La réponse qu'il m'avait envoyé était tout simplement à la hauteur de mes attentes. Son style d'écriture était sublime et j'étais persuadé que ce grand ninja saurait m'instruire autant au niveau intellectuel que physique. Après tout, n'était-il pas l'un des nukenins les plus forts? Makka le surpassait en pouvoir, mais elle était aussi la dirigeante des partisans et on disait beaucoup de méchancetés à son sujet. Même si ça ne me dérangeait pas de voir mort d'homme, je n'aimais pas la souffrance et la torture. Deux pratiques que les partisans n'hésiteraient pas à employer si la situation le nécessitait. Malgré tout, je sentais tout de même le besoin de garder un certain lien avec la manipulatrice du feu. Elle m'avait hébergé pendant des années, elle méritait au moins ma reconnaissance. Plutôt que de passer les prochains jours à errer sur le continent, j'avais pris la décision d'aller directement rejoindre mon peut-être futur maître. Après avoir accosté un ou deux paysans reconnus d'un petit village, l'on m'avait informé d'un tournoi qui avait eu lieu dans un endroit isolé du monde. Les ruines de Kaimetsu. Me rendre dans cet endroit était la seule solution valable pour arriver à retrouver Haru. Visiblement, il voulait que je travaille puisqu'il n'avait pas accepté de me rencontrer directement. Je devrais le trouver et le monde, c'est grand!

Après avoir discuté avec d'autres kirijins qui avaient des doutes sur la pertinence de mes propos vu mon jeune âge, j'ai réussi à me frayer un chemin à travers le pays de l'eau. Il me fallait trouver un grand port et vite. Rien de plus facile que d'en trouver un sur le pays de l'eau. Cependant, le peu d'argent que j'avais ne me permettait pas de fréquenter les endroits ne serait-ce qu'un peu luxueux. J'ai donc dû m'embarquer entre deux boîtes de sardines dans un immense cargo où des dizaines de pêcheurs s'afféraient. Je ne me plaignais pas, après tout, c'était déjà mieux que de rester au pays de l'eau!

Suite à un voyage des plus pénibles et au moins une ou deux heures à attendre qu'on me décharge de ce vieux bateau, j'ai réussi à mettre e pied à terre. Il était temps, le voyage ne m'avait pas fait beaucoup de bien. Ne rien voir pendant plus d'une journée et se faire ballotter par les vagues c'est... horrible. Bref, debout sur la terre ferme, écharpe à mon coup et manteau chaud sur mon corps pour me protéger des vents de la journée, je me dirigeai vers Kawa no Kuni, le pays où l'on pouvait retrouver autrefois le temple de Kaimetsu. Selon mes cartes, les ruines étaient situés à l'extrême ouest du pays, soit un bon trois, voir quatre jours de marches de ma position actuelle. Ça promettait d'être long et aussi très peu intéressant. Je ne comptais pas m'arrêter, plus le temps passait, puis Haru avait des opportunités de se distancer du dernier lieu où il avait été vu. Si seulement je possédais des capacités de senseur, le problème serait résolu.

Le premier jour fut le plus pénible des trois, mon sac à dos était lourd vu le nombre de victuailles que je transportais. La forêt du pays du feu était redondante. C'était bien beau pendant dix minutes, mais pendant une journée, non merci! Avec ma boussole comme seule et unique compagnon, j'essayais de penser à ce que je dirais au Natsumi lorsque je le rencontrerais. Bonjour Haru? Non, c'était beaucoup trop amical et il avait même exprimé le désir que je le vouvois. Ça ne me plaisait pas de le prendre pour un supérieur. Oui, il était meilleur que moi au niveau des arts ninjas, mais nous sommes tous humains et donc égaux. Peut-être que dans quatre ou cinq années, ce serait lui qui utiliserait un terme de politesse à mon égard? Alors que je marchai toujours dans les bois, j'entendis une suite de bruit bien répétitive. Ça ne pouvait être que celui d'un animal. Après une très brève exploration, je me rendis compte qu'un marchand se promenait sur son chariot, porté par deux immenses boeufs. Mhmmm, ça me ferait prendre du retard mais c'était aussi très tentant de m'assoir et de ne rien faire pendant des heures et des heures.

Étrangement, ma paresse ne l'emporta pas sur mon désir de vaincre. J'allais continuer à marcher et puis c'est tout. Pour m'encourager un peu, je ramassai un grand bâton de bois qui me permettrait de mettre un peu moins de poids sur mes jambes. La suite de ce voyage fut monotone. Il ne se passa absolument rien. À une ou deux reprises je crus être suivi, mais ce n'était pas le cas. Rien d'amusant, rien de désagréable, c'était tout simplement long. Heureusement, je ne me perdis pas en chemin et je réussi à me rendre aux ruines sans trop de problèmes. Vive les boussoles! Malheur, il n'y avait absolument rien sur ces ruines. C'était des débris de roches par dessus d'autres débris. Des traces de combats étaient visibles puisque le sol était dévasté à plusieurs endroits et qu'on pouvait noter le passage de plusieurs éléments. Haru était-il ici? Ça m'étonnerait. Quoi de mieux que de l'appeler pour en avoir le coeur net? Un raisonnement un peu futile car même s'il était là, le sennin ne se présenterait probablement pas à moi aussi facilement. Je décidai quand même d'essayer, car qui ne tente rien, n'a rien.

- « Natsumi Haru? Vous êtes là? Je suis Seiichi, celui qui vous a envoyé une lettre il y a de ça quelques jours. Vous m'avez répondu, alors bon, j'espère que vous êtes dans le coin. »

J'attendis un bon trente secondes et puis rien. Désemparé, je m'assis contre la souche d'un arbre pour déjeuner.

Aujourd'hui, rien de prévu. Je n'avais par conséquent rien de mieux à faire que repasser en vue tous les récents événements. Et il y avait rien de vraiment intéressant si ce n'était ce tournoi qui se situait déjà loin dans le passé, encore qu'il y avait eu de cela quelque jour cette lettre en provenance d'un total inconnu. Un garçon se faisant appeler Seiichi et voulant être mon disciple, autant dire qu'il visait haut ce petit, être le disciple du Shisenshinku, ce n'était pas rien, cependant en bon joueur que je suis, j'avais accepté de le rencontrer, à condition qu'il réussisse par ses propres moyens à retrouver ma trace. Cela semblait évident, il n'avait aucune chance d'y arriver, si ce n'était pas les villages ninjas qui étaient à sa poursuite depuis des années qui n'avaient pu le retrouver, ce ne serait sûrement pas un petit débutant sorti de nulle part qui réussirait. Sachant parfaitement cela, mais ayant tout de même envie de laisser sa chance à cet apprenti, et par conséquent, je me rendis au seul endroit qu'il serait susceptible de visiter s'il était pourvu d'un tant soi peu de jugeote, le panthéon Kaimetsu, le dernier endroit où j'avais clairement été aperçu. Enfin, ce n'était de nouveau qu'un tas de ruine après tout, et même pour un être aussi sinistre que je pouvais l'être, des ruines, ça n'avait rien de transcendant comme habitation. Du coup j'allais m'installer temporairement dans un village proche, et je passerais aux ruines une fois par jour pendant 1 semaine. Peu importe où se garçon se trouvait, s'il voulait vraiment que je lui enseigne les arts ninjas, il lui fallait arriver sur place avant une semaine et surtout faire preuve d'une certaine chance puisque je passerai toujours aux ruines à la même heure, en bon sadique que je suis. On pouvait clairement le dire, e test était vicelard, mais bon, s'il le réussissait, on pourrait considérer qu'il aurait déjà fait le plus difficile, enfin presque...

En tout cas, vu l'état dans lequel c'était, le nom était admirablement bien choisi : les Ruines Kaimetsu, ou pour les ruines de la destruction, assez significatif comme nom il fallait bien le reconnaître. Bon c'était en partie ma faute si ces ruines étaient maintenant encore plus étendue qu'elles ne l'étaient déjà mais après tout, il fallait bien que j'organise un tel événement pour permettre à chacun de montrer sa force. D'ailleurs en parlant de force, il faudrait que je mette à l’épreuve celle de ce garçon si jamais il se présentait à moi dans les temps, et sûrement pas avec un simple combat, ce serait bien trop sauvage non, il fallait quelque chose de plus réfléchi ! Les combats de brutes c'était bon pour les kirijin, moi il fallait que je trouve autre chose... Enfin bon, rien ne pressait après tout puisqu'il n'y avait rien de moins sur que le fait que ce ninja puisse pointer le bout de son nez en ces lieux dans les temps imposés. Je me rendis donc une fois de plus sur les lieux étant donné qu'il était l'heure et découvris-je avec étonnement qu'un très jeune garçon se tenait au milieu des décombres ayant l'air d'y prendre son déjeuner. Capricieux que le destin était, il avait réussi à mener ce garçon jusqu'à ma personne. Bien que rien ne me le prouvais, j'étais certain qu'il s'agissait du bon garçon, car après tout, combien de personne désirerait prendre leur déjeuner dans un endroit pareil ? Pas grand monde nous étions bien d'accord. Je fus tout de même surpris de voir qu'il n'avait en effet pas l'air d'être plus âgé que la dizaine, mais après tout, ma vie de shinobi avait bien débuté alors même que je faisais mes premiers pas donc bon, maintenant il me fallait le tester, je n'avais cependant pas suffisamment réfléchi à la manière de procéder, du coup, j'allais devoir comme à mon habitude, improviser. Je pris donc ma voix la plus sérieuse tout en restant dissimulé pour entamer la conversation.

« Ô toi enfant ninja, venu à la recherche de la puissance à l'état pure, seras-tu capable de répondre à mes questions ? Car dans le cas contraire, tu ne rencontreras que souffrance et désolation. »

Je trouvais que c'était plutôt beau comme façon de commencer et ainsi je lui disais déjà que ça ne serait pas facile de passer le test. Malheureusement, j'avais beau avoir trouvé la première partie, il me manquait toujours le petit plus qui ferait que ce examen serait vraiment déterminant et bien distinct de ce que les villages faisaient subir à leurs genins. Le tout était surtout de faire en sorte que ce test soit le plus éprouvant possible, à la fois déconcertant et indiscret. C'était donc décidé, cette première partie viserait à identifier la personnalité de ce garçon et ainsi à savoir s'il fera preuve d'un mental suffisamment puissant pour toutes les épreuves qu'il subira à l'avenir s'il doit finir en tant qu'un de mes élèves. Mes questions allaient êtres par conséquent particulièrement embêtante. La brise se leva avant même que je n'eus commencé à parlé, ainsi j'eus une idée qui renforcerait l'ambiance d'examen tout à fait hors-normes. Je me permis donc de faire disparaître le ciel et de le dissimuler par des nuages totalement opaques qui donnaient l'impression de ne plus vouloir que déchaîner leur colère. Je repris alors la parole dans cette arène qui n'avait maintenant plus l'air que d'une terre prête à être dévastée.

« Dis moi maintenant, si tu te trouves face à un adversaire plus puissant que toi, et que celui-ci te demande de livrer des informations sur Natsumi Haru tout en sachant qu'il détient quelqu'un de vraiment important à tes yeux comme otage, que ferais-tu ? »

J'avais eu de la chance. Plus que de la chance, c'était inouï. Une voix s'adressa à moi en provenance des arbres et des buissons. Ça ne pouvait être que lui. Rares étaient les ninjas qui s'aventuraient dans le coin, surtout avec le tournoi qu'il venait d'y avoir, les ruines promettaient de rester désertes pour très longtemps. Sa voix était comme je l'imaginais. Sérieuse et transcendant la sagesse. Mais pourquoi ne se présentait-il pas à moi? J'étais peut-être jeune, mais je savais que les gens qui avaient peur de se dresser devant les autres étaient des lâches. Pourtant, qualifier Haru de lâche ne se faisait tout simplement pas. S'il y avait bien un ninja qui savait te regarder dans les yeux quand tu lui parlais, c'était bien lui. Avec les actions qu'il avait commis à travers le monde, nul doute que sa confiance en lui était énorme. Je pris alors une grande inspiration et me relevai. Rester assis sur le sol m'aurait fait mal paraître devant le sennin.

Il voulait que je réponde à ses questions. Eh bien il allait être servi. Je savais que mes réponses à ses questions seraient décisives pour la suite. Un faux pas, une réponse mal prononcée ou tout simplement manquant de cohérence influenceraient la suite. Je ne devais pas me tromper, après tout, c'était mon apprentissage qui était en jeu. C'était soit continuer à tenter de se faire apprécier de Makka - ce qui est à peu près impossible - ou tout simplement suivre ce sennin. La deuxième option était séduisante, voir carrément génial. J'en avais plus que marre de passer ma vie sur l'île de cendre, si j'étais ici, c'est parce que j'avais réussi à m’enfuir. Il fallait maintenant aller jusqu'au bout et obtenir le savoir et les connaissances d'une légende. Haru parlait de souffrance et désolation, c'était assez réaliste. Je n'avais personne d'autre que lui sur qui compter, les partisans, c'est une armée, pas une nation. Un jour ça sera peut-être quelque chose de plus concret, mais pour l'instant, c'est une bande de guerriers fougueux qui ne veulent que sang et ravages.

C'est alors que le ciel se transforma. Ce n'était pas naturel, ça recelait probablement du bon vouloir du nukenin. Il ne m'attaquerait pas, c'était plutôt une mise en scène servant à me montrer sa magnificence. Exactement le genre de trucs qui ne m'intéressent même pas. Makka est capable de ce genre de chose et la déjà démontré à de nombreuses reprises. Les coups d'éclats, c'est fait pour impressionner les faibles et malgré mes dix ans, je suis un fort. Les nuages qui s'étaient formés haut dessus de moi étaient sombres et opaques, ils témoignaient leur désir de vouloir déverser un flot ravageur d'éclairs sur ma personne. Belle mise en scène, il aurait du faire du théâtre ce Haru!

Avant même que je ne puisse répondre à sa dernière affirmation, il s'exclama de nouveau, tout en gardant son ton confiant et divin. Sa question était bonne, mais ne s'appliquait malheureusement pas à mon cas. Aucun être sur cette terre n'avait jamais su me montrer assez de tendresse pour qu'il soit cher à mes yeux. Les Kamizuru avaient bien essayés il y a de cela des années mais la différence entre moi et eux s'était bien vite fait ressentir. Sa question était un piège. Si je disais des informations au gros méchant plus fort que moi, il ne serait pas content. Mais d'un autre côté, m'en prendre à ce méchant, s'était la mort assuré. Si on a analysait la situation d'un angle différent, Haru ne voudrait pas que je révèle des infos compromettantes sur lui. Par contre, si je disais les infos au monsieur, ce serait le Natsumi qui serait furieux. Devais-je avoir plus peur d'un ninja plus fort que moi ou d'une bête du ninjutsu? Le choix était évident, je ne devais pas révéler d'informations au méchant. Je pris donc la parole avec mon ton d'enfant qui n'avait rien de sérieux. Mes paroles étaient droites et justes, mais la voix qui les portaient n'allait pas avec elles.

- « La question est en effet excessivement embarrassante. Je suis un Gogyou et je n'ai pas d'être important à mes yeux sur qui compter. Ma vie n'est que solitude, vous savez. D'un côté, ne pas révéler des informations à ce ninja plus fort que moi pourrait causer ma mort, mais de l'autre, lui en révéler pourrait aussi causer ma perte. Je préfère avoir à me battre face à une brute bien plus forte que moi que d'avoir un sennin sur mon dos pendant des années. Je n'ai rien à perdre, si je meurs, il n'y aura personne pour pleurer mon corps, ni même pour prononcer une éloge funèbre. Les membres de mon clan ne valent rien aux yeux des autres ninjas. En acceptant mon invitation, vous avez fait preuve d'une impressionnante ouverture. Ça me touche beaucoup. Je ne révélerai pas d'informations à votre égard, ce que vous m'avez offert : cette rencontre, c'est me considérer comme une vrai personne. Merci. Sincèrement. »

Ça venait du coeur. C'était la première fois qu'un ninja qui savait que j'étais un Gogyou osait m'adresser la parole sans sortir une dizaine de kunaïs de sa trousse. J'espérais que ça suffirait, je ne savais pas quoi lui dire d'autre... Je fixai le ciel noir en pensant : Haru, tu dois m'accepter, je n'ai personne d'autre sur qui compter.

Dire qu'il y avait des personnes par delà les océans qui disaient de moi que j'étais une mauvaise personne alors que j'acceptais de rencontrer le premier inconnu se présentant à moi sans même broncher. Ce garçon aurait très bien pu se trouver être une arme de je ne savais lequel de mes « ennemis » cherchant à s'approcher de moi pour mieux m'atteindre par la suite, c'était tout à fait envisageable, pourtant, je n'avais pas décliné sa demande, pourquoi ? Simplement parce qu'il était beaucoup simple pour moi, d'aller au devant du danger, plutôt que de l'attendre patiemment, enfin, c'était surtout que j'aimais beaucoup avoir une longueur d'avance sur tout le monde, c'était une sensation si douce et chaleureuse... Enfin bref, comme d'habitude, prudence était mère de sûreté. Il n'empêchait que ce petit test allait être des plus intéressants pour découvrir à quelle genre de personne je pouvais avoir à faire, était-il plutôt du genre irréfléchi à tout détruire sur son passage ou était-il de la trempe des héros ? J'allais être fixé dans très peu de temps et c'était tant mieux. Mais qu'est-ce que j'allais faire s'il n'était pas digne de recevoir mon enseignement ? Eh bien, c'était une bonne question, une question qui ne devait pas être posée car s'il était venu jusqu'ici c'était uniquement pour cela, il avait donc intérêt à être sérieusement préparé, voilà comment il fallait considérer les choses ! Pour l'instant il s'en sortait pas trop mal allions nous dire, et ce, même s'il ne s'était encore pas passé grand chose. Dans tous les cas, le regard de ce garçon m'inspirait un bon potentiel latent dont j'avais tout intérêt à m'occuper dès maintenant. Je lui aurais bien lancé un genjutsu juste pour voir comment il s'en sortirait, mais ce serait si cruel de ma part que j'hésitais encore un peu, tout dépendrait de ce qu'il allait me répondre à vrai dire.

Et là, ce fut le drame. À vrai dire la réponse ne fut pas si mauvaise que ça, cependant ,le ton sur lequel ça avait été dit été très fortement inapproprié, mais en réfléchissant, j'avais moi même pour habitude de discréditer pas mal de mes opposants en utilisant un ton parfaitement inopportun aux diverses situations dans lesquelles j'avais pu me retrouver. Ajoutez à cela le fait qu'il avait répondu sans une once d'hésitation pour pouvoir à peu près juger mon enchantement par rapport à la « performance » de ce petit. C'était maintenant clair et net, il avait du potentiel, le tout était de voir combien de temps il me faudrait pour le développer, mais encore avant cela, il fallait comme j'avais pour habitude de dire : faire tomber les masques ! Bon, ça avait été en partie déjà fait par mes paroles, mais ce n'était pas tout, il avait la façon de parler, ce qui n'était pas mal, mais le plus important restait encore la suite dans les idées, et pour cela, rien de mieux qu'un petit test physique. J'hésitais malgré tout à y aller à fond. Je n'étais pas vraiment cruel dans le fond après tout, et m'attaquer délibérément à un enfant, shinobi ou non, et ce sans le moindre intérêt, je trouvais cela plus qu’écœurant. Pourtant, je ne pouvais pas me permettre de reproduire l'erreur que j'avais faite avec Momiji, qui certainement le seul et unique acte que je regrettais vraiment, sans compter le fait d'avoir laissé ma sœur seule à elle même lorsque j'étais parti il y avait de cela si longtemps... Mais après tout, nous vivions dans un monde sans pitié, alors il valait mieux pour lui que j'y aille sans retenue, ce que je m'apprêtais à faire juste après lui avoir dit ces quelques paroles sur un ton tout aussi sérieux qu'auparavant.

« Dans ce cas, il est temps que tu me montres ta détermination. »



Plus la phrase était courte, et meilleure l'ambiance serait. Bah oui, en disant peu, je laissais planer le suspens autant que possible en ne lui permettant que de pouvoir supposer sa réussite ou sons échec, puisqu'en vérité, tant qu'il n'aurait pas vu la suite, il serait incapable de savoir si sa réponse avait été satisfaisante, ou en tout cas, il ne pourrait pas en être certain, à moins qu'il soit aussi que je ne l'eus été depuis la fête de mes 19 années sur cette terre dévastée par la rage et le conflit. Bref, la prochaine partie du test serait la plus vicieuse, elle allait à la fois tester les convictions, le physique et le mental de notre jeune recrue. Comment ? Eh bien pour cela, j'avais un genjutsu tout frai pêché parfaitement adapté à ce genre de situation. Oui j'allais bien l'utiliser sur cet enfant, mais pour ça, fallait-il encore que je me révèle à lui lorsqu'une nouvelle idée me vint à l'esprit ! Je fis un signe incantatoire depuis ma position avant de me révéler aux yeux du fameux Seiichi, il allait enfin pouvoir espérer avoir une once de chance d'avoir réussi le test, ce n'était cependant que maintenant que tout commençait, et la partie la plus cruciale se jouait maintenant, le reste ne serait que formalité si l'on pouvait dire. Je le fixai un petit moment dans les yeux et avant même qu'il ne puisse dire un mot de plus, le plongea dans une illusion des plus puissantes, une illusion qui me permettrait d'avoir le contrôle du temps, de l'espace, de son corps et de ses sens. Nous étions dans un monde où le ciel et la lune étaient rouges, et où n'étions fait que de noir. J'étais là, debout, en face du petit, armé d'un katana, alors que celui-ci était pour ainsi dire crucifié. J'infligeai une dizaine de coups à très lente vitesse, avant de faire apparaître des clones de moi et dire à l'unisson.

« Il te reste précisément 23 heures, 59 minutes et 59 secondes à endurer, le pire est à venir. »

Spoiler:

Haru ne répondit pas immédiatement à ma réponse à sa question. L'attente me paru même interminable, s'en était presque triste. S'intéressait-il à moi? Où était-il déjà entrain de déguerpir à l'autre bout du pays? Je n'en avais aucune idée et je redoutais un assaut envers ma personne pour un affront ou un autre truc du genre. Les grands de ce monde ont souvent tendance à posséder un égo surdimensionner et c'est très désagréable. Le noir opaque du ciel ne se dégagea pas, l'orage était prêt à me foudroyer dans tous les sens, mais il ne se manifesterait visiblement pas. Tout mon mental était concentré sur un seul facteur, ne pas paraître stressé ou embarrassé. Je voulais qu'il voit de moi l'image du jeune homme fort et honnête qui sait se tenir droit devant le danger. Soudain, un autre sorti de sa bouche. La phrase n'était pas assez longue pour que je détermine sa position, ce qui dérouta un peu mes plans. Savoir où se trouve l'adversaire, c'est se préparer d'avance à encaisser une attaque ou un coup sournois. Malheureusement, un nukenin de ce genre ne se laisserait certainement pas berner par une idée de ce genre.

Le Natsumi voulait que je lui démontre ma détermination. Et comment? Je n'accepterais pas d'accomplir ses travaux domestiques ou de laver ses souliers, j'avais déjà accompli ce genre de chose sur l'île de cendre et ça n'avait en rien améliorer mon caractère et mes aptitudes ninjas. Durant mon précédent voyage, j'avais remarqué que bon nombre de senseï forçait leurs élèves à répondre aux moindres de leurs petits besoins. Quel raisonnement futile et incohérent. L'enseignant se doit de montrer et non de laisser faire. J'espérai qu'Haru n'emprunterait pas cette voix. La détermination pouvait se traduire par bien des évènements. Une mission, un combat? Franchement, ça pouvait être absolument n'importe quoi. Dans tous les cas, sa réponse voulait dire que ma précédente réponse était satisfaisante. Si elle ne l'avait pas été, Haru aurait certainement quitté la scène en moins de temps qu'il ne le faut pour dire patate. Je pris une grande respiration et attendis la suite des évènements. À vrai dire, je ne m'attendais pas du tout à ce qui se passa.

Un homme, le Natsumi Haru, se présenta devant moi. Son regard était d'un rouge à la fois perspicace et démoniaque. Toutes les fibres de son être le faisait paraître divin. Avec les dix années de vie que je traînai derrière moi, j'avais appris à ne pas me fier aux apparences, mais dans la situation actuelle, ça relevait de l'impossible. Il avait une prestance incroyable, probablement suffisante pour être l'un des plus grands et charismatiques Kage de notre ère. Malgré tout, il ne l'était pas, Haru séjournait seul et agissait sans l'aide de centaines de ninjas affiliés à sa cause. Le Shisenshinku me regarda droit dans les yeux. Les rumeurs disaient qu'il était un brillant utilisateur du genjutsu et le fixer était la pire idée en ville. Mais je n'avais pas le choix, après tout, vous auriez voulu que je fasse quoi à la place, lui regarder les pieds? Non, je devais me montrer digne de ma position et pour ce faire, il n'y avait pas mieux que le regard. Ma bouche s'ouvrit pour que je prenne la parole, mais ça ne me fut pas permit.

Le monde autour de moi se mit à changer et ce en quelques secondes seulement. Je n'étais plus Gogyou Seiichi du monde des vivants, mais plutôt Gogyou Seiichi, le gamin noir crucifié. Eh oui, la technique qu'il avait utilisé avait transformé le monde qui nous entourait. Étais-je dans son repère? Non, la couleur noire de ma peau témoignait de l'illusionisme de la chose. Tout autour de moi était d'un rouge opaque et démoniaque. Pas très agréable comme sensation. Mes bras et mes jambes étaient solidement cloués sur une croix noir. Rien à faire pour me déprendre, aucune technique n'arriverait à me sortir de là. L'illusion - parce que oui s'en était une - relevait d'un niveau beaucoup plus haut que le mien dont je n'arriverais pas à me défaire. Qu'avait-il l'intention de me faire? Cette question là fut la dernière à parcourir mon esprit, puisqu'à l'instant même où elle traversa mes neurones, un coup de sabre douloureux et lent se fit ressentir dans mon estomac. Un cri strident s'échappa de ma gorge.

« WHOOOAH »

Je réalisai immédiatement que crier, c'était démontrer sa faiblesse et que ce n'était pas du tout une bonne idée. Il me fit encaisser exactement neuf coups, auquel je répondais à chaque fois d'un espèce de toussotement léger. Je serrai mes dents, comme pas possible, on aurait dit qu'elles allaient craquer la maintenant. Même si la douleur n'était pas réel, elle carboniserait mon moral, cette technique pourrait me vider de mon énergie et mettre fin à ma vie. Une armée de clone apparu derrière le sennin. Ils s'exclamèrent à l'unisson qu'il me restait 24h à souffrir de la sorte. Alors c'était ça le test de la détermination? J'espérais en sortir vainqueur, mon moral était déjà affaibli par les dix coups précédents. Dans ma vie, j'en avais vécu des évènements, parfois ils étaient biens, mais la plupart du temps, ils étaient malheureux et tristes. C'est sur ces derniers que je décidai de me focuser, aller plus loin que le mal, battre le Natsumi à son propre jeu. La souffrance qu'il m'administrait, je l'avais déjà vécu et à des doses bien supérieurs, je me concentrai donc sur ces évènements sombres pour vaincre plutôt que de me concentrer sur un bonheur inexistant. D'une voix faible, je m'adressai à lui en le regardant toujours dans les yeux, j'avais juste assez de force pour agir de la sorte.

« Je vaincrai. »

Puis, mon regard se retourna vers le sol et les épées des clones et de l'original continuèrent à percer mon corps. Un mal profond à chaque coup, finirais-je par m'y habituer? Certainement pas. Mes pensées se tournèrent vers un évènement passé six ans plus tôt, celui qui avait ravagé mon esprit sur les côtes de Kiri, celui que je comptais bien maîtriser lorsque je sortirais ici. Maman, si je fais ça, c'est pour toi, c'est pour m'excuser de t'avoir... Eh non, je ne l'acceptai pas encore, espérons que ces vingt-quatre heures de réflexions me permettront d'y voir plus claire.

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