Le début de l’exploration de Mizu no Kuni par Uzui avait été riche en apprentissages. Sortant d’une vie entière menée comme un ermite, ou peu s’en fallait, il lui fallait apprendre strictement tout sur l’état actuel du monde qui l’entourait. Les villages shinobi et leur formation, ça, il était au courant. Lors de ses expéditions occasionnelles dans les petits villages voisins, alors qu’il habitait dans la forêt, il avait entendu les villageois en discuter entre eux, et avait compris qu’ils étaient une espèce de regroupement de clans, sorte de puissance militaire majeure de chaque grand pays. Mais ces derniers mois, à en croire les innombrables rumeurs qui couraient, les villages traversaient une phase de doute et de déclin qui, loin d’être causée par les conflits qui les opposaient, comme on aurait pu l’imaginer, était due à l’émergence d’une nouvelle puissance, impitoyable et effrayante, aux objectifs peu clairs.
Cette Puissance avait un nom, qui faisait probablement trembler même les plus puissants et aguerris shinobis des villages : Makka. Un nom de femme, qui semblait faire s’assombrir les visages de tous les villageois dès qu’il était prononcé.
D’après les informations que le jeune homme aux cheveux bleus avait réussi à soutirer aux villageois, il s’agissait d’une assimilatrice du Feu – probablement issue du même clan que lui – qui avait mené la vie dure à chacun des Villages, conquérant à grand renfort de flammes l’île d’Haï no Kuni et la revendiquant comme son fief. Il se disait que même les puissants Kage de l’époque n’avaient pas été de taille face à elle, et, beaucoup plus bas, les villageois ajoutaient qu’ils doutaient que les choses soient différentes aujourd’hui. Et cela les effrayait. La menace de voir le monde brûler dans une apocalypse de flammes déchaîné par cette femme était bien réelle, ce qui n’était évidemment pas rassurant.
Cependant, plutôt qu’effrayé, Uzui était intrigué. Intrigué par cette femme dont tout le monde avait entendu parler, mais que personne ne connaissait vraiment, au fond. On la disait démon des flammes, monstre assoiffé de sang, mais qu’en était-il vraiment ? Quelles étaient ses motivations ? Cela, aucun des interlocuteurs de l’Enfant de la Rivière n’avait été en mesure de lui dire. Et c’était pourtant ce qui l’intéressait le plus.
Tout comme lui, c’était évident, cette femme était une Gogyou. L’élément auquel elle était assimilée était pour ainsi dire l’antagoniste de celui d’Uzui, mais le pouvoir originel restait le même, ce pouvoir si particulier et si redouté qu’était l’assimilation à son élément. Etait-il possible que la rébellion de la femme soit due à l’oppression subie par leur clan durant de nombreuses années – à croire ce que lui en avait dit la Rivière ? C’était peu probable. Apparemment, elle était suivie par des individus qui ne devaient pas être très intéressés par la cause des Gogyou. De fait, ses motivations restaient mystérieuses.
Silencieuse depuis quelques temps, il semblait que Makka venait de se manifester à nouveau de la plus violente des façons, revendiquant divers attentats sur l’ensemble des Villages, et créant une atmosphère des plus pesantes dans le monde. Visiblement, les hautes autorités des villages et des pays avaient choisi de réagir à cela, mais ils le faisaient d’une façon qui apparaissait plutôt étrange aux yeux d’Uzui.
Cela faisait trois jours que le jeune homme aux cheveux bleus dormait dans l’auberge d’un petit village isolé situé sur une petite île de Mizu no Kuni – le confort d’un lit le subjuguait toujours autant. Mais ce jour, il le savait, était particulier. Il semblait que quelqu’un de haut placé dans le pays avait plus ou moins lancé un appel à tous les shinobi de la région, les invitant à se regrouper sous la bannière du village de Kiri, car le précédent assaut porté sur le village ne semblait être qu’une mise en bouche pour la maîtresse du feu. Et, curieusement, une espèce de « formation » était proposée aux shinobi volontaires du Pays, formation dont Uzui comptait bien profiter, dans l’espoir – dissimulé – d’en comprendre un peu plus, de manière indirecte, aux motivations de l’assimilatrice du feu.
C’est comme ça qu’il se retrouva sur la petite place de ce modeste village, composé d’une foule hétéroclite de shinobi que l’on pourrait qualifier de « provinciaux », probablement loin de la crème de Kiri, mais possédant tout de même un minimum de compétences quant à la maîtrise du chakra, et désireux d’apprendre à se défendre au mieux contre les sbires de Makka.
