là depuis des lustres. C’était impossible ! Il n’avait jamais relâché son attention de la route ! Et même lorsqu’il avait somnolé, il avait d’abord inspecté le chemin sur au moins 50 mètres ! Il n’aurait pas pu manquer une telle chose ! Surtout que…Les chevaux. Arduyo se releva et courut vers les chevaux. Il tâta chacune des pattes des quatre bêtes. Intactes. Pas de coupure, rien. Un serviteur lui demanda ce qu’il faisait. Il répondit :


« Si le piège avait été mis longtemps d’avance, un des cheveux aurait définitivement marché dessus, non ? C’est lui qui aurait eu la patte broyée, pas la roue du char ! »

Ils se regardèrent longuement, intrigués devant cette histoire. Un des serviteurs brisa le silence.

« Dans tout les cas, il nous faudra une heure pour fabriquer une autre roue… Allons-y »

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Message(#) Sujet: Re: Chroniques d'un chasseur de visages Chroniques d'un chasseur de visages EmptyJeu 3 Nov 2011 - 15:46


Les serviteurs commencèrent à s’éloigner, mais Arduyo continuait à réfléchir…Les chevaux auraient-ils évité le piège par instinct ? Peut-être….Non ! Si les chevaux auraient moindrement détourné leur marche pour éviter le piège, il l’aurait senti ! Il avait quand même 5 ans d’expérience dans les convois marchands ! Mais alors…Ça veut dire que… Non, personne ne pouvait vivre ici, c’était insensé. Et les brigands ne tiendraient pas poste si loin de l’entrée de la forêt, ce ne serait pas du tout profitable. Il suivit donc les autres et deux des serviteurs allèrent dans la forêt couper le bois nécessaire. Pendant ce temps, Arduyo, son fils et l’autre serviteur se réfugièrent dans la tente du char, essayant de se divertir. Une heure passa ainsi.

Alors qu’ils amorçaient une autre partie de corps, ce fut un serviteur terrorisé qui se jeta dans la tente. Stupéfait , Arduyo le secoua :



« Qu’es-ce que t’as merde ? QU’ES-CE QUE T’AS »

« IL EST MORT, MORT, IL EST MORT, LA CHOSE L’A PRIT »

« QUOI ? QUI EST MORT ? DE QUOI TU PARLES, MERDE !?! PARLE »

« Je …Je…On était en train de couper le bois…Pour la roue, quand Bazuzo a découvert une espèce…de…de petit Lac…L’eau était toute noire et boueuse. Ça ressemblait à du boudin. Bazuzo, il est con, je ne comprends pas comment il s’intéresse à ce genre de truc, je me suis retourné et j’ai coupé une branche…. Et puis quand je me suis relevé, je voulais lui dire que j’allais pas faire tout le boulot…IL ÉTAIT PLUS LÀ PARTI DISPARU PLUS LÀ MERDE »

Arduyo ouvrit la bouche sans dire un mot. Il avait envie d’avoir peur, il avait envie de paniquer. Tellement, tellement ! Mais il était le patron, il était le père, il devait réfléchir :

« Take, Il est peut-être simplement allé chercher du bois pour le feu, ou bien des herbes, tu sais comment il est lunatique »

Mais Bazuzo semblait presque hystérique. Ses yeux étaient injectés de sang.

« VOUS COMPRENEZ PAS. VOUS NE COMPRENEZ RIEN ! LE LAC ! IL A DISPARU ! CE N’EST PAS UN LAC ! C’EST UN MORCEAU DE LUI ! »


« Quoi…QUOI ? Un morceau de QUI ? »

« Je reste pas ici JE VEUX PAS MOURIR »

Et sur ce, le dit Take s’extirpa de la tente et s’enfuit à toute jambes le long du chemin alors que le marchand, son fils et le dernier serviteur le regardait, penaud. On ne revit jamais Take. Du moins, pas son visage…

Arduyo faisait des ronds nerveusement. Il sentait ses nerfs lâcher progressivement. Il fallait rester calme. Pour ses convois, pour le rêve de toute sa vie, pour son fils ! Il fallait partir d’ici…Et vite. Arduyo n’était pas certain qu’une présence les menace réellement, mais on ne pouvait plus prendre des risques, alors qu’ils n’étaient plus que trois. Si c’était des brigands, ils n’auraient pas de difficulté à tuer un marchand, un gamin et un serviteur. D’ailleurs, si c’était des brigands, pourquoi n’attaquaient-ils pas ? Pensif, il finit par se tourner vers Heyate . C’était un homme sérieux et travaillant, et Arduyo avait toute suite aimé sa compagnie. Mais à ce moment, il avait l’air aussi paniqué que lui. Pour cause : il était le seul restant de sa sorte. Mais sa loyauté (était chère) ne semblait pas flancher pour l’instant. Le marchand finit par annoncer :

« Heya, on a le bois. Réparons la roue et fichons le camp d’ici. »

Après avoir façonné le bois de façon arrondi pour réparer le cercle de roue endommagé, Heya se glissa sous le char alors que Arduyo et son fils montait la garde. La roue brisée étant celle de derrière, ils se postèrent derrière le char. De cet angle, impossible de les surprendre. Si un vivant approchait, les chevaux pourraient hennir, ils y étaient entrainées (et avait coûté une fortune) . Arduyo tenait nerveusement l’épaule de Kyoteame . Il ne supportait plus de le voir éloigné de lui ne serais-ce que d’un mètre. Il l’aimait tant ! Et il était si courageux. Il restait concentré et ne pleurait pas. Évidemment, Kyo était tout aussi nerveux que lui. C’était sans doute un des moments les plus effrayants de toute sa vie. Et dire que dans quelques semaines, ils en riraient tout les deux, ayant appris que Bazuzo s’était simplement perdu et que Take était devenu mendiant après sa fuite de poule mouillée. C’était du moins son rêve actuel. Le marchand sortit de sa rêverie, se rendant compte que Heya était sous le char depuis au moins 20 minutes. Ce ne devait pas être si long, la réparation était provisoire. Il appela son serviteur, sans succès. Après un regard à son fils, il se pencha et se glissa sous le char.

Les instruments de menuiserie étaient là. La roue à moitié réparée était là. Même qu’un clou était presque enfoncé. Mais le serviteur, lui, avait disparu sans laisser de traces. Muet, brisé sous la peur, il se releva et regarda son fils. Il fallait….être fort ! Son fils semblait avoir lu dans ses yeux mais quelque chose le troublait encore plus.


« Kyo…Il…Il s’est enfuit lui aussi. »

« Père… »

« On va laisser la caravane ici. Prenons un cheval et partons. »

« Père, les chevaux… »

Arduyo regarda son fils longuement puis marcha le coin du char et regarda devant le char. Il soutint la vue pendant une dizaine de secondes avant de se retourner et vomir sur le sol, sous les yeux de son fils.

Les chevaux gisaient en morceaux sur le sol ruisselant de sang. De multiples trous étaient perceptibles dans leurs carcasses. Leur peau suintante était particulièrement rayée de marques de griffes, mais le genre qui n’appartiennent à aucun animaux de la forêt. Rien ne pouvait avoir de griffes aussi longues. Arduyo finit par se relever et serra son fils dans ses bras, qui sanglotait à présent.


« C’est…Ce n’est pas grave…On va…On va marcher…Comme des hommes…Allez… »

Et ils débutèrent une longue marche en silence. Kyo finit par arrêter de sangloter, mais tremblait de moment à moment. Arduyo restait de marbre, au bord de la crise de nerf. Ils finirent par retrouver le cadavre de Take . Son corps semblait avoir été littéralement écrasé par un objet très lourd. Arduyo remarqua malgré son dégoût que son corps était recouvert d’une mince couche de poussière, alors que sa mort ne pouvait pas plus vieille que quelques heures…Ils marchèrent et marchèrent. Le cadavre de Bazuzo fut le prochain. Il était nu, et son torse était constellé d’aiguilles à demi-enfoncées. Un liquide mauve sombre sentant la pourriture suintait des blessures.

Il fallut encore une heure pour trouver Heyate. Son sort semblait avoir été le plus clément : deux tiges d’aciers étaient enfoncées dans ses yeux et ressortaient par l’arrière du crâne. Arduyo détourna les yeux un instant et les ferma. C’était un cauchemar, tout ceci n’était qu’un rêve ! Il allait se réveiller dans la charrette au moment où il y a eu un choc, et ce ne serait qu’une pierre. Ils sortiraient tous vivants de cette forêt et pourrait rejoindre le premier village, où sa femme l’attendait avec l’autre char. Ils riraient tous ensembles des idioties et des légendes racontées pendant la traversée, Arduyo promettrait à son beau fils qu’il ne passerait plus jamais par là. Ce n’était qu’une illusion de son esprit, oui ! Son amour pour son fils avait permis aux démons d’insinuer ce carnage en lui pour le faire douter, pour le faire haïr ! Mais ce n’était pas vrai, ce n’était pas vrai ! Ce faux lac n’en était pas un, il n’avait jamais existé ! Et ces cadavres, ce ne sont pas eux, ce ne sont pas ses serviteurs ! C’est fini, maintenant je me réveille, je suis éveillé, je ne dors (PLUS) . Arduyo, commerçant et conducteur de char, grand marchand et père aimant, ouvrit les yeux.

Et pleura en voyant que son fils, lui, avait disparu à son tour.
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Message(#) Sujet: Re: Chroniques d'un chasseur de visages Chroniques d'un chasseur de visages EmptyLun 30 Jan 2012 - 23:03

Log 36 : Remorse


Glisser…Noir. Il n’y a pas d’histoire. De temps, de son. Nous n’avons pas….Senti. Je vois, je sens , je touche. Elle est là. Une robe…verte. Feuille verte. Pays du feu. Le parfum s’engouffra dans mes narines. Effluves de jeunesse, de peau lavée à l’eau de rose. Jeune, Jeune. La lettre J. Stop. Regarder , collecter, classifier. La collection. Mes griffes en effleurèrent les pages crispée par la saturation du sang où elles ont été trempées de si nombreuses fois. Faire attention à H, il est fragile. Pas parfait. Besoin d’un autre , mieux, plus jeune, plus solide…

Elle ne me sentit pas venir, d’abord. Elle trempait ses pieds dans l’eau de l’étang. La lune brilla sur les crocs de mon masque pendant un instant, puis je disparus. Je sentais son pouls, l’air qui entrait dans sa toute jeune poitrine. J’avais goûté dans l’air, maintenant je voulais voir. Je voulais voir la torsion, la distorsion. Mes pattes effleurèrent l’eau, y flottèrent un instant alors que la laideur charmante de la vase enroulait ses tentacules sur ma carcasse. Le froid emplit les recoins de ma peau, la caressant, la flagellant d’une hideusité qui aurait fait rire les princes de jadis. C’était profond, comme la fermeté de ses traits, comme l’ouragan qui se déchainaient dans les paupières émeraude de ses yeux.

Je progressai comme le navire parti pour une aventure sans espoir, comme le soldat qui part dans une guerre déjà perdue. Je me perdit mille fois dans le gréement de ses pieds, qui caressaient la surface comme l’amant les tissus de soi recouvrant péniblement son âme sœur. Tout cela était beau. Tout cela était dans le cour des choses.

Je voyais, sous l’eau trouble, à travers la boue de son sol, les poissons chats cachant leurs barbillons, les crapauds prétendant être grenouilles et les algues qui poussaient comme des fleurs mais n’ayant rien d’elle, je voyais tout cela. L’eau était devenue mon espace, ma prison de crystal. Je pouvais la voir, déviée par la physique mais toujours aussi harmonieuse. Je pouvais voir la frontière qu’était la surface, l’indécision de ses orteils à entrer dans un royaume qui n’avait rien à lui proposer.

Que pensait-elle, que disait-elle ? Des bribes revenaient dans ma propre mémoire, comme les bulles qui s’échappaient de mes lèvres pour aller mourir à la surface. Des souvenirs couleur blé, des mémoires de danse et de spectacles. Cela ne dura pas, comme ma patience. Mes pattes s’agitèrent et se libérèrent de la vase, remontant doucement.

Doucement, comme l’air. Je suis l’air. Je suis…Ordinaire. Mon masque émergea, regarda cette fillette, cette fille, cette femme, cette statue qui ornerait les châteaux de ma collection. Et alors, il y eut émerveillement. J’aurais voulu goûter le cri. Mordre dans la terreur, empoigner la peur qui aurait secoué son corps, qui aurait donné une nouvelle mesure à ses traits de cire. Mais il n’en fut rien, car au lieu de ça, elle me regarda. Elle me regarda, cercle blanchâtres aux triples yeux, aux crocs de métal baignant dans l’essence aqua.

Je ne dis rien, car je n’avais de voix. Elle ne dit rien, car elle ne veut pas de moi. Elle n’a ni peur, elle n’a pas honte. Elle me voit comme la surface, comme l’eau vaseuse en dessous. Cette dame ne croit pas en moi. Je n’appartiens pas à son monde. Mon masque est un nénuphar qui appartient à cet étang...

Ma griffe déchira l’air et l’affaire se termina sans un cri. Mais j’avais déjà perdu. Je ne pu sauver d’elle que son sourire, qui s’effrita entre mes griffes au bout de quelques temps…

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Message(#) Sujet: Re: Chroniques d'un chasseur de visages Chroniques d'un chasseur de visages EmptyMar 3 Avr 2012 - 4:25

log 52 : Grateful Dead

Oh, ils me chassèrent. Comme un animal, pour ma viande tendre et dodue, comme un trophée, celui qui attire les femmes au lit, et souvent plus d'une à la fois. Il me chassèrent comme un criminel, pour la rançon que serait ma déchéance et la destruction de ma carcasse. On me chassa comme le monstre que je suis réellement, pour vanter à qui peut l'entendre de faiblesse au moment fatidique.

On attendait de moi que j'implore ma sauvegarde, que j'attende la mort qui m'espère, fauche à la main et bras tendus, pour m'aspirer dans le néant et mettre fin à mes rêves de beauté immortelle. On voulait que je sois le pantin de mon propre destin. On voulait que j'aie souffert l'apocalypse pour souffrir le martyr on moment le plus fatal. On voulait que je ne sois qu'un mauvais rêve, qui disparait au matin, qui ne subsiste ultimement que dans les brumes d'un maux de tête.

On croyait que je n'étais qu'un autre fou qui cache son esprit dans le brouillard des paroles incompréhensibles. On croyait que je pliais comme le bambou dans le vent, peut importe sa direction. Ceux qui préféraient les animaux me traitaient comme un homme, et les adorateurs de l'homme me voyaient comme une bête sauvage. On m'imputait le viol de dizianes de femmes, le meurtres de tout les enfants , l'arrivée de la maladie sur les terres, et parfois au mauvais temps. Si ce n'est des vendeurs de rideaux, qui faisaient fortune grâce à moi, je n'étais qu'un message de honte.

Mais au début, je n'étais qu'un présage. Un client dans un marché. Je venais assouvir un besoin particulier, un item précis qui comblerait le désir des yeux-de-feu jusqu'au prochain moment. Mais comme tout client, je me laissais tenter par les étalages. Mais je n'avais pas l'argent pour me payer de si beaux fruits. Les grands, les petits, j'aurais eu les fonds que le monnaie serait fuie de mes mains.

Alors, de client, je devenais voleur. De petits larcins, je devenais maître brigand des grands chemins, bandit des plus beaux étals.

Parfois on souhaitait croire, on préférait s'essoufler en raisons. On regardait les marques, les restes des fruits et on disait, une bête sauvage. Une bête sauvage est entrée, est sorti, avec entre les dents ce qui a été mon plus beau, ma plus belle, mon plus jeune, mon moins vieux...Traquons cette bête, qui doit avoir sa tanière dans une souche, dans une grotte, traquons la à coups de fourche et de torche, de flèche et de carreau. Car seule une bête aurait pu arracher la peau de ma possession , s'en emparer comme un joyau sans rien gaspiller. Seul un estomac vorace aurait pu s'atteler à une oeuvre si délicate, si somptueuse et pourtant si sacrilège.

On ne voulait pas de moi, jusqu'à l'infime existence de ma pensée. On voulait davantage du prédateur parfait que de ma simple adresse. On voulait un substitut à mon art, une parade à mes objectifs. On voulait le meilleur de moi et rien de ce qui faisait le destin si funeste pour quiconque possédait à ce moment là un S, T ou même un R....

Le cillement de mes griffes n'était qu'un murmure dans la nuit, le grognement de gorge contre mon masque, le hululement du hibou. L'ombre de mon vêtement, un débris flottant au vent.

Même au dernier moment, on se refusait à croire à moi. On préférait renier, pleurer, se lamenter dans le sang. On préférait le mensonge à la vérité. On voyait sa propre lucidité vaciller. On nourrissait la créature d'un désespoir plus grand que l'on aurait pu le repaître.

Car il ne voulait ni le corps de la jolie femme, ni le muscle de l'homme des armes. Pas même l'innocence de l'enfant n'aurait pu l'émouvoir.

Il voulait qu'on sache.

Il voulait qu'on sache qu'il arrive.

Pour vous.

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